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Critiques de Guillaume Apollinaire (478)
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Alcools

Je suis tombée amoureuse d'Apollinaire adolescente et depuis, j'ai toujours la fièvre...



Derrière le visage rond, gouailleur, coquin, présenté sur la couverture de ma vieille édition Poésie / Gallimard, se cachent tant de sensibilité,de ferveur, d'inventivité, de force créatrice!



J'aime tous ses recueils mais celui-ci reste pour moi le plus abouti, le plus varié, le plus évocateur de son talent.Non, je ne suis pas objective, je reste indéfiniment subjuguée...



Envoûtée peut-être aussi, comme les marins devant le rocher de la Lorelei, par les poèmes sublimes de la période rhénane.Quelle magie dans les vers !



" Mon verre est plein d'un vin trembleur comme une flamme"

Et mon préféré entre tous: " Mon verre s'est brisé comme un éclat de rire"...



J'ai la fièvre de ces soirs de brume, à Londres, de ce nouveau monde moderne, de la " Bergère ô tour Eiffel", de ce bel automne , " saison mentale" du poète, de cet amour malheureux pour des femmes entrevues, perdues,rêvées.J'aurais aimé être l'une d'elles.



J'ai la fièvre de toi, Guillaume !



Excusez-moi, je me suis laissé emporter ! Je n'ai plus aucune mesure quand il s'agit de ce poète.



Toujours vibrer, frissonner, imaginer, m'émouvoir, m'enchanter...grâce à tes vers.







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Alcools

♫Passent les jours et passent les semaines

Ni temps passé ni les amours reviennent

Sous le pont Mirabeau coule la Seine



Vienne la nuit sonne l'heure

Les jours s'en vont je demeure♫

Guillaume APOLLINAIRE - Alcools - page 13 -

+ innombrables Reprises dont :

Leo FERRE -1953-

Serge REGIANI- 1967-

Marc LAVOINE - 2001-



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♪--♫----♪--♫--♪--♪--♪--♫--♪----♫--♪------

Tu t'es vu quand t'as bu !?

Même qu'un jour tu t'attendais toi-même

Fort minable, tu tétais, même pas r'connu !

Un hymne d'esclave aux migraines.



Dans l'au-delà Fontaine tu ne boiras point

Mieux vaut être né dans les vers que d'avoir l'contraire !

Pour tes Calligrammes j'aurais été moins sévère

que t'entendre pleurer ta Marie Laurencin

Colle chic mêle ancolie du soir au matin

A croire elle te planche à dessein

Pisse t'il et tu pleureras moins

Passe-t-elle soûlot ses feuilles mains

Et ta mine feuillolait après avoir été

Secoue-toi l'Oranginal pour un indien agité

Dans le vent dément tu sens venir le sapin

Ton alcool anaphore n'y changera rien...



"Les feux rouges des ponts s'éteignaient dans la Seine

Les étoiles mouraient le jour naissait à peine"

Vendémiaire- les deux derniers vers -



"Et tu bois cet alcool brûlant comme ta vie

Ta vie que tu bois comme une eau-de-vie"

Zone- vers 147 av ou après JC !!?
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Les onze mille verges

Si vous avez cru hot le pâlichon Christian Grey, foutez ses cinquante nuances au placard et préparez vous à nager dans le foutre et la merde avec Mony Vibescu.

J'en vois déjà certains rigoler, Apollinaire vous me direz? L'auteur du Pont Mirabeau?

Oui, oui on parle bien du même et si vous pensiez avoir fait le tour de son oeuvre vous n'avez encore rien vu.



Dans les onze mille verges n'attendez surtout pas le meilleur mais imaginez d'ores et déjà le pire.

A travers son héros, le poète s'en donne à coeur joie et nous plonge dans le vice et la débauche la plus complète.

A défaut d'érotisme et d'esthétisme, vous allez en prendre pour votre grade et assister aux pires horreurs auxquelles on puisse penser. Un peu de scatologie par-ci, un peu de pédophilie par là et pour rajouter un peu de piquant, pourquoi ne pas commettre quelques meurtres et s'adonner aux plaisir de la chair sur leurs cadavres (ou du moins ce qu'il en reste)...

