« Ce qui m'a beaucoup appris, aussi, c'est la fréquentation des salles de cinéma. J'ai vu à cette époque énormément de films. Je n'y allais pas pour me “cultiver”, j'y allais dans un esprit de pur apprentissage. Je choisissais autant que possible de
“mauvais films”, car les “bons” films me perturbaient : la magie agissait, je m'envolais, je vivais le film et, à la sortie, impossible de me souvenir comment c'était foutu ! »
Au fil de son ascension, Luc Besson a su transformer son penchant pour la revanche en carburant. Un kérosène qu'il injecte tout entier dans le business, sa forteresse. Un château de sable construit sur une plage par un enfant qui voulait devenir plongeur, un enfant qui préférait les fonds marins au monde bizarroïde des adultes. Son château écroulé, Luc Besson l'a reconstruit en pierre de taille, avec des douves autour.
Être respecté, connu, reconnu, mais surtout, être aimé par le plus grand nombre d'inconnus. Les stratégies qu'il déploie pour y arriver ne s'arrêtent pas au milieu du cinéma, elles y prennent racine.
Dans ses lunettes imaginaires, lui, le cinéaste-producteur-scénariste parti de rien, feint de se voir exclusivement comme un surdoué et un incompris. Ses idées, toutes plus originales les unes que les autres, porteraient sa carrière depuis le début. Et, bien sûr, comme nous sommes en France, le pays des décapiteurs de rois, cela créerait des jalousies. D'où les critiques acerbes, d'où la bunkérisation, d'où « Luc Besson, le mal-aimé », comme s'intitule le documentaire autorisé. On peut penser que tout travail sur Luc se trouve faussé par cette inaccessibilité. En réalité, c'est précisément cette porte close qui rend inévitable l'effraction.
Depuis toujours, Luc Besson veille sur son nom et, par conséquent, sur son histoire personnelle. Il en a déjà révélé quelques bribes dans ses livres peu connus et publiés par sa propre maison d'édition Intervista. Des ouvrages qui racontent surtout la vision que Luc a de sa propre vie : une succession d'épreuves toujours plus grandes, qu'il affronte et dont il sort la plupart du temps vainqueur.