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Critiques de Gilles Sebhan (69)
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Cirque mort

C'est une lettre anonyme qui le conduit dans l'allée de ce centre hospitalier où sont accueillis des enfants psychotiques. Car voilà déjà tout un hiver que son fils, Théo, a disparu. Depuis, le lieutenant de police Dapper mène son enquête, ne désespérant pas de le retrouver sain et sauf. Lui et deux autres enfants, volatilisés mystérieusement. Dans cette petite ville de montagne où le froid hivernal et la neige paralysent les corps et les âmes, un événement aussi incroyable qu'horrible a semé la terreur parmi les habitants, notamment les enfants. Un cirque, alors installé au cœur de la ville, a vu tous ses animaux décimés à la hache au moment de Noël, un an auparavant. Théo, alors témoin de ce carnage choquant toute la population, en avait fait de nombreux cauchemars et avait changé par la suite. Quel lien unit ce drame avec les disparitions d'enfants ? Que vient faire dans cette histoire le docteur Tristan, psychiatre du centre hospitalier ? Qui est Ilyas, cet adolescent doté d'un certain pouvoir, et qui dit connaître Théo ? Dapper va devoir se confronter à ses propres croyances et ses peurs...



Gilles Sebhan, dans ce roman profondément sombre et oppressant, navigue entre thriller psychologique, roman policier et fantastique. Si d'un côté, l'on assiste bien à une enquête du lieutenant Dapper pour retrouver son fils et deux autres enfants, l'on s'en éloigne gentiment au contact du docteur Tristan, un brin illuminé, et d'Ilyas, un orphelin en proie à d'étranges visions. En plus d'une ambiance fantastique, l'auteur nous plonge dans une atmosphère pesante, étrange et angoissante, la neige et le froid accentuant ces sensations. Entre folie et raison, réel et imaginaire, ce conte, à la fois cruel et merveilleux, peuplé de personnages énigmatiques et inquiétants, se révèle tortueux et met le lecteur dans une position inconfortable. Un roman noir original, à l'écriture forte et travaillée, qui ne manque pas de saveur...
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La folie Tristan

La folie Tristan est le titre d’un autre texte sur l’amour entre Tristan et Yseult, épouse du roi Marc et celui du nouveau roman de Gilles Sehban qui poursuit dans la veine très psychologique de Cirque mort, , publié l’an dernier où l'on retrouvait le même personnage principal de Dapper, un flic en perte de repères tant sur le plan professionnel que sur le plan personnel, qui enquête,sur des disparitions d’enfants.



Son enquête s’oriente vers une institution pour enfants psychotiques dirigée par le docteur Tristan, un homme aux méthodes thérapeutiques particulièrement controversées.



"Il n’y avait pas d’un côté les forces du mal et de l’autre celles du bien. Il y avait une divinité à abreuver, une colère ancestrale à apaiser pour que le danger de la destruction disparaisse. Si on avait posé la question au docteur Tristan, sans doute aurait-il affirmé que le sacrifice de quelque chose en soi était inévitable dans ce processus de libération. Le psychiatre avait écrit une longue étude consacrée à la supériorité de l’enfant traumatisé. "



Ce roman fleuve sur la folie dans tous ses apparats prend quantités de formes différentes et toutes d'une belle efficacité, qui vient basculer certaines de nos certitudes morales



Alors, certes on est un peu perdu si comme nous on n'a pas lu cirque mort, ( l’énigmatique Docteur Tristan, et tous les gamins du centre thérapeutique. étaient dans le premier volet et il nous manque des références pour les appréhender mais on reste assez admiratifs de la plume mélancolique , vénéneuse, et ample de ce trop méconnu Gilles Sebhan.
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Noir diadème

Le lieutenant Dapper , un flic pour le moins tourmenté , en manque de repères , à la fois professionnels et personnel est chargé d'enquêter sur des disparitions d'enfants.



Le jour où il découvre le corps profané d'un adolescent tout près d'un camp de fortune où sont réfugiés des jeunes migrants qui survivent en se prostituant il est prêt à s'investir le plus possible .



Il en fait une affaire personnelle…



Il s'y évertuera tel un héros tendu comme un arc , aussi digne que possible .

Mais qui est le coupable? .

Il fera tout pour lui offrir une sépulture correcte . Il n’est pas au bout de ses peines ….



«  Comment imaginer qu'après avoir été horriblement mutilé , laissé à l'état de cadavre dans un terrain vague soumis aux intempéries comme un vulgaire détritus le garçon allait subir l'ultime humiliation de ne pas recevoir de sépulture ? » .



Est - ce tueur en séries le monstre Bauman maintenant disparu ? .



Est - ce une filière d'un réseau de trafics d'organes vitaux concernant les migrants en vue de transplantations ? .



Serait - ce ce casino de la mer du Nord aussi bien gardé qu'une citadelle?



Voilà une enquête policière bien noire , vénéneuse à souhait , glauque , un brin fantastique aux rêves horribles , à l'homme au masque dont l'empire avait commencé très loin d'ici , qui s'était bâti dans la guerre, les trafics et les spoliations , une organisation mafieuse que le policier tentait de démanteler .



Où était - ce la malédiction d'un représentant de la loi qui finit par briser les règles qui l'ont constitué jusque - là pour se confondre avec le meurtrier ?

Ou encore un mystérieux homme à la seringue ?



Le lieutenant Dapper est dans l'impasse , fragile , désabusé , taciturne et taiseux ….. l'esprit malade, «  il prenait tous les masques de ceux qui lui avaient fait mal depuis l'enfance » ….



Pris dans ses obsessions une enquête chassant l'autre , ayant besoin peut - être de la souffrance du monde …..parviendrait - il à sauver tous ces enfants?

