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Critiques de Hernán Rivera Letelier (80)
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L'autodidacte, le boxeur et la reine du pri..

Le désert d'Atacama,

Sa solitude de planète abandonné, son silence assourdissant , ses mirages bleus criminels….

Ses mines de salpêtre où avec une unique gourde d'eau pour le chemin et leur propre ombre comme seul abri , des hommes y menèrent une vie de sacrifice, tout en poursuivant leurs rêves et leurs espoirs, vivant leurs joies et leurs peines…

Ses prostituées légendaires tragiques et dionysiaques sans qui la conquête de ce désert aurait été impossible ou beaucoup plus ardue…..

Letelier dont je lis le quatrième livre nous entraîne à nouveau dans son désert où lui-même a longtemps trimé . Ce livre dont le titre original se réduit à « El Autodidacta »,ne serait-ce pas par hasard sa propre histoire ? Celle d'Eleazar Luna, le poète, ouvrier dans l'une des dernières mines de salpêtre du désert d'Atacama.

Ce conteur né, dans son dernier livre qui se passe au Chili ,dans les années 60 dans un campement installé par la Compagnie qui régit une salpêtrière, ajoute au scénario un dur qui débarque un beau jour à la mine , Rosario Fierro dont la passion est la boxe, et entre le boxeur et le poète la belle Léda. Tout va se jouer à la fameuse fête du Printemps, avec élection de la Reine, combat de boxe et concours de poésie, où les trois protagonistes vont signer leur destin en brillant ou en sombrant….Un trio drôle et émouvant dans ses faiblesses et ses forces, où chacun poursuivra son rêve pour s'évader des circonstances austères du désert. S'ils y arriverons ..….je vous laisse découvrir.



Avec des clins d'oeil aux personnages de ses autres livres , beaucoup d'humour, et une ode à la Littérature ,Letelier nous signe à nouveau comme La raconteuse de films un petit livre mais « métématiquement »* 😁, un beau et grand roman.

Coup de coeur !



* “ José Benavente était analphabète et “métématiquement” était un mot mal prononcé dont il se servait comme béquille, même dans des phrases qui n'avaient rien à voir.”
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L'autodidacte, le boxeur et la reine du pri..

Intrigue amoureuse en pleine pampa !



Voilà une petite pépite qui nous vient tout droit du Chili, un véritable conte qui déroule son intrigue dans le désert lunaire, silencieux et hostile de l'Atacama, où le travail harassant dans les mines de salpêtre trouble à peine cette solitude (une « solitude pachydermique ») de planète abandonnée parfois brumeuse de mirages bleus lorsque la chaleur est infernale, ces étendues soudainement colorées lorsque les fleurs éclosent, une fois par an seulement, grande marée florale de 24 heures. Tel est le cadre, magnétique et magnifique, somnambulique, de la pampa dans lequel l'auteur chilien Hernan Rivera Letelier déploie son intrigue amoureuse.



« le lundi où j'ai emmené Rosario à ma pension était un jour nuageux. Des bancs de petits nuages d'un gris aluminium flottaient dans un ciel bas. C'était une de ces journées de brise légère (un jour vineux, comme aurait dit le Chinois) où les enfants de la pampa en profitent pour jouer dans la rue : les plus petits à la ronde de San Miguel et les plus grands au furet. Les adultes assis devant leur porte – le père en tricot de peau, la mère en train de tisser des sandales – les regardaient jouer en éprouvant la nostalgie du pays perdu de leur enfance ».



Une histoire classique me direz-vous, voyez plutôt : La jeune et magnifique Leda, fantasme de tous les hommes de la pampa, candidate sérieuse pour le concours de beauté lui permettant d'être Reine de printemps, hésite entre Eleazar, ouvrier dans l'une des dernières mines de salpêtre, jeune homme sensible, poli et gentil, qui prend des cours du soir, poète passionné qui passe tout son temps libre à lire et à écrire des vers (surnommé ainsi Bouffelivres) et Roseria Ferreo, jeune boxeur fougueux, audacieux, impulsif, aux manières canailles, aux yeux de jade faisant tourner la tête de toutes les femmes de la ville. Qui, de la sensibilité ou des muscles, de la passion timide ou de la gaudriole, sauront conquérir le coeur de Leda ? Sur quoi la rivalité amoureuse va-t-elle déboucher ?



Une histoire classique certes mais sertie d'une ambiance hypnotique, dans un lieu singulier où le printemps n'existe pas (d'où la célébration de la fête du printemps durant laquelle les serpentins, la musique, les rires et les feux d'artifice font office de fleurs, rares en cette contrée), et habitée par des personnages très attachants. Nous ressentons toute la tendresse de Letelier pour ces hommes et ces femmes en cet endroit rude, enfants et personnes âgées, mineurs et prostituées auxquelles il rend d'ailleurs hommage, « femmes légendaires – tragiques et dionysiaques, comme dirait Pablo de Rokha, sans leur contribution sociale, sexuelles, amoureuse, la conquête de ce désert aurait été impossible, ou beaucoup plus ardue ». Des hommes et des femmes qui rêvent d'ailleurs mais qui restent, comme englués, parfois à en devenir fous…



C'est également un hommage aux livres, à la poésie surtout. L'épilogue « indispensable » en fin de livre nous laisse à penser qu'Eleazar est le double de l'auteur. Sans doute, Letelier, comme le jeune poète, a découvert tardivement le bonheur immense que pouvait procurer un roman après avoir découvert la poésie et ne croire qu'en elle. Après avoir pensé seulement qu'à la création d'un monde dans un vers, planche de salut pour survivre à l'ennui en cet endroit du monde isolé et au travail harassant dans la mine. Il aura suffi d'un roman, un seul, pour qu'un univers s'ouvre lui donnant envie d'écrire un roman à son tour.

