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Critiques de Glendon Swarthout (236)
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Homesman

Traumatisées par les terribles épreuves qui plombent leur quotidien dans les grandes plaines de l’Ouest américain au XIXe siècle, quatre épouses de colons ont sombré dans la démence. Leur petite communauté décide de les rapatrier dans leurs familles demeurées à l’Est. Une femme et un homme se chargent de les convoyer dans un périple qui doit durer des semaines : Mary Bee Cuddy, ex-institutrice célibataire reconnue pour son esprit charitable et ses capacités à cultiver sa terre seule, et Briggs, voleur de concession à qui cet engagement doit épargner la potence.





L’on est bien loin de La petite maison dans la prairie ou des westerns classiques lorsque l’on découvre les histoires de ces quatre malheureuses, chacune plus affligeante et tragique l’une que l’autre. Isolées, d’interminables et implacables hivers durant, dans leurs rudimentaires maisons-terriers creusées dans la terre, trimant comme des bêtes pour d’aléatoires récoltes qui ne leur épargnent ni la faim ni les dettes, épuisées par les grossesses puis dévastées par une mortalité infantile accablante, ces épouses de colons sont usées à vingt ans, si encore elles ne s’effondrent pas auparavant. Comme il est tout autant impossible pour les maris de survivre avec une moitié désormais inutile que de quitter la concession où ils ont tout investi, ne leur reste plus qu’à renvoyer ces ombres d’épouses là où ils les ont trouvées, dans des familles qui les placeront peut-être dans les asiles qui n’existent pas sur la Frontière. Mais le trajet-retour est lui-même une gageure : comment mener sans encombre, au travers d’un territoire hostile, quatre femmes folles à lier, d’ailleurs elles-mêmes possiblement dangereuses ?





C’est un duo improbable qui se lance dans l’aventure. Mary Bee est une femme mûre que son éducation et son intégrité, autant que son autorité, sa solidité et son indépendance, rendent bien trop déconcertante pour les hommes de son époque et condamnent à une insupportable solitude. Briggs est un chien errant transformé par ses déboires en dur-à-cuire sans foi ni loi, rustre mais parfaitement adapté à ce brutal bout du monde où vient se disloquer jusqu’à la notion-même d’humanité. Ces deux-là vont devoir s’entendre pour faire face aux mille épreuves et dangers de leur sinistre convoyage, dont le noir récit parviendra néanmoins à offrir quelques fugaces et touchantes éclaircies dans une plaine aussi oppressante que splendide, puis dans une ville toute aussi surprenante, où le pire côtoie le meilleur.





Cet anti-western singulièrement féministe présente une bien sombre, mais très réaliste vision de la Conquête de l’Ouest, quand des convois de pionniers, partis au prix d’immenses sacrifices au devant d’un Ouest fabuleux, essuyèrent de terribles désillusions et firent surtout la fortune d’affairistes et de spéculateurs sans scrupules. Une lecture passionnante, bouleversante et terriblement noire, qui remet à l’endroit une mémoire historique pervertie par le mythe. Coup de coeur.

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11 H 14

Écrivain à succès de livres pour enfants, B. James Butter mène une vie tranquille et chic à New-York. La trentaine, pétillant, une âme d'enfant, il n'aime rien tant que de raconter devant un cercle de petites têtes blondes les aventures de Frisby la mouche. Alors en pleine lecture, il reçoit un coup de fil de son ex, Tyler, avec qui il n'est resté marié que trois mois. Une relation dont l'écrivain a eu bien du mal à se défaire d'autant que la belle est partie pour un autre... écrivain, Max Sansom. Or celui-ci vient tout juste de mourir dans d'étranges circonstances. Écrasé par un chauffard à Harding, Nouveau-Mexique, ville natale de Tyler. Des circonstances qui font penser à cette dernière qu'il ne s'agit peut-être pas vraiment d'un accident. Après lui avoir demandé d'accueillir le cercueil, elle le supplie d'aller faire un tour au Nouveau-Mexique et découvrir ce qui a pu se passer. Si, en plus, il y a un mariage à la clé, Jimmie ne se fait pas longtemps prier...



Qu'a-t-il bien pu se passer à Harding pour que Max Sansom y revienne les deux pieds devant ? Qui plus est dans un sale état... La thèse de l'accident bien vite oubliée, il en sera pour la pomme de B. James Butter de lever le voile sur ce soi-disant accident. Max aurait-il fait son curieux et poser trop de questions sur les événements de 1960 et 1966 auxquels sont liés toute la famille de Tyler ? Pour faire plaisir à son ex dont il est encore amoureux, Jimmie va, bien malgré lui, enfiler le costume de détective et va devoir se confronter à une population locale peu expansive et méfiante. Entre secrets familiaux, meurtres, vengeance, rancœurs, corruption et immigration, ce roman se révèle passionnant, de par les révélations du passé, rythmé, empli de rebondissements et, tout à la fois, noir et jouissif, de par des dialogues enlevés et l'humour omniprésent. Les personnages, quant à eux, ne manquent ni de piquant ni de caractères, notamment B. James Butter, un écrivain truculent et attachant.

