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Critiques de Iceberg Slim (45)
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Mama black widow

S'il y a bien un truc qui vous saute aux yeux et vous prend aux tripes – non , pas de Caen , merci - à la fermeture de ce bouquin , c'est que ce mec sait écrire ! Oh que oui ! La raison en est toute simple , ce milieu de l'amour et du désespoir tarifé , il l'a connu de tres pres ! Il en fut meme l'un de ses tristes acteurs...

En effet , Iceberg Slim (Robert Lee Maupin 1918 – 1992 ) fut , en son jeune temps , l'un des proxénetes les plus en vue des quartiers noirs de Chicago ! Une vingtaine d'années comme souteneur , ça vous pose une crédibilité ! Il ajoutera , la quarantaine passée , une nouvelle corde à son arc de mac' aux faux airs de Cupidon , celle d 'écrivain de grand talent malgré une mysoginie notoire .

L'excellent Mama Black Widow , biographie crue et sans concession d'un travesti noir , en constitue la preuve éclatante !



A la question : qui est Mama ? Elle est tout simplement l'antithese de la Mama de Génésis ! Vénale , sournoise , perfide , elle concourt , tout comme la veuve noire , à l'éradication pure et simple de son foyer , mari et gamins inclus dans le service apres-vente !

Otis Tilson se souvient...Il se remémore cette famille unie dans le Mississipi ! Un quotidien de dur labeur dans les champs de coton mais des valeurs qu'il croyait alors ancrées en eux à jamais : intégrité , probité , VTT – rayez la mention inutile . Mais pour sa gentille manman , l'appel des sirenes fut le plus fort ! Ni une , ni trois , le temps de plier bagage et les voilà désormais naufragés volontaires dans ce sordide ghetto de Chicago .

Otis se souvient de cette longue descente aux enfers qui en découla . De ce pasteur qui l'initia , contre son gré , à l'amour si particulier de son prochain . De ce questionnement douloureux qui en naquit alors : fromage ou dessert , mer ou montagne , filles ou garçons...

Otis se souvient des reves de grandeur de sa mere . De son indéracinable penchant pour l'argent et la réussite . Le bonheur n'a pas de prix dit-on...Pourtant , la famille Tilson va payer un lourd tribut sur l'autel de l'arrivisme forcené !



Sur fonds d'histoire familiale et personnelle , ce bouquin vous en colle une méchamment ! Quete identitaire , sexe , drogue et pas wok'n'woll , difficile de sortir indemne d'un tel environnement...

Alternant savamment tendresse et rudesse , cet ancien proxo qui , dit-on , avait coutume de battre ses gagneuses à l'aide d'un cintre torsadé , n'en demeure pas moins surprenant ! Il possede le don de souffler le chaud et le froid avec une maestria hallucinante , de jouer avec vos sentiments comme personne et de vous laisser scotché à la lecture d'un récit , somme toute classique , mais enlevé et maitrisé de bout en bout ! Une écriture tour à tour poetique et violente ! Véritable cri d'amour d'un fils pour sa mere tutélaire et castratrice qui , à force d'ambition démesurée , fit de son foyer un véritable chaos journalier !

De drames en désillusions , de tragédies en déconvenues , Slim vous balade , dans ce ghetto qu'il décrit formidablement , pour vous perdre définitivement au sein de cette famille frappée du sceau du malheur !



Mama Black Widow , un récit crépusculaire au venin contagieux...
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Pimp : Mémoires d'un maquereau

[Coup de cœur] Lorsque l’on commence à lire Pimp d’Iceberg Slim, on sent dès les premières phrases que l’on va sortir des sentiers battus. C’est la grosse claque comme Voyage au bout de la nuit ou American Psycho, Iceberg nous plonge avec violence dans les sordides bas fonds des cités.



Mais c’est aussi l’histoire d’un voyou beau, intelligent et érudit qui veut absolument réussir du coté obscur, devenir mac et avoir son écurie de prostituées, à cause d’un moment de bascule, cet instant que le personnage principal analyse très lucidement.



L’écriture crue d’Iceberg Slim décrit une société américaine très partagée entre le monde des blancs qui semble totalement inaccessible aux noirs. C’est aussi un roman qui laisse aussi l’espace au pardon et la rédemption.



