Je remercie Masse critique et Les arènes BD pour l'envoi de cette bande dessinée.
Peu importe si l'on ne saisit pas toute l'histoire, de sel et de sang se présente comme une galerie de portraits et une succession d'événements qui ont abouti à une tragédie qui a marqué les esprits.
Dans un nuancier essentiellement composé de toutes les nuances d'ocre et de brun rouge, Vincent Djinda met ses illustrations au service de ce fait divers assez méconnu raconté par Fred Paronuzzi.
On ne connaîtra jamais les vraies raisons qui ont échauffé et exalté les esprits et déclenché une telle démence et violence.
La chasse à l'homme mené par des passions guerrières chez des hommes tout à fait ordinaires demeure une question suspendue même si l'on perçoit les enjeux politico-sociétaux de l'époque.
Le récit est vif, les traits simples, un peu caricaturaux mais efficaces.
J'ai été étonnée de découvrir un épisode aussi bref et tragique inspirer la bande dessinée.
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"Comme ils étaient terribles et laids, ces visages, à la lumière des torches."
Le 17 août 1893, dans les marais salants d'Aigues-Mortes, couve la haine. Elle a le goût du sel. Bientôt elle aura la couleur du sang.
Les conditions de travail sont rudes, les salaires misérables pour les ouvriers français et les saisonniers italiens. Les patrons profitent de cette rivalité pour rendre ce travail du sel encore plus inhumain, encore plus intolérable ; un travail d'esclave où les corps s'assèchent, où les esprits s'échauffent. Le sel mord la peau, assèche les gorges, brûle les paupières sous le soleil de plomb. Le vin enflamme, abreuve la haine qui s'infiltre dans les crevasses des corps saouls de fatigue et d'injustice, excite les bagarres.
Les dessins et les tons rouges et ocres rendent bien cette furie collective, cette étincelle qui a mis le feu à la poudre, aux poings et à tout ce que l'homme recèle de plus vil.
La faute de l'autre, la pauvreté, la xénophobie, "la fierté d'être français" hurlée dans des discours nationalistes, la fourberie des riches patrons de la Compagnie des Salins du Midi entraîneront cette tragédie du travail, ce massacre qui laissera une trace sanglante dans l'histoire française.
Un fait réel que je ne connaissais pas et qui résonne hélas dans notre actualité. L'homme ne change pas, il répète toujours la même histoire.
Pas De réseaux sociaux à cette époque, pourtant les mensonges enflaient de même comme une vague dévastatrice, gorgée de sel et de sang, s'abattant sur la raison des hommes comme un tsunami de démence.
Cette BD est intéressante car, elle offre dans ses dernières pages les détails sur les faits historiques de ce massacre d'Aigues-Mortes et du simulacre de procès qui lui a succédé, ayant failli faire basculer la France et l'Italie dans la tragédie de la guerre.
"Ce jour-là, j'ai compris que la vilénie était la chose la mieux partagée au monde et qu'il en fallait bien peu pour que se craquelle le vernis dont on recouvre nos bas instincts."
Je remercie Babelio et les Éditions Les Arènes pour cette BD puissante en images et en mots. Des images et des mots comme des grains de sel et des gouttes de sang se fondant sous le soleil du Midi.
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Les livres d'amououour ne sont pas vraiment ma tasse de sirop. C'est le résumé de l'éditeur : "Ils vont s'aimer et pourtant...vingt ans, trente kilos et un océan les séparent" qui m'a fait tenter cette histoire improbable...
Jérémie est ce qu'on peut appeler un "paumé". Grand échalas inconsistant, pas très futé, il vit encore chez sa maman avec un troisième larron de la famille : un Tonton qui, suppose-t-on, a perdu la boule en Afrique. Un jour, Jérémie a pété les plombs ! Peut-être parce que sa copine Elodie n'a pas voulu garder leur enfant ? Il en a pleuré ("Je veux ma moitié de bébé !") et Elodie l'a foutu à la porte.
Depuis, Jérémie voit un psy qui jure sur les bienfaits thérapeutiques reposant sur les leçons de cuisine et, toujours pour son équilibre, Jérémie participe aussi à des séances d'aquagym en compagnie de femmes enceintes.
Travaillant à mi-temps (thérapeutique, bien sûr !) au CDI d'un lycée, il est chargé d'accompagner de jeunes stagiaires français aux "States"...
Là-bas, il va résider chez Rose. Quadragénaire en surpoids, abandonnée par un mari bourrin, elle a beau avoir fait des sourires à la vie, la vie ne lui en a jamais retourné.
