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Citations de Georges Navel (87)


L'entrain me revint avec les premiers beaux jours.Je rêvais de devenir fort, de porter un cuir de cœur que l'amour n'entaillerait plus, de faire tous les métiers, d'apprendre la géographie avec les semelles, d'aller dans tous les pays.J'avais trop lu, je voulais juger par expériences directes. J'irais en Russie, en Amérique, l' homme qui voyage devient philosophe.

( p.117)
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Je n'aimais l'école qu'à la rentrée des classes, les premières leçons, le recueillement qu'on y apporte, neuf comme mon tablier noir à sa première semaine.Je me dissipais au retour des hannetons, des libellules, aux premières journées d'avril ou de mai.
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C'étaient des femmes à rides et à larmes.
Leurs mains tannées sentaient l'ail. La mienne avait beaucoup pleuré, elle avait des lacs de larmes derrière ses lunettes, mais le reste du visage, du front à la bouche, continuait de sourire, la voix aussi.
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Il a d'abord été longtemps ouvrier d'usine, en effet. Ce défricheur du bled, cet arracheur de souches, ce coupeur de lavande, ce terrassier, cet apiculteur, que tour à tour ont fait de lui le temps, sa fantaisie, l'occasion, l'aventure, a été ajusteur chez Renault, chez Berliet, chez Citroën.
C'est le désordre de la guerre et ce grand remuement des choses et des gens qui l'ont décidément pris un jour à Paris et poussé vers les champs, le soleil et la mer qui déjà l'avaient attiré.
Ce qu'il me dit, et ce sont choses qu'il ne semble pas qu'avant lui on ait dites, c'est l'effort ouvrier, le plaisir de cette maîtrise des mains faite d'un long acquis et de patients sacrifices, de cette adaptation du corps, de cette ruse du corps en prise avec la matière difficile "qui n'obéit qu'à certaines mains", le plaisir d'exercer certaines facultés qu'on n'aurait pas attendues là, "qui tiennent de la science du boxeur et de l'intuition de l'artiste".
Navel s'étonne et s'enchante de ce que des gestes en apparence routiniers peuvent engager d'intelligence et par là dégager de joie...
(préface signée Paul Géraldy insérée en début de l'édition parue chez "Folio" en 1979)
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Le soir, quand s'éclairaient les lampes, le hall devenait beau.Pas grand bruit, ma machine ronflait un peu.J'entendais les sirènes des usines, les sifflets des trains, trains de passage, trains en attente interrogeant longuement, sirènes, sifflets semblaient se répondre, dialoguer pour la terre et pour les hommes sous la grande voûte d'infini, parler à la nuit avec des voix de détresse.Je me coulais dans la peau d'un voyageur lointain, d'une ombre sortant d'une usine, je voyais le fleuve, la ville en étendue avec ses lumières, la grande campagne endormie autour. (...)
Tout m'attendrissait, je me coulais dans les corps là- bas, dans toutes les mains des usines à l'heure du recueillement du soir.

( p.93)
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(...) Et toi, grand vagabond ?
Vagabond, c'était un terme de louange. Tous, nous avions lu Gorki, Panaït , London.J'étais pourtant moins aventureux que Carrendell et Ferrer qui, sans passeport s'étaient risqués en Italie pour voir les villes et les musées avec très peu d'argent en poche.A Gênes, arrêtés, un mois de prison et l'expulsion. Le tourisme ouvrier est peu encouragé. La curiosité, l'ardeur intellectuelle des gars de vingt ans reçoivent le nom de vagabondage. Pour les mêmes choses les noms changent. Vagabond l'homme qui voyage en gagnant sa vie, touriste le monsieur qui va où le mène sa curiosité avec les moyens d' un compte en banque.

( p.150)
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Les hommes qui lisent beaucoup,
d' intelligence active , ont des traits de ressemblance .Il me semblait n'avoir jamais rencontré ailleurs que des esprits sommeillants, des visages d'hommes engourdis.

