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Critiques de Herta Müller (153)
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Animal du coeur

"Se taire, c'est déplaire, dit Edgar; et parler, c'est se ridiculiser."

Le roman commence et finit par cette phrase. Herta Müller, née dans la région souabe de la Roumanie (minorité germanophone), a vécu cette oppression de la dictature de Ceausescu. Ce roman est paru en 1994 en Allemagne et vient juste d'être édité en France. On y trouve une part de la vie de l'auteur puisque la narratrice est issue de la même région, elle est aussi fille d'un ancien soldat SS et elle est traductrice dans une usine roumaine.

C'est le roman d'une amitié entre la narratrice et trois jeunes garçons, Edgar, Kurt et Georg, réunis par le suicide de la camarade de chambrée de la narratrice. Ces jeunes vivent sous la peur constante d'être interpellés, poussés au suicide ou envoyés au cimetière. Ils voudraient témoigner de toutes ces morts suspectes, du mauvais traitement des prisonniers. Pour eux, c'est une perpétuelle méfiance, un harcèlement constant.

" On sentait le dictateur et ses gardes qui planaient au- dessus de tous les secrets des projets de fuite, on les sentait à l'affût, en train d'inspirer la peur."

Chaque lettre doit être codée et renfermer un cheveu témoin.

" Nous restions dépendants les uns des autres. les lettres contenant un cheveu n'avaient servi qu'à lire la peur de l'un dans l'écriture de l'autre."

Les fouilles de domicile, les interrogatoires sont permanents. Il n'y a que deux issues possibles, le suicide ou la fuite qui conduit très souvent à la mort.

Le roman est difficile car l'auteur utilise elle- même des codes de langage. Elle réinvente une langue où la mort est un sac, la noix, une tumeur. Des phrases et des mots viennent rythmer constamment le récit, on retrouve de manière récurrente les coiffeurs et les couturières, les moutons en fer-blanc (sidérurgie), les melons de bois (transformation du bois), les buveurs de sang(abattoirs).

Dans ce récit viennent aussi se mêler les souvenirs de l'enfant face à son père, les folies des grand-parents.

Sens cachés, métaphores, incursions compliquent la lecture du roman mais l'atmosphère est ainsi créée et le dénouement est particulièrement intense et émouvant.

Et l'animal de notre cœur, lui-aussi se met à remuer en nous.
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Animal du coeur

Le ton n'est pas à la confession ni à l'introspection, dans ce livre tourbillonnant. Ressassements d'un enfant, qui sent la vérité coincée sur sa langue comme un noyau de cerise.
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Animal du coeur

Même la serrure de la valise s'était transformée en mensonge



On a retrouvé Lola pendue dans son placard. « Les phrases de Lola, la bouche pouvait les dire, mais on n'arrivait pas à les écrire. Je n'y arrivais pas. Comme ces rêves qui sont à leur place dans la bouche, mais pas sur le papier. Une fois écrites, les phrases de Lola s’éteignaient dans ma main. »

Une narratrice, trois garçons, trois amis Edgar, Kurt et Georg, et Tereza.

Mensonges, interrogatoires, rêves de fuite, passé nazi, dictature de Ceausescu. « On sentait le dictateur et ses gardes qui planaient au-dessus de tous les secrets des projets de fuite, on les sentait à l’affût, en train d'inspirer la peur. »

Non pas une énième dénonciation de l'absence de liberté, mais le poids des mots, de la poésie pour instiller peu à peu l'absurde et la résistance, le broyage et l'espoir

Un grand roman de la modernité inaccomplie.

« Se taire, c'est déplaire, dit Edgar ; et parler, c'est se ridiculiser. »
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Animal du coeur

Je retrouve Herta Müller, une fois encore, impatient, le coeur battant. Les premiers mots sont de cette veine que j'aime, à la poésie chirurgicale faite de métaphores limpides et étranges. C'est sa façon de décrire cet univers particulier que j'aime. Comme si elle parlait une langue inconnue dont la musique vous essouffle malgré tout. Les premières lignes ont suffi à faire renaître en moi cette impression familière et inédite pourtant, l'idée d'un moment retrouvé, mais rare pourtant. Je place pour ces raisons Herta Müller parmi les plus grands écrivains que la langue allemande a donné - et elle n'en manque pas. Lire Herta Müller, c'est accepter - avec réticence parfois, tant sa langue est âpre - de franchir le seuil de son univers, et donc de quitter le vôtre ; c'est accepter de passer du côté de ce monde peut-être disparu - la Roumanie de Ceaucesu - et y perdre tous ses repères ; c'est donc accepter de se laisser guider par elle, parmi les villes, les femmes, les hommes, les vivants et les morts, les objets et la nature. Franchissez ce seuil, il s'ouvre sur des mots d'une force incroyable !