Un polar psychologique bien ficelé ( , je n'ai pas l'habitude de ce genre) , découvert par hasard à la médiathèque au fond un peu confus pour moi car il s'agit d'une série policière mettant en scène le lieutenant Dammer et je n'ai pas lu les tomes précédents .

Disparitions, meurtres , émasculations , empoisonnements , tout est noir ,tourmenté , tragique jusqu'au bout , sans espoir ….

À ne pas lire si le moral est bas ,aussi triste que cet été pourri ……
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Noir diadème

Noir Diademe est du nouveau roman de Gilles Sehban qui poursuit dans la veine très psychologique de Cirque mort, et de , Feu le royaume où l'on retrouvait le même personnage principal de Dapper, un flic tourmenté, en perte de repères tant sur le plan professionnel que sur le plan personnel, qui enquête,sur des disparitions d’enfants.



"Comment imaginer qu’après avoir été horriblement mutilé, sans doute violé, laissé à l’état de cadavre dans un terrain vague, soumis aux intempéries comme un vulgaire détritus, le garçon allait subir l’ultime humiliation de ne pas recevoir de sépulture ? "



Lorsqu’on découvre le corps profané d’un adolescent aux abords d’un camp de fortune où sont réfugiés des migrants qui survivent en se prostituant, Dapper en fait une affaire excessivement personnelle et va s’acharner à offrir une sépulture à ce jeune migrant.



Une enquête tendue et bien glauque, qui ne cesse de sonder les affres de la transmission sous la plume mélancolique , vénéneuse, et ample de ce trop méconnu Gilles Sehban.



Une tragédie presque antique qui prolonge de belle manière le projet romanesque de l’auteur
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Salamandre

Qui est cet homme, surnommé par certains « Professeur » et par d’autres « Salamandre », que l’on retrouve assassiné de plusieurs coups de couteau dans une cabine de sex shop ? Crime passionnel ou pervers ? Le mystère qui entoure la découverte de ce corps est entier et l’enquête s’annonce difficile dans ce lieu où les hommes s’unissent et se succèdent avec la plus grande discrétion, mélangeant leurs empreintes comme leur semence. Des dizaines d’anonymes aux mœurs singulières, peu enclins à dévoiler leur identité dans ce lieu désormais hanté par le souvenir du cadavre…





Le roman de Gilles Sebhan se découpe en trois parties bien distinctes. La première se déroule dans le vidéodrome parisien, juste après le meurtre, où un habitué raconte ce qu’il sait de la victime, de ses mœurs et de ceux qui côtoient ce lieu d’assouvissement des fantasmes et des désirs. Dans la deuxième, on découvre le journal intime de la victime, dans lequel il raconte son passé de professeur, de poète à Casablanca, son amour pour le jeune Mouloud et ses déconvenues avec la justice, tandis que la troisième partie nous ramène à Paris, où différents témoins reviennent sur l’affaire et prennent tour à tour la parole. Un roman hypnotique et habilement mené, sur l’homosexualité, l’amour mais aussi le vice, qui nous plonge au coeur de la nuit parisienne et sous le soleil ardent de Casablanca. Une découverte surprenante !
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La folie Tristan

Avec « Cirque mort » Gilles Sebhan nous avait offert un livre envoûtant, assez troublant. Une année plus tard, il revient avec une suite. On reprend donc les mêmes personnages, là où on les avait laissés. Traumatisé par les évènements du premier opus, le lieutenant Dapper se retrouve une nouvelle fois à enquêter sur un enlèvement.



Tous les ingrédients qui faisaient l’originalité ont été conservés. Dans ce court roman, l’affaire policière n’est qu’un prétexte pour continuer à étoffer l’univers créé dans le précédent roman. Une ambiance sombre flotte toujours sur tout ce petit monde. Les faits oscillent constamment entre réel, fantastique et folie et on ne sait pas où donner de la tête. Le côté malsain et anxiogène est renforcé par l’implication des enfants qui rendent certaines scènes plutôt dérangeantes. En résumé, le contenu est toujours aussi original et lugubre.



A la sortie du premier épisode, j’avais été un peu déstabilisé par la complexité du texte. En effet, l’écriture exigeante de l’auteur et le contexte flou des évènements brouillaient un peu les pistes. Grâce à « La folie Tristan », on comprend un peu mieux les tenants et les aboutissants. Au fil des pages, les personnages s’étoffent et le mystère s’éclaircit, même s’il reste tout de même des zones de brume qui participent à l’atmosphère angoissante. J’ai d’ailleurs pris plus de plaisir à lire cette suite, plus accessible et plus fluide. Simplement, je conseille aux futurs lecteurs de commencer par le début, afin d’appréhender au mieux l’univers particulier mis en place par le romancier.



Avec le premier volet énigmatique, Gilles Sebhan m’avait intrigué. Avec le second à la narration maîtrisée, il m’a définitivement convaincu… en espérant que cette qualité perdurera dans le prochain. Hâte de découvrir ce qu’il nous réserve et de replonger dans les méandres de la folie !
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Cirque mort

"Tous les enfants sont des hommes. Peu d'adultes le restent." C’est probablement avec cet aphorisme de Tony Duvert, auquel Gilles Sebhan a consacré deux ouvrages sur le destin de cet auteur sulfureux, que l’on peut résumer l’univers étroitement lié de ces deux écrivains dérangeants évoquant les thèmes de l’enfance au travers de la sexualité et d’une certaine forme de violence à la fois trouble et subversive. Comme un écho à cette sentence et à l’occasion de cette première incursion dans le domaine de la littérature noire, Gilles Sebhan reste donc fidèle à la thématique de l’enfance et du rapport avec l’adulte tout en délaissant les notions de sexualité pour nous livrer, avec Cirque Mort, un roman policier déroutant nous entraînant, par le biais d’une angoissante série de disparitions d’enfants, dans l’univers trouble d’une institution psychiatrique pour jeunes patients psychotiques.