Et...! Ça y est...quand ces deux estropiés de la vie se rencontrent, Zeus se prend pour Cupidon et c'est les coeurs embrasés par le coup de foudre que Jérémie et Rose partiront sur les routes, unis par un amour grisant, éblouissant...comme s'ils étaient beaux !
Cette histoire n'est rien d'autre qu'une petite bluette croquignolette...un petit conte moderne dans lequel l'auteur à balisé le chemin jusqu'au "Happy End" (un peu surprenant, quand même) avec quelques cailloux nostalgiques et beaucoup de miettes humoristiques...
Alors, me demandez-vous, à moi, la sceptique railleuse, quid de la sentence ? Et je vous répond : "thérapeutique !" Lisez ce petit livre les jours de blues ou de maussaderie...pour rêver...qu'elle peut être belle, la vie !
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Le titre est poétique, l'illustration est rigolote, juste ce qu'il faut pour avoir envie de lire ce titre jeunesse de Thierry Magnier. Valentin, jeune bègue, aime à contempler la lune mais le président de la République, Bon Tagadatsointsoin le convoque pour le réprimander. Et bientôt, par un concours de circonstances, Valentin et ses parents qui vivaient dans une grande maison, se retrouvent à la rue. C'est là qu'il rencontre Aurore, une jeune fille handicapée du pied. Quand ils apprennent que la lune risque de disparaitre à cause de leurs sombres desseins, ils mettent tout en oeuvre pour la sauver...
Fred Paronuzzi situe son histoire dans un présent alternatif où les personnages et sites ont légèrement été modifiées (pas tant que ça). Un récit qui, mine de rien, parle de notre façon de consommer, d'échanger et dialoguer, on a une vraie remise en question de notre société. Très simple, on ne rentre pas dans les détails mais c'est poétique.
A faire lire aux enfants, à partir de 8 ans, pour les sensibiliser de façon douce à notre société.
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Matteo a rencontré sa tante Flora pour la première fois à huit ans. Il ne la connaissait que par ses courriers : « A son anniversaire, à la Noël, parfois sans raison particulière, Zia Flora lui adressait des lettres et des cartes dont sa mère lui faisait la lecture. Il écoutait, le souffle court, ces paroles rédigées pour lui seul, caressantes, câlines, et qui chuchotaient à l'oreille. »
Cette tante a toujours enveloppé Matteo d'une douceur et d'un amour d'autant plus précieux pour l'enfant qu'il était rudoyé chez lui par son père.
Aujourd'hui, Matteo a quarante ans. Il va mal depuis qu'il s'est fait agresser par un inconnu : « Ce déchaînement de violence faisait soudain resurgir la brutalité qui avait baigné son enfance. Jusqu'à l'étouffer ». Matteo boit, de plus en plus, l'alcool aggrave les choses, la famille se disloque, il perd sa femme et sa fille. Zia Flora est mourante et l'appelle à son chevet. Matteo se sent minable, inutile, à quoi bon y aller...
Rebutée par les couleurs ternes et le trait flou, j'ai commencé cet album sans y croire. Je l'avais emprunté au hasard, sans en avoir entendu parler, les planches sur la boxe ont failli me faire renoncer rapidement. J'ai découvert une superbe histoire et j'ai été surprise d'être aussi émue alors que les sujets évoqués semblent si rebattus - famille, non-dits, regard des autres, confiance en soi. Les auteurs parviennent à rendre leurs personnages touchants et proches grâce à des regards, des paroles, et des portraits contrastés. Le texte et l'histoire m'ont fait oublier mes réticences sur le graphisme.
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C’est dans le cadre d’une Masse Critique que j’ai lu ce livre, enfin plutôt cette bande-dessinée. Le résumé m’avait interpellé et intéressé. Quand je l’ai reçu, belle surprise c’est vraiment un beau livre avec du papier de qualité. Mais en voyant les dessins à l’intérieur mon enthousiasme est retombé. Je me suis dit vite que je le lise pour que je passe à autre chose. Mais comme on le sait tous, l’habit ne fait pas le moine. J’ai tout lu rapidement par son contenu de qualité. L’histoire est très prenante, c’est une histoire trop méconnue et mise sous le tapis par la honte qu’elle a pu générer.
Les dessins qui m’avaient refroidi dans un premier temps traduisent surtout ce climat chaud, lourd et rempli de tension de ce mois d’aout 1893 lorsqu’une rixe éclate entre les trimards français et les saisonniers italiens aux salines de la cité gardoise d’Aigues-Mortes. Ces tensions sont exacerbées par ce climat pesant où les conditions de travail sont d’une pénibilité énorme. La rumeur que font courir quelques français va mettre le feu aux poudres et l’explosion de toutes ces tensions pointe le bout de son nez. La xénophobie déjà présente chez certains va se propager comme la peste. Plus personne ne se cachent et ne fera pas que cracher sa haine, ce sera bien plus violent.
