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Critiques de Gilles Perrault (133)
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Checkpoint Charlie



Gilles Perrault, qui a entretemps 88 ans, m'a procuré au fil des années de nombreuses heures de lecture passionnante. Peut-être un peu trop, car "Checkpoint Charlie" m'a en revanche un peu déçu. Probablement que j' attendais tout bonnement trop de ce livre. Il est vrai que Daesh a renvoyé cet endroit mythique de Berlin entre Est et Ouest (avec majuscules) à un endroit presque nostalgique du passé.



L'auteur est à la fois un homme enthousiaste et honnête. En 1967, Gilles Perrault avait écrit son merveilleux ouvrage relatif à la résistance communiste au nazisme, "L'Orchestre rouge", dans lequel, emporté justement par son enthousiasme, il avait commis quelques erreurs et imprudences d'interprétation. L'historien français, Guillaume Bourgeois, a, en 2015, dans une analyse approfondie, intitulée "La véritable histoire de l'Orchestre rouge" , corrigé des fautes factuelles et interprétations erronées de notre grand conteur. Une mise au point certes méritoire du point de vue historique, mais décevant du point de vue romantique. Quoique dépité par cet ouvrage, j'en ai fait une critique la plus objective possible le 2 décembre 2017.



Dans cet ouvrage, de 2008, Gilles Perrault revient sur cette affaire. Très consciencieusement il note : "Longtemps j'ai cru que le réseau avait joué un rôle essentiel, sinon crucial, dans la victoire sur l'Allemagne hitlérienne." Et avec une certaine grandeur d'âme ajoute à la page 95 : "Sans doute une sorte de vanité d'auteur me poussait-elle aussi dans cette voie : si l'on a travaillé trois ans sur une affaire de ce genre, il faut qu'elle présente une importance et un intérêt exceptionnels."



Personnellement, j'admire cette attitude et franchise de la part d'un écrivain fort réputé et populaire après des succès comme son ouvrage courageux "Le Pull-Over rouge" sur le kidnapping et meurtre de la petite Marie- Dolorès Rambla de 8 ans, le 3 juin 1974, par Christian Ranucci, originaire d'Avignon, qui fut l'avant-dernier décapité en France, le 28 juillet 1976 (âgé de 22 ans). L'auteur d'une kyrielle de livres qui ont trouvé beaucoup de lectrices et lecteurs, tels "La longue traque" en 1998, "Un homme à part" en 2006 et il y a 2 ans "La justice expliquée à ma petite-fille".



Comme je me suis longuement expliqué dans mon billet du livre de Guillaume Bourgeois, je ne vais pas me répéter ici. Je vais juste me limiter aux grands espions français, Eugène et sa fille cadette Monique Rousseau, accusés d'avoir été à la solde de l'UDBA, le service de contrespionnage yougoslave ! Une histoire tellement incroyable que même Gilles Perrault aurait eu des difficultés à imaginer, mais qui illustre, à sa façon, la méfiance maladive entre services secrets à l'époque de la Guerre froide, qui, comme l'auteur note en fin de volume, en 4 décennies a fait après tout moins de morts "qu'un ouragan aux Caraïbes ".



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Checkpoint Charlie

G Perrault, passioné, passionant, témoin d'une époque un peu oubliée, la guerre froide. Ses mémoires m'ont donner envie : de lire les autres volumes, d'en savoir plus au niveau historique et lire ou relire John Le Carré;
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Dictionnaire amoureux de la Résistance

Dans son Dictionnaire amoureux de la Résistance, Gilles Perrault fait revivre ces héros, souvent obscurs, qui ont sauvé l'honneur de la France. Bouleversant.
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Dictionnaire amoureux de la Résistance

Un livre captivant qui ne manque pas de surprises, comme de permettre des entrées originales. Elles peuvent être, Vélo, Amours, Bonheur. Les résistants étaient des adeptes de la petite reine, comme un certain Louison Bobet ou une certaine Jeanne Bohec. Ce livre ne manque pas de nous rappeler l'oeuvre de ces "étrangers, et pourtant nos frères", les combattants du groupe constitué par Missac Manouchian. Ils avaient cette joie et cette force, face à la terreur et à l'adversité, jusqu'à l'instant de l'irréparable. "Je meurs à deux doigts de la Victoire et du but." Ecrivait Missac à Mélinée.
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Dictionnaire amoureux de la Résistance

