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Critiques de Graham Greene (311)
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Dr Fischer de Genève

Si vous étiez le gendre, d'humble condition, d'un riche hommes d'affaires suisse, seriez-vous prêt à assister à un dîner dont l'unique but est d'humilier les autres riches convives ?



C'est ce qu'accepte, un peu à contrecoeur au début, le narrateur de ce conte cruel, Alfred Jones, un quinquagénaire qui a eu la chance d'épouser la jeune et jolie fille du docteur.







Employé comme traducteur dans une chocolaterie, Jones mène une vie ordinaire jusqu'à sa rencontre puis son mariage avec Anna-Luise. Son existence bascule dès lors qu'il fait la connaissance de l'énigmatique Docteur Fisher. Cer dernier organise des dîners pour un petit groupe d'élus fortunés au cours desquels il leur fait subir toutes sortes d'humiliations avant de leur octroyer leur récompense, en général un cadeau très coûteux.



Même si l'on est pas forcément cynique, on ne peut que se rendre aux arguments du docteur : la cupidité humaine est sans limites.







Green dresse les portraits savoureux de ces ignobles courtisans : M. Belmont, Mrs Montgomery, riche veuve et seule femme de cette assemblée, Mr Kips (dont Fischer s'est cruellement moqué...), Richard Deane, un acteur has-beene, le divisionnaire Kruger. Tous sont prêts à lécher les bottes du Dr pour augmenter leurs richesses.



Commme le narrateur, on observe avec fascination et dégoût, la déchéance de ces immondes parasites.



Pour autant, le Docteur Fisher ne m'a pas été plus sympathique. Même si l'on comprend son point de vue, on ne peut oublier qu'il a lui-même provoqué le drame familial dont il souffre encore et que sa fille ne lui pardonne pas.



Cette farce grotesque et malsaine souligne une fois encore la noirceur de l'âme humaine. Entre cruauté, bêtise et faiblesse, les protagonisques s'engluent dans la toile machiavélique d'un homme finalement plus pathétique que méprisable.



La scène finale, le dernier dîner, est d'ailleurs le point d'orgue de cette sinistre comédie dont le narrateur et la lectrice que je suis, ne ressortent pas indemnes...



Vous l'aurez compris, une excellente surprise (mais enfin, comment être déçue par Graham Greene ?) qui me donne envie de continuer à explorer l'oeuvre de cet écrivain.







A noter : un téléfilm fut tiré du roman en 1985 avec James Mason dans le rôle du Dr Fisher et Alan Bates dans celui d'Alfred Jones.




Lien : http://lectures-au-coin-du-f..
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Dr Fischer de Genève

encore un partenariat blog-o-book...

commencé hier soir... et bien eu du mal a le reposer pour dormir...



j'étais fan de l'auteur autrefois, je le redécouvre avec beaucoup de plaisir...
Lien : http://mazel-livres.blogspot..
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Dr Fischer de Genève

Par Dr Fischer de Genève, l'un des derniers de ses écrits, je découvre l'univers de Graham Greene, sa plume, et une de ses visions de la société moderne, empreinte d'un grand cynisme noir.

C'est un roman court, aux chapitres succints, mais il restitue une histoire captivante dès les premières pages, avec ce mystérieux et inquiétant Dr Fischer qui est soit présent dans les scènes décrites soit présent dans les pensées et les dialogues de Jones et Anne-Luise. Car le Dr Fischer a cette capacité incroyable de happer les attentions, de susciter les terreurs, mais néanmoins de captiver et de rassembler autour de lui les plus grandes fortunes de la ville qui, en connaissance de cause, répondent à ses invitations pour tenter de gagner toujours plus d'argent même si cela demande d'être sévèrement humilié.





Le suspense du roman réside dans l'incertitude quant à la faculté de résistance et d'indifférence de Jones qui, dans un premier temps, garde une distance protectrice envers les manipulation du docteur. Mais quand soudain on apprend qu'il accepte une seconde invitation à dîner, cela inquiète.





