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Critiques de Gyula Krúdy (59)
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N.N.

N.N. ( initiales de “nomen nescio “, qui signifie une personne anonyme ou non définie ), le héros de cette histoire, est un de ces individus qui ayant manqués le train de l'histoire, sont restés dont l'ancien monde où les gens vivaient par plaisir. Ils ont encore une idée romantique de la femme, l'amitié leur est un serment sacré, ils portent longtemps le même chapeau et sur leur cravate l'épingle est éternelle.....

Partiellement autobiographique, ce “petit roman” recèle la nostalgie d'un temps révolu que l'auteur hongrois considére comme un Paradis perdu et où l'on y décèle un vague air de Tchekhov ou de Tourgeniev. « C'était une Hongrie heureuse,où ce qui préoccupait le plus les gens était le savoir-vivre. »

Sur fond de chant de cigale (« .....la cigale grésillant parmi les feuilles de bardane, c'était la vraie vie » ) l'auteur déploie l'image d'une Hongrie de province de la région de la grande plaine hongroise de Nyírseg du début du XXiéme siècle où le temps s'est arrêté, “Ici, chacun voulait vivre de son passé, selon que son père ou son grand-père avait jadis été. C'est ici que cette étrange Hongrie grise, vantarde, crâneuse, ostentatoire, ronflait, baillait, s'ennuyait, traînait sa misère en menant le plus longtemps possible sa paresseuse vie.” Nyirseg est le pays natal de l'auteur naquit en 1878 comme fils naturel d'un avocat de la petite noblesse hongroise et de la bonne au service de sa famille, les Krudy ( les parents se marièrent finalement quand Gyula eu 17 ans, et eux leur septième enfant 😁). Ce livre Krudy l'écrit en 1919 alors qu'il a 41 ans. Devenu éditeur et écrivain célèbre à Budapest il retourne dans les lieux de son enfance, ressuscitant un passé qu'il évoque avec nostalgie et où les femmes sont à l'honneur.

C'est son deuxième livre que je viens de lire, après « L'affaire Eszter Solymosi » que j'avais beaucoup apprécié. Ici même si le ton et l'histoire sont différentes( la palette littéraire de l'écrivain semble très large en genre) sa voix est reconnaissable et personnelle. Gorgée de poésie (« Les ruines de l'ancien moulin à vent se faisaient réchauffer au soleil dans le bonheur, après avoir oublié les fantômes de la nuit, les hiboux et les chauves-souris ») et de mélancolie, par le biais d'anecdotes, un récit qui résume « une manière de vivre, un style de vie, retrouvés, reperdus, posés en valeurs désormais probablement inaccessible: l'ancienne vie magyare ».

Un roman magnifique qui nous transporte dans « la vraie vie » celle de notre imagination qui est ailleurs dans le lointain ou dans le passé.





« ....il est nécessaire que chacun ait sa propre cigale dont les chants et les bercements lui font oublier toute sa vie. »

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L'affaire Eszter Solymosi

Premier approche au géant des Lettres hongroises Gyula Krudy ( paroles de Sandor Marai), avec un gros pavé qui raconte l'ensemble des événements qui ont réellement été à l'origine de la crise de folie qui s'empara des quatre cent milles habitants de Budapest, à l'annonce de l'arrivée de la famille Scharf le 7 août 1883 dans la capitale. Une folie qui se répétera le siècle suivant en Allemagne, dans la nuit de Cristal, le pogrom contre les Juifs du Troisième Reich qui se déroulera dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938 et dans la journée qui le suivra.

Tout commence avec la disparition d'Ester Solymosi. Une petite bonne de quinze ans , volatilisée un jour d'avril 1882, au retour d'une course dans son village de Tiszaeszlár, en Hongrie. Le reste suit dans un délire inhumain, et cette disparition , qui dans les circonstances normales du pays et de l'époque, vu le statut de la disparue aurait vite été oubliée, va devenir une affaire d'Etat à retentissement mondial. Montée contre les juifs, fomentée par les milieux antisémites, elle restera dans les mémoires comme "L'affaire Dreyfus hongroise". Bien qu'échafaudée sur le témoignage bancal d'un boutefeu, petit villageois juif de treize ans, au physique ingrat, lourdaud, timoré et craintif, qui dans sa vie jusqu'ici avait reçu davantage de coups que de nourriture et qui de plus est le fils du bedeau de la synagogue du coin, elle fera long feu....Une histoire ahurissante voir impossible dans la Hongrie de l'époque, vu que le pays vivait grâce aux banquiers étrangers, notamment les Rothschild et consorts, et surtout que les lois hongroises présentes proclamaient l'inexistence d'une telle possibilité d'accusation, et pourtant.....