Animal de coeur revient sur les grands thèmes d'Herta Müller : vivre en dictature, y poursuivre son identité, en vain souvent, y mourir face à l'impossibilité de vivre. Ici, c'est la quête de soi de jeunes gens de la communauté allemande, enfants de SS, ouvriers d'usine, et perdus dans ce pays. Les hommes de main du régime y mangent des prunes vertes, une façon d'avaler d'indigestes verités. Et la métaphore de l'animal du coeur que chacun porte en soi installe une autre vérité, celle que chacun enferme, retient, nourrit au plus profond de soi, en attendant la fuite, la liberté, ou la mort. Comme souvent chez Herta Müller, la nature est omniprésente, comme le pendant de la ville en dictature. Il y a cette sensation que les nuages, les arbres (mûriers, pruniers), terre ferme, sont à la fois l'aspiration à la liberté, et le cadre physique qui contraint l'individu. Sur le sol, les mouvements semblent toujours ramenés à la pesanteur - comme attachés à ce sol de malheur. Herta Müller creuse inlassablement son sillon, parfois déroutant, toujours envoûtant.
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Animal du coeur

Le résultat, c'est une oeuvre qui, inlassablement, dit la dictature au quotidien.
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Animal du coeur

Animal du coeur est une lecture exigeante mais qui ne s'oublie pas.
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L'homme est un grand faisan sur terre

Une histoire où le désir de partir est toujours présent, comme un personnage à part entière. Des images marquantes où les objets agissent sur le récit et y jouent un rôle. Pas nécessairement une lecture facile, mais pas désagréable pour autant. Un style d'écriture à découvrir.
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La bascule du souffle

Un grand roman d'Herta Muller sur les camps germanophone traité de façon magistrale.

Le soupçon de poésie ainsi que la narration subtile dépeignent de façon magistrale une horreur supplémentaire de notre histoire
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L'homme est un grand faisan sur terre

Cette lecture n'a pas été satisfaisante. J'ai tenté plusieurs approches de ce roman, j'ai même eu la chance de discuter avec quelqu'un qui avait tenté de lire ce roman et en avait abandonné sa lecture, pour cause d'incompréhension. Je me suis sentie moins seule, même si cette confrontation entre nos points de vue ne m'a pas éclairé davantage.

D'un côté, le roman comporte une trame général : comment vont-ils parvenir à obtenir leur passeport ? De l'autre, une succession de saynètes parfois très crues montre la vie quotidienne dans une Roumanie marquée par la guerre, subissant le joug de Ceaucescu. Entre ces scènes, le récit progresse vers l'obtention du fameux passeport pour quitter le pays.

Je savais déjà qu'ils l'obtiendraient, et par quel moyen, la quatrième de couverture de l'édition Folio raconte l'intégralité du récit. Le tout était de savoir combien de temps le personnage principal parviendrait à garder son intégrité. Il est marié, à une femme qu'il n'a semble-t-il jamais aimé. Implicitement, il l'a épousé parce que Barbara, la jeune femme qu'il aimait, est morte en Russie. Katrina a survécu, en se prostituant pour se nourrir, ce que son mari et sa fille lui reprochent crument.

Les phrases sont brèves, très séches tout en étant remplies de symboles dont la plupart m'ont sans doute échappé. Je pense qu'une explication du titre se serait imposée (un dicton, sans doute) car il est un leitmotiv dans ce roman. Les superstitions restent très fortes et si je connais bien celle qui est liée à la chouette, d'autres me sont inconnues. Les personnages parlent, certes, mais ils ne communiquent pas. Ils ont tous une vision très sombre de l'homme, plus encore de la femme, et ce qu'ils vivent ne peut que renforcer la noirceur de leur vision.

