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Critiques de Herman Bang (49)
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Ida Brandt

Un auteur danois du début du siècle dernier, une préface de Jens Christian Groendhal, un de mes auteurs de prédilection et en couverture, une peinture de Vilhelm Hammershoi, un peintre danois dont je raffole, voilà tous les ingrédients apparents de ce livre, qui ne pouvaient que susciter tentation chez moi.



L'histoire, comme indique son titre est celle d'Ida Brandt, une infirmière au début du siècle dernier, qui travaille dans un hôpital à Copenhague. Fille d'un régisseur d'un domaine du Jütland, Ida grandit à la campagne entre un vieux père aimant et une mère sévère. A la mort de son père, alors qu'elle n'est qu'une enfant, elles doivent quitter le domaine et leur vie relativement aisée, pour la ville.....

Un personnage de femme entre deux statuts, ayant de l'argent mais pas de "la haute" ,

qui aurait pu se dispenser de travail vu son héritage et l'époque, mais qui travaille comme infirmière. Un peu ingénue, plutôt généreuse, une femme qui reste assez floue tout au long du livre, comme celle vu de dos de la peinture de Hammershoi. Douce, aimée de ses consoeurs, appelée "la bichette", elle "n'apprendra jamais à agir en vue de ses propres intérêts." Est-ce de la bonté ou de la bêtise ? Ce sera à vous d'en juger.....Une femme qui m'est restée indifférente et m'a même un peu agacée, comme d’ailleurs tous les autres personnages du récit.



Pourtant un livre subtil qui analyse finement la société danoise, austère, et la condition féminine, du début du siècle dernier, où la hiérarchie sociale rigide est primordiale et les relations, distancées et conformes à des règles de l'étiquette; le gouffre étant abyssal entre ces dernières et les besoins de l'âme. Le tout royalement relaté à travers gestes, regards, conversations souvent futiles et changements de décors au fil du temps et des pages...Un style particulier, où l'auteur comme une voix-off, nous donne détails et ressentis sur les principaux personnages à travers les commentaires de tierces personnes.

Bref un livre intéressant mais glaçant et souvent agaçant, dont la fascinante peinture de sa couverture y va comme un gant. La femme de la peinture est la femme même de Hammershoi, qui s'appelle aussi Ida et le décor, celle de sa maison à Copenhague. Pour qui ne connaît pas encore ce peintre fabuleux l'occasion à jamais de le découvrir.



“Respecter la nature de l'homme sans la vouloir plus palpable qu'elle ne l'est.”

ROBERT BRESSON



Je remercie les éditions Libretto et NetGalleyFrance pour l'envoie de ce livre.

#IdaBrandt#NetGalleyFrance
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Mikaël

Vous connaissiez le Maître et Marguerite ? Laissez-moi vous parler du Maître et Mikaël.



Ce livre est une toile d’impressionnisme. L’ensemble apparait par petites touches de couleurs, en s’approchant de trop près on manque l’essentiel, au contraire, c’est un pas en arrière qu’il faut marquer sur cette œuvre. Elle reste une “impression” poétique. Monet lui-même reconnaîtra un pair impressionniste dans l’opus de Bang.



“Nous avons conservé dans nos cœurs la tristesse de son chant”. Dans sa Préface, l’écrivain allemand Klaus Mann est bouleversé par le chant du cygne de Bang. Le fils de Thomas Mann, homosexuel comme Bang, reste ébahi par “le roman d’amour le plus triste de tous les temps”. Mann, dans sa nouvelle « Ludwig » consacrée au non moins tragique roi de Bavière, fera après Bang le récit d’une “mort solitaire”, celle de Lohengrin… un autre chant du Cygne.



L’autrichien Robert Musil, dans son journal, notait la “rigueur de style”, la description subtile d’une relation. L’auteur danois a cherché à “représenter la loi qui règne entre deux êtres” se préoccupant moins des individus que de la relation in abstracto.

Outre le fait que les deux auteurs ont traité le thème des “amitiés particulières” à la même période (1904 pour Bang, et 1912 pour Musil) il y a une volonté d’extrême précision dans leurs œuvres.

Mais là où Musil n’épargne pas au lecteur la moindre pensée de son personnage, Bang observe, souvent extérieur aux personnages, et nous indique leurs pensées par la moindre intonation de voix, la moindre crispation sur le visage, le moindre tremblement trahissant l’émotion.



Tout cela sans forcément entrer dans la tête de ses personnages, ce serait trop facile, trop grossier pour le lecteur, non c’est de l’extérieur qu’il va décrire trait par trait avec une incroyable palette de nuances, les façons de se parler, de se répondre, de rire un peu trop fort, de s’observer un peu trop longtemps, de retenir ses larmes, de déglutir, de pâlir, de jaunir, de dire une chose pour en faire comprendre une autre, mettant ainsi le lecteur à contribution.