A la lecture, après un premier tiers qui m'a absorbée, j'ai un peu baissé d'attention devant la diminution des scènes captivantes du récit, avant de replonger dans l'intrigue pour la dernière partie du roman, siège d'évènements tragiques et d'un dîner à la cruauté implacable.
Lien : http://chezlorraine.blogspot..
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Dr Fischer de Genève

L'écriture raffinée de Graham Green vient servir ici un texte sur les plus vils des sentiments humains : le mépris, la haine, la cupidité. "Vanité des vanités, tout est vanité" dit l'Ecclésiaste, voici une référence qui pourrait illustrer la futilité des rapports humains qui se nouent dans ce roman.



A une exception près, ceux qu'éprouvent deux amoureux, séparés par une trentaine d'années, mais très vite unis dans une passion amoureuse qui les tient à l'écart des comportements des autres protagonistes.



C'est également un bon roman sur la cupidité, le pouvoir de la puissance, le pouvoir de l'argent que seul celui qui en possède beaucoup est capable de mépriser. Le Dr Fischer méprise surtout les courtisans que bijoux, or, diamants attirent à tel point qu'ils sont prêts à subir les pires humiliations.



C'est aussi le roman d'une résistance, celle du gendre du Dr Fischer, capable de semer la confusion chez les courtisans. Se force-t-il pour résister? Il me semble que non, encore qu'il accepte deux invitations. Qu'il possède l'amour ou qu'il l'ait malheureusement perdu, il est capable d'affronter le Dr Fischer et de contrecarrer certains de ses plans.



La scène finale est un morceau d'anthologie dans lequel la peur de la mort vient se mettre en balance avec la cupidité des courtisans. Le Dr Fischer, comme son gendre, n'a pas peur de la mort, et c'est une belle étude psychologique que de chercher pourquoi finalement ils sont si proches l'un de l'autre, tout en se haïssant.



Une oeuvre dont le titre ne laisse rien imaginer, surtout ne lire aucun résumé avant de découvrir ce roman, peut-être même pas cette analyse qui ne dévoile pas l'essentiel.

















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Dr Fischer de Genève

Voilà d'excellentes retrouvailles d'Horusfonck avec la belle plume de Graham Greene après de trop nombreuses années de séparation.

Drôles de "Dîners de cons", dans lesquels ces cons sont toujours les mêmes et...riches!.. Ces "crapauds", comme les appelle la fille de l'organisateur de ces humiliantes agapes, l'abominable docteur Fischer du titre.

Graham Greene, à travers le regard d'Alfred Jones, emmène le lecteur dans quelques tréfonds de la bassesse et de la vanité humaine.

Alfred Jones n'est pas de cette coterie des riches tant benêts qu'hypnotise le docteur Fisher. Alfred Jones est un quinquagénaire mutilé du blitz, mari aimant et aimé de la fille du docteur, Anne-Luise.

Comme ils sont pathétiques, ces crapauds et leur maître de cérémonie, surtout lorsque ce dernier sonnera la fin de la partie dans une sorte de grand-guignol larvé!.. Avec du son!

Un bon Greene, en tout cas.

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Dr Fischer de Genève

Un homme âgé de la cinquantaine rencontre une jeune fille qui pourrait être sa fille. Elle est riche. C'est l'amour fou et il l'épouse. Il est alors invité à l'une des réceptions de son beau-père (mais sans elle, les femmes n'étant pas admises). Le père est une homme ignoble qui s'amuse en réunissant autour de lui d'autres personnes riches qu'il humilie toute la soirée. Ces personnes ne s'insurgent pas car ils attendent avidement la fin de soirée, moment où il recevront un cadeau somptueux.

Le couple tente de vivre sans que ce père diabolique ne fasse ombrage à leur amour. Un amour qui fait rêver...

Original mais j'ai été déçue car l'auteur nous met la puce à l'oreille dès le départ sur la suite de l'histoire...
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Dr Fischer de Genève

J’ai été dans l’histoire dès le début ; happée par le récit d’Alfred Jones. Il nous raconte la rencontre avec sa femme et sa vie avec elle mais aussi et surtout la rencontre avec son beau-père, le Dr Fischer. Jones décrit avec précision l’horrible personnage qu’est le Dr.

A travers ce récit, on découvre un homme tellement horrible et impitoyable qu’on ne peut ressentir de pitié pour lui. Il est vil, méchant, manipulateur. Il va au bout de sa folie pour voir jusqu’où mène « la cupidité des riches ». Pour cela il organise des « dîners » qui ont pour seul but principal, non pas de nourrir ses invités, mais de les humilier. Les noyer dans une humiliation des plus mesquines.