L'homme est un grand faisan sur terre est un livre dur, pessimiste, qui ne me donne pas envie d'explorer plus avant ma connaissance de cette auteur.
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La bascule du souffle

« Je n’ai jamais été aussi résolument contre la mort que durant ces cinq années de camp. Pour être contre la mort, on n’a pas besoin d’avoir une vie à soi, il suffit d’en avoir une qui ne soit pas tout à fait terminée »



Roumanie, en 1945. La grande guerre est quasiment finie, une autre commence pour les pays anciens alliés de Hitler. Le seul fait d’être d’origine allemande suffit amplement aux russes pour vous inviter dans ces hôtels où personne n’a besoin de clé. Pas de réception, on entre comme dans un moulin, on se croirait en Suède. Léopold Auberg, 17 ans, tout à ses préparatifs de voyage dissimule sa joie à l’idée de quitter cette petite ville, ce dés à coudre où toutes les pierres avaient des yeux. Il passera cinq ans dans ce camp de travail. Cinq ans à combattre la faim, la crasse, le froid, la maladie, l’illusion d’un avenir meilleur car le camp est un monde à l’esprit pratique: pas de pudeur ni d’épouvante, on ne peut pas se le permettre. On agit avec une indifférence immuable si ce n’est une satisfaction résignée. Cinq ans à construire des logements pour les russes, à charrier du ciment qui vous enferme dans sa toile, à transporter des briques cuites dont la poussière évoquait le doux paprika rouge, à pelleter du charbon avec sa pelle en cœur, son maitre. Lui, l’outil en restera tributaire car 1 pelletée=1 gramme de pain. Il travaillera au sous-sol du mâchefer car « intoxiqué par la lumière du jour », chassera le souvenir des compagnons partis car « quand soi-même on n’a que la peau sur les os et qu’on se délabre physiquement, on n’a qu’une envie, c’est tenir les morts à l’écart », luttera contre l’ange de la faim, le lièvre blanc le soir, après le travail, quand il sera autorisé à errer en ville ou au marché pour mendier ou échanger de la nourriture contre quelques éclats de charbon, des objets de valeur, bataillera contre le froid en s’enroulant dans des vêtements pris sur ces morts encore frais, les morts n’ont pas besoin d’habits quand les vivants meurent de froid pendant ces hivers russes.

« Nous portions, quant à nous, un palais si élevé que l’écho des pas, pendant la marche, nous culbutait dans la bouche. La transparence de notre crâne nous donnait l’air d’avoir avalé un excès de lumière vive. Le genre de lumière qui se regarde elle-même dans la bouche, se glisse à l’intérieur de la luette pour la faire enfler, monter jusqu’au cerveau. Alors, en guise de cerveau, on n’a plus dans la tête que l’écho de la faim. »



Il y a aussi des moments de joie comme cette fameuse nuit où il atterrit chez une vieille dame russe qui l’espace d’une soirée se prend à le considérer comme son fils parti dans un camp, en lui offrant le manger et un mouchoir de batiste d’une blancheur éclatante qu’il conservera comme un trésor. Ces veillées de Noel avec son arbre en fil de fer décoré de la laine verte provenant de ses gants, des morceaux de pain rassi servant de boules. Ces samedi soirs où l’on danse, boit l’alcool maison. Ces rares moments d’intimité juste pour oublier l’enfer dans lequel on vit. Ces excursions en rase campagne, instants d’évasion, de liberté, de nouveautés. Ses coups de gueule que lui inspire Katie le Planton, qu’une ordure avait dû inscrire sur la liste à la place d’un autre natif de Bakowa qui avait racheté sa liberté, ou bien l’ordure était sadique, et Katie avait toujours était sur la liste. Débile mentale de naissance, elle ne savait toujours pas où elle était, au bout de cinq ans. Katie qui reste pour tous l’antidote contre la barbarie.



Léopold Auberg survivra au camp en choisissant la décorporation ( le terme est mal choisi mais c’est le seul qui me vient à l’esprit), en se réincarnant en objet, en ignorant et rejetant tout ce qui fait de lui un homme; il ne vit plus, existe à peine, ne devant sa survie à une mécanisation mathématique de son univers. Objet, plus rien ne peut l’atteindre. 60 ans plus tard, ses souvenirs consignés dans quatre cahiers, il n’en reste pas moins prisonnier du passé cachant ses affaires dans sa nouvelle valise en bois. Rangée sous mon lit, elle me servait de placard à vêtements depuis que j’étais à la maison.