Les dialogues, souvent équivoques, sont des flèches mondaines. Il suffit d’un vacillement des cordes vocales, d’une pensée obstruante et la flèche manque sa cible et trahît l’émoi de l’archer. La virtuosité des dialogues tient à la fine observation de cette pratique proprement humaine, avec ses quiproquos, ces interprétations, ses intonations enrouées, ses rires sardoniques et son masque facial, ce qui faisait dire au dramaturge italien Luigi Pirandello “on croit se comprendre, on ne se comprend jamais.”



L’œuvre est toute tendue vers les dialogues y compris les dialogues orchestres, l’auteur maîtrisant l’art de réunir toutes les subtiles actions autour d’une seule unité de lieu. Reprenant une technique impressionniste, les peintres peignaient “in situ”, Bang qui fréquenta ce milieu parisien et metteur en scène lui-même, parvient à créer un visuel et un art du rythme presque théâtral.



La peinture du milieu de l’art et du théâtre parisien de la Belle Epoque (apparition de la célèbre Réjane) est très érudite, à grand renfort de noms contemporains, elle ancre le récit dans le réalisme.



C’est un roman de non-dits, d’équivoques, où les banalités délayées à table veulent dire, dans la tectonique souterraine des sentiments, je t’aime ou je te haïs (le seul petit reproche c’est l’expression répétée du mot “tremblement” à tout le moins ainsi traduite, est-ce un roman parkinsonien ?).



Les rapports entre le maestro français et son élève praguois rappellent le mélange des genres maître/disciple entre Rodin et Camille Claudel ou encore Léonard de Vinci et Salai avec son inavouable, son indécent et son malaise.



“Toi Mikaël, tu dévores l’argent.” La relation sibylline entre Claude Zoret et son élève, son fils adoptif, le « messager de la victoire », est abîmée par une querelle bassement pécuniaire, le bel éphèbe se joue de son mécène au profit de la Princesse Zamikof car, rétorque-t-il, “l’argent est nécessaire, lorsqu’on est heureux !”

Cela dit, nous n’avons que le point de vue du Maître, le récit de sa propre émancipation par le jeune homme fut sans doute bien différent et éclairant.



“Tu dois être le seul à ne rien savoir” lance le critique Charles Schwitt au maître au sujet de la liaison entre la Bohème et la Volga.

Ce à quoi Zoret répond : “c’est donc elle, finalement ? articula-t-il avant de s’abîmer dans le silence”, mais très vite, il se reprend et, à Schwitt critiquant le choix de Mikäel, il répond, “la personne qu’on désire est toujours le meilleur choix”.

Cette réplique est typique de l’équivoque des dialogues, à la lecture on a l’impression (encore…) que le Maître, impassible, défend le choix de Mikaël pour Lucia, mais ne serait-ce pas davantage son propre choix - Mikaël - que le Maître tente de justifier…



“Hélas, il y a des délits qui ne tombent pas sous le coup de la loi”. Ce roman intimiste emprunte ainsi aux codes de la tragédie, le Maître, stoïcien dans sa douleur, vacille implacablement vers le gouffre, trahison après trahison, son sort est scellé, et son étoile décline, il ne peut jouer sur le même tableau, malgré quelques tentatives, notamment celle du retour du Messager de la victoire en majesté, crépuscule éclatant et pathétique avant l’obscurité.



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Existences silencieuses

“Mlle Hermine Bang” était l'un des sobriquets débordant de mépris dont était afflublé l'écrivain et metteur en scène danois et homosexuel dans une Copenhague de la Belle Epoque que l'on peine aujourd'hui à imaginer si corsetée. En conséquence, Bang a beaucoup voyagé et ces nouvelles aussi sont de gentilles petites escapades.



L'auteur impressionniste, comme le qualifia Claude Monet, a écrit un roman remarquable “Mikaël” dont j'ai déjà eu le bonheur de parler ici. Cette fois, le Challenge Littérature m'a fait don d'un recueil de nouvelles des Editions de la Reine Blanche, un très bel objet, avec quelques jolies illustrations.



Ces nouvelles, disons le tout de suite, ne sont pas au niveau du roman, quoiqu'inégales. L'histoire du jeune allemand Franz par exemple est réussie, son héros sibyllin, dont la beauté n'a d'égal qu'un mal de vivre qui s'ignore, est émouvante et sensuelle. La nouvelle éponyme, “existences silencieuses” est également attachante, de même que quelques nouvelles où la goujaterie masculine est mise cruellement à nue par l'expérience d'héroïnes fragiles ou affranchies. D'autres textes en revanche, assez volubiles ne semblent pas totalement aboutis, en tout cas pas dans l'intensité que le format de la nouvelle impose à l'intrigue.



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Existences silencieuses

Voilà un petit livre qui m'aura laissée bien dubitative... Terminé depuis quelques jours, je peine à en parler, comme si sa lecture n'avait laissé en moi qu'une brume mouvante pleine de tristesse, de mélancolie, de regrets...



Quand j'ai reçu l'envoi, dans le cadre de la Masse Critique, le premier mot qui m'est venu à l'esprit, en décachetant l'enveloppe et découvrant le livre, a été "raffinement" tant ces éditions - Editions de la Reine Blanche - sont soignées, faisant du livre un écrin qui promet déjà beaucoup, un papier doux au toucher, des illustrations colorées… Une présentation tout en élégance.