A lire absolument.

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Pimp : Mémoires d'un maquereau

Robert Beck, jeune voyou débarqué de Milwaukee a l'ambition de devenir le plus grand souteneur des trottoirs de Chicago. Accroc au sexe, à la violence et à la cocaïne, Robert est un fauve sans états d'âmes qui deviendra une légende vivante : Iceberg Slim.

Mon humble avis : Attention livre culte pour plusieurs générations de rappeurs US qui ont fait d'Iceberg Slim un modèle et une référence dans la culture black américaine. L'auteur nous raconte son quotidien dans les rues de Chicago au milieu des années 30 et rien ne nous est épargné, l'auteur nous livre un témoignage cru, violent et sans aucune concession. Sim est un hâbleur, immoral, violent, manipulateur et cruel dont le seul objectif est de mettre les filles sur le trottoir. Pour atteindre cet objectif et façonner sa légende Iceberg devient au fil du roman un monstre assoiffé de pouvoir, d'argent et de sexe. Vous l'aurez compris ce livre n'est pas à mettre entre toutes les mains, le héros du roman n'inspire aucune empathie et le style est simple, direct et efficace. Beaucoup seront choqués par le propos mais il reste néanmoins un témoignage assez hallucinant sur les bas-fonds de Chicago et les conditions de survie de toute une communauté dans cette période troublée. Comme Scarface qui est devenu le film culte pour toute une génération, Pimp est un témoignage immoral et répugnant qui a pourtant touché toute une génération d'américains. Compliqué pour moi de donner un avis tant ce bouquin est un ovni littéraire, pourtant je dois avouer avoir été ' scotché ' par cette lecture et par la force qui se dégage de cette oeuvre. Slim est un salopard avec du style mais néanmoins un vrai salopard et les dernières pages narrant sa rédemption ne changeront rien à l'affaire. Pourtant son texte est fascinant et ,c'est mon humble avis, ne laissera personne indifférent.

J'achète ? : Oui sans hésiter pour l'expérience vécue mais aussi pour le style percutant employé par l'auteur.
Lien : http://francksbooks.wordpres..
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Trick baby

C’est alors qu’il est en prison, en train d’envisager sa reconversion dans un autre bizness que le proxénétisme, qu’Iceberg Slim rencontre White Folks, alias Trick Baby. Un grand gaillard, sosie d’Errol Flynn. Pourtant il ne faut pas se fier aux apparences, malgré sa peau blanche et ses yeux bleus, Johnny O’Brien-White Folks est né dans les années 20 d’une mère noire et d’un père blanc mariés. Ce dernier disparaît très rapidement du foyer et le petit Johnny grandit seul avec une mère dévorée par l’alcoolisme.

Iceberg Slim le connait de réputation. En équipe avec Blue Howard, ils forment la paire d'arnaqueurs la plus efficace de Chicago. Jusqu'au jour où ils s'attaquent involontairement à la mafia.

Iceberg Slim ne s’embarasse pas de fioritures, c’est l’expérience de la rue mise en mots de la façon la plus brute et directe qui soit. A travers un destin particulier situé avec précision dans son contexte socio-historique, nous avons ici le récit d’un apprentissage du métier d’arnaqueur.

Trick Baby est un roman au rythme trépidant. Il décrit les ravages de l'exclusion et de la xénophobie. Grand roman. Extraordinaire !

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Mama black widow

Pour le gogo qui jalousait la vie rêvée des afro-américains en regardant "Ma famille d'abord" su M6, ce bouquin d'Iceberg Slim aura l'effet d'une douche froide.



En fuyant le Mississipi pour Chicago, la famille Tilson échange un enfer rural ouvertement ségrégationniste contre un enfer urbain qui l'est tout autant mais de façon plus sibylline.



Le tableau que nous dresse l'auteur de l'Amérique Noire de 1918 aux années 60 et d'un réalisme plus sombre encore que celui d'un Richard Wright.



Refermant ce livre, on mesure ce que la mort de George Floyd peut signifier pour ces gens dont la mémoire collective est une litanie, de cruautés, d'injustices, d'avanies et d'humiliations.



