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Citations de Hye-Young Pyun (66)


C’est seulement alors qu’Ogui se rend compte qu’il est revenu à la réalité, non pas celle de sa chambre d’hôpital trop éclairée où une infirmière prend gentiment soin de lui et où un docteur l’encourage démesurément à chaque fois qu’il cligne des yeux, mais celle du vrai monde, là où les gens se bousculent, parlent haut et fort, attendent en faisant la queue, se jettent des regards à la dérobée, le monde dans lequel il ne pourra vivre qu’en faisant preuve de beaucoup de volonté, comme le lui a dit le docteur.
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Le médecin lui soulève successivement les deux paupières. Il le palpe ensuite un peu partout. Ogui n’éprouve toujours aucune sensation. L’homme examine tour à tour son patient et les différentes données qu’affichent les appareils fixés à son chevet, les note dans le dossier d’Ogui et souffle à voix basse des consignes à l’infirmière.

– Bravo, cher Monsieur, vous avez accompli un travail extraordinaire. Je vous laisse reprendre des forces, d’accord ? C’est maintenant que commence la vraie bataille, et votre volonté va jouer un rôle déterminant là-dedans. Nous avons davantage besoin de votre volonté que de la médecine. Je peux beaucoup pour vous. Je ferai au mieux. Mais pas autant que vous, Monsieur, vous comprenez ? Le médecin a son rôle à jouer, mais c’est vous qui allez devoir fournir le plus d’efforts. Nous allons commencer par quelques examens, pour lesquels nous devons vous installer dans une autre chambre. Ça vous va ? Si vous êtes d’accord, clignez une fois de l’œil.

Ogui lui obéit à nouveau.

– Très bien. Parfait. Je repasse tout à l’heure.
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Il regarde le plafond et voit des plaques de plâtre et des tubes fluorescents bien alignés, tous allumés. Il doit s’agir d’un hôpital, c’est le seul endroit qui nécessite autant de lumière.