Le rôle des femmes "a été essentiel mais totalement sous-estimé. On en a un instrument de mesure terrible : sur les 1 038 résistants qui furent sacrés compagnons de la Libération, il n’y eut que 6 femmes, dont trois à titre posthume. Les femmes avaient pourtant fait des choses extraordinaires."
Lien : http://www.lalibre.be/cultur..
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Dictionnaire amoureux de la Résistance

Une phrase, deux lignes : « Si vous ne percevez pas sa présence à chaque page, c'est que cet ouvrage est manqué. » Il ne l'est pas : ce dictionnaire mérite cinq étoiles.
Lien : http://www.lesechos.fr/cultu..
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Grand-père

J'aime beaucoup le style d'écriture, mais j'avoue que le sujet m'a peu intéressé.
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L'homme au bout du rouleau

Deuxième livret de "La maison"

Une courte nouvelle très froide sur les tribulations d'un résistant communiste sur la "voie de garage" après le démantèlement de son réseau.

Trame possible d'un scénario tout comme le T 1 : Le garçon au yeux gris

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L'ombre de Christian Ranucci

Si vous avez lu le pull-over rouge, vous connaissez l'histoire de Christian Ranucci sinon je vous invite à le lire.

Pour ma part, cette histoire ne m'a pas laissé indifférente aussi lorsque j'ai vu le livre l'ombre de Christian Ranucci, à la bibliothèque, je n'ai pas hésité et l'ai pris.

Lorsque je l'ai commencé, je ne m'attendais pas à ce qu'il me captive autant.

L'auteur démontre les incohérences, les contradictions des témoignages, de l’enquête. Il porte vraiment à réflexion sur la façon dont on peut juger une personne et la condamner. Pour Christian Ranucci c'était une condamnation à mort. A l'époque, la réflexion était aussi pour ou contre la peine de mort?

Aujourd'hui, la question se pose encore sur l'innocence de ce jeune homme bien qu'il était probablement innocent mais nous ne pouvons pas revenir en arrière.

J'ai vraiment adoré ce livre et je vous le recommande. Bonne lecture!

N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensez
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L'orchestre rouge

Avec "L'Orchestre rouge", Gilles Perrault s'est attelé à une vaste tâche : celle de sortir de l'ombre des héros que l'on a préféré laissé dans l'anonymat, dont les actes ont été passés sous silence, parce qu'ils relèvent d'un domaine ultra-secret et compromettant, celui du renseignement.



Le réseau d'espionnage soviétique de L'Orchestre rouge, qui sévit dès l'aube de la seconde guerre mondiale, fut ainsi baptisé par ceux qui se sont acharnés à le combattre, les services de contre-espionnage de la Wehrmacht et des SS. Cette organisation, constituée d'amateurs, sut réunir les vertus d'un réseau de résistance et les qualités habituelles aux professionnels, amalgame dont est né un chef d’œuvre du renseignement.

Elle dépassa tout ce qui était connu jusqu'alors en terme d'effectifs, de surface géographique, et de résultats obtenus, utilisant des techniques inédites en matière de cloisonnement, jouant avec habileté des couvertures commerciales, recrutant ses sources au sommet du dispositif ennemi.



A sa tête, un organisateur hors pair, le seul à avoir une vision d'ensemble de la gigantesque toile d'araignée qu'il a élaborée : Léopold Trepper... et derrière lui, des ouvriers et des femmes du monde, des militaires et des étudiants, des aristocrates russes et allemands, des belges, des polonais, des français, des communistes et des réactionnaires, tous unis dans un même but : combattre les nazis.

Des hommes et des femmes au cœur de l'action, les uns connaissant rarement l'existence des autres.

Des amateurs, donc, qui risquent pire que la mort : la torture, et qui ne doivent compter sur aucune gloire ou reconnaissance, car le corollaire de la qualité d'espion est d'inspirer la défiance, même aux yeux de ceux qui les utilisent (il y a toujours un risque que l'agent soit double...).

Des individus qui, contrairement aux professionnels qui font passer prudence et efficacité avant sentiments et idéalisme, atteignent "les sommets de l'héroïsme ou les abîmes de la félonie".



"Ce livre est donc un pari. Il est possible que ce pari soit perdu d'avance, car si les récits d'espionnage ont à ce point recours à la technique romanesque, c'est peut-être que ce procédé est indispensable pour faire le récit vivant".



