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Critiques de Ivan Gontcharov (106)
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Oblomov

Cher ami babeliote, auras-tu la flemme de lire cette critique ?



Oblomov, lui, n’eut sans doute pas l’énergie de venir à bout d’un tel ouvrage. Presque 700 pages dédiées au parti du moindre effort, où les péripéties se résument à se tourner sur le flanc lorsque l’on était jusqu’alors allongé sur le dos, où l’on rêve que l’on dort, où le « héros » ne finit par se désengourdir dans son lit qu’après 65 pages, où l’on n’en finit pas de compter les grains de poussière dans la chambre etc. Alors pourquoi, à l’heure où nous n’avons plus le temps de rien, se plonger dans une telle torpeur littéraire ?



Bien sûr, si vous avez déjà succombé au bovarysme alors vous avez quelques prédispositions pour l’oblomovisme. Comme Emma Bovary, Ilya Ilitch Oblomov est en décalage avec la vie. Mais là où Emma Bovary fuit l’ennui, Ilya Ilitch le recherche.



D’ailleurs jamais il ne s’ennuie. Il s’agit plutôt d’une quiète flânerie onirique que rien ne doit troubler, nous dirions aujourd’hui qu’Oblomov psychosomatise – son corps accuse les maux de son âme - et se fait une montagne des petits soucis du quotidien, de cette vie qui ne le laisse jamais en paix, à tel point que son atonie le pousse toujours davantage dans la fuite de la vie en société, du travail, de la vie familiale etc. Oblomov passe à côté de sa vie précisément car il se l’imagine trop, il se noie dans les tréfonds de cet imaginaire aigre-doux et perfide - celui-là même dont son ami Stolz se méfie.



La vie de Gontcharov (en caméo dans son propre roman !) attise bien des curiosités, au-delà des comparaisons a posteriori avec une Emma Bovary ou un Frédéric Moreau, antihéros un peu branleur et mondain de l’Education Sentimentale (encore Flaubert, toujours Flaubert), comment l’auteur russe a-t-il pu trouver une si singulière inspiration ?



Schématiquement, le personnage d’Oblomov est l’incarnation de ce que l’on appelle, en psychologie clinique, l’aboulie, la défaite de la volonté. Pour lui toute tentative de vie sociale, mondaine, d’agitation, de labeur, d’épargne ou de curiosité n’est que vanité et stérile agitation comme si in fine cela ne faisait pas grande différence. Que pourrait t on lui opposer ? (Aidez-moi à le convaincre dans vos commentaires peut être…).



Zakhar, le valet clampin d’Oblomov, véritable tire au flanc, est une autre déclinaison de la paresse et apporte une tension comique précieuse à l’œuvre. Là où Oblomov admet son état - qu’il le revendique ou le blâme – Zakhar se cherche constamment des excuses, n’assume jamais sa fainéantise, il a toujours une « bonne » raison de ne pas avoir fait ce pourquoi on le paye et entretien scrupuleusement son déni comme une armure.



Stolz représente une forme d’anti Oblomov. C’est un personnage volontaire, raisonné, en perpétuel mouvement. Face au contraste entre les deux amis, le narrateur invoque l’attraction des contraires.



Les interventions de Tarantiev dévoilent une autre facette de la paresse, après l’aboulie léthargique d’Oblomov et le déni de fainéantise de Zakhar, c’est le parasitisme. Tarantiev tente de vivre au crochet des autres, et notamment d’Oblomov, à force de le tourmenter et de le culpabiliser, mais lorsqu’il doit lui-même faire quelque chose, l’angoisse de quitter sa flemme surgit.



Le personnage féminin central, celui d’Olga est admirable et tout en nuances, une jeune femme déjà mature dont la psychologie très fine oscille entre séduction, analyse et bienveillance, j’ai le sentiment que c’est le personnage le plus libre du roman en ce qu’il n’incarne pas un trait de caractère opposable à Oblomov. Nous ne sommes pas dans le rapport très comique Oblomov/Zakhar ou « 50 nuances de flemme » ni dans la « thèse antithèse et pas de synthèse » Oblomov/Stolz. Cela permet une certaine fraicheur, quelque chose d’inédit et d’imprévisible dans les rapports entre Olga et Oblomov, et leur relation, qui force Oblomov à sortir de son confort apathique, nous dévoile les ressorts de son atonie, entre égoïsme et désespoir fatal.



Oblomov est un roman psychologique et l’une des plus grandes satisfactions du lecteur réside dans les portraits désarmants des personnages et leurs interactions, notamment les dialogues, rien d’étonnant d’ailleurs à ce que le théâtre ait adopté Oblomov.



Les clichés restent à la porte de cet ouvrage et nous avons la vision dynamique d’un couple finalement très précurseur.

Si les personnages d’Oblomov et d’Agafia représentent des êtres figés, entre résilience et résignation, comme enracinés dans leur routine et comme les arbres finalement courbés par les vents violents de l’existence, les vies d’Olga et de Stolz naviguent sur les flots, en perpétuel mouvement, avides de nourritures terrestres.



On prouve que l’on a du caractère lorsqu’on parvient à vaincre le sien, mais cette victoire ne peut se faire que sur nous-même et pas dans la fuite (Henri Laborit me contredirait sûrement), autrement elle est artificielle, en témoigne l’illusoire et indolente rédemption passagère d’Oblomov dans l’amour.



Je lis ça et là qu’Oblomov est un éloge à la paresse, je ne le crois pas. Il n’y a qu’à voir les tourments psychiques et matériels dans lesquels le plonge son hégémonique inertie. Je ne dis pas qu’il n’y a pas des leçons à tirer du personnage, notamment dans le fait de ralentir, de contempler davantage et de prendre un sacré recul sur les vaines agitations de nos existences facultatives. Mais il faut tout de même rappeler ici qu’Oblomov est un noble à une époque où la Russie n’a pas abolit le servage, et comme nous l’apprend le passage du « songe d’Oblomov », ce dernier est éduqué pour être d’une oisive nonchalance, et qui plus est, il peut se le permettre économiquement, aux frais des paysans de son domaine !



J’en viens à la langue d’Oblomov, je suis assez parano sur les traductions, et il faut signaler que s’agissant de notre ouvrage, il y a quelques raisons. Je conseille après enquête l’édition du Livre de Poche, qui est la plus récente traduction et je déconseille l’e-book du domaine public, toute première traduction française largement tronquée qui ne fait qu’une centaine de pages.



