AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Hakan Günday (75)


Une fois que les places ont été abandonnées, leurs occupants chassés par l’usure, par la fatigue ou par la violence, une fois que les derniers reliefs de ces apparitions ont été balayés, les textes viennent prolonger la mémoire de ce qui a eu lieu. Ils persistent, ils continuent de laisser les voix advenir, avec leur vulnérabilité, parfois leur maladresse qui est celle de l’incertitude. Ils accueillent le tourbillon, ils acceptent sans innocence leurs limites, leur inachèvement, leur partialité, leur myopie devant l’événement. À rebours de la toute-puissance des récits dominants, de leurs affirmations arrêtées en elles-mêmes, ce livre cherche une circulation, une ouverture – celle d’une esplanade en plein air -, une forme possible pour que le récit des places s’imprime à même le temps, et pour que ce qui a trouvé à s’exprimer au cœur des villes ne soit pas réduit à demeurer confiné dans l’angle mort de l’Histoire. (« Faire signe – Avant-propos »)
Commenter  J’apprécie          20
p56. Pour haïr la victime, il n'était pas nécessaire de perdre du temps à faire personnellement sa connaissance. Il suffisait de sniffer quelques doses de la haine collective qui est en suspension dans l'air.
Commenter  J’apprécie          20
p26. Le premier outil utilisé par l'homme, c'est un autre homme. J'imagine qu'il n'a pas fallu beaucoup de temps fixer le prix de cet outil et en faire commerce.
Commenter  J’apprécie          20
Il avait grandi dans un pays où l'on naît en masse et où l'on meurt par douzaines. Tout ce qu'il voulait, c'était se rendre dans un pays où l'on naît et meurt individuellement.
Commenter  J’apprécie          20
Car pour reconnaître la suprématie d'un autre, il faut avant tout se renier soi-même et renier la réalité.
Commenter  J’apprécie          20
Israël, qui croyait être le Greenwich politique du monde, était un cas particulier. Il s'attendait à ce qu'on règle sur lui non seulement l'horaire mais aussi les saisons. Tandis que lui, il portait toujours les mêmes vêtements. Tout vêtu de noir, le ninja névrosé du désert émergeait des brumes en brandissant l'étoile de David. Quant à la Turquie, c'était une jouvencelle boulimique et dépressive. Se voyant obèse dans le miroir de l'Orient et décharnée dans celui de l'Occident, elle ne trouvait pas de vêtements à sa mesure.
Commenter  J’apprécie          20
Car même si, avec le temps, j'ai beaucoup changé, je ne suis pas meilleur. Mes défauts n'ont fait que s'aggraver. Je suis plus impitoyable, plus criminel, plus menteur, plus monstrueux, pire en toute chose... Aujourd'hui, je suis un cadavre pur-sang. Rien d'autre. Sauf, toutefois, un peu de sulfate de morphine.
Commenter  J’apprécie          20
L'individu qui ne se comprend pas lui-même est condamné à vivre avec une arête en travers du gosier. Il aura mal à la gorge toute sa vie. Pour être vendeur, il faut un rêve immense et une personnalité étriquée. Toute vertu à son revers. L'imagination mène à la folie, le manque de caractère rend invisible . Le prix à payer pour faire de bonnes affaires, c'est de ne pas se connaitre soi-même et de serrer chaque matin sa cravate autour d'un gosier douloureux.
Commenter  J’apprécie          20
Tout vendeur est le rival des autres. Un mot suffit pour le recruter (viens) comme pour le renvoyer (dégage) et c'est entre ces deux mots qu'il exerce son métier. Dans de telles conditions, les vendeurs, qui gagnent quatre fois plus que les gens de leur âge ont besoin de garder leur travail, parce qu'ils n'arrivent pas à mettre de l'argent de côté. C'est cela qui rend leur vie aussi difficile.
Commenter  J’apprécie          20
L'homme est un accident de la nature, qui, même s'il la déteste, court après la femme. Quand il l'attrape, il l'abreuve de coups de poing. Comme il le prétend lui-même, tout ce qu'il possède est plus petit que son sexe. Son intelligence, son coeur, son humanité, tout ...
Commenter  J’apprécie          20
Au bout de quelques pas elle ferma la bouche en se rappelant à quel point elle haïssait toutes les créatures du monde où elle vivait. Or ils grouillaient autour d'elle. Elle était assaillie de toutes parts. Par des êtres humains. Ils cheminaient à côté d'elle, ils la dépassaient à pas pressés, la croisaient et, dans leur hâte, ils ne voyaient pas la fillette en noir qui se trouvaient parmi eux. Comment ne comprennent-ils pas, se disait Derdâ. J e marche à côté d'eux, mais ils ne me voient même pas; Ils sont tous aveugles. À moins que ce tchador ne me rende invisible...
Commenter  J’apprécie          10
Elle était sincère. En tout cas elle en était persuadée. Parce qu'elle était atteinte de la maladie qui passe le plus vite, mais qui récidive et dont on ne guérit jamais : l'espoir.
