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Citations de Hector Mathis (96)


Les braises se blottissent les unes contre les autres. Archibald remue le charbon, l’oblige à se regrouper puis remet une bûche pour la nuit. Il me lance une couverture. Je n’ai pas sommeil. Une rasade de rouge, il crache bruyamment, tousse, puis s’allonge sur le côté, la figure collée au matelas. Je me demande bien comment apparaissent les poches gigantesques qu’on observe sous les yeux des attristés. Il ne faut pas attendre bien longtemps pour qu’il cède au vin. Il ronfle, les yeux ouverts. Il ne m’a pas l’air taillé pour l’époque un seul instant, épuisé par le siècle, la musique entre lui et le monde. Voilà une drôle de fée, tout de même !
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Puis les fenêtres, et comptant ! J’ai laissé qu’les murs, qu’ils se débrouillent avec ça ! Une bicoque sans porte et sans fenêtres. Vont avoir un joli mois de décembre ! Enfin… Je m’emballe mais au fond… J’suis mieux ici, dans mon domaine. Là, c’est l’salon d’hiver. ‘Vec cheminée et couvertures en cachemire. Asseyez-vous, je vous en prie. Je m’demande comment j’ai tenu là-bas. Vous n’auriez pas un mégot par hasard ? Croyez-moi la pierre c’est un sacré business. Un business de malfaisants, de grossiers, je vous assure ! Entière la clope ? Merci bien. Monsieur est généreux. Euch ! Euch ! Ah, les foutus salauds. À peine le temps d’ouvrir les recommandés que les gros bras débarquaient déjà. J’avais jamais vu autant d’huissiers. »
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La morale, rien à foutre ! Ils peuvent tout s’permettre quand ils sont dans leur saloperie de bon droit. Oh ça oui ! Jusqu’à vous piétiner. Euch ! Euch ! Je l’ai acceptée moi, leur bicoque. C’est pas tout l’monde qu’aurait dit oui pour payer ça. Oh que non ! On rend service et voilà ce qu’on récolte, nom d’un chien ! Foutus salauds de rentiers ! Bourgeois crapauds dégueulasses ! Fuuumiers ! ‘Vec la porte d’entrée que j’suis parti ! Et toc !
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Des scélérats ! Je les revois me citer le code du proprio. Me répéter sans cesse qu’ils sont dans leur bon droit. Bon droit, mon cul ! C’est que ça leur file une trique pas possible d’être dans leur bon droit ! Popopom, tranquillement ils font leurs calculs, ils s’arrangent…
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Il ne me jette pas un regard, ne m’accorde aucune attention, il cause, il ne fait que ça. Je le soupçonne, je le devine. Il se sait observé, il joue de ma présence, indifférent, il veut m’en faire douter. C’est un filou, il veut passer pour fou, voilà son jeu. Il guette du coin de l’œil pour voir si j’écoute toujours. « Z’ont pas hésité une seconde, zim zoum zam ! M’ont sorti d’ma chambrette ! Ça rigole pas les propriétaires ! Euch ! Euch ! Z’ont tout fait pour m’virer. Jusqu’à fourrer des cafards dans mon oreiller, sans blague ! C’est des foutus salauds de conspirateurs !
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Sa tronche dessinée au Criterium, ses pommettes de mal-nourri, ses narines figées de fureur, ce visage râpeux, ridé en tout point, c’est bel et bien Archibald. Clochard farfelu et délirant qui bafouille des prophéties devant une gare de la grisâtre depuis que j’ai l’âge de prendre le train. Je ne sais pas bien comment il s’appelle. Personne ne sait vraiment. Mais Archibald lui va tellement bien. Archibald ! Le fameux, le magnifique ! Si le lyrisme avait un chevalier servant ce serait lui. Baroudeur de l’exagération. Torpilleur de Midas, tout à fait formidable au contact de la boue.
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Prudemment je m’approche de la porte, sans un bruit, léger, presque à l’arrêt. J’ouvre. Un petit homme voûté fait les cent pas dans la cabane. Mains dans le dos. Il ne lève pas même les yeux en m’entendant entrer. Gilet déchiré, pantalon gris trop long et trop large, un lacet faisant office de ceinture ; je me remémore l’étonnant personnage.
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’est un swing qui démarre en trombe mais qui se noie aussitôt. Encore un essai, puis plus rien. Plus de musique. Des grognements terribles et le plancher qui grince.