Un roman fort sympathique...
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11 H 14

Jimmy, le narrateur, est un paisible auteur de livres pour enfants qui vit à New York. Lorsque l’amant de son ex-femme Tyler trouve la mort au Nouveau-Mexique, il accepte, dans l’espoir de reconquérir la jeune femme, de partir enquêter sur place : Tyler est en effet persuadée qu’il s’agit d’un meurtre, lié aux deux procès qui, en 1910 et 1916, ont violemment opposé ses deux grands-pères. Parvenu à Harding, le village natal de Tyler, Jimmy comprend très vite qu’il a mis les pieds dans un dangereux bourbier.





Avec un humour décalé absolument irrésistible, l’auteur nous embarque, aux côtés d’un homme a priori peu fait pour l’aventure, dans un Ouest américain où le polar ne va cesser de se mêler au western, en incessants allers retours entre deux drames survenus au début du XXe siècle, et les dangers d’une enquête contemporaine qui dérange bien du monde, y compris un juteux réseau d’immigration clandestine depuis le proche Mexique : habile moyen de nous faire comprendre au passage que l’Ouest américain « civilisé » d’aujourd’hui n’est pas toujours si différent de l’ancien Ouest « sauvage », régi par la loi des armes, et que le droit n’a pas permis le triomphe du Bien sur le Mal, comme le pensait ingénument le narrateur avant ses mésaventures.





Tenu en haleine par un suspense consommé que l’auteur se joue à entretenir avec la plus grande espièglerie, le lecteur se retrouve d’emblée envoûté par un talent et une plume qui, jouant des clichés et des codes tant du polar que du western, font oublier les quelques improbabilités du récit. Le résultat est un livre aussi drôle qu’addictif, qui se dévore avec un plaisir sans mélange, et vous donne l’envie d’enchaîner aussitôt avec tous les autres ouvrages de Glendon Swarthout. Coup de coeur.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Homesman

Quelques familles avaient quitté l'Ouest américain pour s'installer dans le Nebraska, là où l'on promettait des terres cultivables et un meilleur avenir. Malheureusement, la grêle de juillet, le vent brûlant de l'automne et l'hiver terriblement rugueux avaient eu raison de leur récolte. Pourtant, les hommes trimaient à longueur d'année. Les femmes n'étaient pas en reste : elles s'occupaient de la maison et enfantaient. Des enfants qu'ils avaient du mal à nourrir pendant l'hiver. Aussi, l'enfant que Theoline Belknap portait de nouveau en elle ne fut pas accueilli avec joie. Bien au contraire...

Mary Bee Cuddy, une ancienne institutrice, fermière célibataire s'occupant seule de ses terres, était une femme robuste et vaillante. Ce fut donc vers elle que le révérend Alfred Dowd se tourna pour lui parler de ces femmes qui avaient perdu la tête. Qu'elles aient perdu ou tué leurs enfants ou bien qu'elles n'aient pu en avoir, toutes étaient devenus folles. Leurs maris, apeurés, ne voulant plus guère les garder auprès d'elles, voulaient les renvoyer dans leurs familles. Le rapatrieur était tenu de les amener jusqu'à Hebron, dans l'Iowa. Malheureusement, tous refusèrent. Par charité chrétienne, Mary Bee se proposa. Avant qu'elle ne prenne la route accompagnée des quatre femmes, elle fit une bien étrange rencontre. Un certain Briggs qui, visiblement, n'eut d'autre choix que de convoyer avec elle...



Quelle traversée inoubliable que nous propose Glendon Swarthout ! En compagnie de l'indépendante Mary Bee Cuddy, du vaurien et bon à rien George Briggs et des quatre femmes considérées comme folles que leurs maris veulent renvoyer dans leurs familles. Dans ce milieu hostile, l'auteur décrit avec ferveur la vie des pionniers, leurs rêves mais surtout leurs désillusions. Il dépeint avec force le portrait d'une femme autoritaire, un brin bourrue mais profondément humaine et sensible dont le sort de ses quatre passagères tient à cœur. Alternant l'épopée et le passé de chacune d'elles, ce roman nous plonge au cœur de destins de femmes aussi tragiques que touchants. Ce roman traite à la fois de la solitude, de l'existentialisme, de la folie, de la liberté. Au cœur de cette nature sauvage, aride et inhospitalière, l'on vibre et l'on s'émeut. Un roman au souffle épique habité par des personnages passionnants et servie par une écriture sauvage et âpre.



À noter que ce roman a été adapté au cinéma par Tommy Lee Jones avec Hilary Swank.
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Bénis soient les enfants et les bêtes

Ce soir était la pire veillée de toutes. Aucun d'eux n'avait traîné après le repas, aucun n'avait chahuté, parlé ou lu tant ce dont ils avaient été témoins dans la journée les avaient traumatisés. Chacun s'était enfoui dans son sac de couchage, remontant la fermeture Éclair jusqu'au cou, leur poste de radio émettant plus fort que d'habitude. Tout juste réveillé d'un cauchemar, Cotton tendit l'oreille et compta quatre postes de radio au lieu de cinq. Il remarqua que le lit de Lally II, le plus jeune de tous, était vide. Il réveilla alors Lally I, Teft, Shecker et enfin Goodenow. En tant que chef des Pisseux, Cotton décida de partir à la poursuite de Lally II qui s'était, semblait-il, fait la malle, visiblement plus traumatisé encore que ses camarades. Ils n'auraient pas dû rentrer au camp de vacances et faire ce qu'ils avaient prévu là-bas, dans l'après-midi. Alors, cette nuit, tous soudés, voulant prouver à tout le monde qu'ils ne sont pas les Pisseurs, ils vont accomplir leur mission, qu'importe les dangers et les 160 kilomètres à parcourir...





