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Critiques de Jacqueline Harpman (281)
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Moi qui n'ai pas connu les hommes

Cette étrange histoire narre la vie de quarante femmes enfermées dans une cage tout au fond d’une cave. Parmi elles réside une jeune fille, née en ces lieux et qui n’a donc jamais connu le monde extérieur. Elles n’ont droit à aucune intimité et interdiction leur est faite de rire, de pleurer, de se toucher, de se suicider, sans quoi leurs gardiens les fouettent Aucune d’elles ne se souvient des circonstances qui ont originé cet enfermement. Mais un jour, au moment où les gardiens leur apportent à manger, une sirène retentit et ils s’enfuient au plus vite, abandonnant la clé sur la cage. Libérées, les femmes espèrent retrouver la civilisation et, peut-être, leurs familles.



L'écriture d’Harpman est d’une belle facture classique avec, comme toujours, cette passion contenue qui la caractérise

La narratrice, née dans cet enfer, est la seule pour qui la pluie, les étoiles et le moindre brin d’herbe sont des nouveautés incomparables. Elle est la seule aussi qui n’a aucune notion de ce qu’est la famille, l’amour et tous ces sentiments qu’une vie sociale normale développe.

J'ai beaucoup aimé cette fable sur la prison, ou plutôt sur la vie comme prison, car qu’elle ait son lieu dans la cage ou dans les vastes espaces d’au-dehors, la prison n’est pas tant le fait de l’enfermement que celui, bien plus effrayant, de ne plus pouvoir inventer un sens à sa vie.
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Orlanda

Aline Berger est professeur de littérature, elle a écrit une thèse sur La Recherche du Temps Perdu de Proust, et est actuellement occupée à la rédaction d’un article sur Orlando, de Virginia Woolf. Ces éléments sont importants car le roman comporte d’innombrables références aux œuvres de ces deux auteurs. C’est lors d’un voyage à Paris que la chose se produit : la partie masculine d’Aline, Orlanda, celle qu’elle a toujours refoulée, décide de sortir de son corps pour intégrer le corps d’un homme et pouvoir donner libre cours à ses envies et pulsions. J’avais lu Proust, mais pas Virginia Woolf. Je pense donc n’avoir pas pu apprécier toute la richesse du texte de Jacqueline Harpman. Néanmoins, je me suis régalée et je mets même une 5ème étoile pour l’originalité de ce roman.
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Du côté d'Ostende

André, il y a quelques mois, m'avait conseillé « La plage d'Ostende » de Jacqueline Harpman.



Et puis le temps passant, j'avais un peu oublié…

En allant à la bibliothèque, en préparation du mois belge qui a commencé hier, je fus attirée par ce titre « du côté d'Ostende »

J'ai donc lu celui ci en croyant lire celui qu'André m'avait recommandé … ce n'est qu'après le premier quart que je me suis rendue compte de mon erreur (Os tende ! suspend ton vol !)



Non que je sois très déçue du livre que j'ai lu : le narrateur Henri, un vieux monsieur, vient d'apprendre qu'Emilienne son amie de toujours vient de mourir (elle avait dépassé la soixante-dizaine également). Il revient alors sur la vie d'Emilienne qui tomba amoureuse du peintre Léopold Wiesbeck à 11 ans, devint sa maîtresse à 15, se maria avec un autre pour sauver les apparences : une vie entière de second rôle pour Émilienne puisque Léopold ne veut pas quitter son épouse (et son argent)

Le narrateur ne raconte pas seulement les amours d'Emilienne et de Léopold mais un peu ses amours à lui (il est homosexuel et se sera « caché » toute sa vie), son amitié avec Odette et ses discussions avec le fils de celle ci.



Un livre où il ne se passe pas grand chose mais où les sentiments amoureux sont décortiqués finement …rivalité féminine, passion….contrariée allant jusqu'au suicide, culpabilité, honte …

Un livre que j'ai trouvé à la fois intéressant et un peu « voyeuriste » ou nombriliste….



Ne me reste plus qu'à un lire un livre dont le titre est « La plage d'Ostende » qui raconte mais du point de vue Émilienne la fameuse rencontre et la vie avec le peintre Léopold …la boucle sera alors bouclée …
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Moi qui n'ai pas connu les hommes

‘Un OLNI (Objet Lisible Non Identifié)… Ce roman est inclassable. Certes, il y a un fort relent de fantastique et de surréalisme mais c’est aussi un thriller, un roman social et psychologique, un conte philosophique.