L’auteur a su nous faire partager le sentiment de haine de Jones envers le Dr. Il a su retranscrire les sentiments et émotions des personnages.

L’écriture est agréable et les chapitres courts. La lecture fut donc rapide. D’autant plus que le récit est à la première personne, donc plus facile je trouve, de se fondre dans le roman et d’en dévorer les pages.



Mais (car il y a bien un mais) à un certain moment, j’ai trouvé que le récit perdait non pas de son intérêt mais, perdait plutôt de son sens. Car je n’ai pas saisi POURQUOI le Dr est ce qu’il est.

Je n’ai pas compris non plus son geste final (dans les dernières pages du roman). Pourquoi, après tant de méchanceté, et avec tant d’orgueil, finit-il ainsi ?

J’ai donc dû rater quelque chose, un détail peut-être dans la lecture m’a-t-il échappé. Je ne sais pas. En tout cas, je regrette sincèrement ce manque de compréhension de ma part... Cela a un peu gâché la fin de cette lecture.



En bref : Une belle découverte tout de même, qui pourtant, à un moment donné, m’a semblé perdre de son sens.
Lien : http://s.ecriture.over-blog...
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Dr Fischer de Genève

Il est toujours intéressant de relire de grands écrivains disparus. Avec ce roman de Graham Greene, je ne fus pas déçue car il s'agit d'une très belle analyse de la cupidité des riches.
Lien : http://surlaroutedejostein.o..
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Dr Fischer de Genève

Alfred Jones épouse la fille du docteur Fischer et malgré l’antipathie de la fille envers son père, Alfred fait la connaissance de son beau père, homme puissant et influant qui organise de fameux dîners. L’histoire comporte quelques anecdotes amusantes mais ça s’arrête là.
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Dr Fischer de Genève

Le narrateur, un estropié depuis la guerre, tombe amoureux d'une jeune fille de bonne famille, de 20 ans sa cadette. le père de la promise, un milliardaire pétri de suffisance, est l'objet d'une foule de rumeurs... Les grands dîners qu'il organise, auxquels est conviée une cour servile et prête à subir toutes les humiliations, sont un rituel dont tous parlent mais que peu connaissent. Alfred Jones va pénétrer à reculons dans cette haute société que le Dr Fischer prétend étudier, voulant voir jusqu'à quelles extrémités les riches peuvent aller par cupidité. Un récit noir et cynique, qui met en scène une société corrompue et orientée vers ses propres plaisirs, avec en toile de fond une Suisse fort bien brossée.
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L'agent secret

Pleine d'action et de suspense, la mission en Angleterre d'un envoyé des républicains espagnols. Un roman d'espionnage mais aussi une interrogation désespérée sur le sens de la vie.
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L'agent secret

Ce roman d'espionnage a été publié en 1939, c'est dire s'il s'agit là d'un brontosaure de la littérature d'espionnage ("Le troisième homme" n'est paru qu'en 1950, "Notre agent à La Havane" en 1958). Une guerre civile fait rage dans un pays d'Europe qui n'est jamais cité, nous sommes aux prémisses de la seconde guerre mondiale. Un émissaire, appelé D. vient négocier en Angleterre une livraison de charbon, ce qui devrait relancer l'ouverture des puits de mine anglais et soutenir les partisans du camp de D. restés au pays. Des intérêts énormes sont en jeu, et les adversaires de D. (représentés par le mystérieux L.) font tout pour l'empêcher de parvenir à ses fins et pour récupérer le marché, allant jusqu'au meurtre. On est là dans une ambiance hitchcockienne, où le héros, qui agit seul, ne peut plus faire confiance en ses amis, car ceux-ci sont peut-être passés à l'ennemi et peuvent attenter à sa vie. Heureusement, une femme rencontrée par hasard apportera à plusieurs reprises son aide précieuse dans les situations les plus désespérées. Le style est assez cinématographique mais sans effet spéciaux, l'ambiance est lourde et menaçante avec un soupçon de romantisme et un peu d'humour, on a l'impression de voir un vieux film en noir et blanc sous-titré. D'ailleurs, ce film existe bel et bien : Confidential Agent, film de Herman Shumlin de 1945, avec Charles Boyer et Lauren Bacall, est une adaptation du roman de Graham Greene L'agent Secret. Vous pouvez en voir un court extrait sur Babelio. CQFD.
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L'agent secret