Vous pensez que j'abuse? Parole d'Isa, si vous arrivez au bout de ce roman, qui pourtant ne fait qu'une centaine de pages, sans avoir eu envie de vomir au moins une fois je vous tire mon chapeau. Oui c'est gore et crade mais aussi terriblement d'avant garde, Apollinaire n'a eu besoin que de son regard sur la société dans laquelle il vivait et de sa plume pour nous pondre ce qu'un réalisateur de porno ou de snuff-movie croit avoir inventé.

Il faut prendre pas mal de recul pour lire ces onze mille verges qui ne sont pas à mettre dans toutes les mains. C'est une oeuvre très dure et insoutenable, même si elle a été écrite avec humour, je dois avouer que j'ai eu du mal à certains moments et pourtant je suis pas bégueule et je prend pour principe qu'il faut savoir rire de tout, mais certaines choses ça passe pas.

Pour lecteurs avertis!
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Alcools

Le temps de sa lecture, ce recueil m'a rendue à moi-même. Parmi ses pages, s'étend l'empreinte de l'automne. Comme un bonheur en sursis, comme un cri envers tout ce qui s'éloigne et ne cesse de choir à nos yeux. J'aime Apollinaire, immodérément et pour bien des raisons. Ses rythmes parfois déstructurés, son lyrisme inépuisable ainsi que ses images mentales me collent à la peau. Et quoiqu'un peu sottement, il m'a semblé à travers Alcools l'avoir toujours connu.
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Poèmes à Lou

Poèmes à Lou de Guillaume Apollinaire est un recueil de poèmes adressés à Lou (Louise de Coligny-Châtillon) dont il est tombé très amoureux peu avant d'être engagé pour partir à la guerre (14-18). Lou par contre ne l'aime pas comme il l'aurait voulu. Leur relation prend fin en 1915. Édité à titre posthume en 1947 sous le titre "Ombre de mon amour", et sous le titre actuel en 1955. Avant de le lire, il a fallu que je prenne un coupe-papier pour en détacher les pages, fabriqué "à l'ancienne",c'est plutôt rare de nos jours.

Un joli recueil illustré par Joanne Anton.

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Alcools

Les poètes sont peu nombreux, mais les grands poètes sont rares. Et Apollinaire, à mon avis, en est un.



La poésie d'Apollinaire est située entre deux temps majeurs, le XIXème et le XXème siècles. Une transition incontournable. C'est le vol (le moment de cet acte) de l' "Oiseau tranquille (au vol inverse)" de la poésie symboliste vers la poésie surréaliste. Car "à la fin tu es las de ce monde ancien".



La lecture de ce recueil est fort agréable. Ce n'est ni une poésie naïve au métaphores consommées, ni une poésie rebutante par sa complexité exagérée et fade. Au contraire, c'est un recueil qui vous entoure de plaisir une fois ouvert comme ces boîtes à merveilles.



Dans ce recueil, j'ai trouvé un peu de tout; le lyrisme, le romantisme, le symbolisme, la mythologie, le fantastique, la modernité...Cela s'explique parfaitement puisque ce recueil est issu d'un travail de quinze ans! Une recherche du nouveau, avec des poèmes sans ponctuation (procédé déjà utilisé par Mallarmé) aussi variés (des vers libres, des vers classiques...) de thèmes différents (amour, industrie, fuite du temps, mort, l'identité...). On a le plaisir de retrouver là un carrefour entre tous les poètes français qu'on a adorés (Verlaine, Lamartine, Baudelaire...) tout cela mélangé et modifié habilement.



Je me souviens toujours de ces vers magnifiques:



Un jour je m’attendais moi-même

Je me disais Guillaume il est temps que tu viennes

Pour que je sache enfin celui-là que je suis

Moi qui connais les autres



Un recueil à lire et à relire toujours avec le même plaisir!
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Alcools

Un livre toujours à portée de main, qui s’ouvre tout seul, à certaines pages…

Réciter quelques strophes, n’importe quand, n’importe où comme par exemple aux feux rouges qui s’éternisent, c’est aussi la meilleure manière d’exalter ces poèmes pleins d’amours dangereuses, d’amours magiques, ensorceleuses, douloureuses, empreintes de cette joyeuse mélancolie et de cette nostalgie douloureuse comme peut être la vie qui va au fil de l’eau.

