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Critiques de Itamar Orlev (29)
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Voyou

Après une séparation et silence complet de vingt années, confrontation et tentative de réconciliation chaotique entre un père et son fils,

un paternel , salopard et soulard, qui dégainait torgnoles et crachait son venin à tout-venant, dans la sinistre Pologne des années 80

et Talek, l'enfant meurtri, devenu père à contre-coeur, divorcé, romancier raté, qui traîne son mal-être en bandoulière.

Amour-haine, dans une atmosphère faite de grossièretés éructées, de cruelles vérités dévoilées, de mises à nu nécessaires pour pouvoir peut-être enfin pardonner.

Peut-on vraiment accorder des circonstances atténuantes à l'ancien partisan qui a connu la torture en prison et maintes souffrances au camp de Majdanek ( confessions glaçantes et bouleversantes) mais qui témoigne peu de considération et profonde affection pour ce fils désemparé venu de loin (Israël) le visiter ?



Une histoire qui interroge, qui interpelle, qui remue tripes et cervelle, qui met mal à l'aise, surtout lorsqu'elle vous est un peu familière, peut-être un peu trop insistante sur la personnalité écrasante de la figure paternelle.

Un premier roman percutant !
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Voyou

Tout d abord merci à Babelio et aux éditions du Seuil pour cette belle découverte.

Quand Tadek se retrouve seul, face à lui même, après le départ de sa femme et de son fils, fatigués de son inertie, son passé ressurgit. D'où vient il? quelle est la part de ce passé dans cette page blanche auquel fait face cet écrivain qui n'écrit plus rien depuis longtemps. Il décide de partir à la recherche de ce père violent qu'il a fuit avec sa mère, son frère et ses soeurs. Ce livre retrace ce retour aux sources. Un retour aux sources dans la Pologne communiste, pas simple, choquante pour ce trentenaire arrivé enfant en Israël.

Tadek redécouvre en Stefan, son père, immobilisé au fond d'une maison de retraite pour héros de guerre, un être à la fois héroïque et détestable, ancien partisan non communiste évadé du camp de Maïdanek.

Son père, un alcoolique toujours aussi violent, est ému et plein d'amour pour cet enfant devenu adulte, ce qui est nouveau pour l'enfant qu'il fut comme pour le vieillard.

Il entame en sa compagnie un road trip sur les traces de son passé.

Le long de ce voyage, il revoit des personnages de son enfance, tous ont un ressenti mitigé sur cet homme : admiré par certains et détesté par tous..

Le dialogue, verbal ou non, père/fils est le fil conducteur de ce livre. Un drôle de couple en quête de reconnaissance mutuelle et d'amour.

J'ai beaucoup apprécié ce livre, cette recherche de reconstruction, de reconnaissance et d'amour. L'auteur ne tombe pas dans le pathos, les sentiments, la violence, l'amour y sont retranscrits avec pudeur.

Itamar Orlev est pour moi un des nouveaux grands auteurs israéliens, dans la lignée de David Grossman.
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Voyou

Cronos, l'Avaleur est Polonais. Il se nomme Stefan Zagourski , et végète à Varsovie dans une maison de retraite pour anciens combattants. Dans les années soixante, sa femme est partie en Israël avec leurs enfants. Il n'est jamais allé les rejoindre et n'a plus donné de nouvelles.

Tadek, l'un des fils, est en pleine déconfiture matrimoniale et professionnelle. Hanté par le souvenir de ce père tyrannique, alcoolique, infidèle, violent, bagarreur, sympathique parfois, il décide en 1988 de retourner en Pologne pour renouer avec lui et obtenir des explications sur son comportement.

« J'en ai profité pour le détailler, cet homme qui était mon père, cet hédoniste polonais qui ne s'est pas gêné pour baiser, cogner, tuer. le voilà donc, assis sur son lit, adossé contre le mur, cheveux ébouriffés, visage gris rond rongé par des poils de barbe. S'il était né dans un autre milieu, en un autre temps, il aurait pu être un libertin plein de panache, et ami du marquis de Sade. .. Mais là, ce n'était qu'un voyou polonais qui avait émergé des égouts de Majdanek pour atterrir dans la crasse des quartiers pauvres de Wroclaw. L'aura de la liberté et du romantisme fracassée sur le sol d'une réalité viciée, sombre, nauséabonde. »



Voyou est un beau premier roman sur la relation père/fils, un portrait touchant d'un fils hanté par un ogre, et qui n'a obtenu de sa mère ni tendresse, ni réponse à ses nombreuses interrogations.

