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Critiques de Irmgard Keun (25)
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Après minuit

Chaque livre m'en ouvre d'autres. Chaque livre me propose une chaine de lecture et je mords souvent a l'appat. Je ne suis surement pas seul dans mon cas. Cette fois-ci le Loin d'ou? de Magris m'a appris que Joseph Roth avait eu une liaison relativement longue avec une auteure allemande exilee comme lui: Irmgard Keun. Je ne connaissais pas, mais aiguillonne, je me suis mis frenetiquement a chercher une de ses oeuvres. Par chance, Apres minuit a ete reedite dernierement.



Ce livre, ecrit en 1936 (quand elle est avec Roth), publie en 1937 en Hollande, est une critique aceree du nazisme et de la societe allemande d'avant-guerre. Mais une critique drapee d'une prose fraiche, cristalline, le soliloque d’une jeune femme qui se proclame elle-meme ingenue et naïve mais ne l'est pas pour un sou, et nous sert, avec un sens de l'observation tres aigu et beaucoup d'ironie sous-jacente, d'incisifs portraits de tous ceux qu'elle croise, campagnards et citadins, gens du peuple et intellectuels, couples de ses pensees, ses doutes, ses apprehensions, dans un discours descriptif et reflectif en un seul et meme temps. Son regard innocent mais sagace permet a l'auteure de denoncer ceux – une majorite du peuple – qui consentent a toutes les indignites par interet, peur ou couardise.



L'heroine, Suzanne Moder, que tout le monde appelle Suzon, avoue ne pas comprendre grand chose a la “doctrine" mais saisissant que tout geste, toute parole, peut etre dangereuse, se retournant contre celui qui l’esquisse ou la prononce, sait intuitivement se proteger. Mais elle observe tout, parle peu, garde tout pour elle, et ses remarques additionnees deviennent une chronique lucide des annees de consolidation du regime nazi, une denonce precoce de l'effondrement d'un peuple dans la barbarie. Rien qu'autour d'elle, son pere a renie son propre fils, sa tante la denonce a la Gestapo, son frere, ecrivain a succes, est force de changer ses ecrits et de “s'aligner", son fiance est jete en prison pour des mois sans qu'il sache pourquoi. ”Nous vivons sous le signe du mouchard. Chacun surveille chacun : chacun a barre sur chacun. Chacun peut faire jeter chacun en prison. Bien peu resistent a la tentation d’exercer ce pouvoir. Les plus nobles instincts du peuple allemand sont eveilles et entretenus avec soin”.



La fraicheur ironique qui imbibe les propos de Suzon devient poignante vers la fin. Un autre ecrivain (c’est tres possiblement un portrait aigre-doux de Roth, beau-parleur, moqueur et provocant: “Heini seul est encore lucide et mechant") se suicide, et elle-meme est forcee de fuir, de s'exiler avec son fiance, s’ils veulent vivre. Apres minuit. Parce qu'en Allemagne c'est la nuit noire.



Un livre (et une auteure) a redecouvrir. Drole et douloureux. Qui attaque le nazisme et les nazifiants par le ridicule. C'etait avant les exces du regime. C'etait tres juste et tres courageux alors. Il procure encore aujourd'hui, avec un talent stupefiant, un remous d'emotion.

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Quand je serai grande je changerai tout

Ce roman nous présente l'histoire d'une rebelle de 10 ans, qui, en pleine période de confusion juste avant et tout de suite après la défaite de son pays dans la première boucherie mondiale, a décidé de ne rien prendre pour argent comptant. Nous sommes à Cologne en 1918. Comme l'auteure a toujours prétendue être née en 1908, nous pouvons donc logiquement assumer que la petite héroïne anonyme du roman s'appelle, en fait, .... Irmgard.

"La Keun" comme on l'a parfois surnommée, probablement à cause de son caractère bien trempé et son esprit rebelle, est officiellement née en 1905. Une liberté poétique ou tout simplement féminine qu'on voudra bien lui pardonner. Selon Hiltrud Häntzschel, l'auteure de sa biographie de 2001, toutefois, elle se serait un peu rajeunie pour avoir exactement le même âge que l'héroïne de son tout premier roman "Gilgi, l'une d'entre nous" de 1931. Ou parce que 10 ans était, dans son optique, le niveau moyen des nazis.

Elle avait donc 31 ans ans lorsqu'elle a publié "Quand je serai grande je changerai tout". Une histoire qu'elle a écrit, comme réfugiée politique, sur une terrasse à Ostende, en 1936, en compagnie de son amoureux, maître Joseph Roth.



