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Citations de Jacques Baudou (40)


Les Sisters in crime

En réaction à la tendance hyper violente du roman noir et pour lutter contre l'ostracisme "machiste" qu'elles décelaient dans l'attribution des grands prix américains de littérature policière et le comportement des éditeurs à leur égard, les auteurs féminins fondèrent en 1986 l'association des "Sisters in crime". La revendication de ces consœurs en crime littéraire était d'autant plus justifiée que les femmes auteurs américaines - et elles sont très nombreuses - ne travaillent pas forcement dans le champ majoritaire du roman noir, ni même dans celui du suspense. Nombre d'entre elles s'expriment dans des catégories rarement traduites par l'édition française : les "romantic mysteries", les "cosy mysteries", les formes modernes du "whodunit".
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Horace McCoy doit sa renommée de grand auteur à quelques intellectuels français de l'immédiat après-guerre sevrés de littérature américaine et prêts à encenser n'importe quel romancier précédé d'une réputation d'écrivain maudit et nécessiteux. Et McCoy n'a pas manqué d'en rajouter sur son existence obscure et ratée : colporteur, cueilleur de laitues, serveur de sodas, videur dans un marathon de danse, lutteur occasionnel, garde du corps d'un politicien...
"McCoy n'a évidemment rien été de tout ça. McCoy a été héros de guerre, aviateur, journaliste, agent de publicité pour un champion de golf, point final" (1).
C'est ce côté hâbleur et bluffeur du romancier qui a fait dire au critique littéraire John Brown qu' "il était le plus caricatural des durs à cuire"
(1) Philippe Garnier dans "Honni soit Malibu".
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Miss Marple est l'une de ces "femmes superflues" dont parle son neveu Raymond West, des femmes qui ont beaucoup de temps libre et dont le principal intérêt dans la vie, c'est "les gens" - les autres, les voisins, les passants. Elle est devenue, sur le sujet de la nature humaine, une véritable experte. Ce qui ne nécessite pas seulement de se tenir au courant des commérages et des ragots, de fréquenter assidûment les thés de ses voisines cancanières. Il convient aussi d'observer les faits et gestes des villageois, et justement le jardin de miss Marple se trouve idéalement placé pour ce faire. D'ailleurs, miss Marple se pique d'ornithologie et a acheté une paire de jumelles pour l'observation des oiseaux - mais ce n'est là qu'un prétexte pour scruter les agissements d'une toute autre faune, non ailée celle-là!
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Sa foi n'est pas dépourvue de bon sens et de tolérance. Un pasteur wesleyen de sa connaissance, Mr Curtiss, refusait que sa fille porte un appareil dentaire,car si ses dents avançaient, c'est que Dire en avait voulu ainsi, prétendait-il. Elle lui fit remarquer qu'il se rasait la barbe et se coupait les cheveux, contrevenant ainsi, lui aussi, à la volonté du Seigneur.
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Une fois par siècle apparaît un auteur pour enfants si extraordinaire que l'imaginaire de toute une génération s'en trouve modifié
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Mais qu’on n’accorde pas au mot amateur la moindre signification péjorative : miss Marple se montre très souvent plus perspicace que les policiers professionnels. Sir Henry Clithering, le superintendant de Scotland Yard qui aura affaire à elle à plusieurs reprises, la décrira ainsi : « C’est tout bonnement le détective le plus génial que Dieu ait jamais créé. Un talent inné, cultivé dans l’humus le plus adéquat. »
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Il est intéressant de noter que les histoires de loups-garous étaient particulièrement répandues dans les régions où le loup était une espèce courante […] intéressant aussi de constater, […] qu’il y a, « dans presque toutes les parties du monde, des répliques du loup-garou : hommes-tigres aux Indes, hommes-léopards, hommes-hyènes et hommes-crocodiles en Afrique, et hommes-ours en Russie ».
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Vous savez ce qu'on dit parfois de ces espèces, les licornes, les dragons, les harpies, les centaures ?
On dit que ce sont les espèces qui ont refusées d'embarquer à bord de l'arche de Noé.
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Sur ces problèmes, les enfants suent sang et eau. Ils traînent sans enthousiasme leur serviette gonflée de manuels portant ces titres rébarbatifs : L'Étrange mort de sir Jeroboam Backdrive, Triple assassinat rue Sébastien-Bottin, L'Affaire des Oreillers rouges.