Un mystérieux message anonyme conduit le lieutenant Dapper vers le centre hospitalier où sont internés de jeunes mineurs névrosés. Il s’agit de l’unique indice auquel il peut se raccrocher pour retrouver son fils Théo qui a disparu depuis plusieurs semaines tout comme les deux garçons sur lesquels il enquêtait avant d’être dessaisi de l’affaire. Comme un signe annonciateur, préfigurant cette série de disparitions, peut-il y avoir un lien avec le massacre à coup de hache de tous les animaux d’un cirque installé pour Noël ? Parce qu’il ne peut se résigner, Dapper va tenter de trouver des réponses au sein de cette institution singulière en plaçant tous ses espoirs sur le témoignage d’Ilyas, un adolescent en proie à d’étranges visions qui prétend être l’ami de Théo. Névroses ou hallucinations, Dapper n’a pas le choix et va devoir se départir de toutes ses certitudes pour tenter de retrouver son fils tout en se demandant ce qui a bien pu unir Ilyas et Théo issus de deux mondes tellement différents.



Si la littérature noire a souvent eu pour vocation de dénoncer par le biais du crime ou du fait divers des disfonctionnements au sein de la société, Gilles Sebhan interpelle le lecteur sur un registre quelque peu différent avec un récit dérangeant qui ne cesse de susciter le malaise notamment avec ce monde de l’enfance s’éloignant des archétypes de l’innocence, propre à cette thématique. De cette manière, l’enquête policière prend une toute autre tournure que ce à quoi l’on peut s’attendre avec une intrigue portant sur la disparition d’enfants impliquant un père désemparé à la recherce de son fils kidnappé. Car bien au-delà d’une mise en scène emprunte de suspense et de rebondissements bien maitrisés, il faut voir avec Cirque Mort toute la dimension étrange qui se dégage du rapport entre l’adulte et cet univers de l’enfance disloquée où la raison et la folie se désagrègent sur une question de point de vue. Car tout l’enjeu réside au cœur de cette institution psychiatrique sur laquelle règne le docteur Tristan qui, tel un savant fou, façonne la personnalité de ses jeunes patients au gré de ses expérimentations issues de quelques théories obscures où la raison et la folie se déclinent en fonction des règles et des normes établies par la société et que l’on pourrait remettre en cause sur fond de grand chambardement. Dans le confinement de cet établissement, le psychiatre endosse ainsi le rôle d’arbitre, pour apparaître rapidement comme un homme dépassé, en quête de l’idéal absolu qui résiderait dans la personnalité trouble de ses petits protégés. Un constat d’autant plus effrayant que loin d’être vulnérable, un enfant perturbé tel qu’Ilyas se révèle être un patient redoutable et bien plus inquiétant qu’il n’y paraît en étant capable de se soustraire à toutes tentatives de manipulations pour parvenir à ses fins. Ainsi, au travers des investigations d’un homme vulnérable comme le lieutenant Dapper, le lecteur perçoit donc le jeu à la fois subtil et pervers des influences qu’exercent les différents protagonistes qu’il croise sur son chemin.



Dans la torpeur hivernale d’une ville de province anonyme et au détour de ces d’évènements étranges se situant à la lisière du fantastique, Gilles Sebhan distille, au gré d’une écriture à la fois surprenante et saisissante, une atmosphère oppressante pour mettre en exergue les rapports ambigus régissant le monde de l’enfance et l’univers des adultes qui résonnent au cœur de cette intrigue policière atypique faisant ainsi de Cirque Mort un roman singulier et provoquant.



Gilles Sebhan : Cirque Mort. Editions du Rouergue/Noir 2018.



A lire en écoutant : String Quartet n° 1 de Giörgy Ligeti interprété par le Quatuor Hagen. Album : Giörgy Ligeti : String Quartets Nos 1 & 2 Ramifications. 2003 Deutsche Grammophon GmbH Berlin.
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Feu le royaume



Marcus Bauman, le responsable des tueries du Brabant, commet un carnage pour s'évader de prison. Sa soif de vengeance l'obsède. Voulant faire payer celui qui avait rendu possible sa capture, il se lance dans une série de rapts...



Feu le royame est le titre du nouveau roman de Gilles Sehban qui poursuit dans la veine très psychologique de Cirque mort ou son précédent " La folie Tristan publié l’an dernier où l'on retrouvait le même personnage principal de Dapper, un flic en perte de repères tant sur le plan professionnel que sur le plan personnel, qui enquêtait,sur des disparitions d’enfants.



Le docteur Tristan est mort à la fin du précédent au moment ou Drapper découvrait qu'il était son père. L'homme des tueries de Brabat Marcus Bauman s'échappe alors de la prison ou il était détenu pour se venger de celui qui l'avait incarcéré . UN prédateur des plus retors qui pourrait bien mettre à mal tous les efforts de Drapper.



Une enquête tendue et bien glauque, qui ne cesse de sonder les affres de la transmission sous la plume mélancolique , vénéneuse, et ample de ce trop méconnu Gilles Sehban.
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Retour à Duvert

Gilles Sebhan avait déjà consacré à la figure littéraire de Tony Duvert un premier essai, "Tony Duvert, l'enfant silencieux", paru en 2010. Il a éprouvé le besoin d'écrire un second essai biographique intitulé "Retour à Duvert" (2015), car le premier livre se fondait selon lui sur une documentation insuffisante et avait besoin d'être revu et complété. Aussi, "l'enfant silencieux" avait valu à l'auteur beaucoup de courrier et de réactions, qui rendaient nécessaire ce "Retour à Duvert", qui, semble-t-il, ne répète pas le premier ouvrage mais le complète et le parfait.