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Attention ! La nuit on croise d’étonnantes créatures. Des monstres hallucinés, bouffis de chagrin ou bien de colère. On n’est jamais assez méfiant avec eux. Même blessés ils restent tout entiers disposés au drame. Silence. Plus rien ne semble s’agiter. J’attends. J’ai peut-être affaire à un attentif. Toujours rien. Ah ! Voilà que j’entends vibrer quelques notes. Un souffle brut qui fait comme une mélodie. Ça ressemble à de la trompette. Ou bien du cornet. Non, c’est plus enroué, plus plaintif. C’est un saxophone, aucun doute. Quelqu’un joue, s’arrête, reprend du début, encore, et s’interrompt pour tousser, avant de recommencer.
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En m’approchant de la cabane j’entends grommeler. Une voix étonnamment placée. Tantôt fragile, puis volontaire, déterminée et à nouveau tremblante. Je recule de quelques pas pour mieux distinguer la petite cheminée. De la fumée s’en échappe. Ce n’est sûrement pas le garde-chasse, il joue aux cartes à cette heure-là. Ça fait bien longtemps qu’il ne s’aventure plus jusqu’à la cabane le soir, il n’a plus l’âge des marches nocturnes. Je tends l’oreille. Ça remue, ça grogne, ça tousse à l’intérieur. Ça glaviotte en claudiquant.
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Je vérifie rapidement dans mes poches que j’ai bien la petite boîte. Je ne m’en sépare plus. C’est une petite boîte dont je dépends entièrement. La voilà, bien au fond de ma doublure. Je poursuis alors ma route.
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Leur territoire s’étend jusqu’au moderne, jamais au-delà. Le fantastique leur est étranger.
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Aux bordures du petit bois existe une cabane avec de quoi passer la nuit. Il s’y trouve des couvertures, un vieux matelas, et même une petite cheminée bricolée par le garde-chasse. Le tout est poussiéreux, humide mais habitable. Ici les autres n’auront jamais idée de chercher.
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Les châteaux ça me dérègle complètement. Faut dire que celui-là c’est un surprenant. Dressé dans la nuit comme un pachyderme lithique. Ce que je suis bien, de l’autre côté du miroir… Dommage que je ne puisse pas dormir au château. Peu importe.
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L’air du château me donne envie d’avaler les pages. Me goinfrer jusqu’à la nausée. Bouffées délirantes. Même malade, un œil sur le carreau, le reste qui menace de foutre le camp, j’en veux encore des paragraphes, caractère cinq, illisibles, à tout remplir, de mauvaise foi, de féeries puis de goudron fumant ! Du mot qui s’étale partout, qui grignote les pavés, les couvertures. Du mot qui coule, qui gueule, qui jouit jusqu’à la douleur. À tordre la fiction jusqu’au monde. Démence !
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J’aperçois le château au loin, taillé dans la colline, solide, attirant. Pas à pas je m’éloigne du chemin de terre sans le quitter des yeux. Je m’abandonne aux rêvasseries. Je pense à la musique, à la littérature, je n’ai plus que ça dans l’estomac. J’agite une pensée de fortune. Ça sera de plus en plus difficile pour ceux qui voudront se mettre à écrire. Ils se préparent une marelle sur des cendres. Écrire ou baver ! Même pas terminé le premier que je voudrais en entamer d’autres, des bouquins. Affamé que je suis.
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Me voilà bien seul, maintenant. Ici le froid dévore tout. Le vent flotte et la lumière s’épuise. Drôle de rempart au désenchantement, le domaine. Peut-il encore lutter ? Avec ses illusions, ses écorces qui se mêlent à la rouille pour faire juter l’imagination.
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Pour faire résonner la mélodie j'avais des tonnes de mots à faire valser, chuter dans les variations, escalader les clés, les triolets, en percutant les accords jusqu'à la dissonance. Comme le jazz. Tout pareil.
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Un roman c'est un ballet, la musique emporte tout et la musique c'est les mots! On y croise des visages et des silhouettes. Les personnages dansent une chorégraphie qu'ils pensent être la leur, mais en vérité il n'y a que la musique, tout le reste est en fonction, rien n'existe en dehors d'elle. P. 76
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Un roman c'est un ballet, la musique emporte tout et la musique c'est les mots!
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