Il tente péniblement de tourner la tête. Il parvient à imprimer un mouvement à ses pupilles.
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Il avait trop vieilli pour que l’idée d’avoir une nouvelle vie l’intéresse encore. Il avait un âge où l’on préfère que le futur ne soit pas fait de nouveauté. Il n’avait pas encore soixante ans mais pensait parfois qu’il n’avait rien à faire qu’à attendre la mort.
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Les trois hommes étaient restes muets. Ils n'avaient rien dit. Ni qu'ils le feraient, ni qu'ils ne le feraient pas. Mais ils savaient bien qu'ils finiraient par obéir à Jin. Car en ce monde, il y a les choses qu'on promet ou auxquelles on croit, il y a nos convictions ou nos principes, et puis il y a les choix qu'on fait à un moment donné, du mieux qu'on peut. Il faut parfois savoir renoncer à ses principes et se compromettre moralement. Cela, ils le savaient. Ils étaient trop vieux pour quitter le bourg et n'avaient aucune envie d'assumer les conséquences des activités illégales qu'ils avaient exercées autrefois. IIs n'avaient ni la volonté ni la capacité de s'acquit- ter de leur dette envers Jin. Qu'un seul d'entre eux décide de partir ou de ne pas faire comme les autres, et tout ce qu'ils avaient fait ensemble serait réduit à néant. Déserter, ne pas être solidaire du choix des autres, c'était les trahir.
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Ceux qui assistaient à la messe se sont retournés pour voir notre entrée.
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Sa fenêtre a disparu derrière un rideau de feuilles vertes. Les quelques tiges que sa belle-mère a enroulées autour des barreaux ont envahi l'ouverture en un rien de temps. Ogui ne voit rien d'autre que cet écran vert. Quand le vent secoue les feuilles, il entraperçoit vaguement le jardin.
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Ogui connait très bien son corps : fidèle compagnon, il l'a accompagné depuis toutes ces années sans jamais lui avoir fait défaut. Ce qui n'est pas le cas de son esprit et de son cœur, deux identités qui ne le respectent pas, n'en font qu'à leur tête et se fichent de ce qu'il veut.
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Ogui ouvre lentement les yeux. Tout est blanchâtre autour de lui. Une lumière l’éblouit. Il ferme les yeux et les rouvre. Ça lui coûte un peu. Il est rassuré, il sent qu’il est en vie. Son éblouissement et la difficulté physique qu’il éprouve à remuer les paupières en sont la preuve.
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n-su n’aimait pas les self-made men. Ces gens-là sont bouffis de fierté, pensait-il. Ils ont gagné par eux-mêmes le moindre sou qu’ils possèdent, ils sont convaincus qu’en ce monde, on n’obtient rien sans effort, s’exaspèrent à voir les autres ignorer ce qu’ils tiennent pour une évidence et s’efforcent de les corriger chaque fois qu’ils le peuvent. Ils sont mesquins et habiles, laissent difficilement filer ce qui leur est tombé entre les mains. Enivrés de leur propre succès, ils méprisent ceux qu’ils jugent comme des perdants, des incapables, et ceux qui ne savent pas mettre à profit leur talent. Ils ne reconnaissent jamais que la vie leur a souri, ils ne retiennent que les efforts qu’ils ont dû fournir et, avec l’air d’avoir déjà connu tous les tourments possibles, ils regardent de haut le malheur des autres, ne prenant jamais la peine de faire un geste de compassion ou de prononcer un mot de consolation.
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L’odeur du sang me réveille. Comme si tout mon corps l’absorbait, pas seulement mes narines. L’odeur rebondit et enfle en moi comme un son lancé dans un long tube. Derrière mes rétines flottent d’étranges images.
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Une ombre aussi massive qu’une falaise s’est approchée de mon front, interrogeant ma mère d’une voix anxieuse. Son visage était à contre-jour, je ne le voyais pas bien mais j’ai pensé que c’était mon père. C’était sûrement lui car ma mère a crié : « Appelle-les, vite. » J’ai vu une autre ombre, plus fine, qui se tenait à côté d’eux. Sans doute celle de mon frère. Derrière ses épaules, les nuages couraient comme les flammes dans un champ. Des étourneaux chantaient au loin. Le soleil brillait, œil rouge vif au centre du ciel qui s’assombrissait.
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J’ai senti mes pieds quitter le sol. Tout à coup, le monde s’est renversé. Et je me suis effondré.
« Yujin. »
Dans ma tête embrumée a résonné le cri aigu de ma mère.
« Ouvre les yeux. Yujin, ouvre les yeux. »
Avec peine j’ai soulevé mes paupières de plomb.
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J’étais un bébé crapaud qui traversait une autoroute à huit voies sous le soleil brûlant de l’été. Le chant des étourneaux se répétait indéfiniment, plongeant mes oreilles dans un profond vertige.
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Il m’observait. Avec l’expression de celui qui console un chiot apeuré. Mon enfant, n’aie pas peur.
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« Qu’est-ce qui t’arrive ? » m’a-t-il chuchoté. Pour toute réponse, j’ai fait un pas de plus. Au sein de ce chaos, mon regard s’est tourné vers les places réservées aux familles. Les yeux écarquillés de ma mère étaient fixés sur moi. Des yeux qui me demandaient la même chose que mon frère. Qu’est-ce qui t’arrive ?
J’ai baissé la tête. Je ne pouvais tout de même pas lui dire : Si tu me promets que je ne suis pas obligé d’être baptisé, je veux bien m’écrouler maintenant.
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Nous venions à peine de faire notre entrée que des symptômes inhabituels sont apparus. Au bout de quatre ou cinq pas, j’ai été saisi de frissons ; avant d’être à mi-chemin, tout mon corps tremblait ; à trois ou quatre pas de l’autel, je ne sentais plus mes jambes.
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Pendant ce temps, la cérémonie des premières communions n’allait pas m’attendre. Cela signifiait que je resterais à la traîne et que j’aurais tout à reprendre tout seul, le catéchisme, les lectures de la Bible, les messes à l’aurore et les examens. Cela signifiait recommencer toute la formation six mois durant. Et ce n’était pas tout. Je perdrais ma place à côté de mon frère, une place que j’avais durement gagnée. La ligne d’arrivée était à ma portée, j’avais franchi tous les obstacles, il n’était pas question d’abandonner pour une simple inflammation des amygdales.
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Sur le chemin de l’église, dans la voiture, la fièvre s’était déclarée. Je pressentais une inflammation des amygdales mais je n’avais rien osé dire à ma mère. Au contraire, je m’étais efforcé de feindre une mine normale. Si ma mère se rendait compte de mon état, sûr que je n’y gagnerais rien. Ce serait un demi-tour direct vers l’hôpital. Et la suite, je la voyais d’ici pour l’avoir expérimentée déjà à diverses reprises : radios des bronches, piqûres et prises de sang à n’en plus finir. Je risquais même de me retrouver au lit quelques heures avec une perfusion.
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Au réveil, ma gorge était tout enflée et avaler une simple gorgée d’eau était très douloureux.
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