Dans les vapeurs d'alcool et les volutes de cigarettes, Zagourski livre à son fils les bribes d'un passé violent. Partisan catholique polonais non communiste, il a combattu les Allemands, connu le camp de Majdanek dont il s'est évadé dans des conditions dantesques, puis la prison après-guerre. Sa femme quant à elle, s'est retrouvée dans le ghetto de Varsovie, puis dans une prison pour femmes. Car elle est juive. Ce n'est qu'une fois parti de Pologne que Tadek apprend la judéité de sa mère, et donc la sienne, et leur départ pour Israël.

Voyou offre aussi une vision apocalyptique de la Pologne occupée, où chacun tente de survivre, entre combats, délation, résistance et collaboration, parfois tout à la fois, et où la survie tient du miracle ou du plus grand des hasards.

L'histoire, extraordinaire de Tadek est pourtant vraie, inspirée de l'histoire familiale du cinéaste polonais Tadeusz Ami Drozd, ami du père de l'auteur (l'écrivain Uri Orlev). Voyou est un roman cru, qui donne à voir la difficulté de la transmission dans un pays en pleine décomposition juste avant l'effondrement du Bloc soviétique, où l'on manque de tout, même d'allumettes, où tout semble triste et gris, et où les fantômes de la Seconde guerre mondiale viennent coller aux basques des vivants. Grâce au talent de conteur d'Itamar Orlev, le lecteur se retrouve pris dans les rets du Pater Familias comme Tadek, fasciné, suspendu aux lèvres d'un père dérangeant, tout puissant, titanesque, et qui au crépuscule de sa vie vient quémander l'affection et la reconnaissance d'un fils de quarante ans.
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Voyou



« J'ai toujours été un fumier, et ça ne m'a pas posé de problèmes. Qu'ils aillent tous se faire enculer. Le truc, c'est que j'ai aussi été une merde de père. Une merde de mari. Une merde d'ami. J'ai peut-être vieilli, mais maintenant, ça commence à me déranger. »



Tadek vit seul depuis que son épouse est partie, emmenant avec elle leur enfant. Le moment de faire le point sur sa vie. Pourquoi en est-il arrivé là ? Serait-ce lié à son enfance, à ce père qu'il n'a pas revu depuis si longtemps. Depuis le jour où sa mère a décidé de quitter la Pologne avec ses quatre enfants, laissant derrière elle Stefan. Ce père bagarreur, alcoolique, menteur, dont il n'a plus de nouvelles et qui croupit dans un hospice de vieux.



Les retrouvailles vont rebattre les cartes. Entre deux verres de vodka, Stefan va peu à peu dévoiler ce que fut sa vie, sans pathos.



Un premier roman très fort qui nous parle de la violence de la guerre et ses séquelles sur ce père autrefois si flamboyant, tout à la fois victime et bourreau. « L'homme agit comme il agit, et moi, ce que j'ai fait, je l'ai fait. »





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Voyou

" Alors, j'ai détaillé le profil de cet homme, mon géniteur, à la fois étranger et familier. Que j'aimais et que je détestais. Oui, j'aimais ce père que je détestais."



Ces quelques phrases nous donne la mesure de ce très beau roman sur l'histoire d'une filiation compliquée et douloureuse entre un père et son fils.

Tadek, notre héros, se retrouve seul, sa femme l'a quitté emportant son jeune fils. Cette paternité a été si dure à concevoir, la sienne renvoyant dans un miroir celle de son père.

Alors, il décide de retourner voir son père qui croupit dans un hospice de vieux à Varsovie.

Besoin de comprendre son propre père, homme violent et aviné de vodka toute sa vie.

Tous deux, décide de partir dans ce petit village de Pologne, où sont leurs racines et le reste d'une partie de la famille.

Ce voyage est une véritable odyssée qui permet au père de raconter à son fils la guerre qu'il a vécu, les atrocités commises de chaque côté.

Il y a cette scène magnifique et grandiose, où le père prend un bain à l'hôtel, se mettant à nu devant son fils au sens propre comme au figuré, racontant son passé d'homme fort d'alors, tandis que sa vulnérabilité l'empêche de sortir du bain seul.

