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Critiques de Georges Arnaud (69)
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Le salaire de la peur

Georges Arnaud - Le Salaire de la peur - 1950 : Une question se pose, pourquoi lire ce livre alors que tout le monde connaît quasiment le film par coeur ? Parce que mon général ! Plus sérieusement ce roman d'aventures s'hérissait de morceaux de bravoure et de dialogues débités avec une telle urgence qu'il amenait certains lecteurs à souffrir d'emphysème à force de retenir leur respiration. Ce court roman était serré comme un café amazonien. D'ailleurs en reprenant le scripte Clouzot avait ventilé certaines scènes de peur qu'un partie de son public ne meurt d'un infarctus au cours de la projection. Doit on rappeler cette histoire qui voyait quelques rebus de la société coincé sous un quelconque soleil sud-américain devenir les héros d'un road movie qui les voyait traverser des paysages inhospitalier avec plusieurs centaines de litres de nitroglycérine aux fesses. Face au danger s'exprimait alors une palette de sentiments humains qui du courage à la lâcheté définissaient son homme. Le lecteur par la grâce de cette écriture nerveuse et incisive avait l'impression d'être poster lui aussi dans la cabine et de ressentir la peur généré par le moindre obstacle sur la chaussée ou par la plus petite déformation de la route. Car cet explosif extrêmement instable attendait son heure tapis dans la benne des camions pour satelliser a la moindre erreur les chauffeurs exténués par des heures de conduite en pleine chaleur. Un équipage pourtant arrivait à destination et permettait d’étendre l’incendie pétrolifère pour lequel étaient destinés les explosifs. Apres tant de tension la fin tombait comme un impensable coup du sort qui donnait raison a ceux qui pensent que le destin est écrit et qu'on ne peut pas y échapper... chef d'oeuvre
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Le voyage du mauvais larron

Cinquante années après la lecture du célébrissime Salaire de la peur, Horusfonck achevait ce matin le voyage du mauvais larron.



C'est l'aventure, de galères en rencontres avec case prison, routes en camion qui frôlent les précipices, planques, révolutions, personnages singuliers et tous les autres ingrédients épicés d'un séjour en Amérique du sud... Avec ce mal du pays qui tient le narrateur et le pousse dans un retour à fond de cale, en parfait passager clandestin d'un cargo vadrouilleur... L'Aventure.

Bien plus que dans le salaire de la peur, Georges Arnaud se révèle, se raconte et se la raconte aussi comme mauvais larron.

Alors, si ce Voyage du Mauvais larron percute mois que le Salaire de la peur, il gagne en poésie et en évocation... Il raconte l'histoire d'un mirage dont on risque bien de rester prisonnier si l'on ne parvient pas à prendre son ticket de retour.

Une bonne littérature, si vous pouvez m'en croire!



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Le voyage du mauvais larron

Commencer une carrière littéraire avec du premier coup un chef-d'oeuvre, comme Georges Arnaud en 1950 à 33 ans, avec "Le salaire de la peur" pose, je présume, des problèmes à l'écrivain, qui est supposé de faire néanmoins mieux avec un nouvel ouvrage et au lecteur, qui craint d'être déçu par ce nouvel ouvrage.

Lorsque 4 ans après avoir lu ce best-seller, je me suis procuré "Les aveux les plus doux" de lui, je n'étais pas trop rassuré et craignais en effet une déception. J'ai eu tort, car le livre est bien conçu et fait. Mais cette réaction de ma part est à la fois typique et injuste d'un simple lecteur envers un esprit créateur.



Il est incontestable que le roman de Georges Arnaud était exceptionnellement captivant et le splendide film réalisé par Henri-Georges Clouzot de 1953 avec un Yves Montand dans une de ses meilleures apparitions à l'écran, n'a que contribué à rendre "Le salaire de la peur" totalement inoubliable. Un des rares films à avoir gagné la Palme d'or à Cannes et l'Ours d'or à Berlin, la même année.