Dans l’ombre de « Guerre et Paix » et « Crimes et Châtiments », cette épopée de la paresse, véritable chef d’œuvre national en Russie, procure des moments jubilatoires (vous aurez moultes occasions de méditer au détour d’une phrase) ainsi qu’une salutaire introspection car il est d’une actualité piquante à l’ère des procrastinateurs, du « bore-out » et du « burn-out » et le livre pose également la question de ce que l’on fait de sa vie, la douceur et la désarmante sensibilité d’Oblomov nous amène à reconsidérer nos perceptions, mieux vaut la quantité ou la qualité de la vie ? Peut-on choisir sa vie ? Et surtout, éthiquement, peut-on choisir cette vie ? Ruwen Ogien dirait oui mais vous, qu’en pensez-vous ?



Je vous souhaite en tout cas de passer avec Oblomov des moments aussi singuliers et denses que ceux que j’ai pu passer ces derniers mois.



Mais attention ! Le texte de Gontcharov est une liqueur dense et riche dont les mots, pleins d’acuité, se lampent du bout des yeux et se digèrent lentement, alors gare à l’écœurement. A Oblomovka rien ne presse, à lire paresseusement !
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Oblomov

Oblomov, trentenaire, profite des revenus de son domaine de 300 âmes situé à bonne distance de Saint Petersbourg et qu'il n'a pas visité depuis des lustres. Il préfère passer son temps entre le lit et le divan à refaire le monde - privilégiant la position allongée - la tenue de la maison laisse à désirer, - Zakhar, le serviteur est fidèle mais tout aussi fainéant que son maître.Et nous voilà invité dans l'intimité d'Oblomov, rencontrant quelques personnages hauts en couleur, (certains le bernant) et l'on participe à ses réflexions, ses doutes, son histoire d'amour naissante avec Olga et enfin l'amitié sincère de Stolz, ami d'enfance qui n'a de cesse de lui ouvrir des perspectives et des opportunités, souvent en vain.



Quel roman, et quelle peinture de la nature humaine. Avec humour et beaucoup d'esprit Gontcharov épingle, dans la première partie, une galerie de personnages qui constituent le cercle des relations d'Oblomov, offrant un échantillon de la société russe bourgeoise ou artistique, des amis pas toujours sincères ou désintéressés dans un style drôle et léger. Seul son ami d'enfance d'origine allemande Stolz, son opposé (dynamique entreprenant, optimiste), prend soin de lui, le protège et tente de le remettre dans une dynamique qu'Oblomov élude et refuse dans cesse.

Attachant par ses angoisses, exaspérant par ses atermoiements, Il se noie dans ses hésitations et ses réflexions qui le poussent invariablement à la procrastination. Une attitude qui passera dans le langage courant russe sous le terme d'oblomovisme, une sorte de léthargie constante, handicapante mais d'une lucidité incroyable.

Une lucidité telle, qu'il entrevoit toutes les éventualités de chaque situation les évaluant plus en terme de problèmes à venir que de bénéfices ou de joies qu'il pourrait vivre, et renonce ainsi à toute action et ce, dans tous les domaines.



Etude de moeurs, étude de caractères mais également étude sociale sur la petite aristocratie terrienne, exilée en ville qui se laisse vivre représentative d'une société russe en déliquescence.

Beaucoup d'humour une acuité d'analyse dans la psychologie et une cohérence dans les réactions des personnages font de ce roman une vraie réussite dans la lignée de Gogol pour l'humour surréaliste, Maupassant pour la peinture de moeurs et Balzac pour l'intrigue. Un écrivain du XIXème majeur et un roman, que Tolstoï considère comme une oeuvre capitale, c'est un grand roman sur la nature humaine.
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Nymphodora Ivanovna

C'est une théorie dont j'ai l'intuition depuis longtemps et Ivan Gontcharov m'en donne encore une preuve avec Nymphodora Ivanovna. L'idée en est que, si l'on compare une littérature de type XIXème siècle avec des productions contemporaines de type polar, il existe une différence de nature alors même que les sujets traités sont rigoureusement identiques.



Je m'explique. Cette nouvelle de Gontcharov aurait tout, à l'heure actuelle, pour être traitée, pour être mise en forme, pour être exécutée sous forme d'un bon petit polar psychologique. On roulerait le lecteur dans la farine du doute et de l'angoisse créés par les situations d'incertitude, on s'amuserait avec lui comme le chat avec la souris, on l'amènerait à croire A pour mieux ensuite lui laisser entrevoir B et quand enfin il se persuaderait de C, on lui dévoilerait le fin mot de l'histoire D, comme dans CQFD, avec un petit coup de coude dans les côtes au passage du genre : " T'as vu, Bonhomme, je t'ai eu, t'avais rien senti v'nir ! "



Bref, ça devient une sorte de jeu. Le livre perçu comme un jeu et dont le but aussi bien que la fonction est le divertissement. Au XIXème siècle, la philosophie de l'écrivain est tout autre. Au XIXème siècle, on ne se soucie pas des détails pratiques de l'intrigue. On ne travaille pas le jeu de pistes, les culs-de sac et les chausses-trappes. Au XIXème, on se soucie d'Art. On veut du beau, du bien écrit et le scénario n'est qu'un prétexte à raconter une belle histoire, ou, plus exactement, à raconter joliment, artistement une histoire pas forcément belle.



Et Ivan Gontcharov nous le dit, nous le stipule, nous le scande. Il interpelle fréquemment le lecteur un peu à la façon de Diderot dans Jacques le Fataliste, mais en plus marrant, en mieux senti, comme pour nous prouver que ce que nous lisons n'est bel et bien qu'une création d'artiste, elle n'a nulle exigence de véracité ou de divertissement. Son but est l'art et sa fonction est d'émouvoir.



Pour moi, voici la différence essentielle entre le polar actuel, dédié au divertissement et le roman du XIXème qui est orienté vers l'art et le type d'émotions qu'une œuvre d'art suscite.



