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Citations de Georges Jean (110)


Le vent vert et couvert d'un rire de mésange
Partage en deux le feu divise en deux l'été
Je l'écoutais couler son ventre plat de bête
Au chaud de l'herbe haute et de midi sonné

Luc Bérimont
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Selon la philosophie d'Extrême-Orient, seul l'espace vide engendre l'essence de la forme créée. Sans le vide intérieur une cruche n'est qu'un tas de glaise ; elle ne devient vase que par son seul espace intérieur, car il est bien dit à la onzième sentence du livre de Lao-Tseu :
"Trente rayons convergent vers le moyeu, mais le vide entre eux crée la nature de la roue.
De la glaise surgissent les jarres, mais le vide en elles crée la nature de la jarre.
Les murs, avec les fenêtres et les portes qui leur sont adjointes, forment la maison mais le vide entre eux crée la nature de la maison.
Voici le principe :
La matière crée l'utilitaire, l'immatériel crée l'essence véritable."
Ces considérations peuvent et doivent être adoptées en typographie. Au contraire de la Renaissance qui reléguait l'inimprimé de l'œuvre typographique à l'arrière-plan, la typographie moderne reconnait depuis longtemps à l'espace vide que forme la surface non imprimée une valeur d'élément de création.
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J'ai laissé mon enfance dans les sentiers.
Je l'ai cachée de buisson en buisson.
Petit rêveur qui voulait se perdre peut-être,
pour que, toujours enfant, il retrouvât un jour
en jouant avec les pierres
toute l'émotion tapie.

Andre Frenaud
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Aux montagnes divines.

Glaciers bleus, pics de marbre et d’ardoise, granits,
Moraines dont le vent, du Néthou jusqu’à Bègle,
Arrache, brûle et tord le froment et le seigle,
Cols abrupts, lacs, forêts pleines d’ombre et de nids !

Antres sourds, noirs vallons que les anciens bannis,
Plutôt que de ployer sous la servile règle,
Hantèrent avec l’ours, le loup, l’isard et l’aigle,
Précipices, torrents, gouffres, soyez bénis !

Ayant fui l’ergastule et le dur municipe,
L’esclave Geminus a dédié ce cippe
Aux Monts, gardiens sacrés de l’âpre liberté ;

Et sur ces sommets clairs où le silence vibre,
Dans l’air inviolable, immense et pur, jeté,
Je crois entendre encor le cri d’un homme libre !

José Maria de Heredia (Les Trophées)
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Sieste


Le Chat suit son ombre
À pas de velours.

Des oiseaux sans nombre,
Là-haut, font des tours.

Le chien ouvre un œil
Et dort sur le seuil.

Je suis allongé
Mon livre est tombé.

Les guêpes ronronnent,
Les bourdons bourdonnent.

Je dors à moitié,
Et rêve en entier.

Et le clocher sonne,
L’heure de l’été,
Pour l’éternité.
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Sous la longue lueur du jour, belle est la véranda fleurie.
A la fenêtre du Nord, le vent parfumé de lotus apporte la fraîcheur.
Après la pluie, le jardin a vêtu son manteau d'émeraude.
Seul un chant de cigale trouble le crépuscule.

Tran Thanh Tong
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L'illettré

Devant les bois, les blés j'étais béat benêt :
Je lisais ce qui ne se lit pas :
Les nuages, les vents, les rochers, les ébats
De la lune dans les bois.

Et le ciel avec son grand étang courbé
Où le soleil tout le jour accroît son caillou,
Onde par onde, et le déferlement changeant
Des nuages disposaient de moi.

Les arbres tournaient lentement en moi
Leurs pages tantôt bruyantes, tantôt muettes,
Tantôt épaisses et jaunies, les saisons
Me donnaient des leçons.

Armand ROBIN - 1912-1962

2014 - [p. 82]
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Printemps

Le Temps a laissé son manteau
De vent, de froidure et de pluie
Et s'est vêtu de broderies,
De soleil luisant, clair et beau

Il n'y a bête, ni oiseau
Qu'en son langage ne chante ou crie
Le temps a laissé son manteau
De vent de froidure et de pluie

Rivières, fontaines et ruisseaux
Portent en livrée jolie
Gouttes d'argent, d'orfèvrerie ;
Chacun s'habille de nouveau :
Le Temps a laissé son manteau.

Charles d'Orléans
(p. 61)
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Au temps des dinosaures


Au temps des dinosaures
J’aimais me promener.
Je disais : « Dis, Nosaure
Tu as bien profité ! »
« La fougère était bonne »
Me disait le dino !
Et je croquais la pomme,
En voyant la télé
Où les supermammouths
Pilotaient des fusées
Sur les célestes routes
De ces temps reculés.
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L'arborescence des mots, l'efflorescence des poèmes aident à mieux voir et à mieux entendre les arbres du monde.
Tsourayouki, un poète japonais du Xe siècle, disait "la poésie a pour racine le coeur humain, et pour feuilles des milliers de paroles"
Préface de Georges Jean.
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Naissance, de Charles Ferdinand Ramuz

La sage-femme a dit:" ça y est !"
Elle est grosse et rouge, elle rit
et puis elle a encore dit:
" Tout le monde sait ce que c'est."
Et la mère aussi a souri.

