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Critiques de Giuliano da Empoli (547)
Le mage du Kremlin

Ce roman a beaucoup de succès et c'est justice car il est passionnant et d'actualité car il nous permet de mieux comprendre l'attitude de Poutine en Ukraine. C'est donc un roman mais à partir d'une très sérieuse base historique et il retrace une partie de l'histoire de la Russie ,à cette époque charnière où l'URSS ayant disparue avec la chute du mur de Berlin elle se reconstitue en tâtonnant, une sorte "d'entracte féodal " sous Eltsine.



Plus précisément le roman évoque ce passage de la période d'Eltsine, homme âgé et malade à celle de Poutine jusqu'alors inconnu. Ce chef des services spéciaux de l'URSS, habitué à la surveillance, aux coups tordus, à la violence va se révéler un habile politicien sachant par ses propos et ses actes aller dans le sens de ce que souhaitaient , à ce moment là , les russes.



Ce passage nous est raconté par un conseiller de Poutine Baranov et, au passage, nous apprenons par l'histoire personnelle de ce conseiller comment était la vie en URSS avec ses contrôles policiers, la création d'une classe de privilégiés, la nomenklatura et ses passes droit, la folie du chef dont les décisions étaient imprévisibles et l'auteur nous montre que cette imprévisibilité des décisions qui créent la terreur dans un pays bien plus qu'une répression permanente. En Russie il y avait les deux.



Quant à Baranov a t-il réellement existé? Je ne le sais pas. Je vais rechercher mais qu'il ait vécu ou pas c'est un personnage très attachant par sa liberté dans ce monde d'esclave.



Le roman nous fait assister à la mise au pas des oligarques enrichis et le sort de Berëzovski est très bien décrit comme est bien décrit également le premier voyage de Poutine aux Etats-Unis pour l'Assemblée générale de l'ONU et où il assistera ,attéré, à l'humiliation d'Eltsine.



On voit très bien cette reprise en main par Poutine et cette ambiance de Cour autour de lui qui rappelle Saint Simon et Louis XIV, la violence en plus.



Au total le roman suit de très prés l'évolution du pouvoir russe sous Poutine. On comprend mieux son attitude en Ukraine. On aurait pu lire tout cela dans des essais mais le roman nous fait vivre ces évènements et c'est ce qui en fait la force.
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Le mage du Kremlin

» Baranov avançait dans le vie entouré d’énigmes. La seule chose plus ou moins certaine était son influence sur le Tsar. Durant les quinze années qu’il avait passées à son service, il avait contribué de façon décisive à l’édification de son pouvoir. On l’appelait le » mage du Kremlin », le « nouveau Raspoutine »



Le roman commence à la fin de la présidence du vieil ours fatigué, Boris Eltsine, noyé dans les vapeurs d’alcool. C’est le règne de l’argent, des mafieux. Tops modèles, Mercedes blindées, oligarques envahissent l’espace public. Ainsi, rétablir l’ordre, pallier au relâchement de l’autorité, telles vont être les intentions du nouveau maître du Kremlin, Poutine surnommé le « tsar »dans le roman. C’est à l’intérieur de l’ancien palais des soviets appelé La Maison Blanche que se trame la nouvelle histoire de la Russie dans laquelle un homme, Vladislav Yuryevich Surkov, va jouer un rôle essentiel, celui de spin doctor. Guiliano Da Empoli imagine la rencontre du narrateur avec Baranov, double romanesque de Surkov, le « mage du kremlin », le « Raspoutine » de Poutine. Celui-ci lui raconte les quinze années durant lesquelles il a conseillé le « tsar ». Issu d’une ancienne famille aristocratique qui se fond dans le moule communiste, Baranov est le fils d’un apparatchik. D’abord acteur puis producteur de télévision, il se trouve propulsé dans les hautes sphères politiques un peu par hasard au gré d’une rencontre avec Poutine orchestrée par Berezovski. Le fou rire de Clinton à la télévision pendant l’allocution d’Eltsine, les attentats de l’automne 99, la guerre en Tchétchénie, l’affaire du sous-marin nucléaire coulé dans la mer de Barents, les jeux olympiques de Sotchi, l’annexion de la Crimée sont autant de faits historiques évoqués par l’auteur pour mieux éclairer le fonctionnement du pouvoir et la personnalité de Poutine. Estimant que l’imitation forcenée de l’occident n’est pas la bonne voie, le « tsar » fait le choix d’un autre chemin. instiller la peur, utiliser internet pour créer le chaos, voilà quelques unes des méthodes qu’il utilise pour asseoir son pouvoir. Ainsi, l’épisode d’Angela Merkel et le Labrador est à cet égard édifiante. Et Baranov en fidèle serviteur du maître du Kremlin va exécuter tous les ordres sans aucun état d’âme durant ces quinze années. A travers cette figure romanesque du « mage du Kremlin », Guiliano Da Empoli nous livre une brillante analyse du pouvoir, » coeur de l’irrationnel et des passions ».