‘’Où ? Comment ? Pourquoi ?’’ : voilà les trois questions auxquelles les femmes de ce roman (et plus particulièrement la narratrice) vont essayer de trouver des réponses… Où sont-elles ? Comment sont-elles arrivées là ? Et pourquoi sont-elles dans cette situation ?



Le récit oppressant est mis en relief par une écriture ‘’en continu’’ : des paragraphes collés les uns aux autres du début à la fin sans chapitres ni sauts de ligne. Certaines situations sont très détaillées (plus d’une page) et des périodes entières sont expédiées en une phrase lapidaire : ce contraste illustre parfaitement les pertes de repères de ces femmes.



La narratrice, dont en ne connaîtra jamais le nom (les autres l’appellent ‘’La petite’’), n’a aucun souvenir de sa vie antérieure contrairement aux autres femmes plus âgées car elle était une jeune enfant à son arrivée dans les lieux ; elle se sent donc étrangère vis-à-vis des autres membres de ce groupe incarcéré (puis évadé) dans un lieu inconnu, déshumanisé et non identifiable avec des conditions de vie surréalistes : double sensation d’étrangeté qui accentue sa solitude, grand thème de ce roman.

Autre grand thème : comment vivre le présent dans un monde sans passé ni avenir ? Les membres de ce groupe y répondront de façons différentes, illustrant la diversité de la nature humaine. Leur quête d’un but qui restera inaccessible engendre des comportements divers. L’auteur est psychanalyste et sait de quoi elle parle !!



Un roman original, étrange et dérangeant aux allures de mauvais rêve qui induit une réflexion sur le but de son existence.

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L'apparition des esprits

Je ne m'embarrasserai pas de vous présenter ce roman en détail, il est parfaitement rendu par Francine Ghysen de la Promotion des Lettres de la fédération Wallonie-Bruxelles, une critique déjà indiquée hier dans la page marquée (si vous n'aimez pas en savoir trop du scénario du récit, survolez).



C'est en réalité le tout premier roman écrit par Jacqueline Harpman que les Éditions Julliard avaient gardé dans les cartons pour ne le publier qu'en 1960, après "Brève Arcadie", le prix Rossel de 1959. Les raisons de cette temporisation seraient tactiques, Julliard préférant ne pas abonder dans les histoires de jeunes filles dépucelées alors que la maison venait de connaître le succès de "Bonjour tristesse" en 1954 (la démarche serait peut-être autre aujourd'hui où il est bon d'enfoncer le clou avec ce qui se vend ?). Il s'agit ici, chez Ancrage, d'une édition revue et corrigée en 1999 par Harpman, quasiment quarante ans après, et complétée d'une postface de Thomas Godefridi [1]. Ce dernier fait particulièrement les éloges de ce qu'il répète être un premier roman en passant sous silence qu'il s'agit d'un texte remanié. En effet, malgré l'inélégance de se renier, l'auteure avoue qu'elle a "pris la tondeuse à gazon, le sécateur et la plume en respectant la fille que je fus". Ce «jardinage» fut-il important ? On aurait aimé lire l'orignal malgré les imperfections de jeunesse.



Le titre du livre trouve sa justification dans l'exergue de La Rochefoucauld : "Il en est du véritable amour comme de l'apparition des esprits : tout le monde en parle, mais peu de gens en ont vu". Le trio amoureux – Catherine, Julien, Alker – au centre du roman, finement exploré, nous est relaté avec cette écriture distinguée qui caractérise la psychanalyste belge.



Si ce récit fleure un peu l'époque de Sagan, les étudiants audacieux et les cigarettes, il est composé avec une magnifique plume venue du dix-neuvième siècle (on songe à Stendhal). En lisant cette tournure "... je ne m'aveuglais pas si bien que je ne puisse aujourd'hui démêler les vraies raisons de ce silence", je me dis que cela avait un chic qu'on ne retrouvera pas dans les traductions anglo-saxonnes semées en abondance dans les librairies. Pour oser une comparaison facile, accompagner un repas de piquette ou d'un champagne ne procure pas les mêmes sensations. À côté de ceci, densité et concision font merveille lorsqu'elle écrit "... ce fut peut-être le moment le plus sincère de nos amours, le désir de l'aveu balayait les doutes" ou bien, pour évoquer nos grandes sottises, "Au lieu de reconnaître sagement que le pain quotidien se mange sans sel, on s'évertue à reproduire l'exceptionnel."