Elle était blanche comme un drap.
C'est une fille,
une de plus dans la famille,
c'est une fille et puis voilà.

La chambre sentait fort l'été,
les contrevents étaient tirés,
on entendait les chars rentrer,
dehors les lézards dormaient sur les pierres;
et sur la route,
les poules rousses
gloussaient comme un tout vieux qui tousse,
en se roulant dans la poussière.

830 - [p. 43]
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La symbolique du couple est entièrement contenue dans les mains et surtout dans la main droite. La main droite de la femme repose dans la main de l’homme. Cette symbolique est si forte dans les pays chrétiens que le prétendant « demande la main » de sa future femme et qu’une jeune fille « donne sa main ». C’est la main également qui porte l’alliance, un autre symbole…
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Le fait que le signe-carte soit un signe global contenant une multitude de signes explique que, depuis l’origine, l’attitude de l’home en face des cartes peut être double, et ces deux attitudes différentes sont soit contradictoires, soit complémentaires et successives. Dans le premier cas la carte se voit. Dans le second cas, elle se lit.
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Le Temps
Les arbres
Les oiseaux noirs
À travers les grandes herbes bleues de la mémoire
Solitude
Feuillets d’ombre
Les roses sont venues et se fanent
Le clepsydre se vide
La rivière a perpétué la tempête
Le jeu se noue.
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Les mots peuvent décrire les signes, raconter leur histoire, les interpréter ; mais ils ne peuvent se substituer à eux.
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Souris blanche et souris bleue

J'ai croisé dimanche
tout près de Saint-Leu
une souris blanche
portant un sac bleu.

Elle n'a pas dit
bonjour ni merci.
Les souris ici
ne sont pas polies.

J'ai croisé lundi
une souris bleue
qu'allait à Paris
Pour voir s'il y pleut.

Mais j'ai fait celui
qui ne la voit pas.

La souris s'est dit:
les hommes ici
ne sont vraiment pas,
vraiment pas polis.

Claude Roy
Enfantasques
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Tu voudrais te dépayser
Et courir le long de tes plages,
Changer d'ennui dans les voyages,
Ayant le mal du familier...

Patrice de La Tour du Pin (1911 - 1975)
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Georges Jean
Nous chercherons les portes de nos jardins secrets…


Autour du temps se noue
Une histoire et une autre

Les sources d’autrefois
Sont taries me dis-tu

Lorsque nous reviendrons
Vers les maisons d’automne

Nous chercherons les portes
De nos jardins secrets

Et l’eau des souvenirs
Sera plus claire encore.
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Sonnet

Voyant ces monts de vue ainsi lointaine
Je les compare à mon long déplaisir.
Haut est leur chef, et haut est mon désir,
Leur pied est ferme et ma foi est certaine.

D'eux maint ruisseau coule et mainte fontaine,
De mes deux yeux sortent pleurs à loisir ;
De forts soupirs ne me puis dessaisir,
Et de grands vents leur cime est toute pleine.

Mille troupeaux s'y promènent et paissent,
Autant d'amours se couvent et renaissent ;
Dedans mon cœur, qui seul est ma* pâture.

Ils sont sans fruit, mon bien n'est qu'apparence,
Et d’eux à moi n'a qu'une différence,
Qu'en eux la neige, en mot la flamme dure.

Mellin de Saint Gelais (Œuvres poétiques, 1553)
*j'ai trouvé : « leur » et non « ma » sur poesie.webnet.fr, ce qui me semble vraisemblable
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Georges Jean
J’ai poussé les murs de la pluie…


J’ai poussé les murs de la pluie
Sur un chemin d’herbes fragiles

J’ai trouvé dans le sable clair
Les pas d’un enfant d’autrefois

J’ai compté des pierres de sang
Dans le sentier des contes bleus

J’ai retrouvé sous les tilleuls
Des étés bruissants d’abeilles

J’ai tenu dans mes mains avides
Les seins tendus de l’aventure

J’ai senti sous mes genoux durs
Le doux pubis d’une amoureuse

J’ai plongé dans l’eau du matin
Pour ouvrir l’aube à mes vertiges

J’ai marché vers d’anciens villages
Où les chats caressaient la nuit

J’ai creusé des couloirs de neige
Sous des masques de pierre noire

J’ai traversé des landes mornes
Avec des fleurs de tragédie

J’ai déchiré des brouillards blancs
Pour serrer des ombres vivantes

J’ai tenté d’atteindre l’espace
Vers les vagues de l’horizon

J’ai tenu le visage obscur
Qui parle aux portes du miroir

J’ai poussé les murs de la pluie
Pour entendre d’autres paroles.
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