Depuis que j'ai lu d'elle "Une drôle de petite fille" ("Kind aller Länder" en version originale et superbement traduit en Anglais comme "Child of All Nations" par Michael Hofmann), qui a été mon coup de coeur de 2016, je suis devenu un fan d'Irmgard Keun. Un tantinet bizarre car le roman qui est généralement reconnu par les critiques professionnels comme son chef-d'oeuvre "Après minuit" je l'avais lu il y a 2 décennies. Je crois que j'ai été séduit par les considérations et fantaisies de l'héroïne du roman : également une gamine de 10 ans, mais à une autre époque lorsque ses parents fuyaient le régime nazi. J'étais content d'apprendre que la fille unique de l'auteure, Martina Keun-Geburtig, ait déclaré à la presse, l'année dernière, que c'était aussi son livre favori. de son oeuvre, je tiens juste à mentionner un autre roman "D-Zug dritter Klasse" (Train Diesel, 3e classe), un divertissement avec de belles phrases cyniques de la même période (1938), dans lequel elle relate un voyage à Paris.



Comme je regrette que l'oeuvre d'Irmgard Keun ne soit pas plus connue dans le monde francophone, contrairement à mon habitude, je me permets une citation. Un passage typique pour son style tout à fait particulier, estimant qu'un exemple en dit plus que de longues explications savantes.

Il s'agit du tout premier paragraphe de cet ouvrage :

" Mes parents prennent toujours le parti des institutrices : c'est pourquoi

après l'école, je suis directement allé voir M. Kleinerz, qui habite à côté,

pour tout lui raconter. M. Kleinerz est déjà vieux, il a au moins quarante

ans et ne peut donc plus avoir d'enfants tout seul. "

La femme de son confidant a pris la poudre d'escampette et laissé plein de dettes au voisin compréhensif avant son départ et dans sa logique de gamine, comme les gens disent que c'est son père qui l'a mise au monde, voilà son jugement truculent de son allié, dont le nom traduit en Français donnerait "petit coeur". Un peu plus loin, elle note à propos de son père et de sa naissance "Je ne sais pas comment il a fait mais je crois que c'est très difficile,...et il a beaucoup de mérite. Je me demande juste où j'étais avant".



Cette entrée en matière est sûrement ce que les auteures de l'excellente introduction de l'ouvrage, Claire de Bertrand de Beuvron et Marie L'aigle, entendent par "l'infinie liberté de ton et d'esprit et l'humour ravageur" de la jeune narratrice.



Je suis absolument persuadé que les trouvailles "keunesques" feront rigoler beaucoup de lectrices et lecteurs et elles sont légion. Entendant les adultes se plaindre du nombre de gens sans emploi et revenus, notre gamine s'offusque car elle est d'avis que "nous autres enfants devons travailler gratuitement". Qu'elle prône la rébellion est inévitable, puisque "les adultes ont toujours tout les droits et les enfants, aucun." Mais elle n'a que 10 ans et en sort des naïves aussi, de son âge, "...fermons bien les yeux pour que personne ne nous voie..."

Je suis tenté de multiplier ses finesses, mais je ne tiens pas à gâcher votre plaisir de découvertes.



Pour l'auteure les occasions de rire étaient devenues rares : en 1933 avec l'avènement d'Hitler ses livres faisaient partie de l'autodafé nazi et son mariage avec l'écrivain Johannes Tralow (1882-1968) commença à battre de l'aile. Comme une des rares, Irmgard Keun a entamé plusieurs procès contre la "Reichsschrifttumskammer" (la Chambre de la littérature du Reich) qui l'avait frappé d'interdiction de publier. Ces messieurs étaient d'avis que son oeuvre dégénérée, désignée comme "Asphaltlitteratur", ne correspondait nullement à l'esprit "idéaliste" des nouveaux temps.



En 1936, elle est partie pour Amsterdam où 2 éditeurs, Alert de Lange et Emanuel Querido, publiaient les livres des auteurs exilés en Allemand. L'été elle passait à Ostende comme Egon Erwin Kisch, Ernst Toller, Heinrich Mann, Joseph Roth et Stefan Zweig. Voir à ce propos mon billet du livre de Volker Weidermann "Ostende 1936 - Un été avec Stefan Zweig" du 21/04/2017. Et même du littoral belge elle continua à contester son interdiction de publication et exigea dommages et intérêts, sans trop y croire pourtant, comme le laisse supposer un de ses arguments : ce n'est pas parce que je couche avec des Juifs et des Nègres que mon oeuvre n'aurait pas de valeur.



En 1940, après l'invasion nazie des Pays-Bas, elle s'est débrouillée avec un officier allemand pour obtenir de faux papiers avec lesquels elle est rentrée à Cologne. Les premières années d'après-guerre furent décevantes pour Irmgard Keun : les contestataires du Reich n'étaient pas très populaires et il aura fallu attendre les années 1970 avant que ses mérites littéraires soient reconnus. Entretemps, ses excès d'alcool lui avaient valu un internement de 6 ans dans un centre psychiatrique à Bonn. Par après elle a écrit des textes pour la radio. Son roman "Ferdinand, l'homme au coeur tendre" de 1950 n'avait eu aucun succès et son projet de livre avec Heinrich Böll n'a pas abouti par manque d'intérêt des éditeurs.