« Je découvris que le poème n'était pas le seul écrin de la poésie et que celle-ci pouvait parfaitement cohabiter avec la prose »…

Intéressant aussi de noter que plusieurs références dans le récit renvoient aux autres livres de l'auteur qu'il me tarde de découvrir tant sa façon de nous embarquer dans un récit très pittoresque avec beaucoup de tendresse et de générosité, et beaucoup de poésie m'a plu.



Les éditions Métailié ont le don de proposer de beaux récits qui nous ouvrent la porte de mondes lointains. Je remercie @viou1108_aka_voyagesaufildespages dont les lectures toujours éclectiques du monde entier me sont une précieuse source d'inspiration !

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L'autodidacte, le boxeur et la reine du pri..

Mineur comme son père avant lui dans les mines de salpêtre du Chili, Hernan Rivera Letelier a appris à lire et à écrire en suivant des cours du soir. En 1988, alors presque quadragénaire, il s’est mis à écrire des poèmes, puis des romans, qui, bientôt remarqués, en ont fait une figure de la littérature chilienne. Ses livres font apparaître son double, Eleazar Luna, que l’on retrouve ici, adolescent plein de rêves et d’espoirs d’évasion, sur l’austère fond d’une éphémère bourgade minière, perdue en plein désert d’Atacama.





En ces lieux arides et reculés, parmi les plus hostiles de la planète, la vie ne s’accroche en îlots provisoires que le temps de l’extraction du nitrate. La pampa chilienne en recèle les plus grands gisements existants. Quand un site est épuisé, la Compagnie démonte les baraquements et la petite agglomération minière part s’installer plus loin, entraînant sa population ouvrière dans une nouvelle installation temporaire. Les conditions de travail sont rudes, tout particulièrement pour les poseurs de rail, réputés de vraies bêtes indomptables, dures à la tâche, immunisées contre la peur par leur résistance à l’alcool. C’est parmi ces brutes épaisses qu’Eleazar, le narrateur, doit faire ses preuves, puis, quand tous sont anéantis de fatigue, trouver encore l’énergie nécessaire à ses cours du soir. Le jeune homme inculte découvre dans les livres le plaisir de la connaissance, puis, bientôt, le pouvoir créatif des mots : une révélation pour cet humble qui n’a jusqu’ici connu qu’un monde brutal et dépourvu de beauté.





Mais Eleazar n’est pas le seul à aspirer à une vie meilleure. Son ami Rosario Fierro, désinvolte bourreau des coeurs au physique avantageux, compte sur son entraînement acharné de boxeur novice pour se faire un nom. « L’un représentant la force et l’autre la jugeote », tous deux se retrouvent rivaux dans la conquête de Leda, la fille de la patronne de leur pension, elle-même tout à ses rêves d’émancipation, fondés sur sa naïve confiance en sa beauté. A l’occasion de la Fête du Printemps et de l’organisation par la Compagnie de trois concours - poésie, boxe et beauté -, les trois jeunes gens, pour leur heur ou malheur, vont confronter leurs rêves à la réalité. Les espoirs d’une vie mènent parfois au meilleur comme au pire…





De son expérience, l’auteur a tiré un roman d’une frappante humilité, qui interroge sur les choix et les chances des uns et des autres dans la course de l’existence. Partis du même point avec chacun ses rêves et ses atouts, les trois personnages de cette sorte de fable, tantôt drôle, tantôt dramatique, ne parviendront pas tous à la destination espérée. Lui qui, au soir de sa vie, mesure le chemin parcouru, s’en souvient avec une émouvante modestie.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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L'art de la résurrection

Chili, désert d'Atacama, dans les années fin 30-40, les campements salpêtriers, et des dizaines d'ouviers victimes de la rapine insatiable de leurs patrons gringos.

Au milieu de cette désolation, un illuminé, le Christ d'Elqui, un zozo qui se prend pour la réincarnation du Christ, flanqué de deux apôtres, deux chômeurs tombés en dévotion dans le port de Taltal, deux va-nu-pieds peinant même à faire le signe de la croix.

Notre prophète plus sujet aux moqueries qu’à l’adulation, ennuyé et s’ennuyant, , apprend une nuit, dans une auberge, la surprenante histoire de la prostituée dévote de la compagnie de salpêtre de Providencia. Non seulement excellente pute dans l’exercice de son métier, mais aussi non loin d’être sainte, elle porte le nom troublant de Magalena Mercado. Notre homme croyant proprement à sa propre affabulation, en est saisi. Dans ce Nord qu’on appelle le territoire du diable, il va partir à la recherche de sa Marie-Madeleine, en espérant qu'il pourra la convaincre à l’accompagner sur son chemin de croix. " Une femme non seulement pratiquante et pleine de foi chrétienne, mais aussi capable de forniquer de tout son cœur et sans manières”, que demander de mieux....