Pourtant, Tony Duvert n'est pas, dans la littérature française contemporaine, une figure bien connue ni beaucoup lue. Sebhan va jusqu'à le qualifier de "dernier maudit" (p.126), "puisque ce sont ses proches qui se chargent encore d'enfouir une partie de son oeuvre. On n'a plus l'habitude d'autant d'ombre dans les vies de nos contemporains, autant de mystère autour des créateurs. L'art brut s'expose et se vend. On va dans les asiles pour découvrir les travaux des malades et on en fait des livres. Il faut vraiment se cacher très loin en soi-même pour demeurer en-deçà de la biographie. Mais Duvert est un auteur unique, puisque tandis qu'on supprime les preuves de son existence, qu'on scelle ses écrits dans des coffres au lieu de les publier, son mystère brille plus fort." (ibid) Il est en effet étonnant qu'un Rimbaud, qu'un Artaud, soient devenus des étoiles de première grandeur, alors que les textes inédits de Duvert soient jalousement gardés par son éditeur qui refuse de les communiquer.



On pourrait croire que les moeurs de l'auteur entrent pour quelque chose dans cette disparition. Pourtant, Duvert révèle dans les lettres que Sebhan cite de lui, que son comportement personnel est longtemps resté chaste, qu'il n'a été qu'un pédophile en rêve et en écrit, bien plus qu'en actes : il souligne avec amusement qu'en France (celle du gauchisme culturel issu de 68), on peut tout écrire, mais ne rien faire, à l'opposé du Maghreb où il est allé une fois sur les traces de Gide et d'autres, où tout est faisable, mais où l'on ne doit rien dire ni écrire. On pourrait reprendre à son compte ce vers latin que Rousseau utilisait pour lui-même : "lasciva nobis pagina, vita proba", nos écrits sont immoraux, mais notre vie honnête.



Les choses ont changé aujourd'hui, et le gauchisme culturel a dû céder devant la réprobation littéraire et morale qui entoure à juste titre l'expression écrite de la pédophilie. Toutefois, l'enfouissement de Tony Duvert est probablement dû à d'autres raisons que la seule morale, lui qui "imaginait l'amour des enfants, non pas seulement comme une question de moeurs, mais bien au-delà comme une remise en cause de la société et de ses fonctionnements. On en sera au choix étonné, intéressé ou consterné mais la pédophilie constituait dans son esprit une utopie pour demain et un terrain de réflexion. Car ce qui était en jeu pour lui, c'était la redéfinition de l'enfance, sans quoi l'homme n'a pas de sens, c'était la seule chose qui lui importait, de connaître la vérité et le secret de cette chose-là." (p.114)



Ce que Gilles Sebhan écrit à propos de son auteur, vaudrait aussi dans une certaine mesure pour Guillaume Dustan, et sans doute d'autres écrivains marginaux de notre temps : les moeurs pour eux ne sont pas seulement de la sphère privée, mais au contraire, toute déviation, toute perversion, est porteuse d'un projet politique, social, voire sociétal, valable pour tous. Cela donne à la littérature contemporaine un certain accent qui aide à la concevoir. Ces créateurs d'avant-garde ne sont peut-être pas très éloignés, dans le domaine littéraire, des groupes de pression LGBT actuels, qui fondent leur action politique sur leurs particularités anatomiques ou leurs choix de vie.
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Cirque mort

Le roman est court mais on entre de suite dans l’action, sans préliminaires. Cela débute comme une enquête sur une disparition des plus classiques, puis on dérive rapidement sur du fantastique, on passe par du thriller psychologique et aussi du roman noir. Les sentiments de lecture évoluent au fil du livre parce que le récit alterne constamment entre ces différents genres. On ne sait jamais sur quel pied dansé. Seul point commun : La noirceur, qui traverse le récit et que l’on retrouve en permanence. Tel un brouillard sombre, elle recouvre les évènements pour oppresser le lecteur. L’ambiance est anxiogène et à chaque page, on recherche de l’air. En nous secouant entre réel et fiction, entre drame et folie, l’auteur nous entraîne dans les chemins sombres de façon à mieux nous déboussoler.



Les personnages sont très peu détaillés mais marquants. L’écriture de Gilles Sebhan est exigeante. Par conséquent, je ne conseille pas ce livre pour la plage ou les transports en commun. Je pense qu’il faut être concentré et se livrer entièrement à sa lecture pour entrer dans la bulle. Afin d’apprécier cette expérience, il ne faut pas non plus craindre les scènes macabres et les actes morbides. On croise dans ce livre des meurtres et des enlèvements d’enfants, des massacres d’animaux, autant dire qu’il n’est pas recommandé aux âmes sensibles.



Emporté par l’histoire, on veut connaître la fin, même si on ne sait pas trop où l’auteur veut nous mener, tant les pistes se brouillent progressivement. Je me suis laissé déstabiliser de bon cœur par Gilles Sebhan et son enquête malsaine. Comme les personnages, je me suis un peu perdu parfois, mais le plaisir de lecture a toujours été au rendez-vous. Ce « Cirque mort » est un petit OLNI (Objet Littéraire Non Identifié) à découvrir !
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La folie Tristan

Ce qu’il y a de réjouissant avec la littérature noire c’est de se retrouver confronté parfois à des univers à la fois surprenants et dérangeants comme ceux que nous propose Gilles Sebhan, auteur notamment de deux biographies du très contreversé Tony Duvert et du peintre Stéphane Mandelbaum dont l’œuvre provocante réalisée, pour une grande partie, au stylo bille évoque un univers violent de souffrance, de mort et de sexe au détour de portraits et d’autoportraits dissonants et inquiétants. Vivant à la marge de la société, ces deux artistes marginaux ont en commun une mort tragique au terme d’un isolement volontaire pour l’un et d’un crime sordide pour l’autre. Au confin de la folie, Gilles Sebhan s’intéresse donc à cet environnement trouble de l’enfance meurtrie dont on percevait quelques éléments singuliers avec Cirque Mort (Rouergue 2018) mettant en scène le lieutenant Dapper que l’on retrouve dans La Folie Tristan, second opus qui débute là où s’achevait le livre précédent qu’il est d’ailleurs fortement recommandé de lire avant d’entamer ce récit tournant une nouvelle fois autour de ce mystérieux établissement psychiatrique pour enfants d’une petite ville du nord de la France.