Un ennui mortel monte de ces livres de classe, de ces textes devenus — depuis qu'ils sont matière d'étude, qu'on les dissèque et les commente — plus froids que les cadavres dont ils traitent.

Depuis longtemps, les écoliers ont cessé de lire pour leur plaisir, des livres d'aventures, ils ne se rêvent plus chefs de bandes, gentlemen-cambrioleurs ; ils dévorent des livres défendus, se délectent d'une bizarre littérature « d'avant-garde », où l'on voit les auteurs révolutionnaires briser résolument les vieux moules, composer, en vers généralement alexandrins, de curieux ouvrages qu'ils nomment « Tragédies ».

D'extravagants conflits sentimentaux y sont étudiés. On a inventé un nouveau triangle : le mari, la femme et l'amant.

Un prince espagnol se demande s'il se doit à son père avant qu'à sa maîtresse ; un vieillard chauvin contemple d'une prunelle sèche, une bataille fratricide entre ses trois fils et leurs beaux-frères. Ou bien, c'est l'histoire d'une reine incestueuse, enflammée de passion pour son chaste beau-fils.

Cette jeunesse fait aussi ses délices de courts récits en vers irréguliers, nommés « Fables », où sont peints des animaux : le renard, la cigogne, la belette, le petit lapin, la cigale et la fourmi.

Les professeurs, ainsi qu'ils se conçoit, dédaignent ce genre d'écrits frivoles, mais, dans les chapelles, les cénacles, on chuchote que ces « tragédies » méprisées, qui déconcertent par leur outrancière nouveauté, pourraient bien, un jour, à leur tour, devenir les Classiques.
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Le soir, à la maison :

— Maman, suppose que tu aies tué ton amant à coup de serpe ?

— Bien.

— Tu veux te soustraire à l'action de la justice. Dans quel magasin achèteras-tu des vêtements pour dépister les limiers ? Mettras-tu une perruque ? Quitteras-tu Paris à pieds, en bicyclette, en taxi, et par quelle porte ? Prendras-tu un train ? En ce cas, dans quel gare, et pour quelle destination ?

— Papa, imagine un couloir sur lequel donnent sept portes. Un millionnaire dort dans la chambre du fond. Sa porte et sa fenêtre sont fermées de l'intérieur. Son secrétaire veille dans la chambre contiguë. Comment vas-tu t'y prendre pour pénétrer chez le millionnaire, l'assassiner, le voler et te retirer sans laisser de traces de ton passage ?

Le père médite un instant, a un geste ennuyé.

— C'est enfantin, mon petit ! C'est le problème du local clos. Il existe un tas de solutions. En principe, je puis faire le coup de la Galerie inexplicable, ou bien je puis employer le système de l'Odeur funèbre. Ou, encore... Que veux-tu que je te dise ? J'ai su mon « Local clos » sur le bout des doigts, autrefois, mais, depuis le temps que je n'ai pas ouvert un manuel... Demande à ton grand frère...
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De nouveau, nous sommes dans la salle d'études.

Classe de philosophie :

— Messieurs, les sentiments affectifs dans Arsène Lupin...

Classe de latin :

— Messieurs, le vieil adage : Is fecit cui prodest...

Classe de zoologie :

— Messieurs, on entend par Rat d'hôtel...

— Messieurs, le Triangle, en littérature, est donné par ces trois personnages principaux : la victime, l'assassin et le policier. On compte trente-deux situations dramatiques...
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Ouf ! Voici la récréation.

Des groupes se forment ; on bavarde en déambulant dans la cour.

— Eh vieux ! comment ça se dit, en anglais : pas une âme ?

— Nobody, j'crois. Pourquoi ?

— C'est pour notre thème. Le prof nous a collé du Gallet décédé à traduire : « Pas une âme pour égayer le décor et renseigner le voyageur, etc... » Ça se pose là comme barbe !