Un camp de vacances en plein cœur de l'Arizona. Des adolescents, âgés de treize à seize ans, dont la brochure du Box Canyon Boys Camp promet d'en faire de vrais cow-boys aguerris et endurcis. Des compétitions sportives qui permettent de faire des groupes. Parmi eux, il y a les Pisseux : Cotton, les frères Lally, Teft, Shecker et Goodenow. Les rejetés, les mal vus par les moniteurs. Qu'a-t-il bien pu se passer pour que six adolescents, âgés de 12 à 15 ans, se fassent la malle en pleine nuit, avec dans le cœur, une mission à accomplir, un acte de bravoure qui leur permettra de refouler leurs peurs ? Glendon Swarthout retrace, à l'aide de flashbacks, l'histoire de chacun mais aussi l'événement qui les a tous marqués et bouleversés au cours d'un après-midi. Ce roman initiatique met en avant la solidarité, les épreuves qui nous font grandir et cette nature sauvage et parfois hostile. Un road-movie âpre, sombre, habité par des personnages attachants et qui nous plonge dans une ambiance tendue et oppressante.



Merci pour le prêt, les Apinel !
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11 H 14

Et bien , voici une très belle surprise pour moi qui , après avoir lu la quatrième de couverture , ai décidé de me laisser tenter par l'ouvrage d'un auteur dont , je l'avoue humblement , je ne connaissais rien , même pas l'existence , ce dont j'ai vraiment honte . Il faut dire , les amis , que la couverture , hein , elle donne le ton à ce que sera cette histoire ....L'humour , c'est un art extraordinaire mais ...difficile , vraiment , surtout quand il faut l'appliquer à des situations que l'on peut qualifier de " dramatiques " . Et là, dès lors que l'on adhére, on adore . Se " marrer " devant la mort , oui , ...tant que ce n'est pas la sienne....Moi , là , en ce moment , ça va...euh , merci...

Le naïf Jimmy ...inénarrable , amoureux , marié six mois , largué, rappelé......et , comme les scouts , " toujours prêt " . On peut lui faire confiance pour évoluer nous faire rire ( souvent ) , se laisser moquer( très souvent ) et ...grandir ( lentement mais ...sûrement ), et surtout , mieux "voir" , mieux comprendre , devenir un " homme ", un " vrai " . Il va en rencontrer des obstacles pour finir par vaincre et convaincre .....enfin , je crois .

Il y a dans ce roman un mélange de naïveté très sympathique et un cheminement vers la constuction d'un homme , une histoire que l'on suit avec beaucoup , mais vraiment beaucoup d'intérêt et de sympathie . " Jimmy le Kid" est un personnage qui grandit , devient l'homme que l'on attendait , un homme au grand coeur .....

Ce roman , c'est aussi la rencontre entre un genre qui a bercé ma jeunesse , " le western " et qui illumine une période moins naïve de mon existence , " le polar " et ce mélange, pour moi , est un pur bonheur , une réussite de premier plan .

Et puis , au delà , il y a l'évocation de problèmes contemporains aux États- Unis et , sans doute ailleurs , comme le port d'armes , le trafic d'immigrés , la peine capitale , la vengeance personnelle , la corruption , les difficiles relations familiales , la recherche de " son identité " , la quête du bonheur ....Et oui , utiliser l'humour est un art extraordinaire pour évoquer les maux d' une société . L'humour est une arme terrible , bien plus difficile à manier qu'un revolver....sauf si ....il n'y a plus qu'à découvrir ce roman puissant , jubilatoire , qui commence sur un train de " sénateur " pour finir " au sprint " .Un roman que j'ai choisi et qui a comblé mes attentes....Un roman vraiment superbement et intelligemment construit .

Alors , me direz - vous ...4 étoiles seulement ? Oui , Je n'aime pas trop quand on me dit " traduction revisitée " . Ça fait un peu " adaptation ", non ? Ça a le mérite d'être dit , c'est sans doute légalement obligatoire , mais , en même temps , ça interpelle un peu...Moi , j'dis ça j'dis rien ...Mais c'est Swarthout qui écrit pas bien ...ou moi , lecteur , qui aurais eu des difficultés à comprendre ....?

Rien de tout ça ? Chouette ! Alors , expliquez- moi .....

Chers amies et amis babeliotes, je ne puis vous dire qu'une chose : j'ai aimé et même beaucoup aimé . Après , attention , " ça tire dans tous les coins " ..et pourtant , c'est une histoire menée " rondement " , alors les coins , y'en avait pas énormément....Allez ....11h14 ..l'heure de....Vous me direz , hein ? Pour moi , demain , c'est l'heure de mon rendez - vous chez le kiné....Et oui , ils vous sont " chers " , hein , les v....anciens ...Dans le roman , rassurez- vous , c'est l'heure de .........( votre mission , si vous l'acceptez , sera de compléter les pointillés ). A bientôt, amitiés.
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Homesman

Un drame de la solitude. Le far-ouest sans fard.