Le lieutenant Dapper se remet d’une blessure par balle que lui a infligé le ravisseur de son fils Théo. Après avoir abattu le criminel, l’officier de police est considéré comme un héro qui est parvenu à reconstituer le cadre familial idéal dans lequel il évolue. Mais suite à cet enlèvement, le père s’aperçoit qu’il est incapable de renouer les liens avec son fils qui fait preuve d’un comportement étrange, probablement en lien avec les trois mois de captivité qu’il a subit. Alors qu’il se réfugie dans le travail, le lieutenant Dapper est confronté à un nouvel enlèvement, celui d’une femme qui lui avait fait part de son inquiétude quant au comportement inquiétant d’un homme aux allures martiales, accompagné d’un enfant présentant des déficiences mentales. Un indice qui conduit le policier une nouvelle fois du côté de l’établissement psychiatrique du docteur Tristan pour tenter d’obtenir des réponses auprès du praticien et de ses jeunes internés comme Ilyas, cet enfant troublant qui l’a aidé à retrouver son fils. Des réponses qui vont rejaillir sur son propre passé et le conduire à découvrir les mystères qui entourent son enfance. Dérives et folies vont à nouveau s’abattre sur cette petite ville qui cultive les secrets enfouis des origines.



On ne s’attendait pas vraiment à une suite au terme de Cirque Mort, premier roman policier de Gilles Sebhan qui s’articulait autour de la disparition de Théo et du massacre d’animaux d’un cirque itinérant. Alors que l’on considère souvent le roman policier comme une epèce de remise à l’ordre de la société au terme d’un crime résolu, il est intéressant de constater que tel n’est pas le cas avec un auteur qui nous invite à retrouver cet univers singulier où les retrouvailles d’un père et d’un fils n’ont rien du happy end que l’on s’imaginait au terme du premier opus. Avec La Folie Tristan, Gilles Sebhan s’emploie donc à décortiquer les rapports qui unissent les différents personnages d’un récit qui tourne autour d’une nouvelle affaire d’enlèvement qui n’a rien d’exceptionnel. On regrette même cette intrigue policière plutôt simpliste où apparaît Marlène, une quarantenaire séduisante, au prise avec deux terrifiants ravisseurs. Mais avec Gilles Sebhan, l’essentiel est ailleurs puisque le schéma narratif de cette intrigue policière n’est qu’un prétexte pour mettre en exergue les liens entre les divers protagonistes du récit en se focalisant plus particulièrement sur le lieutenant Dapper et le docteur Tristan qui règne toujours, tel un desposte, sur son petit royaume des insensés comme il se plaît à surnommer ces étranges pensionnaires de l’hôpital psychiatrique qu’il dirige. On retrouve donc avec une certaine délectation cette atmosphère dérangeante qui plane au-dessus de l’ensemble d’un roman qui nous apporte tout un lot de révélations dont on mesurera probablement toutes les conséquences dans un troisième ouvrage, Feu Le Royaume, qui vient de paraître.



Enfance meurtrie tournant autour de la transmission et de la filiation au travers de l’héritage qu’il soit matériel, génétique et psychique, Gilles Sebhan met en avant toute la souffrance et la violence des secrets enfouis qui ne sont pas sans rappeler les parcours de l’écrivain Duvert ou du peintre Mandelbaum dont les allusions affleurent au fil des pages comme ce personnage qui trouve la mort dans des circonstances similaires à celle du dessinateur maudit. Il résulte finalement de La Folie Tristan une confrontation grinçante entre l’univers psychiatrique et le monde policier incarnés par le docteur Tristan pour l’un et le lieutenant Dapper pour l’autre. Et c’est au gré de ces téléscopages entre ces deux entités que l’on peut mesurer la fragilité des certitudes des uns et des autres alors que les enfants endossent paradoxalement un savoir et une sagesse mystérieuse qui dépassent le monde des adultes tentant vainement de décortiquer cette logique enfantine, telle une équation insoluble. C’est particulièrement le cas avec Ilyas, jeune garçon mutique, qui semble doté d’une perpection exacerbée lui permettant de déceler les secrets les plus intimes des individus qu’il croise sur son chemin. Ainsi l’enquête policière prend-t-elle parfois des allures de récit fantastique permettant quelques facilités au niveau de la résolution de l’affaire.



Second opus de ce qui apparaît comme une trilogie qu’il convient de lire dans l’ordre de parution, La Folie Tristan poursuit donc l’exploration de cette enfance dévoyée rejaillissant tragiquement sur la psyché d’adultes qui ne cessent d’expier les fautes de leurs ascendants. Une somme de douleurs et de souffrances, baignant dans un climat dérangeant qui nous interpelle.





Gilles Sebhan : La Folie Tristan. Editions du Rouergue/Noir 2019.



A lire en écoutant : Tristan de William Sheller. Album : Avatar. 2017 Mercury Music Group.
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Feu le royaume

Après le complexe « Cirque noir », à l’univers envoûtant et le plus structuré « La folie Tristan » qui dispersait le brouillard, le troisième épisode s’appuie sur ces deux prédécesseurs pour passer à la vitesse supérieure.



Les thèmes abordés sont toujours les mêmes. On retrouve les différents personnages rencontrés auparavant. Rien ne semble avoir bougé. Mais l’arrivée d’un tueur sanguinaire dans leur quotidien précipite tout ce petit monde dans une urgence incontrôlable. Ils sont tous poussés dans leurs derniers retranchements. Mis sous tension, ils se libèrent de leurs chaines et dévoilent alors leur véritable nature.