En 1982, elle est décédée d'un cancer des poumons à l'âge de 77 ans.



Personnellement, je me pose la question qu'aurait été l'apport littéraire d'Irmgard Keun si son élan n'avait pas été brutalement brisé en 1940, lorsqu'elle n'eut après tout que 35 ans. Je crois qu'avec son imagination et talent, elle aurait pu nous laisser toute une kyrielle d'oeuvres fascinantes.



Je présume que parmi celles et ceux qui liront cette chronique, certains penseront que j'ai un peu perdu les pédales dans mon enthousiasme dithyrambique pour Irmgard Keun, mais croyez-moi la lecture et la critique de ce petit livre m'ont procuré une satisfaction rarissime. Quant à savoir si oui ou non j'ai exagéré, je dirais simplement...lisez-le et n'hésitez pas à me passer votre jugement, même sévère !
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Après minuit

Il faut se pincer pour croire que ce roman a été rédigé en 1937. Il décrit la société allemande « après minuit » car à minuit la radio joue l’hymne national et en 1937 il est même national-socialiste. L’Allemagne est-elle toute entière enfiévrée de son amour pour le Führer ? On se presse aux parades pour l’admirer mais c’est surtout parce qu’il est hors de question de ne pas se précipiter à un spectacle gratuit. Et puis, sait-on jamais ? Rester chez soi un jour de liesses peut conduire au poste, si un voisin malintentionné vous signale à la police comme suspect d’idées subversives. Depuis qu’Hitler a réalisé l’union du peuple allemand, tout le monde se jalouse et s’épie.

Il faut croire que la pureté à laquelle chacun aspire n’est pas de ce monde. Non seulement les Juifs sont partout mais on les découvre même dans sa propre famille. L’épouse chérie est répudiée, qui s’était laissée emmenée à l’église alors qu’elle avait une grand-mère juive. Peut-on encore aimer? Le mieux serait sans doute de ne plus éprouver de sentiments mais qui sait si cela sera encore toléré dans quelques mois ou même demain ? Il est bien difficile de savoir ce qu’exige l’idéologie aryenne. Doit-on s’extasier sur l’engagement physique d’Hitler mouillant sa chemise pour emporter son peuple par ses discours ? Ou faut-il pieusement détourner les yeux de sa transpiration qui fait de lui un simple homme ? À force de se vouloir esprit subtil, une végétarienne ne pense qu’à la nourriture en se concoctant toute la journée des jus diététiquement irréprochables.

Mais Hitler n’est pas seulement le messie au corps sanctifié, il est surtout l’image même de la mère patrie dont les enfants abusés réclament l’amour vache. Tous les personnages souffrent d’avoir une relation viciée avec une mère intrusive qui les empêche de s’émanciper et devant laquelle ils se soumettent.

Aussi tous les Allemands sont-ils coupables. De rester. D’avoir les moyens de s’exiler. De rire et d’aimer alors qu’il existe des camps de concentration. De croire que l’art est compatible avec le Reich (Si l’Allemagne est devenue un paradis, de quoi va-t-on parler? De l’envergure d’une aile d’ange? Et si on pense qu’elle ne l’est pas, on ne pourra le dire et encore moins l’écrire)

Reste le suicide ou la fuite désespérée. Reste aussi l’ironie légère qui imprime tout le roman, la candeur d’une narratrice pour qui le Führer est nu comme le roi d’Andersen et dont on espère contre toute évidence que le monde hors de l’Allemagne saura la recueillir.
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Après minuit

Suzanne est une jeune fille de 18 ans qui habite à Francfort chez son demi-frère Algin. 1936, la ville prépare l'arrivée du Führer. Tout est mis en place pour faire la fête. Mais Suzanne est inquiète, elle s'interroge sur l'évolution du pays. Des dénonciations à tour de bras, des perquisitions, les juifs montrés du doigt ne la rassurent pas. Elle est à l'affût de toutes les conversations avec ses amis pour se faire sa propre opinion. Car elle n'apprécient guère ces changements, elle ne comprend pas la "doctrine", et n'ose pas demander de peur de se faire mal voir.

Eric-Emmanuel Schmitt commentera dans sa préface avec la phrase suivante: "Au fond, le nazisme prospère sur l'ignorance plus que sur la connaissance qu'en ont les Allemands."

J'ai préféré lire la préface après le roman et je ne regrette pas, il m'a permis d'éclairer la compréhension de la situation en Allemagne à l'époque de la montée du nazisme. Ce roman est l'un des rares témoignages écrits à cette période.

L'histoire peut vous sembler partir dans tous les sens, c'est l'impression que j'ai pu avoir au début de la lecture du roman. Mais en faite, cette structure reflète exactement l'incertitude, les doutes qu'ont pu ressentir le peuple allemand, je pense, mais ce n'est juste que mon avis.