Une faune extravagante, un prophète de pacotille en loques, profondément humain, une pute dévote et généreuse, qui voile sa statue de la Vierge aux heures ouvrables, un fêlé , Don Anonimo, qui balaie le désert le plus long du monde, du matin au soir, un “tueur savant”, égorgeur bolivien, propriétaire des abattoirs, un curé mouchard, agent de la CIA......peuplent un récit pleine de verve, imprégné de réalisme magique, oscillant entre humour et dérision, sexe et dévotion. Cette histoire loufoque, menée tambour battant par une équipe d'enfer , « Maître / Sœur Magalena », recèle pourtant un fond des plus tragiques, dénonçant l’hypocrisie de l’église et les terribles conditions de vie où vécurent les ouvriers des mines de salpêtre. L’auteur, Hernán Rivera Letelier, lui-même, né et ayant travaillé une grande partie de sa vie dans les gisements de salpêtre du désert d’Atacama, en est un témoin direct.

Ce livre reçut le prestigieux prix Alfaguara 2010.



Inspiré d’un vrai personnage, un grand moment de lecture.

Merci Bison.



“Si tu pleures parce que le soleil est parti, tes larmes vont t’empêcher de voir les étoiles.”

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Les fleurs noires de Santa Maria

Santa Maria de las flores negras. Lu en v.o.



Hernan Rivera Letelier s'est voulu le chantre des ouvriers salpetriers de la pampa chilienne. Il leur a consacre plusieurs livres pour nous rappeler leur ardu travail, leurs reves et surtout leurs miserables conditions de vie, exploites par des compagnies etrangeres ou multinationales.





Ici il raconte une greve epique et son horrible denouement, ou l'armee tire sur les grevistes rassembles dans une ecole du port d'Iquique et en tue plus de trois mille. Cela s'est vraiment passe en 1907.

Tout commence au campement salpetrier de San Lorenzo, ou les ouvriers se mettent en greve et decident de partir pour le chef-lieu, Iquique, demander meilleures conditions de travail et augmentation de salaire. Ils se mettent en marche, dans le desert d'Atacama, et sont bientot rejoints par d'autres campements, Santa Lucia, La perla, San Agustin, Esmeralda, Santa Clara, Santa Ana (de si jolis noms pour de si miserables villages...). Ils sont bientot des milliers qui marchent dans le desert, par familles entieres, hommes femmes et enfants, et il y a des morts, et il y a des naissances dans le desert.

Arrives a Iquique ils sont parques dans une ecole: Santa Maria. Ils s'elisent un comite qui transmet leurs revendications aux autorites des compagnies salpetrieres et a celles de la ville. On les fait attendre, on les berce d'illusions, alors qu'en quelques jours accostent plusieurs bateaux de guerre et que la ville s'emplit de militaires. Au bout d'une semaine l'armee met le siege sur l'ecole et somme les grevistes de retourner immediatement a leurs villages de travail. Face a leur refus, elle ouvre une mitraillade aveugle: 3600 morts, hommes, femmes, enfants, sans compter les blesses. L'horreur.





Rivera Letelier a ecrit un roman, pas un livre d'histoire. Il le peuple donc d'histoires d'amities et d'amour qui naissent. Bien qu'il soit court, il y a des longueurs. Disons plutot que j'ai ressenti des longueurs, des temps morts, parce que la fin m'etait connue d'avance. Mais c'est une lecture poignante. Un crevecoeur.





Rivera Letelier met en exergue quelques vers de la "Cantata Santa Maria de Iquique", chantee par le groupe folklorique chilien Quilapayun. Une cantate ou se melent le recite, le chante et l'instrumental. Elle est bouleversante. On peut l'ecouter sur youtube, et on en trouve les paroles, en espagnol et en diverses traductions, dont le francais, dans le site www. antiwarsongs. org. Je ne peux m'empecher d'en recopier un extrait:



Un enfant joue dans l'ecole

Sainte Marie

Joue a debusquer des tresors

Qu'y trouvera-t-il? fors la mort.



Les hommes de la pampa

Qui voulurent protester

Comme des chiens furent tues

Car il fallait que cela soit.



Il ne faut pas etre pauvre, ami

C'est dangereux

Il ne faut pas parler, ami

C'est dangereux.



Les femmes de la pampa

Se mirent a pleurer

Ils durent aussi les tuer

Car il fallait que cela soit.



Il ne faut pas etre pauvre, amie

C'est dangereux

Il ne faut pas pleurer, amie

C'est dangereux.



Les enfants de la pampa

Ne faisaient que regarder

Ils durent aussi les tuer

Car il fallait que cela soit.



Il ne faut pas etre pauvre, petit

C'est dangereux

Il ne faut pas naitre, petit

C'est dangereux.



Ou sont les assassins

Qui tuerent pour tuer?

Nous le jurons sur la terre

Nous les chercherons sans fin.



Nous le jurons sur la vie

Nous les chercherons sans fin

Nous le jurons sur la mort

Nous les chercherons sans fin.



Nous le jurons camarades,

Ce jour viendra.

Nous le jurons camarades,

Ce jour viendra.













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Les fleurs noires de Santa Maria

Ce roman est à la fois un coup de coeur, un coup au coeur, et un crève-coeur. Il est triste, bouleversant, révoltant. Il est beau. Bien que ce dernier mot soit un drôle de qualificatif pour le récit de la lutte (bien réelle) menée par les travailleurs du salpêtre des mines du désert d'Atacama, dans le nord du Chili.

