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Critiques de Jacques Heers (40)
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Chute et mort de Constantinople (1204-1453)

Une approche intéressante de la chute de Constantinople que propose Jacques Heers. La réflexion est bien construite, le plan de l'ouvrage est clair, thématique et progressif. Le livre débute par une description des rapports entre les royaumes d'occident et Constantinople qui amène la conquête de la ville en 1204. L'auteur replace cette évènement comme le début d'une longue agonie de l'Empire byzantin. Le jeu des alliances et des conflits entre les chrétiens d'Occident, les chrétiens slaves, les Byzantins et les Turcs vont finir d'épuiser les capacités de Constantinople et de son territoire. L'ouvrage se termine par la prise de la ville par les Turcs de Mehmet II.



L'ouvrage est donc bien construit, le style est simple et plaisant. On reconnait la maîtrise de l'auteur sur le sujet. Cependant j’émets plusieurs réserves sur ce livre. La première est le sentiment d'un vague parti pris de l'auteur envers Byzance qui se renforce par de nombreux jugements de valeur (qui ne devrait pas trop figurer dans un livre d'histoire selon moi). Une impression aussi que l'auteur fait confiance mot à mot à certaines sources (alors que l'on connait le manque d'objectivité des rédacteurs du Moyen Age). Enfin l'auteur entre parfois dans des détails qui n'ont pas vraiment d'importance et créer un déséquilibre par rapport au reste du livre (criant dans le dernier chapitre pendant la description du serment du faisan).
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Chute et mort de Constantinople (1204-1453)

Quel malheur que la chute de Constantinople. On oublie trop souvent que 1453 marque la fin définitive de l’empire romain, créé en 753 avant JC. Une civilisation de plus de 2000 ans - la nôtre - qui s’efface… Il faut aussi savoir la responsabilité des latins dans ce dénouement, notamment des vénitiens, qui ont définitivement fragilisé le vieil empire. Un livre à lire pour comprendre que tout passe, y compris les empires qui ont gouverné la moitié du monde…
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Chute et mort de Constantinople (1204-1453)

Dès Zara, et jusqu'au sac de Constantinople, Innocent III n'a cessé, en envoyant à l'ost de Montferrat toutes sortes d'exhortations parfaitement établies, de le détourner de ses "aberrations". Il a explicitement condamné le siège de Zara et la conquête de la "Romanie". Les preuves matérielles ne manquent pas et les historiens sont aujourd'hui unanimes à ce sujet. Si, après Zara, il ne menace plus d'excommunier, c'est parce qu'il sait, comme l'a très bien dit Achille Luchaire, qu'il a perdu le contrôle et que personne n'en tiendra compte. De telles menaces n'auraient donc qu'un effet: mettre en lumière sa totale absence d'autorité sur les croisés dévoyés. Ajoutons que le quatrième concile de Latran aura pour objectif principal, comme Innocent III l'exprime dans son allocution inaugurale, de faire comprendre qu'il faut "racheter" la quatrième croisade par la cinquième (qui se soldera aussi par un lamentable fiasco).
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Chute et mort de Constantinople (1204-1453)

Jacques Heers fait des très bons et des très mauvais livres, et cela n’engage que moi. Ce coup-ci c’est réussi. Après une petite remise à niveau sur Constantinople, nous vivrons les guerres d’influences et les vrais guerres que vont mener les différentes cités maritimes italiennes toujours à la recherche de la prépondérance commerciale. Des affrontements avec les croisés, de la guerre contre les envahisseurs de tout bord. Sans oublier les luttes intestines internes. Une vraie saga. Une bonne façon de rentrer dans l’histoire de l’empire romain d’orient.
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Découverte de l'Amérique

Je connaissait déjà Jaques Heers éminent historien médiéviste, mais à par le titre, rien dans la description ne me renseignais sur le contenu du livre.

N'écoutant que mon courage et communiant avec l'esprit pionnier des descubridores, je me décide enfin à cliquer pour commander le livre...



Ce fut une bonne surprise car ce petit ouvrage présente une certaine originalité dans le traitement du theme de la découverte de l'Amérique.

En effect au lieu de s'intéresser à la découverte dans la chronologie et dans les faits brut, il parle des contours de la découverte c'est à dire la perception qu'en ont eut les gens de l'époque et les conséquences pour le monde Européens.



