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Critiques de Giuliano da Empoli (536)
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La peste et l'orgie



Le philosophe et sociologue italien, Giuliano da Empoli, né à Neuilly-sur-Seine en 1973, part dans cette relativement courte monographie d’une cent-cinquantaine de pages du constat que les années quatre-vingt-dix avec la victoire de la raison et de la technique nous assuraient un monde meilleur de paix et de progrès.



Puis, l’attentat du 11 septembre 2001 du World Trade Center de New York, la guerre des Balkans, l’arrivée de personnages comme Berlusconi, Erdogan, Trump, Xi Jinping... sur la scène politique, la commercialisation des médias, la radicalisation par le biais des réseaux sociaux, ĺ’obscurantisme prôné par la droite américaine etc. ont remis cette paix et prospérité sérieusement en question.



Il convient de remarquer que cet ouvrage a été publié bien avant que Poutine ne lance son invasion de l’Ukraine et déclenche une guerre d’usures avec le risque d’un conflit nucléaire et/ou une troisième conflagration mondiale.



L’auteur préconise un retour aux sources philosophiques, plus particulièrement la pensée de Nietzsche, "le philosophe de l’avenir".



Pour décrire le monde depuis 2001 il se réfère à la situation actuelle au Brésil, où les inégalités entre riches et pauvres sont les plus importantes sur terre et qui connaît un nombre de morts violentes ahurissant (50.000 en 2003) et où les villes sont transformées "en jungles paranoïaques faites de milices privées et de condominios fechados ou quartiers fermés".



Seulement, le Brésil c’est aussi le pays du "futebòl", de la samba, du carnaval et du mixage racial probablement unique sur notre globe.

Comme le note Giuliano da Empoli : ce n’est pas un hasard si Stefan Zweig y a fui en 1940. Voir son ouvrage "Le Brésil, terre d’avenir".

Quoique "Tristes Tropiques" de Claude Lévi-Strauss jette une lumière moins optimiste sur cet endroit.



Pour qualifier les modifications considérables qui s’opèrent de nos jours dans les sociétés occidentales l’auteur emploie fréquemment le terme "brésilianisation".



Il souligne ainsi qu’il "existe depuis toujours un lien fort entre la tragédie et le carnaval, entre la peur et l’hédonisme, entre la peste et l’orgie" (page 124).

Da Empoli ne se contente pas de simplement lancer une telle affirmation, il l’illustre tout au long de son essai par une multitude d’exemples concrets et des renvois à la philosophie et la littérature mondiale.



Il est vrai que l’auteur dispose d’une érudition qui laisse rêveur et voit des rapports entre données et événements insoupçonnés.

C’est cela qui constitue la grande valeur de cette étude.



Il va de soi qu’il ne s’agit pas d’un ouvrage à lire sur une terrasse de bord de mer. Il demande une certaine dose de concentration, mais vous serez largement récompensé par la richesse du texte.



Ce livre, avec le tableau de Picasso "Bacchanales" en couverture, est absolument de la même qualité que son excellent "Les ingénieurs du chaos", que j’ai chroniqué le 12 septembre 2019.



Pour finir, je cite une constatation de l’auteur à la page 68 : "Jusqu'à il y a pas longtemps, on se comparait aux voisins. Aujourd'hui, on se compare aux VIP..."



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Le Florentin

Cet essai est en même temps une très bonne surprise et une petite déception. Très bonne surprise, car on en apprend beaucoup sur la situation politique italienne, sur l'immobilisme et le manque de renouvellement de la classe politique qui a gangréné le pays durant des années, ainsi que sur la montée des populismes (comme partout en Europe), avec le charismatique Beppe Grillo. Un panorama très complet, très bien écrit et sans la moindre concession du paysage politique italien.



Néanmoins, il demeure tout de même une petite déception, car je pensais que le livre serait en grande partie consacré à la personnalité et à la politique du Matteo Renzi, mais la description historico-politique de la situation italienne (en parallèle tout de même avec l'évolution locale du pouvoir de Matteo Renzi) phagocyte les 2/3 du livre et ne laisse qu'environ 40-50 pages pour apprécier (sans discontinuer) la personnalité et la politique du "Florentin".



Bref, un livre très bien écrit, très réussi qui s'adresse vraiment à ceux qui s'intéressent à la politique italienne et, a fortiori, européenne, mais qui peut laisser sur leur faim ceux qui sont curieux de la politique de Matteo Renzi, à cause du nombre limité de pages consacrées à la question.


