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Citations de Frédéric Couderc (78)


-Tu vois, insista-t-il, je ne me sens pas si différent des autres. Mais je ne trouve pas la paix dans une société qui fait comme si son Führer n'avait pas existé. C'est même devenu pour moi une nécessité vitale d'agir. J'ai fini par comprendre que si les morts ne sont pas vengés alors les nazis auront gagné malgré tout. Ils pourront démontrer que c'est facile de s'en sortir. Et alors d'autres recommenceront ailleurs.
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Et n'oublie pas ton petit caillou. Les Juifs ne déposent pas de fleurs sur les tombes de peur qu'elles ne se flétrissent. C'est une insulte au mort. La pierre est comme un signe, elle montre qu' un visiteur est passé se recueillir.

(Page 117)
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Quelques heures avant d’enterrer sa mère, Leonard crut entendre le râle d’un animal à l’agonie. Il se redressa dans son lit, à l’affût, mais comprit assez vite que le vent de Manhattan lui jouait un mauvais tour. Nulle plainte, il ne s’agissait que de rafales. Incapable de se rendormir, il se leva lentement pour ne pas déranger Alice.
Il enfila un caleçon et descendit l’escalier. Au salon, il tourna un peu en rond, puis se posta à la vitre glacée du bow-window. La neige s’abattait sur Bedford Street comme si elle n’allait jamais s’arrêter. À l’horizon, il n’y avait plus ni bitume, ni voitures, ni arbres, ni bornes à incendie, juste un dénuement insondable qui donnait une impression de lévitation. Généralement, les New-Yorkais aiment voir leur ville tapissée de flocons. Ils la jugent alors propre, lisse, comme délivrée des figures angulaires, droites et rigides, qui forment son architecture. Face à tout ce blanc, Leonard avait plutôt en tête l’image d’un drap mortuaire.
« Maman est morte. » Il ne savait pas encore de quelle manière cette disparition l’affecterait. Il étouffait – cette souffrance l’empoignait, le désintégrait –, mais l’instant d’après il se persuadait que son décès était dans l’ordre des choses. De façon générale, il ne s’attardait jamais sur les moments d’angoisse. Il menait une vie sous contrôle. Il fallait « enterrer les morts et réparer les vivants ».
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Je restai un court instant stupéfaite après le passage de la Ford verte : quel imbécile pouvait rouler à cette allure en pleine ville ? Puis j’entendis le hurlement de Denise alors que la voiture se présentait devant elle. Trop tard pour freiner, pour se déporter, ne lui laissant aucune échappatoire. Propulsée en l’air, elle retomba sur la chaussée en se fracassant la tête contre un enjoliveur.
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Les gardiens se postaient au sommet de la carrière, sous les palmiers et sur l’herbe tendre. Dans l’énorme cratère d’une blancheur aveuglante, Mandela cassait la pierre avec une pioche pour atteindre la chaux enterrée sous des couches de rocher. Traité comme les lépreux qui avaient autrefois habité l’île, il grimaçait sous la lumière et la poussière, les mains couvertes d’ampoules et de plaies, travaillant jusqu’à seize heures par jour.
Lorsqu’il regagnait son quartier de sécurité maximale, le visage lavé par des traînées de sueur, il avait l’air de fantôme.
Bien sûr, les gardiens étaient blancs. Ils s’exprimaient uniquement en langue afrikaans et exigeaient que les prisonniers s’adressent à eux en les appelant baas, maître.
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Dans les belles histoires, le bien finit par triompher du mal, le crime ne paie pas. Mais nous avions tous passé l'âge de croire aux contes de fée.
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La seule idée qui m’est venue pour expliquer ce choix, le Ghana, c’est qu’en 1957 y avait été rattachée une partie de l’ex-Togoland, protectorat allemand jusqu’en 1914. Plutôt que de se retrouver au beau milieu de colons français ou anglais, n’était-il pas plus raisonnable de rejoindre des compatriotes ? L’inspecteur Bong s’est rendu compte que l’aviatrice Hanna Reitsch avait résidé à la même époque à Accra, je ne vais pas la lâcher non plus.
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Exprimer sa souffrance, pour une vieille dame, c’est comme un cri muet. On parle a voix basse mais c’est un hurlement.