Ecrit avant l’invasion de L’Ukraine par les Russes, ce livre porte un éclairage intéressant sur la situation actuelle et montre comment, sans que l’Europe s’en rende vraiment compte, Poutine a tissé sa toile jusqu’à vouloir être le maître du monde. Les dernières pages éclairent d’un peu d’humanité cette vision sombre et terrifiante. Retiré des affaires, le « mage du Kremlin »découvre que sa raison de vivre est sa petite fille de cinq ans et que rien d’autre n’a d’importance.



« Personne ne m’a remplacé. Le labrador est le seul conseiller en lequel Poutine a entièrement confiance… Pour le reste, le tsar est complètement seul… Quant aux amis, il sait qu’au stade auquel il est parvenu l’idée même d’en avoir est inimaginable. Le tsar vit dans un monde où même les meilleurs amis se transforment en courtisans ou en ennemis implacables, et la plupart du temps les deux à la fois. »



D’origine italienne et suisse, Giuliano Da Empoli est essayiste et conseiller politique. Le mage du Kremlin est son premier roman. Il a reçu le prix de L’Académie Française.

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Le mage du Kremlin

Nous voici dans les coulisses du Kremlin. Des coulisses si glaciales qu’on en a froid dans le dos. On y entend les pas, terrifiants, de Poutine, à chaque page tournée. On suit sa soif de pouvoir au gré des événements qui ont jalonné son ascension : les attentats de Moscou de 1999, la guerre en Tchétchénie, les JO de Sotchi, le drame du sous-marin Koursk, l’annexion de la Crimée, pour n’en citer que quelques uns.



Pour guide, Vadim Baranov, le Raspoutine des temps modernes, surnommé “le mage du Kremlin”, dont le personnage est clairement inspiré par Surkov, l’ex-éminence grise de Poutine. Giuliano da Empoli navigue entre réalité et fiction ; c’est là la force hypnotique et térébrante de ce roman.



Un roman passionnant donc, addictif. Mais également, il est important de le préciser, accessible. Et enfin, prémonitoire : il a été achevé un an avant l’invasion de l’Ukraine. C’est dire l’à propos…



L’écrivain, essayiste, politologue et ex-conseiller de Renzi, analyse avec beaucoup de finesse la société russe et la culture slave, et nous permet de mieux saisir les tenants et les aboutissants d’une situation bien réelle. Il dépeint avec une acuité fascinante la folie solitaire et paranoïaque d’un homme insatiable de grandeur, qui aujourd’hui dévore le monde de sa mégalomanie.



Grand Prix du roman de l’Académie française 2022, Le mage du Kremlin méritait aussi largement le Goncourt.











































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Le mage du Kremlin

Très plate. Probable partie de la collection industrielle Poutine ou Kremlin pour lire pendant les vacances .L'auteur connaît bien la vie à Moscou mais faire du fiction avec la politique c'est trop pour moi. Les confessions fictives d'un conseiller du Poutine qui n'a pas encore été 'suicide ' après.