Il nous rappelle que "Black Life Matter" n'est pas qu'un slogan de plus, passé à la moulinette des omniprésents "réseaux sociaux" et placardé sur des T-shirt branchouille mais l'expression de siècles de luttes impuissantes face à un mur de mépris, de haine et d'hypocrisie.









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Du temps où j'étais mac

Iceberg Slim nous raconte quelques bribes de souvenirs, en une quinzaine de billets. Du temps où il était maquereau à Chicago. Mais pas que ça. Loin de là.



C’est d’ailleurs le seul reproche que je peux faire : pourquoi ne pas avoir gardé le titre original : The naked soul of Iceberg Slim ? Car finalement, sa vie de mac est accessoire ici, et cela donne une vision réductrice de l’ouvrage.



Iceberg Slim livre d’abord et avant tout ses réflexions sur la vie humaine et quotidienne d’un homme noir dans une Amérique qu’il qualifie de raciste . Il nous parle de ses séjours en prison, notamment le dernier, où il est enfermé pendant 10 mois dans une boîte en acier, à en devenir dingue, sans oublier l’inhumanité et la corruption des matons. Après ce séjour, il arrêtera d’ailleurs d’arpenter les rues et changera de vie. Il nous relate aussi certains souvenirs du temps de l'enfance, et du temps de son « maquereautage ».



Iceberg Slim s'est beaucoup investi dans la lutte contre les discriminations envers la population noire. Il exprime sa colère et son énorme ressentiment contre les Blancs d’Amérique aux commandes du pays.



Il ne cherche pas non plus d’excuses à son passé : il a voulu devenir mac, atteint par le poison de la rue. Il assume et ne regrette rien. Il met par contre en garde les novices qui auraient envie de s'y mettre. Parfois sans succès.



Le langage est imagé et fleuri, parfois cru, parfois poétique.

Ce n’est pas un livre facile à lire, il fait appel à beaucoup d’émotions. Mais c’est un livre atypique et très intéressant. J’avais déjà lu un ouvrage d’Iceberg Slim il y a des années, Trick baby, qui m’avait laissé un souvenir très fort. C’est la même chose avec celui-ci : une lecture qui donne à réfléchir.



Merci à la masse critique de Babelio et aux éditions Belfond.
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Mama black widow

Un roman qui clôt une « trilogie du ghetto » unique dans la littérature américaine.



Iceberg Slim (1918-1992), venu à l’écriture sur le tard, fut un des plus célèbres proxénètes de Chicago dans les années 40-50. Une trajectoire qu’il raconte dans « Pimp », premier volet de la trilogie. Dans le second (« Trick Baby »), il plonge dans l’univers sans pitié des arnaqueurs. « Mama Black Widow », le dernier donc, est la biographie à peine romancée d’un travesti noir au terrible destin. Dans la préface, Slim explique sa démarche :



« En début de soirée, dans la première semaine de février 1969, je rendis visite à Otis Tilson. C'était un travesti incroyablement beau et tragique, rencontré de temps à autre, tout au long de ces vingt-cinq ans où moi-même j'étais un maquereau noir, à Chicago dans l'Illinois. Otis vivait dans un hôtel de troisième ordre à l'intersection de la 47e Rue et de Cottage Grove Avenue.

Nous nous installâmes sur un canapé défoncé dans son studio kitchenette. "Tout ce que tu as à faire c'est de raconter ton histoire." [...]

Lorsque j'ai écrit le livre, il m'a fallu restructurer des scènes, remettre en ordre des événements dans le récit d'Otis qui parfois s'égarait ou se noyait dans les larmes. Il n'y a pas de psychologie, de sermons ou de notes dans ce récit d'une vie. Les dialogues sont dans la langue crue des pédés, du ghetto noir, du Sud profond, des bas-fonds. Si peinture critique de la société il y a, elle se trouve dans l'âpreté de cette lutte tragique qu'Otis Tilson mène pour se libérer de la garce perverse brûlant en lui. »



