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Citations de Itamar Orlev (47)


Ça fait trop longtemps qu'on ne s'amuse plus ici, la violence qu'il nous fait subir à nous, sa famille de merde, a depuis des lustres chassé la joie d'alors. L'appartement explose maintenant de cris, d'insultes, de lamentations, de gémissements, de pleurs.
Et j'ai retrouvé la même haine qu'à l'époque, mais décuplée parce qu'il arrivait de nouveau, dans sa vieillesse, à éveiller en moi un terrible sentiment de culpabilité, parce que, en une seconde, il avait de nouveau fait de moi un fils merdique...Sauf que, cette fois, j'ai décidé de ne pas me laisser avoir.
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Je n'étais jamais venu à Varsovie et je n'y connaissais personne, même si la langue polonaise, dans laquelle je baignais depuis mon atterrissage, aurait dû être la musique de fond de toute ma vie. J'ai soudain pris conscience de la rugosité et de la dissonance de l'hébreu qui m'emplissait la bouche depuis plus de vingt ans, tel du sable sur le palais et entre les dents.
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« Ne panique jamais et n’aie jamais peur. La peur est un piège fatal. J’ai vu des gens se faire tuer rien que parce qu’ils ont eu peur. »
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Tante Nella avait un lourd passé alcoolique, tout comme son mari, un conducteur de train qui la battait dès qu'il avait un coup dans le nez.
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Je suis sorti de la salle de bains. Nu et glabre, j'ai erré d'une pièce à l'autre à travers une maison déserte, silencieuse. Et puis, lentement, j'ai été gagné par une douce sérénité. Les couches de poussière et de suie qui s'étaient accumulées pendant des années se sont évaporées. Tout est devenu limpide, simple, accessible. Je suis allé dans la cuisine, j'ai attrapé une bière dans le frigo et je suis sorti comme ça dans le jardin. La nuit m'a pris dans ses bras. Je me suis assis sous le ciel piqué d'étoiles scintillantes, et j'ai eu l'impression d'être heureux.
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Bien plus tard, j’ai constaté que, toute notre vie, nous cherchons à obtenir une sorte de reconnaissance de notre père mais que, pour ce que j’en ai compris – et je ne comprends sans doute pas grand-chose‑, nous n’y arrivons quasiment jamais. Et peu importe que le père soit un fils de pute et un minable, on s’obstine, comme quand on était petit.
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Il y a de gens qui ouvrent tous les soirs un livre dont ils lisent quelques pages pour s'aérer l'esprit et s'endormir plus facilement. Moi, j'ai besoin de calme autour de moi. Sans quoi je me sens agressé par les mots.
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Mais ce que la guerre n’avait pas réussi à détruire, c’est mon père qui s’en était chargé, et ses rêves de paillettes ont été ensevelis sous les épreuves du quotidien. Pourtant, lorsque parfois elle nous installait tous les quatre pour nous raconter une histoire, elle arrivait à créer en quelques secondes un one-woman-show dans lequel elle incarnait tous les personnages, un monde parallèle se construisait sous nos yeux hypnotisés et nous étions là à espérer que ça ne finisse jamais.
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Qu’est-ce qu’il aurait fait ici sans sa vodka, ses amis alcooliques et leurs bagarres de soûlards ? Qu’est-ce qu’il aurait fait au milieu de tous ces Juifs ? Dans un pays où on ne boit pas et où on ne sait rien de la violence des goys polonais ? Tu as vu, ici, deux personnes s’exploser la gueule pour rien, en pleine rue, au milieu de la nuit ? Il se serait immédiatement retrouvé en prison. 
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Chez moi me guettait une longue nuit, sombre et vide, si bien que je suis rentré avec beaucoup d’appréhension. Je me suis assis dans le jardin avec une bière et j’ai commencé à me languir de mon fils, de ses exclamations de joie, de ses fous rires qui montaient de la salle de bains quand ma femme le lavait, de ses larmes quand il était fatigué mais refusait d’aller se coucher, luttant contre le sommeil, à croire qu’il craignait, s’il s’y abandonnait, de ne jamais plus en revenir. Il tapait des pieds, criait, secouait la tête dans tous les sens tandis que l’engourdissement envahissait peu à peu son corps et dissolvait lentement sa conscience. À la fin, tel le condamné qui accepte sa mort imminente, il se laissait dominer, happer par le sommeil, et moi, jamais je n’ai essayé de le sauver.