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(Les premières pages du livre)
L’odeur de la nuit est celle de la brousse, piquante d’herbe mouillée et de fleurs d’acacia. Les ombres occupent toute la place, la voûte étoilée ne suffit pas pour y voir clairement, ni la lune, ni les lucioles. Des ténèbres qui font bien l’affaire du Sturmbannführer (commandant) SS Horst Schumann en fuite depuis seize ans. Sur les crimes de guerre dont il s’est rendu coupable, il n’y a aucune ambiguïté, aucune discussion, toutes les preuves sont entre les mains de la justice allemande. Sa fiche d’évadé précise qu’on le recherche pour meurtres de masse. Sa photo le présente en costume d’officier SS avec un visage féroce, l’air d’un bouledogue, mais un bouledogue avec de gros sourcils, un nez tranchant, une bouche mal dessinée et une raie crayonnée sur le flanc gauche. Il a sévi à Auschwitz-Birkenau, c’est le diable en personne, il faut le traquer, quitte à retourner chaque pierre.
On est en 1961, un an après la capture d’Eichmann. À travers le monde, ils ne sont pas si nombreux les fugitifs SS qui errent de planque en planque. Sur la liste établie par le Mossad, Schumann voisine avec les bouchers responsables des massacres de Lublin, Riga ou Vilnius. Schumann est du même bois que le chef de la Gestapo, que le bras droit de Hitler, que l’inventeur des camions à gaz. Ces hommes s’appellent Alois Brunner, Martin Bormann, Heinrich Müller, Walter Rauff, Klaus Barbie, Franz Murer, Ernst Lerch, Herberts Cukurs ou Josef Mengele. Horst Schumann n’a pas vraiment de surnom comme « l’ange de la mort ». Mais il a cette originalité, c’est un broussard : il a choisi la savane africaine plutôt que la pampa d’Amérique latine.
La lueur d’une lampe-tempête suffit pour apercevoir les contours du camp. Schumann écoute les petites bêtes sauvages et les grosses qui chantent, frémissent, se tuent et s’unissent jusqu’au bivouac encadré de massifs épineux. Schumann est là pour chasser, seul au monde, sans boy ni porteur de fusil. Son équipement tient dans un large sac à dos : une chemise élimée, un short, une couverture, un roman recommandé par Goebbels, la tente, et le ravitaillement. Il entend laisser s’écouler deux jours avant de rentrer au bercail. Accra n’est pas fréquentable en ce moment. Il a quitté la ville le matin même aux commandes d’un biplan jaune et noir, un modèle Gipsy Moth. C’est un bon pilote, il a survolé des espaces illimités – rivières, immenses horizons de grands arbres –, et, entre les nuages, sous les jeux de lumière, il a vu la masse rocheuse des éléphants. Il s’est rapproché en piqué, tel un as des combats aériens, et alors sont aussi apparues des girafes, la tête ondoyante, gracieuses comme des anémones, les jambes pareilles à des hautes tiges. L’appareil est posé sur une piste à quelques heures de marche. En fin de journée, il a choisi cette clairière pour dormir. Il s’y sent à présent optimiste. Il maudit parfois sa vie de fuyard et de vaincu, il n’en revient pas de devoir se contenter de l’Afrique – pour les autres, Buenos Aires semble plus plaisante, quand même –, mais dans des moments comme celui-ci, gagné par le calme de cette nature, libéré de tous ses poids, il n’échangerait sa place pour rien au monde. Tant mieux s’il termine ses jours en Afrique. À cinquante-cinq ans, c’est un nouveau départ. L’Allemagne n’a plus d’importance.
Schumann s’apprête à lire. Il chasse les nuées humides qui se dissipent en gouttelettes sur la couverture du roman, quand jaillit une présence. Devant lui (à quoi, cinq mètres ?), un léopard le ramène des milliers d’années en arrière, à ce cadeau offert au chasseur, l’instinct primaire de survie qui stimule, même repu. Saisir son fusil a toujours été un réflexe naturel chez lui. Surgi des fourrés, le félin pourrait bondir, mais il hésite, et finit par allonger ses longs muscles palpitants. Schumann mesure sa chance : il est exact que les léopards sont de dangereux animaux, nombre d’entre eux se sont taillé une réputation de mangeurs d’hommes, mais, à sa façon, lui aussi est un mangeur d’hommes, sa cruauté égale les pires profanateurs de l’histoire, il a conduit à la mort des milliers de Juifs dit sa fiche du Mossad, alors ses yeux percent les ténèbres et il vise lentement pour tuer le premier (comme il aime ce spectacle de lui-même). Bang ! Revoilà la virilité du junker, le sang-froid typiquement prussien, un coup de feu a suffi. Suivi du cri effrayé des singes.