Lien : http://leslecturesduprofesse..
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Le Florentin

Outre de retracer le parcours politique hors-normes de Matteo Renzi et de nous introduire aux raffinements de la politique italienne, ce livre nous montre qu'un style de communication politique dit populiste ne signifie pas forcément la volonté de tromper les électeurs. Dans le cas de Matteo Renzi, ce style - iconoclaste, franc, direct, au langage populaire, mais surtout pragmatique et axé sur l'action - lui ont servi au contraire a se donner les moyens de mettre en oeuvre une politique de sincérité, de transparence, d'ouverture sociale et de justice.





Le populisme de Matteo Renzi - au contraire de celui des politiciens dits national populistes - ne se nourrit pas d'exagérations et de mensonges pour fabriquer de la peur et de la détestation - en relation avec les étrangers ou les minorités sexuelles, ethniques, religieuses ou autres désignées comme bouc émissaire - mais de la confiance inspirée par une volonté réelle d'améliorer rapidement le quotidien des gens ordinaires. Je comparerais le rapport entre le populisme positif d'un Matteo Renzi et celui des politiciens manipulateurs a celui entre le sourire d'un ami et un sourire commercial.





Matteo Renzi n'aura malheureusement été Premier Ministre (le véritable chef du gouvernement en Italie) que pendant deux ans car les partis politiques, les syndicats et meme l`Église se sont ligués contre celui en qui ils voyaient un danger pour leurs emprise sur les foules. Aujourd'hui, a quelques semaines des élections législatives italiennes du 25 septembre 2022, le populisme négatif de l'extreme-droite donne celui-ci gagnant et seul le populisme positif de Matteo Renzi pourrait faire démentir ce funeste pronostic...
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Le Florentin

La période pose d’importantes questions quant à l’incompétence des hommes politiques en place et aux problèmes récurrents. L’ouvrage trace les lignes d’une évolution permise par « Le Florentin » Matteo Renzi, jeune démocrate qui a réussi à atteindre de hautes fonctions dans un environnement politique sclérosé par l’immobilité et la volonté de prolonger coûte que coûte le système existant et ses acteurs. Giulano da Empoli partage avec son lecteur bien des histoires et des anecdotes, n’oubliant jamais d’agrémenter son essai d’une touche d’humour. Relatant les actions du personnage central, Matteo Renzi, il nous intéresse également par son analyse de l’utilisation de Twitter ou par le traitement a posteriori réservé à d’anciens leaders tels que Tony Blair en Grande-Bretagne. « Le Florentin » est connu pour faire au lieu de parler, pour réformer, et ce rapidement et en profondeur. La notion de parresia apparaît rapidement : il s’agit de la langue de la franchise, opposée à la rhétorique. Enfin, l’Europe est au cœur du propos...
Lien : https://proprosemagazine.wor..
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Le mage du Kremlin

Grand roman historique!

Un peu d'appréhension car œuvre tellement lue et commentée que j'avais peur d'être déçue.

Alors, certes, il faut prendre le temps de rentrer dans le roman mais ensuite, à partir du récit de Baranov, on est comme captivé. Qui plus est, les échos avec l'actualités du moment sont extrêmement forts, relatif à l'Ukraine et à l'attitude de Poutine en règle général.

C'est extrêmement bien écrit et relaté. Baranov était au début un artiste issu d'une famille aisée de l'ancienne URSS déchue et devient celui qui murmure à l'oreille du Tsar Poutine et l'assoit surtout sur son trône. Il le conseille tout le long de la déchéance de l'URSS afin de redonner l'ancienne gloire de l'empire Russe.

C'est documenté, d'une fine analyse, froide real politique, et d'une résonnance incroyable.

J'ai vraiment apprécié cette lecture pour ce qu'elle est à mes yeux, un quasi documentaire sur la gestion de ce pays immense et si froid qu'est la Russie.

Plutôt magistral.
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Le mage du Kremlin

Indéniablement, Giuliano Da Empoli écrit bien et a le sens de la formule. On comprend aussi, en le lisant, qu'il a fréquenté le milieu politique et qu'il en a tiré quelques leçons. Pour autant, je m'interroge sur la forme de son récit qui prend, page après page, l'apparence d'un essai sur l'exercice du pouvoir, sur l'histoire russe, sur les rapports de force Occident/Russie, mais pas la forme d'un roman avec une intrigue, des personnages...

On ne sait finalement rien de ce Vadim Baranov qui n'a qu'une fonction : narrer l'ascension et le parcours de Vladimir Poutine....que l'on connaît déjà.