Pour ce faire Jacques Heers se base sur des lettres des récits et différent documents. Comme ont peu s'y attendre avec cet auteur c'est un travail très sérieux écrit dans style limpide très accessible pour nous autres néophytes et qui ne s'embarrasse pas d'effet de style.

Ce n'est donc pas du tout une biographie de Christophe Colomb (Jacques Heers en à écrit une) et tout l'intérêt réside dans le fait qu'il parle de personnages dont on parle peu dans les autres livres sur la découverte de l'Amérique avec en vrac : Martin behaim ; Juan de la Cosa ; Amerigo Vespucci ; Saint Dié des Vosges ; Giovanni Cabato ; Corte real ect



Le livre est complété par des notes, une chronologie, une bibliographie et un index

Un livre à posséder dans toute bibliothèque consacrer à la découverte de l'Amérique et à la renaissance.
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Gilles de Rais

Au risque de ne pas plaire, ce livre, au style lourd, n'apporte rien au débat sur Gilles de Rais. J'ai connu Jacques Heers en meilleur forme.
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Gilles de Rais

Comme dans "Les Négriers en terre d'islam", le but de Jacques Heers est ici de replacer les événements et les personnages dans leur contexte. Aussi fait-il voler en éclats nombre de fantasmes inspirés par la farouche personnalité du sire de Rais.


Bien avant la naissance de Gilles, les fiefs qu'il devait un jour vendre à droite et à gauche pour se procurer la solde de ses troupes, puis les ressources nécessaires au train de vie qui était alors celui de tout seigneur désireux de ne pas se faire oublier (et qui était, en outre, dans le cas de Gilles, maréchal de France depuis le sacre de Charles VII) firent l'objet d'une guerre larvée entre les héritiers de Jeanne de Chabot, dame de Rais, dite "Jeanne la Sage", morte veuve et sans postérité. En un premier temps, celle-ci avait adopté Guy II de Laval-Blaison mais, pour on ne sait quelles raisons, elle se ravisa et désigna la veuve de Pierre de Craon, Catherine de Thouars, et leur fils, Jean de Craon, qui sera le grand-père maternel de Gilles de Rais.


A l'arrière-plan déjà - et la chose est importante - le roi de France et le puissant duc de Bretagne veillaient, aussi peu disposés l'un que l'autre à voir ces fiefs, si nombreux qu'ils s'étendaient d'Ambrières, près d'Alençon, à Confolens, dans la région de La Rochelle (sans oublier un ou deux dans le Finistère, du côté de Fouesnant) revenir à un partisan de l'adversaire. L'occupation anglaise, pour laquelle la famille ducale, en la personne des Montfort, avait pris longtemps parti, était encore à l'ordre du jour et le futur Charles VII n'était toujours que "le soi-disant dauphin" de Bourges.


Finalement, un compromis fut adopté et l'on décida que Guy de Laval-Blaison épouserait la fille de Jean de Craon, Marie. De ce mariage, allaient naître deux fils : Gilles, seigneur de Rais et René, seigneur de La Suze. Tous deux perdirent leur parents en 1415, année terrible pour la chevalerie française puisque ce fut celle d'Azincourt, bataille où périt également leur oncle, Amaury de Craon. Faisant fi du testament de son gendre, leur grand-père monta aussitôt au créneau afin de récupérer la tutelle des deux enfants et ce fut de cette manière qu'ils passèrent sous le contrôle intégral de la famille de Craon.


Jean de Craon était expert en matière de violences et de magouilles machiavéliques. Il faut dire que lui-même avait de qui tenir puisque son père, Pierre de Craon, passait pour avoir assassiné Louis Ier, duc d'Anjou et était aussi responsable de la tentative de meurtre à l'encontre d'Olivier de Clisson, connétable de France. Cette hérédité a-t-elle vraiment pesée sur Gilles de Rais ? Si ce n'est génétiquement, en tous cas moralement, c'est certain. Si nous parlons de meurtre aujourd'hui, on peut douter que Jean de Craon n'ait pas présenté les choses de façon plus héroïque pour le bénéfice de ses petits-enfants.