Et pourtant, aujourd'hui, je dirais : " il est des apparences trompeuses..." tant ce petit livre, malgré sa délicatesse affichée, distille une sensation de malaise au fil des nouvelles qui le composent.

Les rapports humains y sont ternis de cupidité, d'intérêts avoués ou tus, de gestes et d'actes calculés. Les sentiments en sont absents ou s'ils s'en échappent, ils sont violents, non pas passionnés, mais disant l'envie, la convoitise, respectant, le cas échéant, la bienséance et laissant apparaître l'évidence de la rigidité qui accompagne celle-ci.



Quand au détour de quelques pages, on reprend son souffle en rencontrant des personnages perméables aux émotions, ceux-ci ont toujours vécu un drame comme si les malheurs de l'existence avaient pouvoir d'ouvrir les coeurs à d'autres perceptions et de laisser s'exprimer d'autres sentiments : il faudrait avoir été éprouvé pour éprouver, à son tour, la palette des émotions.



Les autres, plus nombreux à habiter les phrases, se débattent dans des amours stériles, des illusions imaginaires, des mariages convenus avec celui qui n'est pas l'être aimé, la frustration les habite, les fait se consumer de désirs, se mouvoir dans l'agitation et finalement s'éteindre et mettre fin à des existences aussi tragiques que désespérées. Quand ce n'est pas la folie qui se profile...

A lire ces nouvelles, on en serait presque à se dire que tout rapport humain s'enveloppe d'un voile sombre de calcul et de cupidité...



Pourtant, la langue qui tisse ces morceaux de vie est envoûtante car bien que l'atmosphère en soit, je me répète, plutôt enténébrée, on se prend à lire sans retenue, cette narration imagée, suggérée plutôt qu'appuyée - certains ont parlé, pour l'écrivain, d'impressionnisme pour le style comme il en est de cette suggestion en peinture. Elle s'étire en une façon de conter qui retient le lecteur dans les pages, peut-être finalement pour que, de touche en touche, il voit apparaître le tableau final d'une existence malmenée . Et il demeure en compagnie de ces personnages de toutes conditions qui s'agitent dans des existences sans reflet.



J'ai tout particulièrement aimé les nouvelles qui laissent le jardin ou les chemins parcourant la nature s'inviter au coeur du récit. Mais ce sont celles dans lesquelles les personnages y sont beaucoup plus accablés que victimes de leurs agissements.





C'était un écrivain que je voulais rencontrer, j'avais espéré lire "Ida Brandt". Grâce à Babélio et aux Editions de la Reine blanche que je remercie, la porte d'entrée aura été autre mais le style original d'Herman Bang l'a laissée entrebaillée pour que je continue à découvrir son oeuvre avec curiosité.







"Le soleil brille, flamboie et inonde les parterres de roses. Une chaleur sereine recouvre les graviers et la pelouse à moitié brûlée. Les cerisiers en espalier commencent à rougir sous cet embrasement. Les moineaux, qui d'habitude s'ébattent au soleil, trouvent sûrement cela un peu extrême, et se cachent derrière les feuilles d'aubépines."
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Ida Brandt

Ida Brandt est une jeune fille discrète , humble qui ne pense jamais à elle.

Elle a eu une enfance heureuse mais à la mort de son père régisseur dû domaine Ludvisbakke , elle doit déménager ce que sa mère n’acceptera jamais vraiment .

Ida devient infirmière et se dévoue entièrement à ses patients .

Elle va rencontrer son ancien voisin d’enfance Karl , un homme qui va profiter d’elle sans vergogne .

Ida va accepter la situation sans jamais se plaindre alors qu’on a envie de la secouer et de lui dire de se sauver tant Karl est égoïste , paresseux , il lui tourne d’ailleurs le dos quand il fait la connaissance d’une riche héritière.

Ida restera toujours digne et continuera à se consacrer aux autres , ne montrera jamais son chagrin .

Un roman intimiste, une fine observation d’une époque au charme suranné .
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Parias

Un tout petit et joli livre, composé de trois nouvelles. Au centre de chacun d’eux une femme. La même ou une autre à des âges différents, on ne le saura jamais vraiment. Ce n’est pas bien grave, ce que l’auteur explore, c’est une situation sociale, celle de la femme qui pour une raison ou une autre est partie « du mauvais côté », qui vit de ses charmes. Le premier texte narre un début, la manière dont les choses se sont faites, la deuxième se situe à un moment, où même si la principale intéressée n’en a pas encore conscience, elle arrive au bout d’une cycle, où elle est moins attirante, où progressivement elle n’intéressera plus. Et la dernière signe la fin, une fin possible voire probable.



Herman Bang est un écrivain très intéressant, qui a une belle écriture, faite de petites touches, d’instantanés qu’il capte, et qui composent un tableau mouvant et chatoyant. On l’a parfois appelé « impressionniste », ce qui peut faire l’affaire. Nous sommes dans un monde de sensations, de couleurs, de ressentis. C’est au lecteur à partir de tout ce scintillant patchwork de mettre un sens, se bâtir une histoire, mais il y a suffisamment d’éléments pour le faire.