Je remercie les éditions Belfond et l'opération masse critique qui nous permet toujours de faire de nouvelles découvertes. Je félicite également les éditions Belfond pour la mise en place de leur collection "Vintage" qui nous invite à lire des chefs d’œuvre oubliés. J'ai déjà mis dans ma PAL deux autres livres de cette collection.
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Après minuit

Sur le 4ème de couverture, le livre est présenté comme un témoignage unique sur les tensions, les ambiguïtés et l'hystérie régnant dans l'Allemagne des années 1930, dénonciation sans appel de l'horreur totalitaire, un roman plein de charme et d'humour, lors même qu'il décrit les premiers instants d'un cauchemar.



Ce que j'en pense : Assurément, cet Après minuit sort de l'ordinaire et, une fois de plus, on ne peut que féliciter la superbe collection Belfond Vintage d'avoir mis la main sur ce livre dont je n'avais jamais entendu parler .



Tout d'abord , écrit en 1937, il nous livre une analyse fine et inédite de l'Allemagne dès les premiers moments de la montée d'Hitler au pouvoir. Ensuite, j'ai particulièrement apprécié le fait que le récit nous fait suivre des personnages d'opinion différentes, la majorité admire le Führer et se laisse bercer par ses promesses. Pour les autres la vie devient difficile et la répression est partout.



Comme il est simple déjà de se débarasser des genants en les dénonçant sous prétexte de communisme ou de pensées subversives. Evidemment, on a déjà lu et vu quantités de témoignages sur cette période charnière de l'Histoire, mais ici, s l'atmosphère, puisque le livre est écrit par une écrivaine de l'intérieur, est particulièrement bien rendue.



On appréciera également la belle préface du décidément omniprésent Eric Emmanuel Schmitt qui éclaire de belle façon l'ouvrage avec notamment une phrase qui résume bien le bouquin: "Au fond, le nazisme prospère sur l'ignorance plus que sur la connaissance qu'en ont les Allemands."
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Une vie étincelante

En dehors de son contexte d’écriture, ce roman ne m’aurait pas particulièrement marqué. Certes, la volonté de Doris et son amour des hommes et de la liberté est sans commune mesure. De même, le ton de l’auteur est vif et acéré et puissamment féministe. Mais ce qui force surtout à mon sens le respect est de savoir que l’auteure de cet ouvrage – initialement intitulé « La fille de soie artificielle » - l’a publié ouvrage en 1932, sous la République de Weimar. Une fois consciente de la date, celui-ci se révèle être des plus avant-gardistes !

Ce sont également les derniers soubresauts d’un monde libre que ce livre nous donne à voir…

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Après minuit

Un mouton noir dans le troupeau



Dans cette Allemagne d'avant guerre, on suit Suzon, dix-huit ans. La jeune femme qui aspire à des choses légères, de son âge, n'est pourtant pas dupe de ce qui se passe : montée de l'anti-sémitisme, querelles intestines au sein des activistes du parti national-socialiste, délation abusive, autoritarisme et restriction des libertés individuelles, idéalisation d'Hitler, endoctrinement et autres dérives. Suzon jette un regard éclairé sur les évènements et nous donne accès à l'état d'esprit particulier dans lequel se trouvaient les allemands à cette époque.



La préface d'Eric Emmanuel Schmitt est un condensé de ce roman. L'auteur éclaire de son regard la lecture à venir d'Après minuit et met le récit en lien direct avec le vécu de son auteure, Irmgard Keun. Cette dernière black listée par les nazis du fait de ses écrits, choisit de s'exiler ainsi que d'autres écrivains aux Pays Bas. Elle reviendra en Allemagne sous une fausse identité, mais noyée dans l'alcool et n'écrivant plus, s'y fera oublier.

Ses romans remis au goût du jour par des féministes permettent à Irmgard Keun d'être aujourd'hui connue dans le monde entier.



Après minuit se construit sous la forme de courts récits anecdotiques livrés par Suzanne Moder, dite Suzon. De son arrivée à Cologne, auprès de la détestable tante Adelaïde et de son cousin Franz jusqu'à son installation à Francfort auprès d'Algin, son demi-frère écrivain, et son départ du pays.

La jeune Suzon, au gré de ses fréquentations (juifs ou allemands, artistes et nantis formant la jeunesse dorée) et sorties dans les brasseries allemandes ouvrent un regard circonspect et critique sur ses concitoyens, plus ou moins endoctrinés et, par là, sur la société allemande de l'époque qui voulait se construire un visage parfait à l'image du Führer.