C'est un beau livre qui nous révèle l'indicible des relations humaines et des secrets que chacun porte en lui.

J'ai envie de terminer sur cette phrase:

C'est quand on n'a pas raison qu'on peut laisser la porte ouverte aux émotions complexes et bouleversantes, de celles qui emportent et secouent, de celles qui peuvent aussi tout détruire sur leur passage. "

C'est merveilleusement dit, après, on écoutera le silence et le vent.
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Voyou

Tadek vit à Jérusalem depuis les années 50 après avoir quitté la Pologne avec sa mère et ses frères et sœurs pour fuir la misère et un père violent. En 1988, suite à sa séparation conjugale qui l'éloigne de son fils, Tadek décide de retrouver son père qui vit dans un hospice de Varsovie. Le voilà parti pour un voyage vers ses origines oubliées et inconnues pour certaines.



Le roman alterne entre le descriptif du voyage de Tadek, le récit de vie de son père et le témoignage de la mère lors du retour à Jérusalem, permettant une illustration différente de cette histoire familiale.



C'est un récit puissant sur la recherche des racines familiales de Tadek qui souhaite se rapprocher de son père malgré une enfance malheureuse. Ce patriarche est le personnage le plus flamboyant et complexe : alcoolique, menteur, violent mais aussi fragile et émouvant durant sa période de captivité et d'évasion. Mais son fils ne peut lui pardonner ses colères terribles et absences répétées durant son enfance.Tadek recherche pourtant une reconnaissance paternelle indispensable pour assumer son propre rôle de père à Jérusalem.

La construction précise du texte nous permet d'évoluer au milieu d'une multitude de personnages secondaires et d'époques variées sans s'égarer. On évolue dan l'histoire de Tadek, puis de ses parents séparés.L'auteur met en lumière des circonstances dramatiques qui ont transformées le père, qui expliquent ses dérives et le basculement de sa vie, sans toutefois tout lui pardonner.

La société polonaise durant tout le 20ème siècle nous est décrite dans toute sa misère, sa violence , ses campagnes désolées et une population accablée par alcoolisme chronique .



Je salue cet auteur pour son premier roman intense, grave non sans quelques touches d'ironie. A ne pas rater
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Voyou

Merci à Masse Critique de Babélio et Seuil pour l'envoi de cet excellent roman.



Voici donc l'histoire d'un quarantenaire déprimé (sa femme vient de partir avec son fils) qui décide de revoir son père, un vieux Polonais alcoolique qui se meurt doucement dans sa maison de retraite. Ce dernier, s'était lui aussi fait abandonner par sa famille car, imbibé par la vodka, il terrorisait et violentait les siens.



Les retrouvailles ont lieu et c'est l'occasion de tout savoir sur l'histoire de cet homme, son passé de partisan et prisonnier pendant la seconde Guerre mondiale, ses bagarres ultra-violentes, ses états d'âmes et pensées intimes de sa vie d'homme à celle d'un vieux. Et pourquoi la vodka est devenu son sang ?



Un roman passionnant, où les petites histoires racontent la grande, celle des hommes, et en particulier celle de cet atroce père, ce voyou à qui on pardonne finalement bien trop de choses. Car on peut retrouver beaucoup de nous dans la vie de ce monstre.



Et c'est là toute la force de ce livre. Mettre de l'universel en un voyou, en cette période de guerre, ou même de paix. De nous parler de la jeunesse, de la vieillesse, et de l'entre-deux qui passe trop vite.



Le style est limpide et fort, grandement adaptable au cinéma. Un premier roman d'un auteur israélien (né en 1975) qu'il nous faut surveiller de près.