Dans "Le voyage du mauvais larron", qui aurait pu avoir au lieu de "voyage" aussi bien "vagabondage" dans son titre, nous retrouvons des éléments qui nous sont familiers du "Le salaire", comme la plaine au pétrole, les routes sans fin à bord d'un camion, l'Amérique latine, la désolation etc.



Le héros de l'histoire, André Plessis, qui a horreur du travail régulier, estimant que "le travail fait à lui seul plus de victimes que guerres, pestes, véroles et clergés réunis..." décide, un 2 mai de partir pour 2 ans. Il s'embarque pour l'Amérique du Sud, mais sans nous offrir un itinéraire précis et se limite à mentionner des noms de sites de passage : Portsmouth en Angleterre, Pointe-à-Pitre à la Guadeloupe, Bogotá en Colombie, Caracas au Venezuela...

Ce qu'André aime, c'est le mouvement. le mouvement pour le mouvement, un peu comme l'art pour l'art. Ou s'agit-il, en somme d'une fuite ?



Il y a un élément autobiographique, puisque l'auteur est effectivement parti pour l'Amérique latine, le 2 mai 1947, après avoir fait 19 mois de prison à Périgueux (1941-1943) pour une sombre histoire de triple meurtre, dont son père et une tante ont été victimes, et après avoir dilapidé la fortune de la famille. Par ailleurs, Georges Arnaud, qui a été un élève brillant, avait envisagé de se présenter au concours d'entrée du Conseil d'État, mais a écarté cette option parce qu'il ne tenait pas à prêter serment à Pétain.



Le récit commence et se termine par un André Plessis comme passager clandestin, caché dans une cale d'un cargo, qu'il espère va lui ramener vers la douce France. Or, le "Relámpago" ou éclair est un vieux croiseur, horriblement lent, utilisé pour le cabotage local dans le Pacifique sud ! En 18 jours ils n'ont même pas dépassé Panama. Dix minutes y durent deux jours, ce qui permet à notre héros d'arriver à la conclusion que "l'argument le plus solide contre la profession d'aventurier, c'est la longueur des temps morts". (page 252).



Et c'est cependant une vie d'aventurier qu'il a menée tout ce temps depuis son arrivée au nouveau monde. Comme chauffeur de taxi de nuit à Caracas et chauffeur de camion avec remorque sur la route de Maracaibo, il a rencontré la fine fleur des habitants de ce coin du globe : trafiquants, réfugiés, policiers véreux, gonzesses de bordel etc. Il a fait un bout de taule à Caracas, mais les prisons là-bas sont comme des paradis comparés à celles en France. Tout entre librement et tout s'y achète : livres, aliments, vêtements, putains. Pour 100 bolivars on passe 24 heures en ville, seul et pour le double... on est libre ! En tout cas, notre André y passe du temps à traduire des textes officiels d'Espagnol en Français et la variante d'Espagnol parlé par les Français d'Amérique latine.



La langue et parfois le style assez confus m'ont un peu déplu et j'ai l'impression que l'auteur a voulu terminer son roman à la hâte, un an après "Le salaire de la peur" en 1951. Les trouvailles et les descriptions de son Amérique du Sud de ce grand voyageur qu'il a été, compensent, à mon avis, les négligences stylistiques.



Dans un tout autre genre, en collaboration avec le réalisateur et scénariste Roger Kahane, Georges Arnaud a écrit, en 1978, "L'affaire Peiper" une biographie du lieutenant-colonel nazi, Joachim Peiper (1915-1976), responsable entre autres du massacre de Malmedy, dans les Ardennes belges, le 17 décembre 1944. Et dans un registre encore tout différent une préface au "Le Meurtre de Roger Ackroyd" un des best-sellers d'Agatha Christie.

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Le salaire de la peur

On a beau connaître l'histoire (deux gars transportent un chargement de nitroglycérine qui peut exploser au moindre soubresaut), on n'en est pas moins happé, oppressé, terrifié par ce roman sec et implacable, et c'est un soulagement d'en sortir même s'il est sans issue.