Le récit s'ouvre, en ce 10 décembre implacablement ensoleillé de 1907, sur le couple de vautours apprivoisés – oiseaux de mauvais augure s'il en est – d'Olegario Santana, 57 ans, mineur taciturne connu pour son tempérament pessimiste. Ce jour-là, alors qu'il part à la mine, il apprend que la grève a été déclarée et que les grévistes vont se rendre à pied à Iquique, où sont censées se tenir des négociations avec les patrons (autre sorte de vautours) et les autorités locales. Olegario se laisse entraîner dans le mouvement et se met en marche avec des dizaines de compagnons, leurs femmes et leurs enfants. Un jour et une nuit de marche harassante à travers le désert le plus aride du monde, dans une chaleur d'enfer et un froid de glace, avec à peine de quoi boire et manger. Tous n'arriveront pas à Iquique, mais qu'importe : « ...nous avons éprouvé au fond de nos coeurs l'impression de marcher en direction d'un monde nouveau, d'une nouvelle patrie, du pays magique de la justice et de la rédemption sociale. Sous le coup de l'émotion et malgré la fatigue, le désert nous a semblé l'endroit le plus beau du monde ».

Hébergés tant bien que mal dans des écoles, des hangars et même un cirque, les travailleurs en grève affluent par milliers de toutes les compagnies du désert. Une délégation est désignée pour rencontrer les « seigneurs du salpêtre », pendant que les mineurs, toujours plus nombreux dans la ville, vivotent, calmes et disciplinés, dans une ambiance de kermesse. Mais les jours passent, les négociations s'enlisent et « L'exaltation et l'allégresse des premières heures s'étaient considérablement atténuées au fil des jours pour se transformer en un calme plein de tension et d'angoisse ». Celle-ci monte encore d'un cran à l'arrivée de troupes militaires de tout le pays et de vaisseaux de guerre dans le port, mais les mineurs, dans leur naïveté, croient toujours à une issue favorable : « Et cette allégresse était si saine, si innocente, notre conflit si juste et si fondé à nos yeux, nous faisions une telle confiance aux autorités civiles et militaires que nous nous surprenions parfois à agiter nos mouchoirs, à applaudir avec un enthousiasme enfantin le défilé martial des soldats en patrouille de surveillance ». Et pourtant, après onze jours, la souricière se renferme sur les mineurs, le 21 décembre 1907 à 15h48. Pris au piège dans l'école Santa Maria, 3000 d'entre eux (sur 12 000) tomberont sous les balles des soldats.



Ce récit est terrible, car on sait, on sent qu'il finira en boucherie. L'auteur rend très bien la tension de ces jours, ces heures, qui monte au fil des pages, et on se demande, une boule d'angoisse dans la gorge, qui, d'Olegario, Doña Gregoria, José Pintor, Liria Maria, Idilio et tant d'autres, va en réchapper parmi nos amis. Parce qu'on s'est réellement pris d'amitié pour ces âpres travailleurs qui réclament seulement un salaire plus juste et le droit de ne pas être exploités comme des esclaves. Alors, quand enfin la dernière mitrailleuse se tait, et qu'on émerge, tout abruti, du chaos, on a eu l'impression de vivre ces scènes dantesques et d'avoir senti les balles nous siffler aux oreilles. Et on compte les morts, et on essaie de sauver ceux qui peuvent l'être. Puis, parce qu'au fond rien n'a vraiment changé, on accompagne les survivants qui retournent à la mine.



Hymne au désert d'Atacama et à ses travailleurs, ce livre nous emmène au bout d'un combat social mais aussi au coeur de vies ordinaires et très attachantes, faites d'amours, de petites jalousies, de courage, d'innocence et d'une générosité aussi infinie que la cupidité des maîtres du salpêtre, et que le nombre d'étoiles dans le ciel de l'Atacama. Un coup de coeur, vous disais-je.
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La raconteuse de films

"A la maison,comme l'argent courait plus vite que nous, quand un film arrivait à la Compagnie et que mon pére le trouvait à son goût-juste d'après le nom de l'actrice ou de l'acteur principal - on réunissait une à une les pièces de monnaie pour atteindre le prix d'un billet et on m'envoyait le voir.

Ensuite en revenant du cinéma, je devais raconter à la famille, réunie au grand complet au milieu de la salle à manger."

C'est le premier paragraphe du livre, de quoi vous donner la pêche pour le lire d'un trait.

Une famille de cinq enfants, quatre garçons, une fille,un pére invalide, suite à un accident du travail, et la mère disparue.Nous sommes dans le désert d'Atacama,dans les années 60, dans un campement installé par la Compagnie, qui régit une salpetriere, et la vie de tout ses habitants.Un cinéma, et en deuxiéme lieu le foot sont les seuls distractions qui sauvent les gens de l'aride ennui du désert.

La narratrice, la raconteuse de film est la petite fille,Maria Margarita.Elle devient célèbre pour son talent de raconter des films mieux que les films eux-mêmes,...mais la réalité rattrape vite le rêve....

Un petit livre, mais un beau et grand roman malgré ses 129 pages,le fond, la forme tout est original et m'a beaucoup touchée.Coup de coeur!
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L'autodidacte, le boxeur et la reine du pri..

Il était une fois, dans le désert d'Atacama au Chili, une mine de salpêtre parmi tant d'autres, et le village né autour d'elle.