Harpman était une grande amoureuse de la langue française, elle est du grand cru qu'il faut lire. Si l'on est effrayé par ses qualifications de psychanalyste, elle rassure dans un entretien à La Libre (novembre 2011) "Le psychanalyste a le désir de comprendre son patient, l’écrivain veut le faire vivre".



Jacqueline Harpman a donné une suite en 2000 "Le véritable Amour", où l'on retrouve Catherine (et Alker) trois ans plus tard en quête d'un mari, dans une histoire aussi romanesque, mais plus rose, paraît-il. Je ne l'ai pas lu, mais doute de son intérêt au vu de l'excellente unité de "L'apparition des esprits" qui se suffit. Mais Harpman dit tant aimer ses personnages...
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Moi qui n'ai pas connu les hommes

La narratrice est une adolescente, enfermée dans une cave avec 39 autres femmes. Elles sont surveillées par des gardes, qui ne leur parlent jamais et ne répondent pas à leurs questions. Elles ne savent pas pourquoi elles sont là, mais au fil des ans le souvenir du passé et de la vie normale s'efface peu à peu. Seule la jeune fille ne se rappelle rien de la vie d'avant que lui racontent ses compagnes. Et puis un jour, une occasion inespérée leur permet de s'échapper. Elles remontent à la surface, et vers la liberté, du moins le croient-elles. Mais ce qu'elles y trouveront sera loin de correspondre à leurs espoirs.

Un roman qui rappelle "La Route" de Cormac McCarthy par son ambiance de fin du monde, mais aussi "1984" de George Orwell. Ces femmes ne savent pas pourquoi elles sont là, ni quel sera leur futur, et comment continuer à vivre dans cette incertitude ?

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Moi qui n'ai pas connu les hommes

La petite n'a connu que la cage. Cette cave à douce température dans laquelle elle est enfermée avec 39 autres femmes, toutes plus âgées qu'elle. Elle est une anomalie, seule enfant parmi elles. Deux fois par jour, les hommes leur apportent les ingrédients nécessaires pour un repas. Elles ne meurent pas de faim, mais ne profitent guère. La petite grandit sans contacts physiques, qui sont prohibés. Sinon, gare au fouet des hommes. Elle se développe sans comprendre certaines allusions des autres femmes, qui elles, ont connu le monde d'avant. D'autres hommes, les maris, les fils, les amants, les patrons. La petite ne peut pas comprendre.



Elle refuse cette vie, elle veut comprendre. Elle n'a que son rythme cardiaque pour découper le temps, évaluer les écarts entre les repas, l'extinction et l'allumage de l'éclairage artificiel qui leur sert d'alternance nycthémérale, les souvenirs de Théa pour apprendre à lire et à écrire. Alors elle apprend, décompte, découpe, dans une fringale de révolte. Et un jour, la porte de la cage reste ouverte, les hommes ont fui pendant une distribution alimentaire.



La découverte de l'extérieur, est une énigme pour les femmes. Cette terre ne ressemble pas à la leur. Grâce à la petite et la plus vieille, elles se mettent en marche, construisent une survie sans comprendre. Jusqu'à mourir les unes après les autres.



Ce court roman dystopique m'a beaucoup fait penser à L'Aveuglement de José Sarramago. Ici aussi, pas d'explication sur l'origine de la situation. La symbolique de l'isolement des femmes, puis de leur errance dans un monde déshumanisé au sens propre, en est d'autant plus forte. Il n'y a pas d'improbabilité dans ce récit, qui s'appuie sur maint fait abject de notre histoire, mais une immersion dans le vécu des personnes enfermées, exilées, sans espoir ni explication. L'ingéniosité et la pulsion de vie de la petite sont abordés avec finesse et intelligence. Cette découverte de Jacqueline Harpman se poursuivra évidemment avec d'autres ouvrages !
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En toute impunité

Encore une jolie découverte grâce au challenge solidaire Babelio 2022. Le narrateur, architecte, découvre et tombe sous le charme du domaine de la Diguière et de ses habitantes, unies dans la lutte pour sauvegarder leur demeure. Admiratif des parfaites proportions et de la qualité de la construction ancienne de deux siècles, l'architecte n'est pas sans se soucier du mauvais état général de la demeure. Les propriétaires, 3 générations de femmes sont désargentées, et ne peuvent, malgré leurs efforts et leur travail pas assez rémunérateur, pas faire face aux dépenses qu'entraineraient les réparations.