Commenter  J’apprécie          10
Depuis le début du XXIe siècle, presque tous les mouvements populaires d’envergure à travers le monde sont d’abord apparus sur des places. Que celles-ci soient déjà célèbres ou que leur nom n’ait retenti qu’avec le temps de l’événement ; qu’elles soient les carrefours où converge une foule mue par un élan de contestation spontané ou l’endroit soigneusement élu par les manifestants pour ses dimensions pratiques et symboliques, ces places ont aimanté les pas réfractaires, attiré, concentré, retenu en elles les multitudes.
Elles ont souvent donné leur nom aux événements qui s’y sont tenus, se sont confondues avec eux, et avec les revendications qui s’y sont exprimées. De là, ces dernières se sont répandues ; elles s’y sont parfois aussi cantonnées, créant des zones autonomes,, distinctes du reste du tissu urbain. Les places ont alors marqué dans les villes une opération de séparation, de rupture de continuité, comme une projection dans l’espace, une matérialisation de ce que la pensée critique opère dans le champ des idées. Un espace critique : voilà précisément ce qui s’est avant tout formé sur ces esplanades ouvertes au cœur battant des villes, engendrant des configurations politiques inédites, parce que lies aux aires où elles s’inscrivaient, conditionnées par la topographie des lieux. (« Faire signe – Avant-propos »)
Commenter  J’apprécie          10
p165. On venait d'élire quelqu'un sans savoir pourquoi. Mais les partisans du vaincu s'insurgeaient contre le vainqueur. Ils vivaient la première phase de la démocratie. Ils croyaient aux élections, mais leur candidat ayant été battu, ils contestaient les résultats.
Commenter  J’apprécie          10
p154. On rencontrait tous les jours des tyrans méconnus qui attendaient toute leur vie l'occasion d'exercer un pouvoir.
Commenter  J’apprécie          10
Les guerres des sectes sont comme la mode. Du moins au Proche-Orient. En Occident, les gens ont depuis longtemps appris à s'habiller selon leur goût et ne font plus couler le sang que pour des raisons valables, par exemple les carburants fossiles.
Commenter  J’apprécie          10
La guerre sans merci que le bien et le mal sont censés se livrer jusqu'au jugement dernier est la plus grande escroquerie dont l'humanité ait jamais été victime. Il s'agissait sans doute de maintenir l'ordre public et de protéger le pouvoir en place. Car si l'on avait admis que tous les hommes étaient à la fois bons et mauvais, les dirigeants qui suscitaient l'admiration des masses et entraînaient les foules auraient été les premiers à voir leur image ternie.
Commenter  J’apprécie          10
Il roulait dans une Mustang 2005, habitait à Lara une villa en duplex et ne se tapait que les filles de proxénètes triés sur le volet. Il n'avait pas de carte de crédit. Rien que du liquide. Des liasses d'euros dépassaient de sa poche. Il avait 34 ans. Il connaissait toutes les méthodes de vente. Il faisait baver d'admiration les Français attachés aux droits de l'homme en se faisant passer pour un travailleur kurde opprimé tout en leur vendant pour des milliers d'euros de tapis prétendument tissés par des Kurdes. En fait, il n'était ni kurde ni turc. C'était tout simplement un Amstellodamois. Il n'était pas citoyen du monde, il était citoyen de l'espace, une sorte d'extra-terrestre à qui seul l'argent permettait de respirer. Il n'éprouvait aucune sympathie pour aucune créature. Il était au centre de la vie et veillait à arnaquer équitablement tout ce qui vivait, sans léser personne.
Commenter  J’apprécie          10
Dans la pratique de la vente, la répétition est un écueil redoutable. Elle peut provoquer la mort subite de la plus saine intelligence. Un vendeur qui a prononcé deux mille fois la même phrase accompagnée des mêmes mimiques n'entend plus ce qu'il dit. Il se concentre sur d'autres sujets, suppute le montant du compte en banque du client ou essaie de deviner la couleur de la culotte de la femme qui l'accompagne. Il n'entend pas ce qu'il dit. Seule l'expression des gens qui l'écoutent lui permet de se rendre compte où il en est de son propos.
Commenter  J’apprécie          10
Je pense qu’il était dingue. En fait, je crois qu’ils étaient tous dingues. Tous ces Ouzbeks, Afhans, Turkmènes, Maliens, Kirghizes, Indonésiens, Birmans, Pakistanais, Iraniens, Malais, Syriens, Arméniens, Azéris, Kurde, Kazakhs, Turcs, tous… Il faut être fou pour pouvoir supporter tout ça.
Commenter  J’apprécie          10



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Hakan Günday (278)Voir plus

Quiz Voir plus

Projet oXatan

Sur quelle planète se déroule ce livre?

Mars
La Terre
Venus

10 questions
69 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}