"Telle est la poétique du risque salarié". Poétique? Tu parles. On la cherche la poésie, dans ce coin désert du Guatemala dédié à la seule exploitation du pétrole, cul de sac où sont venus s'échouer des aventuriers des quatre coins du monde en mal de chance, bloqués là sans argent, sans travail et sans illusions.



Quand le puits de pétrole explose et qua la seule solution pour l'éteindre consiste à y insuffler une charge énergétique plus forte, la compagnie américaine ouvre quelques postes pour aller chercher à 500 kilomètres la nitroglycérine nécessaire à l'extinction. Quatre "élus" sont choisis; une chance qu'ils vont payer au plus fort, celle de se confronter à leur pire ennemi intérieur : la peur viscérale, animale de la mort subite.



Il faut des poumons larges pour lire ce livre qui vous tient en apnée tout au long du trajet qui ne laisse pas une seconde de répit à Gérard et Johnny. Il faut un coeur large aussi pour entrer dans la peau de ces deux hommes unis dans le danger et dans la volonté farouche de s'en sortir, mais aussi si dissemblables : l'un concentré en un point incandescent d'intelligence animale, l'autre dévasté par la peur qui est "là, massive, présente et stupide, prête à sauter".

Une histoire terrible et redoutablement efficace, qui renvoie le lecteur à ses démons les plus cachés.
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Le salaire de la peur

C'est à Las Piedras, un port perdu du Guatemala, qu'ont échoué quelques européens, aventuriers ou alcooliques, en recherche d'un hypothetique navire qui accepteraient de les ramener en Europe ou d'un boulot leur permettant de survivre. Parmi eux, Gerard Sturmer, un français, souteneur de Linda, Johnny un roumain, Hans Smerloff à l'origine incertaine, Bimba espagnol ou l'italien Luigi. Tous se retrouvent au Corsario Negro, le bar tenu par Hernandez. Quand la Crude and Oil limited, compagnie pétrolière et unique employeur du coin, recrute des chauffeurs pour convoyer deux camions de nitroglycérine pour éteindre un feu sur un puits de pétrole et que le salaire est de 1000 dollars, quatre hommes se portent volontaires. Mais le voyage s'avérera dramatique.



Le salaire de la peur est un roman à suspens, viril, avec des héros, aventuriers et âpres au gain, quand ils ne sont pas escrocs ou en rupture de ban...Mais il faut avoir ce type de profil pour accepter la mission suicide de convoyer un explosif sur des routes défoncées à bord de deux camions bricolés et poussifs, menaçant de casser à tout moment...Les deux équipes vont, dès lors, affronter dangers et frayeurs pour un destin que l'on devine funeste.

Le salaire de la peur, c'est également et surtout le film d'Henri Georges Clouzot qui a marqué les esprits. Yves Montand, Charles Vanel, Folco Lulli, des acteurs pour certains oubliés et qui ont sublimé la tension dramatique de ce voyage infernal, bien plus que le roman, que j'ai trouvé un peu décevant car décrivant surtout des pannes mécaniques, ou le fonctionnement ou dysfonctionnement des deux camions. Un autre bémol est l'aspect un peu daté du style, mais j'étais heureuse d'avoir l'occasion de lire le texte qui a inspiré ce film mythique.
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Le salaire de la peur

" Le salaire de la peur " est un roman de Georges Arnaud. Le chômage, la misère

et la famine se sont installés dans ce dépotoir du littoral Pacifique.Un trou sordi-

-de et malsain peuplé d 'aventuriers et d 'alcooliques, avec, au loin les champs

pétrolifères ( des compagnies américaines ) du Guatemala. Les hommes rongés

par les fièvres, l 'ennui et les drogues, ils attendent, cherchant une improbable

sortie. Leur choix est simple : " Partir ou crever ".Pour éteindre un feu qui s 'est

déclaré dans un champ de pétrole, il doive utiliser du TNT, un puissant explosif .