Au final, je suis assez déçue car ce que l'on apprend de la Russie ressemble à des lieux communs (la fameuse âme russe, le tropisme sur la vodka, l'outrance, la démesure...), les réflexions sur la société russe sont aussi simplistes et manquent de nuance....

La force de ce récit tient surtout dans des formules bien trouvées et des réflexions intéressantes sur l'exercice du pouvoir. Un peu léger pour le prix de l'Académie française.
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Le mage du Kremlin

Le fond, la forme et l'art de captiver les lecteurs...

Coup d'essai, coup de maître de la part de Giuliano Da Empoli, qui signe ici son premier roman, fort de ses recherches sur les arcanes du pouvoir, notamment populiste.

L'écrivain nous emporte par l'entremise de Vadim Baranov (personnage fictif mais totalement inspiré du réel), aux côtés de Poutine, depuis son ascension jusqu'en 2020, à quelques mois de l'invasion de l'Ukraine... Et si les prémisses de cette dernière sont documentées dans le roman, les conflits sans fin qui affaiblissent l'Occident y trouvent également explication.

A lire, certainement...

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Le mage du Kremlin

Roman divertissant délivrant une facon d´interpréter la Russie et son évolution sous Poutine tout à fait plausible même si forcément simpliste. J´y ai retrouvé le cynisme qui avait cours pendant le stalinisme. J´ai trouvé la fin faible mais pas suffisamment pour me gâcher ce bon moment de lecture.
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Le mage du Kremlin

Formidable livre à lire impérativement.

Magistralement écrit. Passionnant de bout en bout.

J'ai pensé au "Prince" de Machiavel en le lisant, un Prince très actuel mais qui n'est pas si différent du précédent sur l'égotisme et la folie du pouvoir.

Rien ne change et tout change, surtout les moyens et le résultat est le même, des milliers de morts à la clé...

Giuliano da Empoli parlait déjà dans son précédent livre « Les Ingénieurs du chao » de ces hommes qui manipulent les foules.

Là il décrypte la montée ne puissance du Tsar de Russie, Vladimir Poutine, qui détruit l’Ukraine pour la grandeur de la Russie, de sa Russie fantasmée.

L’histoire d’un homme petit homme de l’ombre qui a profité d’un système en restant dans l’ombre et quand il a pu goûter au pouvoir absolu, il ne veut plus le lâcher.

Jusqu’où peut-il aller ?

L’avenir nous le dira….

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Le mage du Kremlin

Ça vaut le coup de s'accrocher si, comme moi, vous êtes plus que réticent sur le discours actuel concernant la Russie. On n'échappe pas aux clichés les plus ridicules (les Russes ne sourient pas, Moscou est une ville triste, les Russes ne s'encombrent pas de sentiment…) et plus d'une fois, surtout dans la première partie de l'ouvrage qui n'a pas d'autre intérêt que de vérifier qu'une certaine image est malheureusement en train de s'enraciner de plus en plus dans la majorité des discours, j'ai bien failli interrompre ma lecture. Malheureusement, Dostoïevski avait raison : « « Ils ne peuvent se représenter notre puissance sous d'autres dehors que ceux de la barbarie. Il en a toujours été ainsi jusqu'à présent et ce préjugé ne fera que croître à l'avenir. »

La seconde partie m'a pourtant, elle, très agréablement surpris : Giuliano da Empoli nous donne à saisir la lecture du monde qui domine aujourd'hui chez les Russes. Même si les jalons de l'histoire récente qui viennent à l'appui de sa généalogie sont celles d'un occidental, il fait indéniablement un effort de compréhension qui, chez ceux qui n'ont pas encore le cerveau complètement lavé, rincé et essoré par le discours délirant qui a cours en particulier dans notre pays, pourrait aider à se faire une idée plus juste des Russes. Certes il manque de nombreux éléments sur la géopolitique elle-même, on ne trouve aucun développement ou presque sur les autres acteurs du drame qui se tisse sous nos yeux, mais il faut reconnaître à Giuliano da Empoli le mérite de nous offrir un éclairage que trop peu envisageraient seulement de considérer comme légitime.
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Le mage du Kremlin

Vadim Baranov : C’est lui le mage du Kremlin, le nouveau Raspoutine.

Après avoir pendant 20 ans servi consciencieusement le Tsar, entendez Poutine, il s’est retiré des affaires, suscitant les spéculations les plus folles.

Par un concours de circonstances, le narrateur va l’approcher et entendre sa « confession ».