D'emblée, puis de façon sporadique au cours du récit, Gilles Perrault explique son travail et notamment les difficultés qui y furent liées, de par la nature même de ses recherches. Par définition, le monde de l'espionnage est un monde de tromperie, un univers clandestin, dont les secrets sont jalousement gardés. Récolter des informations, cerner au mieux la personnalité des acteurs du réseau et de leurs opposants représentent par conséquent une gageure.

Il évoque son implication (à vouloir faire revivre tous ces personnages, il finit par être obsédé par eux) tout en insistant sur le fait qu'il a voulu être le plus fidèle possible à la réalité, du moins telle qu'elle se dessine par l'intermédiaire des archives, des témoignages qu'il a pu recueillir. Il a voulu éviter l'extrapolation, la "romancialisation", au risque de rendre son récit moins captivant...



Et pourtant, j'ai personnellement trouvé "L'Orchestre rouge" aussi passionnant qu'un roman.



Il s'y produit des hasards improbables (pendant des mois, des acteurs du contre-espionnage allemand et de l'espionnage soviétique vont sans le savoir, cohabiter sur le même palier), il s'y commet des erreurs à peine croyables, des imprudences que l'on qualifieraient, dans un roman, d'invraisemblables...

Ensuite, derrière l'histoire d'espionnage, il y a tous ces portraits d'hommes et de femmes différents par leurs origines, leurs motivations, leurs personnalités, auxquels le lecteur s'attache irrémédiablement, avec comme figure de proue le grand Trepper, ombre insaisissable dont l'humanité se dessine peu à peu, sous la forme de l'importance qu'il accorde à la vie de ses recrues, de son incroyable intuition, de ses frustrations, lorsqu'il constate par exemple que "le Centre", à Moscou, ne prend pas au sérieux certaines des informations dont il lui rend compte.

Et puis, quel autre sujet génère autant de suspense et de mystère que celui de l'espionnage ? Il n'est pas nécessaire d'inventer... La richesse des informations récoltées par l'auteur suffisent à nous donner toute la mesure de la complexité et du caractère mystérieux des événements décrits.

D'autant plus que comme le souligne Gilles Perrault, nous n'aurons jamais aucune certitude sur les détails de la fresque, dans l'impossibilité que serait quiconque à appréhender la totalité de l'inextricable écheveau constitué des manipulations des uns, des faux semblants des autres...



Monsieur Perrault, vous avez gagné votre pari !
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L'orchestre rouge

Chef de l'Orchestre rouge, le plus important réseau du service de renseignements soviétique durant la Seconde Guerre mondiale, connu de la Gestapo sous le nom de Jean Gilbert, fiché à la Sûreté française sous le pseudonyme de Dom, codé par les Soviétiques sous celui de Otto, Léopold Trepper est mort à soixante-dix-sept ans à Jérusalem le 19 janvier 1982. c'est son histoire et celle du réseau que nous restitue Gilles Perrault dans ce témoignage historique. Quelques longueurs dans le récit, on se perd parfois dans les descriptions mais cela reste un monument de la littérature de la seconde guerre mondiale du point de vue russo-germanique même si la plupart de l'action se déroule en Europe de l'Ouest..
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L'orchestre rouge

J'ai envie de vous faire partager mon enthousiasme pour le livre de Gilles Perrault intitulé "l'orchestre rouge". Livre paru en 1968 , qui a eu un énorme succès, parait-il, qui m'avait alors complètement échappé. On se souvient surtout du "pullover rouge" ce livre sur le cas tragique de ce condamné à mort accusé du meurtre d'une fillette, le dernier condamné guillottiné, dont la culpabilité n'a pas été réellement établie. Un livre qui a fortement contribué auprès de l'opinion publique à l'abolition de cette peine d'un autre âge.



"L'orchestre rouge " rassemble une documentation historique absolument remarquable. Gilles Perrault a dû compulser un nombre d'archives incroyable, et ce dans différentes langues et différents pays. L'orchestre rouge désigne le plus grand réseau d'espionnage de la 2ème guerre mondiale, dont l'activité a eu un impact essentiel sur l'issue de la guerre et le sort des belligérants. Il donne une image inhabituelle de l'histoire, qui prend pour le lecteur une profondeur et un mystère insoupçonnables, peu mise en évidence dans la version historique officielle. Les faits de guerre, apprend-on, ont été amenés ou retardés par cette guerre secrète menée par les hauts commandements à la lumière des informations vraies ou fausses transmises par les espions des 2 camps.