Il était une fois, dans cet espace infini et implacable (à la « solitude pachydermique »), Eleazar, un jeune ouvrier qui travaille le jour à la mine, suit des cours le soir et entretemps lit et écrit de la poésie.

Il était une fois, dans ce village étriqué, Leda, une belle jeune femme, candidate à l'élection de la Reine du Printemps et sensible à la poésie d'Eleazar, et dont celui-ci tombe raide amoureux.

Il était une fois, au milieu de cette idylle potentielle, l'arrivée de Rosario Fierro, autre jeune ouvrier et fameux boxeur, fameux macho aussi, mais qui pourtant ne laisse aucune femme indifférente, même pas Leda.

Deux hommes, la sensibilité et la délicatesse de l'un, la force et l'arrogance de l'autre, une femme, l'amour : les ingrédients du drame sont réunis.



Quel plaisir de retrouver la fluidité de la plume et le talent de conteur d'Hernán Rivera Letelier !

Comme souvent, il situe son roman dans le désert lunaire et hostile de l'Atacama, où le travail dans les mines de salpêtre est des plus harassants et abrutissants. L'auteur n'a pas son pareil pour créer des personnages attachants et les faire évoluer ici dans une histoire un brin burlesque mais surtout dramatique.

Par ailleurs, on peut penser sans grand risque de se tromper, que ce roman est autobiographique, Eleazar étant le double littéraire de l'auteur. Il (Eleazar ou l'auteur) explique d'ailleurs dans un « épilogue dispensable », comment lui qui jusque là n'avait juré que par la poésie, a su qu'il écrirait un jour un roman sur l'Atacama et les humains y vivent. Depuis cette « révélation biblique », il en a même écrit plusieurs, et il faudrait être bien chagrin pour s'en plaindre.

Un court roman mais un petit bijou de lecture, avec en prime un hommage à la littérature et la poésie.



En partenariat avec les Editions Métailié.
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La raconteuse de films

J’ai été très ému par la lecture du roman La raconteuse de films, beaucoup plus que je ne l’aurais cru. Pourtant, je n’avais pas d’attente particulière par rapport à ce bouquin, je l’ai choisi par hasard à la bibliothèque. Comme quoi, parfois, le hasard fait bien les choses. Le titre était pas mal et, dès la première page, j’ai su que j’avais entre les mains une histoire spéciale. « Nous sommes faits de la même matière que les films. » Cette phrase en exergue, reprise d’une parole d’un des personnages, et qui reprend à son tour presque mot pour mot une autre, vraie, de Shakespeare (si on remplace films par rêves) elle donne le ton. Et elle s’applique tellement bien à l’œuvre.



Hernan Rivera Letelier présente d’emblée un univers, une famille pauvre, très pauvre dans un village de mineurs chiliens d’une autre époque. Les années 1950? Un père paralysé, vivant de sa pension pour invalides, et une mère trop jeune s’étant envolée récemment, dès qu’une occasion s’était présentée, laissant derrière quatre grands garçons et une fillette de dix ans plutôt développée pour son âge. Tout ce beau monde vit dans un trois pièces fait de tôles. Leur situation n’est pas présentée dans des détails morbides ni d’emblée mais petit à petit. C’est peut-être ce qui fait en sorte que leur pauvreté ne frappe pas. On ne tombe pas dans le misérabilisme.



En plein milieu du désert d’Atacama, les mineurs et leurs familles vivent de peu et s’en contentent. En effet, ils trouvent le moyen de rendre le quotidien supportable et, parfois, magique. Par exemple, quand l’argent manque pour permettre à chacun d’aller au cinéma, l’on envoie l’un deux pour assister à la projection et revenir raconter le film au reste de la famille. C’est ainsi que la cadette Maria Margarita mérite son surnom de raconteuse de films qui, incidemment, donne son titre au livre. Non seulement elle résume les histoires mais elle les enjolive, ajoutant moult détails, permettant à tous de les visualiser comme s’ils y étaient. « Pendant que je racontais – gesticulant, brassant l’air, changeant de voix –, je me dédoublais, me transformais, je devenais chacun des personnages. » (p. 43). C’est le début d’une aventure nouvelle.



J’y ai cru, à l’histoire de Maria Margarita. Si simple, si belle, si poétique malgré la rudesse de la vie dans ce village reculé du Chili. Je me suis laissé emporter par ses délires enfantins, ses rêves qui lui permettait de survivre dans son trou à rats. D’y trouver sa place. Puis la marche du temps fait son œuvre. Ainsi, quand j’ai refermé le livre, tout avait été dit. Pourtant, j’en redemandais. L’écriture de Rivera me rappelle celle d’Antonio Skarmeta que j’adore énormément. Une écriture pleine d’humanité, de destins ordinaires et exceptionnels à la fois, plein de promesses et de revers. Comme la vie elle-même. Bref, je recommande vivement La raconteuse de films.
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La raconteuse de films

Il était une fois dans un pauvre village de l’Atacama, une famille qui adorait le cinéma. Mais la misère empêchait ses membres d’y aller aussi souvent qu’ils le désiraient. Aussi le père décida d’y envoyer à tour de rôle chaque enfant (quatre garçons et une fille) pour que celui-ci raconte aux autres ce qu’il avait vu. Mais la plus douée étant la jeune Maria Margarita, ce fut elle qui obtint le titre de raconteuse de films. Un titre qu’elle conserva et enjoliva de talents multiples, au point de devenir l’artiste du village.



