L’un vit en meute mais ne se sent pas plus entouré pour autant … L’autre est un homme esseulé, laissé là. Les deux semblent incomplets, malheureux dans leur vie de loup et de pêcheur, de vieux loup de mer. Et s’ils n’en sont pas malheureux, ils se laissent bercer par les remous de la solitude.
Nemo est un loup « à part », une vivacité d’esprit ponctuée par une curiosité naïve qui l’empêche d’entrer dans le rang. Il « marche à contretemps ». Alors que la meute hurle, Nemo chantonne ; alors que la meute broie ses proies, Nemo mâche quelques fleurs. Porté par une idée, un rêve, celui de voir l’océan, Némo quitte les siens, enfin les siens, les autres de son espèce car finalement a-t-il jamais appartenu à cette meute ? Prêt à affronter les tempêtes, il se dirige vers ce doux clapotis aux odeurs salines. Pourquoi ? Il ne le sait pas lui-même mais Némo embarque sur l’eau cramponné à une planche de bois.
A l’autre bout de l’estuaire, un pêcheur ne rentre pas au port. La tête dans les étoiles, le nez dans les embruns, il fait confiance à l’étendue d’eau pour guider son bateau qu’importe l’endroit … Et puis, face à lui, le vieil homme aperçoit Nemo sur sa frêle embarcation. Comment cette rencontre va-t-elle se passer ?
Une fabuleuse histoire d’amitié qui nous rappelle qu’il ne suffit pas de se ressembler en apparence pour se trouver. Portés par l’amour de la mer, nos deux compères vont se lier d’amitié, cette amitié qui dure toute une vie. Une magnifique représentation de l’expression « un vieux loup de mer », j’adore l’ingéniosité de cette histoire ! Une rencontre improbable qui raisonne pourtant comme une évidence pour les deux personnages. Tel un isthme, la mer les réunit liant ainsi à jamais leur existence. Le tout accompagné par des illustrations aux tons pastel, dominées par les nuances de bleu. J’ai été transportée dans cet univers marin où l’on navigue sur les flots de nos représentations : doit-on se ressembler pour s’entendre ?
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