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Le mage du Kremlin

L'ascension au pouvoir du président russe, telle que racontée par son ex-conseiller à un jeune étudiant. Un grand roman, écrit un an avant l'invasion de l'Ukraine.
Lien : https://www.nouvelobs.com/ro..
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Le mage du Kremlin

Ce livre a changé ma vision de la Russie et du monde. À travers les différents personnages, qui retracent l’histoire russe depuis l’époque des Tsars, j’ai compris « l’âme ruse » : « aimante, attentionnée, humaine, respectueuse, douce, pittoresque, légèrement superstitieuse, bien éduquée, chevaleresque, énigmatique, un peu sombre, généreuse et avec un don pour les sensations fortes et un penchant pour l'expérimentation » comme l’a décrite Mohamed Rafi. Ce livre, si bien écrit, nous fait comprendre que certaines choses a priori compliquées sont en fait très simples et que d’autres choses a priori évidentes sont en réalité assez nuancées.
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Le mage du Kremlin

J'ai beaucoup aimé car :

- un point de vue que l'on a peu, très critique, sur l'Occident

- des critiques de la Russie et un certain humour, on n'est pas dans l'apologie du régime non plus

- le roman est ancré dans l'actualité à un point presque vertigineux

- les références du narrateur nous plongent dans la culture russe
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Le mage du Kremlin

Lu alors que l Ukraine a été envahie par Poutine : sans remettre en question la condamnation de cette agression, ce roman m' a fait découvrir le sentiment d'humiliation perçu par les Russes de la part de l'Occident depuis la fin de la Guerre Froide , qui ne justifie pas pour autant l'invasion en cours mais m' apporte peut-être un élément de compréhension
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Le mage du Kremlin

Un roman qui aborde subtilement un réel impitoyable, proposant au lecteur occidental une version renouvelée de l’ascension de Poutine, aussi descriptive qu’emphatique. Grâce à une plume franche et ciselée, Giuliano Da Empoli réussit à écrire un roman « à la manière russe » sans la pesanteur qui d’ordinaire peut la caractériser



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Les ingénieurs du chaos

Quel livre passionnant ! On le dévore rapidement et l'on en sort estomaqué par tout ce que l'auteur nous révèle sur le rôle des réseaux sociaux dans la vie politique actuelle. Manipulés par des spin-doctors redoutables les dirigeants du monde sont entrainés vers un populisme redoutable ! La démocratie est en danger ! Ce livre précède "Le mage du Kremlin" écrit par le même auteur.
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Le mage du Kremlin

"Baranov avançait dans la vie entouré d'énigmes. La seule chose plus ou moins certaine était son influence sur le Tsar. Durant les quinze années qu' il avait passées à son service, il avait contribué de façon décisive à l'édification de son pouvoir. On l'appelait "le mage du Kremlin", "le nouveau Raspoutine".



Le narrateur, un étudiant français de passage à Moscou, obsédé par l'écrivain Zamiatine (auteur de la dystopie Nous, qui aurait influencé 1984 de George Orwell) accepte l'invitation d'un inconnu à la suite d'un échange de tweet à propos sur l'auteur. Cet inconnu n'est autre que Vadim Baranov, qui semblait s'être volatilisé après avoir démissionné de son poste de conseiller politique. Ce dernier va lui raconter sa vie et son ascension fulgurante de metteur en scène à conseiller personnel de Vladimir Poutine.

"...j' avais choisi d' accompagner Poutine sur ce chemin. Je ne l'avais pas fait par conviction, ni par intérêt. Je l'avais fait par curiosité. Pour me mettre à l'épreuve. Parce qu'au fond je n' avais rien de mieux à faire"



Quand la fiction rattrape la réalité, car ce personnage n'est-il pas Vladislav Sourkov ? Giuliano da Empoli n'est pas seulement essayiste - ce roman est son premier - mais surtout conseiller politique, et il porte un regard acéré sur la mentalité russe et les enjeux de pouvoir à l'ère Poutine.