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Voyou

Voyou a obtenu le prix Sapir du meilleur premier roman en Israël. Dans ce récit des faits réels se mêlent à d’autres imaginés par l’auteur. On y retrace des parcours de vie, on y parle de filiation, de prédestination et de transmission. Tadek vit à Jérusalem. Il traverse une mauvaise passe, il est à un tournant de sa vie. Hanté par son enfance difficile en Pologne, il a besoin de faire le point et part pour Varsovie à la recherche de son père qu’il n’a pas vu depuis vingt ans. Leurs retrouvailles s’avèrent compliquées d’autant que Stefan, pensionnaire d’une maison de retraite pour anciens combattants, est devenu un vieil homme alcoolique peu agréable. Le passé resurgit avec son lot de souvenirs douloureux et bien encombrants. L’histoire de la famille se dessine peu à peu, avec en toile de fond celle de la Pologne pendant la guerre, déchirée entre nazisme et communisme. Les deux hommes sont confrontés à des sentiments contradictoires, amour, haine, besoin de se déculpabiliser pour l’un, de se disculper et de se justifier pour l’autre, et pourtant malgré leur médiocrité on s’attache à ces deux personnages et on suit leur périple avec beaucoup d’intérêt. Itamar Orlev ne se perd pas en conjectures psychologiques. Pas de pathos, beaucoup de pudeur, de l’ironie, de la violence, de la cruauté, une langue très crue, des jurons, des grossièretés, mais aussi de l’émotion et un suspense bien entretenu. C’est un roman fort avec des passages difficiles, mais dont on retiendra surtout la fin. (A.P.)
Lien : http://www.bnfa.fr/livre?bib..
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Voyou

C’est ton père quand même !

Cette petite phrase lapidaire ânonnée jour après jour continue ta vie durant son travail de sape et de destruction bien avancé par ton géniteur expert en coups et bosses, ingénieur en démolition de ses proches.

C’est ton repère quand même !...

Même si toi, nulle part, tu n’as plus de repaire.

Et puis, si tu y arrives, quand vingt ou trente ans plus tard tu as fait le tour, que tu as vidé ta tête au carré, une fois les angles arrondis, polis, tu y vas.

Affronter tes affres, remouiller la meule des sentiments pour y affuter la lame de la tendresse qui est pourtant prête à te fendre le cœur.



Tadek va y aller. De Jérusalem où sa mère et ses quatre enfants se sont réfugiés à Varsovie où vit encore cet homme qui a longtemps cristallisé ses rêves et qui finalement a réalisé ses cauchemars. Pour avoir des réponses à des questions qu’il n’a jamais posées, pour réparer des plaies qui n’étaient pas encore ouvertes et peut-être essayer de fermer les plus profondes.



Retrouver des racines après des lustres de sevrage, c’est de l’adrénaline à foison mais c’est rarement ouvrir une fenêtre qui éclaire l’horizon, c’est plutôt soulever une trappe du passé qui ne laisse filtrer que quelques souvenirs moisis, arrangés par les années.

Désagréable et apaisant. Baume qui gratte.



Les ingrats, c’est nous, s’il est si méchant, c’est surement de notre faute et surgissant des entrailles du temps, la culpabilité en bandoulière, les remords à la boutonnière, tu cavales.



Faire le chemin, c’est déjà pardonner. Rencontrer, c’est se donner la possibilité d’exister autrement, comme on revient d’une guerre que l’on n’a pas déclenchée. Amoché mais rescapé de soi-même.



Ta conclusion, c’est qu’il est sympa cet enfoiré, il a abandonné femme et enfants mais il a beaucoup souffert, torturé par la gestapo, devenu exécuteur de plus enfoirés que lui mais maintenant qu’il est vieux, il n’est plus que l’ombre de lui-même. Tout est-il blanchi ?

Toi, qui même jeune, par son égoïsme et sa violence était à peine l’ombre de toi-même, il ne te remerciera jamais assez d’être là pour ses dernières années, mon Tadzio adoré. Est-ce vrai ?

Va te faire dorer…



Dès le début de ce roman, je suis ferré, les lignes s’enchainent limpides comme on parle, les pensées affluent, compactes et authentiques face à des évocations incroyables de brutalité et de barbarie compensées par des passages d’amour véritables et de nostalgie palpables. C’est le roman du choix d’une vie et de ses conneries toutes générations confondues. Poignant, bluffant.



Itamar Orlev ne limite pas la trame de son premier ouvrage au nombril de Tadek, à la détresse de sa mère, à la névrose de ses frères et sœurs ni à la rage de son père, loin de là.

C’est aussi l’Allemagne qui envahit la Pologne et l’extrême souffrance d’un peuple, c’est l’omniprésence de la vodka et de ses ravages dans les familles, la pauvreté désolante ainsi que la famine qui épuise l’existence et pousse à la trahison et, sans oublier la légendaire et inéluctable traque des juifs.

Tous ces thèmes sont développés d’une écriture vive et habitée. Les dialogues sont énergiques et tendus, on y ressent la « tchatche » de la proximité de la méditerranée, le clapot des mots.

C’est ta mer quand même !

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