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Citations de Ian McGuire (57)


l a sous-entendu que le poste de médecin sur un baleinier était un point de détail, une exigence juridique à satisfaire, mais qu’en pratique il n’y a qu’à se tourner les pouces, d’où le salaire dérisoire, bien sûr. Donc oui, se dit-il, il pourra lire et écrire, il pourra dormir, faire la conversation avec le capitaine quand nécessaire. Dans l’ensemble, ce sera un moment paisible, peut-être légèrement ennuyeux, mais Dieu sait qu’il a besoin de ça après la folie de l’Inde : la chaleur à crever, la barbarie, la puanteur. Il ne sait pas à quoi ressemblera la pêche au Groenland, mais ce sera sûrement différent.
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Aux petites heures de la matinée, alors que les rafales de vent déferlent encore du nord, sous un ciel lumineux et sans étoiles, taché de mauve et de violet, un grand coin du quai se fracture sous la pression de la glace accumulée, et le segment brisé est précipité contre l'étambot du Volunteer, propulsant le navire en avant et sur le côté. La proue s'encastre dans l'autre extrémité du quai et, avec un gémissement terrible du bois qui ploie et se fend, le bateau se retrouve cruellement coincé entre la glace terrestre et la banquise en mouvement.
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Ils avancent toujours,l'homme et l'animal unis pour une procession primitive, à travers un paysage si écrasé et si inégal qu'il pourrait avoir été construit par un idiot à partir des fragments brisés d'un monde auparavant intact.
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Ce sont toujours les morts qui commandent. Chaque pas est un pas vers de plus vers eux, chaque courbe fait partie du même cercle, et ce que nous appelons amour ou espoir n'est qu'un interlude, un moyen d'oublier que nous ne sommes pas éternels.
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- C'est vraiment con comme façon de mourir, dit-il à Otto. Quand un type a un fusil chargé, on ne se jette pas dessus avec une douve à tonneau. C'est juste du bon sens.
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Si vos idées étaient en or avec la tête de la reine dessus, je m'y intéresserais peut-être, mais comme elles ne le sont pas, vous ne serez pas trop offensés, j'espère, si je m'en contrefous purement et simplement.
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Il y a des hommes que la mort affaiblit, des hommes forts qu’elle amollit, mais ça ne peut être mon cas, se dit-il. Pas maintenant.
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Les mots sont tout ce que nous avons. Si nous y renonçons, nous ne sommes plus que des bêtes.
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Ian McGuire
[...] L’iceberg se déplace à la vitesse d’un homme qui marche d’un bon pas et, sur son passage, il racle la banquise et recrache des radeaux de glace de la taille d’une maison, comme des copeaux tombant des mâchoires d’un tour. La banquise tremble sous les pieds de Sumner.
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Il observe une des femmes qui fait chauffer sur la lampe une casserole en métal pleine de sang de phoque. Quand le sang fume, elle la retire de la flamme et la fait circuler. Chacun boit, puis fait passer. Ce n’est ni un rite ni un rituel, comprend Sumner, c’est simplement leur façon de s’alimenter. Quand la casserole lui parvient, il la refuse ; comme ils insistent, il la prend, renifle, puis la tend à son voisin de droite. Ils lui proposent un morceau de foie cru, qu’il refuse également. Il se rend compte qu’il les offense, il remarque les lueurs de tristesse et de confusion dans leurs yeux, et se demande s’il serait plus simple, préférable, de leur faire plaisir. Quand la casserole revient à lui, il accepte et boit.
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Il fait demi-tour et repart vers la taverne. A cette heure de la matinée, le bar est presque désert. Un feu brûle faiblement dans l'âtre, une odeur de friture plane dans l'air. IL plonge la main dans sa poche, mais n'y trouve que des miettes de pain, un canif et une pièce d'un demi-penny.
- Un rhum, dit-il.
Il pousse son unique pièce sur le comptoir. Le barman examine le demi-penny, puis secoue la tête.
- Je pars demain à bord du Volunteer, explique-t-il. Je te laisserai une promesse de paiement.
Le barman renifle.
- Est-ce que j'ai une tête d’imbécile ? dit-il.
L'homme hausse les épaules et prend le temps de réfléchir.
- Pile ou face, alors. Mon bon couteau contre une rasade de rhum.
Il pose le canif, le barman s'en empare et l'examine avec soin. Il déplie la lame et la teste contre le gras de son pouce.
- Oui, ça c'est un beau couteau, dit l'homme. Il m'a encore jamais lâché.
Le barman tire un shilling de sa poche et le montre. Il lance la pièce et la plaque brutalement sur le comptoir. Tous deux regardent. Le barman hoche la tête, prend le couteau et le range dans la poche de son gilet.
- Maintenant va te faire foutre, dit-il.
L'homme ne change pas de visage. Il ne manifeste aucun signe de colère ou de surprise. C'est comme si la perte du couteau s'inscrivait dans un plan plus vaste et plus complexe dont lui seul est informé. Après un moment, il se penche, enlève ses bottes de marin et les pose côte à côte sur le comptoir.
- On recommence, dit-il.
Le barman lève les yeux au ciel et se détourne.
- J'en veux pas, de tes putains de bottes, repete le barman.
- T'as mon couteau, réplique l'homme. Tu peux plus reculer.
- J'ai pas besoin de putains de bottes, répète le barman.
- Tu peux plus reculer.
- Je fais ce que je veux, merde !