Merveilleuse petite histoire d’Hernan Rivera Letelier qui décrit si bien la vie dans les mines de nitrate d’Atacama, qui dépeint le pouvoir du cinéma sur les habitants : rêve, chanson, gloire, tout est permis. Mais qui retrace également l’arrivée de la télévision et son influence sur la vie de famille et de la société.

Merveilleuse héroïne aussi qui garde en elle et pour toujours le sens de la parole et l’art de conter malgré les vicissitudes de la vie.



Une très belle lecture.
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La raconteuse de films

Laissez-moi vous raconter, non pas un film, mais un livre. Un tout petit livre par sa taille, 129 pages qui se lisent à toute vitesse, mais grand par le talent de son auteur et par la place qu'il a pris dans mon coeur et ma tête.

Il était donc une fois, dans les années 50, une petite fille de 10 ans, Maria Margarita, qui vivait avec ses 4 frères plus âgés et son père en fauteuil roulant, dans le campement d'une mine de salpêtre quelque part dans le désert d'Atacama, dans le nord du Chili. Au village, la seule distraction, c'est le cinéma. Mais la famille est pauvre, et le défi de chaque semaine consiste à rassembler assez d'argent pour qu'un des enfants puisse aller voir le film à l'affiche. le voir, et puis revenir bien vite à la maison pour le raconter au reste de la famille. A ce jeu-là, c'est Maria Margarita qui est la meilleure, pourvue d'un don peu commun pour restituer les films, peu importe leur genre. Au point que son père la désigne officiellement « raconteuse de films » de la famille, puis du village entier qui se bouscule dans la petite maison, préférant « entendre » l'histoire plutôt que de la « voir » sur grand écran. Ce talent fera le bonheur et les beaux jours de la famille, pas toujours ceux de la jeune fille.

C'est Maria Margarita elle-même qui nous raconte son histoire, des années plus tard. Comment l'arrivée de la télévision a mis fin à sa célébrité en même temps qu'à ses séances de raconteuse, comment la mort de son père puis le départ de ses frères l'ont laissée seule au campement, comment elle y a vécu ou survécu jusqu'à aujourd'hui. Parce qu'elle y vit toujours, près de cette mine désaffectée, assurant les visites guidées pour les quelques touristes. L'air de rien, derrière ces aventures de pellicule, elle nous laisse voir la vie dure des mineurs du salpêtre, la promiscuité d'une réalité sordide dans « l'âpre néant du désert d'Atacama ». Néant duquel on se sauve grâce au cinéma et à l'imagination, et sans jamais se plaindre de son sort. Désert âpre mais magnifique, comme ce roman, tendre, joyeux, émouvant, terrible.


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La Reine Isabel chantait des chansons d'amour

Ô toi, l'ouvrier du salpêtre exploité jusqu'à la moelle dans les compagnies minières du nord du Chili, toi le mineur aux poumons tapissés de nitrate, qui te crèves pour trois fois rien dans cet impitoyable désert d'Atacama, toi, l'homme vieilli avant l'âge, solitaire et sans autre nom qu'un surnom, toi qui es venu des forêts du sud ou des villages de pêcheurs de la côte pour faire fortune et qui n'as jamais réussi à quitter tes salpêtrières malgré les faillites et les licenciements, toi le témoin de l'inexorable déclin des mines et de la fin du filon, sache-le, cette fois ton univers est bien près de s'effondrer sans espoir de reconstruction. Car oui, sache-le, cette nuit, la Reine Isabel est morte. Oui, la matriarche des prostituées du désert, celle qui se disait prédestinée à être pute (« c'est-à-dire, bordel de merde, que je suis née pour être pute comme la poule pour le pot-au-feu »), la vétérane des filles de joie et de coeur des salpêtrières, elle dont tous les vieux mineurs comme toi sont un jour ou l'autre tombés amoureux, oui, elle, n'est plus. Et là, un vieux sage, ou un vieux singe, comme toi, comprend que c'est forcément le signe annonciateur de la fin d'une époque. Le désert ne sera plus jamais le même. Les compagnies qui ferment les unes après les autres, les logements rasés, les ouvriers « remerciés », tu étais capable de faire avec et de subsister, tant qu'Isabel était là pour soulager ta solitude et tes « urgences amoureuses ». Bien sûr il reste les autres filles, plus ou moins jeunes, plus ou moins fraîches, qui n'ont comme toi qu'un sobriquet en guise de nom. Mais, comment dire, c'est comme si le peuple du désert venait de perdre son âme, avec l'espoir et le courage qui lui restaient. Alors, avec les putes et les autres ouvriers de la Compagnie, tu laisses affluer la nostalgie et les souvenirs de la vie – souvent sordide – de ce désert, où mineurs et prostituées ont fait, en dépit de tout, bon(s) ménage(s). Et cette vie continuera, un peu, beaucoup, mais sans passion, jusqu'à ce que cette folie du profit et de la rentabilité mette le dernier clou sur le cercueil du salpêtre atacameño.