Le roman oscille entre cette légèreté de ton liée aux récits de ces soirées entre jeunes femmes et hommes, plus ou moins éclairés, et la noirceur à laquelle les réflexions et tristes constatations de Suzon aboutissent. L'esprit de fête est ainsi souvent entaché de doutes, de craintes quant à ce qui peut être dit, fait non seulement en ces lieux investis aussi par les gradés de la SA ou SS mais aussi chez soi. Notre narratrice nous décrit à la fois le sentiment nationaliste et la terreur qui viennent gangréner l'esprit de chacun, les poussant à la délation pour un oui, pour un non ; pour gagner quelques échelons ; pour être irréprochable aux yeux des militaires et de la Gestapo aussi.

Suzon nous raconte aussi ces hommes et ces femmes devenus lâches, qui ont agit parfois par peur plus que par conviction. Elle raconte l'aveuglement de ses contemporains qui se sont laissés endormir par l'idéologie nazie et qui ont laissé faire. Enfin "laissé faire"... non, beaucoup ont pris une part active dans cette glorification du Nazisme, d'Hitler et ce qui a conduit le monde à la guerre de 39-45 et à l'extermination de millions de juifs et Hommes du monde entier.



Après minuit est intéressant pour cette vision de l'intérieur qu'il donne de ce qu'était l'Allemagne à la fin des années 30. C'est un regard quasi auto-biographique parce que nul doute que l'auteure, Irmgard Keun, sous les traits de personnages fictifs s'est inspirée de son propre vécu pour écrire ce roman. Ecrit en 37, la critique qui y est faite est déjà très lucide.
Lien : http://quel-bookan.hautetfor..
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Une vie étincelante



Que peut faire une jeune fille douée d’un grand appétit de vivre dans une petite ville d’Allemagne au début des années 30 ?

Doris est belle, elle sait jouer de son charme et malgré son jeune âge, sait manœuvrer les hommes. Sans être cultivée, elle parle un bon allemand et peut faire illusion car elle se soucie beaucoup de son apparence et choisit ou vole de beaux vêtements. C’est d’ailleurs après avoir volé un manteau en petit-gris et craignant d’être arrêtée, qu’elle quitte sa petite ville pour Berlin. Son rêve : devenir une vedette de cinéma, elle fréquente donc les bars d'artistes mais aussi les lieux où elle peut rencontrer des hommes riches.

L’intérêt du roman est aussi dans le portrait fait du Berlin de cette époque avec des hommes qui perdent leur emploi, des femmes qui n’ont d’autre choix que la prostitution.



Le ton d’Irmgard Keun qui a connu la république de Weimar, est très moderne. Mais ses livres seront interdits par les nazis car le moins que l’on puisse dire c’est que l’image qu’elle donne des femmes n’est pas celle prônée par Hitler. Ce roman avait été publié d’abord sous le titre La jeune fille en soie artificielle.





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Après minuit



Merci à mon amie Jojo de m’avoir prêté ce livre dont j’ignorais l’existence aussi bien que celle de son auteur.

Bien que sur le moment je l’ai vraiment apprécié, 10 jours après j’ai du mal à en faire la critique. Suzanne est venue vivre chez son grand frère Algin, écrivain à succès avant que le nazisme déclare son œuvre contraire à la doctrine du IIIe Reich. Maintenant il peine à faire face au train de vie qu’il s’était fait et sa femme Liska ne l’admire plus. Suzon nous parle de son quotidien, de son amie Gerti amoureuse d’un sang mêlé ( un demi juif). Des gens qui fréquentent chez son frère, de ce qui la trouble dans cette nouvelle Allemagne… De son petit ami Franz… Et du drame qui lui fera quitter son pays.



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Après minuit

L'héroïne est une jeune femme de 18 ans qui vit à Francfort et à Cologne en 1936 et qui observe naïvement la montée des nazis au pouvoir. Ce décalage surprend un peu au départ, parce qu'on voit qu'elle ne comprend pas vraiment ce qu'il passe et d'ailleurs s'y intéresse que de manière indirecte en voyant ce qu'elle peut faire et ne pas faire. Mais elle n'a aucune position tranchée, elle fréquente des juifs comme des SA ou des SS. Justement, la montée au pouvoir dicte qui on peut ou pas; et c'est en cela qu'elle s'intéresse parfois aux sujets politiques.

Mais c'est justement dans ce décalage que le livre prend toute sa dimension parce qu'on voit bien que ce régime qui se met en place lui vole sa jeunesse et son insouciance. Elle aimerait se contenter de s'intéresser à ses histoires d'amour et à celles de ses amies, mais la réalité du régime va la rattraper.

Les personnages secondaires du frère de l'héroïne, écrivain et d'un de ses amis journalistes sont particulièrement émouvants car ils reflètent le dilemme des intellectuels dans un Etat totalitaire puisque ils doivent choisir entre se plier au régime et même le glorifier ou bien voir leurs ouvrages mis à l'index. Ils doivent supporter les conséquences de leur choix et on sent bien que cela traduit aussi les réflexions d'Irmgard Keun.



