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Citations de Hans Fallada (322)


Après les caisses à bombes, ils étaient passés aux cercueils, en bois de rebut que l'on barbouillait de brun. L'atelier fabriquait ces cercueils par dizaines de milliers ; de quoi remplir des trains de marchandises et des gare de triage.
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- Naturellement, ce ne sera pas une tête de pipe… Je veux seulement voir si je suis capable de sculpter notre garçon tel qu'il était.

La mauvaise humeur d'Anna tourna court sur-le-champ. Ainsi, c'était au petit qu'il pensait ! Et s'il pensait au petit, et songeait à sculpter une image de lui, c'est qu'il pensait aussi à elle et qu'il voulait lui faire plaisir. Elle se leva de sa chaise, laissant là ses pommes de terre, et dit :

- Attends, Otto, je t'apporte les photos. Pour que tu saches comment notre petit était réellement…

Il eut un mouvement de refus :

- Je ne veux pas voir de photos. Je veux évoquer Otto par la sculpture, tel que je l'ai ici en moi.

Il se toucha le front. Après un silence, il ajouta encore :

- Si j'en suis capable !

Elle était tout émue. Leur fils vivait donc également en lui.
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Les quelques personnes en civil se perdaient complètement dans ce foisonnement, elles étaient insignifiantes, ennuyeuses parmi tous ces uniformes, de la même façon d’ailleurs que la population civile, dehors, dans les rues et dans les usines, n’avait jamais acquis la moindre importance aux yeux du parti. Le parti était tout, et le peuple n’était rien.
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Il y avait quelque chose de si funeste, de si sombre, de si résolu dans les paroles qu'Otto venait de prononcer. Elle comprit aussitôt qu'avec cette première phrase il avait déclaré la guerre, aujourd'hui et pour toujours, et elle sentit aussi obscurément ce que cela signifait: la guerre entre eux d'un côté, les pauvres et insignifiants petits ouvriers, qui à cause d'un mot pouvaient être éliminés pour toujours, et de l'autre le Führer, le parti, ce monstrueux appareil avec tous ses pouvoirs et son éclat, et les trois quarts, oui, les quatre cinquièmes même de tout le peuple allemand derrière eux. Et tous les deux ici, dans cette petite pièce de la rue Jablonski, tous les deux tout seuls!
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Une illusion

