Accepter l'expression d'une opinion différente ce n'est pas accepter cette opinion comme vraie, ce n'est pas reconnaître la validité ou la pertinence de cette opinion ; c'est simplement accorder le droit à cette opinion d'être exprimée.
Dans ce cadre, il faut également souligner le fait que, malheureusement, de très nombreuses personnes croient que la formulation " chacun a droit à son opinion " — ou " toute opinion peut être dite " — est équivalent à " toutes les idées se valent ". Ce type de confusion est souvent le fait des intellectuels (pseudo-intellectuels ?) dits " post-modernes " qui trouvent ainsi un moyen de justifier qu'ils pérorent souvent sur du vent et un moyen également de valoriser à peu de frais de longs débats sur des idées très profondes ; profondes au sens de creux…
- On croit voir un lac. On s'approche. La lac disparaît. On en conclut : mirage !
- On croit voir un ovni. On s'approche. L'ovni disparaît. On en conclut : c'est un ovni !
Assurons-nous bien d'un fait avant d'en rechercher la cause.
Chaque observation, chaque opération, est sujette à erreur mais — et c'est le point fondamental qui différencie nettement la science et sa méthode des autres domaines de connaissance et de leur démarche — toute erreur PEUT être corrigée. Ce qui nous montre que l'on peut connaître le monde, l'univers qui nous entoure, même si cela se fait et se fera de MANIÈRE PARTIELLE, même si cela se fait et se fera encore GRADUELLEMENT DANS LE TEMPS et, ce, même si cela se fait de manière IMPARFAITE dans l'espace et dans le temps.

J'ai parlé assez souvent d'une frêle chandelle qui permet de s'éclairer seul, la nuit, dans une vaste et sombre forêt. Cette petite chandelle — la raison — est un outil modeste mais c'est tout de même notre bien le plus précieux dans un monde dont nous ne devons pas laisser les commandes aux charlatans à courte vue qui exploitent notre candeur et notre ignorance.
« Souffle la chandelle » disent ces charlatans, « tu y verras bien mieux ».
À nous, bien sûr, de ne pas souffler mais d'entretenir au contraire la flamme de cette chandelle, de ce flambeau prométhéen, que nos Anciens ont porté vaillamment et que, nous tous, nous devons transmettre à nos suivants…
J'espère avec Maître Yoda que la Force sera avec nous et que le présent ouvrage aidera à se poser quelques questions et à comprendre que l'intérêt — je n'ose pas dire le salut — des habitants de la planète Terre passe par une instruction scientifique, une éducation à la science donc bien sûr à ses résultats mais surtout à SA MÉTHODE.

Il faut signaler que la religion, la magie et les pseudo-sciences sont, si on désire leur accorder tout de même le statut de modes de connaissance, nettement moins efficaces et de portée nettement moins universelle que la science et la technologie puisqu'elles n'intègrent pas directement en elles-même la recherche ET ne possèdent pas de mécanismes auto-correctifs. C'est d'ailleurs ce manque spécifique qui explique que religion, magie et pseudo-sciences n'ont que peu — pour ne pas dire en rien — modelé le monde actuel, le monde physique dans lequel nous vivons (Je ne parle pas de " comment " nous y vivons car dans le " comment " interviennent évidemment des caractéristiques subjectives et, pour beaucoup d'êtres humains sur notre planète, en large partie religieuses.) ; monde qui doit, par contre, beaucoup à la science et la technologie.
- Si les épidémies de peste ont désormais presque disparu, on ne peut que difficilement supposer que les prières et les aspersions d'eau bénite y soient pour grand chose…
- La multiplication magique des billets de banque réussie par le marabout local (en France et au XXIe siècle !) qui enferme du papier journal dans une marmite afin que la magie et les poudres de perlimpinpin opèrent n'a jamais mis en grand péril les banques. Alors qu'une simple manipulation subtile, par un jeune " trader " de la Société Générale, montre les possibilités que l'informatique nous a apportées…
- Si l'on peut voir et entendre à très grande distance un journaliste nous présenter en direct quelques informations fortes, ce n'est pas vraiment grâce au développement de nos extraordinaires pouvoirs-psi mis en évidence et sublimés par les longues et savantes recherches des parapsychologues et autres métaphysiciens depuis près de deux siècles (ils n'ont, contrairement à leurs allégations, strictement RIEN trouvé). Par contre, les ondes hertziennes et la télévision, et en nettement moins de temps,…
Contrairement à ce que l'on aurait pu supposer a priori, le niveau de croyance dans le paranormal, de manière apparemment paradoxale, augmente globalement avec le niveau d'études donc d'instruction. Je dis " apparemment paradoxale " car il y a un présupposé non explicité mais pas nécessairement juste ; en effet, il faut faire attention que… " instruit " ne signifie pas nécessairement " intelligent ".
Ce que le niveau d'études mesure c'est bien le niveau d'acquisition de connaissances brutes et non la manière correcte ou non dont ces données ont été " digérées ", ont été intégrées, ont été comprises ( au sens de " intelligo ", je comprends).

La science et la technologie sont de loin les meilleurs systèmes d'acquisition de connaissances développés par l'homme. Ce qui n'implique évidemment en rien que sciences et technologies soient parfaites et n'aient aucun blâme à recevoir ; bien qu'il faille ici encore séparer la science en tant que telle et les applications que certains humains — et certains humains immoraux — en font. Les modifications que la science a apporté dans le monde — que les applications que certains humains en ont fait soient bonnes ou mauvaises n'est toujours pas le point en débat ici — n'auraient même pas pu être seulement rêvées par les autres domaines.
Personne ne peut nier cette capacité, cette vertu d'inférence véritablement concrète qui a " chamboulé " notre environnement, à commencer par l'espérance de vie qui a fait un bond gigantesque en une durée qui représente pourtant véritablement epsilon par rapport à la durée de l'évolution humaine.
Et si notre longévité est passée d'environ 40 ans à 80 ans en moins d'un siècle, ce n'est certes pas grâce aux progrès de l'homéopathie, des gris-gris anti-maladies, de l'ouverture de nos chakras ou du fluide guérisseur des magnétiseurs.
Les tenants de l'authenticité du " suaire de Turin " clament haut et fort que la datation au carbone 14 donnant le XIVe siècle pour le linge a été faussée par une contamination due à du carbone plus récent laissé sur le linge lors de contacts divers qui ont effectivement eu lieu. L'hypothèse est séduisante mais il faut se montrer prudent avant d'interpréter en ce sens la datation au carbone 14.
En effet, un calcul montre que la quantité nécessaire de carbone ajouté pour fausser la datation et donner un résultat moyenâgeux pour un linge qui aurait en réalité 2000 ans doit représenter en fait… plusieurs fois la masse totale du " suaire " !
Il faut avoir toutes les facettes d'une information pour pouvoir choisir EN TOUTE CONNAISSANCE DE CAUSE. Cela suppose évidemment que les médias développent ce travail d'information.