C’est un vrai plaisir de lecture, la seule frustration est la longueur du texte, une quarantaine de petites pages, ce qui est le principe de cette collection. Cela me donne très envie de continuer à découvrir l’oeuvre de Herman Bang.



Un grand merci aux Editions de la Reine Blanche et à Babelio pour ce livre.
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Ida Brandt

Ida Brandt, le personnage qui donne son titre à ce beau roman sensible, passe souvent inaperçue aux yeux des autres, qui tiennent pour acquis sa grande générosité et son attention constante aux besoins de chacun de ceux qu'elle croise.



Elle a connu une enfance et une adolescence laborieuse mais heureuse alors qu'elle était la fille du régisseur du domaine de Ludwigsbakke. Son père, plus âgé que sa mère, meurt soudainement et Ida devient le soutien indéfectible de celle-ci. Elles ne sont pas dans le besoin, loin de là. Toutefois Ida a considéré son départ forcé du domaine comme une sorte d'exil. A la mort de sa mère, alors qu'elle hérite de quoi être à l'aise, elle choisit pourtant de devenir infirmière dans un hôpital public de Copenhague.



Le problème avec Ida, c'est qu'elle paraît transparente. Pourtant elle vivra une histoire d'amour, elle s'en rend compte quasiment condamnée d'avance, pour un jeune homme fat et profiteur issu d'une bonne famille.



Ce roman m'a semblé bien en phase avec un courant littéraire francophone de l'époque, le naturalisme. Mais pour autant il garde beaucoup d'obscurités : le personnage d'Ida reste énigmatique mais pas doloriste. Elle n'est pas définie par des ressorts psychologiques, moraux ou religieux. On la perd souvent de vue parmi le grand nombre de personnages, qui, il faut bien le dire, prennent toute la place de la narration. Comme dans sa vie.



Je ne connaissais pas cet auteur danois avant la lecture de ce roman, qui m'a paru vraiment très abouti et original. Je me suis penché sur sa bibliographie et j'aimerais lire au moins un autre de ses livres, « Mikaël », qui a été adapté au cinéma par Carl Theodor Dreyer.



#IdaBrandt #NetGalleyFrance

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Ida Brandt

Qui dit littérature danoise ne dit pas forcément frimas. Mais cette oeuvre, glaciale, fait vraiment froid dans le dos. Herman Bang analyse la perversité des milieux bourgeois, ses mensonges, ses hypocrisies, son orgueil de classe et son mépris des humbles (dont on profite un maximum avant que de les rejetter) dissimulé sous de la fausse compassion et des commérages bien-pensants avec une férocité qui banalise volontairement le mal (cf Hannah Arendt) pour mieux en décrire la cruauté. Cette histoire de servante séduite puis abandonnée par l'amant qui épousera une femme plus riche et mieux née serait banale si on ne la lisait pas à travers les yeux de la victime, jeune femme pure et confiante qui se donne corps et âme à celui qu'elle aime.

Lecture à deux niveaux : celui de l'apparence, des conversations bienséantes, et celui de l'intime, qu'on tait et qu'on cache au fond de soi, pour ne pas rompre avec cette bienséance justement.

Agacée au début par ces conversations futiles et sans grand intérêt, il m'a fallu arriver presque à la fin du livre pour en saisir toute la portée, me laissant prendre par cet esprit XIX issu de la mondanité que l'on a du mal aujourd'hui à percevoir dans sa totalité, et dont l'exigence de maîtrise de soi avait pour contrepartie hypocrisie et suffisance.

Bref un bon roman, écrit dans un style à la fois démonstratif et pragmatique, mais à remettre dans son contexte historique et nordique.
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Les Quatre Diables

Opération Masse Critique, janvier 2012

Merci à Babelio et aux éditions Phébus



"Les Quatre Diables" est une nouvelle d'Herman Bang, publiée pour la première fois sous la forme d'un feuilleton en 1890. D'après la préface, Herman Bang est une figure majeure de la littérature danoise. Il a même fait scandale, son oeuvre "Familles sans espoirs" ayant fait l'objet d'un procès pour atteintes aux bonnes moeurs – ce qui, semble-t-il, était très à la mode au XIXème siècle.



Je déteste faire des résumés – qui ne sont généralement que des synthèses approximatives et lacunaires. Alors, tu ne m'en voudras pas, ô toi qui lis cette critique, si je fais appel à la quatrième de couverture :

"Les Quatre Diables sont quatre acrobates, deux garçons et deux filles, profondément unis par un amour aussi évident que le souffle qu'ils partagent quand leurs mains se rejoignent à trente mètres du sol. Deux couples, vulnérables et fascinants de beauté. Achetés enfants par le propriétaire du cirque, ils entrent sur la piste comme des êtres venus d'un autre monde, inaccessibles. Jusqu'à ce que la passion vécue par l'un d'entre eux vienne fragiliser l'équilibre vital."



