Citations de Helen Harper (54)
La douleur n’est pas mon amie. La douleur n’est l’amie de personne. Et si quelqu’un essaie de vous persuader du contraire, faites-lui boire un gin-tonic.
- Mettez votre ceinture, ordonna-t-il.
Je souris légèrement, soulagée de changer de sujet.
- Vous vous inquiétez pour ma sécurité ?
- Si vous finissez écrasée contre le pare-brise, la paperasse à remplir sera infernale. Sans parler du nettoyage.
- Vous voyez ? fis-je, satisfaite. Vous n’aimez pas non plus les heures sup.
- Un ami à toi ? demandai-je.
- Pas vraiment.
- Déjà, est-ce que t’as des amis ?
- Ivy, soupira Winter.
Bien sûr que j'avais raison ! J'avais toujours raison. Enfin presque. Près de cinquante pour cent du temps, ce qui, selon mes termes, signifiait "presque toujours".
- Oh, tu prends ma défense.
Je poussai un grognement.
- Peut-être bien. Tu sais qu’on est en train de devenir le pire couple de la planète, pas vrai ? Je veux dire, on se fait les yeux doux et on défend notre honneur respectif ? C’est le début de la fin. Bientôt, on aura un sticker Winter Loves Wilde sur la voiture et des t-shirts assortis.
Il sortit de sa veste un mouchoir en lin, brodé de ses initiales. Je n’étais même pas surprise. Il était si adorablement vieux jeu, parfois. Je le pris avec gratitude et me mouchai avant de le lui rendre. Le fantôme d’un sourire joua sur ses lèvres, et il secoua la tête.
- Tu peux le garder.
Je reniflai.
- Tu veux pas ma morve ?
- Pas spécialement.
Être une super-héroïne, c'était cool, mais je ne pouvais rien contre la pluie.
- Bien essayé, Ivy. Mais si tu étais si occupée que ça en ce moment, tu n’aurais pas passé toute la matinée à ouvrir nos calendriers de l’Avent et manger tous les chocolats.
C'est pas que j'aime pas mon job, pas du tout, mais je ne vis pas pour mon boulot. Je suis saine d'esprit.
La mère de Winter avait ouvert les bras.
- Oh, je suis si heureuse de te rencontrer, Ivy. Appelle-moi Sophia. Et voici George.
À ma grande surprise, elle me serra chaleureusement contre elle.
- Raphaël nous a tant parlé de toi, continua-t-elle.
Mon estomac se noua. Qu’est-ce qu’il avait bien pu leur dire ? Que j’étais trop paresseuse pour aller acheter du lait à pied, et que j’avais passé un accord avec un des gosses de l’immeuble pour qu’il aille m’en chercher ? Est-ce qu’il leur avait dit que j’avais tendance à retourner mes petites culottes pour gagner une journée sur mes lessives ? Ou alors, peut-être qu’il avait osé mentionner qu’un jour, j’avais regardé une saison entière d’Inspecteur Derrick parce que j’avais bien trop la flemme de chercher la télécommande ?
Je me forçai à sourire
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Je n'avais jamais été aussi crevée de ma vie. Même mes os étaient claqués.
« – Ne le laisse pas t’énerver, souffla Winter.
– Je suis si transparente ?
– Quand tu es en colère, le bout de tes oreilles rougit.
Je lui jetai un regard surpris. Il haussa les épaules.
– C’est assez adorable.
Je ne pus m’empêcher de lui lancer un sourire moqueur.
– Je parie que tu n’aurais jamais pensé utiliser ce genre d’adjectif quand tu m’as rencontrée.
– Oh, murmura-t-il, j’ai changé d’avis sur beaucoup de chose en ce qui te concerne, Ivy.
Quelque chose dans la façon dont il prononça mon nom m’emplit de chaleur et de bien-être. A ce rythme, je lui lécherais les pieds et le supplierais de m’emmener à la salle de sport pour frôler la mort à coup d’haltères, dans trois jours. Quelle horrible perspective. »
L'homme couché à côté de moi était mort. Ce n'était pas tant le voile blanc vitreux recouvrant son regard ou même son immobilité glaçante qui soulignait cette évidence. Non, sa tête était séparée de son corps, comme si quelqu'un l'avait dévissée, telle une ampoule grillée avant de la jeter au sol.
Il me jeta un coup d’œil et marqua un temps d'arrêt. Comme d'habitude. Apparemment, une femme qui conduit un taxi, c'est surprenant. Je sais pas pourquoi. C'est pas comme si conduire demandait des compétences particulières interdites au genre féminin. Les boules ballantes ne rendent pas la tâche plus facile, que ce soit pour tenir le volant ou trouver mon chemin dans une petite ville comme Oxford. Non, mes seins ne sont pas un frein à ma conduite. Et, oui, je sais me garer. J'avais déjà entendu toutes le blagues sur le sujet, et elles n'étaient jamais drôles. Les hommes peuvent être sorciers et les femmes conductrices. Première nouvelle, hein ?
Winter s'offusqua, littéralement. Je ne savais pas que les gens s'offusquaient encore à notre époque. Sa petite onomatopée de mépris choqué datait du siècle dernier.
- C'est Price le coupable.
Winter se tourna vers moi.
- Et comment en es-tu venue à cette conclusion ?
- Il était nerveux et fuyant. Et je suis sûre qu'il a eu son job grâce à Diall. En plus, ajoutai-je, il portait des mocassins. Crois-moi, il ne faut jamais faire confiance à un type qui enfile ses chaussures sans avoir besoin de les ouvrir.
- Et si vous m'appelez bébé, quel surnom dois-je vous donner ? dit-il d'une voix basse.
Je réfléchis.
- Majesté, ça me va.
- Dans vos rêves.
La personnalité n’est pas une forme immuable : on change tous et on s’adapte à la situation. On a tous de bons et de mauvais côtés. Les miens sont plus évidents parce que je m’en tamponne le coquillard de ce que vous pensez de moi, c’est tout. J’ai assez de problèmes avec mon propre jugement pour m’inquiéter de celui des autres.
Je ne voulais pas que la Fraternité vienne. Mais je n’avais pas voulu que John meure non plus. Il fallait juste que j’accuse le coup et que je tienne bon.
Quelque chose dans la façon dont il prononça mon nom m'emplit de chaleur et bien-être. A ce rythme, je lui lècherais les pieds et le supplierais de m'emmener à la salle de sport pour frôler la mort à coups d'haltères, dans trois jours. Quelle horrible perspective.