Mais le trinitrotoluène ( TNT ) est un liquide instable, volatil, très explosif qu' il

faut manipuler avec une grande prudence.Les responsables de la compagnie

doivent recruter des chauffeurs aux nerfs solides, calmes, prudents.Ils ont pris

quatre hommes, deux pour chaque camion-citer ne.Une fois le travail accompli ,

chacun d 'eux touche une importante somme d 'argent en dollars .

Le voyage se fait sur une piste impraticable, dangereuse. C' est voyage de

l 'angoisse et de l 'absurde .Dans ce combat tragique, sous la loi cruelle de la

survie, Georges Arnaud nous montre l ' être humain dans sa plus grande

nudité morale, celle de la peur et la mort imminente .

Ce roman a été adapté au cinéma par le réalisateur Clouzot. Dans la distribution , on trouve : Yves Montand et Charles Vanel .Ce film a été tourné

dans les années soixante .Ce film a obtenu un grand succès au box-office.

Ce film a été primé au festival de Cannes et a obtenu la palme d 'Or .

Alors : un livre à lire et un film à voir . Et à vous de juger !
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Le salaire de la peur

Voici un de ces livres d'aventure "éclair", dont la noirceur luit sous le soleil sud-américain.

A la désespérance qui suinte du début du bouquin (ces "tramps" qui végètent dans un bourbier vénézuélien, voie de garage des perdants européens), succède l'atroce et épouvantable voyage avec ces deux camions chargés du pire des explosifs: la nitroglycérine.

La maîtresse de ce récit hallucinant, comme hypnotique, c'est cette peur que le lecteur ressent, vissé sur le siège du conducteur de ces bombes roulantes... Cette infecte trouille, qui emplit les protagonistes et les transforme, les réduit...



j'ai vu le film d' Henri-Georges Clouzot, bien après avoir lu le livre. l'adaptation est saisissante, avec les rôles-phare d'Yves Montant et Charles Vanel.



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Les Oreilles sur le dos

« La seule bonne chose, c'est le vent. Presque frais, il caresse la figure, un vrai velours. Il s'engouffre dans les chemises qui claquent dur derrière eux, plaquées à leurs bréchets comme des collants d'acrobate.

- C'est bon ! dit Jackie. Le bon Dieu me lèche l'âme... »



J'aime les romans noirs. Les personnages charismatiques, menteurs, tueurs, machiavéliques mais avec de la classe ! et un humour qui sort de l'ordinaire. Georges Arnaud, de son vrai nom Henri Girard manie la plume avec insolence et une drôlerie à laquelle je ne m'attendais pas.



« Au coin d'un mur, une main malveillante et anonyme avait écrit : ''Le Ploum est un enculé''.

Hélas non ! pensa Ramon. Il m'aurait compris. »



L'auteur, qui a peut-être rencontré des mercenaires, les décrit très bien. Il ne survole pas. On entre dans leur tête et il nous apostrophe et nous surprend. Des hommes gentils, mais il ne faut pas s'y fier. Ils sont toujours aux aguets, sur le qui-vive et n'hésiteront pas à buter leur frère d'armes, pour une sordide histoire d'honneur ou de parole donnée, mais surtout pour de l'argent.



Comment les décrire aussi bien, leur attribuer des réparties qui font penser à Audiard, sans avoir naviguer dans les eaux sombres sud-américaines ? Ces "héros" vont traverser le désert puis suivre le fleuve qui traverse une partie de l'Amérique Latine pour échapper aux forces armées à leurs trousses. Faut dire qu'un tel pactole, ça fait courir.



J'ai oublié de vous dire, qu'ils ne fuient pas uniquement parce qu'ils ont volé un max d'or, non non non...vous pouvez ajouter un meurtre, une trahison et même une histoire d'amour. L'amour vache mais l'amour quand même, le silencieux, celui qui ne se dit pas. Monica. En fait.. Monique, mais sous ces contrées, on s'adapte et on adapte son nom pour oublier un peu son passé -et qu'on vous oublie aussi.