Appuyé à l'autre bout du comptoir, un Shetlandais les observe. Il porte un bonnet de laine et une culotte en toile incrustée de crasse. Il a les yeux rouges et baladeurs d'un ivrognes.
- Moi je vais t'offrir à boire, dit-il, pourvu que tu la boucles.
L'homme le regarde. Il s'est deja battu avec des Shetlandais, à Lerwick et à Peterhead. Ils ne sont pas très doués pour la bagarre, mais ils sont têtus et on a du mal à en finir avec eux. Celui-ci a dans sa ceinture un couteau à dépecer les baleines tout rouillé et arbore un air bravache et maussade. Après un bref silence, l'homme hoche la tête.
- C'est pas de refus, dit-il. J'ai passé la nuit aux putes et j'ai le gosier sec.
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Alors que le policier s'affaisse en gémissant sur le trottoir, Doyle appuie la gueule encore fumante du pistolet sur le front de O'Connor. Des ombres torsadées tournoient autour d'eux, guirlande de brouillard qui festonné l'air immobile de la nuit. Voilà la mort, songe t il.
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Le seul livre qu’ils ont est la bible d’Otto, que Sumner refuse de lire. Il ne peut en tolérer les certitudes, la rhétorique, l’espoir bien trop facile. Il préfère se réciter ‘L’Iliade’ en silence.
p. 235
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Des nuages de plomb et d'étain masquent la pleine lune, on entend le vacarme de roues cerclées de fer, le couinement puéril d'un chat en chaleur.
Drax accomplit les gestes : les actes s' enchainent,précis et sans passion,comme une machine,mais sans rien de mécanique. Il s'accroche au monde comme un chien mord dans un os : rien pour lui n'est obscur, rien 'est distinct de ses appétits voraces et moroses. Ce qu'était le petit Nègre a maintenant disparu. Il ne reste rien de lui, et autre chose est apparu à sa place, quelque chose d'entièrement différent. Cette cour est devenu le théâtre d'une magie abjecte,de métamorphoses sanglantes, dont Henry Drax est le chorégraphe fou et impie.
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-Pourquoi avez vous choisi de devenir chirurgien Mr Sumner ? Un irlandais comme vous. Ça m'intrigue.
- Parce que je voulais avancer. M'élever au dessus de mes origines.
- Vous vouliez avancer,mais maintenant vous êtes sur un baleinier du Yorkshire,à vous faire du tracas pour les mousses. Je me demande ce qu'est devenu toute votre belle ambition.
Sumner ferme la serrure du coffre à pharmacie il glisse la clef dans sa poche et se regarde rapidement dans le miroir. Il paraît beaucoup plus que ses 27 ans. Son front est creusé par les rides,il y a des poches sombres sous ses yeux.
- J'ai simplifié mes objectifs Mr Drax.
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Doyle se rencogne dans l'angle du cab et ferme les yeux. Il ne craint pas ce qui risque d'arriver cette nuit. La guerre lui a appris qu'il est vain d'espérer ou de s'alarmer : le chaos est au coeur de toute chose, noir insondable, et le mieux que l'on puisse faire, c'est de lui donner forme humaine et de s'y tenir. Dans le feu de l'action, l'esprit se vide, on oublie qui ont est. Voilà la vraie raison, la raison profonde de son engagement : il ne se bat pas pour une cause, ni pour la gloire, mais pour ces instants, brefs ou interminables où, lui, Stephen Doyle, au mépris du danger, s'adapte à la mesure d'un monde cruel.
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Stevens était un brave homme, travailleur, loyal, obéissant, mais il existe des gens incontrôlables. C’est la simple vérité. Ils sont trop pervers, trop bêtes. Ils n’exécutent pas les ordres, ils refusent de se laisser gouverner. Un homme comme Henry Drax, par exemple, est un grave danger pour tous ceux qui l’entourent ; il n’a aucune conception du bien commun ; il ne connaît d’autre maître que lui-même et ses vils penchants. Quand un homme comme moi, un homme honnête, un homme d’affaires, de bon sens, découvre qu’il a parmi ses employés un salopard aussi dangereux et ingouvernable, la seule question est : comment puis-je au mieux me débarrasser de lui avant qu’il me détruise, moi et tout ce pour quoi je travaille ?
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Dans ce genre d’occasion, quand il a soif et qu’il a assez d’argent, il boit pendant une semaine sans s’arrêter pour respirer. Deux ou trois bouteilles par jour. Davantage. Ce n’est pas une question de besoin ou de plaisir, de vouloir ou de ne pas vouloir. La soif le pousse en avant, aveuglément, sans heurts. Ce soir il va tuer, mais ce n’est pas sa priorité. La soif est bien plus profonde que la rage. La rage est vive et brève,mais la soif dure. La rage a toujours une fin, une conclusion sanglante, mais la soif est sans fond, sans limite.
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Les hommes dorment, fument, jouent aux cartes. Ils mangent leurs maigres rations, mais ne font aucun effort pour améliorer leur sort ou se préparer à l’hiver brutal. À mesure que la température chute et que les nuits s’allongent, ils brûlent du bois flotté, morceaux de l’épave du Hastings, et terminent les derniers sacs de charbon sauvés du Volunteer.
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Les questions les plus importantes sont celles auxquelles nous ne pouvons espérer répondre par des mots. Les mots sont comme des jouets : ils nous amusent et nous instruisent un temps, mais quand nous atteignons l’âge adulte, nous devrions y renoncer.
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