AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Hervé Jaouen (275)


Pour construire un solide mur en pierre aussi agréable à regarder du côté rue que du côté jardin, le maçon élève deux murs parallèles de moellons qu'il choisit, taille, assemble. Entre les deux, pour ne pas gâcher de beaux cailloux, il comble le vide de ciment, de déchets de taille, de graviers, de gravats, un mélange hétéroclite auquel s'adossent les deux parois du mur. Sans ce mortier grossier, le mur ne tiendrait pas.

Cette moelle épinière, c'est l'amalgame de tous nos décombres: porcelaine brisée de nos amours de jeunesse, éclats de faïence de nos illusions fêlées. Les belles pierres de taille: nos personnalités successives.

Peu importe la nature du mortier: qu'il contienne de la porcelaine anglaise et de faïence de Gien ou de méchants gravats et des tessons de bouteilles, personne ne le saura, sauf celui qui s'est construit de chaque côté, soutenu par le magma.
Commenter  J’apprécie          230
— Mourir n'est rien, c'est tout abandonner qui est désolant.
Commenter  J’apprécie          220
C'était la Bretagne et seule cette province leur semblait capable de rivaliser avec la beauté sauvage de leurs îles.
Commenter  J’apprécie          190
Les plaisirs de la plage...

Cependant que la comtesse Hortense de Penarbily servait le thé à Lady Woodford , monsieur le vicomte Gonzague lutinait la délicieuse miss Lisbeth à l'intérieur de la cabine de bain que le cheval du domaine mené par l'homme de peine , avait roulée sur la grève à l'étale de basse mer , dans l'alignement de la terrasse où les deux dames étaient assises , protégées du soleil par des capelines de paille avachies qui donnaient au rite du five o'clock le côté relax d'un pique- nique champêtre improvisé entre personnes de bonne compagnie.
Commenter  J’apprécie          180
J'ai enfin conçu mon Irlande comme un ensemble, un Grand Tout auquel j'appartiendrais à jamais, et non pas comme le puzzle de clichés dont j'avais assemblé quelques pièces éparses - et il y avait de quoi rire: les pubs, la musique, les tourbières, et les autres clichés. Tout cela n'était que rapiéçages sur le manteau des idées reçues. L'Irlande, c'était plus que tout cela: une aura dont la Providence enveloppe les élus.
Commenter  J’apprécie          170
L'Alpha-Roméo, un coupé GTV, ne pouvait qu'appartenir au couple, à ma droite. La mémère au chie-ouah-ouah, pas si mémère que ça d'ailleurs mais c'était à cause du chien, une petite quarantaine bien conservée, un corps de sportive ; et son mâle, délicatement hâlé, droit comme un manche à balai, stylé et binoclard, genre énarque chef de cabinet, futur ministre centre-droit. Ces deux là, je les ai baptisés Alfa et Roméo. Ça tombait sous le sens
Commenter  J’apprécie          161
Il y a des combats qu'on perd avec plaisir parce que la défaite vous libère de l'obsession du défi.
Commenter  J’apprécie          150
Du plus loin qu’il se souvînt, l’angoisse était présente, changeante, protéiforme – parfois colombe apprivoisée qui se niche au creux de la poitrine et respire faiblement ; tantôt cafard qui ronge, lime ses pattes les unes contre les autres, écrivant une musique aux aigus métalliques ; souvent fleur vénéneuse éclose le soir et fanée au matin ; toujours livre impénétrable dont les pages de papier bible s’envolent au moindre souffle et desquelles s’échappent, ainsi que des moucherons, des hiéroglyphes en grappes, angoisses illisibles.

