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Citations de Hye-Young Pyun (66)


Ogui ouvre lentement les yeux. Tout est blanchâtre autour de lui. Une lumière l’éblouit. Il ferme les yeux et les rouvre. Ça lui coûte un peu. Il est rassuré, il sent qu’il est en vie. Son éblouissement et la difficulté physique qu’il éprouve à remuer les paupières en sont la preuve.
(Incipit)
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Tous avaient eu la même curiosité et le même avenir incertain. Tous avaient regretté d'avoir continué en master puis en doctorat et étaient souvent aller se saouler ensemble, résignés. Leur amitié avait prospéré parce qu'ils étaient sur un pied d'égalité : aucun n’entretenait la moindre once d'espoir.
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D'un autre côté, la complexité et le sérieux de sa belle-mère le mettait mal à l'aise. Si elle avait été un peu plus expansive et sociable, il aurait moins transpiré tout au long de ce repas.
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Sur la route forestière, le grand ciel bleu s'inclinait peu à peu devant la nuit. La colline glissait en silence dans l'obscurité, bleuissait lentement, s'assombrissait. In-su, qui descendait en direction du pavillon où il résidait, s'arrêta et se laissa absorber dans la contemplation de l'ombre imposante qui grandissait, envahissait le bourg peu à peu. En un instant, elle gagna la route, qu'elle avala, avec In-su.
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Pour An-nam, le bourg n'était pas le royaume de la forêt. Elle n'en était maîtresse que de jour. La nuit, c'était la ville de l'alcool. La nuit, les rues appartenaient aux magasins plongés dans le noir, aux enseignes allumées qui faisaient office de lampadaires, aux camions chargés de bois qui défilaient les uns derrière les autres comme des serpents, et aux hommes qui rentraient ivres en titubant.
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A l'époque, il trouvait adorable cette vanité puérile. Son amie savait ce qu'elle voulait faire et était persuadée que chacun de ses projets était profondément ancrée en elle. Mais elle ne parvenait jamais à ses fins. Heureusement, ça ne la déprimait pas, elle savait renoncer sans douleur.
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Tous les efforts déployés par les humains pour dératiser la planète se sont soldés jusqu'à présent par des échecs. Les hommes pourraient bien sûr utiliser des substances plus nocives, à condition de se protéger avec de monstrueux masques à gaz et de solides combinaisons étanches. Mais à force d'accroître la dangerosité des produits, ils finiraient par tuer leurs propres congénères avant même d'avoir anéanti la population des rats. Chaque fois que de nouvelles méthodes de dératisation sont développées, les experts se rendent compte que plus les hommes veulent se débarrasser des rats, plus ils se mettent eux-même en danger. infecter les rongeurs avec le virus de la rage ou le bacille de la peste s'avérait sans doute très efficace, sauf que les hommes seraient les premiers à en pâtir.
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T-K s'aperçoit que même les décharges peuvent offrir de beaux spectacles. Les flammes pourpres qui montent dans la brume matinale ou percent une nappe de gaz désinfectants recèlent autant de beauté qu’un coucher de soleil dans un soleil limpide. Au début, les ordures s'enflamment avec peine, mais au bout d'un moment elles flambent joyeusement en dégageant une fumée noire. Rien n'échappe au brasier. Rien n'échappe au braiser. Ni les déchets domestiques, ni les rats surpris en train de fourrager dans la décharge, ni les cadavres dont on s'est débarrassé discrètement, faute de place dans les morgues des hôpitaux – selon ce que prétend la rumeur – ni les corps des SDF contaminés par le virus et laissés pour morts – là aussi il s'agit de bruit qui court. D'où l'épaisse fumée. Quand l'ardeur du feu s'atténue, des flammèches s'élèvent et retombent au gré du vent ; des cendres grises virevoltent, tels des pétales de fleurs.
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- Vous entendez ? demande N° 8.
Sans répondre, T-K tourne la tête et tend l'oreille vers l'homme qui respire avec bruit.
- Il faut faire quelque chose, reprend N° 8.
Ensuite, tout ce que T-K arrive à saisir, c'est "si on ne se débarrasse pas de lui". Rien de plus. N° 8 parle à mi-voix et comme en plus il détourne souvent la tête d'un air inquiet, T-K ne peut lire sur les lèvres. Néanmoins, il en devine assez. L'homme veut sûrement dire que si on n'éloigne pas le malade, ils mourront tous.
- Il tousse sans arrêt, crache du sang et vomit, précise N° 8. J'ai vu son visage, il est tout rouge. Il doit avoir de la fièvre.
Il montre son livre à T-K et ajoute :
- J'ai lu là-dedans que la maladie commence par une élévation de la température corporelle. Ensuite, on a des ganglions aux aisselles, à l'aine et dans le cou, et la fièvre grimpe en flèche. Heureusement, moi, je n'ai présenté que le premier symptôme. Une fois que le virus a attaqué le système nerveux, on tombe dans un semi-coma et l'on est victime d'hallucinations. Pour finir, on crache du sang et tout le corps se couvre de pustules. On est pris de frissons et on meurt. Mais avant, le virus a eu le temps de se disperser comme du pollen.
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Lorsqu'il vit un liquide rouge sombre couler de sa tête et comprend que c'est du sang, le cri mêlé au bruit du véhicule lui revient à l'esprit, et il sait ce que c'était.
C'était le hululement d'un hibou.
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Alors qu'il extrait un morceau de tissu mouillé d'un tas de détritus, T-K dégage un objet dont la forme lui parait familière. Tout d'abord, il ne se rend pas compte qu'il s'agit d'une valise. Elle a perdu ses roues et fait désormais partie des poubelles. Elle est remplie de déchets nauséabonds de toutes sortes. En les extirpant un par un, T-K tombe sur un bout de viande en décomposition qui ressemble au cadavre d'un petit animal. Il ne s'en est pas plus tôt emparé qu'une multitude grouillante d'asticots lui grimpent sur la main. T-K souffle dessus pour s'en débarrasser. Dans la valise, il découvre également des sacs remplis de fruits et légumes pourris. L'odeur est écœurante. Il ne s'y est toujours pas habitué.
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Ces bruits et ces phrases sont perdus pour Sae-oh. Tout comme le sont son amour inconditionnel, son regard silencieux mais plein d’affection, son air grave empreint de responsabilité paternelle. La vie à laquelle ils appartenaient n’est plus là que pour rappeler à Sae-oh à quel point elle la regrette. À mesure que les jours passent et que le froid nocturne s’adoucit, elle pense de moins en moins à son père. Sauf, bien sûr, quand elle voit le trench-coat violet qu’elle a accroché au mur tel un tableau, ou quand elle croise dans la rue des hommes de l’âge de son père, quand elle se réveille le matin sans entendre le bruit des haltères, quand elle va se coucher sans souhaiter bonne nuit, quand elle sent l’odeur du porc mariné dans une sauce au piment, quand elle aperçoit un grand chien, quand ses yeux tombent, dans la rue, sur des chaussures dont le bout éraflé est arrondi, ou quand elle fait un tour dans les ruines calcinées du numéro 157. Autrement dit, à part le plus clair de son temps, elle ne pense pas à lui. Elle se porte relativement bien. Elle est parfois déconcertée de constater qu’elle continue à vivre après avoir perdu son père et sa maison.
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A cause de l'anxiété de sa mère, de son devoir d'humain, d'homme mature et responsable, il était parti à sa recherche. Il bouillait d'impatience de se trouver face à la vieille dame en larmes, folle d'inquiétude pour son aîné. Il la prendrait par les épaules et la secouerait, qu'elle soit dans une phase de délire ou non, et il lui dirait : J'ai tout fait pour le retrouver. Je suis même allé jusqu'à la forêt où il travaillait. Tu sais combien j'ai dépensé pour faire ce voyage, tu sais comment je me suis fait engueuler par mon patron pour ne pas être allé travailler, à cause de ça ? Veux-tu que je calcule combien ça va coûter ? Les honoraires se calculent à l'heure, c'est de cette façon qu'un avocat travaille, en général. Je peux dire que, pour un frère qui a été constamment battu et méprisé, j'en ai fait suffisamment. Ma seule faute est d'avoir occupé ton utérus après lui.
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Plus le secret est lourd, plus il a de chance d'être éventé.
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Il entend la porte de sa chambre s’ouvrir doucement. Quelqu’un entre sur la pointe des pieds. Ogui l’observe. La personne s’approche, elle porte un vêtement blanchâtre. Ogui continue à la fixer et voit soudain son corps s’étirer vers le haut. Stupéfait, il la voit désormais collée au plafond.