N'étant pas férue de politique, j'ai apprécié la découverte de ce pan de l'histoire de notre siècle que je connaissais mal grâce à cette forme de roman. L'auteur distille cette histoire russe à travers des anecdotes dans un style fluide et mordant (le rire de Clinton qui a humilié tout un peuple, la confrontation de la chancelière Merkel avec Koni le labrador du Tsar, le recrutement des Loups de la Nuit...). A travers cette immersion au cœur du Kremlin dans l'intimité de Vladimir Poutine, l'auteur pose des questions et nous amène à réfléchir sur le pouvoir jusqu'à une conclusion glaçante, où l'être humain sera évincé de l'échiquier au profit de la machine qui aura rendu possible le pouvoir dans sa forme absolue.



Je termine ma chronique sur cette phrase : "Toutes les technologies qui ont fait irruption dans nos vies ces dernières années ont une origine militaire."
Lien : https://lavaliseauxlivres.wi..
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Les ingénieurs du chaos

J’ai trouvé cet essai extrêmement intéressant et bien documenté. Pour les personnes qui n’ont pas de connaissances informatiques et qui cherchent à comprendre comment des élections peuvent être manipulées par les réseaux sociaux, cet ouvrage est très éclairant.

J’ajoute que l’humour froid de l’auteur rend le livre facile à lire.

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Le mage du Kremlin

Ex Eminence grise de Vladimir Poutine, Vadim Baranov raconte l’émergence brutale de la Russie moderne et dessine le portrait fort et solitaire du maître du Kremlin.

Un roman passionnant, très éclairé, qui nuance la vision parfois caricaturale portée par les politiques et diffusée par les médias et donne sens à la guerre mondiale de ce XXIe Siècle.
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Le mage du Kremlin

Aux frontières floues entre l'essai, la biographie et le roman historique, ce récit trace, depuis l'Ancien Régime, en passant par Révolte de 1917, jusqu'à l'invasion de l'Ukraine par Vladimir Poutine, les actes fondateurs d'un fossé profond et infranchissable entre l'Occident et la Russie.



En filigrane, l'auteur y décrit la particularité culturelle, conceptuelle, existentielle même, du peuple russe, confronté depuis des siècles à la violence inouïe et irrationnelle des Tsar sanglants, tradition poursuivie par Staline et Vladimir Poutine, à cette vision du pouvoir qui en découle et innerve une société toute entière.



Roman fascinant, hypnotique.



Grand roman.
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Le mage du Kremlin

En préambule, Giuliano Da Empoli nous fait savoir que « ce roman est inspirée de faits et de personnages réels, à qui l’auteur a prêté une vie privée et des propos imaginaires. Il s’agit néanmoins d’une véritable histoire russe. » Le procédé est judicieusement choisi pour nous éclairer sur les arcanes du pouvoir et le rôle joué par une éminence grise en la personne de Vadim Baranov. Par le truchement d’un narrateur à qui le « mage du Kremlin » raconte son immersion dans les hautes sphères du pouvoir soviétique, on découvre la fascination qu’exerce celui qui dirige toujours encore cet immense pays qu’est la Russie.



La rencontre se produira grâce, si l’on peut dire, à Zamiatine dont l’œuvre suscite l’intérêt voire l’obsession du narrateur et que traduisent ses propos : « Il me semble que son œuvre concentrait toutes les questions de l’époque qui était la nôtre. Nous ne décrivait pas que l’Union Soviétique, il racontait surtout le monde lisse, sans aspérités, des algorithmes, la matrice globale en construction et, face à celle-ci, l’irrémédiable insuffisance de nos cerveaux primitifs. »



Avant d’entamer ce long récit, alors que le narrateur imagine Baranov écrivant ses mémoires, celui-ci lui rétorque que « Aucun livre ne sera jamais à la hauteur du vrai jeu du pouvoir…Le pouvoir est comme le soleil ou la mort, il ne peut se regarder en face, surtout en Russie. »



