Citations de Gustave Le Bon (167)
Les véritables bouleversements historiques ne sont pas ceux qui nous étonnent par leur grandeur et leur violence. Les seuls changements importants, ceux d’où le renouvellement des civilisations découle, s’opèrent dans les opinions.
La morale s’apprend seulement par la pratique. Elle fait partie, comme les arts, de ces connaissances que ne sauraient enseigner les livres.
Réfléchir est utile, mais agir sans trop réfléchir est parfois nécessaire. Les grands héroïsmes sont généralement dus à des hommes ayant peu réfléchi.
La valeur attribuée à une doctrine dépend beaucoup moins de la justesse de cette doctrine que du prestige possédé par celui qui l’énonce.
L'erreur a peut-être rendu plus de services au monde que la vérité.
Les vérités changent d’aspect suivant les mentalités qui les reçoivent.
L'homme ne possède que deux certitudes absolues : le plaisir et la douleur. Elles orientent toute sa vie individuelle et sociale.
Si l’Égyptien n’a pas connu la souffrance dans sa poignante profondeur, il n’a pas davantage connu l’amour. Pour lui, l’union de l’homme et de la femme était un acte physiologique, auquel il n’a jamais mêlé, ni poésie ni passion. Le lien conjugal était fort doux, mais fort calme aussi en Égypte; la femme s’y trouvait l’égale de son mari; une affection amicale, basée sur la communauté des intérêts, unissait les époux. L’adultère était puni sans doute, mais comme l’eût été le vol ou tout autre crime entraînant un dommage pour autrui.
La croyance générale à la stabilité de la matière est confirmée d'ailleurs par l'observation, puisque, pour faire subir à un corps des modifications considérables, comme de le fondre ou de le réduire en vapeur, il faut des moyens très puissants.
Le rôle de l'éther est devenu capital et n'a cessé de grandir avec les progrès de la physique. La plupart des phénomènes seraient inexplicables sans lui. Sans éther, il n'y aurait ni pesanteur, ni lumière, ni électricité, ni chaleur, rien, en un mot, de tout ce que nous connaissons. L'univers serait silencieux et mort, ou se révélerait sous une forme impossible même à pressentir. Si l'on pouvait construire une chambre de verre de laquelle on aurait retiré entièrement l'éther, la chaleur et la lumière ne pourraient la traverser. Elle serait d'un noir absolu et probablement la gravitation n'agirait plus sur les corps placés dans son intérieur. Ils auraient donc perdu leur poids.
Quelles que soient les causes de son défaut de prestige, l'universitaire est peu considéré par le public, et il en souffre vivement. Sa profession est tenue comme honorable assurément, mais faiblement cotée. A peine au-dessus du vétérinaire et assez au-dessous du pharmacien. Bien qu'il soit très convenablement rétribué, les familles voient toujours en lui le monsieur légèrement râpé, besoigneux et courant le cachet. Si par hasard on le reçoit au moment des examens, il passe toujours après l'ingénieur, l'officier, le magistrat et le notaire. C'est l'invité sans importance qu'on met au bout de la table, qu'on n'écoute guère et que les héritières ne regardent pas. Un peu gauche^ un peu emprunté, d'aspect assez fruste, il se sent mal à son aise dans le monde, et redoute de s'y montrer.
L’histoire dans ses grandes lignes peut être considérée comme le simple exposé des résultats engendrés par la constitution psychologique des races. Elle découle de cette constitution, comme les organes respiratoires des poissons découlent de leur vie aquatique. Sans la connaissance préalable de la constitution mentale d’un peuple, l’histoire apparaît comme un chaos d’événements régis par le hasard. Lorsque l’âme d’un peuple nous est connue, sa vie se montre au contraire comme la conséquence régulière et fatale de ses caractères psychologiques. Dans toutes les manifestations de la vie d’une nation, nous retrouvons toujours l’âme immuable de la race tissant elle-même son propre destin.
On n’est pas maître de ses désirs, on l’est souvent de sa volonté.
L'intelligence et la volonté inconscientes, étant parfois supérieures à l'intelligence et à la volonté conscientes, des hommes raisonnant fort mal peuvent très bien agir.
Pour connaître un peuple il faut l’étudier pendant ses grandes crises, les révolutions: notamment. Alors seulement se révèlent ses diverses possibilités de caractère.
L'anarchie est partout quand la responsabilité n'est nulle part.
Il ne faut pas trop éduquer les gens. Si les miséreux en savent trop, ils se retourneront contre ceux qui les gouvernent. L'ignorance est ce qui sied le mieux à la populace.
Qu'est-ce qu'une foule ? Une foule est une agglomération d'hommes dont les sentiments sont orientés dans une même direction. La personnalité consciente des membres d'une foule s'évanouit, et ceux-ci ne forment plus qu'un seul et même automate.
"Apprendre des leçons, savoir par cœur une grammaire ou un abrégé, bien répéter, bien imiter, voilà, écrivait un ancien ministre de l'Instruction Publique, M. Jules Simon, une plaisante éducation où tout effort est un acte de foi devant l'infaillibilité du maître, et n'aboutit qu'à nous diminuer et nous impuissants."
Les décisions d'intérêt général prises par une assemblée d'hommes distingués, mais de spécialités différentes, ne sont pas sensiblement supérieures aux décisions que prendrait une réunion d'imbéciles. Ils ne peuvent mettre en commun en effet que ces qualités médiocres que tout le monde possède. Dans les foules, c'est la bêtise et non l'esprit, qui s'accumule.