L'histoire démarre "in medias res". Et l'on sait, dès les première pages, que quelque chose trouble l'harmonie qui régnait jusque là entre les quatre acrobates : Fritz est distrait par une présence que l'on devine dissimulée dans le public des loges. Passion amoureuse, obsession manifeste, relation vécue comme une castration par le jeune homme. Aimée, sa partenaire trapéziste, voit cela comme une promesse d'abandon. Il n'en faut pas plus pour ébranler le lien qui unissait Fritz et ses compagnons. Équilibre bouleversé, dont la métaphore du numéro de trapéziste laisse entrevoir les dangers.

L'auteur dépeint très bien la détresse et l'amertume d'Aimée, la passion virile et la violence de Fritz. Le contraste avec les deux autres personnages, Adolphe et Louise, indifférents et froids, est d'autant plus saisissant.



Alors quoi ? Eh bien, je n'ai pas du tout accroché. Pourquoi ? Parce que les personnages m'ont semblé vides, je ne me suis pas sentie concernée par leur histoire. Jusqu'à ce minuscule caillou – c'est loin d'être un pavé ! – dans la mare, ils menaient une vie complètement insipide, tels des automates. Pour tout dire, leur bêtise m'a laissée perplexe. Les grands acrobates, dont les prouesses font briller les prunelles des spectateurs, se révèlent n'être que de vulgaires fantoches dont la performance est mécanique et l'art absent. Ils ne m'ont pas inspiré une once de pitié.

Ce qui se veut une tragédie prend alors des allures de caricature burlesque. Alors je me pose la question : suis-je complètement désabusée ? C'est possible mais je n'en crois rien. Vraisemblablement la qualité littéraire m'a échappé.

Je pense que la valeur de la nouvelle se mesure à la qualité du texte, à la saveur du style, mais comme je ne lis pas le danois couramment, difficile d'en juger.

L'un des grands drames de ma vie, c'est de devoir me contenter des traductions. Oui, j'ai regretté, pendant ma lecture, de ne pas être danophone.

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Ida Brandt

Ida Brandt est une infirmière douce et dévouée. Son enfance heureuse et paisible dans le domaine de Ludvigsbakke a pris fin à la mort de son père, régisseur des lieux. Quitter cet endroit enchanteur a été son deuxième chagrin, suivi plus tard de la mort de sa mère. « Le reste de l'enfance d'Ida se passa en ville. Vint la confirmation, puis la première année, celle de la prime jeunesse, lumineuse, suivie de celle de la maladie. Elle inaugura une époque qui n'en finissait plus. » (p. 82) Ida a reçu un héritage très confortable, mais elle décide de se mettre au service des autres dans l'hôpital de Copenhague. Hélas, trop gentille pour être comprise de la bourgeoisie danoise et trop riche pour être acceptée par ses collègues, elle mène une vie solitaire et sans éclat. « Mais vous êtes trop indulgente, Ida. [...] Vous devriez exiger beaucoup plus. [...] Je veux dire, de la vie. » (p. 191) Les retrouvailles avec Karl von Eichbaum, jeune homme qui a aussi connu les joies de l'enfance au Ludvigsbakke, bouleversent la jeune femme qui se révèle avec passion et se donne à corps perdu dans une liaison secrète.



Dans sa résignation douce, Ida Brandt a quelque chose d'Eugénie Grandet et de Pauline Quenu. Gentillesse et générosité sont les maîtres mots de ces destins de femme qui n'obtiennent jamais l'amour durable dont elles rêvent. Comme ses comparses littéraires, Ida est trompée et délaissée. Elle a perdu son rêve d'enfance et d'amour, mais elle ne se plaint jamais. Elle endosse même avec la douleur avec une certaine joie, comme si cela lui revenait de droit.



J'ai été profondément touché par la tendre Ida qui donne sans compter pour ceux qu'elle aime. Et même si l'adage « Trop bonne, trop pomme » (à peu près) s'applique parfaitement à elle, Ida n'a rien d'idiot. C'est au contraire un personnage lumineux, fait de l'essence dont sont constitués les anges.
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Ida Brandt

Ida Brandt ressemble probablement à cette femme peinte par Hammershoi, dont le portrait figure sur la couverture du livre.

Elle ne m'a pas trop intéressée, Ida Brandt: Discrète, timide, naïve et sans ambitions, elle travaille comme infirmière dans un établissement pour malades mentaux et se montre assidue, efficace, toujours dans l'ombre.

C'est cette femme que séduira le trop entreprenant Karl, et Ida Brandt se laissera emporter par cet amour fou, qui la fera souffrir.

Roman à replacer dans cette fin de XIXème siècle, dans une société danoise futile et bourrée de préjugés.

Ida Brandt se fait oublier, je ne crois pas que je la garderai en mémoire bien longtemps.
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Ida Brandt

Très belle découverte pour moi de cet auteur danois. Ida Brandt est une jeune femme discrète et très altruiste. Sa position à la limite de deux classes sociales influera beaucoup sur sa vie. Condamnée à quitter le domaine où son père exerçait en tant que régisseur après la mort de celui-ci, elle aurait pourtant assez d'argent pour faire un autre choix que travailler, elle s'oriente pourtant vers le dur métier d'infirmière.