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Sa coiffure a continué à se défaire et sa chevelure a fini par tomber en cascade autour de son beau visage. Je me suis approché d'elle, tout près, j'étais suffisamment ivre pour chercher le réconfort de son corps, même si j'avais déjà compris que c'était en vain : nous étions deux étrangers qui tentaient de se consoler dans les bras l'un de l'autre tout en sachant pertinemment que ce ne serait pas là, pas sur ce lit, que nous trouverions notre salut.
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Putain de Russes!
Oui, c'est ça, putain de Russes!
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'en ai profité pour le détailler,cet homme qui était mon père, cet hédoniste polonais qui ne s'est pas gêné pour baiser, cogner, tuer. Le voilà donc assis sur son lit, adossé contre le mur, cheveux ébouriffés, visage gris rongé par les poils de barbe. S'il était né dans un autre milieu, dans un autre pays, en un autre temps, il aurait pu être un libertin plein de panache, un ami du marquis de Sade...Mais là, c’était un voyou polonais qui avait émergé des égouts de Majdanek, pour atterrir dans la crasse des quartiers pauvres de Wroclaw. L'aura de la liberté et du romantisme fracassée sur le sol d'une réalité viciée, sombre, nauséabonde. Il somnolait avachi, en pyjama élimé, la bouche entrouverte, la cigarette qui se consumait entre les doigts. Vieux. Pitoyable. Mon père. Qui a bais autant qu'il a pu, qui a bu jusqu'à plus soif, s'enivré de musique, a dansé, frappé, tué sans scrupule. Comment ne pas rester pantois devant la capacité de jouissance absolue dont il a fait preuve toute sa vie, sans jamais tenir compte de personne à part lui-même"

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À l’époque, quand j’étais gosse, je pensais que les adultes n’avaient peur de rien, et ça me rassurait. Or voilà que j’étais allongé, paniqué, dans notre lit qui était devenu mon lit. Le silence, qui phagocyte tout, s’attaquait à présent à moi.
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el était mon rôle : être dans sa chambre en cas de besoin, m’asseoir à côté de lui sur une chaise ou m’allonger sur le tapis et m’endormir, peu importe, le principal c’était que je sois dans les environs, papa gardien, prêt à défendre le château fort qui les abritait, lui et sa mère. C’était leur droit et mon devoir, sauf que mes capacités s’étaient tellement amenuisées au fil du temps que j’ai fini par cesser d’essayer. Bien sûr, j’étais l’homme, et je le serai toujours, celui qui ouvre les bocaux quand personne n’y arrive, qui sait déboucher le lavabo, qu’on réveille à deux heures du matin pour aller voir ce que sont ces bruits en provenance de la salle de bain, de la porte d’entrée ou du jardin. Mais ce n’était pas ce que je voulais. Oui, moi, j’avais espéré être autre chose.
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Qu’est-ce que tu veux ? Ici, tout le monde fait semblant de travailler, alors le gouvernement fait semblant de payer, comme ça, ça s’équilibre.
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L’âge, ça ne compte jamais, pour rien. Pour la baise non plus. Et encore moins pour la castagne. Ce n’est qu’une question de capacité, et tant qu’on y arrive – on le fait.
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C’est un garçon rondouillard, blond, avec une raie sur le côté et de bonnes joues bien rouges. Il ne sort jamais seul, il est toujours accompagné par quelqu’un de sa famille, parce que dans notre quartier, un tel enfant se promenant seul, ça ressemblerait à une sardine blessée dans une mer infestée de barracudas voraces.
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Tante Nella avait un lourd passé d’alcoolique, tout comme son mari, un conducteur de train qui la frappait dès qu’il avait un coup dans le nez. À chaque fois, elle s’enfuyait et venait se réfugier dans notre appartement. Elle savait que c’était le seul endroit où il n’oserait pas la poursuivre. Au bout de quelques heures, quand il était enfin calmé, il débarquait chez nous, s’agenouillait à ses pieds et la suppliait de revenir.
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Ma mère est debout à la fenêtre de la cuisine et fume une cigarette. La vaisselle sale du dîner s’entasse dans l’évier. Ola est plongée dans un roman. Anka fait ses devoirs. Robert et moi jouons au rami. Silence. Chacun vaque à ses occupations. Soudain, dans la cage d’escalier, le bruit d’une porte qui claque, puis des pas qui montent lentement. Mon frère se crispe. Maman lance un regard inquiet vers le seuil. Anka et Ola se figent et tendent l’oreille. Moi aussi j’écoute, ces pas s’approchent et se précisent, au bout de quelques instants on comprend avec soulagement que ce n’est pas papa. On peut donc retourner à nos activités, sauf qu’on sait très bien que plus il rentrera tard, plus il sera saoule. Ne nous reste qu’à espérer qu’il le soit au point de s’écrouler en chemin ou chez un de ses amis de beuverie.
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