Citations de Frédérick Tristan (230)
Plus un homme s’enfonce sous la terre, plus il lui devient urgent d’emporter avec lui les témoignages de sa vie.
La passion est une école de la grandeur.
Nous nous passionnons parce que nous doutons de l’éternité de l’amour —qui néanmoins, nous paraît être le seul sentiment digne de l’éternel. Et il est vrai que la passion est, par là, une souffrance et, plus que cela, un apprentissage minutieux de la douleur.
Je ne parviens pas à discerner l’erreur et le salut tant la voie qui m’est proposée me confond et, par là, tout à la fois me fait frémir et me passionne.
Désirer davantage est une erreur que je ne cesse de commettre et qui m’accuse, dont je souffre ensuite, que je passerai le reste de mes songes à me faire pardonner.
Toutes les femmes ont accès à la chambre de leur mari, le soir même de leurs noces.
C’est aussi de la bonté que de se jouer d’un être qui aime, afin de lui faire mieux concevoir la grandeur de son amour.
Il ne demande rien sur l’heure parce qu’il sait les qualités de la patience.
L'Ancienne Alliance disait : Tu feras. La Nouvelle : Tu voudras. La liberté de l'homme est au prix de la volonté, non à la solde d'une écriture, si sainte soit-elle.
Nulle limite ne borde la réalité.
Kouan Yin releva le jeune homme.
- Le Bouddha, l'empereur de Jade et même Confucius, ceux que tu as invités ne sont que des figures, des commédiens que quelqu'un a choisi pour se donner en spectacle. Les véritables déités sont invisibles, silencieuses, immobiles. Nul ne peut les nommer, les représenter, tu le sais bien.
-Alors pourquoi ce spectacle est-il donné ?
-Parce qu'il est nécessaire aux hommes. Il leur faut des poupées à bercer, des idoles à embrasser. Ce sont des mensonges qui les rassurent sur la vérité.
-Mais c'est honteux ! Comment pourront-ils se libérer s'ils s'empêtrent dans de semblables simulacres ? Leurs croyances les condamnent !
La Boddhisattva pencha la tête. Une grande tristesse était peinte sur son merveilleux visage. Elle murmura :
-C'est une question que je me suis souvent posée. Parce que l'homme est incarné, il ne peut accéder à l'esprit pur qu'après avoir renoncé à ce qui le fait si différent des autres êtres : sa capacité à gérer sa liberté malgré son corps destiné au néant. Et pour tout t'avouer, mon cher Wang, ce que j'aime chez l'être humain c'est qu'il est un paradoxe, et un paradoxe irréductible. Il en souffre trop souvent mais c'est sa grandeur -l'humble grandeur d'un jouet brisé.
Lao Tseu et le maître Chu écoutaient avec attention, eux qui durant toute leur existence et même encore dans la mort avaient tenté de répondre à cette énigme quelqu'un, un matin, avait posée en plaçant l'homme dans l'univers.
C'était un honnête homme !
Vomir, ici, dans ce wagon, serait-ce seulement imaginable ? Jamais tu n'as ressenti une pareille panique mêlée de honte.
L'intelligence n'est qu'une lune face à l'imagination, fille aînée de l'intuition.
Et donc le désir est sain.Il est le moteur même de l'amour.
D'où vient dès lors ,que l'homme s'en défie? C'est qu'il y devine un piège ,lequel n'est autre que la tentation.
Chacun des morceaux de tissu avait été étiqueté par le sergent Drunsfield avec le nom de sa propriétaire. Sir Malcolm les emporta dans sa chambre, les étala sur son bureau et, après avoir absorbé trois cachets et bu un grog à la cannelle, au gingembre, au miel et au whisky bouillant que lui avait rapidement préparé la revêche et brave Dorothea, il se mit en devoir de s’aliter. […] Lorsque, vers dix-sept heures, il émergea d’un sommeil trop profond pour être naturel, un terrible mal de tête lui enserrait son front.
Grâce à ses fameuses « petites méninges » qu’il arrosait élégamment de whisky, il s’était fait une réputation flatteuse auprès du fameux John Turner que le premier ministre venait de nommer à la tête du Yard.
[…] C’est souvent sur la terre la plus ingrate que poussent les plantes les plus vigoureuses. (Mme Forbes)
C’était mon premier amour, après tout. Il s’était envolé. Et bien que j’aie espéré le prompt retour de la jeune fille, une rumeur sans fondement m’annonçait que je ne la reverrais plus. Mais en quelle matière impalpable est fait un premier amour lorsqu’on a dix-sept ans ? Il avait suffi d’une main qui s’avance, de deux regards qui s’attardent, croient-ils, durant un bref instant qui, pour longtemps, s’inscrira en un tremblement d’émotion dans la mémoire, se répétera en refrain têtu, approfondissant son sillon dans une joie naïve mâtinée d’une sourde douleur.
Ainsi les fantasmes qui rôdent autour de notre esprit, s’il nous arrive de les alimenter ne fût-ce que pour apaiser leur redoutable faim, se prennent à sauter au-dessus des murs de protection, à envahir les rues, à sauter sur les toitures, à pénétrer dans les maisons, pillant et saccageant, à voler les fruits et légumes sur les étalages, et même à agresser les passants, leur chapardant lunettes et turbans, mordant leurs mollets jusqu’au sang, plus terrible encore, à se saisir d’enfants au berceau et à les emporter pour les joindre à leurs propres petits dans l’espoir qu’une fois grandis ils pourront les servir dans la conquête définitive de la ville.