Au reste, pouvons-nous lui donner tort ? L'Histoire, par l'entremise notamment de Jeanne d'Arc, a légitimé Charles VII et déconsidéré tous ses ennemis. Mais il fut bien une époque - dont nous ne pouvons nous faire qu'une très vague idée - où la propre mère du futur roi, Isabeau de Bavière, soutenue par son beau-frère et amant, Louis d'Orléans (lequel n'était pas pire, en ce sens, qu'un Pierre de Craon), faisait déclarer le jeune Charles "soi-disant dauphin" par son pauvre fou de mari. Ce qui revient à dire que, les dés fussent-ils retombés autrement, la France aurait réellement pu devenir alors possession du roi d'Angleterre.


Quoi qu'il en soit, la violence est présente dans la famille de Craon et dans celle de Rais. Plus que les gènes, les temps l'exigent : si l'on veut survivre, il faut choisir son camp, éventuellement en changer au gré des circonstances et surtout se battre. Même dans le mariage, la violence apparaît : Gilles de Rais vient d'avoir 16 ans lorsque, avec l'aval probable de son grand-père, il fait enlever sa future épouse, Catherine de Thouars, pour l'épouser sans cérémonie devant un moine dont l'Histoire n'a pas retenu le nom.


Scandale énorme : les jeunes gens sont parents au quatrième degré et la famille de Thouars était opposée à l'union. Là encore, d'intrigue en pression, Jean de Craon remportera la manche et le mariage sera validé par l'évêque d'Angers deux ans après la première cérémonie.


Si Pierre de Craon avait oeuvré plus pour le roi d'Angleterre que pour le roi de France, son fils avait fini par se ranger du côté du duché d'Anjou et de Yolande d'Aragon qui était aussi la belle-mère du futur Charles VII. Du coup, Gilles de Rais se plaça presque tout de suite au service du roi de Bourges. Mais, selon l'usage de l'époque, les troupes qu'il levait demeuraient à sa charge et, pour tenir son rang, notamment à Chinon où il fut l'un des premiers nobles à voir Jeanne d'Arc qui arrivait de Vaucouleurs, le sire de Rais ne disposait peut-être pas d'autant d'espèces sonnantes et trébuchantes qu'on a bien voulu le dire.


A l'exemple de beaucoup de grands seigneurs de cette époque, Gilles de Rais est un composé de sauvagerie et de raffinement. Fier de son sang et de son rang, il entend le tenir avec faste et bravoure. Pas plus qu'on ne le verra jamais fuir sur les champs de bataille, il ne renoncera jamais aux dotations qu'il aimait à faire à des ordres religieux et ill ne renoncera pas non plus à la chapelle privée, avec choeur et chantres, qu'il traînait toujours à sa suite. Car le psychopathe qui dormait en lui appréciait fort la musique sacrée.


Bien après le siège d'Orléans, auquel il participa aux côtés de Jeanne d'Arc - mais aucune archive ne nous dit s'ils se cotôyaient aussi fréquemment que l'ont affirmé certains modernes - Gilles de Rais faisait aussi représenter chaque année dans la ville "Le Mystère d'Orléans", une pièce de plus de 20 000 vers, avec acteurs, costumes et décors, qui retraçait l'intégralité de ce haut fait d'armes et le représentait surtout à son avantage, dans un rôle de décideur qu'il ne tint sans doute pas. Tout cela à ses frais, bien entendu, pour que ni le peuple, ni le Roi désormais bien installé ne vinssent à l'oublier.


Tout cela coûtait cher et, revenu dans ses terres bretonnes, le sire de Rais était également redevenu l'un de ces vulgaires chefs de bande que l'autorité royale cherchait insidieusement à réduire. Il ne pouvait pas non plus compter sur les travaux d'alchimie qu'il patronnait depuis pas mal de temps : la Pierre philosophale courait toujours ... D'où l'escalade bien naturelle, de l'alchimie - tolérée par l'Eglise, soulignons-le - à la sorcellerie - ou prétendu telle.