Baranov déroule le fil de sa vie : son enfance, ses ambitions artistiques de jeunesse, une déception amoureuse cuisante puis son ascension comme conseiller politique. Il fait le récit du sentiment né de l’effondrement de la Russie lors de la présidence Eltsine, de l’humiliation russe face à l’opinion publique internationale qui rit du vieil ours ivrogne,de la rencontre orchestrée par l’oligarque Berezovsky avec le chef du FSB (services secrets russes) un obscur fonctionnaire , de la façon dont Poutine se sert des évènements, des imprévus pour consolider son pouvoir et rendre sa fierté au peuple russe.

C’est assez intéressant même si les évènements clés sont seulement évoqués et que le rôle du conseiller ne m’a pas toujours semblé bien clair. Il m’a semblé plus souvent observateur qu’acteur.

Par contre, le récit de l’évolution et de la construction du personnage « Poutine » est tout à fait passionnant. On voit cet homme effacé, secret, extrêmement courtois, devenir peu à peu l’autocrate qu’on connait, froid, distant, de plus en plus cassant, de plus en plus seul.

Les récits se multiplient sur la Russie en ce moment. Ce roman est une nouvelle porte d’entrée pour comprendre les ambitions russes, le mode de pensée russe, le mépris russe pour l’Occident..

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Le mage du Kremlin

Plongée fascinante dans les coulisses du Kremlin : le narrateur, conseiller pas tout à fait fictif de Poutine, révèle page après page l'accession de celui-ci au pouvoir, en une leçon de politique glaçante et raffinée.

Hormis une introduction qui peut perdre un peu son lecteur, j'ai ensuite dévoré cet ouvrage, qui plaira à quiconque s'intéresse aux luttes pour le pouvoir. Pas de temps mort, la sensation d'entre réellement caché derrière le rideau, assistant à tout ce qui n'est pas dévoilé en public.

Un roman-documentaire qui invoque Sun Tzu et Machiavel.
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Le mage du Kremlin

c est érudit, c'est intelligent, c'est instructif, il y a un écrivain avec du talent et des fulgurances. J ai très vite accroché mais je me suis lassé au fil de la lecture ... il ne se passe rien et on tourne finalement en rond.... bref, un essai plus qu 'un roman
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Le mage du Kremlin

Même s’il n’a pas obtenu le Goncourt, Le Mage du Kremlin est un indéniable succès difficile à expliquer. Il est vrai qui valait mieux lire ce livre avant le 24 février, depuis tous les média se sont penchés sur la psyché de V.Poutine et nous ont abreuvé d’analyses plus ou moins pertinentes qui nous laissent à croire que l’on sait tout sur lui.

Giuliano da Empoli a imaginé un conseiller occulte qui serait l’âme damnée de Poutine et un magicien de la politique russe. Le dénommé Victor Baranov est le descendant d’un grand père plus ou moins aristo et opposé au régime soviétique et d’un père qui à l’inverse en fut un serviteur zélé.

Pour da Empoli, Baranov est le russe des années quatre-vingt-dix : libre, apolitique, cultivé et convaincu par la démocratie. Mais voyant sa chérie le planter pour un nouveau riche (Khodorkovski tant qu’à faire), Baranov va décider d’abandonner la poésie pour faire de l’argent dans les médias ce qui le mettra en relation avec Poutine et lui fera oublier ses idéaux.

Le lecteur pourrait aller directement au chapitre 8 et à la rencontre avec Berezovski, les pages précédentes servant à construire le personnage de Baranov à coup de clichés et à lui faire vivre une improbable histoire d’amour avec une femme idéalisée et tellement métaphorique de la Russie que s’en est gênant.



Arrive la rencontre avec Poutine par le truchement de B.Berezovski qui a décider de faire de cet obscur agent du FSB le futur président de la Russie. Baratov sera son homme des médias avec une idée simple : Poutine c’est l’ordre et le rétablissement de l’honneur russe bafoué par l’occident avec l’aide involontaire de ce poivrot de Eltsine.



S’en suivent des rencontres nocturnes avec Poutine au long de la brillante carrière du personnage où le mage s’avère être plus un auditeur et un exécutant qu’un guide. Les relations des évènements qui jalonnent cette collaboration sont dignes de Wikipédia et n’éclairent en rien la personnalité du Tsar Poutine dont on sait depuis le début qu’il est dur comme l’acier et qu’on ne lui impose rien même si l’on est un mage.

