Citations de Ingrid Desjours (415)
Elle sait bien que se pencher sur les crimes des autres lui permet d'oublier les siens. De les expier même
Je suis peut-être jeune, mais mon âme est pure et solide. Elle sait oublier les artifices dont trop souvent les gens se parent, pour lire directement dans leur coeur.
Comment raconter les gens qui parlent fort, les gens qui causent vulgaire. L'odeur, la puanteur de leurs rêves de pacotille, de leurs envies de bas étage, de cette jalousie purulente qui oriente chacun de leurs choix dans une illusion de libre arbitre aussi farfelue que rassurante ? Tout l'indispose dans cette farandole d'égoïstes, d'imbéciles autocentrés qui n'ont rien d'autre que des vitrines virtuelles sur des réseaux saturés pour se faire mousser. "Moi je, moi je, moi je." Comment dire qu'il n'en peut plus de la violence ordinaire, banalisée, écartée d'un regard aussi vide qu'un trou noir qui aurait englouti les derniers reliquats de notre humanité ? De ces gens qui crèvent de misère dans le métro sous l'oeil indifférent de zombies qui vont pointer, des moqueries, des indignations et des compassions consensuelles encouragées par des médias faisant la basse oeuvre lobotomisante pour des politiciens vendus à des industriels qui en veulent toujours plus. Comment ?
"Moi je, moi je, moi je."
Quand tout devrait être prétexte à se révolter. Le chômage, les strings sur des gamines, le mépris du vivant. Quand tout devrait être occasion de s'aimer.
Mais non. Chacun focalisé sur sa petite vie. Tout le monde tourne la tête. Il n'y a rien ni personne à qui se raccrocher.
Les hommes ont de curieuses réactions quand ils sont confrontés à l'horreur.
Le charme s'aiguise comme un outil et s'affûte comme une arme.
Le stress a des effets parfois désastreux sur les gens ainsi que sur les phalanges des malheureux qui croisent leur route.
La neutralité c'est rester figé, immobile, c'est le contraire de la vie.
- Ne reviens jamais, même si je t’appelle. Ou tu le regretteras.
Les mots sont durs. Elle demeure interdite, ne comprends plus rien. Il lui demande de partir, lui signifie qu’elle ne compte pas. La menace, même.
[...]
Elle s’efforce de ne pas se retourner en ouvrant la porte, puis craque au dernier moment. Il n’a pas bougé et lui tourne toujours le dos.
Alors elle s’en va.
La porte claque. Kaleb est soulagé. Bien que, tout comme Lucille, il sache déjà qu’elle reviendra.
Un rire gras, surjoueé. Un rire qui attend son heure pour vous exploser au visage, vous asperger de sa haine et vous ronger comme un glaviot d'acide.
Car si la première partie évoque bien Kaleb helgusson , la suite concerne sa petite amie. Le féminin n a jamais été très populaire dans l histoire de l humanité . Imaginez un messie avec des seins ? Inconcevable n est ce pas ?
Lars sait à quel point priver un individu de la beauté c'est l'amputer d'un des fondamentaux de son humanité.
Pour l'instant. Malgré elle, Maya frissonne. Est-ce une menace ou une promesse ?
— Je suis photographe, finit-elle par lâcher, en se raclant la gorge. Photographe amateur.
— Amatrice, la reprend-il.
— Non, amateur, il n'y a pas de féminin.
— On dit bien spectatrice, actrice, créatrice… Pourquoi ne dirait-on pas amatrice, c'est ridicule !
— J'en sais rien, je trouve ça moche, c'est tout.
— Je ne vous demande pas si c'est beau. Je vous incite juste à être féministe, quoi !
Maya éclate d'un rire moqueur. Voilà qu'il va lui donner une leçon de féminisme alors qu'il semble draguer tout ce qui bouge, il ne manque pas d'air !
— Parce que vous l'êtes, vous ? Vous seriez bien un des seuls hommes que je connaisse qui n'aime pas se sentir supérieur aux femmes.
Chaque fois qu'il dépouille un être de ses émotions, il doit abandonner un peu plus les siennes pour leur faire de la place. Il finira par n'être plus qu'un zombie sans âme, obligé, pour survivre, d'en aspirer toujours d'avantage, au hasard de ses errances.
C'est le genre de sourire qui réchauffe de l’intérieur, vous procure la sensation d’être exceptionnel et vous emplit d'un élan irrationnel à son égard.
Elle est bien placée pour savoir que la culpabilité est une sprinteuses infatigable qui finit toujours par rattraper sa cible.
Rien n'est aussi désirable que ce qu'on est en train de perdre.
Son cœur battait beaucoup trop vite et un nœud lui tordait soudain l’estomac. Durant ce contact fugace, elle avait eu la sensation d’être projetée hors de son corps, de son temps. Le sol avait paru se dérober sous ses pieds pour l’engloutir et la propulser vers un autre monde, vers un univers chaud et humide peuplé de voix de femmes, de cris, de douleur... Perdait-elle la tête ?
Au plus profond d’elle-même, elle avait toujours su qu’elle était mauvaise, convaincue d’être coupable d’un crime remontant plus loin que ses souvenirs ne le permettaient, et pourtant bien réel. La jeune fille n’avait jamais pu s’expliquer ce triste sentiment d’être capable du pire avec lequel elle avait grandi, sans jamais parvenir à s’en ouvrir à qui que ce soit.
Où est la beauté ? Où se cache la pureté ? Jour après jour, elles se font grignoter un peu plus par la somme d'individualismes forcenés. Je pollue, je prends, je détruis. Je, je, je. J'ai un avis sur tout, j'envie la terre entière, je veux ma part de gâteau et tant pis pour ceux que j'écrase au passage, après moi le déluge. Telles des cellules malignes, ces âmes sales prospèrent et prolifèrent...