Ailleurs :

— Qu'est-ce que tu as donné comme coupable, au dernier problème d'induction et de logique ?

— Le juge d'instruction, tiens !

— Mais non ! Le coupable, c'est le policier ! L'indice du mégot...

— Pas du tout, dit un troisième, l'astuce roule sur l'alibi. Au début, la victime était de mèche avec l'assassin...

Sous un hangar, un groupe d'élèves fait cercle autour d'un moniteur de culture physique.

— L'exercice consistant à escalader, sans laisser de traces, une fenêtre située à deux mètres au-dessus du sol, et étant admis que le mur est fraîchement crépi, s'exécute en quatre temps. Premier temps : flexion sur les jarrets, mais aux hanches, bustes ramenés en arrière...
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Dès le matin :

« À six heures précises, ainsi qu'il l'avait annoncé, Herlock Sholmès, vêtu d'un pantalon trop court et d'un veston trop étroit qu'il avait emprunté à un aubergiste de Neuilly... »

C'est une dictée.

« L'agent de la Sûreté prit le bras du vieux juge de paix et le serra énergiquement... »

C'est un exercice grammatical.

— Prenez votre Meurtre de Roger Ackroyd, page 269, chapitre XXIII : Poirot's little reunion : « — And now, said Caroline, rising that child is coming upstairs to lie down. » Jusqu'à : « What is it ? I asked ».

C'est une version.

Ainsi jusqu'à midi.

Rentrés chez eux, les enfants posent d'étranges questions à leurs parents.

— Maman, dit, à table, en s'escrimant sur son bifteck, la fille aînée, je suppose que tu veuilles empoisonner papa.

— Bien, dit la mère.

— Tu ne disposes que d'arsenic.

— Très bien.

— Dans quels aliments introduiras-tu le toxique, afin d'éviter que papa ne soupçonne, à la saveur...

Le père lève le nez et guette la réponse.

— Ma foi, dit la mère, je pense que du café très fort ferait l'affaire.

— Mais non, jette le père ! Ça ne tient pas debout, ma pauvre ! Je m'en apercevrais tout de suite ! Moi, à ta place, j'attendrais les premiers froids. Tu sais que les premiers froids me donnent des aigreurs d'estomac et que je prends de la levure de bière. Eh bien, tu flanques ton arsenic dans ma levure de bière...

Retour au lycée.

Au tableau noir, des professeur tracent des figures, des chiffres.

— Étant donné, primo, un local clos Y affectant la forme d'un triangle isocèle A B C et, secundo, un autre local clos Z affectant la forme d'un hexagone M N O P Q R, calculer...

C'est la classe de géométrie.

— Étant donné un coffre-fort revêtu d'une plaque d'acier de X millimètres d'épaisseur, étant donné d'autre part un chalumeau oxhydrique d'une puissance H, calculer la durée de l'opération consistant à pratiquer, autour de la serrure, une ouverture circulaire d'un diamètre de...

C'est la classe de physique.
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— Très bien. Dites quel fut le premier indice matériel découvert par Joseph Rouletabille dans la Chambre Jaune ?

— Un cheveu blond de femme, m'sieur.

— Je vous remercie. Élève Jozont, nommez le plus mortel ennemi de Sherlock Holmes.

— Le professeur Moriarty, m'sieur.

— La date de l'assassinat de la veuve Lerouge, de l'Affaire Lerouge, par Gaboriau ?

— 4 mars 1862, m'sieur.

— Je vous remercie. Élève Gharantec, parlez-moi d'Isidore Bautrelet.

— Le collégien Isidore Bautrelet, dans l'aventure de l'Aiguille creuse, fut pour Arsène Lupin un adversaire formidable, m'sieur. Il compris que le cadavre de la falaise...
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Élève Lacroix, dites ce que vous savez du secret de Mlle Stangerson.

— Le secret de Mlle Stangerson... Heu... Le secret de Mlle...

— Je vois que vous ne connaissez pas le premier mot. Passons ! Citez la phrase fameuse que Rouletabille entendit dans les jardins de l'Élysée, le long du mur qui longe l'avenue Marigny.
— …
— Je constate que vous n'avez pas ouvert votre Gaston Leroux. Vous me copierez trente fois les phrases : « Le presbytère n'a rien perdu de son charme ni le jardin de son éclat ». Vous pouvez vous rasseoir. Élève Mercier, que savez-vous du secret de Mlle Stangerson ?

