Giuliano da Empoli

Tout simplement brillant. Une plongée vertigineuse et très réaliste dans les arcanes du pouvoir russe. Une grande réflexion sur le pouvoir en général : il y a plus à apprendre ici, dans ce roman, que dans bien des essais politiques. L'ensemble se dévore de plus sans difficulté malgré un sujet qui semble fermé et inaccessible.

Il est aussi à noter l'incroyable vision de l'auteur qui semblait déjà avoir deviné beaucoup de choses qui advienne aujourd'hui alors que le livre était déjà écrit.

Outre de retracer le parcours politique hors-normes de Matteo Renzi et de nous introduire aux raffinements de la politique italienne, ce livre nous montre qu'un style de communication politique dit populiste ne signifie pas forcément la volonté de tromper les électeurs. Dans le cas de Matteo Renzi, ce style - iconoclaste, franc, direct, au langage populaire, mais surtout pragmatique et axé sur l'action - lui ont servi au contraire a se donner les moyens de mettre en oeuvre une politique de sincérité, de transparence, d'ouverture sociale et de justice.





Le populisme de Matteo Renzi - au contraire de celui des politiciens dits national populistes - ne se nourrit pas d'exagérations et de mensonges pour fabriquer de la peur et de la détestation - en relation avec les étrangers ou les minorités sexuelles, ethniques, religieuses ou autres désignées comme bouc émissaire - mais de la confiance inspirée par une volonté réelle d'améliorer rapidement le quotidien des gens ordinaires. Je comparerais le rapport entre le populisme positif d'un Matteo Renzi et celui des politiciens manipulateurs a celui entre le sourire d'un ami et un sourire commercial.





Matteo Renzi n'aura malheureusement été Premier Ministre (le véritable chef du gouvernement en Italie) que pendant deux ans car les partis politiques, les syndicats et meme l`Église se sont ligués contre celui en qui ils voyaient un danger pour leurs emprise sur les foules. Aujourd'hui, a quelques semaines des élections législatives italiennes du 25 septembre 2022, le populisme négatif de l'extreme-droite donne celui-ci gagnant et seul le populisme positif de Matteo Renzi pourrait faire démentir ce funeste pronostic...

C’est une entrée fracassante et réussie en littérature que réalise Giuliano da Empoli avec « Le Mage du Kremlin ».



Pour son premier roman, l’auteur revient avec brio sur l’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine et décortique - dans un texte à l’écriture hypnotique - la politique du Tsar de toutes les Russies.



-

« Ici notre objectif n’est pas la conquête, c’est la chaos. Tout le monde doit voir que la révolution orange a précipité l’Ukraine dans l’anarchie. Quand on commet l’erreur de se confier aux Occidentaux, cela finit ainsi : ceux-ci te laissent tomber à la première difficulté et tu restes tout seul face à un pays détruit. »

-



C’est à travers le récit fascinant de Vadim Baranov - personnage inspiré de Vladislav Sourkov, conseiller occulte et éminence grise de Vladimir Poutine jusqu’en 2020 - que l’écrivain nous offre une plongée étourdissante dans les arcanes du Kremlin et retrace trente ans d’histoire politique russe dont les secrets se dévoilent page après page.



Porté par une plume toute à la fois cinématographique et journalistique, ce livre remarquable qui entremêle fiction et réel vous prend dans ses filets pour ne plus vous lâcher !



Ce roman est de ceux qui vous feront - à coup sûr - aimer la géopolitique. Une réussite totale !

Je connais parfaitement le sujet et j'ai été donc époustouflée par la clarté et la précision avec laquelle il raconte les différentes étapes de la "carrière" de Poutine. Il restitue aussi magnifiquement l'état d'esprit qui prévalait durant les années 1990. Le roman, souvent très drôle, est servi par une plume magnifique.

Ce livre met parfaitement en lumière les mécanismes de pouvoir du régime russe actuel et des conditions de son arrivée au pouvoir. Pour autant que de besoin, le livre démontre qu'on s'est tout à fait mépris (ou on n'a pas voulu le voir) à l 'époque sur la personnalité des dirigeants russes qui succédaient au régime Eltsine et la politique qu'ils entendaient mener. La lecture du livre est passionnante. Ce livre est essentiel pour comprendre ce qui se passe en Ukraine et en Russie à l'heure actuelle.

Ce livre nous transporte avec beaucoup de lucidité dans l'actualité géopolitique du moment.

Le Mage du Kremlin est très précis et criant de vérité.

Réflexion puissante du pouvoir .

A lire et à relire.