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Calligrammes

Calligrammes ou la guerre d' Apollinaire.

Le poète dessine ses textes, avec ou entre ses vers cadrés.

Comme pour mieux marquer sa sidération devant l'inouïe cruauté d'un conflit qui s'enlise... Cette guerre de certains aspects merveilleux et beaux.

La Guerre, avec sa musique-propre et son humaine inhumanité.

Apollinaire continue d'écrire, de tracer ses poèmes dans la boue des tranchées et avant la fureur de l'assaut.

C'est ce qu'Apollinaire sait faire, lui le poète engagé dans cette folie collective.

D'autres raconteront, témoigneront de façon plus classique.

Calligrammes, de Guillaume Apollinaire, amène un regard autre: Celui d'un poète déjà mûr.
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Poèmes à Lou - Il y a

Ce recueil est magnifique et très particulier, dans l'oeuvre d'Apollinaire. Comme le titre l'indique, ces poèmes sont dédiés à Lou, alias Louise de Coligny-Chatillon.



Cette jeune femme, il l'a rencontrée à Nice, en 1914, à une époque où il pensait déjà s'engager comme soldat dans la guerre. Leur relation est complexe, Lou est fantasque, se donne puis se dérobe. C'est lorsqu'il pense leur liaison rompue qu'il se décide à partir sur le front. Elle le rejoint pour lui dire au revoir.



Entre prose, poèmes et lettres, ce recueil est riche, novateur et surtout , dans sa spontanéité, sincère et touchant. Depuis les premières lignes, où il est artilleur, Apollinaire , fasciné malgré lui par le feu et les obus, offre une vue saisissante de la guerre, où s'entremêlent ses sentiments pour Lou et le quotidien d'une armée en action.



Tour à tour plein d'espoir, jaloux, désespéré, se sentant souvent abandonné, oublié d'elle, il n'en continue pas moins, même s'il est assez désabusé, à en glorifier la beauté, les métaphores sublimes d'imagination jaillissent, la sensualité , très audacieuse ( parfois trop...) explose, sur fond de tirs de canons...



" Quatre jours mon amour pas de lettre de toi

le jour n'existe plus le soleil s'est noyé

La caserne est changée en maison de l'effroi

Et je suis triste ainsi qu'un cheval convoyé"



C'est toute la sensibilité blessée d'un homme qui s'exprime, un homme qui garde pourtant de l'humour et de l'auto-dérision, un homme qui sait qu'il peut mourir à tout instant.



L'éphémère de la vie, les beautés et les fêlures de l'amour, le cruel décor guerrier, tel Cyrano écrivant à Roxane, Apollinaire fait entendre une voix unique, magique et si émouvante...







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Les onze mille verges

Mony Vibescu, prince roumain autoproclamé, en a un peu assez de se faire sodomiser tous les jours par son vice-consul, et décide de partir pour Paris, où, pense-t-il, un sort plus enviable l'attend. Son périple ne s'arrêtera toutefois pas là, et ses aventures se poursuivront en Allemagne et en Chine.



C'est la transgression qu'a cherché l'auteur bien plus que l'érotisme. Alors on liste tous les tabous : sodomie, viol, meurtre, torture, scatophilie, zoophilie, nécrophilie,... et on écrit un passage sur chacune de ces pratiques. L'ensemble est plutôt indigeste. Seuls quelques traits d'humour de temps en temps permettent de retenir l'attention jusqu'au bout.



J'avoue ma totale incompréhension des Sade et autres artistes, anciens ou modernes, qui ne font rimer le sexe qu'avec le sang, la violence et les corps torturés. Au vu de l'enthousiasme de leurs défenseurs, il doit sans doute y avoir quelque chose à en retirer, mais clairement ça me restera inaccessible.
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Alcools

Je ne connaissais de Guillaume Apollinaire que ses deux romans érotiques publiés sous le manteau, et que je lus voici une bonne quarantaine d'années.

La poésie d' Apollinaire , dont je viens d'achever la bouteille d' Alcools, m'a semblé autrement plus exigeante et nécessitera que je me replonge dans l'une ou l'autre des pièces. Humblement, puisque j'avoue mes manques et limites en lecture de la poésie.