Pour conclure ce tragique événement, Fred Paronuzzi nous donnent les suites de cette affaire. Je n’oublie pas Vincent Djinda pour ces dessins forts, et parfaitement adaptés pour nous immerger dans l’histoire.
Très intéressant.
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Là où je vais nous raconte l'histoire de 4 lycéens qui ne se connaissent pas et qui, pourtant, vont vivre en même temps un moment charnière de leur vie. 55 minutes pendant lesquelles l'une assumera son premier amour, un autre fera un choix d'orientation, un troisième s'ouvrira enfin aux autres et une dernière avouera un secret difficile à porter...
Un roman que j'ai beaucoup apprécié car il nous brosse un portrait tout en justesse de l'adolescence avec les doutes et les préoccupations sur son orientation sexuelle et sur son avenir professionnel, les conséquences des excès souvent présents à cette période de la vie.
Il met aussi en avant l'importance de la parole comme issue possible à beaucoup de problèmes que l'on ne peut résoudre seul.
Un roman à 4 voix à découvrir !
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Que s’est-il passé ce 17 août 1893 à Aigues-Mortes ? Comment une simple altercation opposant des ouvriers français à des collègues italiens a-t-elle pu se transformer en folie meurtrière ?
Les corps fatigués, brillants de sueur, les ouvriers ramassent le sel sous le soleil brûlant… les muscles saillants, les visages ravagés par la douleur… Français et italiens triment pour la riche Compagnie des Salins du Midi…
Quelques pages plus loin, les visages sont défigurés par la haine, les cris appellent le sang, les bras se tendent pour frapper, tuer, les français veulent abattre les italiens.
Que s’est-il passé ? Comment cette tragédie du travail est-elle devenue un lynchage xénophobe ? Qui a exacerbé l’esprit cocardier, qui a lancé la chasse à l’ours ? (ours = étranger)
Cet album dur, qui prend aux tripes tente de raconter et d’analyser l’indicible. Le dessin transmet la violence, la haine, la rage… j’ai été frappé par cette envie de tuer palpable, prégnante.
Une lecture forte qui laisse un drôle de goût dans la bouche… qui résonne aussi avec d’autres voix plus récentes qui nous désignent des ennemis.
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Les élèves de la classe d’Hugo et Lila doivent faire un devoir sur des œuvres exposées au Louvre. Certains décident de se laisser enfermer dans le musée pour être plus tranquilles. Mais tout ne se passe pas comme prévu, et les voilà embarqués dans une aventure à laquelle ils ne s’attendaient pas !
Le graphisme n’est pas original, mais il est simple et efficace pour un jeune lectorat. L’entrée dans un tableau n’est pas très original non plus, d’autres l’ont proposé avant, avec talent, mais il y a une couche de pirates en plus qui ne sera pas pour déplaire. Le tout assaisonné d’un humour un peu potache pour de jeunes lecteurs, pas subtil, mais efficace là encore.
Une BD qui ne sera donc pas un coup de cœur, mais qui fait bien le job.
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Afrique. Nour est une brillante élève. Mais sa famille n'a pas les moyens de l'envoyer faire des études. Heureusement, la directrice de l'école trouve un subterfuge : contre des ménages, la jeune fille pourra être indépendante financièrement et étudier. Nour y rencontre le neveu dont elle tombe amoureuse mais pour lui, cette idylle n'est qu'une passade. Nour, enceinte, a le choix entre se plier aux diktats de sa famille en épousant un inconnu ou fuir. Aidé par Tariq, son ami d'enfance, elle devient Youssef et ils décident de partir pour Berlin.
Le récit alterné entre Tariq, Nour, Youssef et Ahmed, rencontré sur les chemins de l'exil, raconte par petites touches le drame, les espoirs et les sentiments de tous ces adolescents. Un récit en finesse, sans jugement et lumineux (Nour veut dire Lumière).
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Un cargo pour Berlin – PARONUZZI, Fred. -
Thierry Magnier – Janvier 2011- 112 p.
ISBN : 978-2-84420-885-9 - Prix : 8 €
Résumé : Nour (lumière en arabe), qui vit quelque part dans un pays du Maghreb, doit fuir sa famille et le destin qu’elle lui réserve. Transformée en Youness , un jeune garçon, et accompagnée de son ami Tahir, elle se lance dans la grande et douloureuse aventure de l’émigration : voyage en camion, passage de frontières, faim deviennent son quotidien. Parviendra t-elle à Berlin, la ville dont rêve son ami Tahir ?