Le fil directeur du livre est la vie de Leopold Trepper, communiste polonais travaillant comme espion à la solde de l'union soviétique, contre l'allemagne nazie. Une vie comme un roman, avec des rebondissements ahurissants, la réalité dépassant la fiction.



Un des chapitres les plus interessants du livre concerne l'histoire d'une branche berlinoise de la résistance au nazisme, dont les membres faisaient partie de l'orchestre rouge ou du moins travaillaient pour certains d'entre eux pour ce réseau d'espionnage. Mais les frontières entre les différents groupes de résistance n'étaient pas si nettement délimitées. C'est en partie la Gestapo qui a classé tous ces résistants sous l'étiquette "orchestre rouge" afin de décrédibiliser la résistance en la réduisant à du bolchévisme, moins dangereux qu'une résistance au régime nazi en lui-même.
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L'orchestre rouge

J'ai un gros problème avec les livres de Gilles Perrault . En effet cet auteur prenait énormément de liberté avec la vérité historique que ce soit dans ce livre ou dans "Le pullover rouge" par exemple.

Peut-être a-t-il été abusé de bonne foi par les propos tenus par Leopold Trepper qui enjoliva tellement son histoire et qui berna l'opinion pendant de longues années mais la suffisance et la condescendance affichées par Perrault face à ses contradicteurs lors de débats télévisés ne plaide pas en sa faveur .

Ceci dit ce livre se lit comme un bon livre d'espionnage comme John le Carré savait si bien le faire mais certainement pas comme un livre relatant un fait historique avéré.
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L'orchestre rouge

Beau zoom sur un épisode de la guerre que j'ignorais......
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L'orchestre rouge

L'U.R.S.S. mise en spectatrice d'un conflit qu'elle voulait gérée avec tant de déterminations, qui lui est dérobée par celle qui devait être son alliée, l'Allemagne.



Qu'à cela ne tienne, si l'on ne peut obtenir d'une façon, on l'obtiendra d'une autre et de manière plus efficace, plus pernicieuse.



Un général des Renseignements Militaires, un homme dévoué à la cause. Ne reste plus qu'à recruter, mettre en place, développer et agir.



Cela donnera ce que la gestapo appellera l'Orchestre Rouge, du fait de sa conviction politique initiale.



Ouvrage intéressant à connaître et découvrir pour apercevoir un autre visage d'un événement majeur du vingtième siècle trop souvent orienté dans la même direction.
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L'orchestre rouge

Ce livre me laisse perplexe : à lire Gilles Perrault, Trepper est un génie, mais j'ai cherché d'autres informations sur lui et j'ai vu que les avis divergent. Certains historiens l'accusent d'avoir livré des membres de son réseau de d'être un imposteur. Perrault lui-même fournit certaines explications en disant bien que ce sont des hypothèses.



Pour en revenir au livre, il est extrêmement détaillé, l'auteur a fait un travail de recherche formidable pour écrire cet ouvrage. Mais ça a un inconvénient, c'est qu'on se perd dans les détails et la lecture devient fastidieuse. J'ai lu certaines parties en diagonale pour ne pas me noyer dans les détails. Je lui reproche aussi un manque de clarté parfois, lorsqu'on lit un témoignage sans être certain de qui parle.



On apprend beaucoup à la lecture de ce livre. Sur la vie de Léopold Trepper bien sûr, mais pas seulement. On y voit le fonctionnement d'un réseau d'espionnage en général, les méthodes utilisées pour le codage des messages, la fixation des rendez-vous clandestins, toute la vie quotidienne des agents vivant en milieu hostile.

On découvre aussi le fonctionnement du contre-espionnage allemand, l'Abwehr. J'ai été surpris de voir qu'ils interrogeaient leurs prisonniers en douceur (au contraire des brutes de la Gestapo), pas seulement par humanité, mais parce que leur but était de les retourner et de les utiliser pour communiquer de fausses informations à leurs correspondants étrangers. Le prisonnier acceptait souvent pour éviter d'être torturé, et essayait à son tour de doubler ses adversaires en laissant un message subliminal qui indiquait qu'il écrivait sous la contrainte. En fait c'était un jeu de dupes auquel se livraient les services ennemis, chacun essayant d'intoxiquer l'autre.



