Voilà un roman dont le sujet est explosif, et sur lequel les savants et experts historiques se sont longuement querellés, certains jugeant que le point de départ du livre est totalement faux et que l'image donnée par l'immense psychanalyste Sigmund Freud pas épargnée du tout par ce romancier macédonien n'est pas du tout celle de la réalité.
En effet, dans cette "Liste de Freud", qui a reçu le prix européen de littérature en 2010, Goce Smilevski nous y raconte comment le père de la psychanalyse a abandonné ses soeurs qui ont péri en camp de concentration. 1938, Vienne est sur le point d’être envahie par les nazis. Sigmund Freud qui a révolutionné la psychanalyse obtient des visas pour l’Angleterre. Il a le droit d’établir une liste de personnes qu’il souhaite amener avec lui. Au lieu de choisir ses sœurs Pauline, Maria, Rose et Adolphine, il inscrit son médecin, son infirmière, son chien et sa belle-sœur. Or les frangines du psychanlyse elles seront déportées au Camp de Terezin.
C'est une des soeurs, Adolphine, qui est la voix de ce livre, la "soeur préférée" de Freud, très proche de lui durant son enfance et qui la protégea d'une mère qui lui assénait à intervalles réguliers qu'elle "n'aurait jamais dû naître." Le début du livre s’ouvre sur elle et ses sœurs déportées mais la suite est le récit de sa vie. Alors forcément, cette image de Freud en un bourreau immonde qui condamne ses soeurs à une mort certaine dans les camps de la mort.. Et c'est d'ailleurs cette partie du livre, celle qui a trait à histoire d’Adolphine, qui m'a semblé être la plus captivante, cette vie faite de sacrifices pour sa famille, de déceptions et d’impuissance ne peut laisser indifférent.
Le reste du roman, et notamment toute la partie sur l'oeuvre et les actes particulièrement abjects de Freud laissent un peu plus circonspect, d'autant que l'auteur ne prend jamais le soin de distinguer par des notes de bas de page quand on a affaire à la réalité et quand on à affaire à de la fiction.
Bref "une liste de Freud provocante" et pas toujours trés nuancée, mais en même temps on ne peut que louer l'audace de l'auteur d'oser aborder ce pan pleu glorieux de la vie de cet être, devenu une icone pour des milliers de psychanalystes.
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