Je conseille donc tout particulièrement aux amateurs de polars cette nouvelle artistique pour en mieux sentir le contraste. Leur œil expert percevra tout de suite la manœuvre du scénario et il se diront : " Là, Coco, je te vois venir. " et à peine une demi-page plus loin, Gontcharov leur fera un clin d'œil pour leur murmurer : " J'aurais pu te rouler, comme je voulais, où je voulais, mais ce n'était pas mon but. Écoute, ressens, laisse palpiter tes émotions d'être doué de sensibilité et oublie, pour une fois, le scénario, goûte juste les sensations, l'humain contenu là-dedans, c'est ça qui est bon. "



Tenez-vous à tout prix à ce que je vous parle du scénario ? Il le faut bien, c'est réglementaire… tant pis pour vous… ce n'est vraiment pas là l'essentiel. Alors vous allez rencontrer Nymphodora, une jeune femme de dix-huit ans, née dans un milieu modeste mais non pauvre, bien élevée, dans les principes et dans la morale. Un jeune homme d'allure brave l'a remarquée, a pris le temps nécessaire pour l'approcher dans les règles, l'a demandée en mariage comme il le fallait et les deux se sont mariés en bonne et due forme.



Nymphodora l'a aimé sans arrière pensée, lui a donné un joli petit garçon. Ils formaient un brave joli petit couple sans histoire. Cela faisait deux ans que ça durait, mais voilà qu'un jour, son mari a disparu. Trois jours plus tard, la démarche d'aller déclarer la disparition à la police met Nymphodora au supplice, mais il le faut. Elle décrit son homme, comment il était vêtu, où il se rendait…



Quelques jours encore se passent et l'agent convoque Nymphodora dans les bureaux de la police. On lui demande d'identifier un macchabée déjà bien faisandé. Les vêtements, le porte-feuille, l'alliance, tout concorde mais le visage est sauvagement mutilé, les mains méconnaissables. Cette image de son mari traumatise la jeune femme. Les malfaiteurs avaient sûrement leurs raisons…



La brave petite Nymphodora a du mal à encaisser le choc du veuvage. Elle est si jeune, elle l'aimait si fort, et de voir son bébé qui se trémousse dans son berceau, non, vraiment, c'est un crève-cœur et la vie est bien cruelle parfois. Elle est alors sujette de temps à autres aux hallucinations, la brave petite Nymphodora. Un jour même, il lui semble voir son mari dans un carrosse, revenu du royaume des morts, croirait-on… Que lui réserve encore le destin ?



Écriture, rythme, format, tout va bien, tout sonne clair dans cette nouvelle oubliée pendant un siècle et redécouverte assez récemment. Vous auriez tort de vous en priver mais ce n'est que mon avis, c'est-à-dire, bien peu de chose.



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Oblomov

Oblomov. Grand classique de la littérature russe, quoique un peu moins connu que les œuvres de Dostoïevski, Tolstoï ou Tourgueniev auprès des Occidentaux. Pourtant, son personnage éponyme, Ilya Illitch Oblomov a donné lieu à un archétype : celui du jeune aristocrate soumis à une seule force : l’inertie. « Sais-tu, Andreï, que jamais dans ma vie aucun feu ne s’est allumé, ni bienfaisant ni destructeur, aucun. […] ma vie, à moi, a commencé par cette extinction, bizarre mais vraie ! Dès les premiers instants où j’ai pris conscience de moi-même, j’ai senti déjà que je m’éteignais. » (p. 247) C’est cet homme apathique dont nous suivrons le parcours (j’ose difficilement utiliser le terme ‘’aventures’’) curieux et assez comique, un parcours que j’ai bien apprécié.



Oblomov a un grand défaut, il est paresseux. Désinvolture, toute activité intellectuelle l’effraie. Lire un livre ? Vous n’y pensez pas, et ce mal de tête qui suivra ? De la visite ? Est-ce vraiment nécessaire ? Il est préférable de rester au chaud dans son lit moelleux. Incapable de prendre une décision, d’entreprendre une action, il reporte tout à plus tard. Heureusement qu’il n’est pas méchant. En fait, c’est plutôt le contraire, certains profitent de sa médiocrité… C’est que ce jeune aristocrate est en quelque sorte un raté (il ne s’est jamais démarqué dans ses études, qu’il a abandonnées dès qu’il eut atteint les exigences minimales pour occuper un poste dans l’administration, poste qu’il a quitté dès que la charge de travail et le stress qui l’accompagnait sont devenus trop lourds à supporter). Bon à rien, il ne remarque pas qu’il se fait rouler par tous, son métayer, le propriétaire de son appartement de St-Petersbourg, etc. Je pense que c’est pour cela que ce jeune homme reste sympathique, voire attachant, malgré tous ses revers.



Ce portrait est complété par celui du serviteur, le vieux Zakhor, mais la fainéantise du maitre déteint un peu sur celle du serviteur. Il se traine les pieds, dort pendant son service, époussette et balaie de façon sporadique… et, à l’occasion, il met la main sur une ou deux pièces de cuivre d’Oblomov, jamais suffisamment afin que ce dernier ne s’en rende pas compte. Il n’est pas trop gourmand ni imprudent. La maison pourrait tomber en ruine et c’est à peine si ce duo improbable s’en rendrait compte.



Avec ce roman, Ivan Gontcharev a réalisé avec beaucoup de finesse une critique sociale, enfin, surtout une caricature de cette aristocratie oisive qui dilapide son héritage au lieu d’essayer de faire fructifier ses propriétés. Cela m’a fait beaucoup rire. Il faut croire que c’était un réel problème et le personnage est devenu tellement populaire que le terme Oblomov a fini par coller à tous ceux qui correspondaient à ce nouvel archétype. Un genre de Tanguy, version 1859. Évidemment, c’est un roman de son temps : bienvenue les longs passages descriptifs, les longueurs. Après deux cents pages (un peu moins de la moitié du livre), on se dit qu’on a lu l’essentiel. Que peut-il rester ? Qu’est-ce qui pourrait peut-être transformer cette inertie d’Oblomov, le faire sortir de sa léthargie ? Un voyage ? Peut-être, si on l’y force. Et c’est ce que tente son fidèle ami Stolz mais, les préparatifs terminés, une enflure à la lèvre constitue un danger grave nécessitant qu’on reporte le départ à une date ultérieure… le jeune homme ne quittera pas St-Pétersbourg. Pas même des problèmes dans ses propriétés de l’Oural ? Que pourrait-il faire, lui qui n’a pas terminé ses études et ne s’est jamais occupé d’agriculture ? Non, mieux vaut qu’il reste là où il est…



Bref, le lecteur aura compris le principe. Jusqu’à l’entrée en scène de la jeune et belle Olga. Est-ce que l’amour d’une femme sera plus forte que l’apathie qui menace Oblomov ? Saura-t-il le tirer de son divan ? Ou bien cela sera-t-il une complication de plus dans sa vie si douillette ? À vous de le découvrir. Certains se réjouiront de la finale, moi, bah… Mais rendu là, c’est une question de gouts.
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Oblomov

Edition L'Age d'Homme de 1986 - Traduction Luba Jurgenson



Il m'a fallu quelques jours pour rassembler mes esprits quant à cette critique; non que j'eusse été pris d'oblomovisme, mais pour bien essayer de saisir la portée de ce livre, qui à l'aune des débats de notre temps, prend une tournure encore différente de tout ce qu'il a déjà questionné depuis sa publication.