Voilà une histoire vraie sur la bêtise et la déchéance humaine, dans "un monde de fous, de méchants et de fantômes ", que Krudy nous relate dans toute son ampleur, cinquante ans après les faits, à travers une chronique d'une brillante acuité de la structure socio-politique complexe de l'époque. L'apogée dans la version française est dans les pages 433 à 435, sublime, où le gamin témoin devient "une énigme sur le plan psychologique "! C'est une lecture ardue, impossible à lire d'un trait, vu les détails historiques et religieux sophistiqués comme les termes yiddish déformés, utilisés par un personnage qui les méconnaît, ou les contradictions au sein même de la communauté juive. Ce livre écrit en 1931 est toujours d'actualité, faisant figure de témoin. Car du fait de la montée du parti d'extrême droite Jobbik, en Hongrie, la querelle autour du procès de ­Tiszaeszlár a refait surface. le 3 avril 2012, son représentant Zsolt Baráth accusait les juifs, devant le Parlement, d'avoir assassiné la petite bonne. Quant au monument érigé à la mémoire d'Eszter Solymosi pour les 120 ans de sa mort, il est devenu aujourd'hui un lieu de pèlerinage fréquenté par les antisémites. Comme quoi la bêtise humaine transcende les siècles !

Un livre que je recommande fortement à qui aime la Littérature classique, de surcroît d'Europe de l'Est. En faite un livre que je recommande à tout le monde vu qu'il est question d'une conscience universelle !



"Jamais il n'a été bon d'être juif mais à cette époque-là, être juif à Tiszaeszlàr, c'était pire qu'être un chien."

( Journal du grand-père de l'auteur, avocat à Nyîregyhàza , qui côtoieras aussi la fameuse affaire, bien que pas du bon côté)
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N.N.

Dès les premières lignes, je me suis sentie projetée dans une autre réalité, un monde à l’atmosphère envoutante, passéiste. Gyula Krùdy possède une écriture ensorcelante, musicale qui touche au monde de la beauté. Je dois sa découverte à notre amie Bookycooky et je comprends aisément l’attraction que pouvait exercer Gyula Krùdy sur Sandor Marai qui le tenait en haute considération. C’est une écriture irréelle, onirique, celle qui vous fait oublier le quotidien, le médiocre, le laid. J’ai été touchée par la poésie qui se dégage de ce texte, par la nostalgie agréable qui exsude de ce récit.



A chaque page, on s’attend à voir surgir des tziganes au son des violons, des saltimbanques passent juchés sur des carrioles, des robes virevoltent, des paysages hongrois défilent sous nos yeux, tout est magnifié ! Les amours éphémères se cueillent de temps à autre hormis l’amour de Juliska qui attend.



Quel bonheur de pénétrer dans cette auberge accueillante, l’étoile Auberge avec sa lampe à pétrole et sa cheminée fumant sans cesse où des étrangers joyeux chantent des ritournelles après avoir dégusté le vin de Tokay.



Mais ce que j’ai particulièrement savouré c’est la façon dont la nuit inspire notre vagabond, N.N., sous les étoiles.



« Les nuits de pleine lune, les nuits des grues, des hérons, des oies sauvages, des canards pèlerins, lorsque les coups de fusil du chasseur Vencel parviennent du marais jusqu’à Sosto, les étoiles restent en retrait, les chalets « suisses », les maisons de plain-pied de la station balnéaire se cachent derrière des rideaux bleus comme pour veiller sur la tranquillité des dormeurs. C’est le silence, c’est la nuit, sous un chêne, à la clarté d’un bougeoir en verre, des ombres noires devisent pour savoir comment être heureux tout au long de la vie … Ces nuits de pleine lune, je rôdais, solitaire, autour du lac. L’ombre du poirier sauvage qui poussait au bord de la route était mon amie ; le noisetier sous lequel je m’étais jadis assoupi dans l’herbe ne m’avait pas encore oublié ; les roseaux chuchotaient avec douceur, comme s’ils attendaient leur cher ami, le canard sauvage ; la chauve-souris qui zigzaguait au-dessus de l’eau à la manière d’un esprit égaré, s’est arrêtée d’aplomb au-dessus de ma tête : indiquait-elle quelqu’un, semblable à une fusée noire, que j’errais là dans la roselière, le long de l’étroit ruisseau, dans le silence, la solitude douloureuse ? …. Si quelqu’un voulait me trouver, il fallait me chercher par là, traverser la passerelle moussue, ne pas s’effrayer des grenouilles faisant des culbutes dans le fossé, du bruissement du vent qui, dans son demi-sommeil, donne le signal, du scintillement d’outre-tombe du lac, du cri venant d’un autre pays des oie s sauvages hantant la plaine, de l’aspect fantomatique des lointaines rangées d’acacias, du chant des moustiques de la nuit qui résonne parfois comme une litanie funèbre devant un mourant ? … Je suis là. »



Je me suis promenée dans la Hongrie du début du XXème siècle et dans ses souvenirs perdus au fin fond de sa mémoire. J’y ai retrouvé, en sa compagnie, les rues enneigées de son enfance, son adolescence, ses premiers émois amoureux, ses parents et aussi Jella, femme d’un autre temps, courtisée par trois générations d’hommes, le grand-père, le père et le fils.