L'auteur a écrit également Le salaire de la peur. Si vous aimez les chevauchées incroyables à bord d'un camion en Amérique latine avec deux Tropical Tramps, n'hésitez pas. Un régal.
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Le salaire de la peur

Dans une chaleur aussi accablante que la moiteur qui l'accompagne, des individus largués par leurs propres aventures incertaines, éparpillés, repliés, coincés, reclus et prisonniers de leur choix ou de leur errance de vie cherchent l'ultime ressort à leur existence, la dernière opportunité capable de les sortir de l'abîme dans laquelle ils se sont plongés, se vautrent malgré ou à cause d'eux-même. Ici, la part de rêve ne peut plus être auréolée de couleurs, de poésie ou encore de tendresse. C'est le danger, le danger le plus évident, le plus radical qui leur tend les bras. Il se présente au féminin et s'appelle nitroglycérine. La messe est dite. Plus un seul tour de bras, plus un geste incontrôlé ne sera possible sans une réponse immédiate et définitive, leur mort. Scellées par le volant d'un camion et son chargement, les équipes n'ont pas d'autres choix que celui de briller par une prudence qui leur a peut-être manqué durant leur vie d'avant. Chacun devra pour une fois tenir compte de l'autre et mettre sa vie entre ses mains et vive versa; Cette tranche de vie là, brutale se présente à eux maladroitement tracée comme leurs parcours respectifs d'aventuriers. Les routes sinueuses et dangereuses se confondent à leurs expériences de vie. Les aventures hasardeuses d'hier se mêlent aux virages de cette route de fortune alambiquée aux mille et un pièges. Si les caractères de chacun semblent bien trempés, la peur va tous les ramener à l'essentiel. Jouer les gros bras ou les fiers à bras ne sert et ne servira à rien. Si une fois dans leur vie, ils n'ont pas su taire leur grande gueule, l'occasion ne va pas manquer de s'essayer à l'exercice et au réalisme de la mort. La moindre imprudence et tout sera fini. Cette mission se présente comme une addition. Au bout de la route, il y aura la possibilité d'un nouveau départ mais à quel prix, la somme de toutes les peurs. Faut-il encore l'atteindre. C'est prenant. On a l'impression que Georges Arnaud accomplie, dessine la voie d'une rédemption ou d'un purgatoire pour ses personnages. L'idée est excellente et la route annonciatrice de toutes les révélations. Il y a de l'action et de la psychologie. Tout ce petit monde joue avec sa vie et avec nos nerfs. Il ne manquait plus à ce livre qu'une adaptation cinéma pour lui donner l'expression optimale. Charles Vanel et Yves Montand forme l'une de ces équipes de casse-cou ou de trompe la mort efficace. Chacun déroule ses amertumes et son désir de s'en sortir. Chacun dévoile malgré-lui les limites de ce que le personnage peut prendre ou ne pas prendre. En noir et blanc, c'est tout simplement magique de noirceur. Excellent !!!!
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Le salaire de la peur

Quelle vie que celle d'Henri Girard ! Ce jeune homme hautain, lettré, fils de famille, est accusé d'un triple meurtre (dont celui de son père) et sauvé de peu de la guillotine par Maître Garçon qui démonte point par point les faits qui l'accablent...

Acquitté, il hérite, dilapide le pactole, puis s'enfuit de ce pays qu'il méprise pour mener une vie dissolue, aléatoire dans toutes sortes de tâches précaires en Amérique du sud...

Rentré en France, le baroudeur rassemble ses souvenirs dans une série de livres exceptionnels de vérité, très crus, stylés, à l'hyperréalisme envoûtant, sous le pseudonyme de Gorges Arnaud. Il se lancera ensuite dans le combat politique prenant partie pour la cause anarchiste notamment. Il meurt à 70 ans en 1987 en Espagne.

Le premier de ses livres, considéré comme son chef d'oeuvre, "le Salaire de la Peur", sera vendu à deux millions d'exemplaires...Tout le monde connait aujourd'hui l'histoire depuis le film de Clouzot, qui, à notre sens, ne rend pas justice à l'essence même du propos, à sa métaphysique et à la satire du capitalisme qui salarie quelques paumés, promis à la mort presque certaine, pour éteindre un de ses puits de pétrole.