Au delà du personnage, parfois difficile à cerner, c'est la description d'une société dans sa globalité qui faut la puissance du livre.

L'écriture est l'analyse sont étrangement modernes pour un roman initialement écrit en 1896. J'ai hâte de découvrir d'autres romans de cet auteur.

Merci à Netgalley et Libretto pour cette lecture.
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Les Quatre Diables

Un court roman adapté au cinéma en 1911 par Dinesen puis par Murnau en 1928.

L'univers circadien ou deux couples de trapézistes, vivant ensemble depuis l'enfance se livrent à de périlleuses voltiges. Jusqu'au jour ou une étrangère s'immisce dans l'un des couples, accaparant le cœur et le corps de l'un des voltigeurs et faisant naître la jalousie et la haine qui conduira au tragique.
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Parias

Une nouvelle à l'ambiance Dame aux camélias, les destins tragiques des trop jolies filles dans une société danoise du XIX ème siècle, corsetée par les codes moraux...



Cette courte nouvelle nous conte trois histoires de femmes, trois histoires distinctes,et étrangement similaires, de courtisanes . Trois femmes, peut être pas ?



Herman Bang est un écrivain danois du XIX ème siècle. Il fut surnommé le premier écrivain impressionniste de la bouche même de Claude Monet. Herman Bang fut très inspiré par l'impressionnisme et le naturalisme.

La nouvelle, Parias, reprend les thèmes qui lui sont chers, la dénonciation de la condition féminine et des codes de la société.

La nouvelle débute par une rencontre fortuite entre un jeune homme et une très jolie jeune femme dans un théâtre. Elle l'invite chez elle et commence à lui raconter sa vie.

Ce début fait évidemment beaucoup penser à La dame aux camélias de Dumas fils. Nous avons ici la même trame et la même ambiance dramatique. Nous devinons à demi mot que cette dame qui laisse un monsieur frôler son bras, sans songer à le retirer et qui se maquille alors que c'est assez rare au Danemark, est en réalité une courtisane. Et comme Marguerite Gautier, elle aime se parer de fleurs. Elle le recevra en négligé blanc, une rose sombre dans les cheveux . Et découvrant son logement, il pensera qu'elle est "en vogue".

Viendront ensuite se greffer deux autres histoires. Le tout forme une nouvelle énigmatique, qui laisse planer le doute sur l'identité de chaque femme décrite.



Mon avis



L'avantage d'une nouvelle est qu'on la lit d'une traite. On ne s'embarrasse pas de mille et unes descriptions, le strict minimum. Dire en si peu de mots est un exercice remarquable. Herman Bang s'en sort à merveille. Nous percevons l'essentiel, l'hypocrisie de cette société aux règles implacables, où l'amour ne se vit que caché, où la femme est le plus souvent la victime. Une nouvelle d'abord légère, pleine d'amour et luxure qui tourne au tragique.

J'ai apprécié cette lecture, où la condition féminine est mise en piedestal. Un moment suspendu, une impression de cette société du XIX ème à travers le destin tragique de ses courtisanes.

Un grand merci aux éditions La reine blanche et à Babelio pour la découverte de cet écrivain que je ne connaissais pas.
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Les Quatre Diables

J'ai gagné ce titre lors de l'opération masse critique chez Babelio. Je l'avais mis dans ma sélection sans le connaitre, emballée par le résumé. Je m'attendais à un roman contemporain, pas quelque chose écrit début 19... J'espérais ressentir la magie du cirque, la poésie de l'amour...







Je crois qu'il ne m'est pas arrivé souvent de lire quelque chose qui me procure aussi peu de sentiment. Je n'ai eu ni plaisir, ni déplaisir à la lecture de cette longue nouvelle (113 pages), si l'auteur a une plume tout à fait plaisante, j'ai trouvé cette histoire proprement ennuyeuse.



Les personnages ne ressentent finalement que des choses négatives (haine, jalousie, colère...) mais même ce négativisme n'atteint pas le lecteur.



Je n'ai eu ni la magie que j'attendais sur la vie au cirque, au contraire, c'est noir, vilain, désagréable, ni la magie de l'amour...







Je ressors très déçue de cette lecture.

Néanmoins, je remercie Babelio pour cette découverte que je n'aurais probablement pas faite seule, et me dis que peut-être un autre livre de cet auteur me ravira d'avantage, car il est vrai que son style littéraire est très agréable.
Lien : http://calidoscope.canalblog..
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Les Quatre Diables

Amour, amour...

La Valse de l’Amour retentit sous le chapiteau du cirque. Les Quatre Diables entrent en scène pour un numéro périlleux de voltige. Sur les trapèzes, dans les airs : Aimée et Louise, les deux soeurs et Fritz et Adolphe, les deux frères. Achetés, élevés enfants à la dure par le père Cecchi, propriétaire de cirque. «Sur son corps les anciennes cicatrices se rouvraient et se mettaient à saigner, et le vieux collant était maculé de sang."