Quand les femmes de pionniers deviennent folles, tôt ou tard.

Peuplés d’indiens, de bisons, de loups et de crotales. A l’ouest total.

Les terrains des Grandes Plaines à pas cher coutent la vie.

La besogne, les disettes, les deuils, les corvées et le climat, rien ne repousse l’envie.

L’écriture efficace dévoilent les carcasses. Que de malheur dans leurs besaces !

Risquer tout pour presque rien, c’est plusieurs mâles pour un bien.

Filer sur les pistes pour ramener ces femmes à la civilisation mais pas à la raison, juste à la maison, c’est franchir le point de non-retour sans grands et beaux discours.

C’est un roman qui vaut le voyage avec la détresse pour seul bagage.

Ce qu’elles ont vécu dépassent l’ordinaire, cette virée transite par l’enfer.



« Il avait envie de lui dire, bon sang, gamine, ne grimpe pas dans un chariot pour aller vivre dans une maison en terre, faire une portée de marmots et vieillir avant ton heure, perdre la boule et obliger quelqu’un à t’attacher dans un autre chariot pour te ramener à ton papa et à ta maman qui seront morts et enterrés d’ici là. »



Ce n’est qu’un fourgon-movie tiré par des mules mais pourtant, je souhaite qu’il fasse des émules.







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Homesman

Le western est un paradoxe. Genre très codifié, il est typiquement américain, notamment de par l'importance du mythe de la "frontière". Pourtant, c'est un genre qui appartient à l'imaginaire collectif de quasiment toutes les cultures. Cela tient sans doute au fait que le western aborde des thèmes universels, la vengeance, le choix entre courage et lâcheté, la naissance de la civilisation... Peut-être aussi cela tient-il au fait que le western est le genre idéal pour proposer des histoires simples et belles.



"Homesman" de Glendon Swarthout, c'est cela, une histoire simple et belle. A l'image de ses deux personnages principaux. Cuddy, courageuse, déterminée, fière (trop parfois) et Briggs, hors-la-loi solitaire au mauvais caractère cachant tout de même un cœur bon, sont de très beaux personnages, attachants, vivants, de ceux qui marquent durablement le lecteur.



C'est la désillusion de la conquête de l'ouest qui est au cœur du récit. Ces terres que les pionniers imaginaient pleines de promesses se révèlent hostiles, dures. Les territoires sont encore sauvages et y survivre est une lutte dont tous ne sortent pas vainqueurs. L'auteur décrit parfaitement la rudesse de la vie dans ces terres pas encore apprivoisées. Le lecteur perçoit intensément la misère, le froid, l'épuisement physique et moral de ces hommes et femmes. Des conditions de survie extrêmes qui contraindront certaines, anéanties, à devoir prendre le chemin du retour vers l'est.



Mais le ton du roman n'est en rien misérabiliste et déprimant. Relaté comme une aventure, le voyage des deux héros et de leur "chargement" est plein de péripéties haletantes et parfois même teinté d'humour.



Swarthout sait parfaitement décrire la nature sauvage, ces paysages immenses dans lesquels l'Homme est minuscule. L'écriture est épurée, directe, sans être aride. Sobre et subtile, l'écriture est élégante.



Par la grâce de ses deux merveilleux personnages, d'une histoire passionnante et d'une écriture simple et belle, Glendon Swarthout compose avec "Homesman" un grand roman humaniste, touchant et subtil.



Challenge Multi-Défis 2016 - 5 (catégorie "un western")
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Homesman

Une version âpre de la conquête de l’Ouest, où l’extrême dureté des conditions de vie des pionniers peut mener à la folie et où l’État qui les a encouragés à partir peupler l’Ouest n’a strictement rien mis en place pour aider ceux et celles qui sombrent. Les femmes devenues démentes doivent donc être rapatriées à l’Est, là où elles ont de la famille qui pourra s’occuper d’elles, ou à défaut, là où il y a des asiles.

C’est intéressant, les personnages sont assez originaux. Mary Bee Cudy nous est d’abord présentée à travers la vision qu’en a le révérend Alfred Dowd: une femme bien, une femme forte, instruite, un véritable pilier de la communauté, qui a réussi à ramasser assez de fonds pour permettre la construction d’une école-église, qui remonte le moral des déprimés, soigne les malades, joue la tante auprès des plus petits, donne de la nourriture à ceux qui risquent de mourir de faim... Qui sait aussi manier le fusil comme un vrai soldat. La suite du récit nous fera aussi découvrir ses failles et fêlures.

Briggs au contraire nous apparaît d’abord comme un satané vaurien, mouillant dans des sales combines, échappant in extremis au lynchage à la condition d’aider Mary Bee Cudy à rapatrier les femmes folles vers leur terre d’origine. C’est aux yeux de Mary Bee un loup solitaire qui semble n’avoir jamais entendu prononcer le mot «coopération». Mais lui non plus n’est pas un personnage monolithique.

Au niveau de leur relation pourtant, Glendon Starthout aurait pu à mon avis aller plus loin, construire quelque chose de plus captivant. C’est un bon roman mais un peu en-deçà de ce que j’en attendais.