Mots-clé : MAGHREB / CONDITION FEMININE / AMOUR / AMITIE / RELATION PARENT-ENFANT / EMIGRATION CLANDESTINE / APPRENTISSAGE / GROSSESSE NON DESIREE /
Commentaires : Un beau petit livre intéressant et bien écrit qui évoque à la fois la condition des filles dans les pays du Maghreb où la religion a un poids énorme et les difficultés de ceux qui souhaitent émigrer. Un chapitre sur deux est consacré au passé de Nour (le pourquoi de sa fuite) et le chapitre suivant se situe dans le présent où elle est le jeune Youness.
La rencontre avec un couple d’intellectuels algériens ainsi qu’avec une femme marocaine apporte de l’humanité dans cette histoire un peu dure qui se termine cependant sur une lueur d’espoir
Toutefois il nous semble que, vu le sujet abordé, ce roman , que l’on pourrait dire d’apprentissage, est à réserver à des élèves de fin de collège.
Pistes de discussion :
• Que pensez-vous de l’attitude d’Idriss, l’amoureux de Nour ?
• Que pensez-vous du choix de Nour de s’enfuir ?
• Les embûches de l’émigration clandestine
• A quoi peut vous faire penser l’attitude de la famille de Nour ?
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"Un sacré bail qu'il n'en avait pas reçu du courier de là-bas".
Là-bas,c'est l'Italie, le pays enchanteur de sa tante "Zia Flora", une tante tendre,triste,douce, "belle et lumineuse" qui sentait le lilas.Là-bas, c'est le pays qu'ont quitté Matteo et ses parents ("deux émigrants" "deux sans pays") persuadés de trouver en France un "Eldorado", eux les "ritals". Là-bas,cette Italie où il a connu le "bonheur", sera l'endroit où Mattéo retournera pour revoir une dernière fois Flora qui se meurt d'un cancer.
Remontent les souvenirs d'un père violent et humiliant le traîtant de "femminuccia" "fillette", d'une mère lâche et silencieuse, sur fond de présent glauque, de dépression alcoolisée(suite à une agression dans son bus),de perte d'emploi,de couple à la dérive dans une Zup terne où le bonheur n'est pas au rendez-vous.
Le secret de famille découvert en Italie permettra-t-il à Mattéo de remonter sa mauvaise pente?
La lettre de Flora est un roman triste et nostalgique (aux mots parfois durs et crus émaillés d'italien pour sonner plus vrais)qui parle de déshonneur,d'intégration difficile en pays étranger,de bonheur fragile qui peut se défaire aussi vite qu'il se bâtit,des limites à ne pas franchir pour qu'un couple dure et surtout des rapports d'incompréhension d'un père et d'un fils. Emouvant!
La lettre de Flora est le troisième roman de Fred Paronuzzi écrivain français.
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Elle s'appelle Nour, qui signifie lumière, cette lumière tant attendue que sa mère a porté dans son ventre neuf mois durant.
Elle va prendre le prénom de Youness pour fuir les ténèbres où va la plonger sa faute,celle d'avoir trop aimé,pour fuir vers la terre promise de l'Europe.
"Tu es pire qu'une tête de mule" avait prédit la mère.
Je le savais dira le père!
Mais comment ne pas résister au désir d'Idriss, à sa voix chaude et douce comme du miel,à ses mains fines et caressantes? Idriss, qui vient d'Oran et rêve d'université américaine,Idriss qui affirme l'aimer,Idriss le neveu de Madame Bouraoui celle qui a détecté en elle une "plume en herbe" et l'a embauchée pour financer sa scolarité.
Mais comment supporter Idriss, humiliant, qui va la traiter de servante?
Un superbe livre empreint d'émotions car Nour passera de l'amour,la confiance,l'abandon à la rage,à la révolte et au désespoir.
Un récit poignant qui pourrait être lu par un public adulte car il parle de société patriarcale (encore en vigueur dans certains pays) où la fille qui perd sa virginité, rejetée, doit être mariée à tout prix pour laver le déshonneur.
Un récit à deux voix,en chapitres alternés,ce qui en fait l'originalité,la voix de Nour qui conte au je et celle de Youness qui raconte Nour comme pour la mettre à distance dans sa fugue et ses émotions.
Et une fin remplie d'espoir....
Et Fred Paronuzzi,un auteur contemporain que je ne connaissais pas mais que j'ai eu plaisir à découvrir !
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C'est sympathique
Même si ça ne casse pas trois briques
Parfois un petit manque de lisibilité mais ça parle navires, pirates et œuvres d'art. Plutôt un bon mélange et mon faune pourtant habitué aux BD qui poutrent visuellement a bien aimé.
Alors... A flots !
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