On dirait le fracas de grands cuivres wagnériens, l’écho se propage au loin, mais bien sûr impossible que ces sonorités retentissent aux oreilles d’Elizabeth II. Car au moment où Schumann se lève pour ramasser sa proie, avance à pas ralentis, évite une termitière, eh bien, au bal donné en son honneur à Accra, sa Royale Majesté exécute les figures d’un fox-trot. C’est pour ça que le chasseur a préféré la compagnie des hautes herbes. C’est pour ça que le SS se mêle une fois de plus aux chacals, hyènes et vautours. Schumann a consacré tellement de temps ces seize dernières années à se cacher, s’enfuir, user de mille précautions, que ce serait stupide d’être reconnu. Certes, il est le protégé du puissant dirigeant Nkrumah, cet homme qui s’affuble d’un nom réservé au Christ, le « Rédempteur » ou le « Messie » – les Blancs varient pour traduire Osagyefo de la langue kwa –, un homme, donc, qui lui a même offert la citoyenneté du pays. Après un séjour au Soudan, Schumann vit au Ghana depuis deux ans avec femme et enfants. Nkrumah le protège au point de rendre impossible son extradition. Mais les vengeurs du Mossad ?
Accra n’est pour Elizabeth qu’humidité et chaleur. C’est pour elle un immense dépotoir submergé par les insectes, une vague cité aux bâtiments inachevés, avec des cases en tôle ondulée survolées par des oiseaux blancs et maigres. Cependant, ce soir, elle trouve son cavalier rayonnant. Nkrumah est un bel homme, fier de conduire d’une main de fer la première colonie d’Afrique indépendante. À son bras, sa Royale Majesté est auréolée d’une clarté vibrante. Ni le diadème de diamants hérité de Queen Mary ni le petit sac figé au pli du coude ne sursautent de façon inconvenante. Et voilà qu’on tire un feu d’artifice ! L’éclat des pétards est prodigieux, les fusées se déversent dans tous les coins du ciel. C’est un tel tonnerre d’explosions qu’on pourrait croire que la nuit leur tombe sur la tête. Après une certaine hésitation, la reine reconnaît son visage et celui de son hôte dans les spirales colorées.
Ce fox-trot est un moment unique en son genre. Sa Majesté danse à chaque voyage, mais, pour la première fois, la blancheur de son teint se manifeste au bras d’un Noir. « Le meilleur monarque socialiste du monde » persiflent les chancelleries occidentales. Un Noir, absolument noir, si NOIR que tout Buckingham s’étrangle face à cette version de High Life, jusqu’à Churchill, mais la dimension raciale n’entre pas en compte chez lui, il est au-dessus du lot. Bien avant le déplacement, le Vieux Lion s’est fendu d’une lettre au Premier ministre Harold Macmillan pour le mettre en garde :
« Ce voyage donne l’impression que nous cautionnons un régime qui se montre de plus en plus autoritaire et qui emprisonne sans procès des centaines d’opposants. »
La reine a passé outre.
Sans se douter le moins du monde que ce bras que lui tend si bien Nkrumah, le Rédempteur l’offre aussi à un SS couvert de sang.

1
Hambourg, été 2018
Lorsque j’entreprends l’écriture d’une histoire, il me faut, pour user d’une image facile, un coup de tonnerre dans un ciel bleu. Nombre de romanciers insistent sur ces moments de perfection qui précèdent l’irruption des grands désordres. Bien entendu, il y a toutes sortes de façons de commencer un texte, chacun rédige de la façon qui lui convient, mais on en revient toujours à l’élément perturbateur et, pour ma part, le plus grand des chambardements intimes s’est annoncé par surprise, précisément par un temps magnifique. Pour une fois sans que cela vienne d’une invention, mais surgissant dans la vraie vie de Paul Breitner, si je peux ainsi parler de moi à la troisième personne. J’ajoute que le cadre idyllique a aussi joué son rôle : les jardins escarpés de Blankenese, ses vues parfaites sur l’Elbe, ses villas édifiées dans l’entre-deux-guerres par les armateurs les plus puissants de Hambourg.