Il lui faut une place de choix dans la bibliothèque .

Qu’apprend-on de plus que ce qu’on a déjà lu dans la presse concernant la personnalité de Poutine ? Rien ! Quelques survols de l’histoire russe et de ses féroces dirigeants, un peu de pseudo analyse politique, un ou deux bons sentiments saupoudrés par-dessus … et le tour est joué. Brouillon, écrit correctement sans plus, vraiment ça ne vaut pas tout le tapage médiatique qu’on en a fait.

"Baranov avançait dans la vie entouré d'énigmes. La seule chose plus ou moins certaine était son influence sur le Tsar. Durant les quinze années qu' il avait passées à son service, il avait contribué de façon décisive à l'édification de son pouvoir. On l'appelait "le mage du Kremlin", "le nouveau Raspoutine".



Le narrateur, un étudiant français de passage à Moscou, obsédé par l'écrivain Zamiatine (auteur de la dystopie Nous, qui aurait influencé 1984 de George Orwell) accepte l'invitation d'un inconnu à la suite d'un échange de tweet à propos sur l'auteur. Cet inconnu n'est autre que Vadim Baranov, qui semblait s'être volatilisé après avoir démissionné de son poste de conseiller politique. Ce dernier va lui raconter sa vie et son ascension fulgurante de metteur en scène à conseiller personnel de Vladimir Poutine.

"...j' avais choisi d' accompagner Poutine sur ce chemin. Je ne l'avais pas fait par conviction, ni par intérêt. Je l'avais fait par curiosité. Pour me mettre à l'épreuve. Parce qu'au fond je n' avais rien de mieux à faire"



Quand la fiction rattrape la réalité, car ce personnage n'est-il pas Vladislav Sourkov ? Giuliano da Empoli n'est pas seulement essayiste - ce roman est son premier - mais surtout conseiller politique, et il porte un regard acéré sur la mentalité russe et les enjeux de pouvoir à l'ère Poutine.



N'étant pas férue de politique, j'ai apprécié la découverte de ce pan de l'histoire de notre siècle que je connaissais mal grâce à cette forme de roman. L'auteur distille cette histoire russe à travers des anecdotes dans un style fluide et mordant (le rire de Clinton qui a humilié tout un peuple, la confrontation de la chancelière Merkel avec Koni le labrador du Tsar, le recrutement des Loups de la Nuit...). A travers cette immersion au cœur du Kremlin dans l'intimité de Vladimir Poutine, l'auteur pose des questions et nous amène à réfléchir sur le pouvoir jusqu'à une conclusion glaçante, où l'être humain sera évincé de l'échiquier au profit de la machine qui aura rendu possible le pouvoir dans sa forme absolue.



Je termine ma chronique sur cette phrase : "Toutes les technologies qui ont fait irruption dans nos vies ces dernières années ont une origine militaire."
Lien : https://lavaliseauxlivres.wi..

Une curiosité

Je suis tombée sur cet ouvrage par hasard et je l’ai pris par curiosité. J’ai été happée par la plume et les coulisses du Kremlin. On apprivoise mieux la stratégie de communication de VP et l’absolutisme de ce régime dictatorial qui se veut democratique

De ce qu'il se dit, l'auteur a failli recevoir le Goncourt pour le Mage du Kremlin. Néophyte, j'aurais bien du mal à dire si la forme comme le fond le méritaient, ou non.



Toujours est-il que ce livre est un réel apport à la compréhension de la géopolitique d'aujourd'hui, bien qu'il raconte la vie d'un personnage fictif. Je suis d'accord avec le commentaire que j'ai vu sur la quatrième de couverture : il s'agit bel et bien d'un roman russe, qui tente autant que possible de nous placer dans la conception russe de l'histoire, des relations internationales, et plus largement, de la civilisation slave et de sa nécessaire confrontation avec ce qu'est devenu l'Occident. Sans être un spécialiste de la Russie, j'ai tout de même lu quelques revues et ouvrages de géopolitique récente, et j'ai tendance à croire que le contenu est globalement fidèle à une certaine mentalité russe. Bien sûr, la critique qui vient rapidement, quand on a dit ça, est : tombons-nous dans la caricature ?