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Le tireur

Un des aspects que j’apprécie particulièrement dans le western, c’est qu’à travers des destinées intimes de personnages archétypaux inscrits dans une culture spécifique, il s’intéresse à des thèmes ayant une portée universelle. Le fait que l’Ouest, tel qu’on l’entend dans le western, s’inscrit dans une période très circonscrite permet notamment d’évoquer la construction d’une société et la mutation finale de celle-ci. Swarthout s’est intéressé à ces deux moments charnières de l’Ouest. Ainsi, l’action de « Homesman » se situait plutôt dans les débuts de la conquête de l’Ouest tandis que dans « le tireur », le récit prend place alors que cette ère de conquête est achevée. Il est d’ailleurs très intéressant de lire l’un en ayant lu l’autre auparavant. J’avais adoré ma lecture de « Homesman », grand roman humaniste et j’ai retrouvé dans « le tireur » la même délicatesse, la même bonté.



« Homesman » évoquait les perdants de la Frontière, ceux qui n’étaient pas assez durs pour survivre dans cet environnement hostile, encore sauvage. Au contraire, « le tireur » se déroule en 1901, la conquête de l’Ouest est achevée, les territoires sauvages ont été domestiqués et refaçonnés par l’Homme, et avec le chemin de fer qui s’étend la Frontière n’est plus. La conquête de territoires hostiles demandait des Hommes au cuir épais, au cœur dur, taillés par les éléments et l’adversité. Mais en ce début de XXème siècle, ces Hommes à l’ancienne ne sont plus vraiment à leur place, leur temps est fini. C’est le cas de Books, le héros du « tireur », dont on va suivre la lente agonie, symbole de la mort de l’Ouest et de l’avènement d’une nouvelle ère. J’ai trouvé ce récit vraiment poignant, il y a quelque chose de bouleversant à assister à la mort lente d’une époque, dure certes, mais pleine de promesses et d’espoirs. La conquête de l’Ouest s’est faite dans le sang et dans la boue mais il y avait aussi beaucoup d’espoir là-dedans, l’espérance en de meilleurs jours, la croyance en des valeurs morales fortes. Une fois la conquête achevée, force est de constater que ces espoirs ne peuvent être que déçus. Ce n’est pas un monde meilleur qui est né, la civilisation n’est qu’un vernis, la violence est toujours au cœur de la société même si cette violence s’exprime différemment. L’ère des tueurs comme Books est révolue, fini le temps des as de la gâchette, voilà maintenant le temps des cyniques, des escrocs sournois. Ceux qui tirent leur épingle du jeu ne sont plus les tireurs les plus rapides mais les manipulateurs et les menteurs les plus habiles. Ce n’est plus la force qui est au cœur de la société mais l’argent. Cet adoucissement de la société n’est qu’une apparence, sous le vernis de la civilisation, la bassesse humaine est plus que jamais là. Lequel des deux est le plus inhumain entre le tueur qui tue d’une balle celui qui lui fait face ou le vautour qui calcule ce qu’il pourra gagner sur le dos d’un mourant ? Avec tous ces cyniques qui l’assaillent de toutes part, on ne peut s’empêcher d’éprouver une grande empathie envers Books. Les Hommes à l’ancienne avaient un code d’honneur, des valeurs et Books ne déroge pas à cette règle. Il sait qu’il va mourir et va tout faire pour partir avec honneur et dignité. Il ne manque pas de panache et affronte la mort avec courage et une forme d’élégance.



Cette seconde lecture de Swarthout a été aussi excellente que la première. « Le tireur » est un roman intelligent, subtil et touchant tout en bénéficiant du talent de conteur hors pair de son auteur. Autant dire que je n’en ai pas fini avec Swarthout.

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Le tireur

JB Books est un dur, un vrai. C’est un tireur, une espèce en voie de disparition dont il est probablement le dernier spécimen. Une légende vivante. Il est de ceux que l’on regarde du coin de l’œil entre crainte et admiration malsaine. Il a le cuir épais du bison et le sang froid du crotale, un pur produit de l’ouest sauvage.Inébranlable. Indestructible. Du moins avant d’entamer une partie de poker avec la grande faucheuse. Il a beau essayer de bluffer il sent bien que ce coup quelque chose cloche. Il a une très mauvaise main et sur l’une des cartes s’affiche un crabe très moche qui s’en prend méchamment à sa virilité. Cancer de la prostate. Un duel perdu d’avance même pour le tireur le plus rapide de l’ouest.



Alors après une vie de solitude et de nomadisme Books va devoir se poser. Pas longtemps, juste le temps de mourir. C’est donc dans la chambre d’une pension modeste mais respectable, avec pour seule compagnie son journal, qu’il décide de s’installer. N’en déplaise à la logeuse qui se serait bien passée de ce locataire encombrant. Books est tout ce qu’elle déteste et pourtant ce sera la seule à se montrer réellement humaine envers lui. Car évidemment la mauvaise nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre et les vautours ne tardent pas à rappliquer. Cette petite chambre à El Paso va voir défiler des personnages tous plus cyniques les uns que les autres. La mort est rentable pour qui sait y faire et ils sont nombreux à vouloir une part du gâteau. Shérif, ex, journaliste, croque mort… que des braves gens. Des citoyens modèles qui n’ont jamais enfreint la loi mais dont la morale laisse pour le moins perplexe.



