Hervé Jaouen

 Rien ne vaut une mère quand il s’agit de prendre conseil.

La victoire des tyrans est complète lorsqu’on en vient à mépriser leurs victimes, à penser qu’elles n’ont pas su se défendre et que par conséquent elles méritaient leur sort.

La plus grande erreur qu’une armée puisse commettre en se battant contre des partisans est de leur donner des héros à glorifier.

 Un mauvais chrétien pense à la pêche pendant qu’il est à la messe. Un bon chrétien pense à Dieu pendant qu’il est à la pêche.

On ne s’abaisse pas à chercher le coupable ou à s’assurer les services d’un mouchard qui le désignerait. Tous coupables !

On ne sursaute pas quand on est déjà stupéfié.

Si nous partons ces gens-là retourneront à l’état sauvage.L' Irlande redeviendra la jungle qu’elle était avant que nous la défrichions. Les Irlandais redeviendront des bêtes qui partageront leur lit avec les porcs. Voilà pourquoi nous sommes obligés de rester.

En se livrant aux Anglais dont il admirait en secret les mœurs, Napoléon espérait finir doucettement ses jours dans le confort d’un manoir du Kent ou du Devonshire. On lui destina bien mieux ; une île entière, en lui assurant qu’il y jouirait d’un climat sain et de la sympathie de la population locale. Ce fut Sainte-Hélène, sinistre prison maritime.

Pour les Irlandais, aux yeux aveuglés par les sanies, il n’y avait pas d’autre vermine que les puces et les poux qui leur suçaient le sang. Et pourtant, de toutes les vermines la pire était celle qui paradait sur les quais de Westport en bottes luisantes, redingote brossée et jabot de dentelle. Elle se prenait pour saint Patrick et jetait les descendants du prophète celte sous les crocs de l’Atlantique.

La loi, la persuasion et la force, donc, pour vider l’Irlande de ses habitants. Mais à cette trinité de la duplicité il faut ajouter un quatrième instrument de nettoyage ethnique : l’émigration assistée.

Un baiser n’a jamais tué personne. À part le baiser de Judas à Jésus…

La plupart des folies ne sont que de banales sottises.

Les Anglais ont dépouillé notre pays de tous ses arbres pour construire leurs bateaux de guerre et de commerce, ils ont pris soin d’en laisser autour de chez eux et d’en planter de plus exotiques rapportés de leurs autres colonies, les lointaines, en Afrique et en Asie. L’arbre est le symbole de leur richesse et la terre déboisée celui de notre pauvreté. 

 Tu seras mon bâton de marche et je serai ta béquille. Ta main sera mon bras mort et je serai tes yeux grands ouverts. Nous ne serons qu’une seule et même pensée. Ensemble nous allons créer un monde nouveau !

Une Irlandaise et un Anglais, par les temps qui courent, ce serait une union contre nature.

Le comble de la richesse et de l’altérité, c’était cela, oser avoir sous ses yeux une peinture aussi laide, aussi effrayante, et y éprouver du plaisir.

Il y a de pires humiliations pour un peuple qu’une armée d’occupation ignore la beauté de ses filles.

La famine, c’est quand il n’y a rien à manger ! Or l’Irlande regorge de blé, de lait, d’œufs, de moutons, de bœufs, de poisson, de gibier ! Les maîtres s’en repaissent, les Irlandais meurent de faim et non pas de famine…

 Notre peuple ressemble à ces bons sauvages dans les livres que madame Bowers me donnait à lire. Ils sourient quand on les frappe, remercient quand on les tue.

Les financiers et les marchands ont mis à profit la famine pour embaucher à bon compte.