Lors de son premier séjour à la Diguière, Albertine, mère de Charlotte et Sarah, et grand-mère de Clémence et Adèle, est à Vichy pour 10 jours. le narrateur, stupéfait, assiste aux conversations téléphoniques entre elle et ses filles, et sa soeur Madeleine, concernant le choix de l'homme qui grâce à sa fortune permettra de sauver la Diguière.



Lors de son 2e séjour, l'architecte retrouve la Diguière transformée, rétablie dans sa splendeur. Le généreux mari, repéré à Vichy, n'est plus, et il apprend de la bouche de Madeleine le fil de l'histoire du lieu et de ses habitantes.



Rencontre avec des personnalités féminines fortes et indépendantes, solidaires, et à la volonté inébranlable. La narration est fluide, le ton non exempt d'humour, et les choix des femmes à la limite du moralement défendable, ce qui permet d'osciller avec délice entre l’opprobre et la compréhension. Une lecture plaisir.
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En toute impunité

Une famille désargentée se bat depuis des générations pour sauver un patrimoine, une maison "La Diguière". Soudés, jusqu'où iront-ils pour faire de leur rêve une réalité ? Un homme de passage en sera témoin (complice ?) et raconte.

Ce roman m'a un peu ennuyé : il n'y a aucune surprise ni rebondissement. Heureusement il ne fait que 285 pages et se lit assez vite. La maison est le personnage principal de l'histoire et j'ai trouvé sa description moins ennuyeuse que celle des personnes. Je ne pense pas que ce roman restera longtemps dans ma mémoire.

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La fille démantelée - Histoire de Jenny

Si vous avez envie d'un roman délassant, pas prise de tête et qui fait du bien, passez votre chemin.



Au sortir de cette lecture, j'ai eu la sensation d'avoir assisté à un combat avec, d'un côté, la mère, et de l'autre, la fille. Un combat à mort. Une mort allégorique s'entend. Un combat dont l'issue m'a laissée sonnée.



« Reste morte ma mère […] A quoi me sert que tu sois morte si tu fais encore mal ? Comment me délivrerai-je de toi et jusques à quand te donnerai-je le pouvoir de me blesser ? »



Pour exorciser Rose, sa mère, Edmée se met à écrire leur histoire en une sorte de long monologue.

Le « je » de la narration, les concordances entre les faits, les personnages et l'époque du roman avec la biographie de l'auteur m'ont fait me demander quelle était la part d'autobiographie de ce récit. Et au-delà de ce questionnement, quel était le but de l'auteur ? J'ai vraiment eu l'impression que J. Harpman destinait moins son écriture à un potentiel lecteur qu'à elle-même ; ce qui a eu pour résultat qu'au fil des pages je me suis sentie de moins en moins impliquée. C'est ce que je n'aime pas dans l'autofiction et c'est tout à fait personnel.



Cependant, dans La fille démantelée, comme dans quasiment toute l'oeuvre de J.Harpman, se retrouvent ces grandes questions existentielles : comment survivre à sa naissance, se libérer du déterminisme, familial, social et sexuel ? Comment s'identifier, (se) construire, donner, aimer quand on n'a pas reçu et été aimé ? Y arrive-t-on seulement ?



La fille démantelée est un roman dur, violent, dans les faits et dans l'écriture. Une écriture directe, spontanée, révoltée, cathartique.



Jaqueline Harpman, c'est un style, une plume. Assurément l'un des fleurons parmi nos écrivains belges de langue française. Une plume que je vous invite vivement à découvrir si ce n'est déjà fait.

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Moi qui n'ai pas connu les hommes

Je dois avouer que j'ai longtemps hésité à acheter ce livre, j'ai souvent pensé que ce livre n'était plus édité (après tout ça peut arriver), et puis, je l'ai vu à la librairie et à cause de son titre, je n'ai pas pu résisté et j'ai acheté le livre et je dois dire que je n'ai pas été déçue.







Le livre est vraiment intéressant de par son titre et de par son contenu car ce livre a un réel double sens. Aussi bien dans son thème et dans son histoire.







On se retrouve avec une question qui perdure durant tout le livre, la même question que se pose les 40 femmes "Où sont-elles?" "Que s'est-il passé?" "Sont-elles sur Terre?" et surtout "Pourquoi?" Aucune de ses questions n'aura de réponses autant le dire mais on va quand même les suivre dans leurs quotidiens pour savoir ce qu'elles vont devenir.