Jean de Craon est mort, Gilles de Rais est seul, face à lui-même et à une existence où ses rêves de gloire et de fastes se sont noyés. Le besoin d'argent le tient à la gorge et il se met à vendre ses terres, au grand dam de ses héritiers mais aussi du duc de Bretagne et de Charles VII. Enfin, il se laisse envahir par la violence qui, chez lui, devait trouver un exutoire sur les champs de bataille : les rapts et les meurtres d'enfants, peut-être commencés dès le retour d'Orléans, peut-être bien avant, prennent la triste ampleur qu'on leur connaît.


Jacques Heers ne s'attarde pas aux chiffres donnés qui ne sont guère fiables compte tenu des conditions précaires qui étaient celles de l'époque. Il se contente de citer les sources connues : témoignages de parents ou de voisins recueillis par les deux tribunaux devant lesquels comparut Gilles de Rais. Car il y eut en fait deux procès à Nantes :


a) un procès civil, qui ressortait du duc et du Parlement de Bretagne, et qui jugeait les crimes de félonie (l'affaire Le Ferron et diverses exactions accomplies par Gilles et ses troupes en temps de paix) et les crimes de sang (les meurtres d'enfants) ;


b) un procès ecclésiastique (mais non dirigé, contrairement à ce qui a été affirmé trop souvent, par l'Inquisition) amené à juger les accusations d'hérésie, de sorcellerie et d'idolâtrie lancées contre l'accusé.


Certes, on peut à bon droit s'interroger sur l'intégrité de Jean de Malestroit, évêque du Mans, dont les louvoiements entre le duc de Bretagne, les Anglais et la cour de France avaient fait un personnage suspect, y compris à ses contemporains. Mais on ne peut évidemment contester les preuves et les témoins, non plus que les aveux de Gilles de Rais.


Homme de son temps, guerrier valeureux mais personnalité psychique fragile, Gilles de Rais était bel et bien un psychopathe pédophile que rien ne peut réhabiliter.


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Gilles de Rais

Gilles De Rais , dont le père est décédé sur le champ de bataille d’Azincourt en 1415 , Marechal de France et compagnon de Jeanne d’Arc , Duc d’Anjou et seigneur en Bretagne comme ailleurs en France . Grand seigneur de l’ouest donc , ainsi détenteur de fiefs stratégiques car au voisinage de trois puissances , Bretagne , Domaine royal et Roi de France et Angleterre .



Cette histoire de Gilles de Rais de l’excellent médiéviste Jacques Heers est à mon humble avis une biographie méticuleuse de ce gilles de Rais , grand personnage publique , le Barbe Bleue de la légende .

C’est la bibliographie d’un seigneur et c’est donc de ce fait une histoire politique , qui va ici de Azincourt en 1415 , jusque le décès de ce Seigneur de premier plan en 1440 .



On appréciera le regard que porte l’auteur sur le moyen-âge .

Un regard cru , loin des clichés , où le lecteur découvrira intimement à quoi tient le statut de noble et le rapport qu’il entretient avec la terre en bénéfice et les droits et devoirs qui découlent de ce statut du point de vue local comme de celui de la haute politique où la noblesse est encore un acteur indépendant majeur au côté des rois et de l’église catholique .



Le lecteur arpentera donc ici les allées de la guerre de 100 ans , l’ascension du baron de Retz , bien marié , grandement et d’abord de par sa volonté propre plus que du fait de tout autre chose .



Seigneur flamboyant et bien titré , toujours volontaire pour chevaucher , mais largement désargenté .

Le seigneur et Duc , s’employa obsessionnellement à l’alchimie pour renflouer ses caisses . Mais les éléments étaient véritablement obstinés à ne pas devenir autrement que ce qu’ils étaient et l’or n’apparut point , malgré des invocations aussi ardentes que recherchées et de plus en plus obsessionnelles .



Il fut aussi et n’en déplaise à des tentatives de révisionnisme un assassin d’enfant , un véritable meurtrier dont la position retarda le moment de la punition , en autorisant dès lors le crime et en nourrissant de surcroit abondamment la légende comme les archives .



Le procès et le brutal et rapide dénouement de cette lancinante et douloureuse affaire , est aussi étonnant que bien approché par l’auteur



Ancien élève de Jacques Heers , il ne me viendrait pas à l’idée de dénigrer ce médiéviste spécialiste des croisades et de l’histoire militaire du moyen-âge .