C'est un récit vraiment intéressant et original dans sa construction, surtout qu'il a été publié en 1937. On se rend compte que l'auteure avait déjà saisi à quelles dérives ce régime pouvait amener;



Par contre, la préface n'était pas très bien annoncé et je pensais que c'était le livre qui commençait, mais elle raconte un élément de la fin qui m'aurait sans doute surpris si je n'en avais pas eu connaissance. . .
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Après minuit

Irmgard Keun était une jeune femme quand elle a assisté dans son pays à la montée de l’idéologie nazie et à l’avènement d‘Hitler. Comme le souligne Eric-Emmanuel Schmitt dans la préface de Après minuit, il est frappant de constater à quel point cette femme était lucide sur la situation alors que pour beaucoup de ses compatriotes, il aura fallu quelques années de recul pour comprendre que le pays avait été aveuglé par des propos fallacieux et était allé droit dans le mur. En effet, ce roman a été publié en 1937, alors qu’Hitler n’avait pas encore déployé toute sa perfidie.



Comme d’autres auteurs, Irmgard Keun fut intégrée à la liste noire du parti, qui recensait les écrivains considérés comme dangereux et donc interdits. Après avoir choisi l’exil pour son salut, allant même jusqu’à feindre son suicide pour se faire oublier des autorités, l’écrivain est rentrée en Allemagne sous un autre nom et n’écrivit plus. Ce n’est que tard que sa bibliographie fut redécouverte.



L’histoire de Après minuit se passe à Francfort, en 1936. Suzon est une jeune fille qui pense à des choses de son âge : l’amour, les garçons, passer du temps avec son amie Gerti… Mais son quotidien est empoisonné par une ambiance morose. Sa tante est une militante active du parti et est allée jusqu’à la soupçonner de trahison. Elle s’oppose par ailleurs à l’amour qui unit son fils, Franz, et Suzon. La jeune fille a en conséquence choisi de vivre avec son frère et sa belle-sœur. Mais son frère est un écrivain déchu. Lui qui connaissait un grand succès se voit maintenant contraint d’écrire des niaiseries qui siéent au parti. Et puis il y a Gerti, qui aime Dieter, qui a eu la mauvaise idée de naître d’un père juif… Car le courant antisémite prend de l’ampleur et s’insinue dangereusement dans les esprits. L’état d’esprit de Suzon est l’incompréhension. Comme elle le dit souvent, elle fait semblant de comprendre ou de rire à des choses qui la dépassent totalement.



Pour autant, peut-être est-ce parce que justement, j’ai le recul nécessaire, je n’ai pas trouvé que je lisais le chef-d’œuvre attendu. La littérature après guerre a produit quantité d’ouvrages sur ce thème autrement plus percutants et immersifs. L’écriture parfois hachée et confuse de Irmgard Keun, qui passe facilement d’une situation à une autre, retranscrit un sentiment de stupeur, de trouble. On peut avoir du mal à suivre le fil des évènements et à comprendre les attitudes des différentes protagonistes.



Malgré tout, ce roman mérite d’être lu et connu ne serait-ce que pour la place qu’il occupe depuis des décennies dans la littérature allemande et pour la lucidité qui s’en dégage.
Lien : http://lejardindenatiora.wor..
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Après minuit

[Bonjour tristesse] dans les années 30 en Allemagne, c’est un peu ce que j’ai pensé pendant toute la lecture de ce livre. Je n’ai pas beaucoup aimé Bonjour tristesse, et je ne suis pas sûre d’avoir d’avoir éprouvé beaucoup d’empathie pour cette Suzon qui semble ne souhaiter qu’une chose, à savoir grandir dans l’insouciance d’un milieu privilégié, qui ne serait fait que de fêtes, de sortie dans toutes les tavernes possibles de Francfort, de belles robes et d’éternelles questions sur les hommes et sur l’amour. Certes, lorsque tout cela se passe alors que le Führer visite la ville et que, dans cet ordre nouveau chacun cherche soit à se faire sa place au soleil soit à se faire oublier, l’histoire devient tout de suite moins frivole. Car la question est là : comment faire les expériences de la jeunesse et devenir adulte dans une société qui ne connaît qu’une seule vérité.

J’ai cru pendant toute ma lecture que ce livre avait été écrit dans les années 70, l’édition de ma traduction française datant de 1981, et ce n’est qu’au moment d’écrire cette note de lecture que je m’aperçois de mon erreur, puisque ce livre a été publié en 1937 par une autrice allemande en exil, ayant eu un certain succès avant d’être mise au pilori par le nouveau régime (ce qui lui donne plus d’un point commun avec le personnage d’Algin dans le roman).