En effet, le roman est assez court, et couvre pourtant la période s'étalant de 1999 à 2013. Alors forcément, il ne fait pas toujours dans la finesse, passant d'un événement ou d'un moment géopolitique à un autre, sans guère de transition. Aussi, la construction du personnage principal, Vadim Baranov, en souffre un peu, car s'il est largement acteur de ces moments, rares sont ceux où l'on va dans l'introspection, qui nous permettrait de mieux comprendre la réelle opinion qu'il a, les véritables croyances qu'il porte (excepté au début et à la fin du roman, début car le personnage raconte son enfance et donc sa construction, et la fin car il fait le bilan sur sa carrière et son rôle au sein de l'appareil russe). Pour résumer, s'il est absolument passionnant d'être le témoin des coulisses des grandes décisions et actions russes de la période, on aurait aimé quelque chose qui ressemble un peu moins à un escalier, un moment en succédant à un autre sans fioritures.



Le roman demeure toutefois passionnant, surtout dans l'aspect fortement philosophique qu'il porte. A travers Vadim, l'auteur aborde des sujets extrêmement actuels, que je vais lister rapidement :



- le chaos pour le chaos : parfois, la politique, c'est simplement de troubler le jeu de l'adversaire, sans objectif précis, afin de l'affaiblir, de voir ce qu'il adviendra et de saisir les opportunités ;



- le pouvoir comme dieu suprême : le roman porte une véritable réflexion sur la notion de pouvoir. L'auteur montre que les débats actuels sur la démocratie, l'autoritarisme etc sont insuffisants pour comprendre ce que toutes ces idées et les hommes qui les portent cherchent en réalité : le pouvoir, présenté ici comme un ogre insatiable et presque divin, incarné par des hommes qui n'en sont plus vraiment, pris dans cette course effrénée.



- l'affrontement de deux mondes : l'auteur tente, assez joliment, de nous montrer à quel point l'aspect de lutte des civilisations a pris le pas en Russie dans ses relations avec l'Occident. le vocabulaire et les métaphores utilisés pour qualifier la déchéance de ce dernier sont fleuris, mais nécessaires pour comprendre qu'en effet, les paradigmes géopolitiques utilisés sont différents d'un monde à l'autre...



- La culture, golem d'argile à la main des puissants : le roman n'est certes pas didactique. Pourtant, le personnage principal évolue tout au long au livre. Artiste sans le sou, il devient un Machiavel impitoyable qui finit par comprendre que la culture et l'art n'ont rien de divin, et qu'au contraire ils servent les bas intérêts des seuls dieux réels, les hommes. Ainsi, cette vision impitoyable amène à plusieurs reprises à considérer l'art comme un moyen, d'influence et de normalisation, à la main des puissants. A noter aussi la belle métaphore sur "l'art vivant" tel que le pratiqueraient les totalitaires... A découvrir dans le livre.



En résumer, si le livre est je pense trop rapide, trop lisse et trop simple dans sa forme générale (je l'ai dit : un moment où une rencontre se succède à d'autres, etc), il est très efficace et porte des réflexions géopolitiques et philosophiques très actuelles, et que chacun ferait bien de s'approprier.

Je ne comprend pas le succès de ce livre, mais je respecte les nombreux avis positifs, c'est peut-être moi qui n'ai rien compris.

Selon moi, si l'on suit régulièrement la presse, il n'y a pas de scoop dans "le mage du Krémelin" je n'y voit que des anecdotes de presse people

On y retrouve les mêmes psychoses des autres portraits de dictateur, écrit avant.

Cela pourrait être sous-titré “La bienpensance pour les nulsˮ. Quelle déception après le “Mage du Kremlinˮ.

Il n'y a pas de limites à la capacité créatrice d'un pouvoir disposé à agir avec la détermination nécessaire, pourvu qu'il respecte les règles fondamentales de chaque construction narrative. La limite n'est pas constituée par le respect de la vérité, mais par le respect de la fiction. Le moteur primordial dont il faut tenir compte reste la colère. Vous, les Occidentaux bien-pensants, croyez qu'elle peut être absorbée. Que la croissance économique, le progrès de la technologie et, que sais-je, les livraisons à domicile et le tourisme de masse feront disparaitre la rage du peuple, la sourde et sacro-sainte colère du peuple qui plonge ses racines dans l'origine même de l'humanité. Ce n'est pas vrai : il y aura toujours des déçus, des frustrés, des perdants, à chaque époque et sous n'importe quel régime. Staline avait compris que la rage est une donnée structurelle.

Un éclairage intéressant sur la politique et la mentalité russe. Bien qu’écrit avant le conflit Ukrainien, ce roman est totalement en adéquation avec l’actualité. L’analyse fait un peu froid dans le dos. La stratégie du chaos décrite dans le livre explique beaucoup de choses. Je souhaitais confronter les informations simplistes présentes dans les médias à une analyse plus poussée et moins manichéenne. C’est chose faite grâce à ce livre qui m’a donné envie de me renseigner sur le sujet. Mon seul regret concernant ce livre tient à la forme, je pensais lire un roman. Il s’agit en fait d’un long monologue avec un rythme trop peu soutenu à mon goût.