La narration est constituée de courts chapitres, alternant portrait/anecdotes, méditation/observation, veille/insomnies, présent/souvenirs. Entre le guide de survie avec ses mille et une petites astuces et l’auto-analyse, ce livre est plus accueillant que L’HOMME EST UN GRAND FAISAN SUR TERRE avec lequel il partage les thèmes de prédilection de l’auteure: le totalitarisme, l’abrutissement généré par un tel régime, la dégradation des valeurs humaines, sociales, morales, la haine raciale, la négation de l’histoire, l’impossibilité d’échapper à la marque indélébile d’une telle expérience, etc. A quelques différences près. Léopold Auberg est un jeune homme cultivé, réfléchi, observateur, porté sur l’introspection, des qualités qui le sauvent de la folie. La haine n’est pas son moteur de survie, la peur et le « je sais que tu reviendras » que sa grand-mère lui lance au moment d’être emmené par la patrouille, oui. A son unique façon, c’est un anti-héros.





Ce livre, recueil de témoignages auprès de ces allemands qui ont vécu ce drame, devait être écrit à quatre mains. A la mort de Oskar Pastior, poète germano-roumain, Herta Müller reprend le récit et l’écrit à la première personne. Les détails de la vie au camp sont les souvenirs du poète et de la mère de l’auteure qui y a passé cinq ans, un moment jamais mentionné dans l’histoire officielle de la Roumaine. Avec ce travail ou devoir de mémoire, elle rend hommage à tous ces oubliés de l’histoire, leur offre la dignité qu’ils méritent. Il n’en reste pas moins que l’écriture n’est ni poétique ni onirique. Toujours ce léger problème de rugosité de la langue avec elle. Trop mathématique, brutale, un jeu de déconstruction avec les mots, l’emboitement des idées qui restent éloignés de mon univers. D’un autre côté, rendons grâce à Herta Müller d’avoir un humour noir assez marqué et de ne pas nous infliger un récit qui de par le sujet aurait été lacrymal. Et n’oublions jamais comme son héros que La bascule du souffle est un délire, et quel délire.
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La bascule du souffle

Comme chaque fois, Herta Müller me laisse sans voix. La bouche sèche de mots, de soif, de faim, le coeur comme asséché d'une écriture ciselée au plus proche du nécessaire. Dans La bascule du souffle, d'abord projet à quatre mains avec le poète Oskar Pastior, Herta Mûller donne à l'expérience concentrationnaire une vie propre, au-delà de la question de la survie ou de la dignité. Car tout s'incarne ici dans une cosmogonie particulière au camp. Le ciment prend vie, le pain un personnage, et l'ange de la faim domine l'expérience, au plus profond des corps et des âmes. Ainsi, en donnant à cet étrange réel une existence poétique, Herta Mûller ne semble pas placer l'individu au centre. Elle n'explore pas non plus les humiliations ou les tactiques de survie. Elle analyse comment l'homme fait front, face au ciment qui s'insinue, face à l'ange de la faim qui rôde, dans une autre réalité, qui par l'imaginaire en devient plus glaçante.
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Le renard était déjà le chasseur

Hélas pour moi, je me suis profondément ennuyée à cette lecture et je ne crois même pas avoir fini le livre. Je n'ai pas compris où l'auteur voulait en venir. Quelque chose a dû m'échapper, mais quoi ? S'agissant d'un Prix Nobel de littérature, j'ai des scrupules, mais c'est ainsi.
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L'homme est un grand faisan sur terre

Roumanie, période Ceausescu.



Windisch, Katharina et leur fille Amélie tentent depuis deux ans d’obtenir un passeport pour passer à l’ouest, l’un à coup de sacs de farine, les autres avec leur corps. Si la perspective d’émigrer les unit, le passé est toujours source de règlements de comptes dans cette famille misérable. Elle est à l’image du paysage, racornie, vilaine, terne, abjecte, en perpétuelle survie. Tout y est moche et en déséquilibre. La pluie, omniprésente, englue une population arriérée, vivant de rapines, minée par l’alcool, le manque de nourriture et surveillée par une police étatique toute puissante. La sècheresse, toujours violente et de courte durée, lui succède laissant derrière elle un paysage en pleine désolation. On nage dans une semi obscurité permanente, abrutissante que seuls les enterrements viennent égayer. Rien ne sort cette poignée de familles allemandes en bute aux répressions policières, de ce marasme. Le phénomène de la chape de plomb y est décrit par des phrases courtes, sèches comme un coup de serpe, et un imaginaire trop éloigné de ma culture. J’ai eu le plus grand mal à m’y faire. Déjà que l’enchainement des paragraphes est surprenant, dans ce cas déroutant, ce bestiaire ne facilite pas la lecture. Une écriture « velue des rouleaux » car antipathique, peu accueillante, trop distante. Lire Herta Müller se mérite et se fait dans l’effort continu.