Inutile de vous dire que je suis totalement fan d’un texte aussi décapant. L’histoire d’Otis dit les espoirs brisés d’une famille noire du Mississipi débarquant à Chicago en 1936 en pensant, comme beaucoup, y trouver un eldorado. Or c’est un autre enfer qui leur tend les bras, un enfer urbain où la ségrégation est toujours aussi présente. Son père ne trouve pas de travail, son grand frère va tomber peu à peu dans la délinquance et l’une de ses grandes sœurs dans la prostitution. Otis n’est qu’un enfant à cette époque et il voit le délitement progressif d’une cellule familiale pourtant soudée au départ. Sa mère jouera un rôle central dans la déchéance des siens (d’où le titre du roman), et lui ne pourra que constater les dégâts. Violé par un diacre, tiraillé entre sa volonté d’être un « homme comme les autres » et une homosexualité qui le dévore de l’intérieur, Otis va sombrer et enchaîner les coups durs. Tragique, il n’y a pas d’autres mots pour qualifier une existence à laquelle l’épilogue donne une terrible conclusion en quelques lignes…



J’adore Iceberg Slim (en tant qu’auteur du moins parce l’homme en lui-même était plus que détestable, la lecture de Pimp vous le confirmera), c’est un écrivain de la rue, direct et sans concession, dont l’art des dialogues est un régal. Son écriture très orale et très crue retranscrit l’ambiance du ghetto noir, ses codes et sa violence. J'aime autant vous prévenir, certaines scènes sont d'un réalisme difficilement supportable, âmes sensibles s'abstenir !


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Pimp : Mémoires d'un maquereau

Drôle de sentiment à la sortie de ces "mémoires d'un maquereau" (et non, ça ne se passe pas dans un restaurant de sushis… Pardon…).

On sent que ce récit est un peu romancé mais il nous plonge tête la première dans le monde du proxénétisme. Pas facile donc de ressentir de la sympathie pour Iceberg Slim qui a passé la majeure partie de sa vie à tenter de devenir le plus puissant des macs et ce, malgré son repentir et sa (assez tardive) prise de conscience.

Si ce livre est ultra noir et froid, il permet néanmoins d'appréhender le contexte dans lequel Iceberg Slim a évolué. La vie des afro-américains à son époque était très loin d'être un paradis et rares étaient leurs perspectives d'évolution sociale. Slim a donc fait son choix. Je pense que la question ici n'est pas de les accepter ou d'excuser l'auteur (et ce n'est pas son objectif) mais bien de comprendre un tant soit peu le pourquoi et le comment. Un document rare, violent et dérangeant donc, mais également très intéressant.

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Pimp : Mémoires d'un maquereau

Pimp, c'est l'histoire de Robert Beck (1918-1992), un garçon pauvre ordinaire que rien ne prédestinait à devenir le plus grand mac noir des Etats-Unis sous le pseudonyme de YoungBlood, puis Iceberg Slim. Après avoir fui un père alcoolique et violent, Robert et sa mère trouvent refuge auprès d'un homme de bien, prêt à leur offrir un nouveau départ. Mais la roue du Destin est impitoyable et la jeune femme choisi de prendre la tangente avec un petit voyou minable, qui la maltraitera elle et le gosse avant de les laisser tous les 2 sur le pavé. Fière et courageuse la mère retrouve un emploi mais pour le Jeune Robert, la décision est prise : il ne sera plus jamais du côté des faibles.

Doué d'une gueule d'ange et d'un physique d'athlète il va rapidement débaucher une jeune mineure pour en faire la première pouliche de son écurie. Evidememnt on ne s'improvise pas maquereau et cette aventure de courte durée va se terminer en prison. C'est là qu'il va faire ses classes et prêter l'oreille aux conseils avisés des plus grands macs du pays. De sortie, il met le cap sur Chicago qui est à l'époque la capitale du Crime organisé.

Le lecteur assiste alors à la montée en puissance d'un mac d'une violence inouïe ; froid, calculateur et sans pitié. Fini les petites piaules minables et place aux meublés de 5 pièces, aux grosses Cadillac et aux costumes exubérants, cane sertie de diamants et serval en laisse.



Premier roman de ce "repenti" du crime, qu'on aura toutefois du mal à trouver sympathique au vu du contenu de sa confession, pimp nous immerge au sein de la pègre afro-américaine du cœur de Chicago. On y remarque que même dans ce domaine, tout est plus compliqué pour un noir : contrôles plus fréquents, quartiers assignés, difficulté pour se loger.