( p.85)
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Il nous faut réapprendre à aimer l'eau,le feu, à toucher la bête,le fruit, à regarder monter et descendre le jour avec des sens de prisonnier libéré, d'enfant en vacances,des yeux de commencement du monde. " La vie,dit- il encore,ne vaut d'être vécue que dans la mesure où on s'en émerveille."
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Après le large des champs, le large de la vie en été, j'ai du mal à comprendre le goût des civilisés, les singes, pour la possession des villas inhabitées, pour la nature ridiculement mise en plis derrière des grilles et des serrures.
La neurasthénie fleurit, l'homme est l'ennemi de l'homme.
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Mon morceau de pain, mon plat de lentilles, de haricots à la cantine de l'usine, mes vêtements, ma chambre, je les payais de la liberté. Quelle vie morne ! Chaque jour la même chose. Le train matinal, à la descente, le moutonnement des dos dans le petit jour, la même odeur, dans le vestiaire, un peu croupie, de serviette mouillée, de savon noir et de bleus de travail, le même bruit des portes en fer quand les compagnons refermaient leur placard. La silhouette usée du vieux manœuvre qui balaie. Le hall, l'étau, le tiroir, les poignées de main machinales "Bonjour, ça va ? Ou très bien." Les moteurs démarrent. On est dans la même journée qu'hier et que demain.
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L'ombre des branchages dessinait comme des tatouages sur les peaux nues. De temps en temps on se disait : "Il fait beau, hein ?". Ça contenait tout. J'étais heureux comme le sont les bêtes, le chien, l'oiseau, le crocodile quand la faim ne les tourmente pas et que toute cause de douleur est absente.
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(**Frasco , un copain libertaire)

Assidu aux réunions, pour lire il veillait beaucoup, vivait constamment dans une sorte d'euphorie de l'intelligence. Le front large, le regard distrait , il ressemblait à certains portraits d'Edgar Poe.Pour le fond de l'âme, son idéalisme, son remuement de sentiments généreux, sa nature d'apôtre, s'apparentaient à Louise Michel. C'était vraiment un bougre épatant.
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Envie de lever l'ancre quand les trains sifflaient. Dans les quartiers de tanneries et d'usines de munitions, je cherchais la savane, la grande nature.J'arrivais dans les terrains vagues où les armoises, les coquelicots poussaient près des wagonnets renversés.

( p.78)
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Les rencontres du petit groupe continuèrent. Des débats passionnés suivaient les causeries faites par l'un ou par l'autre des camarades ou la lecture d'un livre.Il y régnait une ardeur intellectuelle assez rare, une volonté de s'instruire et de s'éduquer touchante. Le groupe avait oublié son but initial pour devenir un club philosophique qui aurait pu se donner pour enseigne" A la recherche de la vérité ".Quand on commence à s'interroger, c'est sur tout qu'on s'interroge.

( p.100)
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Dans les villas habitées, de vieilles personnes prolongent leur existence en régnant sur une tribu de larbins en tenue de service. L'argent fait tout marcher au pas, au pli. Ici la nature est mise en plis, elle est bouffonne.
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Presque dans chaque terrassier il y a un homme qui ne peut pas vivre isolé de la nature, vivre sans voir du pays. (p.183)
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Ce qui était triste, il me semble que c'est la tristesse fatale à la grande industrie. Ce qui était triste, c'était la foule du matin des bataillons ouvriers en marche vers l'usine, le long de ses murs, cers son portail. Qu'il pleuve, c'est triste. L'eau dégouline sur les pardessus, les parapluies, la foule des pieds dans la boue sent le papier de journal; elle est aussi triste que les faits divers qu'elle a lus. C'est triste encore quand il fait beau parce qu'elle va s'enfermer. Triste en hiver, parce qu'il fait noir le matin quand elle entre et noir le soir quand elle sort. Triste en été de s'enfermer dans une usine de banlieue qui touche à la campagne. Le train du matin qu'il fallait prendre sentait le vieux mégot, le schnik, le café crème, le soulier mouillé. Dans le noir du wagon, je reprenais un supplément de sommeil près des ombres transies. Le train filait dans cette banlieue d'usines à produits chimiques. C'était beau de temps à autre, en passant près des vitrages d'une fonderie violemment éclairée.
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Il n'y a que l'enfance qui vit dans la découverte. L'adulte vit endormi dans ses habitudes.
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L'atelier était assez plaisant, la vie ordinaire n'est que la vie ordinaire .Parfois je m'absentais pour chercher l'aventure, quand je m'ennuyais de Maidières ou de l'Algérie.Balade le long des quais, visite aux bouquinistes, recherche du livre qui m'apprendrait tout, par hasard.

( p.78)
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Dans le monde de l’usine, ce qui reste de la nature, c’est l’homme, c’est le compagnon, le reflet, le semblable.
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