Peut-être lui fallait-il prendre une telle distance pour parler d’une expérience qu’elle a elle-même vécue et éviter de tomber dans un récit larmoyant. Elle raconte bien ce qui arrive à des gens qui vivent dans la répression totale, dans cette machine à broyer les âmes. Rien de beau ne peut y germer, seul l’instinct de survie reste intacte. Pas de héros ici mais de petites gens sans défense, méprisées, que l’on pousse à la bassesse. Comment pourrait-il en être autrement quand on vous ôte jusqu’à votre dignité? Impossible de se faire homme dans un paysage aussi glauque, où la mesquinerie règne en maître, où votre condition d’être humain vous est niée purement et simplement.



Bien que ma première rencontre avec cette auteure se soit avérée difficile, j’ai tout de même acheté La Bascule du Souffle que je n’ai pas encore entamé. Sa manière d’aborder le problème du régime totalitaire et ses effets perverses est vraiment digne d’intérêt. Elle parvient à vous mettre mal à l’aise en optant pour une écriture et un imaginaire inhabituels. On dirait que ce pays est peuplé de zombies. En tout cas, d’après ce livre, la Roumanie semble hyper moche. A l’opposé des Bahamas!
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L'homme est un grand faisan sur terre

rendez-vous complètement raté. Je n'ai pas lu le livre en entier.

Les phrases très courtes donnent un rythme haché que je n'ai pas du tout aimé...je n'ai rien compris dès les 1ère pages...pas un livre pour moi
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La bascule du souffle

Au sortir de la seconde guerre mondiale, les roumains germanophones sont suspects, aux yeux du pouvoir soviétique, d’avoir soutenus les nazis. Ils sont donc nombreux à être envoyés en camp de travail où ils connaîtront la faim et les mauvais traitements.

Nous suivons Léopold qui n’a que 17 ans quand il est déporté. Pendant cinq années, nous l’accompagnons dans toutes ces activités quotidiennes, toujours tiraillé par la faim. A son retour, amer de son expérience et de la vie qui a continué sans lui dans son pays, il aura beaucoup de mal à reprendre une activité normale. Un livre précis et émouvant qui met en lumière un fait méconnu de l’histoire roumaine.
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L'homme est un grand faisan sur terre

Publié en 86 et traduit en français deux ans plus tard, "L'homme est un grand faisan sur terre" est le troisième roman de l'écrivaine roumaine Herta Müller.



Dans un petit village de Roumanie, sous la férule de Ceausescu, vivent le meunier Windisch, sa femme et sa fille Amélie.

Tous les trois aspirent à des jours meilleurs et comptent sur les livraisons de Windisch au maire pour obtenir un passeport qui leur permettrait d'émigrer. Mais les jours passent et le meunier finit par constater que son voisin le mégissier a plus de chance que lui...



Il y a deux ans, j'aurais été bien en peine de vous renseigner sur l'identité d'Herta Müller.

J'aurais sans doute évoqué une célèbre marque de charcuterie pour faire diversion...Bref.

Si le nom d'Herta Müller nous est aujourd'hui connu, c'est parce que cette écrivaine roumaine s'est vue décerner le Prix Nobel de Littérature en 2009.

Je n'ai pas pour habitude de laisser les mentions de prix littéraires guider mes choix de lecture mais lorsque je suis tombée par hasard sur ce titre chez mon bouquiniste, je me suis dit pourquoi pas ?

En vérité, j'aurais mieux fait ce jour-là de me commander un sandwich dinde-mayo plutôt que de flâner au milieu des livres...



J'ai rapidement été déconcertée par ce roman, aussi bien par le fond que par le style.