Le style est brut, direct et on se laisse facilement entraîner. Néanmoins il y a comme un sentiment de redite, les péripéties se ressemblant toutes plus ou moins sur le modèle montée en puissance, prison, retour à la case départ. Je remarque egalement que de nombreuses critiques mettent même en doute la véracité de l'histoire, tant il est vrai certains passages sont invraissembables. Neanmoins un bouquin culte dans le milieu du hip hop americain que je ne regrette pas d'avoir lu.



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Mama black widow

Bon, je vais essayer de ne pas sombrer dans le jeu de mot facile, mais que c'est noir !

Et comme dirait l'autre, noir c'est noir ! Il n'y a plus d'espoir, mais plus du tout pour le pauvre personnage de ce roman.

Cela a été dit, redit, écrit, répété, Iceberg Slim a mis beaucoup de sa personne dans ses trois livres ; il a lui même été maquereau durant sa vie.

C'est donc mi-autobiographique, mi-romancé et cela fait encore plus froid dans le dos car le thème principal n'est pas tant la rue en tant qu'homosexuel que la ségrégation régnant encore de façon farouche et violente aux USA à cette époque. Bien sûr, cette discrimination d'état est encore plus visible et horrible dans ces milieux interlopes et clandestins, où chacun cherche sa place, tente de progresser en écrasant les autres au mieux, survit en volant son voisin tout aussi misérable, etc...

On a vraiment un catalogue des horreurs dans ce livre, une série de vilenies humaines, de perversions morales sans fin, de misères subies et transmises: bref une cour des miracles noire, noire de peau, noire de crasse intellectuelle, morale et sociale.

Mais de miracle il n'y a point, ceux qui ont trimé pour s'en sortir sont volés, ceux qui ont volés sont violentés et ceux qui violentent sont tués tôt ou tard ou subissent les pressions et exactions des policiers blancs ou de leurs congénères jaloux...

C'est horrible tout de long et on sort horrifié de ce récit cru, violent, vulgaire (le langage réel est utilisé, pas de jolies périphrases !) et tragique.

Ça vaut le détour, mais pas tous les jours...
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Pimp : Mémoires d'un maquereau

Iceberg Slim est devenue une des grandes références de la littérature noire américaine au même titre qu'un Richard Wright mais dans une forme de récit, de rédaction, de style, d'utilisation de la langue très, très différentes. Radical dans son propos, Iceberg Slim livre avec Pimp une oeuvre violente, violence amenée et exposée à bon escient car inséparable et indispensable au récit. La langue est travaillée sous ses apparences de simplicité et d'emploi récurrent de l'argot. La conduite du récit est parfaitement maîtrisée. Iceberg Slim sait faire monter la tension, amène le lecteur tranquillement mais sûrement vers l'aboutissement de son histoire. Le fond est classique, la ségrégation des Noirs américains malgré une guerre civile, l'abolition de l'esclavage etc...Une jeune Noir américain, plutôt bon élève mais qui ne parvient pas à sortir de sa catégorie et reste discriminé et ségrégrationné. Le petit coup de génie : Iceberg Slim est ambigu sur sa volonté ou non de rester dans le droit chemin ou de choisir la face obscure de la vie. Sans circonvolutions, Iceberg Slim montre comment il croit s'être émancipé et dépassé la puissance blanche en devenant le 1er maquereau Noir américain à faire travailler des femmes blanches. Comme l'escalvage affranchi à Rome, Iceberg Slim a certes puissance, argent et on le craint mais il n'a pas l'essentiel, l'absolu. Il reste un Noir américain avec tout ce que cela charrie dans une société ségrégrationiste. L'écriture va lui faire comprendre sa situation, va l'élever au sens noble du terme. Et même si la littérature ne lui donnera pas totalement cet essentiel, cet absolu elle le libère de ses démons les pires, elle lui procure mieux que la drogue car elle n'est pas un leurre ni une tricherie. Pimp est devenu un récit culte aux Etats-Unis. Il est devenu une des clefs de la culture rap américaine, notamment la partie la plus violente du rap, le gansta 'rap. Des chanteurs comme Ice-T se réclame de Iceberg Slim, de son héritage culturel et littéraire (d'ailleurs Ice-T a réalisé un excellent documentaire sur Iceberg Slim). Pimp est un excellent livre. Je n'ai qu'un regret je n'ai pas réussi à le lire en anglais car je ne suis pas du tout connaisseuse de l'argot (slang) des gangs américains. Dommage....
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Pimp : Mémoires d'un maquereau