Dans la région de Nyirség, pays de bouleaux situé au nord-est de la Hongrie, le temps donne la sensation de s’être arrêté. Les gens vivent au rythme des saisons et du travail des champs. Ils sont heureux dans la simplicité et cette humilité lumineuse donne des passages d’une poésie qui – je présume – révèle l’âme hongroise.



Si N.N. nous confie les réminiscences d’un passé magnifié, il nous confie aussi son insatiable désir d’évasion, d’aventures, ce besoin de trouver ce petit quelque chose qu’on appelle « absolu » tant il ne peut se satisfaire de sa vie au quotidien. Perpétuel insatisfait, il quittera ses bouleaux pour Pest dont il reviendra à l’âge mur. Toujours en quête, le regard qu’il posera sur son enfance sera sublimé et c’est ainsi qu’il nous offrira son chant des cigales dans cette autobiographie.



« La lumière de la lune traverse les champs. Et les somnambules errent désemparés. La cigale fredonne leur chanson, chef d’orchestre de l’au-delà dont toute la mission tient en ces nuits uniques où le clair de lune aspire à l’âme des êtres ».



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Le prix des dames

János Czifra est ordonnateur des pompes funèbres à Pest, en Hongrie, on le sait puisque c'est déjà indiqué en résumé ; pourtant on ne sait rien de lui, il est tellement si, ordinaire, dans sa vie, dans son métier si peu courant. Une fonction très terre à terre si je puis dire pour un homme si droit dans ses bottes, auquel on ne peut rien conter qui ne soit bien du domaine du réel.

Il n'est alors qu'un double à lui-même, depuis que cet autre, le 'Démon' habite le voisinage, et qui pour l'approcher et lui ouvrir le rêve, l'emmène vers une autre dimension. Celle de l'humanité peut-être, avec ses joies, ses passions et ses chemins de croix, mais toujours avec la vie et la mort en bagage, car elles ne peuvent pas être dissociées et cela, même en rêve ; à moins de s'essayer à faire semblant, vivre en somme, n'est-ce pas toujours prendre un risque...

Tel est "Le Prix des Dames" de Gyula Krúdy.
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Sept Hiboux

Dans ce roman, "Sept hiboux", écrit en 1922, l'auteur hongrois, Gyula Krúdy, décrit Budapest à la fin du 19ème siècle, ses milieux littéraires surtout, ses artistes qui hantent les tavernes, de jeunes écrivains misérables et talentueux, comme Józsiás, l'un des personnages du roman, plus faible que véritablement infâme, bien qu'il fasse parfois le malheur des femmes. Les descriptions de Gyula Krúdy sont pleines de poésie, Budapest au début de l'hiver, la neige, le Danube gelé sous un épais brouillard, des silhouettes fantomatiques la nuit... et confèrent au roman une impression de rêverie. Les intrigues amoureuses de Józsiás, dans une société qui semble avoir perdu tout idéal, en constituent la trame principale.
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L'affaire Eszter Solymosi

1882, Tiszaeszlar, dans ce petit village hongrois où cohabitent juifs et chrétiens, la disparition de la jeune servante Eszter va engendrer un séisme mondial.



Le fils du bedeau de la synagogue affabule un sacrifice rituel réalisé par son père et d'autres sacrificateurs afin de mélanger au pain pascal le sang d'une jeune chrétienne. Est-ce le corps d'Eszter retrouvé sur la Tisza ou un cadavre déterré et revêtu de ses vêtements? Pour toucher la prime de 5000 florins ou pour disculper les juifs?



Ce pavé, écrit cinquante années après les faits, témoigne admirablement de l'ambiance de l'époque. Il est remarquable que dans un contexte férocement antisémite l'enquête et le procès aient pu être menés avec courage et grandeur.

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L'affaire Eszter Solymosi

Je n’aurais sans doute pas entamé ce pavé de plus de 600 pages si nul autre que Sandor Marai n’en avait recommandé l’auteur. Peu connu dans les pays francophones, traduit relativement récemment, il est admis comme un père fondateur de la littérature hongroise moderne.

J’avoue avoir eu du mal à entrer dans ce roman qui relate des faits historiques en Hongrie à la fin du XIXè siècle. Le contexte de l’antisémitisme en Europe de l’est m’intéressait pourtant; mais j’ai trouvé la multiplicité des personnages et de leurs fonctions respectives difficile à suivre (d’autant que je ne pas familière avec l’organisation politique et administrative de la Hongrie ni avec les noms propres…) Les allers-retours dans le temps et l’espace, les alternances de points de vue ont ajouté à ma confusion. Quand arrive (enfin) le procès, on entre dans le vif du sujet et mon attention s’est focalisée un peu plus. Je ne nie pas la qualité des descriptions qui donnent une très bonne idée du contexte dans lequel se sont déroulés les faits mais elles m’ont apparu à l’occasion comme des digressions qui alourdissent le pavé et me l’ont rendu un peu moins digeste. J’ai trouvé aussi que le tout manquait d’une construction solide et je pense a posteriori (à la lecture de la post-face) que ce que je considère comme des faiblesses est dû au fait qu’il s’agissait d’une parution sous forme d’un feuilleton dont l’auteur improvisait, dans une certaine mesure, les épisodes au fur et à mesure. Bref, je ne nie pas que Krudy soit un grand écrivain — comment juger sur un seul roman? — mais je n’ai pas été emballée par cette lecture. Il me semble que, aussi intéressant que soit le côté documentaire de ce roman, il n’a pas la valeur universelle que j’attends d’un auteur aussi reconnu. Je classerais volontiers Gyula Krúdy aux côtés de Balzac, par son côté prolifique, sa façon de peindre une époque, une société etc. Mais comme pour Balzac, j’ai trouvé son style d’écriture un peu démodé. (Ça ne m’empêchera pas d’explorer plus avant sa production, en tentant de choisir une oeuvre un peu plu légère.)
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Le château français