C'est avec une petite larme au coin de l'oeil (mais c'est à cause de la poussière du salpêtre) que je referme ce roman, que dis-je, ce chant d'amour burlesque et lyrique, pétaradant et désespéré. Premier roman de son auteur (dont le style est devenu plus sobre par la suite), « la Reine Isabel... » est un hommage, par l'un des leurs, aux habitants du désert, les mineurs et leurs compagnes d'(in)fortune, les laissés-pour-compte des grands patrons et des gringos nantis. Porté par un souffle épique, ce récit magnifique témoigne de la promiscuité du quotidien dans les compagnies salpêtrières et des conditions de travail dans un environnement hostile et sublime, qui n'empêchent pas une certaine joie de vivre, de la tendresse et même de l'amour : « Des gaillards qui, au beau milieu du désert, torse nu sous le soleil le plus ardent de la planète, broyaient des étoiles comme autant de poux, assénant de toutes leurs forces de grands coups de masse de vingt-cinq livres. Des sauvages capables d'utiliser la dynamite aussi bien pour retourner une montagne que pour s'arracher un chagrin d'amour en même temps que les tripes si ça les bassinait trop. Des vieux dont le regard terrible gardait le reflet des massacres des mineurs du salpêtre comme de gigantesques crépuscules sanglants, et qui, l'air de rien, portaient la mort en bandoulière dans la courbe impavide de leur coutelas d'acier. Et cette femme extraordinaire, cette courtisane au grand coeur, cette pute héroïque, s'occupait de ces brutes, les berçait dans son giron comme de grands enfants sans mère. Elle les aimait sans rien demander, toujours avec le même entrain ; elle les aimait au point de tomber à bout de souffle, étendue comme une morte sur ces maigres matelas hirsutes si pleins de poux qu'ils en marchaient pratiquement tout seuls ».
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L'autodidacte, le boxeur et la reine du pri..

C'est dans le désert d'Atacama qu'Hernán Rivera Letelier nous emmène pour nous présenter Eleazar l'autodidacte, Rosario Fierro le boxeur et la séduisante Leda la reine du printemps.

C3 personnages vont se retrouver autour d'un événement festif à savoir la fête du printemps qui est l'occasion d'organiser trois concours et vous vous en doutez ces concours sont celui de la poésie de la beauté et de la boxe.

Ce roman fait penser à un conte, nous avons notre princesse Léda, jeune femme, serveuse qui fait fantasmer tous les hommes . Eleazar, notre poète va tomber sous son charme, sa poésie sa délicatesse son comportement respectueux va être en concurrence avec le côte plus cru de Rosario Fierro qui lui est bien plus entreprenant.

Leda oscille, hésite et fera son choix.

Le thème peut paraître peu original mais c'est sans compter sur le style de Hernán Rivera Letelier qui nous enchante.

"L'épilogue dispensable" est indispensable pour clôturer avec beauté cette lecture.
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L'autodidacte, le boxeur et la reine du pri..

La collection Suite hispano-américaine des éditions Métaillié est une véritable caverne d'Ali-Baba.

Hernan Rivera Letelier que je découvre avec ce titre L'autodidacte, le boxeur et le reine du printemps nous emmène dans le désert d'Atacama dans l'une des dernières mines de Salpêtre de la Compagnie ...



La vie y est difficile, le travail harassant mais ni Eleazar Luna ni Rosario Fierro n'ont le choix . Eleazar plongé dans les livres et la poésie, fou amoureux de la belle Leda, est trop timide pour lui avouer son amour. Rosario ne rêve que de boxe, de gloire et de notoriété, et si il s'intéresse à Léda c'est juste pour inscrire à son tableau de chasse. celle dont ils rêvent tous.



Hernan Rivera Letelier se fait conteur et sous nos yeux émerveillés nous voyons apparaitre ces personnages aussi incroyables les uns que les autres, le désert , les fleurs qui s'épanouissent et meurent en 24h, la fête du printemps avec le concours de beauté, les combats de boxe , le bal , de quoi redonner le sourire .



Tout ceci Hernan Rivera Letelier l'a vécu dans sa jeunesse, l'autodidacte lui ressemble beaucoup lui qui n'a commencé ses études secondaires qu'à vingt ans une fois la mine désaffectée.



Un roman aussi court que lumineux que j'ai pris un immense plaisir à lire , je suis sure qu'il en sera de même pour vous

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La raconteuse de films

Un camp dans le désert chilien, une famille trop pauvre que pour se payer le cinéma. Le père a l'idée d'y envoyer un des gosses qui viendrait ensuite raconter le film, mais des trois garçons ou de la fille, qui choisir?

Petit bijou de délicatesse et d'humour malgré une fin un peu mélancolique.
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La raconteuse de films

Comment faire quand on aime le cinéma mais que dans une famille de cinq enfants, on a tout juste de quoi acheter une seule entrée ? On vote pour celui des cinq enfants qui raconte le mieux un film : désormais c’est donc la seule fille, la cadette de la famille, qui a l’immense privilège d’aller au cinéma.

Son talent de raconteuse de films lui taille une si belle réputation qu’elle prend un nom d’artiste, Fée Ducinée, et que bientôt toute le voisinage vient payer son entrée pour aller la voir, elle, se donnant en spectacle avec force mimiques, jeux d’acteurs et accessoires.



L’auteur nous conte l’histoire d’une petite fille intelligente et attachante en nous plongeant dans le Chili des mines de salpêtre, du dénuement et de la misère sociale.



Ce qui m’a frappé dans ce trop court roman est la beauté et la précision de l’écriture. Rien d’inutile dans ces lignes, chaque mot est à sa place.

Les descriptions sont d’une telle minutie que j’ai eu moi aussi l’impression d’être au cinéma.

Une très belle découverte d’un auteur dont j’ignorais jusqu’au nom.