C’est donc un livre que je n’ai pas beaucoup apprécié au cours de ma lecture mais qui, par son histoire et sa singularité (celle d’être un des rares livres témoignant à chaud du climat délétère des années d’immédiate avant-guerre en Allemagne), devient intéressant pour lui-même. J’ai en particulier été marquée par le fait qu’Irmgard Keun ne laisse pas beaucoup d’espoir quand à la façon d’échapper à ce contrôle grandissant des vies et des esprits : la fuite semble la seule alternative possible. Les moyens de fuir sont divers, mais le résultat est le même, quitter cette Allemagne qui étouffe l’insouciant, atrophie l’artiste et muselle l’intellectuel.
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Une vie étincelante

« Je suis à Berlin. Depuis quelques jours. Après une nuit de voyage et avec quatre-vingt-dix marks en poche. Il va falloir que je vive avec ça jusqu’à ce que se présente à moi une source quelconque de revenus. C’est du sensationnel que je viens de vivre. Berlin s’est posée sur moi comme une courtepointe ornée de fleurs couleur de flamme. L’Ouest est très distingué, avec une quantité considérable de lumières -comme des pierres fabuleuses, hors de prix, serties dans des chatons estampillés. Une vraie débauche d’enseignes lumineuses. Un scintillement, tout autour de moi. » S’ennuyant dans sa ville de province, Doris décide de rejoindre Berlin où elle pourra assouvir son ambition : être actrice. Nous sommes en 1931 et la jeune femme va côtoyer des artistes, des mondains, mais également ceux que la crise a jetés à la rue. La vie étincelante recherchée par Doris ne sera pas si facile à atteindre.



Je découvre grâce aux éditions du Typhon la plume d’Irmgard Keun, romancière ayant vécu à la même époque que son héroïne. Ce qui frappe d’emblée, c’est la liberté de ton de ce texte, la modernité de la langue. Le récit de la vie de Doris est un véritable tourbillon. Elle n’a peur de rien, ni de personne. Elle enchaine les conquêtes par altruisme, par ambition et surtout parce qu’elle laisse s’exprimer son désir. Pour les années 30, le texte d’Irmgard Keun devait être provocant, insolent (il l’est toujours d’ailleurs !). Derrière l’humour de Doris, sa soif de vivre, on sent un certain désespoir. La crise de 29 a eu des répercussions terribles en Allemagne, le pays est exsangue. Et comme le rappelle l’introduction, la période fut difficile pour les femmes qui avaient réussi à obtenir des droits durant les années 20. C’est aussi pour son émancipation que se débat Doris.



« Une vie étincelante » est un roman intense, plein de fougue et d’une liberté totale qui nous surprend encore aujourd’hui.
Lien : https://plaisirsacultiver.com/
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Une vie étincelante

Une vie étincelante est la dernière pépite publiée par le Typhon, jeune éditeur particulièrement intéressé par les romans du début du 20e siècle injustement méconnus. Si le livre d’Irmgard Keun fut un best-seller en Allemagne à sa sortie en 1932, sa trajectoire fut freinée par son interdiction par le régime nazi un an plus tard. Ce roman n’a pourtant rien de subversif. Keun raconte les aventures de Doris. Licenciée de son emploi de bureau après avoir refusé de coucher avec son patron, elle part de Cologne pour tenter sa chance comme actrice à Berlin. Elle ne trouvera pas la célébrité mais un quotidien entre mondanités, gueules de bois, histoires d’amour bancales et fins de mois difficiles. Qu’importent les problèmes, Doris y fait toujours face avec malice. L’humour grinçant de Keun et la galerie de personnages qu’elle brosse en font aussi une occasion de découvrir l’Allemagne à l’époque de la République de Weimar, trop largement méconnue.
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Une vie étincelante

Une vie étincelante, voilà l’objectif de l’héroïne du livre, Doris. En rééditant ce classique de la littérature allemande traduit par Dominique Autrand, Les éditions du Typhon nous livre un texte d’une étonnante modernité. Cette plongée dans le Berlin des années 30 auprès d’une jeune femme pleine d’esprit et d’ambitions m’a emportée.



Doris vit avec ses parents à Cologne. Elle travaille comme dactylo et s’y ennuie profondément. Jolie et pleine de vie, elle attire à elle tous les regards. Elle tente de quitter la pauvreté de son milieu d’origine et se rêve actrice. Elle en a l’allure mais découvre très vite que c’est un milieu où chacun se méprise. N’y trouvant pas sa place, elle décide de se rendre à Berlin, le seul endroit qui lui semble à la hauteur des ses rêves. Pourtant, elle déchante rapidement car la ville sort à cette époque de la crise de 1929 et la pauvreté est omniprésente. De plus, les idées antisémites montent et un climat pesant hante la ville.

Le roman nous dresse aussi le portrait d’une époque de désillusion où chacun porte les sévices de la crise de 1929. L’Allemagne est ruinée et les débats politiques s’enflamment. Les femmes avaient connu plusieurs avancées sociales lors de la décennie précédente mais elles sont les premières victimes de la crise. Un retour au foyer pour elle est portée par les milieux conservateur. Doris se bat pour rester libre et ne pas être enfermée dans un mariage ennuyeux.