"Cet écœurant monument de racisme et de haine des femmes datant de 1967, dans lequel Iceberg Slim se vautre avec une insoutenable auto-complaisance, est tristement devenu culte. Petit manuel du parfait mac, il est récité par des batelées de tarés dans les universités nord-américaines et révéré par des seaux de rappeurs-commandeurs acharnés à glorifier leur vomitatoire animalisation des femmes. On trouve là l’une des origines de la morale de maquereau importée des États-Unis (avec son slogan phare : pétasse) qui a tout d’abord contaminé la production musicale avant d’infecter les marmailles d’aujourd’hui.

« – Écoute bien, pétasse, répondis-je, même quand ton cul merdeux sera mort et enterré, tu seras toujours une pute. Un de ces quatre matins, tu vas casser ta pipe et je te tirerai ma révérence en t’appelant la Demi-portion des cimetières. Je le sais bien, connasse, que tu es un être humain. Tu es un être humain tout noir qui sert de poubelle à ces connards de Blancs pour qu’ils puissent se vider les couilles. »

Sans commentaire. D’autant que les choix de traduction de ces sinistres mémoires de mac édulcorent le propos. Car non, dans ce contexte, le récurent kick her ass, leitmotiv de l’auteur à propos des femmes qu’il esclavagise, revenant toutes les 2 pages jusqu’à la nausée, ne signifie pas lui botter le cul ! Pourquoi ne pas traduire par : la défoncer, l’éclater, ou encore la déchirer, ou lui foutre une trempe ? Imagine-t-on les nuées de malfaisants du Gangsta Rap scander : Je vais te botter le cul ? Ou encore, à propos de cocaïne : Ce truc, ça botte le cul ? Non-sens !

Tant qu’à proposer une nouvelle édition de ce torchon, on aurait espéré un peu plus de rectitude. Mais sans doute est-ce là un domaine où l’éthique n’a pas droit de cité."

Pierre-Romain Valère
Lien : https://doublemarge.com/pimp..
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Mama black widow

Genial, Marck Twain aurait pu enfiler son string léopard, sa robe fuseau en latex et un débardeur fruit of the loom pour saisir sa plus belle plume et nous servir ce superbe ouvrage.

Tom Sawyer en travelo noir au cul rendant jalouse Beyonce, Joe l'indien dans ce rôle sordide de suprématie blanche asservissant ses ouailles noires et avilisant ceux voulant la vaincre.

Ah mon grand faut avoir l'estomac solide devant ces sodomies à volo, ces bouches pulpeuses gobant tout ce qui passe à porter.

C'est glauque, c'est hilarant, c'est beau et sombre mais c'est tellement humain.

J'ai été gay le temps du livre et à défaut de pouvoir connaitre les sensations je me suis régalé devant cette histoire de vie
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Pimp : Mémoires d'un maquereau

Maquereaulogie et histoire d'une rédemption.





Ne connaissant absolument rien à propos de l'auteur, les premières pages du roman m'ont tout de suite happée et donné l'envie de lire ce qu'il avait à dire. Le récit est extrêmement vivant, mais au final trop romancé, dans l'excès, comme son auteur et c'est la légende d'Iceberg Slim que nous tenons entre les mains plutôt que son autobiographie. Néanmoins, cela n'en reste pas moins un très intéressant témoignage de l'Amérique des années 30/40 par les yeux d'un mac noir. J'ai adoré le style trash et drôle, souvent j'ai eu l'impression de lire le script d'une série B mais quelque chose de culte. C'est une descente dans le caniveau, dans l'ordure humaine, mais elle a du chien.