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L'art de la résurrection

Un décor de solitude immuable : le Chili du Nord, où tout est à bout de souffle, la fièvre minière du salpêtre, un paysage quasi biblique, fait pour la révélation : Hernan Rivera Letelier plante une fresque proche du fantastique. Ne manque qu'un Christ. Domingo Zárate Vega sera celui-là : un clochard céleste avant l'heure, le Christ d'Elqui, aidé par des apôtres chômeurs et dont les miracles ne fonctionnent pas, cumulant les moqueries. En quête d'une Marie-Madeleine pieuse et pas farouche, c'est Magalena Mercado, prostituée mystique qui fait crédit, qui jouera ce rôle. Le Messie réincarné et son équipage de prédicateurs, sincères, ridicules, à la morale volontiers élastique et follement courageux, débordent d'humanité, de poésie et de délire, aussi fous que ce livre picaresque, croustillant et drôle. Hernan Rivera Letelier utilise ici à merveille la ressource esthétique du rire et de la folie pour engendrer une vision critique des conditions sociales des mineurs du salpêtre et de la dictature des possédants comme celle des gouvernants. Il sort également la religion de son abri, l'église, et l'expose aux hommes, au désert de son origine, sans artifice possible. Le résultat est bluffant.
Lien : https://tandisquemoiquatrenu..
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L'autodidacte, le boxeur et la reine du pri..

Comme son titre l’indique, ce roman nous invite à découvrir :

Un autodidacte en la personne d’Elezar, le narrateur. Employé dans une mine de salpêtre, il se passionne pour la littérature et la poésie.

Un boxeur, Rosario Fierro, jeune bellâtre, sûr de son charme auprès de la gent féminine.

Une belle jeune fille Leda récemment élue Reine du printemps a la tête dans ses rêves.

Entre eux trois se crée une alchimie drôle et sensible, émouvante. Chacun est bien dans son rôle.

Le désert d’Atacama qui les entoure est un décor austère, leur vie à tous est rude, le rêve que chacun porte en lui, lui permet de s’évader.

L’écriture est belle précise quasiment photographique bien souvent.

Tout est dit en peu de pages.

J’ai beaucoup aimé ce roman qui m’a permis de découvrir un livre de littérature chilienne.

Je remercie les Editions Métailié et NetGalley pour ce partenariat.

#LAutodidacteleboxeuretlareineduprintemps #NetGalleyFrance

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L'autodidacte, le boxeur et la reine du pri..

Dans une ville minière d'Amérique du Sud, un jeune poète s'éprend de la belle du village. Elle n'y est pas indifférente. Mais voilà ! un joli boxeur sans bonne manière fini par obtenir le fruit défendu. Histoire simple quelque peu classique et revisitée sur une terre aride ; petit roman joliment écrit, où on comprend que ça risque de mal finir pour l'un ou les trois. Mais voilà rien de mirifique au final. Et les féministes apprécieront que les belles préfèrent toujours la force des poings plutôt que l'ondulation des mots !
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L'autodidacte, le boxeur et la reine du pri..

🌸Chronique🌸



Parce que le temps hésite entre un jour mousseux et vineux. Parce que le duende ne veut pas rester avec moi. Parce que le désert de l’Atacama n’a pas encore fait son spectacle floral. J’attends. J’ai le coeur comme Leda, ouvert et espérant…Et j’attends, des jours meilleurs, de la poésie et l’éclosion…



L’amour frappe comme un uppercut, ou monte comme un poème, mais il va falloir faire des choix, avant que le vent de la pampa s’en charge…Pourtant la Reine du Printemps hésite et rêve d’ailleurs. Elle est coincée dans un lieu où les distractions, les opportunités et les mariages heureux sont faibles, alors elle rêve…



L’amour frappe trop violemment, ou se déploie comme une poésie, mais il va bien falloir aller parler à la belle, avant qu’un autre, plus audacieux, s’en empare. L’autodidacte rêve trop fort d’amour et de poésie. Coincé par sa timidité, son hésitation et son ambition, il laisse le vent de la pampa tourner et effacer ses rêves…

L’amour est un trophée, et n’a que faire des belles paroles, puisque seul, le geste compte. Le boxeur frappe et fait le show et, qu’importe le vent de la pampa, il le combattra…Coincé dans les mines de salpêtre, son passé ombrageux et cet ennui permanent qui régit les lieux, aura-t-il encore la capacité de toucher ses rêves?

C’est une histoire d’attraction. La poésie veut y jouer sa plus belle partie, avec tous ces jeunes rêveur, mais l’atmosphère est tellement plombée dans ce désert aride et hostile, qu’elle a du mal à ouvrir ses ailes. Et pourtant, elle vient avec le duende, elle vient avec la seule floraison annuelle, elle vient dans le sourire d’une reine, elle est là, partout. A portée de mains, et c’est magnifique de la voir danser au milieu de ces turpitudes. De la sentir s’accrocher envers et contre tous, à cet amoureux des mots, le mener sur d’autres sentiers plus élevés. De la voir s’imprégner des désirs et des vicissitudes, de l’envie et des regrets, de la sueur et du sang. C’est une histoire d’attraction et d’un trio « métématiquement » attendrissant, mais écrite par un conteur exceptionnel et sensible, elle en devient aussi spectaculaire et rarrissime que le Desierto florido. Une beauté unique et sublime à aimer, passionnément🩷
Lien : https://fairystelphique.word..
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