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Citations de Gene Wolfe (63)


Des soldats vont et viennent d’un pas vif, parfois au petit trot, sans jamais sourire. La plupart sont des hommes de petite stature mais taillés en force, avec des barbes noires. Ils portent des pantalons et des tuniques brodées de turquoise et d’os par-dessus des corselets à écailles. L’un d’eux est arrivé, tenant une lance avec une pomme d’or. C’est le premier qui a croisé mon regard, et c’est pourquoi je l’ai fait arrêter pour lui demander quelle était cette armée. « Celle du Grand Roi », m’a-t-il répondu. Puis il m’a fait rasseoir et a filé.
Ma tête me fait toujours mal. Souvent ma main monte jusqu’aux bandages qui l’entourent, bien que le guérisseur m’ait dit de ne pas y toucher. Je garde le stylet à la main, et je n’y toucherai pas. J’ai parfois l’impression d’avoir une sorte de brouillard devant les yeux, une brume que le soleil ne peut dissiper.
Je me remets à écrire. Je viens d’examiner l’épée et l’amure posées à côté de ma couchette. Il y a un casque, troué à l’endroit où j’ai reçu ma blessure. Il y a aussi Falcata, ainsi que des plaques pour la poitrine et le dos. J’ai soulevé Falcata et, moi qui ne la connaissais pas, j’ai vu qu’elle connaissait ma main. Certains des autres blessés ont eu l’air effrayés, et je l’ai replacée dans son fourreau. Ils ne comprennent pas mes paroles, ni moi les leurs.
Le guérisseur est venu après que j’ai eu fini d’écrire ces mots, et je lui ai demandé où j’ai été blessé. Il m’a dit que c’était près du temple de la Terre Mère, là où l’armée du Grand Roi a combattu l’armée de Pensée et des Cordiers.
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Je note ce qui vient de se passer. A l’aube, le guérisseur est venu dans cette tente et m’a demandé si je me souvenais de lui. Quand je lui ai répondu que non, il m’a expliqué. Il m’a donné ce rouleau, ainsi qu’un stylet de métal pour pierre à fronde, qui laisse des marques comme sur de la cire.
Je m’appelle Latro. Je ne dois pas l’oublier. Le guérisseur m’a dit que j’oubliais très rapidement, à cause d’une blessure reçue au cours d’une bataille. Il l’a appelée d’un nom qui était comme un nom d’homme, mais je ne me le rappelle plus. Il m’a dit que je devais m’exercer à écrire le plus de choses possible, afin de pouvoir les relire quand j’aurais oublié. C’est pourquoi il m’a donné le rouleau et le lourd stylet en métal pour pierre à fronde.
J’ai d’abord écrit quelque chose pour lui dans la poussière, du bout du doigt. Il a eu l’air content que je sache écrire, car la plupart du temps les soldats en sont incapables, m’a-t-il dit. Il a aussi ajouté que mes lettres étaient bien formées, même si certaines avaient des formes qu’il ne connaissait pas. J’ai pris la lampe, et à son tour il m’a montré son écriture ; elle m’a paru très étrange. Il est de Terre-du-Fleuve.
Il m’a demandé mon nom, mais j’ai été incapable de le lui dire ; puis il a voulu savoir si je me souvenais de lui avoir parlé la veille, et j’ai répondu que non. Il m’avait pourtant parlé à plusieurs reprises, a-t-il assuré, mais chaque fois j’avais oublié sa visite précédente.
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Les marins écoutèrent tout cela en silence ; mais pendant que je parlais, mon regard s’était porté au-delà d’eux, à la recherche des autres, de la dame Aphéta et de ses compagnons, au moins. Ils restaient invisibles.
Il y avait pourtant d’autres auditeurs. La foule du portique s’était rassemblée sous l’arche par laquelle Zak et moi-même étions entrés ; quand j’eus terminé, ils pénétrèrent lentement dans la salle d’Examen, en empruntant non pas l’allée centrale comme nous l’avions fait, et comme l’avaient certainement fait les marins, mais, se divisant en deux colonnes, les allées latérales qui séparaient des murs l’extrémité des bancs.