«Et soudain, pendant que Louise et Adolphe tourbillonnaient comme deux roues éternelles autour de leurs trapèzes, une pluie d’or étincelant tomba du haut du chapiteau et s’évanouit enscintillant dans le flot laiteux des ampoules électriques. L’espace d’un instant, les Diables parurent voler à travers un essaim d’or, tandis que la poussière, retombant lentement, parsemait leur nudité de milliers de paillettes resplendissantes.» Magnifique !

Aimée aime Fritz. Mais Fritz aime «la dame de la loge», une belle aristocrate fidèle spectatrice. Aimée et Fritz ont vécu toute leur vie ensemble, toute leur vie l’un à côté de l’autre. Les souffrances du travail car les saltimbanques, oui, les saltimbanques du cirque travaillent dur pour préparer leurs numéros, le froid et la misère quand le public est absent. «Dans l’écurie, les artistes, bleus de froid, tendaient leurs bras nus au-dessus d’une chaufferette, et les clowns sautillaient sur la terre battue, dans leurs chaussures de toile, pour se réchauffer.» Terrible !

Aimée ne peut plus supporter cette infidélité de Fritz. «Et maintenant, elle était là, cette étrangère; et à celle seule pensée, l’acrobate serrait les dents dans la colère de l’impuissance, une colère désepérée, purement physique. Qu’est-ce qu’elle lui voulait, cette femme, avec ses yeux de chatte ? Qu’est-ce qu’elle lui voulait, avec ses sourires de garce ? Qu’est-ce qu’elle lui voulait en s’offrant comme une catin ? Le corrompre, le voler, lui dérober ses forces, le détruire ?» Cruel !

Fritz, allait-il finir ses jours dans un asile comme la troupe des Stars ?

Allait-il se pendre comme Charles le jongleur ? Allait-il finir dans la rue comme Hubert ou Paul ?

«Le désir, le désir triomphant, le désir dévastateur.» Tout cela va mal finir...

Ce court roman d’une centaine de pages est en réalité une longue nouvelle publiée en feuilleton en 1890. Les éditions Libretto republie aujourd’hui ce chef d’oeuvre oublié d’Herman Bang. Traduction du danois impeccable d’Isabelle Frambourg et préface éclairante d’Elena Balzamo. Herman Bang, né en 1857, est un écrivain majeur de la littérature danoise du XIXème siècle. Proposé pour le Prix Nobel de littérature en 1911, il le refuse.

Ecrivain mais aussi journaliste, conférencier, acteur et metteur en scène d’Ibsen ou de Strinberg, il décrit la vie des petites gens qui souvent sombrent, corps et âme...

Ici, Herman Bang vit le cirque : les répétitions, le spectacle, les soirées au foyer où le clown Tom «faisait de la musique en mettant de petits sifflets dans ses narines dilatées.»

Roulements de tambour...

«Monsieur Fritz et mademoiselle Aimée vont maintenant exécuter le grand saut, sans filet.»

Entrez, entrez, cher lecteur, sous le chapiteau du cirque, ouvrez bien grands vos yeux, vous allez lire un livre époustouflant ! Vous allez trembler de peur, pleurer de tristesse...vous allez vivre des sentations inoubliables, entrez, entrez, cher lecteur, dans ce chef d’oeuvre d’Herman Bang !

Lu dans le cadre de Masse Critique. Merci Babelio !
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Parias

Je remercie les Editions de la Reine Blanche et Babelio de m'avoir transmis ce livre pour l'opération masse critique.

Ce fut pour moi l'occasion de découvrir cet auteur, que je connaissais de nom depuis de nombreuses années, mais sans jamais croiser un de ses livres ; oui j'attends que les (bons) livres viennent à moi, de manière générale, comme toutes les bonnes choses que la vie a à offrir.



Avec cette courte nouvelle, en trois parties, ou trois micro-nouvelles, j'y ai découvert une plume sensible et délicate, qui donne envie de lire l'auteur dans un format plus long. Dans ce livre, Herman Bang dépeint avec légèreté et grâce l'impossibilité d'être pour ces femmes dans un milieu qui ne leur laisse guère d'issue, autre que le désespoir. Sous la légèreté, l'ironie, la critique acerbe d'un monde impitoyable.



Un petit bémol néanmoins sur l'objet-livre, j'aurais préféré un "vrai livre", plutôt que ce format petit cahier/fascicule. Ce sera pour une prochaine lecture, de Herman Bang, sans doute.
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Les Quatre Diables

Adoptés enfant par un propriétaire de cirque, deux garçons et deux filles vont apprendre à vivre et à travailler ensemble.



Toujours soudés, ils surmontent les épreuves les unes après les autres et, à force de travail et de volonté, montent un numéro de trapézistes exceptionnel.

Surnommés les quatre diables, leur numéro attire un très large public.



Ils vivent ensemble 24 heures sur 24, vibrant aux mêmes émotions, et il devient même difficile de donner un nom aux liens qui les unissent.