Tout l’ouvrage de Guiliano Da Empoli va nous en faire la démonstration au travers d’événements qui ont marqué ces dernières décennies et d’autres toujours en cours. Pour aboutir à cette réflexion où le pouvoir n’aurait plus besoin de collaboration humaine car il serait fondé sur des machines qui maintiendraient l’ordre et la discipline, mais d’ajouter « le problème des machines n’est pas qu’elles ne se rebelleront pas contre l’homme, c’est qu’elles suivront les ordres à la lettre… Ce jour-là, le monde sera prêt pour l’avènement du Bienfaiteur de Zamiatine : celui qui veillera à ce que plus rien n’arrive. La machine aura rendu possible le pouvoir dans sa forme absolue. »



Près d’un siècle plus tôt en 1922, le visionnaire qu’était Zamiatine, écrivit à la fin de sa préface de Nous : « J’ai écrit pour ceux qui ne savent pas seulement marcher, défiler au pas cadencé- mais qui ont des ailes pour voler. »



Vadim Baranov, le mage du Kremlin, termine son scénario catastrophe en rapportant les promesses divines consignées dans le chapitre 21 du dernier livre de la Bible appelé Apocalypse, terme grec qu’on peut traduire par Révélation, à une ère dominée par la technologie où « Ce n’est pas Dieu qui crée, c’est Dieu qui est créé », vision on ne peut plus sombre déjà décrite à leur manière d’abord par Zamiatine puis par Orwell et qui fait abstraction de la croyance en un Dieu Tout Puissant qui a un autre dessein pour l’humanité !



Après ce long monologue, récit d’un cynisme à vous glacer le sang, le mage du Kremlin tombe le masque pour nous dévoiler sa part d’homme vulnérable au travers de la parentalité. L’amour d’un père pour son enfant qui, pour le coup, arrive à nous le rendre moins antipathique et laisse planer une lueur d’espoir…
Lien : https://cequejendis.fr/2024/..
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Le mage du Kremlin

Un ouvrage abordant un sujet d'actualité de manière particulièrement éloquente. Ce qui me séduit particulièrement, c'est qu'il ne se limite pas à une perspective occidentale, offrant ainsi une compréhension plus éclairée du conflit actuel, particulièrement crucial en ce moment. Si vous recherchez des éclaircissements sur la situation en Ukraine, ce livre fournit des éléments essentiels.
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Le mage du Kremlin

Passionnant ce bouquin. L’ascension de Vladimir Poutine expliquée ici nous aide à mieux comprendre la dynamique russe et sa place sur l’échiquier géo politique. L’Orient vu sous un autre angle. Le Mage nous dessine un portrait limpide du Tsar (Poutine) et de ses strategies pour obtenir ce qu’il souhaite et ainsi croître son pouvoir. Le passé de L’URSS avec les USA est l’une des bases de l’histoire, mieux la saisir facilite notre compréhension sur ce qui se passe même actuellement. Très bon.
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Les ingénieurs du chaos

LES MECHANTS NE SONT PAS MAUVAIS – LAMENTATIONS SUR LES INGENIEURS DU CHAOS



Les essais nous en disent parfois plus sur leurs auteurs que sur le sujet qu’ils traitent. C’est peut-être le cas de l’analyse publiée en 2019 par Giuliano da Empoli aux Editions Lattès. « Les ingénieurs du chaos » - puisque c’est son titre – est un petit ouvrage qui se dévore d’autant plus rapidement que la plume alerte et élégante de son auteur vient comme renforcer la thèse qu’il entend défendre : en un mot les mouvements « nationaux-populistes » - du Mouvement cinq étoiles à Trump en passant par Orban et la campagne pour le Brexit– auraient connu le succès que l’on sait par l’exploitation optimale des réseaux sociaux, en détournant les algorithmes qui les caractérisent au profit des thèses politiques « illibérales » de ces acteurs ou de ces lignes politiques .



La démonstration est impeccable et elle se lit même avec passion par le ton d’enquête policière que lui confère l’auteur du « mage du Kremlin », en nimbant agents d’influence et autres spin doctors qu’il décrits d’une aura de souffre et de mystère. Il n’est reste pas moins que Giuliano da Empoli semble curieusement osciller entre trois attitudes allant de souci de probité à ses convictions libérales, de ses convictions libérales à une certaine amertume et de cette dernière à ce souci de probité intellectuelle qui irrigue tout l’ouvrage. Car que nous dit en substance da Empoli ?