Le grand écrivain catholique britannique, ancien agent secret lui-même durant la seconde guerre mondiale, publie en 1939 ce roman d'espionnage qui est aussi un véritable roman d'atmosphère et de caractères, comme le fera son compatriote John Le Carré bien des années plus tard. Ce roman précède d'autre romans d'espionnage comme "le troisième homme" ou "notre agent à la Havane" parus tous deux dans les années 50 et qui sont des oeuvres sans doute plus connues. Monsieur D., un agent secret, est investi d'une mission en Angleterre : négocier l'achat de charbon, matière première qui pourrait permettre de renverser le cours des choses dans la guerre civile qui ravage son pays. Dans un monde où la peur, la douleur et la mort rôdent en permanence, où la confiance est un luxe que l'on ne peut se permettre, D. devra lutter contre l'agent L., son homologue de l'autre camp, qui le traque et le menace, contre les traîtres de son propre camp qui n'hésitent pas à aller jusqu'au meurtre, mais aussi contre ses propres peurs et ses propres démons, aidé en cela par une jeune femme rencontrée lors de son arrivée à la douane sur le sol britannique. Cette dernière, toujours présente aux bons moments, finira par s'amouracher de cet anti-héros en lui redonnant un peu d'espoir en l'avenir. Compte tenu des indices d'époque et de lieu laissés par l'auteur, il est difficile de ne pas penser à la guerre civile espagnole, avec D. le républicain et L. le nationaliste, même si Greene ne la nomme jamais vraiment. Difficile aussi de ne pas s'interroger comme D. de façon désespérée sur le sens de la vie.
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L'homme et lui-même

Intrigant roman que « L’homme et lui-même ». En tous cas, le début est prometteur. Un homme pourchassé court dans le brouillard. Une lueur l’attire, un cottage. Il y entre. Une femme, seule, un peu effrayée, lui résiste mais finit par accepter de le cacher. Les poursuivants sont près, rôdent autour de la maison. Le lendemain matin, les deux compagnons de fortune passent aux présentations. Andrews fuit ses anciens amis. Contrebandier, il en avait assez de cette vie et a décidé, pour tout faire capoter, de les dénoncer. L’opération tourne mal, un homme est tué et ses amis sont accusés. Mais pas tous, certains ont réussi à s’échapper et sont maintenant à sa poursuite. Elisabeth, elle, vit dans ce cottage depuis longtemps. Elle semble franche et directe mais une aura mystérieuse l’entoure. Tout au long de la journée, elle essaie de convaincre Andrews de se rendre au village témoigner au procès des contrebandiers, sinon ils risquent de s’en sortir indemnes et tout cela aura été inutile. Ce long débat intérieur prend presque la forme d’un huis clos.



Donc, cette première partie du roman est fort intéressante. Très forte. Andrews et Elisabeth sont bien définis, ils ont une personnalité propre, presque une vie. En tous cas, ils sont complexes et complets. J’aime bien ces personnages avec des démons intérieurs, qui se dévoilent peu à peu. Malheureusement, l’histoire ne se termine pas ici. Et, l’auteur Graham Greene est encore jeune, « L’homme et lui-même » est son premier roman à être publié. Il étire l’histoire. La deuxième partie se concentre sur les péripéties d’Andrews à la ville, sur son témoignange et au ridicule procès à la fin duquel les contrebandiers sont acquittés. Déjà, mon intérêt s’étiolait. Mais il reste une troisième partie, encore, pendant laquelle Andrews essaie de s’enfuir mais aussi revient vers Elisabeth. Je ne veux en dévoiler trop, il suffit de dire que je perdais l’intérêt de continuer. Je terminerai en disant que la fin m’a fort surpris. Une façon pour l’auteur de se reprendre, je suppose. Malgré ma critique sévère, je considère que ce n’est pas mal du tout pour une première. J’ai hâte de lire les œuvres plus matures de Greene.
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La chaise vide et autres récits inédits