Seul, assailli de tous les côtés, affaibli physiquement et moralement Books n’a plus que sa fierté, son code d’honneur et ses colts. Mais ça reste Books et pas question qu’on lui vole sa mort. Alors, accrochez vous à vos caleçons longs, ça va chauffer.



Glendon Swarthout nous offre une réflexion sur la maladie et nos choix face à l’inéluctable. Cynique, sombre et addictif ce roman est mélancolique comme un vieil air d’harmonica qui se perd dans le soleil couchant.
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Bénis soient les enfants et les bêtes

Six gosses de riches poussés de travers et handicapés de la vie sont envoyés par leurs parents démissionnaires dans un camp pour ados au fin fond de l'Arizona, qui affiche pour mission de redresser les torts et d'en faire au bout de deux mois des cowboys endurcis, de vrais Américains en somme.

Ces six-là sont la lie du camp, relégués par les autres dans l'équipe des « Pisseux » car incapables de remporter la moindre compétition sportive par laquelle la discipline du camp entend faire d'eux des hommes. Mais, témoins d'un événement qui les a bouleversés et que l'on apprend que tard, ils fuguent ensemble pour accomplir une mission…



Difficile d'en dire plus sans dévoiler l'intrigue habilement ficelée de ce récit, mi roman d'apprentissage mi road movie, mais surtout interrogation en creux de ce qui a fait l'âme de l'Amérique et de ce qu'elle est devenue.

« Bénis soient les enfants et les bêtes » est un beau drame qui prend tout son sens dans les dernières pages, dans lequel j'ai retrouvé la sensibilité assez sombre de Glendon Swarthout découverte dans l'excellent « Homesman », qui réussit le tour de force de nous attacher à six jeunes personnalités tordues, peureuses et sans gloire, aux prises avec la Nature qui joue dans le roman un rôle puissant.



Merci à Babelio et aux formidables éditions Gallmeister par lesquelles je fais une nouvelle fois une magnifique découverte.

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Homesman

Nebraska, milieu du 19ème.

L’hiver est rude cette année encore, au coeur des grandes plaines de l’Ouest. Ceux qui y sont venus tenter leur chance, en s’installant ici comme cultivateurs terriens le savent : les plus faibles ne verront pas le printemps. Les loups rôdent, la faim se fait sentir; La diphtérie fait des ravages; Seuls les plus chanceux et les plus travailleurs s’en sortent.

Parmis eux, une femme, Mary Bee Cuddy, ancienne institutrice, cultive seule sa terre. Femme courageuse et indépendante, Cuddy est connue de tous pour sa grande bonté. Alors quand le révérand Dowd lui confie que quatre femmes de la region, que la rudesse de cette vie à rendues folles, vont être convoyés vers l’Est, elle ne peut se résoudre à les abandonner...

A bord d’une diligence transformée en fourgon, avec pour toute aide celle de Briggs, un hors la loi solitaire et grognon rencontré en chemin, elle part vers l’Est ramener ces femmes chez elles.

Dans ce western qui fait la part belle aux femmes, Glendon Swarthout raconte la désillusion des migrants qui partirent chercher fortune au delà du Missouri, dans le « Territoire » et qui payèrent très cher, parfois de leur vie, la conquête de l’Ouest.

Mais il s’agit également d’un formidable récit d’aventures ponctué, au plus fort du drame, de petites notes d’humour distillées avec espièglerie par la plume maîtrisée de l’auteur. L’effet est jouissif !

Un roman passionnant, à l’écriture très cinématographique (Tommy Lee Jones ne s’y est pas trompé en l’adaptant en 2014) et qui tient le lecteur en haleine.

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Bénis soient les enfants et les bêtes

Je remercie les éditions Gallmeister pour l’envoi de ce roman 100% grands espaces !

Publié en 1970 sous le titre « Bless the Beasts and Children », ce chef-d’œuvre de Glendon SWARTHOUT est réédité en 2017 aux éditions Gallmeister. » Bénis soient les enfants et les bêtes « est un roman contestataire à l’encontre d’une Amérique très conservatrice, où les enfants et les bêtes ne sont plus que des objets de distraction.

Six adolescents rentrent littéralement traumatisés par le spectacle dont ils ont été témoin quelques heures plus tôt. Pensionnaires au célèbre « Box Canyon Boys Camp », Cotton, Goodenow, Teft, Shecker, et les frères Lally I et Lally II, âgés de douze à quatorze ans, ne sont pas ici par choix, mais plutôt pour alléger des parents fortunés mais souvent immatures. » Envoyez-nous un garçon, nous vous renverrons un cow-boy ! » scande le slogan. Déléguant ainsi une certaine éducation à la dure, leurs parents profitent donc de quatre semaines de liberté, pendant lesquelles ces jeunes garçons vont participer à des rites initiatiques, encourageants pleinement l’esprit de compétition, jusqu’à devenir dégradants. Surnommés « Les Pisseux » les six garçons peinent à remporter leur première victoire sur le camp.

Marginalisés car différents, leur histoire personnelle est narrée au compte goutte, avec pudeur. Des anti-héros traumatisés mais attachants.