Pour tout dire, certains morceaux m'ont paru à la limite du pédant et de l'intelligibilité... Mais (me suis-je dit) Horusfonck, c'est la poésie de l' Apollinaire! Elle mérite respect et persévérance! Tu y retournera et tu retrouvera ces visages, visions et paysages qui ont pus t'échapper un instant. Rien n'est perdu.

Voilà aussi pourquoi, j'ai escamoté une cinquième étoile (que je remettrai peut-être) au ciel de mon billet.

Alcools, à déguster et à apprécier en plusieurs fois, d'autres fois.

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Alcools

Je voulais creuser un peu le cas "Apollinaire" et voir ce qui se cachait derrière un grand écart aussi impressionnant que celui qu'il a exécuté entre les gentillets "Saltimbanques", qu'on apprend au collège, et les pornographiques "Onze mille verges".



Je me suis donc plongée dans "Alcools" qui est sans doute son recueil le plus fameux. Est-ce justement le problème des recueils de donner au lecteur, au fil de la lecture, une vague impression de "fourre-tout" ? Dans cette boîte à gants pleine à craquer de rimes, j'ai trouvé un peu de tout : des suédines beurre-frais au toucher caressant, des cuirs fauves au parfum entêtant, des latex à la sensuelle élasticité, des laines réconfortantes aux nostalgiques odeurs de pluie, des gantelets d'acier impénétrables et des caoutchoucs imperméables.



Ces multiples mains du poète ont passé sur moi et mon imaginaire ; certaines y ont laissé leur empreinte, mais trop peu au regard des nombreuses autres qui n'ont fait que me frôler et ne laisseront guère de traces dans ma mémoire.



Dire d'un poète qu'il possède une belle sensibilité et cultive un grand mystère serait idiot, en plus d'être un pléonasme. Je me contenterai donc de dire que Guillaume Apollinaire m'a davantage séduite par ce qu'il semble dissimuler que par ce qu'il a exprimé. Derrière les allégories antiques, les références bibliques et les envolées lyriques, lui seul peut-être connaît la portée véritable de ses mots, la force et la violence de sa pensée en mouvement. Une main de fer dans un gant de velours ?





Challenge MULTI-DÉFIS 2018

Challenge Petit Bac 2017 - 2018

Challenge XIXème siècle 2018

Challenge XXème siècle
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Il y a



Découvert par hasard, ce bel album m’a enchantée !

On découvre ou redécouvre bien sûr ce grand poète du XXe siècle qu’a été Guillaume Apollinaire, mort en1918. Ici, ses mots prennent une autre dimension grâce aux illustrations de Laurent Corvaisier et aux photographies d’époque

« Il y a » nous raconte d’un côté l’amour que le poète a ressenti pur Madeleine Pagès, cette jeune fille rencontrée dans le train et avec laquelle il entretiendra une correspondance éloquente, et, de l’autre côté, beaucoup plus sombre, il témoigne de cette guerre cruelle au milieu des obus et des gaz asphyxiant où rôde la mort.

Le poème, extrait du recueil « Calligrammes », déroule une énumération pleine de sens. A l’horreur de la guerre, à cette situation tragique et absurde, il oppose l’amour et la paix ailleurs dans le monde. Pendant que l’on se bat, s’étripe et qu’il « y a des croix partout, de ci de là », ailleurs « il y a des hommes dans le monde qui n’ont jamais été à la guerre ».

Ces différences sont accentuées par les images. Laurent Corvaisier a choisi des couleurs vives, des dessins exubérants qui expriment le bonheur comme ce paysage luxuriant illustrant « le Gulf Stream qui est si tiède et si bienfaisant ». Et puis, on trouve des dessins noirs et blancs avec une touche de rouge, comme ce dessin funeste de croix à perte de vue. C’est saisissant et ce texte porté avec talent par l’image nous ouvre un territoire émotionnel plus vaste.

Les photographies permettent de mettre un visage sur le poète et sa bien-aimée et de resituer le poème dans son contexte. Il faut rappeler qu’il a été écrit sur le front en 1915.

Un bel album pour petits et grands à lire et à relire.