Un penseur de la gauche radicale comme Frédéric Lordon considère en effet que le système a très vite réagi à la chute des représentants politiques classiques de la démocratie représentative. Dès 2017 dans l’une de ces philippiques dont il est coutumier (« Macron, le spasme du système » - Le Monde diplomatique), Lordon pointait qu’il était certain « qu’un monde pourtant condamné mais encore bien décidé à ne rien abandonner finirait par se trouver le porte-voix idoine, l’individu capable de toutes les ambivalences requises par la situation spéciale » ; Et qui pourrait effectivement nier que l’homme du « en même temps » ait su agréger une « liste invraisemblable de soutiens qui va des communistes passés à droite aux ultra-libéraux restés à droite en passant par la moitié des gouvernements Chirac en exil et toute la (vaste) fraction du PS vendue au capital » ?



Si on peut ne pas apprécier Lordon et son style atrabilaire, il est pourtant difficile de nier que « Macron est, par agrégation du pire, la personnification même du système, livrant par-là d’ailleurs sa vérité ultime : l’ensemble des différences coutumières dont les fausses alternances tiraient leur dernier argument et les éditorialistes leur fourrage — « gauche » et « droite », « PS » et « LR », « Hollande » et « Sarkozy » —, n’était qu’une comédie ».



Et on se remémorera avec profit l’enseignement de Gramsci sur l’hégémonie culturelle du système dominant – en l’occurrence celui de nos démocraties libérales – qui sait très bien faire passer ses intérêts pour ceux de tous, et les vessies pour des lanternes. En somme, si les « méchants » ne sont pas nécessairement mauvais, les « bons » non plus.

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Le mage du Kremlin

Dans son premier roman le politologue italien conseiller de Matteo Renzi quand il était président du gouvernement, met en scène l'énigmatique Vadim Baranov, plus probablement le nom attribué au très réel Vladislav Sourkov, proche conseiller de Vladimir Poutine pendant quinze années. Grand prix du roman de l'académie Française en 2022, ce récit particulièrement documenté nous plonge dans un univers hypnotique ou, pour une fois, les personnages ne sont pas aussi caricaturaux que ce que l'on veut nous faire croire à travers la doxa actuelle. On y apprends en particulier les origines de la popularité de Poutine, lequel, grâce à son conseiller, va être le dernier tsar à représenter la "verticalité du pouvoir" dans un pays en plein marasme politique et moral.

Poutine représente ainsi l'espoir de la fin du chaos dans lequel le pays s'est enfoncé depuis l'effondrement du soviétisme, sans avoir su mettre en oeuvre une société démocratique.

Le génie du "mage du Kremlin" va donc être de théâtraliser le personnage de Poutine, de "mettre en scène le réel" afin de rendre leur fierté au peuple Russe.

Certes le pouvoir incarné est glaçant, mais comme le rappelle l'auteur, méfiez vous d'un russe qui vous sourit: soit "il est idiot", soit il se paye votre tête.

Or, n'avons nous pas nos propres théâtre d'ombre qui ont entrainé l'occident dans des guerres aussi meurtrières qu'inutiles? qui est le Potemkin à la Maison blanche qui a conseillé Jimmy Carter d'armer les moudjahidines Afghans contre les soldats russes, pour ensuite devoir combattre les talibans pendant 20 ans, ou celui qui a conseillé Bush junior d'envahir l'Irak à cause de prétendues armes de destruction massive qui n'ont jamais existé? Sans conclure de façon aussi catégorique, Giuliano da empoli nous fait une démonstration acérée d'une sorte d'industrie du chaos aux portées universelles.
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Le mage du Kremlin

Un roman passionnant, ayant une résonance très particulière dans le contexte géopolitique actuel. Malgré un début un peu long, on est rapidement plongé dans l’histoire. La seule chose que l’on se demande en fermant ce livre, c’est quelle est la part de vrai, tout cela semblant finalement assez crédible.
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