Mais ce soir-là, lorsque ces six garçons se retrouvent dans leur cabane, le silence règne. Tous se sont glissés dans leur lit, imaginant oublier cette scène en fermant seulement les yeux. Mais Cotton, le plus âgé du groupe, s’aperçoit que Lally II manque à l’appel. Immédiatement il le soupçonne de s’être enfui du camp. Ensemble, ils décident de fuguer à leur tour pour le retrouver.

C’est une bande d’adolescents, pas débrouillards pour un sou, mais d’une imagination débordante que le lecteur va suivre tout au long de ce roman. Une nuit aventuresque attend ces jeunes, dans un décor de grands espaces, au cœur de l’Arizona. Ils ont quelque chose à prouver, à leur entourage, mais surtout à eux-mêmes. À défaut de devenir des cow-boys, ils vont devenir des êtres engagés envers et contre tous, au milieu d’ une nature souvent hostile, transgressant leurs craintes et les lois.

Vont-ils parvenir à accomplir cette mission qui leur tient tant à cœur ? Quel prix cet acte de bravoure va-t-il leur coûter ?

Glendon Swarthout fait planer le mystère jusque dans les dernières pages ! Mais le lecteur se délecte de ce road movie à l’américaine. C’est un roman initiatique sur l’amitié et le courage, dans une Amérique décrite avec subtilité, dans tout ce qu’elle a de plus grotesque. Une Amérique profonde dans laquelle l’apprentissage se fait à la manière « marche ou crève » au risque de gangrener toute une génération, en faisant d’eux des êtres asociaux. Âpre, cruel, sauvage, et un brin écolo, ce « nature writing » est une leçon de détermination !

Ce livre a été adapté au cinéma en 1971 par Stanley Kramer.
Lien : https://missbook85.wordpress..
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Homesman

Région de Wamego, dans l'ouest américain, au milieu du 19ème siècle.



Les villes n'ont pas encore de nom, ce sont des terrains que les colons occupent et finissent par acheter. Tout est à construire. Il n'y a rien même certains bâtiments commencent à sortir de terre. Contrairement aux villes de l'Est, lieux d'arrivée, les communautés se sont largement installées. Mais, la conquête de l'ouest fascine. Beaucoup de jeunes couples souhaitent partir et entament le périple à travers le pays dans l'espoir d'acquérir de grandes terres à cultiver et d'y installer leur ferme et leur production. Cependant, le chemin est long, les plaines de l'ouest sont rudes, le climat, les animaux et la nature sauvage règnent.



Pourtant, quelques colons ont eu le courage de le faire. Nous rencontrons quatre familles aux vécus différents mais douloureux, dans lesquelles les femmes sont profondément touchées et ne peuvent plus vivre dans de telles conditions.



"Pendant l'hiver, quatre femmes de la région, de bonnes épouses, ont perdu la tête. Leurs maris ne pouvant ne pouvant plus s'occuper d'elles. On doit les conduire dans l'Iowa où le pasteur et son épouse pourront les amener dans leurs familles respectives."

"Homesman" c'est une traversée du Missouri, en chariot, durant cinq semaines. Une seule personne a accepté de faire le voyage, Mary Bee Cudy, trentenaire célibataire, ancienne institutrice. Une femme débrouillarde, n'ayant peur de rien, ni de personne. Pour l'accompagner, il y a Georges Briggs, un voleur qu'elle a sauvé de la mort.



Les quatre femmes devant être conduites dans l'Iowa, embarquent avec leurs guides pour un voyage long et difficile. Elles s'appellent Theoline, Hedda, Arabella et Gro. Elles ont vingt, trente ou quarante ans. Leur point commun : elles ont perdu la tête suite à la maladie, la mort d'un enfant, la dureté de la nature et la peur. Elles sont en état de choc.



Une lecture qui nous fait traverser l'Amérique des plaines et des montagnes face aux dangers des animaux sauvages, des indiens et des hommes. On assiste à la construction des premières villes de l'ouest, aux côtés d'une femme solitaire, courageuse et déterminée.



Un très beau portrait de femme dans une Amérique du 19ème siècle au milieu des paysages vastes et grandioses nord-américain. Une superbe lecture.
Lien : http://labibliothequedemarjo..
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Bénis soient les enfants et les bêtes

Dans une camp de vacances destiné à faire d’adolescents issus de familles fortunées de vrais « cow-boy », six garçons vont devenir des alliés de circonstances. Moins sportifs, plus sensibles, pas dans le moule, ils vont tisser ce lien invisible qui relient parfois tous ceux qui ne cochent pas les bonnes cases. Lien invisible mais puissant qui va les mener, le temps d’une nuit, à se lancer dans une équipée échevelée, une mission de sauvetage aussi folle qu’impérieuse.