Ecrivain très prolifique, à la limite de la graphomanie par la quantité d’ouvrages produits, Gyula Krudy n’en demeure pas moins un vrai auteur, avec un univers bien à lui, une atmosphère de douce mélancolie, de nostalgie rêveuse, même si à l’occasion il peut se monter mordant et sarcastique. Il aime dépeindre des villes de taille moyenne, un peu à l’abandon, dont la splendeur est quelque peu passée et fanée, peuplées par des habitants, qui comme les lieux qu’ils occupent, ont quelque chose d’un autre temps que celui dans lequel ils sont censés évoluer, et paraissent plus chérir leurs souvenirs qu’un hypothétique avenir. Parmi eux Sindbad, personnage récurrent, tient la première place. Krudy lui aurait consacré de nombreux livres, dont peu ont été traduits en français, essentiellement dans une sorte d’anthologie intitulée Sindbad ou la nostalgie. L’excellent éditeur Cambourakis, défenseur de la littérature hongroise, propose ce nouvel volume, présenté comme le premier du cycle.



Sindbad est donc dans une ville « chimérique et romanesque de la Haute-Hongrie », et l’aventure ne manque pas de surgir sous les traits d’une charmante jeune femme, qui lui demande son aide au cours d’un bal masqué : son ex-mari veut faire enlever leur fils. Sindbad succombe immédiatement au charme de Georgina et l’aide de son mieux, puis lui fait la cour, dans son étrange demeure qu’elle partage avec sa mère, et une précédente épouse du comte, son ex-mari, Mariett. Le comte est de retour, Sindbad le croise au théâtre qu’il fréquent surtout du côté des coulisses. Le théâtre devient en réalité très vite central dans l’histoire, en plus des ambitions du directeur et des actrices en place, il s’avère que Georgina a toujours rêvé d’être actrice, comme sa mère l’a été avant elle. Elle profite donc de la première occasion pour monter sur les planches dans le rôle de Juliette. Ce qui suscite une grand curiosité du public, des jalousies de la part des actrices, et l’ire du comte, qui a interdit expressément à son ex-femme de devenir actrice. La tension monte autour des représentations, Sindbad se voit imposé un duel. Mais les sentiments ne sont pas chose simple, au final, qui aime qui ? Et Sindbad n’a-t-il pas fait une erreur en choisissant Georgina au lieu de Mariett ?



Un roman très théâtral, qui multiplie les scènes spectaculaires, même si l’intrigue, comme souvent chez Krudy, est assez lâche, et que le lecteur doit se construire sa propre histoire à partir de morceaux de bravoure. La scène devient une métaphore de la vie, dans laquelle tout le monde joue un rôle, et pas forcément celui qu’il aurait choisi.



J’éprouve toujours un grand plaisir à lire ces romans joliment crépusculaires, j’ai donc été heureuse de cette nouvelle parution, même si celui-ci n’est pas à mon avis le meilleur opus de son auteur. Ce qui ne m’empêchera pas de guetter le suivant avec curiosité.
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Sept Hiboux

Une belle découverte que cet écrivain hongrois, qui en 1922 nous restitue l'ambiance de Budapest à la fin du XIXè siècle. On est frappé par la remarquable qualité littéraire, dans un style classique où romantisme, poésie et sensualité sont au rendez-vous.



Jozsias, écrivain trentenaire à la notoriété montante, charmant et indécis avec les femmes, va successivement connaître trois femmes marquantes...Léonora, la plus mûre, qui l'aime sincèrement, alors que lui n'a déjà plus d'yeux que pour Zsofia, jeune femme mariée et pétillante, qui n'a de cesse de le provoquer et de jouer avec lui une sorte de cache-cache et de jeu de l'amour...mais aussi la jeune, gentille, sage et timide Adalska...qui peut-être pourra lui redonner une santé devenue vacillante et un regard optimiste vers l'avenir, après les épreuves et difficultés qu'il va traverser. Pour l'accompagner tout au long de ce parcours initiatique littéraire et amoureux, le vieux et discret

Guszti Szomjas, qui connaît Budapest comme sa poche et loge à l'hôtel des sept hiboux, joue, parfois à l'insu de son ami, les messagers du coeur auprès de ces femmes et nous sert de guide dans la cité.