Critique de Pierre Assouline pour le Magazine Littéraire



Les éditions Laffont publient dans la collection Bouquins un roman inachevé et inédit en français de Graham Greene : La Chaise vide. À l'heure où nous mettons sous presse, nous ignorons si la révélation de La Chaise vide, roman inachevé et inédit en français que Graham Greene composa à 22 ans, mettra le feu aux études greeniennes comme l'annonce déjà l'éditeur dans un élan légèrement présomptueux. Mais nous pouvons d'ores et déjà assurer que la publication de ces deux forts volumes de « Bouquins » fera l'effet d'un choc pour toute une génération de lecteurs qui n'avaient jamais entendu parler ni de l'homme ni de ses livres. Pour un peu, on leur souhaiterait bienvenue en Greeneland, encore que l'intéressé détestait cette AOC qui nimbait son oeuvre. Pourtant, cet univers métaphysique, et même psychologique, s'identifiait à l'oeil nu. Dans sa préface, François Gallix le ramasse ainsi : « Un arrière-plan très typé donnant une fausse impression de réalisme et dont la couleur locale n'est pas totalement absente, tout en étant très imprégné de symbolisme, avec des personnages entre deux âges, esseulés, à bout de course, aux vies souvent ratées - anti-héros solitaires qui sont amenés à faire des choix cruciaux tout en étant capables d'actes de courage. » Encore faut-il préciser qu'un mot clé ouvre la porte de ce monde gris à la frontière entre le bien et le mal : seediness, que l'on rendrait improprement par « sordidité » ou « sordidisme ». Un retour en grâce des romans de Graham Greene en librairie serait un signe des temps. Un peu comme si Mauriac et Bernanos surgissaient dans la liste des meilleures ventes. Tous trois baptisés « écrivains catholiques », label que le Britannique rejetait : « On peut être écrivain et catholique sans être écrivain catholique », disait celui qui avait déserté la foi anglicane des siens à 22 ans pour trouver refuge sur l'autre rive, du côté des minoritaires jadis persécutés. Dieu, la Grâce, le Salut, dans cet ordre et sans oublier les majuscules : La Puissance et la Gloire, Le Fond du problème et La Fin d'une liaison n'ont cessé de tourner autour en un temps où nombre de lecteurs à travers le monde partageaient le grand souci métaphysique de l'auteur. Même son constant éloge de la déloyauté risque fort de paraître inactuel en nos temps de surveillance des moeurs et des esprits par le politiquement correct. N'empêche que la souffrance issue de la trahison tourmente l'essentiel de son oeuvre.

Vingt-six romans et un grand nombre de nouvelles traduits en quarante langues entre 1926 et 1990. À quoi il convient d'ajouter des milliers d'articles, une correspondance très fournie, le noircissement quotidien de petits carnets. Graham Greene, dont rien ne bridait la curiosité, a touché à tous les genres : roman policier (Un Américain bien tranquille), roman de divertissement (Notre agent à La Havane), roman d'espionnage (Le Facteur humain), thriller (Le Ministère de la peur), essai autobiographique (Une sorte de vie, Les Chemins de l'évasion), scénario (Le Troisième Homme), pamphlet (J'accuse), lettres au courrier des lecteurs (Avec mes sentiments les meilleurs), et jusqu'à l'interprétation de ses rêves (Mon univers secret). Ces deux volumes ne les contiennent pas tous, il s'en faut, mais l'essentiel y est. Y est reflété le meilleur, et donc le plus troublant et le plus ambigu, d'un écrivain qui admirait Dickens et Conrad avant d'être lui-même admiré par John Le Carré. Il ne dissimulait pas que l'écriture lui était une thérapie. Le remords lui était si naturel qu'il continuait à remettre ses livres sur le métier une fois publiés. D'une édition à l'autre, les corrections se poursuivaient jusqu'à transformer le texte en palimpseste.