Malgré le contexte politique et les difficultés de Doris, le roman n’est jamais mélodramatique. L’autrice nous propose une héroïne qui va à rebours du cliché de la jeune et jolie provinciale trompée et brisée par la capitale. Elle refuse son assignation sociale et son désir insatiable de vie lui fait côtoyer tous les milieux. Des salons luxueux aux salles d’attente des gares, Doris vit tout avec panache. J’ai été particulièrement admirative de l’écriture vive et pleine d’images. La langue est moderne et libre, à l’image de Doris. Même dans les moments les plus difficiles, elle fait preuve d’esprit et d’une certaine effronterie.



Encore un très beau travail d’édition de la part de cette maison d’édition que j’aime tant.
Lien : https://lapagequimarque.word..
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Une vie étincelante

Texte publié en 1932 d'une modernité déconcertante !

Doris, jeune femme pleine de vie et d'humour, en quête de liberté, décide, suite à un licenciement "abusif" (elle a refusé les avances de son patron...) de partir à la conquête de Berlin pour devenir une vedette ...

Grâce à la galerie de personnages rocambolesques que croise Doris, Irmgard Keun parvient à nous transmettre une impression du Berlin en crise des années 30, avant l'arrivée d'Hitler. C'est ce qui moi m'a le plus intéressée en tout cas ... 😉

Je vous encourage à lire la belle critique de @plaisirsacultiver sur ce roman.
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Une vie étincelante

si Céline avait eu une soeur, ce serait Irmgard KEUN. tous deux décrivent des destins de personnages qui essaient de s'en sortir dans des époques sans espoir. Doris le personnage central du roman partage son quotidien et ouvre sans filtre son mode de pensée, partagée entre le besoin de manger et le besoin de s'épanouir.

PS petite soeur potentielle de Céline, I KEUN n'a tout de même pas sa puissance d'écriture.
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Une vie étincelante

Il n’y a qu’une ville à la taille de l’énergie de Doris : Berlin ! Fuyant la ville moyenne où elle végète, Doris, séduisante et séductrice, part à la conquête de la Babylone des années 30. Un objectif en tête : devenir une vedette. Elle plonge alors dans un univers éclatant et éclaté : le champagne coule à flot comme les êtres à pic dans la misère. Artistes, mondains, miséreux se lancent à corps perdu dans un dernier tour de piste avant le désastre qui s’annonce en Europe. Ne pouvant compter que sur elle-même, Doris va tout vivre au risque d’être emportée par ce torrent. Texte féministe avant l’heure, Irmgard Keun crée un personnage qui résiste à toute assignation.



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Une vie étincelante

Je souhaitais découvrir les éditions du Typhon et je n'ai vraiment pas été déçue. Ce texte est un petit bijou d'effronterie et d'intelligence. Le lecteur plonge dans l'intimité d'une femme à la vie décousue, qui est aussi peu fantasque qu'elle est idiote ou naïve _ et découvre la ville de Berlin misérable, cynique et exubérante du début des années 30. La langue est franche, aussi dure que le quotidien de Doris, le personnage principal, mais foncièrement poétique et empreinte d'une simplicité sincèrement plaisante et parfois déroutante. Je conseille vivement et certainement pas qu'aux femmes.
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Quand je serai grande je changerai tout

Une petite fille nous raconte son quotidien en Allemagne à la fin de la première guerre mondiale. On ne connait ni son nom ni son prénom, tout juste son âge. Sans doute pour rendre son personnage plus universel, l’auteur nous dispense de certaines informations qui l’auraient rendue plus attachante. Même si les péripéties et les bêtises décrites sont souvent drôles, cocasses et révélatrices des travers des adultes, j’ai souvent eu du mal à m’intéresser réellement à la vie de la petite fille.



A travers ses yeux, le lecteur d’aujourd’hui découvre une page de l’Histoire, la guerre depuis l’arrière et son quotidien fait de privation et de situations absurdes. La dénonciation des travers des sociétés modernes grâce à la voix d’un enfant est tout à fait actuelle : l’auteur parvient à mettre à jour les compromissions, les mensonges, les méchancetés et la lâcheté du quotidien. Mais cette suite d’histoires reste avant tout attachée à ses contemporains, et durant ma lecture, je me suis souvent sentie exclue, non initiée, complètement extérieure à l’histoire.



Les histoires qui composent ce recueil sont finalement assez répétitives avec une situation de départ qui va dégénérer, la logique enfantine qui a conduit à la bêtise du moment, quelques digressions, quelques vérités bien senties et finalement la punition.



La lecture était finalement agréable et je comprends tout à fait l’intérêt de diffuser le message de l’auteur mais je n’ai pas pu m’attacher à ce récit et ses personnages. Dommage.
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