« Bénis soient les enfants et les bêtes » est un conte initiatique déguisé en western, rude, sauvage mais teinté aussi de quelques notes d’espoir qui donne une couleur unique à ce texte...
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Bénis soient les enfants et les bêtes

Le "Box Canyon Boys Camp" est un camp d'été haut de gamme destiné à aguerrir des garçons âgés de treize à seize ans. Les pensionnaires sont répartis en six équipes qui sont en compétition constante durant huit semaines . La plus faible des équipes regroupe ceux qui ont été mis au ban car trop faibles, sensibles ou inadaptés. Ils sont surnommés les "pisseux" et reçoivent comme trophée un pot de chambre. Chaque semaine, ils échouent aux épreuves d'équitation, de tir et aux compétitions sportives... Mais un après-midi, les six garçons assistent à une scène violente qui va les choquer. Ils se fixent alors une mission à accomplir qui parait au premier abord insensée et irréalisable, si ce n'est que solidaires et déterminés, les pisseux sont capables de réaliser des exploits.



Le sens de ce court roman d'initiation est dévoilé progressivement au cours du récit. Les portraits de nos six antihéros sont dévoilés dans des flash-back qui permettent de saisir l'origine de leurs traumatismes. Il en est de même pour la nature de la mission qui n'est pas connue au départ et qu'il est donc préférable de taire dans cette présentation. Le livre met en confrontation des losers, ces enfants qui font penser au futur "club des ratés" de Stephen King, aux antipodes du héros américain, et le Grand Ouest, ses espaces immenses, sa sauvagerie et sa liberté. Fils perdus du monde moderne plongés contre leur gré en plein Far West, les adolescents devront s'affranchir de leurs blessures, de leurs peurs et des règles.



Merci aux éditions Gallmeister de rééditer ce genre de pépites cinquante ans après leur première édition.

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Homesman

Homesman a tout ce que l'on peut imaginer trouver dans un western : le cadre sauvage et hostile, le héros bourru, les aventures palpitantes, les Indiens, les fusils, la boisson, le tabac, les bagarres et j'en passe.



Cependant, ce que je retiendrai de ma lecture et qui m'a vraiment émue, ce sont les personnages féminins de ce récit. Des femmes qui ont tout quitté pour suivre leurs maris dans l'Ouest (au Nebraska ici), et qui ont dû faire face à une grande misère, à beaucoup de solitude et de désillusions, à la rudesse à la fois de la nature et de leurs maris (XIX ème siècle dans l'Ouest américain : je vous laisse imaginer).



Mary Bee Cudy, qui paraît si forte et indépendante, souffre aussi beaucoup de solitude. Son dévouement au service des femmes qui l'entourent est pourtant profond ; jamais elle ne déviera de la tâche qu'elle s'est assignée : conduire ses voisines aliénées au sein de leurs familles afin que leur esprit égaré puisse trouver repos et amour.

Elle sera aidée dans sa traversée du Territoire par le héros bourru dont je vous parlais plus haut, un certain Briggs (quoi que nous ne sommes pas certains que ce soit bien son nom mais, ma foi, on s'en contentera). Ce cow-boy plein de ressources découvrira aussi une part de lui-même (bien cachée), au terme de ce voyage.



Un récit palpitant mais douloureux, qui m'a laissée mélancolique. Un beau livre assurément.
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Bénis soient les enfants et les bêtes

Une très belle découverte à travers le road trip de 6 adolescents envoyés d'office dans un camp de vacances pour fils de riches. Un camp qui transforme votre adolescent en homme. Tout un programme : concours sportifs, totems à gagner, compétitions dans tous les domaines. Sauf que notre groupe, qui se prénomme "les Pisseurs", joue plus dans la catégorie loosers que winners, il est constamment humilié par les autres équipes du camp.

Mais qu'importe, ils ont une mission qui découle d'un traumatisme récent et qui les transformera à jamais.

J'ai apprécié le style de l'auteur, la construction du roman dont les differentes histoires enrichissent le présent, les personnages qui avancent malgré leurs blessures.

La description du traumatisme est bouleversante. Je n'ai pas osé chercher si cela se faisait vraiment de peur de découvrir que oui.

Une mention particulière à la couverture et au titre qui prennent tout leur sens une fois le roman refermé.
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Le tireur

Après "Homesman" et "Bénis soient les enfants et les bêtes", Glendon Swarthouse continue de me ravir avec "Le tireur" en apportant une nouvelle fois un regard profond, à la fois distancié et empathique, sur la construction de son pays à travers un nouveau western parfaitement réussi.



il ne fait pas bon vieillir et tomber malade quand on a été une figure du Far West, un de ces tireurs hors pair qui ont fait trembler dans les saloons. C'est pourtant ce qui arrive à Books qui, atteint d'un cancer, vient mourir dans une petite pension d'El Paso au Texas, tentant jusqu'au bout de préserver son intégrité tant physique que morale.

La nouvelle de sa présence et de sa maladie se répand en ville comme une traînée de poudre, et aussitôt les chacals se pressent autour de son lit pour lui arracher qui un peu de sa notoriété, qui son cheval, qui de l'argent. Il donnera tout, sauf son honneur.



Un petit bijou que ce court roman, dans lequel rien n'est épargné au lecteur de l'agonie de ce vieux lion que l'on découvre au fil des pages bien moins terrible et redoutable que ceux qui l'entourent, jusqu'à voir en lui le symbole du déclin inéluctable d'un certain Ouest, fier et libre, face à l'avancée du progrès et ses valeurs plus délétères. Une fierté jusque dans la mort, à travers une scène finale digne des plus grands westerns et d'une élégance certaine. Chapeau l'artiste!

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