J’eus le souffle coupé, car Thècle se trouvait parmi eux ; et je lus dans ses yeux tant de pitié et de chagrin que j’en eus le cœur déchiré. J’ai rarement eu peur, mais je savais que ce chagrin et cette pitié étaient pour moi, et leur intensité m’effraya.
Elle détourna finalement son regard, et j’en fis autant. C’est alors que j’aperçus dans la foule Agilus, puis Morwenna, avec ses cheveux noirs et ses joues marquées au fer.
Une centaine d’autres les accompagnaient, prisonniers des oubliettes de la vincula de Thrax, malandrins que j’avais fouettés pour le compte de magistrats provinciaux, assassins que j’avais exécutés pour eux. Et encore une autre centaine : des Asciens, la grande Idas et Casdoé à la bouche amère, le petit Sévérian dans les bras ; Guasacht et Erblon avec notre drapeau vert des batailles.
J’inclinai la tête, les yeux perdus sur le sol, dans l’attente de la première question.
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Je n’avais jamais vu la guerre, ni même n’en avais parlé longuement avec quelqu’un qui y aurait participé ; mais j’étais jeune et, ayant quelques connaissances de la violence, je m’imaginais que la guerre n’était qu’une nouvelle expérience à faire, comme tout autre chose – comme de disposer d’une certaine autorité à Thrax, ou de m’évader du Manoir Absolu.
Or la guerre n’est pas une nouvelle expérience : c’est un monde nouveau. Ses habitants en sont plus différents des êtres humains que Famulimus et ses amis. Ses lois sont nouvelles, et même sa géographie est différente, car il s’agit d’une géographie dans laquelle le moindre vallon et la plus humble colline peuvent acquérir l’importance d’une grande ville. Et de même que Teur, qui nous est pourtant si familière, recèle en son sein des monstruosités comme Erèbe, Abaïa et Arioch, le monde de la guerre est parcouru d’autres monstres appelés batailles, dont les cellules sont des individus mais qui possèdent une vie et une intelligence qui leur sont propres, et que l’on approche à travers un nombre toujours croissant de présages.
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Dorcas fit tout ce qui était en son pouvoir pour me réconforter et m’aider ; je pouvais cependant me rendre compte qu’elle avait conscience du brusque changement intervenu dans nos relations, et qu’elle en était encore plus perturbée que moi. J’ai constaté que de tels changements sont toujours déplaisants, ne serait-ce que parce qu’ils ne font qu’annoncer la venue probable de changements plus grands encore. Tant que nous avions voyagé ensemble (et nous n’avions pas cessé de nous déplacer, plus ou moins vite, depuis l’instant où Dorcas, dans le jardin du Sommeil sans Fin, m’avait aidé à grimper, àmoitié noté, sur le sentier de roseaux flottants), nous étions restés des compagnons ayant un statut identique : c’était sur nos jambes ou sur nos montures que nous franchissions chaque lieue de notre itinéraire. Si j’avais pu assurer, à plusieurs reprises, une certaine protection physique à Dorcas, elle m’avait également fourni un véritable réconfort moral, et même une protection, dans la mesure où il était difficile de garder une attitude de mépris devant tant d’innocente beauté, ou de manifester de l’horreur devant ma profession, lorsque, en me regardant, on la voyait à mes côtés. Quand j’étais dans le doute, elle m’avait conseillé ; en cent lieux déserts, elle m’avait tenu compagnie.
Lorsque nous étions finalement arrivés à Thrax, et que j’eus présenté la lettre de maître Palemon à l’archonte, cette forme de compagnonnage prit nécessairement fin. Je n’avais plus rien à craindre de personne lorsque je fendais la foule dans mon habit de fuligine – en réalité, c’était plutôt la foule qui me craignait, voyant en moi le plus haut représentant de la branche la plus redoutée de la force publique. L’existence que menait maintenant Dorcas n’était plus celle d’une égale, mais selon le terme employé par la Cuméenne, d’une maîtresse, partageant le domicile officiel du licteur. Ses conseils étaient devenus pratiquement inutiles, car les difficultés auxquelles je devais faire face relevaient de problèmes d’administration, ceux précisément que ma formation m’avait appris à traiter, des années durant, et auxquels elle n’entendait rien ; en outre, je dois dire que j’avais rarement le temps et l’énergie de les lui exposer suffisamment en détail pour que nous puissions en discuter.