Délicat... Un tel livre, dont l'étude continue de nos jours, sûrement du fait que l'auteur lui-même ne semble pas vouloir en tirer une morale claire, mais de poser des questions, dont il aurait commencé à répondre plus tard dans son oeuvre "La Falaise" si je m'en réfère à certains l'ayant lu... Encore un autre livre à lire.

Tachons donc d'être personnel... Oblomov, héros de la décroissance ? Pas vraiment, il faut être clair sur ce point, dans le sens que cette apathie et cette propension au rêve et à l'inactivité, ce refus des passions et de la transformation de son environnement, ne s'accompagnent pas d'une réflexion sur une prétendue relativité des croyances de l'Homme; l"aquoibonnisme" ici n'est que paresse, plaisirs de la table et finalement de la chair, bien que cette dernière se fasse longuement et cruellement attendre, donnant au passage à voir la rigidité glaciale des convenances religieuses et bourgeoises des relations galantes.

En bref, l'envie de renverser la table d'Olga et de toute sa famille, assommant Oblomov avec un os de jarret, démontrant ainsi l'iniquité souffreteuse de cette hypocrisie enfermant le personnage probablement le plus doué de sensibilité de tout le livre, la merveilleuse Olga corsetée jusque dans son âme par la société noble, dont Gontcharov esquisse subtilement le portrait de l'inutilité, et de son acceptation forcée, comme état de Nature, fait de naissance, par les masses laborieuses — le fils d'Oblomov, né tout blanc et avec des membres de poupée, comme son père, n'est de tout de façon pas apte à quelques travaux que ce soit, reconnait Agafia Matvéevna — tout en insistant sur cette bonté originelle, ramenant peut-être au mythe de la pomme de la connaissance...

Donc oui, Oblomov aurait pu être "L'Idiot", et Dostoïevski aurait plutôt nommé le sien "Le Blond"....

Zakhar, crétin parfait, dont le mariage avec la futée Anissia, insiste sa fonction de bouffon de l'histoire, de l'aveuglement des hommes (avec une minuscule) à déconsidérer les femmes (alors que ces sociétés slaves sont loin d'être les pires de ce côté là...). Il amène toute la partie burlesque, celle qui fait des premiers chapitres du livre une farce de boulevard, avant que l'on ne plonge dans cette longue partie onirique qu'est le Rêve d'Oblomov, permettant d'ancrer l'oblomovisme comme atavisme familiale, narrant cette douce et molle vie à la campagne, que seul l'étincelle de la jeunesse viendrait troubler, donnant au lecteur la vision d'une forme d'Eden, opposé à la modernité de la connaissance et de l'internationalisme.

Stolz incarne bien-sûr cette engeance. Lui seul arrive à sortir Oblomov de ses vapeurs coussineuses. Son rôle, globalement positif, est habilement teinté d'arrogance pour que la question reste ouverte: doit-on aller contre la volonté de quelqu'un, "dans son intérêt" ? Et puis, au fond, n'est-ce pas là une forme de satisfaction égoïste pour lui ? Celle qui parfois l'aveugle temporairement : la machination de Tarantiev et Moukhoïarov étant dès le début évidente, eux fuyant le repas de la Saint-Elie sitôt son arrivée...

Ces deux réjouissantes crapules sont des personnages inoubliables. Je ne boirais plus jamais de rhum de la Jamaïque de la même façon.

Buvons donc.

Buvons aux chefs-d'oeuvre, même si celui-ci m'aura par moment bien agacé, il est une saine et indispensable lecture en ces temps de confinement.
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Oblomov

Oblomov est une oeuvre littéraire de l 'écrivain russe , Ivan Gontcharov .Ce dernier est estimé par ses pairs de l 'époque tels Dostoïevski ,Tourgueniev ,

Tolstoï pour ne citer que les plus illustres .D 'ailleurs Tolstoï disait de cette oeuvre :"Oblomov est une oeuvre capitale ".Il s 'agit d 'un grand écrivain mais peu connu jus qu 'à une certaine époque .Tourgueniev l 'estimait et ce malgré leur rivalité littéraire . Ce roman est considéré comme une satire où l'auteur caricature l 'aristocratie de son époque et critique le règne du tsar Nicolas .

Je vais transcrire l 'étude faite sur l 'auteur par son éditeur parisien :

"Gontcharov ( 1812-1891 ) avait trente-quatre lors que vers 1846 ,il aborda la littérature .Dans son premier roman, intitulé Une Histoire ordinaire , il mit en scène un rêveur qui ,en regrettant sa jeunesse perdue , vit dans les nuages et se repaît de chimères .Il y dépeignit la profonde langueur ,intellectuelle et morale , où le règne de Nicolas avait plongé la Russie .

La main sur le pouls du malade , Gontcharov raconta , calme et impassible,les souffrances de la société . Il ne prit pas la peine de rechercher les sources du mal : chacun les connaissait trop bien . Son livre fit événement : ce fut à la fois une vengeance et un triomphe .

L'écrivain garda ensuite le silence durant douze ans . On disait vaguement que , par une note secrète , la censure impériale lui avait prescrit d 'observer désormais plus de circonspection . Il reparut enfin avec Oblomov , une nouvelle étude aussi cruellement vraie et tracée d 'une main plus ferme encore .

Dans Une Histoire ordinaire , il avait montré comment

s 'est opérée la désorganisation sociale , dans Oblomov il peignait la société telle que l' avait faite le règne précédent . Adonieff , le héros d 'Une Histoire ordinaire , est

un moribond qui lutte contre l 'agonie .Oblomov est un mort qu 'on galvanise .

Sans caractère ,sans énergie ,sans initiative , il nous représente le produit extrême d 'un despotisme qui a fait son temps .

