Des ouvrages sur l'histoire de l'écriture, il y en a beaucoup, mais celui-ci cumule beaucoup de qualités. Comme à chaque fois dans cette collection Découvertes des éditions Gallimard c'est un livre petit par sa taille (presque un livre de poche et moins de 200 pages) mais très richement illustré (enluminures, photos, peintures, …) avec une mise en page digne d'un livre d'art. Il synthétise remarquablement les connaissances sur l'histoire de l'écriture et le choix des documents présentés est bien celui d'un artiste, car Georges est un poète. La deuxième partie (Témoignages et documents), qui occupe la moitié de l'ouvrage, est un véritable recueil de textes sur la calligraphie, sur les enjeux de l'art d'écrire, avec des textes quasi philosophiques, et d'autres très poétiques. Cette partie est tout aussi abondamment illustrée mais en noir et blanc (calligrammes, divers alphabets, …) Bref, un contenu très riche rassemblé dans un tout petit ouvrage à petit prix.
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Aujourd'hui vous lisez et vous écrivez sans trop vous poser de questions. Il n'en a pas toujours été de même pour les peuples qui ont "inventé" cette façon de communiquer. La lecture et l'écriture étaient réservées aux scribes dans l'Antiquité, aux moines dès le Moyen-Age, puis à l'époque de l'invention de l'imprimerie, aux hommes du livre (écrivains, imprimeurs, éditeurs, typographes).
Le souverain qui laisse son peuple dans l'ignorance peut ainsi mieux le manipuler. le savoir est aussi une arme au service de la dictature.
Tout au long des siècles les détenteurs du savoir par le biais de l'écriture et de la lecture ont été dotés de certains pouvoirs. Qu'en est-il au XXIème siècle ? La réalité est que dans certains pays il faut encore se battre contre l'illettrisme et que l'accès à la scolarisation n'est pas acquis pour tout le monde.
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Dans cette monographie, Georges Jean commence par donner des rudiments de connaissances sur les écritures anciennes (hiéroglyphes, cunéiformes, idéogrammes chinois, écritures alphabétiques, etc); le dernier chapitre donne des indications sur le déchiffrage de ces écritures par les chercheurs modernes. C'est - de mon point de vue - ce qui est le plus intéressant dans cet ouvrage. Par contre, j'ai été bien moins motivé par le milieu du livre: il est consacré aux copistes et aux imprimeurs.
Comme d'habitude avec tous les livres "Découvertes Gallimard", la présentation et l'iconographie sont très soignées: on a plaisir à feuilleter cette monographie. Par ailleurs, dans les appendices on trouvera divers témoignages et documents.
Aux personnes particulièrement intéressées par le déchiffrage des écritures, je signale un autre ouvrage de vulgarisation que je trouve plus fouillé et très remarquable, intitulé: "Histoire de l'écriture" (Louis-Jean Calvet).
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Un livre que j'ai eu beaucoup de plaisir à lire. C'est également un magnifique petit livre à feuilleter.
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Selon la philosophie d'Extrême-Orient, seul l'espace vide engendre l'essence de la forme créée. Sans le vide intérieur une cruche n'est qu'un tas de glaise ; elle ne devient vase que par son seul espace intérieur, car il est bien dit à la onzième sentence du livre de Lao-Tseu :
"Trente rayons convergent vers le moyeu, mais le vide entre eux crée la nature de la roue.
De la glaise surgissent les jarres, mais le vide en elles crée la nature de la jarre.
Les murs, avec les fenêtres et les portes qui leur sont adjointes, forment la maison mais le vide entre eux crée la nature de la maison.
Voici le principe :
La matière crée l'utilitaire, l'immatériel crée l'essence véritable."
Ces considérations peuvent et doivent être adoptées en typographie. Au contraire de la Renaissance qui reléguait l'inimprimé de l'œuvre typographique à l'arrière-plan, la typographie moderne reconnait depuis longtemps à l'espace vide que forme la surface non imprimée une valeur d'élément de création.
En cette fin de XVIème siècle, quand la Contre-Réforme et l'Inquisition prennent le dessus et pourchassent les idées nouvelles, la Hollande protestante devient terre d'asile du livre, des typographes et des imprimeurs d'Europe où l'absolutisme royal s’accommode mal de l'indépendance d'esprit de ces hommes érudits qui, dès 1550, délaissant le latin, s'emploient à imprimer et diffuser les classiques grecs et latins dans les langues nationales.
A l'autre bout du monde, la Chine invente, deux mille ans avant notre ère, l'écriture qui est encore la sienne aujourd'hui.
Roman à énigmes ,le roman de l'écriture est celui d'une métamorphose :née voilà six mille ans ,pour faire des comptes et tenir des registres ,l'écriture est devenue une manière de pense , de concevoir,de créer , d'être .