C’est donc ainsi que, tandis que je passais veille après veille à suivre les débats de la cour de justice de l’archonte, Dorcas prit l’habitude de se promener dans la ville ; et que nous, qui avions été tout le temps ensemble pendant toute la fin du printemps, ne nous voyions qu’à peine cet été, sinon pour partager le repas du soir, avant de nous écrouler, épuisés, dans un lit où, la plupart du temps, nous ne faisions guère autre chose que de dormir dans les bras l’un de l’autre.
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Nous retournâmes à l’auberge en silence, et si lentement qu’à l’orient l’horizon commençait à s’éclaircir au moment où nous entrâmes en ville. Ce n’est que lorsqu’il dessella le merychippus que je lui avouai : « Je ne l’ai pas tuée ».
Il acquiesça sans me regarder. « Je le savais.
– As-tu regardé ? Tu avais dit ne vouloir rien voir.
– J’ai entendu sa voix alors que tu te trouvais pratiquement à côté de moi. Fera-t-elle une autre tentative ? »
Je me mis à réfléchir à sa question, tandis qu’il emportait la petite selle dans la remise. Lorsqu’il en revint, je lui dis : « Oui, j’ai la certitude qu’elle recommencera. Je ne lui ai arraché aucune promesse, si c’est à cela que tu penses. De toute façon, elle ne l’aurait sûrement pas tenue.
– À ta place, je l’aurais tuée.
– Oui, c’est en effet ce qu’il fallait faire », répondis-je.
Nous quittâmes ensemble l’écurie. Il y avait maintenant assez de lumière pour que l’on puisse voir le puits et les grandes portes qui conduisaient à l’intérieur de l’auberge.
« Je ne crois pas que cela aurait été bien – je veux simplement dire que j’aurais pu le faire. Je me serais imaginé poignardé durant mon sommeil, mourant dans un lit crasseux, et j’aurais abattu mon épée. Non, cela n’aurait pas été bien. »
Jonas souleva l’arme primitive abandonnée par l’homme-singe et mima d’une manière brutale et disgracieuse une exécution capitale. L’extrémité de l’arme passa dans un rayon de soleil, nous arrachant à tous deux une exclamation de surprise.
Elle était en or martelé.
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Nous croyons inventer les symboles. La vérité est que ce sont eux qui nous inventent ; nous sommes leurs créatures, nous sommes modelés par leurs arêtes dures et bien dessinées. Quand les soldats prononcent leurs voeux, on leur donne une pièce, un asimi frappé à l’effigie de l’Autarque, vu de profil. En acceptant cette pièce de monnaie, ils acceptent également les devoirs et les charges de la vie militaire ; dès cet instant les voilà soldats, quand bien même ils ne connaîtraient rien au maniement des armes. J’ignorais encore tout de cette coutume, mais c’est une grande erreur que de s’imaginer ne pas être influencé par de telles choses parce que nous n’en savons rien ; et croire cela, en réalité, c’est croire en la forme la plus triviale et la plus superstitieuse de magie. Seul celui qui voudrait être sorcier met toute sa confiance dans le pur savoir et attend tout de son efficacité ; les personnes rationnelles, quant à elles, savent que les choses se produisent d’elles-mêmes ou pas du tout.