Une histoire sur le pouvoir, celui de Poutine, mais surtout celui de n'importe quel dictateur présent et à venir, avec une vision pessimiste de cet avenir de plus en plus envahi par la technologie.



Mais aussi avec une touche d'espoir au regard de la pureté des enfants, qui auront sûrement, on le souhaite, leur mot à dire sur ce qu'ils en feront de cet avenir ...

Un livre bien mené qui se lit très rapidement. le grand intérêt selon moi n'est pas tant l'intrigue qui dévoile la montée en puissance de Vladimir P. à travers les yeux d'un de ses conseillers, mais plutôt l'image de cette Russie qui se reconstruit après la chute de l'union soviétique. L'auteur arrive notamment à faire passer ce sentiment de frénésie qui existait au cours des années 1990, alors que le capitalisme effréné se développe dans le pays. On arrive également à saisir la mentalité russe à travers cet ouvrage et notamment le rapport que le peuple entretient avec la notion de Nation, saisissant l'intérêt supérieur de celle-ci.



On ne sait pas toujours où s'arrête le roman et où commence l'essai géopolitique. Cette frontière relativement floue peut parfois gêner, il faut donc partir du principe que c'est une fiction complète. On peut également regretter ponctuellement un manque de développement dans les intrigues. On aimerait que l'auteur aille plus en profondeur, fasse durer un peu plus longtemps certains passages qui mériteraient d'être étayés. On sent que l'écriture a été très rapide, c'est parfois agréable dans le style et tantôt superficiel dans le fond.



Dans l'ensemble, un bon roman accessible à tous qui permet de saisir quelques paradigmes culturelles de la société russe et de faire des ponts avec le contexte historique actuel.

Cela faisait longtemps que je n’étais pas tombé sur un livre aussi captivant. En effet, Giuliano da Empoli nous emmène, lecteurs, dans le monde du pouvoir russe. Les coulisses de l’émergence de l’autocrate, animé par le rêve d’une Russie impériale, est judicieusement mis en lumière et l’on comprend parfaitement les origines de la guerre qui ruine le sol européen aujourd’hui . A lire !

Écriture classique et agréable pour un "roman" terrifiant ! Un éclairage salutaire sur la Russie de Poutine.

"Au milieu de tous les changements, nous ne sommes pas entraînés à distinguer les choses qui restent les mêmes. Et c’est un grand problème parce que, quand on y pense, les choses qui ne changent pas sont presque toujours les plus importantes. »

Un livre qui nous donne un apercu de la pensée Russe. En particulier celle de Poutine. Ce qui nous laisse penser que les événements recents etaient prévisibles. L ecriture est bonne et les anecdotes sont pertinentes. Un livre qui nous plonge facilement dans la réflexion. A lire.

Le mage du Kremlin est une formidable porte d'entrée pour comprendre la Russie contemporaine, ses fantasmes et ses névroses.



Prenant prétexte d'une rencontre entre son narrateur et l'énigmatique Vadim Baranov, ancien conseiller du Tsar, Giuliano da Empoli nous entraîne dans un passionnant récit qui retrace la trajectoire de la Russie moderne depuis l'effondrement de l'URSS.



J'avoue être particulièrement sensible à la forme - mi confession, mi testament - de ce roman qui, mieux qu'aucun essai, peut-être au détriment de l'exactitude historique à certains moments, nous plonge dans la psyché du peuple russe, de ses élites, et de son chef incontesté depuis le débute du XXIème siècle, Vladimir Poutine. Le contexte présent de guerre en Ukraine n'est sans doute pas pour rien dans le succès que connaît ce livre auprès du public. Pourtant, rien ne serait moins vrai que de réduire le Mage du Kremlin à un roman situationnel. Ce que propose Da Empoli, c'est rien moins que d'entrer dans la tête du Tsar, obnubilé par le déclassement de son pays, par l'effondrement de l'empire soviétique et marqué par une haine, un mépris profond de l'Occident et de ce qu'il représente. Ce livre est précieux pour qui veut comprendre la Russie contemporaine, au delà des clichés ou des analyses géopolitiques convenues. C'est une œuvre de fiction, certes, mais qui caresse de tellement près la vérité des cœurs et des sentiments qu'il serait dommage de passer à côté, que l'on soit passionné par la Russie, la géopolitique contemporaine, ou tout simplement sensible au caractère tragique de l'Histoire.