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Alcools

Guillaume Apollinaire, avec son recueil « Alcools », se révèle au premier abord comme le poète de la modernité et le chantre du surréalisme en poésie. En effet, très souvent associée à la peinture cubiste et à la littérature surréaliste, sa poésie apporte une touche d’originalité et de musicalité au sein des vers classiques.



Dans la forme tout d’abord puisque le poète se détache du carcan de la ponctuation pour laisser ses vers couler et ses mots s’associer sans entraves. Ses poèmes ont souvent d’ailleurs la forme brève de la chanson. Pour Apollinaire, la musicalité des vers suffisait à donner tout son sens à la poésie. D’où parfois quelques petites incompréhensions pour le lecteur…C’est très beau en effet mais parfois un peu ardu pour qui veut donner un sens à chaque phrase. Ses calligrammes révèlent également toute la fantaisie de l’auteur.

Dans le fond ensuite, la poésie d’Apollinaire est un écho au monde moderne qui s’éveille en ce début du XXe siècle. De nombreux thèmes de l’actualité sont évoqués comme celui du monde industriel. Mais l'agitation du progrès se mêle aussi aux motifs consacrés de l'amour perdu, du temps qui passe et de la mythologie. Le lyrisme de ses vers reflète toute la mélancolie, l’emportement, l’amour, l’humour et les blessures d’un poète, certes très attentif aux bouleversements de son époque sur le point de basculer dans le chaos de la Grande Guerre, mais surtout à l'écoute de ses sentiments et ses passions.



Enfin et surtout, Apollinaire m’apparaît comme le poète indécis, celui partagé entre tradition et modernité, entre symbolisme et surréalisme. A l'avantage du lecteur, sa poésie est un tout où chacun peut trouver son plaisir.

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Il y a

J’aime le poème d’Apollinaire, cette évocation d’un monde chaotique avec son pire et son meilleur, l’amour la guerre des femmes qui ont faim le Gulf Stream si tiède et si bienfaisant …

Je suis plus partagée sur les illustrations. Bon, il faut dire que je ne suis pas le public ciblé, ça fait longtemps que j’ai quitté l’école primaire. L’utilisation des photos est assez originale et bien vue. Je ne suis pas séduite plus que ça par les dessins de Laurent Corvaisier, qui manquent de finesse à mon goût , mais ils mettent bien en relief ce grand tohu-bohu qu’est le monde.
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Alcools

"Il faut être toujours ivre", disait Baudelaire," de vin, de poésie, ou de vertu à votre guise, mais enivrez-vous!"



Apollinaire a pris son confère et prédécesseur au pied de la lettre:" Alcools" par tous les moyens s'emploie à nous faire tourner la tête.



Entre le lyrisme romantique des "Rhénanes" - la partie la plus traditionnelle du recueil- des poèmes résolument modernistes comme "Zone" ou mystérieux comme "La Chanson du Mal-Aimé", on ne peut pas dire qu'il y ait une véritable unité dans ce très célèbre recueil, : le plus connu d'Apollinaire avec "Anagrammes".



On dit que, piqué au vif par la lecture, dans l'atelier des Delaunay , de Pâques à New York rédigé en une nuit par Cendrars, Apollinaire écrivit derechef "Zone", le plus moderne de ses poèmes d'alors, le fit figurer en tête de son recueil comme un manifeste, et fit supprimer toute ponctuation aux poèmes d'Alcools pour leur donner la liberté de lecture et l'autonomie musicale qui était dans l'air du temps...



"Pâques" et "Zone" se ressemblent: errance urbaine angoissée d'un poète à la recherche de lui-même, mais si Cendrars, l'athée, cherche une réponse à sa crise spirituelle, Apollinaire, croyant, n'éprouve pas le même vertige, et c'est son enfance et son passé qu'il recherche, lui, l'apatride, dans ce Paris moderne dominé fraîchement par la Tour Eiffel toute neuve..