— Mlle Stangerson, m'sieur, après avoir épousé secrètement à Philadelphie un certain Jean Roussel, qui n'était autre que le sinistre bandit Ballmeyer, alias le détective Frédéric Larsan, encore nommé le Grand Fred, m'sieur, en eut un fils qui porta d'abord le nom de Joseph Josephin, puis celui de Joseph Rouletabille.
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Et alors, mon cher ami, pris au piège, légalement impuissant, j’ai dû transiger et accepter pour ma part un modeste diamant, le plus petit et le moins beau. Allez donc vous mettre en quatre pour rendre service à votre prochain !
Et Lupin bougonna entre ses dents :
– Ah ! la reconnaissance, quelle fumisterie ! Heureusement que les honnêtes gens ont pour eux leur conscience, et la satisfaction du devoir accompli.
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Un jugement trop prompt est souvent sans justice.
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Isa Whitney, frère de feu Elias Whitney, docteur en théologie, principal du collège de théologie Saint-Georges, s’adonnait fort à l’opium. Cette habitude prit possession de lui, à ce que l’on m’a dit, à la suite d’une sotte fantaisie, alors qu’il était au collège. Il avait lu la description que fait De Quincey de ses sensations et de ses rêves de fumeur d’opium et il avait imprégné son tabac de laudanum pour essayer d’obtenir les mêmes effets. Il trouva, comme tant d’autres, qu’il est plus facile de contracter cette habitude que de s’en défaire, et pendant de longues années il continua d’être esclave de la drogue, en même temps qu’il était, pour ses amis et pour les siens, l’objet d’un mélange de pitié et d’horreur. Même à présent, il me semble le voir encore, épave et ruine d’un noble caractère, tout recroquevillé dans son fauteuil, avec sa face jaune et pâteuse, ses paupières tombantes et ses pupilles réduites comme des pointes d’épingle.
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À travers l’obscurité, on distinguait vaguement des corps gisant dans des poses étranges et fantastiques, des épaules voûtées, des genoux repliés, des têtes rejetées en arrière, des mentons qui se dressaient vers le plafond et çà et là un œil sombre, vitreux qui se retournait vers le nouveau venu. De ces ombres noires scintillaient de petits cercles de lumière rouge, tantôt brillants, tantôt pâlissants, suivant que le poison brûlait avec plus ou moins de force dans les fourneaux des pipes métalliques. La plupart de ces têtes restaient sans rien dire ; quelques-uns marmottaient pour eux-mêmes et d’autres s’entretenaient d’une voix basse, étrange et monocorde, émettant par saccades des propos qui soudain se perdaient dans le silence ; chacun, en fait, mâchonnait ses propres pensées et ne faisait guère attention aux paroles de son voisin. Tout au bout se trouvait un petit brasier de charbon de bois, à côté duquel était assis, sur un trépied de bois, un vieillard grand et mince, dont la mâchoire reposait sur ses poings et les coudes sur ses genoux. Fixement, il regardait le feu.
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Il était difficile de répondre par un refus à n’importe quelle demande de Holmes, car elles étaient toujours très expressément formulées avec un air de profonde autorité. Je sentais d’ailleurs qu’une fois Whitney enfermé dans le fiacre, ma mission était pratiquement remplie ; et quant au reste, je ne pouvais rien souhaiter de mieux que de me trouver associé avec mon ami pour une de ces singulières aventures qui étaient la condition normale de son existence. En quelques minutes, j’avais écrit mon billet, payé les dépenses de Whitney, j’avais conduit celui-ci au fiacre et je l’avais vu emmener dans l’obscurité. Quelques instants après, un être décrépît sortait de la fumerie d’opium et je m’en allais dans la rue avec Sherlock Holmes. Dans les deux premières rues, il marcha le dos voûté en traînant la jambe d’un pas incertain. Puis, après un rapide regard aux alentours, il se redressa et partit soudain d’un cordial éclat de rire.
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