Pour ce dernier opus, le mélange de polar, roman psychologique et roman fantastique est encore présent mais forte de notre expérience des autres volumes, la lecture est beaucoup plus fluide. En terrain connu, on peut profiter au maximum de cette aventure aux multiples facettes.



Par les différentes quêtes d’identité des acteurs, le roman interroge toujours sur l’héritage génétique, la filiation et le rapport enfant/adulte. En parallèle, il continue de fouiller le lien parfois tenu entre la démence et la magie. Autant vous dire qu’il a gardé toute sa singularité !



Les pistes entamées dans les histoires précédentes entrent en synergie dans cette partie finale. Alors que la tension était jusque-là plutôt ambiante, le rythme s’accélère dans ce volume et l’action devient plus présente. On assiste à des scènes violentes et sanguinolentes qui font monter le suspense et qui rendent cet épisode particulièrement stressant.



« Feu le royaume » est beaucoup plus facile d’accès mais demande la lecture des deux premiers tomes pour prendre toute son ampleur. Vous pourrez ainsi appréhender au mieux les protagonistes et surtout l’univers créé par la plume magnifique de Gilles Sebhan. Je vous recommande donc chaudement cette trilogie, d’une grande densité émotionnelle, qui saura vous surprendre et vous angoisser !
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Cirque mort

Dapper est un lieutenant de police affligé par la disparition de son enfant. Un jeudi, Théo neuf ans, n’est pas rentré de l’école. Dans cette ville du nord aux hivers mornes et froids, les choses avaient commencé à se dérégler un an auparavant. Un matin, les enfants qui se rendaient à l’école avaient découvert sur leur chemin les animaux du cirque qui faisait alors halte dans la cité, dépecés sur la neige qui recouvrait la place. Théo avait un peu changé depuis… puis il s’était volatilisé. D’autres enfants aussi. Une lettre anonyme laisse croire à Dapper que son fils est vivant. Elle oriente le policier vers le docteur Tristan, directeur d’un hôpital psychiatrique accueillant enfants et adolescents. Là, outre cet étrange médecin, le policier rencontre Ilyas, un adolescent qui dit être l’ami de Théo et qui, surtout, dit être encore en contact avec lui par le biais de visions. Dapper, qui a la sensation d’avoir tout perdu, qui voit l’enquête menée par ses collègues s’enliser depuis des mois, se laissera-t-il tenter par la croyance dans les pouvoirs de cet étrange garçon ?

C’est un livre étrange que Cirque mort, qui se place aux limites du roman noir et du fantastique. Cela tient bien entendu à l’histoire mais aussi – et même surtout – à l’ambiance qu’arrive à installer Gilles Sebhan. Il y a cette ville anonyme qui semble constamment écraser sous une grisaille de plomb qui n’est certainement que l’écho des sentiments de Dapper, il y a les murs de l’institution que dirige Tristan et, surtout, il y a les enfants. Ce avec quoi joue Sebhan, c’est cette étrange période qu’est l’enfance, la manière dont, adultes, on en garde un souvenir et on en a une vision tronquée, déformée et ce moment où l’on cesse de vraiment comprendre ce qui peut passer par la tête d’un enfant. C’est ce fossé entre le monde des adultes et celui des enfants, que Sebhan transforme en quelque sorte en abyme. Dès lors, l’enfance revêt un aspect mystérieux et même ici, inquiétant. Des forces sont à l’œuvre qui échappent autant à un Dapper qui a toutes les raisons d’oublier qu’il a été un enfant qu’au lecteur, et cette aura pesante rend Cirque mort particulièrement oppressant.

Un peu comme Écorces, de Xavier Gloubokii, le roman de Gilles Sebhan est un de ces livres qui mettent mal à l’aise, qui semblent chercher l’inconfort du lecteur et qui, derrière une intrigue qui paraît en fin de compte relativement banale, cachent un monde bien plus ample et, surtout, de multiples niveaux de lecture – l’enfance, donc, et ses mystère, les dérives de la psychiatrie, la folie vue comme l’ultime moyen d’accès à la compréhension du monde – qui viennent se nicher dans une multitudes de détails. Une véritable curiosité.


Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Noir diadème

J’avais découvert par hasard le début de la série de Gilles Sebhan. Après un premier volume très singulier, l’univers s’est mis en place et il nous a offert une trilogie sombre et envoûtante. Je pensais que celle-ci était terminée. Pour mon plus grand bonheur, il n’en était rien et le lieutenant Dapper est de retour !



Il est lancé sur une nouvelle affaire qui a un lien étroit avec sa précédente. On reprend exactement où l’ancienne enquête s’était arrêtée. Les engrenages sont donc très vite remis en route. L’intrigue est assez bien ficelée mais ce n’est pas dans celle-ci que réside l’intérêt de cette aventure. Elle n’est qu’un prétexte pour continuer de suivre tous les protagonistes qui sont apparus au fil des épisodes. Ce sont eux qui font la particularité et la force de ces romans. Autour de l’inspecteur, désabusé et taciturne, ils apportent une part de folie et de fantastique à petites doses. Leurs apparitions récurrentes distillent du mystérieux dans l’histoire et rendent la lecture ensorcelante.



Gilles Sebhan continue de creuser les relations parent/enfant et la filiation génétique avec son héros torturé. Dans la même veine que le précédent, ce quatrième opus est un polar assez classique qui prend sa véritable dimension dans l’atmosphère créée autour du héros. C’est pourquoi, même si l’auteur essaye de nous rappeler les évènements du passé, je pense qu’il est important de lire les livres précédents pour vraiment profiter vraiment de l’ambiance générale.



