Ayant adoré le premier tome et savouré le deuxième, j'avais hâte de lire le troisième et dernier tome de la trilogie Super Madrona en compagnie de Ludivine. Je pense pouvoir dire sans me tromper que nous avons toutes les deux apprécié cette conclusion qui fut l'objet d'intéressants et fructueux échanges.
Il faut dire que si le roman est relativement court, il s'y passe quand même beaucoup de choses. À cet égard, je dois présenter toutes mes excuses à l'autrice, ayant craint en début de lecture que l'intrigue n'avance pas. Une crainte balayée d'un revers de la main, même pas magique, Madrona ayant la merveilleuse capacité à attirer les problèmes, ou plutôt à foncer droit dans les ennuis, guidée par son imprévisible témérité. Dans ce dernier opus, elle est donc occupée, aux côtés de ses amis et de son barman préféré, à éviter l'apocalypse ! de quoi relativiser nos propres problèmes…
Ce tome est un peu celui des révélations mais aussi de la tension, les événements devenant électriques à mesure que Manchester sombre dans le chaos. En effet, le monde des humains n'était pas destiné à accueillir des membres de l'autre monde, comme en témoigne le dérèglement climatique engendré par l'accumulation de magie. Mais ce n'est rien par rapport à ce que le monde risque de subir si Rubus arrive à mettre en oeuvre son terrible plan.
Helen Harper nous propose un antagoniste d'envergure dont on comprend les motivations, mais pas ce qu'il est prêt à faire pour atteindre son objectif. Et puis, de fil en aiguille, le chaos de la ville reflète son chaos intérieur, notre terrifiant méchant semblant s'enfermer dans les confins d'une réalité qui n'existe que dans son esprit.
À cet égard, j'ai eu beaucoup de peine pour une femme, symbole de celles qui sont victimes de violences conjugales et qui finissent par vouloir sauver leur bourreau de lui-même, sans réaliser qu'elles sont les seules et véritables victimes. C'est poignant même si l'autrice ne tombe pas dans le pathos et sait faire comprendre les dessous d'une néfaste emprise sans s'appesantir dessus. On observe cette même habilité pour nous faire ressentir la détresse d'une veuve, mais aussi son courage et son envie de remercier la personne qui a permis à son époux d'avoir la fin qu'il souhaitait. La scène est d'une grande dignité mais également d'une belle intensité émotionnelle qui, pour ma part, m'a profondément émue.
Si ce tome n'est pas dénué d'émotions et d'actions, il est surtout porté comme pour les opus précédents par l'humour décapant d'une héroïne qui est une bouffée d'oxygène à elle toute seule. Elle a toujours la petite phrase incongrue qui fait rire, et qui permet d'oublier pendant quelques secondes les dangers et les problèmes qui s'empilent. Sa mégalomanie absolument tordante n'en cache pourtant pas moins une héroïne qui ne s'aime pas beaucoup et qui se pense mauvaise, quand elle est l'incarnation de l'altruisme. Alors oui, son impulsivité a parfois des conséquences dont les autres se seraient bien passés. Mais ces autres qui la critiquent sont aussi ceux qui ne font rien jusqu'à ce que la situation devienne intenable, la contraignant à faire le sale boulot et à se salir les mains pour le bien commun.
J'ai ressenti une grande injustice face à cette situation qui affecte notre héroïne bien plus qu'elle ne le montre. Elle pourra heureusement compter sur le soutien indéfectible d'une personne qui connaît son coeur pur et sa noblesse d'âme. Au cours de l'aventure, elle rencontrera également de nouveaux alliés, dont un loup-garou qui m'a séduite par sa personnalité et dont j'ai apprécié les interactions avec une humaine de caractère. Je suis d'ailleurs ravie parce que l'un de mes souhaits s'est réalisé, me promettant ainsi quelques savoureuses heures de lecture ! J'ai en outre apprécié la manière dont plusieurs espèces travaillent main dans la main pour éviter que l'apocalypse ne transforme la Terre en lointain souvenir.
En parlant de souvenirs, l'amnésie de Madrona, pilier de cette série, permettra à l'autrice de soulever d'intéressantes questions autour de la mémoire, de ce qui fait de nous ce que nous sommes, mais également des avantages et inconvénients d'une vie sans passé mais également sans regrets. Des questions amenées subtilement permettant à chacun de se faire sa propre opinion et à Madrona de prendre une importante décision. Pour ma part, je ressors de ce troisième et dernier tome ravie et heureuse d'avoir pu vivre une telle aventure aux côtés de la Madhatter !
En conclusion, Et une apocalypse pour Madrona nous offre un savoureux, mouvementé et touchant point final à une trilogie haute en couleur, dont l'humour omniprésent apportera bien des sourires sur les lèvres des lecteurs. Si vous voulez une série courte d'urban fantasy avec une héroïne à l'humour décapant qui tente de jouer sans grand succès une antihéroïne machiavélique, Super Madrona est fait pour vous. Action, suspense, rires et émotions garantis !
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