Le livre débute par un incident qui incendie un puits, il finit par un accident qui met un terme à l'exploit dérisoire de l'impétrant : la peur le maintenait en vie; en s'en libérant, il meurt.

L'écriture est miraculeuse, elle dit l'indicible, la peur devient un personnage qui se saisit du lecteur... le camion est un autre personnage : deux bêtes s'affrontent, le camionneur et la machine... La peur, vers la fin de ce voyage qu'on croit presque gagné, prend le visage et le corps d'une femme qui envahit tel un fantôme la cabine et le restant d'esprit de l'homme qui croit encore conduire... Il en jouit trop brièvement, accablé de fatigue et de peur. Un réflexe, il n'est plus que réflexes, il n'a plus ni intelligence ni imagination...

Il reste à l'auteur à dérouler l'épilogue de cette tragédie qui laisse le lecteur anéanti par la certitude qu'au jeu de cette roulette, quand on perd, c'est "le croupier qui a triché.'

Un chef d'oeuvre, dur et âpre qu'il faut lire et relire. Avec courage.
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Le salaire de la peur

Voilà ce que j'appelle un excellent roman voire un chef-d'œuvre.

Comme beaucoup d'entre nous j'ai vu au cinéma l'excellent film d’Henri-Georges Clouzot réalisé en 1953 d'après le roman éponyme de Georges Arnaud publié en 1950. Déjà, son titre est excellent car avec "Le salaire de la peur" on comprend rapidement s'il s'agit d'un roman social qui m'évoque John Steinbeck, c'est peu dire.



L'écriture précise et incisive de Georges Arnaud m'a même fait oublier Yves Montand et Charles Vanel, excellents dans la version cinématographique. Il faut dire qu’il y a des phrases qui laissent le lecteur captivé comme "Ils se taisaient tous ; le silence était devenu attentif."

On retient donc son souffle avec Gérard le français et Johnny le roumain au volant du camion KB7 transportant de la nitroglycérine, qui peut exploser à tout moment.

Ils sont partie de Las piedras au Guatemala, trou sordide et malsain où des hommes comme eux au passé douteux tentent de gagner un peu d’argent pour espérer un avenir moins sordide. La firme américaine Crude and oil limited les a embauchés pour transporter sur des pistes cabossées le liquide instable, dans le but d'éteindre l'incendie au derrick 16, un puits de pétrole qui a explosé à 500 kms. Un travail contre un salaire gagné au péril de leurs vies.



Accrochez-vous lecteurs et lectrices, on embarque pour un trajet qu'on n'est pas prêt d'oublier, secoués par les cahots de la route, le danger qui menace et la peur de mourir. Et puis il y a ce superbe camion auquel on s'attache et qui nous évite l'apoplexie.





Challenge Riquiqui 2021

Challenge XXème siècle 2021

Challenge ABC 2021-2022

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Le salaire de la peur

On est souvent déçus quand on lit un roman ayant servi au scénario d'un film, les images desservant l'imaginaire de la lecture.

Et bien, si le film est un grand classique des films d'aventures, le roman décoiffe. Les personnages relégués dans un far west guatémaltèque, la touffeur, les bas-fonds, la condition des indigènes, les compagnies pétrolières dont la seule foi est le profit du crude...tous les ingrédients y sont pour une mayonnaise qui prend bien aux tripes. En route pour une mission impossible au volant d'un truck chargé de nitro lançé sur un route de tôle ondulée!
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Le salaire de la peur

Attention : ne pas confondre Georges Arnaud, l’auteur du « Salaire de la peur », avec Georges J. Arnaud, l’auteur de la « Compagnie des glaces » ! Mise à part leur quasi-homonymie, ces deux écrivains n’ont rien en commun : le premier (1917-1987) écrit des romans de littérature générale, souvent tirés de ses expériences. Il mène parallèlement une carrière de journaliste d’information et de grand reporter. Le second (1928-2020) écrit des romans policiers, des romans d’espionnage ou de science-fiction, et même des romans érotiques.