Il n'y a donc pas plagiat, juste écho.. tout le reste du recueil est vraiment original et personnel...avec une petite préférence pour Rhénanes, où la tendresse du poète pour les légendes, les brumes et... les vins rhénans donne une couleur nostalgique et grisante aux poèmes.
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Alcools

Pour moi, c'est peut-être son plus beau recueil. En effet, on y retrouve ses plus beaux poèmes (goûts personnels), certains de ses vers nous transmettant sa mélancolie. On y ressent un virage dans son oeuvre et probablement dans sa vie, ou plutôt une évolution, mais c'est sûrement dû au fait que cette oeuvre a été écrite sur 16 ans. Un pur chef-d'œuvre de poésie.
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Poèmes à Lou - Il y a

Derrière chaque poète il y a souvent une femme.

Derrière chaque poème s’y dévoilent souvent les femmes, les muses, qui les ont inspirés.

C’est en septembre 1914, alors qu’il séjourne à Nice, que Guillaume Apollinaire rencontre Louise Coligny-Châtillon, surnommée Lou. Elle est décrite comme une jeune femme « spirituelle, dégagée, frivole, impétueuse, puérile, sensible, insaisissable, énervée, un peu éperdue en quelque sorte ». D’emblée sa personnalité fantasque fascine le poète. Elle l’aiguillonne, l’exalte, l’enflamme et lui inspirera nombreux de ses plus beaux poèmes.



Poèmes rimés ou en prose, lettres en vers, comptines, fabliaux, acrostiches, calligrammes, Lou s’anime, vibre, palpite comme une flamme vive, s’inscrit en toute lettres dans ce recueil qui lui est dédié, les « Poèmes à Lou ».

Apollinaire la chante tout entière et loue son corps tant désiré au détour de rimes qui ne laissent pas d’étonner par la hardiesse, l’audace, l’érotisme et même la crudité de leur évocation, à une époque que l’on s’imagine encore bien chaste et pudibonde en matière de relations charnelles.

Nombreux sont pourtant les poèmes qui vont clamer cet appétit physique et cette avidité sensuelle qui galvanisent l’homme et l’artiste.

Lou est l’incarnation de La Femme. Idéalisée, déifiée, réifiée aussi parfois, elle est celle qui s’offre mais ne se livre pas, celle qui aime sans se donner, fille, petite sœur, amante, déesse, Lou insaisissable, évanescente, fugitive, inconstante, lascive, maîtresse ardemment fantasmée…



Mais son cœur convoité se refuse, son âme si rêveusement espéré reste inaccessible, Apollinaire, alors engagé volontaire et affecté dans un régiment d’artillerie, se languit et s’exaspère de lettres qu’il attend avec impatience et qui viennent peu, ou pas.

Ses rimes se font alors désabusées, désespérées, pleines de regrets et de douleur, qui plus est en pleine période de guerre.

La Première Guerre et ses atrocités s’amalgament à cet amour perdu.

Les vers pleurent, s’insurgent, se lamentent, disent leur incompréhension, se résignent enfin.

En une sorte de sublimation de l’amour et de la mort, le poète enchevêtre son vécu au front, la vie des soldats de caserne, les horreurs des champs de bataille, les éclairs des obus, avec cet amour qu’il aspire à voir renaître mais qu’il sait pourtant désormais révolu.

C’est l’acrostiche formant le nom de Lou comme une dernière supplication désillusionnée et qui clôt le superbe poème « Si je mourrai là-bas » :

« La nuit descend

On y pressent

Un long un long destin de sang »



Précédé de nombreux poèmes et ébauches regroupés sous le titre « Il y a », le recueil des « Poèmes à Lou » dévoile toute la fantaisie et la liberté qu’Apollinaire a apporté à la poésie.

En prose ou en rimes, sous formes de lettres ou par ses fameux calligrammes, les mots et les vers d’Apollinaire se font tantôt aériens, oniriques, hallucinés, plein d’un imaginaire débridé, tantôt plus terre à terre, crus, croustillants et grivois.

Par ses divagations, ses chimères, ses inventions stylistiques et métaphoriques, celui qui fut l’un des premiers précurseurs du mouvement surréaliste a adopté une excentricité dans la création que l’on ne cautionnera ou comprendra pas toujours, et bien sûr certains poèmes nous parlent plus que d’autres. Toujours est-il qu’il a su insuffler à l’art de la poésie une indépendance, une autonomie qui, en le libérant des contraintes et règles imposées d’ordinaire à cet art, en lui faisant emprunter d’autres chemins, en le guidant sous d’autres latitudes, aura permis d’influencer nombre des grands poètes du XXème siècle qui lui ont succédé.