Le roman se compose de chapitres courts qui présentent de brèves scènes du quotidien de Windisch et de son entourage. Je n'ai pas vraiment ressenti de fil conducteur entre ces différentes scènes et les échanges entre les différents protagonistes m'ont fait l'effet de dialogues de sourds.

Cela dit, je reconnais que cette constatation est à prendre avec des pincettes étant donné que je n'ai pas réussi à venir à bout de ce roman.

Je n'ai ressenti aucune émotion durant ma lecture. Le style sec, saccadé, froid et les descriptions factuelles de l'auteur ont fini par mettre à mal ma curiosité au bout de la page 39 (oui seulement, je sais que je manque sans doute d'indulgence mais que voulez-vous, ça ne passait pas...) :



Un abandon et un rendez-vous manqué avec cette auteure...
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La convocation

Pas facile la vie en Roumanie sous Ceaususcu !

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La bascule du souffle

La couverture et le titre du livre sont particulièrement en cohérence avec le récit. Parce que l'auteur joue est à la limite entre la poésie et le drame (fleur, froid), elle nous tient sur le fil entre le rêve et la réalité, à deux doigts de la bascule dans l'horreur.

Herta Müller a choisi un thème qui la touche particulièrement puisqu'elle fait raconter à Léo ses cinq années de détention dans un camp de travail en Russie. Effectivement, à la fin de la guerre, les Russes ont envoyé en camp de travail les allemands de Roumanie. ce fut le cas de la mère de Herta et d'un ami, le poète Oskar Pastior. C'est grâce à eux que Herta Müller a pu concrétiser ce récit.

Bien entendu, elle témoigne de la difficulté de vie dans ces camps (la faim, les poux, le froid, les travaux pénibles et dangereux, la mort) mais ses descriptions longues et poétiques favorisent l'optimisme;

Même la faim omniprésente est personnifiée en ange.

Léo est un être courageux. Il se remémore sans cesse la phrase de sa grand-mère "Tu reviendras". Son seul sentiment négatif naît lorsqu'il apprend la naissance de son frère, jaloux que sa mère lui ait substitué un fils.

Quand il est enfin libéré, on comprend toute la difficulté de la réinsertion. Il est difficile de retrouver une vie normale, d'avoir un rapport sain avec la nourriture. Une autre phrase le hante alors "J'y ai été".

Je souhaitais découvrir cette auteure, à la suite de son Prix Nobel et je suis ravie d'avoir lu cette finesse d'écriture, ce style poétique et onirique, cette bascule fragile entre la réalité et l'espoir.
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La convocation

Poésie et prose : paysages de l'abandon, oppression, peur, trahison, répression, humiliation, absurdité (Alfu-securitate, le cahier offert au gardien).

Il s'agit donc d'un texte noir, d'espaces clos.

Trois récits : des souvenirs biographiques, l'interrogatoire, la vie avec Paul brisé par le système (fuir mais la fuite par l'alcool est destructrice).

Toutes les qualités humaines sont gommées. Les sentiments sont corrompus (inceste - "chair fraîche"...), c'est ce qui me fappe le plus, nous sommes au degré zéro de l'espoir.

Il y a intemporalité qui, plus loin que la Roumanie de l'époque, instaure un chant contre toute dictature.

Il y a aussi la mer et son au-delà rêvé : vers quel autre?

Le style est froid, pas de gémissements, pas de pleurs, un constat glacial de la richesse maléfique de l'homme. Cette volonté d'écriture ne la rend pas toujours aisée, il faut sentir et s'installer dans le rythme voulu pour dépasser cette froideur et tenter de comprendre.
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La bascule du souffle

1945 en Roumanie, le général soviétique Vinogradov obtient du gouvernement que tous les Allemands vivant en Roumanie soient déportés en Russie pour la reconstruction de l’Union Soviétique, et c’est l’horreur qui attend les victimes de cet arrangement. La faim, la crasse, les poux, le froid, le travail inhumain sans aucune protection vont faire d’innombrables victimes. Beaucoup ne reviendront pas de ces camps de la mort et parmi les autres beaucoup auront perdu la raison. Les mots choisis par l’auteure, sa façon de raconter un conte cruel en animant les objets, en transformant les sentiments en odeur, donnent à ce livre une profondeur stupéfiante qui nous plonge dans la réalité d’une folie inévitable. Eblouissant et terrifiant. M.B.
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