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Citations de Hannah Kent (146)


J'ai trouvé une station baleinière qui empestait la mort et le chaos, peuplée d'hommes blancs sans dents, au visage graissé par la méchanceté que leur insufflait leur avidité pour les peaux de phoques.
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Je lui ai parlé de Magdalena, que nous soupçonnions de recourir à l'homéopathie, des problèmes digestifs dont se plaignait Eleonore Volkmann, et de Mutter Scheck, qui se disait bonne herboriste mais dont les compétences laissaient planer un doute puisqu'elle avait déjà enterré trois maris. ("Tout dépend si elle traitait ses maris ou elle", m'avait un jour glissé Matthias.)
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Chaque matin, alors qu’il faisait encore nuit, les oiseaux emplissaient l’air de leurs chants si bien que le soleil, en se levant, faisait resplendir une lumière symphonique. Les oiseaux étaient partout : incarnations d’anges tapageurs au corps noir, messagers à tête jaune piaillant la joie. Chefs de chœur rayés de gris. Kookaburras rondelets devenant subitement, étonnamment, les prosélytes de l’aube. Même les arbres semblaient pousser de manière à accueillir le soleil dans le monde. En Prusse, la
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canopée était épaisse et dense. Le sol des forêts couvert d’ombres. Mais, ici, les forêts étaient des lieux de lumière. Les feuilles tachetées par les rayons du soleil, minces et brillantes, passaient du rose au gris, au vert. Je les écrasais dans le creux de ma main pour sentir leur odeur guérisseuse. De remèdes. Sous ces jours chauds, sans souffle d’air, tombaient les branches des arbres, craquant comme des os, et se révélaient les sons des abeilles. Je sentais parfois l’odeur du miel réchauffer l’air. Les animaux n’étaient que fourrures musclées et yeux brillants comme de l’eau, ou couches d’écailles et furtifs coups de langue. Et tout, arbres, opossums, kangourous, fourmis encerclant un tronc telles des perles luisantes, toutes ces choses immobiles pouvaient en un clin d’œil se muer en un éclair filant.
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Pendant que la congrégation progressait lentement vers les étendues luxuriantes, bleu-vert, de la chaîne du Mont-Lofty, suivant les traces que les chevaux de trait avaient laissées dans les plaines, je me couchais à l’arrière de la charrette à bras de mon père, la tête ballottée contre la paroi de bois, et regardais le ciel. Il me semblait impossible qu’un tel bleu puisse exister. Ce ciel sans nuages était plus haut, plus grand que n’importe où.
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Ceux qui me regarderont verront une putain, une folle, une meurtrière, une créature qui rougit l’herbe de sang et rit à gorge déployée, la bouche pleine de terre. Ils prononceront le mot « Agnes » et verront une sorcière, une araignée prise dans sa propre toile. Ou un agneau encerclé par des corbeaux, bêlant pour appeler sa mère. Mais ils ne me verront pas moi. Je ne serai pas là.

(Presses de la Cité, p.48)
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Il n’aimait pas me voir lire ou écrire. Et ne répugnait pas à me fouetter pour me faire passer l’envie de continuer s’il me surprenait un crayon à la main. « Une fille bien élevée ne lit pas : c’est vulgaire », disait-il.

(Presses de la Cité, p.174)
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- [...] Vous connaissez le proverbe : le chemin de l'enfer est pavé de bonnes intentions.
- Et celui du paradis est bien indiqué, pour sûr ! Mais mal éclairé à la nuit tombée, acheva-t-elle dans un sourire.
Le prêtre balaya sa remarque d'un geste vif.
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Elle avait toujours pensé qu'elle était une brave femme. Gentille et prévenante. Mais peut-être ne sommes-nous gentils que lorsque la vie nous permet aisément de l'être ? songea-t-elle. Le cœur s'endurcit-il quand le bonheur n'est pas là pour l'adoucir ?


p.192
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Elle avait fini par comprendre les paroles de Maggie : la solitude, qui l'isolait du reste du monde, était aussi le ferment de sa liberté.

p.246
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Balai neuf balaie bien, mais balai vieux connaît mieux les recoins.

p.56
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_C'est injuste. Les gens prétendent vous connaître sous prétexte qu'ils savent ce que vous avez fait, mais ont-ils pris la peine d'écouter ce que vous avez à dire?
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Et toujours cette question lancinante : à quoi ressemble une femme qui a tué deux hommes?
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Comme si prier suffisait à effacer les péchés ! Toutes les femmes savent qu'un fil, une fois tricoté, reste à sa place. Le seul moyen de réparer un point de travers est de défaire l'ouvrage.
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Partout, le même dénuement, les mêmes manques. J'ai parfois l'impression d'avoir passé toute ma vie au même endroit.
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Nous raidissons les épaules face au vent matinal, qui cingle nos jupes contre nos jambes. Quand j'étais petite, Inga, ma seconde maman, m'a montré comment tirer sur mes vêtements face au vent pour qu'il en fasse des ailes. Parfois, j'avais presque l'impression de m'envoler. « Un jour, disait-elle, le vent t'emportera, et tout le monde dans la vallée verra sous tes jupes. » Ça me faisait beaucoup rire.
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- Êtes-vous un homme de traditions, révérend Tóti ?
Il réfléchit un instant.
- Oui, dit-il enfin. Tant qu'elles sont nobles et chrétiennes.
- Savez-vous comment les anciens appellent un vol de corbeaux ?
Il secoua la tête.
- Une conspiration, mon révérend. Une conspiration.
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Hier, quand je croupissais dans la remise de Stóra-Borg, la perspective de retourner à Kornsá m'aurait emplie de joie. Souvenirs d'enfance, ruisseaux, herbe verte, mottes de tourbe couvertes de rosée au printemps... Aujourd'hui, je sais que ce retour sera une humiliation. Les habitants de la vallée me connaissent bien. Ils se souviennent de celle que j'étais : le bébé, l'enfant, la jeune femme allant de ferme en ferme. En me voyant reparaître, ils penseront d'abord aux meutres - et l'enfant, la jeune femme s'effaceront de leur mémoire.
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Sigga ne savait rien des cauchemars et des fantômes. Une nuit, alors que nous tricotions dans le badstofa à Illugastadir, nous avons entendu un corbeau. Porté par le vent du large, son cri nous a glacées jusqu'aux os. J'ai expliqué à Sigga qu'il ne faut jamais appeler ni nourrir un corbeau pendant la nuit. Les oiseaux qu'on entend croasser dans l'obscurité sont des esprits, ai-je ajouté. Ils te tueraient s'ils posaient les yeux sur toi. Je l'ai terrifiée, j'en suis certaine - sinon, pourquoi aurait-elle médit sur mon compte par la suite ?
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Ils sont cruels, les corbeaux - mais sages. Toute créature devrait être aimée pour sa sagesse si la bonté lui fait défaut.
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