Il y a une grande part de vérité au surnom de cette banlieue chic : « la colline des millionnaires ». Blankenese est en tout point un territoire opposé au mien, le kiez1 de Sankt Pauli, jadis zone louche des marins, des Beatles, des punks et des squats. Je n’y mettrais pas les pieds si Viktor, mon grand-père, n’avait eu la chance d’acheter ici. Il vit entouré de maisons luxueuses, dans un ancien logis de pêcheur. Alors, forcément, mon regard est biaisé. J’ai emprunté des centaines de fois la piste cyclable du Strandweg pour venir chez lui. Chaque fois, j’ai l’impression de traverser une frontière. J’avoue que la balade me stimule. Couvrir la distance à vélo me permet de tirer des fils et développer mes personnages. Probablement fais-je l’un des plus beaux métiers du monde. Je peux l’exercer aussi bien à mon bureau qu’en pédalant tranquillement. Mais si je me souviens bien de ce jour, je ne crois pas que mon périple donne lieu à un quelconque tour de magie professionnel. Comme d’habitude, je relâche surtout mes nerfs. Tout mon corps se réjouit, des articulations aux poumons. Le murmure des arrosages accompagne mon entrée dans la zone friquée. Et maintenant que j’y songe, la brise qui remonte du fleuve sent le pin et les cyprès toscans. Un parfum de terre lointaine flotte dans les environs. Il fait incroyablement chaud. L’été chavire plein sud et nous déroute. Un présage ? L’Afrique, déjà ?

Pour une raison que je ne pourrais expliquer, je déteste le toit de chaume et la façade à colombages de la maison de Viktor. Je n’aime pas non plus l’odeur qui s’en dégage sitôt le seuil franchi. Instantanément, le chèvrefeuille du jardin cède la place à l’aigre du renfermé, à la poussière sur
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Il arrive un moment dans la vie où le passé comporte des événements si longtemps tus qu’ils s’imposent et demandent soudain à se raconter.
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Comment admettre en une poignée de mois l’assassinat de très exactement treize mille sept cent vingt personnes au bâtiment C16, dit Block de la mort, une « mort miséricordieuse » dont jamais Viktor et sa famille n’avaient entendu parler, la fable du typhus recouvrant tout ?
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Certaines rencontres ont l’air programmées, comme si la roue du destin nous téléguidait, mais c’est une illusion Oui, des cascades de coïncidences peuvent profondément changer une vie, peut-être même qu’elles obéissent à leur propre logique, mais inutile de les interpréter. On doit juste se débrouiller avec ça, à l’instinct.
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"Corse, île des Justes ? "
Ce serait le thème de son exposé. Elle avait bien réfléchi au point d’interrogation. La légende voulait qu’aucun Juif n’ait été déporté de l’île pendant la guerre. La solidarité et la protection l’avaient emporté sur les dénonciations et les bassesses en Corse. Mais Luna ne voulait pas seulement recopier Internet et les sites qui vantaient l’attitude héroïque des uns et des autres.
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Constant déboulait d’Oranie. Il avait un repère : la troisième bougie de Véronique, soufflée à la ferme avant son départ. On était à la mi-58, il se présentait pour un semestre à l’Ecole de guerre, un piston « au nom de l’Art » qu’il devait à Hardy, tout juste nommé « Père Légion » à Sidi-Bel-Abbès. Jusque là incorporé au QG du quartier Vienot, il savait exprimer en quelques traits les sentiments et émotions des légionnaires. Exercice, manoeuvre, casernement, campement, reconnaissance, progression, déplacement, tirs d’artillerie, observation… Ses dessins, aquarelles et croquis, d’inspiration orientaliste, s’éloignaient de la gloire militaire pour isoler le combattant dans une scène de brousse ou de vie quotidienne. Depuis les Beaux-Arts d’Alger, sa réputation le plaçait au niveau d’un Roger Jouanneau-Irriera dont les toiles décoraient le mess du square Bresson, tout près de l’Opéra. Au titre reculé de peintre des batailles, il avait reçu celui de peintre aux armées, avec rang de capitaine. Son insigne brandissait le laurier, le chêne et l’épée basse – emblème des hommes présents sur les théâtres d’opération, mais dépourvus d’armements.
Paris s’était présentée au détour d’une interview du conservateur de l’École militaire, publiée par l’hebdo de la soldatesque, Le Bled. « Si seulement l’École du Louvre n’était pas ce repaire de gauchistes », s’apitoyait le maître des lieux. Selon l’article, les grands tableaux du salon des Maréchaux étaient jaunis par le temps. Les médaillons au-dessus des portes pâlissaient, les dorures grisaient… Constant avait su lire entre les lignes. Le brave gradé ne pouvait compter sur aucun atelier de restauration. On avait d’autres chats à fouetter à l’état-major. Il avait donc fait sa proposition de nettoyage : si on lui confiait un tel chantier, il ôterait les repeints des précédentes restaurations et allègerait les vernis. Pour mettre toutes les chances de son côté, il avait eu l’audace de suggérer à Hardy de le recommander là-bas. Ainsi s’était-il retrouvé un semestre entier à Paris à redonner de la transparence et une nouvelle jeunesse aux oeuvres du peintre Jean-Baptiste Paon. Depuis plus d’un siècle, l’École supérieure de guerre sélectionnait les meilleurs officiers des armées françaises, amies et alliées. L’état-major n’en avait alors que pour Massu et ses huit mille paras. Lancée dans Alger avec tous les pouvoirs, sa 10e division venait de réduire à néant le FLN.
