Citations de Germaine Tillion (40)
J'ai acquis la certitude qu'il n'y a pas de vraie connaissance sans compassion.
Ils avaient des cravaches à la main...
Malgré la différence des vocabulaires,
J'compris d'suite ce qu'ils en voulaient faire !
La majorité d'entre nous est composée de gens ordinaires, inoffensifs en temps de paix, et dangereux à la moindre crise.
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cité par France Culture
Choeur des Verfügbar
Au premier acte, costumes "Schmuckstück"
Schmuckstück (prononcer chmouk-chtuk)
Femme efflanquée, affamée, en haillons très sales, jambes bleuies et rongées de larges plaies, rares cheveux collés par la crasse, yeux immenses sans expression appelée par dérision par e SS Schmuckstück c'est-à-dire "bijou". Dans les camps d'hommes les Schmuckstück étaient appelés "musulmans".
Verfügbar (prononcer Ferbugbar). Les Verfügbar étaient en général les quelques prisonnières rebelles qui avaient décidé de ne pas travailler "pour eux" (pour les Allemands). N'étant inscrites dans aucune colonne de travail, elles étaient corvéables à merci, " à la disposition" (zur Verfügung) des SS. Après l'appel du matin, elles s'efforçaient de se cacher pour leur échapper.
L’asservissement ne dégrade pas seulement l’être qui en est victime, mais celui qui en bénéficie.
L'humanité se compose de deux minuscules minorités : celle des brutes féroces, des traîtres, des sadiques systématiques d'une part, et de l'autre celle des hommes de grand courage et de grand désintéressement qui mettent leur pouvoir, s'ils en ont, au service du bien. Entre ces deux extrêmes, l'immense majorité d'entre nous est composée de gens ordinaires, inoffensifs en temps de paix et de prospérité, se révélant dangereux à la moindre crise.
https://www.franceculture.fr/conferences/bibliotheque-nationale-de-france/germaine-tillion-lasservissement-ne-degrade-pas-seulement-letre-qui-en-est-victime
Le racisme est une peur devenue folle, et c'est ce qu'il faut éviter à tout prix, si l'on veut que l'humanité survive» Germaine Tillon (la traversée du mal)
-J'ai rêvé de maman cette nuit...
-Moi j'étais dans le jardin de mon grand-père. Je ramassais des prunes... Quand je me suis réveillée et que je me suis vue ici, j'ai pas pu m'empêcher de pleurer...
-J'ai bien vu que tu faisais une drôle de tête ce matin...
-C'est toujours au réveil que c'est le plus dur...
-On est tout ramolli par la nuit, on a retrouvé son âme d'avant, et on voit avec nos vrais yeux toutes les horreurs du camp... Et puis vite on retrouve sa carapace...
-Il faut toujours la garder sous la main...
-Moi je ne m'habituerai jamais.
-Il ne faut pas s'habituer. S'habituer c'est accepter. Nous n'acceptons pas, nous subissons...
La guerre actuelle, à l’inverse des autres guerres, ne peut pas comporter un gagnant et un perdant, mais seulement deux perdants ou deux gagnants. Jusqu’à présent, de part et d’autre, nous avons déployé de grands efforts pour tout perdre ensemble ; il en faudrait de moins grands pour tout gagner – à la condition d’assaisonner l’énergie déployée avec un peu de bon sens et de bonne foi.
Une société qui écrase les femmes, empêche leur information, leur formation, leur contact avec le monde extérieur, se condamne elle-même à la mort.
Je pense qu’il existe des situations où tous les hommes médiocres deviennent criminels. La guerre d’Algérie est une de ces situations. Seuls des chefs de grande valeur morale et intellectuelle auraient pu prendre conscience du glissement et, par des ordres stricts, l’enrayer.
Au cours de cette enquête, j’avais acquis la certitude (avec quelle honte ! avec quelle douleur !) de l’emploi quasi général de la torture. J’avais pu constater également le résultat prévisible de cette méthode, à la fois abominable et imbécile – je veux dire le ralliement en masse des derniers hésitants algériens au FLN.
Pour défendre le Juste et le Vrai, il faut parfois affronter de grandes souffrances pouvant aller jusqu’à la mort (…). Un autre courage est exigé quand Vérité et Justice exigent que nous affrontions aussi nos proches, nos camarades, nos amis…
On ne prépare pas l’avenir dans éclaircir le passé.
Dire le vrai ne suffit pas, il faut dire le juste.
Je suis convaincue (…) qu’il n’existe pas un peuple qui soit à l’abri du désastre moral de l’Allemagne nazie.
Il y a des situations qui engendrent le crime : il faut essayer d’empêcher ces situations d’exister car elles créent des pentes que beaucoup de gens faibles se révèlent incapables de ne pas dévaler. On a le devoir de rester vigilant.
À Ravensbrück même, j’ai essayé de reconstituer tout le système des camps. À partir de ce qui m’était dit, à partir de bribes cueillies ici et là. Je voulais comprendre (…) C’est tellement important de comprendre ce qui vous écrase. C’est peut-être cela qu’on peut appeler « exister ».
La majorité d'entre nous est composée de gens ordinaires, inoffensifs en temps de paix, et dangereux à la moindre crise.