Oui, du plus loin qu’il se souvînt, il avait craint que ces angoisses des matins et des soirs ne se réunissent un jour jusqu’à former une boule qui l’étoufferait.
Commenter  J’apprécie          140
Il descendit de voiture et urina longuement contre la pierre, la tête et le jet bien droits, l'outil tenu d'une main gauche à demi fermée en conque et la main droite à la hanche. Cette posture de fierté mictionnelle, digne de l'attitude altière d'un général face au champ de bataille, à elle seule dénonçait l'apache des boulevards, maquereau à la petite semaine et faiseur d'embrouilles à toute heure.
Commenter  J’apprécie          130
A cause des rois de France, de Saint Louis, peut-être.
Je trouvais que c'était joli et classique, Louis.
Que ça annonçait un joli destin.Un Louis ne pourrait que sortir de la mouise de Menglazeg, tandis qu'un Eddy ou un Johnny ou un Dick, ça sonnait vieux loubard et mec ringard plombé à la dope et voué à l'éternel chômedu.
Commenter  J’apprécie          130
Le kog ha yar pinça la bouche, se tassa sur lui-même et pour une fois, pour l'ultime fois, il ne répondit rien. Des larmes coulèrent sur ses joues.
Sa figure faisait peine à voir, et tout à coup une évidence frappa Martial: le kog ha yar était devenu ce qu'il était sans doute depuis des années, mais que l'habitude ne lui avait pas permis de remarquer.
Sa part femelle avait pris le dessus, avec l'âge.
Il n'était plus qu'une vieille femme bouffie, grasse et fessue, aux jambes gonflées de varices, qui voulait le retenir en versant des larmes de maîtresse délaissée.
Commenter  J’apprécie          130
Oui, Édith l'était, fleur bleue, et c'est comme ça qu'elle aurait voulu que je l'aime.
Au début, je l'avais aimée de cette manière.
Et puis la vie nous avait élimés, croqués, digérés, déféqués.
Commenter  J’apprécie          120
Dans son grand âge, Jabel, devenue Jabel gozh, aimerait répéter : « Napoléon et moi on a été battus à Waterloo, lui par les autrichiens, moi par les curés », ce qui la faisait rire en claquant du dentier.
Commenter  J’apprécie          120
Naïg songea que ce sourire du soir était molletonné comme une chemise de nuit d'hiver, doux à regarder, tendre à recevoir et ô combien soyeux, ce joli sourire papillon de nuit, à vous donner envie de vous glisser sous ses ailes et de vous endormir en rêvant déjà.
Commenter  J’apprécie          110
De l'annexe il fit sa résidence principale. L'endroit était austère, il l'agrémenta de sa propre sévérité.
Commenter  J’apprécie          110
Ils appartenaient à la marine en blanc, qui ne quitte pas le navire, et non pas à la marine en kaki, qui descend se battre à terre. On les imaginait vêtus de leur bel uniforme immaculé, à bord d'un aviso invulnérable, remontant des fleuves jaunes sous des ciels flamboyants, et peut-être un matelot chantait-il, accompagné par la douce musique de l'eau sur la coque, "La chanson de ma vie", écrite au début du siècle par Jos ar Saoz, un gars d'Ergué-Gabéric engagé dans la Royale.
Yaouank c'hoazh me oa kuitaet va bro gozh
Breizh-Izel,
Evit mont da c'hounez ma bouede-barzh ar broioù pell.
Da Saïgon en Indochin digentañ e oan bet,
Goude oan deuet d'an Afrik da vro an Arabed.
"Jeune encore, j'ai quitté mon vieux pays de Basse-Bretagne. Pour gagner mon pain dans de lointaines contrées. D'abord j'ai été à Saïgon, en Indochine. Et ensuite je suis allé en Afrique, au pays des Arabes."
Commenter  J’apprécie          110
(...) le problème de Mamie n'est pas que sa mémoire s'en aille mais plutôt qu'elle déborde, par moments. Certains souvenirs très forts encombrent sa tête, s'entrechoquent comme des boules de billard et provoquent des crashs. (p. 94)
Commenter  J’apprécie          110
À l'origine de la ferme des Goasdoué de Roz-Kelenn, il y eut une maîtresse femme, restée dans les mémoires sous le nom de Jabel gozh - la vieille Isabelle -, comme si elle n'avait jamais eu de jeunesse. Il faut dire que de son enfance les gens connaissaient seulement ce qu'elle avait pu raconter : une rescapée de la misère ne parle pas à tort et à travers, même à l'âge où les anciens arrangent les histoires à leur façon.
Commenter  J’apprécie          100
La peur de ressusciter le passé d'un mot de trop suspendait leurs dialogues. Ils bouclaient les paroles dans la penderie du non-dit mais cela n'empêchait pas les mites des pensées de s'échapper par-dessous la porte et de voleter entre eux, au milieu de leur silence.
Commenter  J’apprécie          100
L'homme était assez chaud pour passer à l'acte, mais comment le pousser au crime ? Il ne fallait pas le pousser... Fallait juste poursuivre le travail de suggestion. Inconvénient : le succès n'était pas garanti. Dans une quinzaine, un mois tout au plus, ce serait trop tard. L'ordre rétabli, le meurtre prétendument épuratif, crime parfait en l'occurrence, deviendrait impossible.
Commenter  J’apprécie          80



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Hervé Jaouen (898)Voir plus

Quiz Voir plus

L'ordinatueur est-il un tueur ?

Quel est le véritable prénom de Logicielle ?

Laura-Gisèle
Laure-Gisèle
Laure-Gisale
Laure-Gisèla

10 questions
147 lecteurs ont répondu
Thème : Les enquêtes de Logicielle, tome 2 : L'ordinatueur de Christian GrenierCréer un quiz sur cet auteur

{* *}