La figure d 'Oblomov est complétée par celle de son domestique-serf Zakhare . Ce dernier appartient à deux époques : de la première il a retenu un dévouement sans bornes pour la famille des Oblomov ,la deuxième a raffiné ses moeurs et élargi sa conscience . Il adore son maître et le calomnie il lui prêche l 'économie et s ' enivre à ses dépens . Il est avec lui familier ,bourru ,grossier, mais il

l 'aime comme un chien aime son chenil . Rien de plus franchement comique ni qui ait une saveur plus étrange que les dialogues entre Oblomov et ce Scapin sauvage ".Etude sur l' auteur par Charles Deulin ( Paris 1877 )

On doit aussi évoquer l 'amour de la belle Olga qui a fait de son mieux pour faire revenir Elie à une nouvelle vie où il connaîtra l 'amour .Mais malheureusement son entreprise fut vaine .

On ne doit pas oublier l 'amitié solide et désintéressée de Stolz qui a tout tenté pour faire sortir son ami ,Oblomov de sa torpeur mais ce dernier est arrivé à découragé toute les bonnes volontés .

Oblomov est une grande oeuvre .Cette dernière est considérée comme un classique de la littérature russe du 19 e Siècle .
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Portrait de Monsieur Podjabrine

A Saint Petersbourg, Ivan Savitch, mi rentier, mi fonctionnaire qui ne fréquente qu'épisodiquement le Ministère qui l'emploie, est en pleine agitation...Il a demandé à Avdeï, son majordome, homme à tout faire, d'organiser d'urgence leur déménagement. Avdeï, un peu lassé des sautes d'humeur de son maître, se met tout de même en chasse d'un appartement. Sitôt trouvé, le pauvre majordome se transforme en bête de somme pour porter meubles et effets. Ivan Savitch dès l'emménagement, se met en quête de faire connaissance avec avec ses voisins et surtout ses jeunes voisines.



Un nouveau portrait de la petite bourgeoisie avec Ivan Savitch, un rentier dilettante, - qui maltraite son employé qui ne se laisse pas faire et lui tient la dragée haute -, qui se targue de connaître les femmes et se fait berner à chaque fois...

Un portrait drôle et ironique d'une certaine catégorie sociale, un peu perdue, pas toujours très intelligente et qui vit de ses rentes, martyrisant plus ou moins les personnes qui les entourent et les servent, mais qui au final fait preuve d'une vraie innocence qui rend le personnage finalement assez sympathique.

Le portrait de Monsieur Podjabrine est un roman court, un portrait fin et intelligent d'un personnage truculent.
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A travers la Sibérie orientale

A travers la Sibérie orientale : Et autres textes est un recueil de trois nouvelles d'Ivan Gontcharov, de longueur inégale où l'auteur d'Oblomov évoque une certaine intimité de la Sibérie.

La première nouvelle plonge dans l'univers des petits bourgeois sibériens - trois couples partent en pique-nique, les trois femmes étant conduites par le bedeau, un peu benêt, les hommes suivant. Lors du pique nique, les femmes s'absentent à tour de rôle, pendant un certain moment et ce, pendant que les hommes pêchent le poisson du repas.....alors réellement benêt le bedeau ?

La deuxième nouvelle, plus personnelle, s'attache au vécu du narrateur, pendant les deux mois qu'il va vivre sous la tutelle du gouverneur et de l'archevêque et y découvrir les us et coutumes, notamment en matière de vodka....

La dernière est une réflexion sur la nécessité ou non d'accepter les obligations et le vicissitudes de la vie s'opposant au bonheur dans l'oisiveté et la réflexion philosophique.



J'ai apprécié l'observation de la petite bourgeoisie de la première nouvelle, une observation à la Maupassant, mêlant ironie cruauté et tendresse, il réussit à croquer les mentalités, les petites mesquineries de ces personnages.

J'ai également apprécié l'immersion au coeur de la Sibérie de la deuxième nouvelle, j'y ai retrouvé la vie simple et communautaire souvent évoquée par Pouchkine.

J'ai plus de réserve sur la troisième, plus abstraite, mais qui se rapproche peut-être plus de l'esprit d'Oblomov.

Au final une lecture intéressante, j'ai adoré le style d'Ivan Gontcharov, probablement grâce au talent du traducteur, un style qui rend la lecture de ce recueil très agréable. Ces trois nouvelles permettent une première approche de l'auteur emblématique d'Oblomov, archétype de la personne inactive, ne parvenant pas à trouver le bonheur....

L'ensemble est très léger et je crains de vite l'oublier, raison pour laquelle je ne mets que trois étoiles.

Je tiens à remercier Babelio et particulièrement les éditions de L'Herne pour cette découverte d'Ivan Gontcharov, qu'il me tarde de découvrir un peu plus.
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Oblomov

Roman mythique à ne surtout pas lire si on ne supporte pas l'absence de scènes d'action. Il se compose de quatre parties : d'abord une première partie où le lecteur fait connaissance avec Oblomov, au cours d'une journée où des visiteurs se succèdent chez lui. J'ai adoré cette partie composée de scènes burlesques, le personnage de Zakhar, vieux domestique, est drôle, et le comique de répétition fonctionne bien. L'auteur arrive à rendre Oblomov sympathique malgré l'irritation que son tempérament suscite tant dans son entourage que pour le lecteur. Car il est difficile de trouver plus paresseux et plus léthargique qu'Oblomov. C'est le roi de la procrastination ! Mais il a aussi un bon fond et bon caractère. En Russie c'est un personnage mythique : le terme d'«oblomovisme» inventé par Stolz dans le roman est carrément passé dans la langue ! Après cette présentation il y a un songe d'Oblomov qui donne une idée de sa vision du bonheur tout en nous montrant l'origine de son comportement dans son enfance et son éducation, couvé par tous et privé de toute autonomie. Ce passage est très critique sur le mode de vie de l'aristocratie russe, très oisive, vivant de ses rentes et peu porté sur le changement et les innovations. A partir de là je me suis ennuyée un moment, pendant la romance entre Olga et Oblomov. C'est long pour le lecteur, cette romance très 19ème siècle qui s'enlise. Il faut dire que je n'aime déjà pas les romances d'habitude ! Et que ce roman date de 1859, pas si loin du romantisme. Heureusement, quand cette romance prend fin et qu'Oblomov déménage enfin, s'ouvre un nouveau chapitre de la vie d'Oblomov, occasion de la peinture sociale du milieu des petits fonctionnaires, pauvres, mais surtout magouilleurs et corrompus. On renoue avec la truculence du début. Et à la fin du livre on peut se demander qui, de Stolz ou d'Oblomov a mené la vie la plus heureuse (à la réserve que la sédentarité a clairement écourté la vie d'Oblomov!).