On se retrouve également dans un drame, un drame psychologique mais ça s'apparente également à de la science fiction.







On sent que l'auteur connait son thème, connait bien l'âme humaine puisqu'elle fut psychanalyste. Et à la fin, on se retrouve avec des questionnements encore plus forts et auxquels on aura jamais de réponse.







C'est vraiment un petit livre mais j'ai l'impression qu'il a vraiment bien chamboulé ma petite vie de lectrice.


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Moi qui n'ai pas connu les hommes

Comment rédiger une critique sur ce livre bouleversant! Tout ce qui me vient c'est "ouah!".



J'ai adoré! Il y avait bien longtemps qu'un livre ne m'avait pas autant bouleversée. L’héroïne principale a attiré toute ma sympathie et compassion. J'ai dévoré ce livre il y a une semaine et j'en suis encore toute retournée!



Je le conseille à mon entourage car ce livre peut être un réel élément déclencheur à n'importe quelle période de notre vie...
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En toute impunité

Un soir, très tard, Jean, un architecte sexagénaire et célibataire, tombe en panne de voiture et demande l'hospitalité aux dames de La Diguière. Enfin... l'hospitalité contre espèces sonnantes et trébuchantes. C'est que la propriété tombe en ruine et que chaque euro compte pour la maintenir à flot. La famille, entièrement composée de femmes (Albertine, ses filles Charlotte et Sarah, ses petites-filles Adèle et Clémence, et enfin Madeleine) peine à joindre les deux bouts, et se demande avec angoisse comment financer les réparations indispensables. Voici donc Jean hébergé par ces dames pendant plusieurs jours, partageant leur table mais aussi les coups de téléphone de la grand-mère, dont il comprend rapidement qu'elle est à Vichy (voyage payé en revendant son secrétaire) afin d'y trouver un mari, de préférence très riche et très vieux, histoire d'en hériter rapidement, la toiture ayant urgemment besoin de travaux. Ces conversations téléphoniques, auxquelles participe toute la famille (y compris Madeleine, la domestique qui s'avère être également la soeur de Madame la Diguière) sous le regard éberlué de notre voyageur perdu, sont franchement très drôles. Tout le roman est en fait parcouru d'un humour, parfois noir, et d'une ironie qui font mouche. Après quelques jours, la dame trouve chaussure à son pied et le narrateur, ayant récupéré sa voiture, rentre chez lui. Fin du premier acte.

Un an plus tard, de passage dans la région, il décide de rendre visite à ces dames et de satisfaire en même temps sa curiosité. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que celle-ci se trouve satisfaite! Par la bouche de Madeleine, la domestique, il apprend les événements qui se sont produit depuis l'arrivée du riche nouvel époux, qui a quelque peu chamboulé la maisonnée.

Pas de grand suspens ici, la quatrième de couverture est assez claire à ce sujet, mais un livre que j'ai néanmoins dévoré d'une traite. L'écriture est très belle; la langue est très belle, les personnages s'attachant, selon leurs propres termes, à parler un français impeccable. Le tout est très fluide et se lit facilement, y compris la deuxième partie qui consiste principalement en un récit, fait par Madeleine, des événements et des dialogues survenus durant les mois précédents. Je me suis en outre attachée rapidement à ces personnages pleins de vie et de verve, ainsi qu'à la Diguière elle-même, à laquelle on voudrait également rendre son lustre d'antant. Le tout se double d'une intéressante réflexion sur les limites de chacun, sur le poids du secret, même si personnellement je me suis davantage attachée à l'écriture et au talent de madame Harpman.
Lien : http://margueritelit.canalbl..
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Orlanda

Un peu consternant : Etant "en cours" sur un autre livre de cet auteure, je réfléchissais à mes précédentes lectures et cherchais dans la bibliographie de Harpman. Puis, je vois "Orlanda", et ça me dit quelque chose. Mais pas grand chose. La certitude pourtant de l'avoir lu, il y a quelque temps. Je cherche dans ma bibliothèque et, en effet, je le trouve. Je le feuillette en cherchant des indices attestant de sa lecture : feuilles écornées, traits au crayon ou au bic signalant des passages marquants... Pas grand chose, voire rien. Mais, en (re-)lisant quelques passages, le tilt se fait et je dois reconnaître que je l'ai lu.



