Citations de Han Suyin (97)
" Une amitié s’effiloche, se défait comme une couture. Mais lorsque l’amour meurt, c’est le tissu même de la vie qui se déchire. "
(page 9).
Son sourire était tranquille, désarmé; il n'avait rien de la grimace cordiale, quelque peu forcée, que certains étrangers se croient obligés d'afficher. C'était ce que nous, les Chinois, appelons " un sourire qui ouvre le cœur ".
La vie ne reproduit jamais deux fois la même feuille, la même fourmi, la même pierre, le même visage, et la permanence n’est réalisée que par le changement, tout comme l’éternité n’est que la naissance du nouveau, issu de ce qui vieillit et meurt.
Il n'y a rien de plus fort au monde que la douceur.
L' humilité est donc bien nécessaire, la seule, celle qui consiste à vivre avec
son corps, en connaissant à fond ses cycles, ses trahisons, ses désirs, sa corruption .
Les mots, les symboles ont une vie continue et prennent des sens différents selon les âges… et puis… ah ! c’est à désespérer, je suis toujours paralysée par les mots que j’emploie. C’est pour moi une perpétuelle inquiétude, un malaise obsédant de relier le symbole à l’objet, le mot à sa signification. Je ne peux absolument pas m’exprimer, et c’est pour moi une véritable angoisse.
Puisque nous sommes tous changeants et qu'il n'existe pas deux situations identiques, je ne suis jamais parvenue à comprendre pourquoi on n'accepte pas de faire le mal comme le bien, et avec exactement autant de lucidité.Je me méfie profondément des philanthropes et des faiseurs de bonnes oeuvres en général. Je crois aux bons rapports entre les personnes, au dévouement à ses amis, à la fidélité aux principes. Je crois qu'on doit aspirer à être totalement soi-même et non à une perfection formelle qu'on imposerait aux autres. Je suis féodale et taoïste et je pratique un despotisme éclairé, étant médecin.
En ce temps là , Changhai était une fabuleuse cité de gangsters où régnait , déchaînée, une liberté plus grande qu'en aucune autre capitale. En comparaison le Chicago d'Al Capone était une bourgade provinciale, sage et presque bigote. Cette conglomération agitée, brutale, grouillante et impitoyable de la misère révoltante et de la fortune vertigineuse était en réalité organisée suivant un accord entre la police des concessions étrangères et les gangs des sociétés secrètes chinoises, qui avait pour effet d'assurer la protection des riches et l'avilissement total des pauvres.
Si vous possédez la foi, tous vos rêves se réaliseront.
Abandonnez-vous au Seigneur, il vous aidera à surmonter les obstacles.
Si vous possédez la foi, rien ne vous sera plus impossible.
Les femmes ne se sentent belles et ne le sont que si elles sont aimées, si l’on entretient autour d’elles un climat d’amour...
L'humilité est donc bien nécessaire, la seule, celle qui consiste à vivre avec son corps, en connaissant à fond ses cycles, ses trahisons, ses désirs, sa corruption. Comme il est difficile d'accepter notre insignifiante condition mortelle! Comme il est nécessaire de chérir l'illusion qui participe à la substance de la réalité, de vouloir rêver infiniment et toujours, en sachant que les rêves splendides sont parties de ce corps qui est le nôtre, qu'ils sont aussi réels que la solide réalité de notre main. (...) L'homme qui veut l'éternité, qui cherche à se perpétuer dans le temps et l'espace, qui façonne d'invincibles images de lui-même pour sa propre adoration et oublie qu'il est bête de proie et esprit angélique, accouplés dans une mort sans cesse renouvelée. Toutes ces impulsions au fond de l'homme, ce sont ses dieux ancestraux et familiers, déifiés et parés de mots. Dieux anciens, dont le visage est parfois enduit de peinture fraîche.
Il me semble même que je pourrais être indifférente à la conquête de la Chine par le Japonais, si le Japon nous apportait une civilisation supérieure à la nôtre. D ici à cent ans, nous les aurions absorbés. Mais le Japon ne nous donnera rien de bon.
"[...] l'homme n'est qu'un cadavre en sursis."
Je suis une Eurasienne.
Cela veut dire simplement que ma mère était européenne, mon père chinois.
En Chine, on me considère comme une Chinoise, mais il n'en va pas de même pour tes Anglais des colonies. A leurs yeux, c'est une tare et une infériorité que d'être eurasien, peut-être parce qu'il s'en trouve tant aux Indes. Ils vont sauter en l'air à ce seul mot et, pour eux, je ne serai même pas une personne. Cela peut nuire à ta carrière.
(p. 264 et 265)
Il ignorait qu’une femme se sent particulièrement exposée aux outrages en pays étranger. Cela fait partie du mythe selon lequel les autres peuples sont différents de nous. Il croyait cependant deviner qu’elle craignait d’être violée, et cette idée le faisait sourire. Certes elle n’était pas laide, ni monumentale comme tant de ces femmes blanches, mais agréablement potelée. Seulement elle avait les cheveux teints et, aux yeux de Deepah, adolescent bien équilibré, elle paraissait extrêmement vieille, plus vieille que sa mère, la maharani, dont les cheveux étaient d’ébène et dont les doigts jouaient si admirablement de la cithare. Bien sûr, il était toujours agréable de rencontrer une certaine docilité, de palper les rondeurs des fesses et des seins, de satisfaire ainsi sa curiosité.
Ainsi l'homme se dépasse-t-il toujours, bien qu'l le nie, car toujours il voudra croire que sa vérité et sa liberté sont l'unique vérité, l'unique liberté. Il a un profond besoin d'absolu, un profond besoin de croire que Dieu est de son côté dans toutes les entreprises de l'existence.
Qui donc ayant une fois su ce que c'est que d'être vivant, voudrait retourner vers les morts ? Qui, ayant une fois vu la Vie, n'en reste pas ensorceler pour toujours ?
vous prononcez le mot amour comme si c’était quelque chose de tellement grand . l'amour ce n'est pas si grand que ca ! il faut si peu de chose pour vous refroidir! vous pouvez vous coucher pleine d'amour et vous réveiller pour vous apercevoir qu'il est volatilisé .
En 1940 nous vivions le drame de la Chine, nous avions peu de nouvelles de l’Europe. Une anglaise médecin m’annonça que les allemands avaient envahi la France. La France ayant capitulé, on se demandait ce qu’il allait advenir de l’Angleterre. A ce moment-là, toute l’Europe semblait se courber devant Hitler. La ligne Maginot dont on avait tant parlé avait craqué. La France signait l’armistice et l’arrivée de Pétain faisait de ce pays un des alliés de l’Allemagne hitlérienne. Peut-être les français ont-ils oublié cette capitulation gigantesque. Mais qu’allait-il arriver à l’Angleterre ? […] Le peuple anglais tout entier eut un sursaut de patriotisme ! D’un courage extraordinaire, il a bravé tout seul l’Europe soumise à Hitler, à Mussolini, à Franco, au moment où les Etats-Unis, qui ne s’engagèrent que dix-huit mois plus tard, étaient encore sur la réserve.
Ce qui moi me subjugue, c’est cet élan qui veut toujours se dépasser, qui veut laisser sur terre un peu de mieux pour que la terre devienne meilleure pour tous. Cela c’est ma foi, mon propre mysticisme. Dans cette optique, il faut donner sa petite part, tout ce que l’on peut.