Avis aux lecteurs : les premières traductions d'Oblomov publiées en France sont scandaleusement tronquées : un quart du roman seulement pour la première traduction, un tiers pour la seconde qui a quand même été reprise par Folio et proposée jusqu'en… 2007. C'est celle-là que j'avais lu la première fois, ce qui m'avait mis très en colère car il y avait la mention «texte intégral» (il fallait comprendre « ...de la traduction »). C'est honteux ! C'est vrai qu'il y a des longueurs, mais c'est au lecteur de choisir, ou non, de lire en diagonale, ou de sauter des passages. le traducteur a juste (et ce n'est pas rien) à faire de son mieux pour transmettre le texte tel qu'il est perçu par un locuteur de la langue d'origine.
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Oblomov

J’ai lu ce livre via le site ebooks libres et gratuits et j’ai eu du mal, l’impression qu’il n’y avait pas de logique, et pour cause… je me suis aperçue en lisant des critiques sur babelio.com qu’il manquait une partie : Stolz n’est présent que par les souvenirs et pas d’Olga !!!



Frustration extrême donc.



Ce que j’en retiens, c’est l’éloge de la paresse certes, car Elie passe son temps couché, tourné vers le passé, la nostalgie de l’enfance où tout était mieux, il remet tout à plus tard, il procrastine dirait-on aujourd’hui… on constate le même état d’esprit chez son père, la vie au présent, le fatalisme.



Surtout, c’est loin d’être aussi simple, notre héros semble plutôt atteint de mélancolie, neurasthénie… même l’idée de vivre semble le fatiguer, même lire ; sortir de chez lui l’angoisse. Parfois, il s’enflamme quelques instants, des idées bouillonnent avant qu’il ne retombe dans son apathie.



On a parlé de : Oblovisme, le terme utilisé en Russie est oblomovchtchina, pour décrire cet état de langueur mélancolique. Tout était mélancolique à l’époque, sous la férule de Nicolas 1er, les êtres mais aussi les chants, les écrivains avaient été réduits au silence.



« Ainsi dit-on qu’autrefois le peuple était plus robuste… On ne le faisait point pâlir sur des livres qui soulèvent des milliers de questions ; or, les questions rongent l’intelligence et le cœur et abrègent la vie. »



J’ai aimé cet aspect du roman, ainsi que les souvenirs d’enfance à Oblomovka avec sa famille qui veillait sur Elie comme un objet très précieux qu’il ne fallait pas casser, ainsi que se relations avec Zakhar son valet : ce dernier est très dévoué à son maître, mais n’hésite pas à le calomnier, à le voler. Cette terre est vécue comme un refuge, un paradis perdu.



J’ai l’impression d’être passée à côté d’un chef-d’œuvre de la littérature russe réaliste, mais, malgré les critiques élogieuses, je n’ai pas envie pour l’instant de lire la version « entière », car suivre ce héros nécessite beaucoup d’énergie. Voir l’extrait de l’adaptation au théâtre, avec Guillaume Gallienne jouant Oblomov éveille un peu ma curiosité…



Je remanierai ma critique si je change d’avis…



Challenge XIXe siècle 2017
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Oblomov

Oblomov m'a fait prendre conscience que l'état d'esprit dans lequel nous sommes, lors de la lecture d'un livre, influence grandement la manière d' accueillir ce livre. Une première lecture d'Oblomov alors que j'étais au début de ma maladie m'a laissé perplexe et m'avait agacée puisque je ne comprenais pas comment une personne pouvait se complaire dans une grande apathie.

J'avais vraiment envie de le secouer pour qu'il reprenne ses esprits.

Je pressentais que je devais lui laisser une chance. Il m'était malgré tout très attachant.

Lors de ma deuxième lecture, ma maladie m'avait terrassée et là j'ai compris l'état d'esprit d'Oblomov, sa désillusion est devenue la mienne.

Tout comme lui j'ai découvert la vacuité de l'existence, et il faut soit un accident de la vie soit la sagesse du grand âge pour en prendre conscience.

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Oblomov

ebooksgratuis.com - 181 pages - Une journée de M. Oblomov - Traduction 1877



Comme beaucoup de français, du 19ème siècle jusqu'à notre époque, je ne connaissais pas Ivan Gontcharov, alors qu'il était considéré, par ses contemporains écrivains, russes ou français, comme ayant un talent de premier ordre et ses livres ont connu un succès retentissants à leur parution en Russie !



Il fallait un livre qui illustre un des sept péchés capitaux pour le challenge Multi-Défi et je suis tombée sur ce petit bijou sur la Paresse ! Ce n'est que la 1ère partie du livre « Oblomov » où nous découvrons la journée type d'un gentilhomme propriétaire terrain, installé à Saint-Pétersbourg, de moins de 40 ans. Ses journées atteignent des sommets de paresse inimaginable.



Il ne sort pas, ne lit pas, se lève à peine, houspille son domestique-serf qui lui est tout à la fois attaché et plein de haine à son égard et quasiment tout aussi fainéant que son maître ! Il passe des heures à dormir puis à réfléchir à ce qu'il faut qu'il fasse si par malheur un problème lui est posé mais sans jamais que quoique ce soit se réalise. Il reçoit malgré tout beaucoup de visites sans que personne ne puisse le motiver.



Quand il dort, il rêve et nous repartons avec lui sur le domaine familial et découvrons son enfance et sa jeunesse, dans une famille oisive et paresseuse, priant pour que les jours se suivent et surtout se ressemblent ! Il a ainsi été freiné dans son élan de jeune enfant dynamique et surprotégé de tout. Un songe raconté pour notre plus grand plaisir.



Les dialogues d'Ivan Gontacharov sont savoureux ! Il est facile de rire à la description de ses personnages et de leurs pensées. Ses écrits sont un reflet de ce qu'était devenu la société des nobles et bourgeois sous le règne du précédent tsar, il faisait partie de la branche "naturaliste" des écrivains et de fait était un témoin de son temps et a su le transcrire de façon simple, détaillée et captivante.