Toujours aussi bien écrite, cette série nommée « Le royaume des insensés » est une combinaison merveilleuse de romans noirs, qui savent me transporter dans leur sombre monde, me déstabiliser et marquer mes esprits. Autant vous dire que le prochain volet (le dernier selon mes sources !) est d’ores et déjà dans ma wish-list et que je l’attends de pied ferme !
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Cirque mort

Cirque mort est un roman policier très court, très rythmé et assez décalé.



L’auteur nous entraîne aux confins de la folie, aux confins du fantastique.



Je ne peux pas mettre 5 étoiles car l’épilogue m’a décontenancée et je ne l’ai pas compris. Faut il un autre tome qui expliquerait tout ?



En tout cas, j’en suis curieuse
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Tigre obscur

Plusieurs années se sont écoulées. On retrouve le lieutenant Dapper et tous les individus qui gravitent autour de lui. On débute ce cinquième opus alors que tout a explosé dans sa vie. Tous ses repères sont partis en fumée et il doit se battre pour surnager.



A travers les chapitres, on suit un à un les différents personnages et on entre dans leurs esprits torturés. Ils ont tous des dilemmes et doivent affronter leurs propres épreuves. Gilles Sebhan en profite pour creuser une nouvelle fois le thème qui lui est cher : la sphère familiale dans laquelle chacun essaye trouver sa place.



Cet épisode est le plus accessible de la série. Il est construit pour se suffire à lui-même, mais je pense qu'il est important de s'intéresser aux précédents afin de profiter pleinement de l'ensemble de l'histoire. Faute de quoi, il vous manquera un certain nombre de précisions concernant les protagonistes. Chaque volume apporte une nouvelle dimension et étoffe la psychologie de tout ce petit monde. Si vous maitrisez ces subtilités, vous comprendrez à la perfection les tenants et les aboutissants de cette aventure finale.



L'auteur écrit toujours aussi bien. Avec sa plume à la fois ciselée et envoutante, il nous entraîne, en très peu de pages, dans son engrenage ténébreux. Cette lecture est une nouvelle descente dans les méandres de l'âme humaine. L'atmosphère oppressante est encore au rendez-vous et on sent le tigre prêt à passer à l'action.



Gilles Sebhan termine son cycle du « Royaume des Insensés » avec brio. Si vous cherchez une oeuvre sombre et atypique, vous êtes au bon endroit. Au fil des aventures, vous serez constamment baladé entre polar, roman noir, fantastique, folie et psychologie. de cette plongée lugubre, vous ne sortirez pas indemne et c'est pour cette raison que je vous recommande fortement cet auteur !
Lien : https://youtu.be/gUtyL2D3WOU
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La semaine des martyrs

Un écrivain arrive au Caire afin de travailler avec Denis son ami photographe, visites de pyramides, photos...pauvreté et hospitalité de la population, quartiers délabrés.

Ils se déplacent dans un taxi conduit par Mohamed, beau comme tout, dont l'écrivain, on comprend qu'il s'agit de Gilles Sebhan, tombe amoureux.

Surviennent les émeutes de janvier 2011, émeutes tristement célèbres, puisque la police et l'armée ont tiré sur la foule des manifestants massés sur la place Tarhir, venus demander la démission de Moubarak. C'était le printemps arabe, en Tunise, Ben Ali était tombé quelques jours plus tôt.

Je pensais sincèrement, compte tenu de l'importance du thème, lire un rappel historique de ces événements, mieux connaitre le contexte politique, mais ce n'est pas le parti retenu par l'auteur. Celui-ci préfère être un témoin, dans la première partie du livre, de la détresse du peuple égyptien, de la crasse, des détritus, constater les exactions de la police, aidée par des milices armées par le régime : "Le Caire était un peu dans l'esprit des gens comme cette montagne millénaire de détritus, en plein milieu de la ville, transformée en parc royal: un mensonge. Et quelque chose persistait du désir de cacher la misère de dérober la vérité aux regards, quelque chose d'un peu soviétique après l'heure, surveiller par exemple les étrangers soupçonnés d'espionnage lorsqu'ils quittaient les pyramides et le musée des Antiquités pour visiter les quartiers délabrés de la ville."

Le portrait de cette société, du peuple de la rue, le pourquoi, la cause de ces émeutes.

Il connaît cette ville, il aime les photos faites par son ami Denis, et ce n'est pas la première fois qu'ils la parcourent ensemble.

Il a incontestablement fait un travail minutieux d'enquête, dérangeant à deux titres. Dérangeant tout d'abord par le rappel de la violence des crimes commis par le régime ce 28 janvier 2011, il y a un peu plus de cinq ans, et dérangeant aussi, car ce rappel est émaillé de désirs sexuels de l'auteur pour ces jeunes hommes qu'il croise, pour ce chauffeur de taxi Mohamed qu'il caresse, qu'il a aimé et dont il n'a plus de nouvelle depuis ce 28 janvier et même pour ce flic qui le suit et le surveille de loin. Quelle est la part de roman, la part de réalité ? Qu'importe !

A l'occasion d'un entretien avec l'auteur Pierre Ahnne extrait du blog de ce dernier, Gilles Sebhan déclare : "En octobre dernier je me suis rendu au Caire et j’ai rencontré, avec mon ami le photographe Denis Dailleux, des familles de « martyrs », chez eux. Je n’avais pas du tout l’idée d’en faire un livre mais la confrontation a été tellement forte et étonnante que j’ai éprouvé le besoin d’en faire le récit et d’évoquer la date clé du 28 janvier, jour où la police a reçu l’ordre de tirer sur les manifestants à balles réelles.". C'est le thème de la seconde partie du livre dans laquelle il rencontre quelques familles des victimes, apprend les conditions de leur mort, de la restitution des corps...et décrit le travail du photographe, un vieux de la vieille qui utilise encore un vieux Mamiya et des pellicules, un photographe qui pense et compose sa photo, choisit ses arrières plans, ses lumières..Pas du tout le "mitrailleur" mais le photographe appliqué qui éditera "Egypte, les martyrs de la révolution"