Un livre à lire pour se faire son opinion, un auteur à connaître.
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Pimp : Mémoires d'un maquereau

Quand on a un programme de livres à lire, il faut s'y tenir. Le problème est que lorsque vous prenez un peu de votre temps pour honorer un festival litteraire comme celui de Vincennes, que vous faites dédicacer quelques uns de vos ouvrages par des auteurs que vous appréciez, que vous découvrez au détour d'un stand une collection qui éveille en vous un vif intérêt comme Soul Fiction des Editions du Rocher, que parmi les trésors qui s'étalent à perte de vue, vous identifiez un classique que vous pensiez non traduit, qu'en tournant les premières pages du roman sulfureux dont on vous a vanté les mérites, vous êtes immédiatement pris par l'écriture, le sujet, alors vous dites "Pouah! la planification!".





Voilà le piège dans lequel je suis tombé en lisant les premières pages de Pimp, le journal intime d'un mac noir, d'un souteneur, bref d'un proxenète. Iceberg Slim est un ancien mac qui nous confie son expérience. Il n'y va pas avec le dos de la cuillère. Dès les premières pages, il envoie une bouffée d'images nauséabondes, histoire de décourager les âmes trop sensibles, car l'homme ne va pas retenir ses mots, faire dans la prose raffinée pour nous narrer ce milieu dans lequel il a baigné et règné pendant près de trente ans, entre macs, prostituées, drogues, flics verreux, incarcérations, violences, sexe et racisme.





Iceberg Slim repart d'abord dans son enfance, son adolescence pour amener le lecteur à saisir son évolution. Nous sommes dans l'Amérique des années 30. On retiendra certains points qui ne manqueront pas de faire réfléchir ceux qui transmettent des valeurs à leurs mômes. On retiendra cette relation avec sa mère. On retiendra des choix regrettables. On retiendra la rue qui conditionne souvent même les meilleurs. On retiendra qu'Iceberg Slim ne cherche pas amadouer le lecteur, mais il raconte cette vie faite de rencontres parfois positives souvent désastreuses.





Moi, j'allais me coucher dans une minuscule alcôve à l'arrière du tripot et je faisais des rêves fantastiques. Des putes splendides s'agenouillaient devant moi en me suppliant avec des sanglots dans la voix de prendre leur argent.

Depuis plusieurs semaines, je baisais une fille très sexy dont le père, un musicien connu, avait un orchestre. Elle avait quinze ans. Elle s'appelait June et m'aimait à la folie. Elle avait l'habitude d'attendre dans la rue que Jimmy soit parti, puis elle venait me rejoindre dans mon lit de camp militaire et restait avec moi jusqu'à sept heures du soir. Elle savait que je devais faire le ménage pour que le tripot puisse ouvrir vers neuf heures.

Un jour, vers midi, je lui posai une question :

- Est que tu m'aimes suffisamment pour faire n'importe quoi pour moi?

- Oui, répondit-elle.

- Même te taper un micheton?

- N'importe quoi, je te dis.

Page 53, Editions du Rocher





Après un premier séjour en prison, à peine adulte, Blood qui deviendra Iceberg Slim se forme auprès des grands macs de la région. Le pouvoir, leur richesse, leur exhibition ont eu raison de lui dans une Amérique où les noirs ont peu de créneau pour s'élever socialement, où les blancs courent après les prostituées noires. Les uns vivent en enfer quand les autres sont au paradis.



"Je suis toujours noir dans un monde de Blancs, pensai-je. mais même si je ne peux pas franchir la barrière qui nous enferme, je peux réaliser mon rêve: moi aussi, je deviendrai important, moi aussi, je serai admiré. C'est simple si je me donne le mal de devenir un vrai mac, je ramasserai une tonne de pognon. Que ce soit dans le monde des Blancs ou celui des noirs, tout le monde est ravi de te *** quand on voit briller le fric sur toi."

Page 139, Editions du Rocher





Slim aime exploiter ses prostituées. Ils usent de toutes les techniques pour tenir son écurie. La violence en particulier. La manipulation aussi. On a du mal à dissocier le proxénetisme de la pratique de l'esclavage... D'ailleurs, Iceberg Slim le dit très bien :



"Il faut que j'aie une véritable éponge dans la tête, pensai-je. Je vais me servir de mes yeux et de mes oreilles comme des pompes aspirantes. Je dois tout savoir sur les putes, sur les pièges, sur les combines. Je veux me dépêcher de découvrir les secrets des macs. pas question de devenir gigolo à la petite semaine comme les maquereaux blancs. Je veux tout contrôler chez mes putes. Je veux être le patron de leur vie toute entière, et même de leurs pensées. Il faut que je leur mette dans la tête que lincoln n'a jamais aboli l'esclavage"

Page 124, Editions du Rocher



Après avoir longuement décrits les péripéties scabreuses, l'auteur s'extrait par un concours de circonstances de ce monde ténébreux. Il se case comme tout cave en mesurant l'ampleur et la difficulté d'une vie ordinaire respectant la loi et les autres. Mais cela, comme c'est souvent le cas dans ce type de récit, en très peu page.



