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Citations de Itamar Orlev (47)


J'ai alors posé sur la table la bouteille de whisky que j'avais aussi achetée au marché noir. Les deux hommes l'ont regardée avec méfiance.
" C'est quoi? a demandé mon père.
- On dirait de la vodka périmée, a marmonné Wojtek.
- C'est du whisky.
- Du whisky, a répété ce dernier.
- Mais oui, pour sûr! s'est écrié mon père avec une émotion décuplée. C'est la boisson de ces putains de Britanniques! Ben oui, ces trous du cul boivent du whisky. Allez, mon Tadzio, va te chercher un verre, qu'on trinque avec la bibine de cette bâtarde de reine d'Angleterre!"(...)
- "Na zdrowie!" avancé mon père.
Ils ont pris une gorgée, ont échangé un regard perplexe et ont aussitôt recraché.
"Infect! a dit Wojteck.
" C'est quoi? Du tord-boyaux maison? Mon Tadzio, j'ai l'impression qu'ils se sont foutus de toi là-bas, ces fils de putes.! Je te conseille de ne pas le boire, tu risques de devenir aveugle."
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Je me suis souvenu d'une femme, une voisine de la grand-mère, à qui les Ukrainiens avaient effectivement défoncé la tête à coups de hache, mais, étrangement, elle n'en était pas morte. Une partie de son crâne était devenue toute plate, comme une planche, sans cheveux, et quand elle voulait nous faire rire, elle posait dessus un verre de thé.
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Ne t'habitue pas à être jeune parce que ça passe drôlement vite.
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Tu sais, savoir se taire, c'est parfois plus important que de parler. Rester comme ça en silence sans se sentir mal, on ne peut y arriver qu'avec quelqu'un de très spécial.
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La nuit, quand on dort ensemble, le cerveau se met en veille et n'impose plus à la chair un qui-vive inquiet et des gestes tranchants, il ne lutte plus, le cerveau, ne s'accroche plus à ses principes, se déleste de ses rancœurs, n'entraîne plus l'organisme à sa perte sous l'effet de pulsions autodestructrices. Le corps, dans sa quête et son besoin de chaleur, échappe à la tyrannie des neurones et trouve enfin, dans le silence, instinctivement, le corps de l'autre. Et le réconfort qui va avec.
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"Tu te souviens, le jour de votre départ, à la gare, juste avant que vous montiez dans le wagon... tu te souviens de ce que tu m'as dit ?" a-t-il demandé.
J'ai répondu que non. "Tu m'as lancé un regard furieux et tu as refusé de monter. J'ai essayé de te pousser parce que le train allait partir, mais tu n'as pas voulu bouger. Tu avais les yeux pleins de larmes et tout à coup tu m'as dit d'une voix chevrotante "Maintenant tu es content, mais plus tard tu seras drôlement triste." Alors seulement tu as accepté de monter. Et en effet j'ai été triste, mon Tadoush, si tu savais comme j'ai été triste."
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Sur l'escalier roulant, je me suis retourné plusieurs fois. Ma mère n'avait pas bougé, elle me suivait du regard. Sa petite silhouette en robe à fleurs s'éloignait de plus en plus, et tout à coup elle s'est écriée : "Dis-lui que je me souviens uniquement des belles choses."
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J’ai toujours été un fumier, et ça ne m’a pas posé de problèmes. Qu’ils aillent tous se faire enculer. Le truc, c’est que j’ai aussi été une merde de père. Une merde de mari. Une merde d’ami. J’ai peut-être vieilli, mais maintenant, ça commence à me déranger.
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Le général s'exprimait très bien, avec le vocabulaire élaboré des gens cultivés. Ses gestes délicats et son attitude aristocratique témoignaient qu'il n'avaient rien de commun avec l'homme simple qui lui faisait face. Pourtant cette différence de classe flagrante ne semblait entamer en rien l'intimité qui les liait, une sorte de fraternité si forte qu'elle l'emportait sur tout ce qui pouvait les séparer. De plus, en présence de son ami Pawel, mon père ne se curait pas le nez avec vulgarité, ne crachait pas part terre et ne jurait pas.