Le comble est que le bandeau de l’éditeur nous promet de connaitre les hommes de Poutine, or le roman décrit Poutine comme un homme seul hormis son conseiller Baranov et son secrétaire Sechine. A lire da Empoli il n’y a personne autour de Poutine, pas d’état, pas d’administration, seules les ombres de fonctionnaires glissant dans les couloirs du Kremlin.

Pas de chance on aurait aimé comprendre l’état poutinien, qui l’aide à tenir le pays, quels rouages bloquent la société et la contestation. Certes Le mage du Kremlin est un roman, les historiens nous expliqueront tout cela un jour mais le roman est souvent un bon vecteur pour expliquer la complexité du monde encore faut-il que l’auteur le puisse.

En refermant le livre le lecteur n’aura pas le sentiment de s’être approché d’une vérité, d’avoir ressenti une atmosphère, c’est pourtant ce qu’on attend de la littérature.

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Le mage du Kremlin

Une histoire sur le pouvoir, celui de Poutine, mais surtout celui de n'importe quel dictateur présent et à venir, avec une vision pessimiste de cet avenir de plus en plus envahi par la technologie.



Mais aussi avec une touche d'espoir au regard de la pureté des enfants, qui auront sûrement, on le souhaite, leur mot à dire sur ce qu'ils en feront de cet avenir ...
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Le mage du Kremlin

C’est un livre que j’ai trouvé lent à démarrer. Cela m’a pris un bon 75-80 pages avant de réellement susciter mon intérêt. Il faut dire que l’histoire avec Ksenia ne m’a pas captivée. Toutefois, dès que le roman met en scène Poutine avec les moyens qui sont pris pour le faire élire, alors là le roman est devenu passionnant et il faut bien le dire parfois troublant. Lorsque l’on vit dans une démocratie libérale, c’est parfois difficile à imaginer comment fonctionne la gouvernance dans un pays autoritaire, une dictature ou une « démocratie souverainiste » comme se plait l’auteur à qualifier le régime russe. Et c’est là que le roman est intéressant car on y apprend des modes de fonctionnement du régime russe.



On y découvre que l’ordre, la protection, la défense sont omniprésents dans ce régime et que peu de place est laissée à la liberté individuelle. Plusieurs passages sont inquiétants, notamment lorsqu’on nous présente comment le régime de Poutine réussit à faire circuler à l’étranger des informations qui vont dans plusieurs directions afin de créer de la division dans les populations étrangères et ainsi affaiblir leurs régimes.



Un livre qui nous en apprend donc sur Poutine (comparé à un Tsar), sa suite composée d’oligarques (comparée à une Cour), ses idéologies, ses idées de grandeur et le fonctionnement de son régime. Comme quoi des apprentissages peuvent être retenus de ce livre, je porte à votre attention qu’il s’agit du premier roman à faire partie des lectures obligatoires pour les étudiants en sciences politiques de l’université de Montréal.

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Le mage du Kremlin

Pendant des mois je n’ai pas eu très envie de lire ce livre, pensant y trouver une analyse un peu dure et sèche du pouvoir en Russie et peut-être ailleurs. Pourtant, il n’a pas arrêté de croiser ma route jusqu’à ce que je me dise qu’il devait y avoir une raison. Mes craintes avaient été vaines! Certes, il y a l’analyse, dure évidemment, mais pas trop sèche puisque ça reste un roman, assez facile et parfois plaisant à lire, si on peut s’exprimer ainsi pour un sujet aussi difficile. Elle est précise et terriblement vraisemblable, je dirais plutôt vraie et précise et je n’ai eu aucun mal à me mettre dans la peau du narrateur, et même à comprendre certains agissements du tsar, sans les approuver bien-entendu. Mais pour moi c’est aussi à cela que peut servir la littérature: à comprendre ce qui est hors de notre propre manière de voir les choses. Or, je ne suis ni Russe ni politicienne et si je suis révoltée, je peux très bien accepter qu’un Russe puisse ne pas avoir envie de devenir un serviteur de « l’Ouest », de notre économie et de notre manière de vivre. Après, les choses se compliquent, j’ai encore pu suivre la manière de penser mais ni celle d’agir ni les valeurs de Poutine, mais cela m’a permis de comprendre ce qui s’est passé et ce qui se passe encore là-bas, plus à l’est. Certes j’aurais apprécié un peu de répit par moments, car le roman est très dense, il n’y a aucun passage superflu, les événements se bousculent sans cesse, mais n’est-ce pas exactement ce qui se passe en politique? Alors merci à l’auteur pour son éclairage pointu et pourtant à la portée de tous les intéressés, et à tous ceux qui ont contribué à la parution du livre, hormis le tsar.

