"Dans un bois des environs de Zurich, la petite Gretl Moser vient d'être assassinée à coups de rasoir. Confronté au terrible regard d'une mère dévastée, le commissaire Matthias promet de trouver le meurtrier. La police arrête un potentiel coupable, qui avoue avant de se suicider, mais Matthias est persuadé que le véritable tueur court toujours. Hanté par cette affaire, il décide de le traquer seul, en lui tendant un piège aux conséquences tragiques. Une promesse est une promesse, mais la fin justifie-t-elle toujours les moyens ?"
La Promesse de Friedrich Dürrenmatt, dans une nouvelle traduction d'Alexandre Pateau, à retrouver en librairie.
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LE PASTEUR : L'enfer est en vous-même. Vous êtes plus âgé que moi et vous croyez connaître les hommes ; mais on ne connaît jamais que son propre cœur. Vous avez trahi une jeune fille par amour de l'argent ; vous en concluez naturellement que les hommes sont prêts à vous trahir aussi pour de l'argent. La raison de nos craintes est en nous, dans notre cœur, dans nos pêchés. Si vous admettez cette vérité, vous aurez la seule arme efficace pour vaincre votre tourment.
Acte II.
CLAIRE ZAHANASSIAN : La charité, Messieurs ? Les millionnaires peuvent se l'offrir. Avec ma puissance financière, on s'offre un ordre nouveau à l'échelle mondiale. Le monde a fait de moi une putain ; je veux faire du monde un bordel. Si on tient à entrer dans la danse et si on n'a pas de quoi casquer, il faut y passer. Et vous avez voulu entrer dans la danse. Les gens convenables sont ceux qui paient.
Acte III.
Chaque prisonnier prouve sa liberté en étant son propre gardien
“Traps quitte la fenêtre et va inspecter la bibliothèque.
A en juger par les titres, la soirée promettait d’être fameusement ennuyeuse : Hotzendorff, Le Meurtre et la peine de mort; Savigny, Système actuel du Droit romain; Ernst-David Hölle, Pratique de l’Interrogatoire. Aucun doute là-dessus : le maître de maison était un juriste (…) Il n’y avait plus qu’à s’attendre à des discussions sans fin et parfaitement oiseuses, car les lettrés de cette sorte, que savent-ils donc de la vie réelle ? Rien, absolument rien du tout ! Les lois sont faites comme cela.”
Plus les hommes agissent de façon planifiée, plus le hasard est à même de les frapper efficacement.
CLAIRE ZAHANASSIAN : J'aime les hommes en maillot et culotte courte ; ils ont l'air si naturel.
Acte I.
Celui qui est confronté au paradoxe s'expose à la réalité.
Opter pour la folie en guise de méthode, c’est peut-être assez héroïque et c’est certainement très courageux, je l’admets volontiers, puisque tous les excès ont quelque chose d’impressionnant de nos jours ; mais si jamais cette méthode manque son but, si elle ne vous conduit pas au résultat visé, alors, je le crains fort, il ne vous restera que la folie elle-même !
Car, hélas, le fait même que cette chute ignoble existe, qu'elle soit là comme quelque chose d'impossible à prévoir, un hasard, si vous voulez, prouve à postériori l'absurdité de son génie, de ses plans et de ses agissements d'une manière encore plus cuisante qu'avant, quand on pensait encore, rue de la Caserne, qu'il avait fait fausse route : il n'y a rien de plus cruel qu'un génie qui bute sur une idiotie...Et c'est ainsi que mon histoire va se terminer sur une note particulièrement déprimante, car la solution qui s'est imposée est presque la plus banale de toutes les "solutions" possibles. ...Ce n'est qu'en intégrant humblement la possibilité de l'absurde à notre pensée, cet absurde qui, par la force des choses, s'impose avec une évidence et une force toujours plus grandes, ce n'est qu'en comptant avec la possibilité de l'absurde que nous réussirons à éviter l'échec et à nous faire une place tant soit peu confortable sur cette terre. Notre raison peine à éclairer le monde. C'est dans la lumière incertaine de ses limites que s'ancrent tous les paradoxes.
- Vous ne pouviez pas trouver sonnette : il n'y en a pas. À quoi servirait-elle, puisque la porte n'est jamais fermée à clef.
- Comment? Même quand vous êtes dehors?
- Oui, même quand je suis sorti. Il est toujours intéressant, en rentrant chez soi, de se demander si l'on vous a volé quelque chose ou non. Vous ne croyez pas?