Mais c'est encore plus compliqué : l'Abwehr explique à Trepper, qui en est bien conscient, que s'il fait savoir aux Russes qu'il est prisonnier, il sera condamné à mort par Moscou. Et oui, on découvre aussi la cruauté de la politique soviétique envers ses propres fidèles, résultat d'un pays vivant dans la paranoïa de son leader et la mémoire récente des purges staliniennes. Ne pas oublier que tous les soldats Russes faits prisonniers par les Allemands ont été envoyés au Gulag à leur retour.

Pour continuer dans ces conditions, Trepper devait être vraiment motivé, d'autant plus que certains de ses messages n'étaient pas pris au sérieux par les Russes. Ainsi l'annonce de l'invasion imminente de l'URSS (opération Barbarosa) avait été prévue par Trepper et d'autres espions en poste à l'étranger, mais Staline n'en a absolument pas tenu compte.



Pour complexifier encore le tout, on ajoute la rivalité entre les différents services allemands, Abwehr et Gestapo principalement, ainsi que l'idée que l'Allemagne ne pouvait s'en sortir sur deux fronts, et qu'il lui fallait faire la paix sur l'un d'entre eux. Les Soviétiques avaient peur que Hitler fasse la paix à l'Ouest pour envoyer toutes leurs forces sur eux, et les Anglais avaient peur d'une paix séparée entre les anciens partenaires du pacte germano-soviétique. Quant aux Allemands, ils commençaient à sentir le vent en train de tourner, et certains pensaient à leur avenir personnel.



Une fois prisonnier, Trepper doit tenir compte de toutes ces données pour envoyer les messages qui conviennent à Moscou, tout en faisant croire à ses geôliers que ces mêmes messages servaient leur cause.



A la fin de la guerre Trepper regagne l'URSS où il fût envoyé dans la sinistre prison de la Loubianka. On le libéra au bout de dix ans en lui disant qu'on n'avait rien à lui reprocher. Cette injustice fait dire à Gilles Perrault que "Il fut d'entre tous celui qui paya le prix le plus lourd, celui qui fut blessé par les siens quand les autres n'avaient été tués que par l'ennemi."
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L'orchestre rouge

Dans ce livre, paru en 1968 et qui a eu un énorme succès, Gilles Perrault nous raconte l’histoire de l’Orchestre rouge, le plus important réseau des services de renseignements soviétiques durant la Seconde Guerre mondiale et celle de plusieurs de ces membres, dont surtout son chef, Léopold Trepper, connu de la Gestapo sous le nom de Jean Gilbert, de la Sûreté française sous le pseudonyme de Dom, codé par les Soviétiques sous celui d’Otto.

Pour situer le personnage : Léopold Trepper est juif, né en Pologne, il devient communiste, a des ennuis avec la police, et finit par émigrer en Palestine avec l’aide d’une organisation sioniste anticommuniste américaine. Nous ne sommes alors qu’en 1928...

Un des chapitres les plus intéressants du livre concerne l'histoire peu connue de la résistance berlinoise au nazisme, dont certains membres travaillaient pour ce réseau d'espionnage.

Il y a énormément de personnages qui ne se connaissent pas tous, si bien que l’on se perd parfois dans les événements, mais cela reste fascinant. Dans les derniers chapitres on perd aussi un peu le fil en raison de la taille des notes de bas de page (il y en a au moins une qui dépasse la moitié de la page !). Gilles Perrault a de bons talents de conteur, il sait nous captiver et j’ai continué à lire même quand j’étais un peu perdue (quitte à revenir en arrière si nécessaire, souvent pour des broutilles).

Il semble que depuis, un historien, Guillaume Bourgeois, ait démontré que toute cette histoire était fausse. Je ne l’ai pas lu, mais une chose me gêne : si comme le dit cet historien Léopold Trepper avait été condamné en URSS pour haute trahison, je doute fort qu’il ait été encore vivant dix ans plus tard pour être réhabilité. Il n’a pas été condamné pour ses actions pendant la guerre, rien que ses liens avec Berzine, fusillé en 1938 lors de la grande purge stalinienne et la disgrâce des services qui l’employaient suffisent à expliquer sa condamnation, d’où sa réhabilitation en 1955. Kent, condamné pour trahison, n'a sauvé sa peau que parce qu'il avait ramené avec lui des membres des services d'espionnage allemands (réhabilité lui aussi mais seulement en 1990). J’ai aussi du mal à croire que Léopold Trepper ait réussi une telle mystification, alors qu’il y avait des témoins encore vivants, à bâtir une légende convaincante pour l’URSS, pour Israël, ainsi que pour gagner un procès en diffamation en 1972 contre le chef de la DST. Cela me semble un tour de force impossible, encore plus tordu. Et qu’en 2015 on puisse démontrer que c’est du flan ??? De toute façon, c’était passablement tordu et compliqué.
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La jeune femme triste