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Le mage du Kremlin

Inspiré d'un personnage réel, cet ouvrage est un vrai coup de coeur.



Ce roman, puisqu'il s'agit de cela, alors que nous pourrions nous croire dans un récit autobiographique, nous entraine avec lui dans les affres du pouvoir poutinien. De la guerre en Tchétchénie à la crise ukrainienne, en passant par les Jeux olympiques de Sotchi, Le mage du Kremlin est le grand roman de la Russie contemporaine.

Ce récit nous fait tant réfléchir sur le pouvoir au coeur des États, que la vision du pouvoir Russe bien plus idéologique que capitaliste, si loin des pensées étatiques contemporaines occidentales.
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Le mage du Kremlin

Excellent roman de vulgarisation de l’arrivée au pouvoir de Poutine. A travers son atypique conseiller, nous découvrons la vie du Tsar et les arcanes du pouvoir politique. Plus abordable qu’un essai et très réussi dans un langage châtié qui nous emporte dans l’intimité des grands.



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Le mage du Kremlin

Auteur Giuliano da Empoli Italo-Suisse ayant assuré des postes de conseiller au maire de Florence, aux affaires étrangères ...etc. et diplomatique à haut niveau. Très au courant des milieux russes. Il a eu des relations privilégiées avec des conseillers des hommes politiques chefs d'états et en l'occurrence avec Vladim Baranov le conseiller particulier de Poutine aussi appelé "le Raspoutine" du Tzar Poutine. Celui-ci démissionne de son poste de conseiller après 30 ans, et conte son histoire à l'auteur de ce roman, qui reflète la montée de Poutine en Russie.

Le livre suit l'histoire, passant du chaos indéniable de l'après pérestroïka, voulue par Michaël Gorbatchev, où la mafia a pris le pouvoir en Russie.

Puis apparaissent quelques personnages politiques et apparatchik des débuts 1990-2000.

L' arrivée de Poutine, lieutenant du KGB, au début timide qui voulait continuer à travailler dans l'ombre, mais qui a vite fait d'accepter de s'emparer du pouvoir qui s'offrait à lui. Il a choisi un conseiller "Spin doctor" tout à sa cause qui a œuvré pour donner une image acceptable de cet ancien responsable du KGB Soviétique, qui a formé le FSB pour reprendre la main sur le pays. Son ambition non cachée est de reconstruire l'ancien empire tzariste.

Tout le livre montre le pouvoir grandissant de Poutine qui petit à petit se considère comme le nouveau Tzar de Russie et, surtout sa manière d'opérer pour être incontesté et admiré par le peuple russe toujours sous le choc d'avoir perdu sa grandeur.

Sa volonté de réussir les jeux olympiques de Sotchi à tout prix pour obtenir une image de gagnant vis-à-vis de l'occident. Sa reprise en main de toutes les entreprises de l'énergie, gaz pétrole.. et à la manière de tout dictateur, l'élimination systématique de ses opposants.



Vers la fin du roman, il fait un parallèle entre un dictateur et un ordinateur montrant qu'à la différence des chefs des démocraties, un dictateur n'a pas d'affect et que les décisions prises n'ont que le but d'atteindre l'objectif à n'importe quel prix, que ce soit contre la famille, les amis, etc. En ce sens l'algorithme est le même que dans un ordinateur.

Considérant l'ensemble des objets connectés, dits intelligents, ils forment les embryons d'un cerveau gigantesque, auquel on attache des robots et machines capables d'exécuter des tâches simples unitaires, sans affect capables de tuer un être humain parce qu'il n'a pas respecté les règles pondues par cet ordinateur monstrueux. Alors ce mécanisme monstrueux prendra la maîtrise totale du monde. Il aura la vue sur toute action humaine défaillante selon la loi qu'il produit au-fur et à mesure pour accroître son pouvoir. Ainsi il pourra intervenir en parallèle sur tous les points du globe, et il sera à même de détruire l'humanité.

Ce sera tout simplement l'avènement de Dieu, qui n'a pas existé mais que nous contribuons à construire année après année sans nous en apercevoir.....



Le roman est dans un style vivant, en français extrêmement bien écrit, très enrichissant sur la pensée et la culture russe, et l'impasse dans laquelle le peuple russe se trouve, du fait de son histoire et de sa manière de penser.

Je recommande vivement.
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