Toujours ,au cours de ces nuits autour du grand effondrement ,Dr Doll,quand il parvenait parfois à s'endormir vraiment ,était hanté par le même rêve angoissant.Ils dormaient très peu ces premières nuits, s'attendant constamment avec angoisse à tout type de menaces physiques ou morales .La nuit était depuis longtemps tombée --Après une journée pleine detourments--et ils étaient encore assis aux fenêtres et guettaient au-dehors si un ennemi arrivait ,observait la petite prairie,les buissons ,l'étroit chemin de ciment ,et ce jusqu'à ce que tout se mêle dans leurs yeux douloureux et qu'ils ne distinguent plus rien.
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Il entra,et Rita comprit aussitôt qu'elle s'était complètement trompée ,que son père avait eu raison d'inviter ce gratte-papier subalterne,comme elle l'avait appelé avec mépris, à venir bavarder chez eux lors de ses soirées solitaires .
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Il découvrait qu'Anna aussi avait été une enfant : une enfant exubérante, indocile, capable de jouer des mauvais tours, il avait connu sa femme alors que sa dure et triste condition de servante lui avait enlevé beaucoup de force et d'illusions.
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Le vieux conseiller était un homme de parole. Anna était, elle aussi, au-delà de tous les tourments; elle aussi était libre, libre dans sa captivité.
P.526
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Escherich entendait le tintement des verres, le bruit des bouchons qui sautaient, des rires et des cris. Une des nombreuses réunions de haut gradés. Réunions, beuveries, détente, délassement, après les grosses fatigues causées par les gens qu'il fallait torturer et envoyer à la potence.
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Pour Trudel, la Bible était une chose très nouvelle. Elle avait traversé l'école hitlérienne sans aucune religion, et elle n'avait jamais ressenti de besoin spirituel. Dieu ne signifiait rien pour elle, Dieu n'était qu'un mot dans les exclamations comme "Bon Dieu !". On aurait aussi bien pu dire "Bon sang !" — cela ne faisait pas de différence.
Et là encore, en apprenant quelle avait été la vie du Christ, selon l'évangile de Matthieu, elle avait dit au pasteur qu'elle ne parvenait pas à s'imaginer ce qu'il voulait dire quand il déclarait être "le fils de Dieu". Mais le pasteur Lorenz lui avait seulement répondu, avec un sourire doux, que cela n'était pas grave. Qu'elle devait seulement prêter attention à la façon dont le Christ avait vécu sur la terre, comment il avait aimé les hommes, et aussi ses ennemis. Elle pouvait interpréter les "miracles" comme elle voulait, comme de jolis contes, mais il fallait qu'elle apprenne qu'il y avait quelqu'un qui avait vécu ainsi sur la terre, si bien que sa trace rayonnait encore de façon impérissable près de deux mille ans plus tard, comme la preuve éternelle que l'amour était plus fort que la haine.
Trudel Hergesell, qui pouvait aimer aussi vigoureusement que haïr (et qui, en recevant cet enseignement, haïssait de tout son cœur Frau Hänsel trois mètres plus loin), Trudel Hergesell s'était d'abord révoltée contre un enseignement pareil. Elle le trouvait trop mou. Si bien que ce ne fut pas Jésus-Christ qui rendit son cœur plus sensible, mais son pasteur Friedrich Lorenz. Lorsqu'elle considérait cet homme, dont personne ne pouvait ignorer la grave maladie, lorsqu'elle voyait qu'il prenait part à ses soucis comme si c'étaient les siens, et qu'il ne pensait jamais à lui-même, lorsqu'elle reconnaissait son courage quand il lui glissait, pendant la lecture, un billet dans la main sur lequel étaient écrites des nouvelles de Karli, et lorsqu'elle l'entendait parler avec la crâneuse Hänsel du même ton sympathique et bienveillant qu'avec elle, cette femme dont il savait pourtant qu'elle était capable à tout instant de le trahir, de le livrer au bourreau, alors elle ressentait quelque chose comme du bonheur, une paix profonde qui émanait de cet homme qui ne voulait pas haïr, mais seulement aimer, aimer même le plus mauvais des hommes.
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Trois minutes plus tard, le comédien Max Harteisen se trouvait dans la cage d'escalier de l'immeuble de bureaux et tenait, troublé, une carte dans la main : "Mère ! Le Führer a assassiné mon fils..."
Bonté divine ! pensa-t-il. Qui peut bien écrire une chose pareille ? Il faut qu'il soit devenu fou ! Il joue sa tête, à écrire des choses pareilles ! Involontairement, il retourna la carte. Mais il n'y avait ni expéditeur ni destinataire, seulement : "Faites passer cette carte, que beaucoup la lisent ! — Ne donnez rien au Winterhilfswerk ! — Travaillez lentement, encore plus lentement ! Jetez du sable dans les machines ! Tout ce que vous ferez en moins aidera à finir cette guerre plus vite !"