Conclusion : Un titre oubliable. Pas mauvais, sans quoi je m'en serais souvenu ; mais pas excellent, sinon je m'en serais souvenu.

Deuxième conclusion : A choisir, lisez plutôt La Dormition des amants.
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Moi qui n'ai pas connu les hommes

Ce Moi qui n'ai pas connu les hommes est sans conteste le meilleur roman de Jacqueline Harpman. Il aborde la question de l'absurdité de la vie à travers le récit de l'existence d'un groupe de femmes emprisonnées puis abandonnées dans un monde désert. Elles ignorent tout de ce qui les a amené là, de la catastrophe qui a probablement eu lieu ou du sort de ceux qu'elles ont aimés. Parmi elles, une enfant qui grandira au milieu de cette étrange communauté avant, la nature et le temps faisant leur oeuvre, de se retrouver seule. Seules oasis dans cette vie sans vie les bibliothèques que "la petite" découvre au fur et à mesure de ses pérégrinations et qui lui font aimer l'existence.
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L'Apparition des esprits - Le Véritable amour

L’épigraphe nous indique le sens à donner aux titres et au contenu des deux romans, le second étant la suite directe du premier : « Il en est du véritable amour comme de l’apparition des esprits : tout le monde en parle, mais peu de gens en ont vu. » La Rochefoucauld. 



Une histoire d’amour donc ! Celle de Catherine, une jeune fille de bonne famille, qui s’éprend d’un homme beaucoup plus âgé qu’elle. Dès ses premiers écrits, on peut dire que Harpman faisait une fixette sur le complexe d’Œdipe, elle qui plus tard est devenue psychanalyste.



Je ne suis pas certaine qu’on raconterait cette histoire de la même manière aujourd’hui, mais j’ai beaucoup aimé ces deux romans, qui se lisent comme un seul. D’abord pour le ton doux-amer de la narratrice, qui ne manque pas d’humour. À ses débuts, l’écriture de Harpman était très influencée par la littérature classique française. L’ambiance des années 50-60 et les jeux de séduction évoquent également le cinéma de la nouvelle vague. Des atermoiements amoureux à la « je t’aime moi non plus » dans un style suranné et délicieux.
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Moi qui n'ai pas connu les hommes

Quel voyage ! Merci à la littérature d'exister pour pouvoir inventer d'autres réalités qui nous transportent et nous questionnent. Que reste t-il de nous quand il n'y a plus de but, plus de réponses aux questions ? On plonge dans ce monde infernal en apnée. Pas de chapitres pour se reposer. L'expérience est intense, enchaîné nous aussi dans cette quête qui redéfinit les contours de notre humanité.
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Moi qui n'ai pas connu les hommes

Ce roman de Jacqueline Harpman m'a beaucoup intrigué

Quel genre de livre a voulu écrire l'autrice ? Conte philosophique? La fin du monde pour une dystopie ? de la SF ? Un nouvel univers dantesque ? Un rappel des camps de concentration ? Un roman initiatique ?

Bref, tellement perdu par ce texte, je n'y ai pas du tout adhérer.

A oublier ...
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Le bonheur dans le crime

On suit l’histoire d’une famille vivant dans une maison à Bruxelles devant laquelle est arrêté une voiture dans les embouteillages. Le conducteur raconte l’histoire au passager. J’ai apprécié l’histoire mais surtout la façon dont c'est raconté par les yeux de quelqu’un d’autre, l’histoire en elle même de cette famille on la devine facilement. Mais c'est tellement bien écrit qu'on lit la suite avec plaisir.

Par contre pendant toute ma lecture ce qui m’a tenu en haleine ce sont les deux passagers de la voiture, qui sont ils, quelle est la relation entre ces deux personnes?
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Moi qui n'ai pas connu les hommes

J'ai lu ce roman dans le cadre du challenge solidaire.

"Cauchemardesque et serein", comme indique le résumé, tout est dit. J'ai mis du temps à rentrer dans ce récit si étrange, fascinant et repoussant à la fois. Il n'est pas dans le genre de l'horreur, mais décrit des situations rendues encore plus abominables par l'absence perpétuelle de réponse.

L'héroïne est étonnamment attachante pour un personnage si dénué d'émotions. Je ne peux pas dire que j'aie vraiment apprécié ma lecture, qui m'a donné froid dans le dos, mais je l'ai trouvée vraiment intéressante et riche de réflexions.
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