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Les onze mille verges

Le titre de ce livre et le nom des deux principaux protagonistes, le prince Mony Vibescu et Culculine, nous laissent facilement entrevoir ce qui nous attend. S’inspirant largement de Sade, Apollinaire nous décrit chapitre après chapitre différentes formes de transgressions sexuelles et perversions. Idéal pour apprendre ou réviser un vocabulaire fleuri qui décrit une partie bien spécifique de l’anatomie. C’est trash, gore, saignant, vulgaire, en lien permanent avec un conflit armé décrit en arrière-plan. Apollinaire nous offre un livre assurément provocant. Quant à l’humour, il existe probablement mais je ne l’ai pas compris.
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L'Hérésiarque et Cie

" J'imagine que si Benedetto Orfei était devenu pape, et que l'idée de son hérésie ne lui eût été inspirée qu'à ce moment, il se serait au contraire servi du dogme de l'Infaillibilité pour obliger les catholiques à croire dans sa doctrine, que nul n'aurait alors niée sans être hérétique."

("L'Hérésiarque")



Guillaume Albert Vladimir Alexandre Apollinaris de Kostrowitzky...

Toute le monde connait au moins un poème, ou se souvient de l'un de ses calligrammes. En ce qui concerne ses oeuvres prosaïques, il me semblent moins connus, et pourtant...

Ces 16 contes merveilleux et fantastiques (1902-1910) sont amusants et font bien réfléchir.

Durant ma lecture, j'ai beaucoup pensé à Poe, de L'Isle Adam; mais surtout à Schwob et Borges. Mais là où Borges aborde les thèmes philosophiques et les questions sur l'immortalité avec un regard universel, Apollinaire le fait à travers la morale chrétienne. Sans être pourtant son défenseur, bien au contraire - parfois je me demandais s'il ne prétend pas lui-même au titre d'un Grand Hérésiarque... ?



On rencontre des nombreux personnages en marge des normes qu'on dit "acceptables" - prêtres hérétiques, faux prophètes, assassins, alchimistes fous, artistes illuminés - parfois on est dans le fantastique, parfois dans le burlesque, parfois dans les traditions folkloriques tellement encrées, qu'elles font presque office de loi.

"Le passant de Prague" ouvre le recueil et donne le ton. le narrateur fait la rencontre de Juif Errant dans les rues de la capitale au coeur d'Europe, pour engager une conversation troublante : est-il possible de créer les liens avec quelqu'un ou quelque chose quand on est immortel ? Est-ce seulement la peine, ou vaut-il mieux rester en "observateur" ? Quelle est la "vraie" religion et la "vraie" rédemption ?

le thème de la rédemption est abordé à nouveau dans ce conte cruel qui est "Le Juif latin". Il n'est pas condamnable de passer la vie dans la débauche la plus totale; l'important est de se convertir et d'obtenir l'absolution à temps ! Encore faut-il trouver quelqu'un qui consente de vous l'accorder; et ce ne serait surement pas Apollinaire, même si... difficile à dire; les faits sont présentés, et au lecteur de trancher, selon ce que son coeur lui dicte !

Dans "L'Hérésiarque", Apollinaire se penche sur la contradiction entre le dogme et la morale : à quel moment on s'éloigne - de quoi, exactement ? Des dogmes, ou de la foi ? - pour être qualifié d'un hérétique ?



Mais vous constaterez que les hérétiques peuvent vivre dans l'opulence et profiter de leur hérésie.

Vous verrez Simon le Magicien défier St. Pierre.

Vous apprendrez qu'avec le Christ étaient aussi crucifiés le Père et le Saint Esprit, ou que vous pouvez disparaître dans un mur.

Qu'on peut se trouver aux plusieurs endroits à la fois, ce qui peut s'avérer très pratique, et que l'immortalité tue...



Faut-il vraiment faire des rencontres aussi étranges, pour réaliser ce que nous sommes ?

"La vérité est que l'Hérésiarque était pareil à tous les hommes, car tous sont à la fois pécheurs et saints, quand ils ne sont pas criminels et martyrs."
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