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Peut-être avais-je déjà éprouvé quelque pressentiment de ce qu’allait être mon avenir. Dans mon esprit, le portail rouillé et fermé qui se dressait devant nous, ainsi que les nappes de brouillard qui s’effilochaient et se tortillaient entre ses barreaux comme des chemins de montagne, sont restés les symboles de mon exil. Sans doute est-ce la raison pour laquelle j’ai commencé le récit en partant des conséquences de notre baignade ; c’est en effet au cours de celle-ci que moi, l’apprenti bourreau Sévérian, j’ai bien failli me noyer. (…) Il est dans ma nature – c’est mon bonheur et ma malédiction – de ne rien oublier. Le moindre bruit de chaine, le moindre souffle de vent, chaque chose vue, sentie ou goûtée, tout reste fixe, inchangé, dans mon esprit ; je sais fort bien qu’il n’en va pas de même pour tout le monde, mais je n’arrive pas à ma figurer ce que cela peut vouloir dire, oublier : comme si quelqu’un avait dormi, alors que ce qu’il a vécu s’est simplement éloigné dans le temps. Les quelques pas que nous avons fait dans l’allée toute blanche me reviennent maintenant. Il faisait froid, et le froid allait en augmentant. Nous n’avions pas de lumière, et le brouillard qui montait du Gyoll commençait à s’épaissir sérieusement. Quelques oiseaux étaient venus se réfugier pour la nuit sur les pins et les cyprès, et ils voletaient maladroitement d’arbre en arbre. Je me souviens du contact de mes mains sur mes bras que je frictionnais, d’une lanterne qui dansait parmi les stèles à quelque distance, comment aussi le brouillard faisait ressortir l’odeur de l’eau du fleuve qui imprégnait encore ma chemise, et du parfum âcre et fort de la terre fraîchement retournée. J’avais frôlé la mort ce jour-là, étouffant dans le réseau de racines dont j’étais prisonnier ; et la nuit allait marquer mon passage à la vie adulte.
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L'adorable apparition se dissipa tel un rêve, aussitôt remplacée par une sorte de colosse en bronze, aux muscles hypertrophiés, dotés de deux têtes.
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Organsin interrogea le visage de la déesse qui soutint son regard avec une impassibilité proprement statuaire. Cet or enchanté allait-il fondre - du moins métaphoriquement - entre ses mains ? Qu'avait-il fait pour s'attirer ainsi ses faveurs ?
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Il aperçut alors quelque chose par terre, à moins d'une coudée de son visage : une poignée d'argent sertie d'une pierre verte. Il eût juste le temps de s'en saisir avant que le talus ne le soulève par le dos de son vêtement. Il se retrouva en suspens dans le vide, tel un insecte aux ailes engluées.
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La femme endormie se tordait et gémissait au fond du gouffre de son désir. Quand il se pencha sur le lit, quelque chose en lui se tendit vers elle et même s'il ne la toucha pas, il fût secoué d'un frisson. Sa chevelure noire et lustrée lui rappela les ailes du crave nocturne. Ses traits, pour autant qu'il pût en juger dans la pénombre, étaient exquis. Elle geignit, à croire qu'elle avait perçu sa présence au-dessus d'elle, et fit rouler sa tête sur l'oreiller qu'elle embrassa sans se réveiller.
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"On dit que je ressemble beaucoup à mon père."
"Ah", fit-il. Il me dévisagea ; puis : "Vous êtes un clonotype ?"
"Un clonotype ?"
J'avais déjà lu ce terme, mais dans un contexte de botanique, et comme cela m'arrive fréquemment quand je me trouve devant quelqu'un que je désire impressionner par mon intelligence, je fus incapable de prononcer un mot. Je me faisais l'impression d'être un enfant niais.
"Reproduit parthénogénétiquement de telle sorte que le nouvel individu - ou les nouveaux individus, on peut en avoir un millier si on veut - ait une structure génétique exactement identique à celle de son parent. C'est un procédé antiévolutionnaire, et donc illégal sur la Terre, mais ici je ne pense pas que les choses soient surveillées d'aussi près."
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C'était une mallette de cuir marron en état de décomposition, aux coins renforcés de cuivre. Le métal avait été peint en brun verdâtre quand la mallette était neuve, mais la peinture était presque entièrement partie et le soleil mourant qui filtrait par la fenêtre faisait ressortir contre la surface pelée les traces claires d'entailles récentes. L'esclave posa la mallette avec précaution, sans presque faire de bruit, à côté de la lampe de l'officier junior.