Cette mise au point effectuée, arrêtons-nous un instant sur « Le salaire de la peur ». Nous avons tous en tête les images du film de Henri-Georges Clouzot (1950) avec Yves Montand et Charles Vanel : c’est à la fois l’avantage et l’inconvénient des adaptations. Si la vision du réalisateur colle avec celle qui était la vôtre quand vous avez lu le bouquin, tout va bien. Si elle diffère, ben, il y a un gros risque de déception ; lequel peut être minimisé si vous acceptez qu’il puisse exister plusieurs interprétations d’une même œuvre. Cela dit, le film est un chef d’œuvre. Le roman aussi.

L’histoire se passe quelque part en Amérique centrale, pas très loin du Guatemala. L’auteur a pris soin, en exergue, de préciser : « Qu’on ne cherche pas dans ce livre cette exactitude géographique qui n’est jamais qu’un leurre : le Guatemala, par exemple, n’existe pas. Je le sais, j’y ai vécu ».

Le titre « Le salaire de la peur » aurait tout aussi bien s’écrire « Le sale air de la peur ». Car tel est bien le sujet du livre : « la tragédie se noue entre l’homme et sa peur que, fuyant sa prison, il emmène avec lui ». La peur dont il s’agit n’est pas seulement la peur physique devant un danger, elle est un tête-à-tête avec la mort : le salaire de la peur, c’est le coût du risque ; tout ce qu’on peut gagner, c’est la mort, ou un sursis.

Dans ce patelin qui n’existe pas mais où des gens ont vécu, une poignée de personnages au bout du rouleau, aventuriers, alcooliques, drogués, ayant perdu toutes leurs illusions, mais espérant une rédemption, attendent l’occasion de sortir de ce trou. Gérard Sturmer et ses copains vont tenter cette mission : convoyer un tank chargé de nitroglycérine sur une piste impraticable, pour aller éteindre un incendie dans un champ pétrolifère. La peur, la vraie peur, ils vont la connaître intimement et longuement : c’est une agonie qui se répète de minute en minute.

L’auteur raconte ce roman à la façon des romanciers américains : sans fioriture, le langage est cru, les situations souvent paroxystiques, pas beaucoup de grands moments de méditation ou de réflexion, c’est l’action en cours, pas plus. Et pas moins non plus, parce que c’est de ce terreau que naît le suspense, le rythme de l’histoire. Et c’est également de ce matériau que naît le sens de l’aventure : ici, l’homme est tout nu devant la peur de sa mort, il se révèle dans toute sa vérité, dans la grandeur comme dans la médiocrité.

Le film a pris quelques libertés avec le roman, mais en a gardé l’essentiel, même s’il appuie un peu sur le côté « hitchcockien » de l’aventure, en jouant avec les nerfs du spectateur autant qu’avec ceux des personnages. Le livre fait également participer le lecteur, mais de façon plus profonde : au cinéma, la peur est un phénomène physique, un élément de scénario, on a peu de recul pour en déterminer les conséquences morales, encore moins métaphysiques. Dans le roman, elle incarne un critère existentiel du combat de l’homme avec lui-même, qui plus est pour sa propre survie.



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Le salaire de la peur

Le salaire de la peur (1949) est un court roman de Georges Arnaud. Des hommes désespérés acceptent une mission suicide. Transporter de la nitroglycérine à l'aide de camions non adaptés et sur des pistes chaotiques afin d'enrayer un incendie sur des puits de pétrole. Un thriller prenant au style direct et efficace. Adapté trois fois à l'écran.
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Le salaire de la peur



Entre un homme et son camion, c'est physique. Pour arriver au bout du voyage, il caresse le volant, effleure les pédales, les pétrit de plus en plus fort, empoigne le frein à main,... L'homme tente d'amadouer la bête, à force de chuchotements et de cris... La sueur perle, coule, les battements de cœur s'accélèrent, la respiration se fait sifflante, la température monte, l'homme frôle la mort à chaque virage, il espère le paradis au bout du chemin...