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Tu sais, de manière générale, je pense qu'il vaut mieux faire confiance aux pauvres. C'est ce que Jésus a dit, et il savait de quoi il parlait. Lui était plutôt intelligent comme mec. À ton avis, qui nous a aidés pendant la guerre ? Les riches ? Sûrement pas ! Seuls les plus pauvres des pauvres l'ont fait.
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Je voulais continuer à repousser le moment où il me faudrait penser à ma rencontre avec mon père, mais impossible de résister. Il s'est assis en face de moi, vieil homme souriant, pétri de gentillesse. Ses yeux, grossis par les verres épais de ses lunettes, lui conféraient une expression grotesque de sénile paumé et ses grandes mains si fortes essayaient de contenir leur brutalité pour recouvrir tendrement les miennes.
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Le vide autour de moi s'est soudain rempli d'une douleur étonnante et d'une grande angoisse. Ce n'était pas de la nostalgie, pas encore, j'avais d'ailleurs longtemps attendu le jour où elle se déciderait à me quitter, mais je n'avais pas prévu qu'après son départ et celui du gamin, le silence qu'ils laisseraient m'étranglerait.
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Avec ses longs cheveux défaits qui lui couvraient les épaules, les chairs libérées qui révélaient leur moelleuse abondance, la grand-mère n'avait plus du tout la même apparence. Elle restait en caleçon long jusqu'aux genoux et se couchait à côté de moi, douce et plantureuse. De sa peau montaient des odeurs de transpiration, de foin, de bouse de vache et de lait acide tandis que son corps dégageait chaleur et gentillesse, me procurant un sentiment de sécurité originelle que je n'ai jamais retrouvé ailleurs que dans son lit.
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-Soixante six ans, c'est pas mal, c'est même un nombre palindrome.
-Ne m'emmerde pas avec tes grands mots, garde-les pour la prochaine nana que tu essaieras d'impressionner.
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Avec ses longs cheveux défaits qui lui couvraient les épaules, les chairs libérées qui révélaient leur moelleuse abondance, la grand-mère n'avait plus du tout la même apparence. Elle restait en caleçon long jusqu'au genoux et se couchait à côté de moi, douce et plantureuse. De sa peau montaient des odeurs de transpiration, de foin, de bouse de vache et de lait acide tandis que son corps dégageait chaleur et gentillesse, me procurant un sentiment de sécurité originelle que je n'ai jamais retrouvé ailleurs que dans son lit.
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Il s'est mis à pleurer.
"Tu passes ta vie à envoyer les autres se faire foutre, tu te prends quasiment pour le bon Dieu. Tu craches sans pitié sur tes amis, ta famille, tes amours. Tu es persuadé de n'avoir besoin de personne. Tu considères la terre entière comme un grand terrain de jeu, tu te marres et tu fais la nique au diable. Et puis, tout à coup, tu te retrouves à croupir dans une maison de retraite merdique de Varsovie et tu attends de finir tes jours comme ça.
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Mon père se tient tout près de moi, sa peau et son haleine exhalent la forte odeur de vodka qui l'enveloppe en permanence, sauf qu'à cette époque, c'était juste l'odeur de papa.
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Il s'est tu un instant. "Moi quand j'ai eu mes enfants, en particulier tes grandes sœurs, je n'étais qu'un gamin, pas prêt du tout. D'ailleurs, peut-être que je suis resté un gamin, que je n'ai pas réussi à évoluer. Et ce qui me fait chier, c'est que je mourrai comme ça, sans savoir qui je suis".
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ma mère, cette femme qui aurait été capable, rien qu'en soufflant, de faire chavirer tous les bateaux de guerre de la marine américaine impérialiste, d'après ce que disait d'elle notre voisin, Marian Lipska...
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Il fallait que mon cerveau, sur lequel je peux toujours compter, mette de la distance entre moi et l'insupportable réalité, qu'il enferme les faits dans le bel emballage de la fiction. Emousser les sens, je ne vois pas comment subsister autrement, avec, peut-être, en guise de consolation, les merveilles de la vie, les instants du quotidien et la bonté - fragile enveloppe qui risque de craquer à tout moment, de voler en éclats à la moindre laideur.
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