"Ouvre-là", dit l'officier. La serrure avait été brisée depuis longtemps, la mallette était étroitement entourée par des cordes faites avec des chiffons recyclés.
L'esclave - un homme aux épaules pointues, au menton saillant et au visage surmonté d'une touffe de cheveux noirs - regarda l'officier et celui-ci fit un signe d'acquiescement de sa tête aux cheveux coupés court. Son menton avait dû bouger d'un millimètre. L'esclave sortit le poignard de l'officier de la ceinture qui pendait au dos de son siège, coupa les cordes, embrassa respectueusement la lame et la remit en place. Quand il fut sorti, l'officier frotta les paumes de ses mains sur les cuisses de son short d'uniforme qui lui arrivait aux genoux, puis souleva le couvercle et fit tomber le contenu de la mallette sur la table.
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Nous, Amazones, sommes les filles du Dieu de la Guerre ; et bien que nous l’aimions, c’est un père rigoureux qui nous imposent des lois que nous n’oserions pas enfreindre. L’une d’elles exige de nous que nous ne déposions jamais les armes, à moins de vouloir ressembler aux filles des hommes. A ce jour jamais une Amazone n’a violé cette loi qui n’a pas été édictée par des femmes ou des hommes mais par le dieu qui est notre père. Le roi doit comprendre que nous ne la violerons pas davantage.
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Pater Organsin reçut l'illumination sur le terrain de jeu. Après ça plus rien ne fut pareil. Plus tard, quand il y reprensait à la faveur du silence de la nuit, il se rappelait toujours avoir ressenti une présence jusque-là cachée derrière lui. Après des années d'un mutisme prudent, elle s'était décidée à lui parler à l'oreille. L'équipe des grands venait encore de marquer, Licorne aller s'emparer de la balle quand des voix s'étaient manifestées à Organsin, lui dévoilant des bribes d'invisible.
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Malheur aux forts quand le dieu frappe le dieu,
Hurlent les chiens, plane un milan aux cieux,
Colombes en éperviers s’abattent, bœufs éventrent la terre,
L’enfant chevauche en armes et filles font la guerre,
Lors Bendis veut du soleil arrêter le cours,
Mais vois donc, vif éclair, comme le lion court !
Le Seigneur des Batailles la bataille apporte,
Qui boit le sang d’autant de rois que terre en porte.
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 -En me menaçant tu ne rencontreras que la Mort. Alors tu m’appartiendras, comme tant d’autres ; ta demeure sera en mon royaume, tes amis mes esclaves.
-Cela vaut toujours mieux que de vivre ainsi.
La puanteur de la tombe a envahi la salle, tellement puissante qu’elle a couvert l’odeur de cèdre qui montait du foyer. La Mort est montée tout droit du sol et venue se tenir à côté de la déesse, sa main de squelette étreignant son manteau noir.
-Il me suffit de dire : Il est à toi. Et ta vie sera terminée.
-S’il le faut, je la regarderai en face.
Son sourire s’est fait plus chaleureux : -Quand enfin tu mourras, on lira sur ton monument : ci-gît un homme qui osa défier les dieux. J’y veillerai. Je préférerais cependant ne pas faucher un tel héros dans sa jeunesse.
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Il n'y a pas d'hommes ordinaires. Rien que des hommes considérés comme tels par les autres.
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Ce sont les dieux qui possèdent ce monde, pas nous. Nous ne sommes que des hommes sans terre, même le plus puissant des rois. Les dieux nous permettent de cultiver leurs champs puis nous prennent la récolte. Nous nous rencontrons et nous aimons, parfois quelqu’un nous élève un tombeau. Peu importe – un autre le pillera et les vents disperseront notre poussière, puis on nous oubliera. Il en va de même pour moi, plus vite. J’ai écrit dans mon parchemin comment Pharétra m’a souri. Tant que le papyrus sera conservé, elle sera présente, alors que même la petite Io ne sera que poussière brune pleurant au vent nocturne avec tout le reste.
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