"La semaine des martyrs" est un livre pour nous faire vivre la genèse d'un autre livre, celui de son ami

Plusieurs rencontres, mais toujours la même détresse, la même incompréhension, la même pauvreté, les mêmes faubourgs délabrés, cette recherche incessante de Mohamed chauffeur de taxi disparu, et le même feu qui couve sous la cendre, malgré les aides reçues par les familles pour indemniser la mort de leurs enfants . Cette révolution n'a rien réglé, le mal reste le même : " des ennemis officiels qui devaient s'entendre en secret, les militaires et les Frères musulmans, les salafistes et certaines factions démocrates. [...] Et nos martyrs devenaient un peu sans cause. Du moins cette cause ne suffisait pas à annoncer un monde meilleur. Ces martyrs un peu accidentels, puisque la plupart n'avaient pas milité, seraient peut-être aussi des martyrs pour rien."

Inquiétant : tout reste donc à refaire. En recherchant un mieux-être les cairotes ont peut-être fait naître le pire et permis aux islamistes d'avancer cachés.

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Merci à Babelio pour cette découverte, de deux auteurs, de deux titres.


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Cirque mort

Ce polar tourne vite au thriller psychologique, sur fond de folie et d'enfance. Dapper, flic et père, deux rôles indissociables mais opposés, est lui-même proche de se laisser engloutir par la folie. Gilles Sebhan signe un roman oppressant, servi par une écriture sèche qui accroît le malaise. Des personnages forts, ambigus, mystérieux, violents. Et l'incertitude sur le sort de Théo est permanente.
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Tigre obscur

Sans pouvoir vous en donner une explication qui ferait sens, j’aime beaucoup les cover de cette collection. Et j’apprécie particulièrement que l’éditeur veille à ne pas changer de ligne, de taille, de format… à chaque parution. Ici, une belle photo, avec un clair-obscur très réussi, d’un homme pris de profil, attire l’œil.



Précisons aussi qu’il s’agit d’un court roman. Alors que les livres ces derniers temps font rarement moins de 300 pages – une longueur que l’histoire et les rebondissements ne justifient pas toujours -, on est ici en présence d’un livre qui compte « seulement » 188 pages.



Sur l’histoire elle-même, elle est dérangeante et ce à plusieurs titres. Je ne sais pas si ce n’est que moi, mais je dois reconnaître que les patients psychiatriques ont souvent tendance à me mettre mal à l’aise. Faut-il y a voir des traces d’un après-midi passé face à une pauvre femme qui, considérée comme « simple », avait été placée dans diverses institutions toute sa vie, et dont le regard fixe et éteint est resté sur moi ?



Toujours est-il que, face à un Ilyas, un Hans, un Kader, un Nadir, un Mircea, je sais que je ne sais pas comment réagir. Et ce livre me place face à cela, alors que j’aimerais pouvoir être capable de plus d’ouverture d’esprit…



Mais ce livre est également glauque, avec ces meurtres commis pour venger le harcèlement de plusieurs garçons sur un de leur camarade, choisi comme souffre-douleur parce que trop faible pour se défendre, humilié, rabaissé, violé… Une histoire horrible comme on aimerait pouvoir penser qu’elle n’est pas possible dans un groupe humain, mais qui, malheureusement, se répète de génération en génération. Comment des ados peuvent-ils tomber si bas ?



La structure même du livre est assez déroutante. On a l’impression de prendre l’histoire en cours, et de la quitter alors qu’elle n’est pas réellement arrivée à son terme. Mais en même temps, nous avons tous les éléments, donc on ne reste pas non plus sur sa faim.



Et puis… dans toute cette fange, du plus profond de toute cette violence, émergeant du parcours contrefait de tous ces personnages – dont aucun ne semble en capacité de vivre « normalement » -, il y a une sorte de magie. Je ne saurais pas, là non plus, expliquer d’où me vient cette image, mais, notamment lors des passages qui se déroulent dans la forêt, j’ai eu la sensation d’observer, dans une version sombre, Le Grand Meaulnes. Magie, mélancolie, mystère, mais comme en négatif.



Enfin, ce livre parle de la fuite, du recul, du refus d’affronter. Anna est partie. Dapper refuse de lire jusqu’au bout les documents du Docteur Tristan sur l’évaluation effectuée lorsque Théo a été retrouvé. Théo a préféré s’éloigner. Le journaliste part, disparaît, et fait le choix de ne pas raconter, une fois qu’il a compris quelle histoire se cache derrière le suicide qui l’a fait revenir. Hélène, au bord de l’effondrement, ne veux pas affronter la réalité en face, et adopte une attitude de déni. Chacun semble parer au plus pressé, sans réaliser que ce n’est que reculer pour mieux sauter.



Une histoire intrigante, portée et servie par des personnages mystérieux, dont chacun semble être au bord du gouffre, à la limite de la rupture, au seuil de l’effondrement. Cela ne déborde, évidemment, pas de joie de vivre. C’est sombre, presque désespéré… Oserez-vous venir faire face au tigre qui est – aussi – en vous ?
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Tony Duvert, l'enfant silencieux

A travers un texte court, précis et exhaustif, l'auteur sait rendre la personnalité de Tony Duvert et ses traumatismes originels lisibles. C'est toujours fascinant de ressentir la souffrance suraigüe qui peut guider la vie de certains êtres (Montgomery Clift et Tony Duvert par exemple). Je ne sais plus qui a dit qu'"Un occidental déprimé (lui) ferait penser à un héros dostoïevskien qui aurait un compte en banque", sauf qu'au cas présent il n'y avait pas, dans la vie de l'auteur Tony Duvert, de moyens d'existence...
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