Mais un jour l'un d'entre eux tombe amoureux d'une personne extérieure au groupe.

L'équilibre est rompu, le danger palpable...



Un vrai gros beau coup de coeur pour ce roman, qui est plus une longue nouvelle d'ailleurs.



J'ai été fascinée, happée de bout en bout.

La passion amoureuse, la passion de la voltige... tout est exacerbé, entraînant ainsi le lecteur dans un tourbillon de sentiments.

Puis la tension, la jalousie, la peur prennent de plus en plus de place en créant une atmosphère suffocante.
Lien : http://www.livr-esse.com/art..
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Mikaël

BABELIO et sa masse critique reviennent sous la forme de ce roman qui je dois l'avouer m'a laissée perplexe.Je m'y suis reprise plusieurs fois pour aller au bout .



Herman BANG est un auteur Danois (né en 1857 mort en 1912) dont nous fêtons donc le centenaire de la mort.



J'ai toujours beaucoup de mal avec les auteurs Scandinaves alors que dire quand c'est un écrivain quand en plus il est de facture classique!



Mais progressivement je me suis laissée embarquer par cet auteur pas comme les autres.



La force de ce roman réside dans le style,par petites touches ,tout en légères impressions ce qui fera dire à Claude Monet que c'est "le premier impressionniste de la littérature".Pas de rapidité dans l'intrigue ,beaucoup de descriptions,des personnages artistes.Tel ce peintre vieillissant ,le Maitre,Claude Zoret (Herman Bang se serait inspiré de Claude Monet en fin de vie) et son jeune protégé ,Mikaël.Au début de l'histoire nous voyons ces deux personnages entourés d'admirateurs.



L'extrême culture qu'il faut avoir pour comprendre les dialogues a un peu ralenti mon interêt pour ce long passage (et les notes explicatives reléguées en fin de livre n'ont pas arrangé les difficultés rencontrées).Et puis je ne voyais que le coté mondain et artificiel de cette société qui m'ennuyait profondément.Le déclic est apparu un peu plus loin,quand l'histoire prend un léger essor.



Le Maitre a promis de réaliser le portrait d'une princesse Russe .Pour la 1ère fois de son existence de peintre ,il en est incapable,ne pouvant parvenir à peindre le visage de cette femme.



Or Mikael prend le pinceau et très rapidement réussi à le faire.C'est le début de la descente aux Enfers pour Claude Zoret.Le Pygmalion est dépassé par son élève et doit assister,impuissant,à l'amour qui nait entre ces deux êtres.



Ne pas s'y tromper.L'homosexualité est là, latente plus ou moins car rien ne montre qu'une relation amoureuse ait pu exister entre le Maitre et Mikaël.Mais dans le roman tout est emprunt de ce sentiment tres ambigu.Il faut savoir que Herman Bang était homosexuel à une époque où ce n'était pas accepté et son livre en porte la trace.Triangle amoureux très vite ressenti quand la princesse Russe entre en scène.



Style particulier car tout est dans l'immobilisme: Mikael est exposé nu sur des toiles au vu et su de tout le monde et est plein d'admiration pour son Maitre.



On ne sait jamais ce que ressent réellement toute la petite cour qui entoure les deux hommes.Là,pas là? Peu importe. Quelques idylles se nouent entre ceux qui viennent régulièrement squatter la table du Maitre



Herman Band ne s'investit jamais dans ses personnages,restant en retrait comme pour mieux décortiquer les actes et les paroles de ses personnages.Pas plus qu'il ne se livre à des démonstrations de passion quand son Maitre est trompé et surpassé par Mikaël.Passif.



Je dirais que Mikaël est passif quand il s'agit de peindre et actif pour sa vie amoureuse alors que c'est exactement l'inverse en ce qui concerne Claude Zoret.



Résultat,un livre dans lequel je ne suis entrée que sur la pointe des pieds.Ce n'est pas que je n'aie pas aimé toute cette description du Paris artistique du début du XX eme siecle mais il aurait fallu que j'éprouve plus d'interêt pour les personnages.Trop froid pour moi.



La chose de positive ce sont les articles de la préface qui expliquent qui est Herman Bang ,sa vie,son oeuvre,histoire que les lecteurs sortent de leur ignorance. A la lumière de ces lignes,j'ai pu mieux appréhender la suite de ma lecture.



Les critiques dans divers journaux sont dithyrambiques.Oui c'est un roman à la qualité littéraire indéniable. Oui c'est surement une oeuvre majeure chez Herman Band. Mais c'est trop distant,trop froid pour moi.



Je voudrais remercier Babelio et les Editions Phoebus de m'avoir permis de découvrir un auteur majeur de la littrature scandinave même s'il ne fait pas partie de mes coups de coeur.

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Existences silencieuses

Je ne suis pas grande amateur de nouvelles mais j'ai aimé le propos d'Herman Bang: nous immiscer dans l'intimité de ses personnages, par touches délicates et subtiles, comme « impressionnistes ». Le raffinement de l'édition complète parfaitement la douce impression (souvent mélancolique) laissée par la lecture.
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