L'une des forces de ce texte autobiographique est le style employé par Iceberg Slim, une écriture avec les mots de la rue, avec les mots du milieu qui fournit une certaine authenticité à cet ouvrage, formidable témoignage de l'Amérique du 20è siècle.


Lien : http://gangoueus.blogspot.co..
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Du temps où j'étais mac

Je m'attendais à tomber sur un ensemble d'anecdotes sur la vie d'un pimp. Mais il n'en est rien.

Du temps où j'étais mac est une sorte de mémoire de l'auteur, un retour sur sa vie et presque un avertissement pour tout individu attiré par le glamour de cette profession.

Iceberg Slim s'engage dans un discussion sur la race et la traitement de la population noire du ghetto dans les années 60/70.

Ce fut intéressant autant que surprenant.
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Pimp : Mémoires d'un maquereau

le seul livre où il n'y a pas besoin de lire le 4ème de couverture pour connaître l'histoire, regarder la couverture suffit.

Embarquez vous dans le sordide sous la plume superbe d'un écrivain qu'on pourrait presque remercier de la façon dont il parle des femmes si tout cela n'était pas vrai.(c'est ironique!!!)

La réalité est crue et cruelle, d'un point de vue dérangeant mais qui permet d'avoir ce regard en nous plongeant pas uniquement dans les Mémoires mais dans la peau du Mac.



Il n'est pas du côté jouissif et fantasmé de la prostitution mais plutôt pervers et déshumanisé.



Je recommande vivement
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Pimp : Mémoires d'un maquereau

Avant de faire l'amour à une femme il faut qu'elle sorte les billets. Ainsi, elle ira volontiers au coin...

Passionnante tranche de vie d'un "bad boy".

J'ai lu la suite "Trick Baby" et "Mama black widow" avec le même intérêt.
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Pimp : Mémoires d'un maquereau

"Un livre effrayant et prodigieux considéré comme un classique" c'est ainsi que le Nouvel Obs présente ce roman d'Iceberg Slim.

C'est vraiment ce que j'ai ressenti durant ma lecture.

REPUGNANT dans le sens où Iceberg apparaît comme un mac froid, sans états d'âme vis à vis des femmes (ou devrais je dire des pétasses puisque c'est ainsi qu'il les nomme).

Il est cependant FASCINANT dans la volonté farouche de s'élever dans la société. Peu importe la manière, seul le billet vert trouve grâce à ses yeux :Une sorte de rêve américain.

Finalement la rédemption viendra avec l'âge et surtout l'amour que lui porte sa mère.

Il finira par décrocher pour mener une vie normale avec femme et enfants.

Comme quoi même le plus robuste des glaçons peut avoir le coeur chaud.
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Pimp : Mémoires d'un maquereau

J'ai adoré ce roman autobiographique. Je l'ai aimé pour trois raisons principales :

- Le langage est cru mais jamais salace, et il est incroyablement varié ce qui nous fait contourner les stéréotypes du rappeur-racailleux qui parle avec ses mots et tant pis si l'on ne comprend rien. Et ce langage, ce style permet de s'imprégner du paysage dans lequel l'auteur nous propulse.

- l'histoire qui est passionnante, loin des clichés, ce n'est pas une glorification ni une rédemption, c'est le constat d'une évolution heureuse et malheureuse par d'autres moments et cette distance, cette absence de jugement fait du bien.

- la richesse des personnalités qui constituent l"histoire : mi-charismatiques, mi pathétiques, ils sont complexes et cela permet des péripéties plus subtiles qu'il n'y parait.



J'ai vraiment aimé ce livre et je le conseille.

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