L'auteur nous décrit un monde finissant, mais sans forcément sombrer dans une nostalgie excessive, voyant bien les travers de ce milieu et délivrant un message positif par la bouche d'Adalska, tournée vers l'avenir et de Szomjas sorte de passeur vers le nouveau siècle.



Au final, si la fin est ouverte, que le déroulement traîne un peu en longueur et que les noms d'écrivains et de lieux hongrois sont en effet un poil agaçants, on ne peut être que charmé par un style splendide, et des morceaux de bravoure comme la description du baiser de Zsofia dans cette folle et dangereuse nuit glacée sur le Danube avec son amant (voir ma longue citation par ailleurs). On retrouve parfois à mon sens des accents et thèmes de Balzac, Flaubert ou Stendhal dans ces pages.



Ma lecture a d'abord été laborieuse, voire fastidieuse...et puis en s'accrochant, le plaisir de (re)découvrir Budapest, de ces belles pages d'amour et de sensualité, très présente, m'a séduit.



Un grand merci à Babelio pour cette découverte rare, et à l'immense indulgence de Marie-Delphine pour mon retard assez conséquent dans la publication de cette critique !







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Sindbad ou la Nostalgie

J'adore... cette lecture m'a enchantée. M'a emmenée sur les bords du Danube, sur les montagnes de la Haute Hongrie, et m'a fait lire un texte absolument magnifique, absolument hors du temps, m'a proposée une douceur, une gentillesse, juste de l'amour.

J'adore... cette écriture absolument magnifique, riche, faite de points virgules, de tirets, de parenthèses, de digressions, de métaphores, si riches, si drôles... j'adore.

Qu'est-ce qu'ils sont drôles les personnages décrits si précisément, si subtilement, ... le bonheur de lire ces descriptions, ces comparaisons, ces images... une jubilation... on en redemande.



Alors, je ne peux pas mettre tout le livre en citation. Mais j'ai lu ce petit livre (petit n'est pas péjoratif) avec une jubilation double, un le contexte historico-social, mais dont le monde se fout, et deux, y lisant une critique acerbe d'un monde en déliquescence.

Mais j'insiste, l'écriture est absolument géniale. Lire Krudy reléve d'un privilège et d'un bonheur absolu.
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Sept Hiboux

Ma première expérience de la littérature hongroise – Les braises de Sandor Marai - m'avait encouragé à me frotter à un autre auteur de la même origine. Curieuse idée. Il n'y a pas plus de chance d'apprécier un auteur parce qu'on a aimé les écrits d'un compatriote. Disons que c'était plus surement l'intention d'approfondir la connaissance d'une culture qui a sa particularité en Europe, ne serait-ce que par sa langue. Elle fait exception. C'est une île dans l'océan de ses voisines slaves, germaniques et latines.

Mais comment percevoir l'exception dans une traduction ? La traductrice de Sept hiboux nous ouvre une fenêtre sur cette particularité avec la fidèle préservation des innombrables toponymes et patronymes de la version originale, à tel point que cela devient un inconvénient, un obstacle à la fluidité de la lecture. Essayez vous à la lecture de ce qui suit, sachant en outre que le clavier français ne permet pas de placer les accents sur certaines voyelles

- page 86 "on l'appelait Szerelemvölgyi",

- page 91 "…les compliments sur la colline Svabhegy….une excursion à la taverne Hartarcsarda de Megyer.

La présence d'innombrables renvois de bas de page, explicitant, commentant, traduisant, les insertions couleur locale est un autre obstacle au confort de lecture. La traductrice pousse le perfectionnisme jusqu'à traduire en hongrois, en bas de page, ce que le texte donne en français. Sans doute destiné aux expatriés. Je n'ai pas perçu le bénéfice d'un tel luxe.

Sept hiboux est un ouvrage pour ceux qui n'aiment pas être tenus en haleine par un suspens insoutenable jusqu'à la dernière page. Pour tout dire d'ailleurs, en raconter l'intrigue n'est pas chose aisée. Nous sommes dans un roman d'ambiance, celle de la vie citadine d'un jeune écrivain, Joszias, à la vie amoureuse erratique et irrésolue, en quête de notoriété. C'est une ambiance empreinte de ce romantisme du XIXème siècle avec les caractéristiques qu'on lui attribue : l'exaltation des sentiments, qui sombrent parfois dans la mélancolie, le goût de la solitude, une forme de lyrisme qui ralentit le pas de l'intrigue quand elle a décidé de se révéler. C'est une ambiance qui peut aussi prendre une tournure épique, comme dans cet ouvrage avec la traversée du Danube pris par les glaces par des amoureux décidés à théâtraliser ce qu'ils pensent être leurs derniers instants.