J'ai passé de très agréables moments et souvent très amusants. Je vais chercher la version complète de ce livre, ma curiosité a été aiguisée !



CHALLENGE MULTI-DEFIS 2020

CHALLENGE RIQUIQUIS 2020

CHALLENGE XIXe SIECLE 2020

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Oblomov

Pour bien rigoler avec ce livre, il faut avoir connu des paresseux ou avoir vécu dans un pays où la paresse se fait sentir dans la plupart des services. Déjà la seule issue de survie dans ces quelques pays est de se retrouver dans un bureau, dans lequel le plus souvent le travail n'est pas de rigueur. Les travailleurs s'amènent à 10 heures, puis repartent à 11 heures. le travail de créativité ou de génie n'est presque pas aussi développé. Et on retrouve beaucoup de ces pays en Afrique. Le pays ne survit que grâce aux revenus de leurs richesses naturelles, quant à la production individuelle, elle est presque inexistante.



Eh bien, j'ai bien rigolé avec Oblomov avec des personnages assez particuliers qui gravitent autour. Ivan Gontcharov dresse leurs traits de caractère avec délicatesse, ils sont drôles et trimbalent en eux à chaque fois une autre forme de paresse ou l'infamie de la nature humaine tout en représentant une partie de la société. On dirait que le mal du pays se révèle en eux. Oblomov est un riche terrien ignoblement velléitaire qui adore trainer ses journées sur son divan plutôt que de foutre son nez dehors. Comme si la paresse fonctionnait comme une maladie contagieuse, son domestique Zakhare devient tout autant oisif que son maître. Avec beaucoup d'étourderie, ils s'attribuent sans cesse l'imputabilité de tout acte d'incurie. Même quand l'amour frappe à la porte d'Oblomov, une occasion pour qu'il soit remué, secoué mais l'amour ne fait que l'importuner de plus...



Oblomov est une œuvre passionnante et de génie! Ivan Gontcharov a eu toute l'ingéniosité de rendre fascinant un personnage pourtant difficile, frappé de procrastination que cet Oblomov, celui-là qui, dans le monde actuel, se verra indubitablement en contentieux permanent avec la fiscalité!
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Oblomov

Je n'ai pas en tête d'autre exemple de grand roman où le nom du personnage éclipse à ce point celui de l'écrivain. Pour l'histoire, Gontcharov est l'homme d'un seul livre (ce qui n'est pas tout à fait vrai) et s'efface devant sa création : Oblomov, le Platon en robe de chambre ; nom propre d'un archétype, nom commun du paresseux, partisan de la position allongée, décliné en fantasme paradisiaque (l'Oblomovka), en philosophie qui ne s'en donnerait pas la peine ou douce maladie de l'âme (Oblomovtchina), et autres oblomovisme et oblomovien qu'on trouvera cuisinés à différentes sauces l'histoire contemporaine.

En vis à vis de l'auguste Oblomov on trouve l'ami Stolz, le clown blanc, et entre les deux la belle Olga. Mais on aurait tort de réduire le roman à sa dimension clownesque, en particulier à sa première partie dominée par le duo joué avec le valet Zakhar.

Le personnage positif, celui qui agit, raisonne, aime, c'est bien sûr l'industrieux Stolz, "l'homme debout". Mais cette débauche de positivité (voire de positivisme, religion du progrès qui nous mène droit dans le mur) est épuisante.

Gontcharov revenant de longs mois de voyage s'interrogeait : "A quoi bon ?" Oblomov renonce. "I would prefer not to", renonce aussi le Bartleby de Melville. Oblomov renonce et trouve le bonheur. Un bien piètre bonheur ! selon les hamsters dans leur roue. Mais que savent-ils de la poésie ?

"Perdu, mort pour rien", estime Stolz. Au contraire, à l'heure de s'éteindre, la molle et fidèle Agafia "savait [elle] pourquoi elle avait vécu, et estimait n'avoir pas vaincu en vain."

Et c'est surtout avec l'angoisse d'Olga, pourtant comblée, que nous laisse Gontcharov : "Est-ce là tout le bonheur, toute la vie ?"
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Oblomov

Oblomov, voilà un livre qui ne laisse pas indifférent ? Au début c’est long, énervant même. Oblomov, on a envie de le baffer, de le tirer de sa léthargie et de lui filer un coup de pied dans le train en lui disant de cesser de geindre et de réfléchir, bref de le secouer un bon coup. Puis arrive Olga, là on se dit, elle va le sauver, mais très vite l’homme retourne à ses tares. Mais non, il tergiverse, ne sait pas ce qu'il veut! Comme couillon on ne fait pas mieux Puis peu à peu on se laisse emporter par l’histoire tragique de cet homme et de son ami Stolz qui tente de le sauver malgré lui. On comprend l’ambiguïté du personnage, le tiraillement de son âme, ses désirs et ses sombres passions, retenues par une barrière, une contre volonté. Nous sommes dans l’univers slave, fait de passion, de noirceur, de renoncements et de fols espoirs, de résignations et de rêves insensés. Il y a cet orgueil qui pointe même dans la détresse ou l’abandon. la peur ? Non, réellement ce sentiment n’existe pas, des regrets des désillusions oui, mais la peur n’est pas inscrite. C’est le fleuve de l’existence qui s’écoule entre ses pages et ses personnages, une vague de tristesse côtoie en permanence un bonheur qui s’affiche pourtant sans extravagance outrageuse. Chacun le trouve selon son humeur et ses besoins. Poignante histoire ou l’on passe de l’exaspération à l’élégiaque complicité avec Oblomov, comme un ami que l’on voit se perdre et qu’on ne peut décemment abandonner, on sait qu’on ne peut rien faire mais on s’interdit de l’accabler plus avant, car il est des nôtres, et malgré ses choix douteux ses abdications, il reste cet ami que l’on aime et qu’on respecte pour ce qu’il est, un être humain plein de force et de faiblesse, sans doute le double de ce que nous ne serons jamais, mais la secrète image de ce que nous aurions pu devenir.
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Oblomov

Il ne manquerait pas grand chose pour que les 2 "grands" problèmes d'Oblomov, riche propriétaire terrien, soient résolus... Si seulement l'oisiveté et la surprotection dont il a bénéficié, ou pâti, durant toute son enfance n'en avaient fait un être apathique, ayant à peine le courage de passer de son lit à son sofa. Et ce n'est pas Zakhare, son valet tout aussi peu courageux, qui pourra y changer quoi que ce soit... Un roman intéressant avec un personnage taillé pour le théâtre, et plutôt drôle.
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lya Ilitch Oblomov, habitant de Saint-Pétersbourg est atteint d'un grand mal, la paresse. Ce trait de caractère largement poussé a l'extrême tout au long du roman, va le mener a une mort prématurée. Et dès le début du récit le portrait du paresseux est brossé, avec un personnage en robe de chambre, affalé sur une banquette, un objet quasi anthropomorphique tant les deux ne font qu'un. Tout le roman sera centré sur cette quête contre une léthargie extrême, ses amis se succéderont pour le faire sortir de chez lui, le poussant à côtoyer la vie mondaine de Saint- Pétersbourg. Même l'amour véritable qu'il portera à Olga, une jeune russe, ne pourra le guérir en vain de sa paresse, un temps éloignée mais jamais véritablement évincée.