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Camilo...le gros lot ! Aucune femme ne lui a résisté. Vous n'imaginez pas comme il était beau. La figure romantique du héros dans toute sa splendeur ! Pour nous, Cubanos, l'idéalisme, c'est lui, et pas le Che, certainement pas. L'Argentin était hautain, arrogant, froid ! Dire que son visage couvre les chambres des jeunes sur tous les continents ! Quelle imposture ! C'est Camilo et son beau sourire qui devraient être en poster partout. Mais lui n'a pas croisé l'objectif de Korda. c'est ce portrait de lui portant un béret qui a trompé tout le monde. Bref...Avec Dolores, ils se sont retrouvés par hasard. Moi, je ne connaissais ni l'un ni l'autre. Jusqu'à ce jour où il m'a sauvée.
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Un Bushman y préparait un feu pour le repas. Il lui arrivait de découper une antilope. Sa femme et ses deux enfants le rejoignaient. Ils bavardaient en claquant leur langue, mangeaient, et s’endormaient sur des peaux de chacals. Et de son côté mon père…
Après une longue rasade de vin, Victor reprit :
- Ce salaud prétendait observer le chaînon manquant entre l’animal et l’homme. Tu parles ! Après chaque visite, il racontait comment le couple s’accouplait, comment il mettait à l’épreuve leur intelligence avec des jeux débiles, développait chez les petits le goût du sang, je te passe les détails sordides. Selon lui, la preuve était là, sous nos yeux, de l’inégalité des races…
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Avec l’arrivée des examens et la correction des copies, les cases de mon emploi du temps se noircissaient et peut-être que ma présence sur le campus devint exagérée. A l’évidence, la communauté universitaire agissait sur moi de façon réconfortante : je chassais ainsi la solitude qui m’étreignait de retour à la maison. A la nuit tombée, l’angoisse me comprimait le cœur comme le papier qu’on froisse. J’écoutais de la musique, parlais un peu toute seule, tentais de joindre Gabriel au téléphone, avant d’écrire de longues lettres aux miens.
Heureusement, il arrivait que Denise surgisse à l’improviste. Nos retrouvailles étaient chaque fois l’occasion de démonstrations d’amitié.
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En fait d’Africains, vous découvrirez que nous sommes les seuls dans le pays à accepter quelques étudiants noirs et coloroureds, des élèves admis à condition qu’ils ne fréquentent pas le campus. Le gouvernement n’aime pas beaucoup ça, mais il n’y peut rien. Le chancelier de l’UCT, ce cher T.B. Davie, est un partisan de l’intégration raciale, un champion de l’autonomie et de la liberté. Nous enseignons en anglais et refusons l’afrikaans. A l’occasion, le Parti national essaie bien de reprocher à notre président son exigence de diversité, mais cela n’a jamais posé de gros problèmes. Ils nous ont collé une réputation de « rouges » et surnomment l’université « Moscou sur la colline ». C’est ridicule ! On peut s’affirmer progressiste et prétendre en même temps que les communistes sont nos ennemis, n’est-ce-pas ?
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- Pot de fer contre pot de terre : je n'arrive pas à évaluer vos chances à vous, les Juifs. Aussi bien le monde entier se retournera contre vous, aussi bien ce sera le début d'une nouvelle vie.
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Ma recherche se concentre là-dessus ; à ma connaissance, j’y reviens, personne n’a jamais évoqué une filière nazie en Afrique subsaharienne. Elle est la charpente qui fera tenir mon édifice romanesque. Je sais maintenant que la cavale a pris fin en novembre 1966, à la chute de ce paranoïaque Osagyefo, ce Rédempteur qui a accumulé une fortune d’au moins sept millions de dollars pendant sa présidence et qui a réhabilité Schumann ! Enfin, un temps : Nkrumah chassé du Ghana, Schumann a finalement été arrêté à Accra. La plus haute cour du pays, enfin débarrassée du despote, a pu alors accéder à la demande d’extradition allemande.
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