Coincé dans la cabine d'un gros camion rouge, aux amortisseurs faiblards, sur les routes défoncées d'une quelconque contrée perdue du sud de l'Amérique, des kilos de nitroglycérine dans le dos, le lecteur se cramponne au bouquin. L'objectif est simple: penser à respirer pour ne pas défaillir avant d'être arrivé au bout du périple.

500 kilomètres qui s'avalent aussi vite que le camion est lent, 500 kilomètres d'angoisse à se demander si on sera seul à l'arrivée.



Georges Arnaud ne laisse pas de place pour d'autres émotions que la peur sous la chaleur écrasante d'un soleil de plomb qui pourrait bien tout faire péter. L'auteur qui s'est réfugié quelques temps dans cette Amérique aride et rocailleuse, distille cette peur, qu'il a sans doute lui-même bien ressentie à deux doigts de la condamnation à mort, à coup de phrases courtes, sèches, crues,... Ce fut assez pour attirer le regard du dieu cinéma qui a même, avec le temps, éclipsé le roman.
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Le salaire de la peur

Le salaire de la peur, en effet, le salaire est conséquent et bien mérité pour ceux qui arrivent au bout de leur périple. La peur est présente tout au long du voyage pour ces hommes. Mission suicide mais s’ils en réchappent, seule façon de s’en sortir, sortir de leur vie actuelle, de cet endroit où ils végètent.

Très bon livre, bien écrit, la tension est présente tout au long du récit. On voit la psychologie des personnages évoluer, les amitiés ne résistant pas à l’épreuve.
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Le salaire de la peur

Cinq cents kilomètres à parcourir en camion sur des routes cabossées avec un chargement de nitroglycérine. Ils sont quatre à avoir accepté ce boulot, quatre à risquer leur peau en espérant décrocher le pactole et une vie nouvelle... Georges Arnaud nous raconte une histoire d'hommes, de vrais, perdus loin de toute société organisée. Dans leur camion, de quoi tout faire sauter. De la nitroglycérine au bout de laquelle dépend leur vie, avec comme promesse au bout du trajet, une somme d'argent bien rondelette qui fait miroiter un avenir radieux. Un roman qui sent la sueur et la peur.
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Le salaire de la peur

J'ai lu ce livre il y a 50 ans mais je sens encore la chaleur de la route. Je ressens encore les gouttes de sueur sur mon visage, sueur provoquée autant par la chaleur que par la peur.



En écrivant cette critique, j'ai le goût de relire ce roman de jeunesse.
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Le salaire de la peur

Légère déception avec ce (court) roman.



Peut-être une comparaison avec le film qui m’avait marqué adolescente (lors de multiples rediffusions). Il y a de l’action certes mais je n’ai pas réussi à trouver les personnages ni sympathiques ni antipathiques : je suis restée comme en dehors ….

Trop d’attentes peut être ?
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Le salaire de la peur

Un livre que j'ai en grande estime. C'est l'histoire excitante, la langue magistrale, la technique de narration.Le roman est captivant. C'est aventure, exotisme, le sujet du forage pétrolier et de ses dangers, la dure bataille d'hommes désespérés qui risquent leur vies pour sortir de l'enfer de ce monde exotique.

Adapté au cinéma, impressionant. Il y des images qui resteront dans la mémoire pour toute la vie.
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En route avec James Stewart

Dans ce film, adaptation du roman de Lewis R. Foster, James Stewart joue en 1939 sous la direction de Frank Capra. Il entre en politique aux côtés des acteurs Claude Rains et Edward Arnold dans:

Monsieur Smith au Sénat
Monsieur Smith au Capitole
Monsieur Smith à la Maison Blanche

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12 lecteurs ont répondu
Thèmes : acteur , Acteurs de cinéma , hollywood , adapté au cinéma , adaptation , littérature , romans policiers et polars , roman noir , culture généraleCréer un quiz sur cet auteur

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