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Ces derniers mois, le village et avec lui Frau Kluge ont dû apprendre à s'habituer à ces enfants : les attaques aériennes sur Berlin se sont intensifiées et la population a été priée d'envoyer ses enfants à la campagne. La région est inondée de petits Berlinois. Mais, fait étrange, certains de ces enfants n'arrivaient pas du tout à s'habituer à la vie tranquille de la campagne. Ici ils profitaient du calme, d'une bien meilleure nourriture, de nuits complètes, mais ils ne le supportaient pas, ils étaient irrésistiblement attirés par la grande ville. Et ils se mettaient en route; pieds nus, mendiant un peu de nourriture, sans argent, menacés par les gendarmes, ils cherchaient, opiniâtres, le chemin pour retourner dans la ville qui brûlait presque toutes les nuits. Repris, renvoyés à leur résidence à la campagne, ils attendaient tout juste d'être un peu ragaillardiis pour s'enfuir de nouveau.
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La première phrase de notre première carte sera " Mère! Führer m'a tué mon fils" De nouveau elle frissonna ; il y avait quelque chose de décidé et de sinistre dans ces paroles! Elle comprit à cet instant que, cette première phrase, il avait déclaré la guerre, aujourd'hui et à jamais. Confusément, elle comprit ce que cela signifiait D' un côté; eux deux, les pauvres petits travailleurs insignifiants, qui pour un moment pouvaient être anéantis pour toujours. Et de l'autre côté, le Führer et le Parti, cet appareil monstrueux, avec toute sa puissance ,tout son éclat, avec derrière lui les trois quarts, oui, les quatre cinquième de tout le peuple allemand. Et eux deux, seuls ici, dans cette petite chambre de la rue Jablonski
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p.297 "Un accouchement, ce n'est rien pour une femme en bonne santé, c'est très bon pour elle, c'est tout. J'ai dit à ma femme bien sûr que je peux te payer une aide, mais ça ne fera que te ramollir. Tu te remettras d'autant plus vite que tu auras des choses à faire.
Je ne sais pas, tout de même..., dit l'autre, hésitant.
Mais si, bien sûr, bien sûr, bien sûr prétend l'homme aux lunettes. J'ai entendu dire qu'à la campagne, elles ont des enfants et dès le lendemain elles sont de retour dans les champs pour la récolte du blé. Tout le reste n'est qu'amollissement. Je suis très contre ces maternité. ça fait neuf jours que ma femme est ici, et le médecin ne voulait toujours pas la laisser partir. Je vous prie, Herr Doktor, je lui ai dit, c'est ma femme, c'est à moi de décider de ce qui la concerne. Que croyez-vous que mes ancêtres les germains faisaient avec leurs femmes ! Ah ben, il est devenu tout rouge, ses ancêtres à lui n'étaient pas des Germains dans tous les cas."
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p.165 "Elle a quelques concepts simples ; que la plupart des gens sont mauvais seulement parce qu'on les a rendus mauvais, qu'on ne doit pas juger personne parce qu'on ne sait pas ce qu'on ferait soi-même, que les grands pensent toujours que les petits ne s'en rendront pas compte - ce genre de choses qu'elle a en elle, elle ne les a pas inventées, elle les a en elle. Elle a de la sympathie pour les communistes."
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"Chaque dimanche est talonné de près par un lundi. Et ce quoi qu'on y fasse"
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Plus ils écrivaient, plus les Quangel découvraient des choses à reprocher au Führer et à son Parti. Certaines mesures leur avaient paru à peine blâmables à l'époque où elles avaient été édictées: la suppression de tous les autres partis, par exemple. D'autres leur avaient semblé excessives ou trop brutales, mais uniquement dans leur mise en application, et non dans leur principe même : telle la persécution des Juifs. A présent que le mari et la femme s'étaient rangés parmi les ennemis du Führer, ces choses prenaient à leurs yeux un tout autre sens et une toute autre importance. Elles mettaient en lumière les mensonges perpétuels du Parti et de son Führer. Et, comme tous les convertis de fraîche date, ils s'efforçaient de rallier les autres à leurs nouvelles convictions. Leurs cartes n'étaient donc pas monotones, et les sujets ne manquaient pas.
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"Hitler tient la place du seigneur de l'univers, du Dieu tout-puissant de bonté et de miséricorde! Alors que la guerre étend ses ravages et assassine des millions d'êtres humains, deux vieilles gens croient en cet homme au moment où il remet leur fille au bourreau. Nul doute ne peut se glisser en leur coeur, c'est leur fille qui est mauvaise plutôt que le Führer!"
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"Mais Enno sait depuis longtemps, par son commerce avec les femmes, que, tout en pleurant, on peut très bien réfléchir."
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Quelqu'un qui venait tout juste de perdre une belle valise en vachette avec ses plus belles affaires dedans et toute son argenterie, quelqu'un qui venait juste d'être délesté de quatre mille marks sur cinq n'aurait jamais pu se faire ne serait-ce que la plus petite idée du bonheur que ressentait l'homme qui était assis, un quart d'heure plus tard, dans un wagon de deuxième classe [...] Dieu seul sait comment cela fonctionnait en moi, mais je m'imaginais vraiment que je m'étais tiré à bon compte des griffes du misérable Polawski, et que je ne pouvais pas remercier suffisamment le ciel d'avoir réussi en plus à sauver mille marks de ce désastre. Je ne dois bien évidemment pas oublier de mentionner que ce sentiment de bonheur était essentiellement dû au fait que j'avais retrouvé la bouteille de schnaps...
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