Et si Oblomov était un héros de l'inaction ? Parce qu'anti-héros donne à voir une connotation négative, Ilya Ilitch porte bien des valeurs, certes pas toujours acceptables dans notre société mais tout de même louables. En effet dans son inaction il dénonce la vanité de l'action, le caractère vain, inutile et dérisoire du fait de s'agiter. Si pour certaines personnes la vie s'identifie au travail et à la dépense d'énergie vitale, pour Oblomov la vie s'identifie au repos et à la rêverie, à une vie plus intérieure. Et c'est bien là la force de ce roman, cette articulation autour des deux versants du caractère d'Oblomov : l'oblomovtchina dénoncée par Stolz (son meilleur ami) comme une maladie de la paresse qui l'empêchera de mener une vie normale et l'oblomovisme, versant plus poétique et sensible d'une vie intérieure. Une lecture qui ne laissera pas insensible, nous invitant longuement à réfléchir à nos actions et répercussions, car si Oblomov ne renonce pas à la vie mais en envisage une différente, en décidant de ne rien choisir et de procrastiner, il s'impose de lui-même un destin (funeste) tout tracé.



Au-delà du roman et de la fiction, le personnage d'Oblomov représente une critique de la société russe de l'époque, une Russie très traditionnelle qui est sur le point de se transformer. La Russie industrialisée elle est représentée par son meilleur ami Stolz, qui au contraire est actif, travailleur et mondain. Deux hommes dont tout oppose mais un seul survivant... Ce qui ne n'empêche pas de conserver une tendre pensée pour ce cher Oblomov !
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Oblomov

Lu pendant ma convalescence après une opération qui m'a immobilisé 2 mois, j'ai pu mesurer l'énergie, l'effort que demande une vie oisive ! Oblomov passe sa vie à se demander comment il va pouvoir éviter toutes les contraintes de sa vie de rentier, et la force de ce roman, qui m'a marqué compte tenu du contexte, est de nous mettre dans la peau de ce personnage qui devient sympathique au fur et à mesure que l'histoire se déroule. C'est, pour cette époque, très bien analysé, et très juste.

C'est d'autre part une immersion dans une classe sociale assez importante en ce 19eme siècle en Europe, avec une superbe description de ce microcosme. C'est écrit lentement, danss yn style fluide et particulièrement agréable à lire. Il y a même un peu de suspens.
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Oblomov

Je viens de passer une semaine en très bonne compagnie, avec Oblomov, un personnage mythique de la littérature russe. Il tend à la rêverie, il est incapable de prendre des décisions et il a une aversion profonde pour toute forme d’effort, oui mais comme le définit très bien son ami Stolz "Oblomov à cette qualité plus précieuse que la plus fine intelligence : son cœur honnête et fidèle ! Ce trésor qu'il a sauvegardé tout au long de la vie. A chaque coup encaissé il tombait, se refroidissait, s'endormait, enfin, abattu et désenchanté, il a perdu les forces vitales, mais non son honnêteté et sa fidélité. Son cœur n'a pas émis une seule fausse note, il ne s'est pas couvert de boue...Son âme demeurera toujours aussi pure, limpide, et honnête... C'est une âme transparente, cristalline ; des gens comme ça se rencontrent rarement, ils sont des perles dans la foule ! On ne saurait acheter son cœur" je vous l'avais bien dit que c'était un être exceptionnel.

C'est aussi un roman qui n'est pas dépourvu d'humour surtout entre Oblomov et son domestique Zakhar.

C'est un roman qui nous fait réfléchir sur l'idée du bonheur, de la vie, de la place du travail, de l'oisiveté, sur qui a été heureux, malheureux ....

C'est un grand roman de la littérature qui a pour vocation de nous interroger, de nous faire rêver, et j'ose, rire parfois, alors n'hésitez plus, lisez ce roman.

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Oblomov

Oblomov est un aboulique : il est sans volonté. Issu d'une famille aristocratique, oisif sans vergogne, il se contente de ses revenus, reçoit peu mais a un ami : Stolz, qui l'oblige à sortir. Durant l'une de leurs sorties, Oblomov croise Olga, à qui il fait une cour discrète et longue cependant que Stolz, son ami, retenu à l'étranger, éprouve aussi quelque attirance pour Olga. La paresse, toujours la paresse, oblige Oblomov à rompe : c'est le début de la déchéance. Oblomov vit dans les faubourgs de Pétersbourg, chez les Tarantiev qui l'escroquent. Entre temps, Oblomov s'est épris d'Agafia, la sœur de Tarantiev, femme simple avec laquelle il imagine une vie de bonheur entre les enfants, dans le domaine familial. Le mode de vie d'Oblomov le condamne à une mort prématurée d'une tristesse absolue.

Le roman de Gontcharov a nourri la langue russe, qui dépeint la paresse et la souffrance qui en est issue par le mot oblomovtchina. Dans ce monde qui s'agite, qui s'abreuve des nouvelles et des affaires qui sont conclues, Oblomov est comme à contre-courant : il voit l'inutilité de cette course à la vie, il perçoit les hypocrisies érigées en norme et rêve, pour sa part, d'une vie sans peine, sans travail, mais pleine d'affection. Lui qui ne peut être déjà lui-même ne veut pas être les autres. En cela, peut-être, Oblomov est un modèle de sagesse, remettant en cause la notion même de but, et de sens de la vie. Oblomov n'attend rien de la vie : il se laisse dominer par elle et ne se rebelle pas : n'y a-t-il pas là la voie d'un bonheur, même simple ?
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