L'éditeur a conservé les traductions historiques de Marcelle Sibon, Georges Belmont, Hortense Chabrier, Robert Louit, les nouvelles et les précieuses introductions de l'auteur à ses « Collected editions » ayant été traduites par Isabelle D. Philippe. Ainsi les greeniens ne seront pas dépaysés, même si nombre d'entre eux lisent le Maître dans le texte. D'autant qu'ils auront la joie de retrouver les rivalités de biographes et les querelles exégétiques dans la substantielle préface de François Gallix, éditeur de ces deux volumes, nourrie de ses découvertes aux archives de l'université d'Austin (Texas). Graham Greene n'eût pas fait la moue devant ces deux volumes portant la marque de son vieil et estimé ami Robert Laffont. Beau cadeau pour le vingtième anniversaire de la disparition de l'écrivain. On n'imagine pas que quiconque lui conteste sa place dans le recueil des « Célébrations internationales ».
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La fête s'achève

Un recueil de 16 nouvelles, plus désopilantes les unes que les autres. A conseiller comme lecture avant de s'endormir.
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La Fin d'une liaison

Comment dire hormis que ce livre m'a ennuyé et que je suis restée totalement insensible à la jalousie extrême du narrateur pour la belle et très mariée Sarah. Cette dernière l'a quitté et frustré, encore 2 ans après, il va engager un détective pour la suivre. Alors se mêle la religion avec cette phrase très exacte "quand nous avons épuisé les êtres humains, nous allons chercher les illusions dans la foi en Dieu", mais cette religion qui sera la clé de tout dans ce triangle pas vraiment amoureux, m'a laissé de glace. Et puis ces miracles à la fin ??? Je ne comprends pas vraiment où l'auteur a voulu en arriver. Si vous voulez de la passion adultère, lisez le très beau "Douce" de Sylive Rozelier : "Au début, l'amour, ce n'est rien encore. Un regard furtif, une odeur ou un son, une attraction ou le contraire, une aversion ou une pointe d'agacement. Ensuite, c'est trop tard. L'amour nous a cueillis, possédés, dépossédés, nourris et affamés. Entre les deux, entre le moment où j'étais encore moi-même et celui où je devins malade d'amour, que s'est-il passé ? ".
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La Fin d'une liaison

Graham Greene - La Fin d'une liaison - 1951 : Graham Greene écrivait avec ce roman un nouveau chef d’œuvre qui s’inscrivait dans sa période dite catholique. L’auteur faisait de ses interrogations existentielles un véhicule de son imaginaire et de la trame de son livre. Alors que Maurice Bendrix vivait une histoire d’amour enflammée avec une femme mariée, celle-ci du jour au lendemain se détournait de lui. Désespéré, il croyait à un nouvel amant. Il engageait alors un détective privé pour en avoir le cœur net, mais les recherches ne donnaient rien. Deux ans plus tard, alors que par hasard il la rencontrait à nouveau, il comprenait que ce n’était pas par manque d’amour qu’elle avait rompu mais pour respecter un vœux fait à dieu afin de lui sauver la vie à la suite d’un bombardement. "La fin d'une liaison" est un ouvrage délectable, les nombreuses digressions sur le sens de la vie ou de la foi lui octroyant une aura philosophique éclairante. La littérature britannique a ses génies et incontestablement Graham Green en fait partie. Il faudra absolument lire ce livre pour s'en persuader…
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La Fin d'une liaison

J'ai aimé ce livre. J'ai été confronté à la même situation que le personnage dans la vraie vie et j'ai forcément retrouvé certains de mes ressentiments. C'est une belle histoire sur le désir qui, dès qu'il trouve une forme d'interdit, se trouve exacerbé. L'adultère renvoie souvent, selon moi, au désir plus qu'à l'amour. Notre personnage a bien du mal à le comprendre mais l'historique de ce désir charnel est intéressant. Le manque du corps de l'autre l'emporte sur tout le reste. C'est ce que nous dit G.Greene, il nous l'écrit et le signe. J'ai vécu cela et j'ai adoré me replonger, cette fois en spectateur, dans la tourment de ce désir défendu qui vous rend fou du corps et de la présence de l'autre en vous empêchant de vivre serein dans la singularité originelle. Je n'ai pas lu ce livre, je l'ai dévoré. Page après page, j'ai également dévoré le reliquat de mon aventure passée d'adultère en souriant beaucoup sur ce que j'ai cru être de l'amour. Je porte malgré tout un regard interrogatif sur le jeu que le désir peut mettre en place dans le coeur de chacun de nous. Aujourd'hui j'aime et j'aime dans la sérénité. Ce livre est comme un parallèle à ma vie. Il fait partie de l'âme de ma bibliothèque.
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La Fin d'une liaison