Il y a dans ce genre de prose d'incommensurables longueurs. Pour preuve la retranscription, tirée de l'ouvrage que Joszias cherche à faire éditer, de la passion de son héros pour la chevelure des femmes. Il faut bien s'assurer de sa vigilance, à moins de partager la même passion, pour franchir le cap. Pas moins de quatre pages.

Je me suis toujours demandé quelle était la part de fiction dans ce roman, tant les références à des personnages ayant réellement existé dans l'histoire de la Hongrie, en particulier des milieux littéraire, politique, et journalistique, y sont omniprésentes. Sans oublier un autre personnage, tant elle prend sa place dans la narration et dans le cœur des protagonistes, qu'est la ville de Budapest. Nous sommes à l'époque de sa création par la réunion des trois villes riveraines du Danube : Pest, Buda et Obuda. On perçoit bien l'attachement que lui porte l'auteur, Gyula Krudi, lui pardonnant ses laideurs. Cela fait évidence dans la bouche des personnages de ce roman. Cela fait aussi évidence de nostalgie à la veille de la grande guerre qui va précipiter la fin de règne de la monarchie austro-hongroise.

Les autres personnages, les vrais, sont des êtres complexes. Leur passé reste flou, voire mystérieux, mais on comprend qu'il a été plus ou moins chaotique. Ils peuvent faire preuve d'une grande fantaisie, sont toujours sincères, et ne se fixent pas d'autre but que celui de vivre une passion ou de leur passion. Ce roman nous offre une belle palette des mœurs et de la vie quotidienne d'une classe sociale moyenne qui rêve d'émergence dans l'Autriche Hongrie François-Joseph 1er et de l'impératrice au triste destin, Sissi.

Bien que servi par une belle écriture ce texte n'a pas emporté mon suffrage. Ma soif d'exotisme s'est évanouie dans les brumes de Budapest. De chapitre en chapitre je suis resté dans l'attente de ce coup de fouet qui aurait réveillé mes sens. Peut être que lorsque j'aurai soupé des turpitudes de ce monde je trouverai avantage à me laisser bercer par ce romantisme doucereux et nonchalant.

Je remercie Babelio et les éditions des Syrtes de m'avoir permis de faire connaissance avec Gyula Krudi, auteur prolifique et populaire en son temps et son pays.

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Échec et mat ou le Gambit hongrois

Dans la famille Karinthy, je demande le père, Frigyes. Gagné - il a écrit la nouvelle "César et Abou Kaïr". Dans la famille Karinthy, je demande le fils, Ferenc. Perdu - aucune nouvelle de Ferenc Karinthy dans le recueil de nouvelles Échec et mat ou le Gambit hongrois. Et pas davantage de jeu des 7 familles ici mais, évidemment comme le titre peu original le laisse deviner, le jeu d'échecs.



Au programme, une douzaine de nouvelles dans lesquelles le jeu d'échecs joue un rôle important, dans lesquelles la folie n'est jamais très loin et écrites par des auteurs hongrois - d'où le sous-titre de le Gambit hongrois ; sauf erreur, il n'existe pas un tel gambit mais en revanche la défense hongroise, certes rare, existe et il aurait été plus opportun de l'utiliser dans un ouvrage autour du jeu d'échecs - sur une période de près d'un siècle et demi - la plus récente des nouvelles date de 1989, la plus ancienne de 1855.



La lecture de ces nouvelles est plutôt divertissante - certaines se soldent par un échec et mat, d'autres par des situations pires que celle de l'échec et mat - et permettra de lire des auteurs hongrois peu connus désormais (une courte présentation des auteurs aurait été la bienvenue).



Pour ceux qui ne lisent pas en silence, le tout peut-être lu en écoutant au choix :



- "e2-e4" de Manuel Göttsching

- "A Rook House for Bobby" de I Like Trains sur la folie de Bobby Fischer
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Le compagnon de voyage

Lire Krudy c'est prendre du plaisir à lire une écriture d'abord. J'ai envie de dire que le reste, on s'en fiche un peu, ce qui n'est pas gentil mais je pense qu'aujourdhui, Krudy c'est d'abord la jouissance d'une écriture, comme se couler dans un bain avec des sels parfumés (à chacun le choix du parfum). Une écriture parfaite, descriptive, imagée, ironique, décalée, à plusieurs degrés, précises, comme une dentelle anglaise, sage, méchante aussi, tranchante, blessante, mais si juste, acérée, belle, tout simplement belle, et jamais inutile.

Lire Krudy c'est aimer une écriture, c'est se laisser glisser dans cette écriture, ses points virgules abondants, ses métaphores, ses parenthèses, ses digressions, c'est entrer dans l'âme de l'écrivain et de son oeuvre car les deux sont si intimement liées.

Le Compagnon de voyage est un livre à part ça surprenant, dont je ne dirai rien car Krudy est un fort en surprise et qui veut le découvrir doit rester "vierge" au départ.

Mais cette lecture m'a vraiment secouée.

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N.N.

N.N. héros anonyme, enfant anonyme, ce roman est, on le sait largement autobiographique. Il est poignant. Besoin d'exister, besoin de reconnaissance, besoin d'amour et d'amitié, N.N. quête, mais dans sa quête il brûle ses ailes, ses yeux et sa bouche.