Un bon roman dont malheureusement la fin se dévoile un peu trop tôt. Mais les personnages, joliment portraiturés, semblent si ordinaires que ce qui leur arrive nous touche et nous émeut
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La jeune femme triste

Dans les années 60, le hasard fait se rencontrer dans une grande maison Gérard, venu enterrer son père ancien des services secrets, et une femme dont on ne connaîtra pas le nom. Alors qu'elle vient d'être plaquée par son amant, elle

vient revoir la maison où elle s'était réfugiée enfant en 1940 avec sa mère et son frère.

Ce petit livre ressemble plus à une grosse nouvelle (longueur, intrigue assez limitée) ; il y a quelques approximations dans le style.
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La longue traque

Le 1er septembre 1939, l’armée allemande pénétrait sur le territoire polonais.

Le 3 septembre, la France déclarait la guerre à l’Allemagne, mais les soldats français restaient derrière la ligne Maginot. A l’est, l’Union soviétique entrait en Pologne, partageant l’occupation de ce pays avec l’Allemagne et établissant une frontière provisoirement stable à l’est du territoire alors occupé par le Reich.

En avril 1940, sans inquiétude au sujet de cette nouvelle frontière (l’armée rouge avait été ravagée par les purges administrées par Staline), Hitler décidait d’envoyer des troupes allemandes en Norvège et au Danemark.

En mai 1940, des troupes allemandes entraient en France, en passant par les Pays-Bas, le Luxembourg et la Belgique.

Le 17 juin 1940, Pétain demandait un armistice ; cinq jours plus tard, il acceptait les conditions imposées par l’Allemagne.

Le 18 juin 1940, un petit général exilé à Londres appelait les français à continuer le combat contre l’occupant ; ce discours ne fut alors guère entendu et devint célèbre plus tard.

En mai 1945, l’Allemagne capitulait.



Deux mois plus tard, un corps fut trouvé dans la Seine. Un nom fut donné à ce noyé : Roland FARJON.



L’histoire de Roland FARJON que le journaliste et essayiste Gille PERRAULT essaie de reconstituer s’inscrit dans ce contexte historique. Les proches de Roland FARJON, puis la Police, identifièrent ce dernier dans la dépouille retrouvée dans la Seine cet été de 1945, et conclurent à son suicide. Gilles PERRAULT discute cette thèse. FARJON ne s’est-il pas simplement fait la belle afin de fuir la vengeance de résistants ?

Pendant le conflit, Roland FARJON, issu d’une famille bourgeoise de Boulogne-sur-Mer, participa à la mise en place de l’Organisation Civile et Militaire (OCM) sur le secteur A dans le nord de la France. Arrêté par la gestapo, FARJON passa quelques mois en prison, puis s’évada. L’arrestation d’autres membres du réseau et les circonstances de l’évasion de FARJON le rendirent suspect de trahison ; pour certains, il est devenu homme à abattre.

L’auteur montre que les comportements des français à l’égard de l’occupant de juin 1940 à mai 1945 furent divers ; il n’y eut pas uniquement des résistants (communistes et gaullistes), des collabos, et ceux qui n’auraient pas pris parti. Certains s’impliquèrent tôt, d’autres tardivement, et certains passèrent d’un camp à l’autre, par opportunisme ou pour sauver leur vie ou celle de proches. Les opposants à l’occupation allemande le firent pour des motifs variés, et de manières diverses (certains procédaient à des exécutions ciblées de gradés, tandis que d’autres collectaient des informations pour les alliés en vue du jour J).

En conclusion, PERRAULT indique : « En vérité, je ne suis pas convaincu que Roland Farjon ait été un mouton [c’est-à-dire, un traitre], mais je suis sûr qu’il est devenu un bouc émissaire. »



Le récit est bien documenté, et l’enquête de PERRAULT suit de nombreuses pistes. Ce livre est intéressant et instructif sur la période mais on a souvent l’impression que l’auteur s’écarte de son sujet central (l’histoire de FARJON). Ce n’est pas gênant en soi, mais la multiplication des personnages rend l’ouvrage souvent fastidieux à suivre.

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