Les dilemmes moraux et religieux ne sont jamais loin dans l'œuvre de Graham Greene. L'écrivain britannique (1904-1991) a écrit quelques livres qui sont explicitement considérés comme des romans "catholiques". Et ce « End of the Affair » (1951) est le plus célèbre d'entre eux. Mais ne vous attendez pas à des écrits pieux ou dévots, Greene était particulièrement attiré par les notions de fragilité humaine et de péché et donc ses protagonistes sont presque toujours des figures de caractère moral douteux, du moins si vous les regardez d'un point de vue éthique strict. Les protagonistes de cette histoire, l'écrivain-narrateur Maurice Bendrix et Sarah Miles, se trouvent plutôt cyniques dans la vie, ne croient en rien et n'ont donc aucun problème à s'engager dans une relation après l'autre, même si - dans le cas de Sarah - bien mariés.



La force de ce roman est la perspective narrative, à savoir celle de Bendrix. Il est le nihiliste cynique par excellence, traitant même de sarcasmes malveillants avec la mari de sa maîtresse. Mais Greene a fait de Bendrix une figure ambivalente en même temps, sondant constamment ce qui se passe à l'intérieur de Sarah, se méfiant même d'elle, puis la détestant carrément pour l'avoir laissé tomber du jour au lendemain. Mais apparemment Sarah a touché une corde sensible avec lui, car même deux ans il est carrément jaloux lorsqu'il apprend qu'elle aurait un nouvel amant.



Jusqu'ici, tout va bien, même plus : c'est carrément captivant de voir comment Greene, met ses protagonistes sur papier avec des traits très riches. Bendrix et Sarah sont clairement des personnages animés par une agitation permanente et qui vivent de manière très ambiguë.



Mais ensuite, Greene porte son histoire à un tout autre niveau, et la question religieuse occupe le devant de la scène, en particulier la lutte contre la croyance en Dieu. Greene met intelligemment cela par écrit en donnant un aperçu du journal de Sarah et de l'évolution qu'elle a traversée. Il décrit ensuite comment Bendrix réagit furieusement à cela, mais finit par céder à sa manière. Dans les deux cas, une expérience de mort joue un rôle décisif. Le fait que l'histoire se déroule dans le contexte de la Seconde Guerre mondiale, avec Londres sous le Blitz et plus tard également sous les V1, met cela en valeur.



Encore une fois : la composition est bien faite par Greene, avec une évolution parallèle frappante chez Sarah et Bendrix. Mais ce qui me pose problème, c'est l'interprétation existentielle de cette lutte religieuse des protagonistes. Greene suggère que Sarah et Bendrix sont tellement surpris par l'amour total qu'ils semblent avoir l’un pour l’autre - à leur surprise mutuelle - qu'ils ne peuvent s'empêcher de le lier à l'amour exceptionnel pour Dieu, même s'ils ne croient vraiment pas dans des concepts comme ça : « Les mots de l'amour humain ont été utilisés par les saints pour décrire leur vision de Dieu, et donc, je suppose, nous pourrions utiliser les termes de prière, de méditation, de contemplation pour expliquer l'intensité de l'amour que nous ressentir pour une femme ».



Or les sentiments d'amour intense – aussi brefs soient-ils – ont une nature particulière, ils font de la vie bien plus qu'une suite grise d'événements et ont un aspect spirituel. Mais Greene fait de l'expérience religieuse une donnée absolue, une obsession qui tient ou tombe avec la croyance en un Dieu personnel, une croyance qui fait toute la différence, tant dans sa forme résignée (Sarah) que dans sa forme militante (Bendrix). Peut-être que cette obsession absolue est le reflet de la lutte personnelle de Greene, qui s'est converti au catholicisme sous l'influence de sa femme, mais en même temps a continué à lutter avec acharnement avec sa croyance.



Quant à moi, ça ne me touchait pas vraiment. Le thème religieux de Greene reflète une image de Dieu et de religion qui était encore pertinente en Europe il y a 70 ans, mais plus maintenant, ou du moins plus sous cette forme. Cela rend ce roman très forcé pour un lecteur d'aujourd'hui, et en ce sens dépassé. En bref, je suis absolument impressionné par l'écriture de Green, mais ce n'est pas son roman le plus réussi.
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