Le roman s'ouvre sur des pages, "la cigale'"... la cigale fut ma nourrice, la demeure de la cigale, etc..., les images de la cigale sont magnifiquement géniales, la cigale on a compris est l'auteur lui même, cigale et non fourmi.

Les chapitres suivants montrent toute la quête d'amour de la part de l'auteur. Amour de la femme, amour d'un passé qui s'est fondu, amour d'une famille qui a disparu ou n'a jamais existé, le narrateur, Krudy lui-même sans doute, promène sa quête d'amour, sa tristesse, sa joie car il est toujours optimiste, sa nostalgie, donc ses paradoxes, à travers des paysages magyars absolument magnifiés sous sa plume.

Krudy est un amoureux éperdu de son pays, il ne nous épargne rien des couleurs changeantes à chaque saison, des sons, des parfums.

Lire un roman de Krudy c'est d'abord accepter de se transporter dans la Hongrie d'avant le traité de Trianon. Et pour comprendre la Hongrie, il faut en passer par ce traité.

Lire un roman de Krudy tel que celui-là c'est accepter d'osciller entre magie et réalité, entre féérie et quotidien, entre sublime et sordide.

Lire ce roman de Krudy, c'est se rendre à l'évidence que sa plume est hors de tout, hors du temps, hors de tous les temps, telle que celle de Proust,.

Lire ce roman de Krudy plutôt qu'un autre, c'est se plonger dans un univers "hongrois" ou "magyar" qui ouvrira sur les autres grands écrivains de ce peuple d'une beauté et d'une culture inouïes.

Lire ce roman c'est se délecter dans un monde qui n'existe plus, partager l'oeuvre d'un écrivain qui a disparu prématurément car il a consumé sa vie, mais c'est se régaler d'une écriture imagée à en rire, précise à en pleurer, colorée à en redemander, épicée à vouloir en relire.

Mais c'est un autre monde. Lire Krudy c'est se transporter dans un autre monde, un autre univers, une littérature différente, une littérature qui amène à une forme de pureté, une littérature qui nous élève. Et le plus, c'est qu'on en redescend pas.
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Cure d'ennui: Écrivains hongrois autour de S..

Une excellente manière d'aborder la littérature hongroise avec ce recueil de nouvelles de six de ses meilleurs écrivains. Six auteurs particulièrement représentatifs de l'éveil à la modernité de la vieille Hongrie en ce premier tiers du vingtième siècle, au moment où l'imaginaire avait rendez-vous avec l'inconscient et se frottait ainsi à sa propre essence jusqu'ici méconnue. Un jeu qui n'est certes pas sans danger et où l'humour sert d'indispensable sauvegarde.

Entre psychanalyse et littérature, l'inspiration était alors largement réciproque, ce que Sandor Ferenczi formulait ainsi : "A ceux que leur orgueil médical pousse à mépriser les belles-lettres, je réponds que les sources de notre connaissance de la psychologie moderne ne se trouvent pas dans la littérature médicale, mais dans les œuvres littéraires et poétiques."
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N.N.

Gyula Krudy raconte dans ce livres ses souvenirs d'enfance. Son père, son grand-père, sa grand-mère, et plus discrètement sa mère apparaissent. Mais évidemment à la façon de l'auteur, impressionniste. Peu d'événements, et alors à l'arrière plan, révélés comme par inadvertance. Ce qui compte ce sont les sensations, les ambiances, les ressentis, et la nostalgie qu'ils éveillent, le regret fugitif de choses passées. Jusqu'à essayer de créer une suite, un présent au passé, dans lequel la réalité et le rêve s'entrecroisent.



On est toujours dans le même univers, et ici on entrevoit le substrat qui a pu y donner vie, dans l'enfance même de l'auteur. Peu de différences entre ses livres de fiction et sa vie, au point où l'on peut se dire que ce qu'il raconte inlassablement dans ses livres c'est la substance même de son existence. Que ses différents personnages sont des visages différents qu'il se donne, en essayant d'imaginer ce qu'une subtile variation aurait pu changer. Fascinant.

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N.N.

"N.N.", ce livre précieux entre tous, je l'ai lu, relu et j'ai pensé que Krúdy était l'écrivain de la mélancolie heureuse. C'est très rare, un écrivain qui écrit pour le bonheur et non son contraire, dame Tristesse. Je pourrais vous citer des dizaines de passages à l'appui de ce que je vous écris là. Je me contenterai de glisser sous votre porte l'image de cette " aube d'été venant d'arriver comme la roulotte carillonnante des comédiens "... "Mélancolie heureuse " veut dire que l'on fait corps avec la fuite du temps au lieu de chercher à le retenir : pourquoi s'en effrayer ? J'aime infiniment que Krúdy évoque au passage "ces petites villes d'eaux qui furent si nombreuses dans l'ancienne Hongrie ". Ce monde a disparu, et pourtant j'en jouis encore.