Elle descend alors lentement vers lui ; il ferme les yeux, les ferme très fort, décidé à ne plus jamais les rouvrir. C’est le seul moyen qu’il a de faire face à la peur. Ça ne peut pas être une illusion : il a clairement entendu la porte s’ouvrir. Et puis la personne qui approche son visage du sien a une odeur familière.

L’odeur de sa femme.
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Mais parfois, son propre succès ne suffit pas. L’échec d’un membre de son entourage rassure davantage.
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Il aurait dû davantage s’intéresser à elle. Mais ce ne fut que plus tard, alors qu’il se trouvait dans la voiture pour leur dernier voyage, qu’il le regretta. Leur relation s’était tellement distendue qu’elle ne pouvait s’adresser à lui autrement, mais il ne s’en rendit compte que trop tard. On s’aperçoit toujours trop tard de ce qui ne va pas.
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Chaque nuit, il prie avant de s'endormir. Il prie pour la fin du monde, pour qu'il arrête de respirer à cause d'un médicament auquel il serait soudain allergique ou pour une dégradation radicale de son état. Bien sûr, même s'il prie, il sait pertinemment ce qui va se passer le lendemain. Le soleil se lèvera tandis que lui se réveillera. Le monde continuera à tourner comme si de rien n'était et se moquera complètement de son absence. Il commencera la journée de la même manière que d'habitude, sur son lit, en expirant la mauvaise haleine qu'il a accumulée dans sa bouche toute la nuit.
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Il détestait par-dessus tout que sa femme lui parle le langage des fleurs. Pour lui, tout ça n’avait aucun sens, un peu comme les horoscopes (…)
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Il est désormais l’heure pour l’obscurité de se secouer de d’accroître la densité de la nuit.
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