Michel Crépu à propos de "N.N." de Gyula Krúdy dans La Revue des Deux Mondes
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Le château français

Premier roman de Gyula Krúdy (1878-1933) où d'entrée apparaît le personnage de Sindbad - une sorte de double romancé de notre auteur - on n'y trouve pas encore tout le charme de ses ouvrages ultérieurs. Demeure une forme théâtrale qui alourdit un peu le texte en cette première mise en scène de la vieille Hongrie en ses représentations sociales désuètes. Car Krudy a une sorte de fascination pour tout ce qui se survit au-delà de son temps, déborde sur un temps déjà autre. Mais sa fascination est contagieuse et c'est volontiers que nous l'accompagnons en ces brumes hantées par des fantômes parfois particulièrement retors et non dénués de ressources.

"Les gens vivent ici dans quelque monde ancien fantasmé, comme s'ils passaient leurs journées dans les tiroirs de secrétaires fermés ou de penderies vétustes. On n'entend guère un mot plus haut que l'autre à l'intérieur des maisons, et les fauteuils près des cheminées sont toujours occupés".

On notera en passant que la "Vieille Hongrie", victime d'une histoire tourmentée, ne se retrouvera territorialement que dans l'actuelle Slovaquie. N'espérez pas toutefois y retrouver ces chers fantômes ni leurs pirouettes; les "aménagements" urbanistiques mondialisés leur ayant ôté, ici comme ailleurs, toute velléité de réapparition. Il y eut de l'histoire, il n'y en a plus; le capitalisme lave plus blanc !
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Sindbad ou la Nostalgie

Gyula Krúdy (1878-1933) est à juste titre considéré comme l'un des plus grands écrivains hongrois mais son oeuvre, considérable, reste très méconnue en France. Une ignorance tout à fait regrettable que l'on constatera à la lecture de cet ouvrage à l'ironie fraîche et décapante où, au détour des pages, s'immisce la poésie de l'instant. L'errance amoureuse de notre héros dans les anciennes Buda et Pest, ainsi que dans les Carpates de la vieille Hongrie est erratique temporellement. Sindbad, le marin, est tour à tour jeune, vieux et même parfois simple fantôme sans que cela semble pouvoir le troubler en sa quête. Un livre qui vous fera tomber sous son charme avant même que vous vous en rendiez compte.

Et puis, "Quand elle tombe dans les Carpates, la neige a une voix qui lui est propre. Cette voix ressemble à celle du vent qui chuchote en passant près des tours, poursuit son chemin à travers les épaisses forêts et franchit les montagnes silencieuses, pour gagner les vallées qui s'étendent à perte de vue. On croit alors entendre la profonde respiration d'une géante qui dort d'un sommeil tranquille et rêve. "

De cette géante aussi notre Krudy/Sindbad semble bien avoir été amoureux.
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Sindbad ou la Nostalgie

Sindbad et un séducteur hongrois, qui partage avec nous ses déceptions, ces amours de jeunesse, ou de vieillesse, ces actrices et danseuses, ces mondaines ou ménagères qu’il a connues….une série de portraits, de retours en arrière, arrivant pèle-mêle à son esprit, sans ordre chronologique…..c’est tantôt un lieu, tantôt un objet, une pantoufle, un train, une veste qui lui rappellent telle dame, telle bourgeoise ou telle paysanne qu’il a aimé….des femmes qu’il sauvera du suicide et des femmes qui se suicideront à la suite de sa muflerie…Mort et amour rythment ces chapitres, amours trompées, noyées par dépit, mais aussi pleurées et regrettées



Il n’a vécu que pour les femmes, pour l’amour, il sera alternativement un bourgeois, un séducteur, un homme sans cœur, un chevalier servant, un romantique, amoureux aussi bien de femmes aux bas de soie, mais aussi des petites paysannes en bas de laine : « Tout ce qu’il apprenait, tout ce qu’il lisait, tous ses voyages, c’était pour raconter aux femmes et pouvoir leur mentir »

Des chapitres inégaux, certains sont noirs, d’autres plus gais voire cocasses et d’autres moins alertes, plus lourds et d’autres ont le charme désuet de ces vieilles choses, mais aussi des chapitres emplis de philosophie parfois et de poésie

Mes lectures doivent me transporter vers des mondes, des lieux, des époques….et j’avoue que ce voyage m’a un peu laissé sur ma faim…Une trentaine de chapitres tous indépendants, qui ne m’ont pas permis, autant que je l’aurais souhaité de me transporter vers cette Hongrie du début du XXème siècle, vers ses hommes, ses villes, ses métiers, sa culture.

Merci à Masse critique de Babélio et aux éditions LaBaconnière qui m’ont permis de découvrir Gyula Krúdy, auteur hongrois méconnu décédé en 1933 qui aurait écrit près de 150 romans.

J’aimerais découvrir d’autres titres qui me permettraient de compléter mon voyage vers la Hongrie de son époque.
Lien : http://mesbelleslectures.com..
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