Je me contenterais de souligner ici , la grande pudeur de l’auteur , relativement aux meurtres aux manières privées du Duc d’Anjou .



C’est principalement une biographie très teinté d’histoire politique que cet ouvrage , qui ne cassera donc pas trois pates à un canard en criminologie et qui décevra forcément ceux qui serait à la recherche de l’examen détaillé de la carrière de ce meurtrier en série .



Il existe un ouvrage de qualité écris par un juriste , criminologue et historien de qualité qui reprend l’histoire de Gilles De Rais , plus selon l’angle de la criminologie ainsi que selon celui de la justice médiévale et de l’histoire ecclésiastique également .

C’est un bon ouvrage que celui-ci et en voilà les références : , Le procès de Gilles de Rais , de George Bataille .



Ce dernier texte existe en grand format comme en poche , d’ailleurs je le souligne .



Sincèrement , si vous souhaitez accompagner le légiste et criminologue dans les méandres de de la pensée et dans ceux des agissements de Gilles de Rais , munissez-vous de patience , de beaucoup d’endurance et sachez enfin , que c’est très difficile d’aborder le sujet de front et que même sans entrer dans La description détaillée de l’insipide , ainsi que malgré les temps lointains qui sont invoqués par ces éléments assez bien documentés , sachez , que c’est très dur de s’y confronter de front , car le seigneur de Retz est un pédéraste forcené , qui de par son impunité est allé très loin dans le délire et qui de plus a tué des enfants sous l’ombre de la folie et dans la plus grande souffrance et encore , selon des modalités tristement élaborées .

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Gilles de Rais





Depuis la fin du XIXe siècle, la légende noire de Gilles de Rais excite les passions. Pire, et malgré les faits exposés ici par un historien médiéviste ne se laissant pas dicter sa conduite par lesdites passions, il se trouve encore des défenseurs de ce maréchal de France pour affirmer qu’il est innocent des crimes nombreux et particulièrement sordides qu’on lui impute. Ce, malgré une quantité de preuves irréfutables. Quant à accuser l’Église d’une énième injustice, voici ce qu’en dit Jacques Heers : « La cour ecclésiastique qui siégea à Nantes n’était pas un tribunal de l’Inquisition mais celui de l’évêque. Surtout, il n’y eut pas un, mais deux procès, et c’est par la cour “civileˮ, présidée par le président du Parlement de Bretagne, que Gilles de Rais fut condamné à mort. »



Mais qui fut ce Gilles de Rais ? Certes de noble lignage mais pas issu d’une famille exagérément puissante, il évolue en pleine guerre de Cent Ans, oscillant entre tel ou tel parti selon ses intérêts. Puis il y a sa rencontre avec La Trémoille et Jeanne d’Arc, et le siège d’Orléans par les Anglais. Mais contrairement à une autre légende, Gille de Rais, qui participa bien à la libération de la ville, n’aurait pas été aussi lié à Jeanne d’Arc que d’aucuns le prétendent. D’autant qu’à ce moment, Gille de Rais est au service de La Trémoille, qui ne cachait pas son animosité à l’égard de Jeanne. D’ailleurs Gille de Rais l’abandonnera à son sort lors du siège de Paris.



Donc, après un éphémère succès auprès du roi Charles VII, Gilles de Rais « doit, contraint et forcé par manque d’emploi et de crédit, abandonner le métier des armes au service du roi. Ce renoncement, ou plutôt cette mise à l’écart, s’accompagnait d’une véritable déchéance politique et sociale ».



Cependant, à force de dépenses lors de fêtes et célébrations, visant à le faire à nouveau entrer dans les bonnes grâces du pouvoir, de dispenser ses bienfaits notamment à des religieux, le voilà « accablé de dettes, à demi-ruiné ». Sans compter que, plus que tout, « la guerre l’avait obligé à dépenser énormément pour lever et entretenir ses troupes, certainement sans contrepartie notable ». Sachant qu’il ne fut jamais aussi riche qu’on le prétendit. Il dut alors vendre beaucoup de ses biens, au grand dam de ses héritiers tout en risquant d’ébranler l’équilibre fragile de la région en redistribuant ainsi ses possessions.



C’est alors qu’il se laisse berner par des individus qui l’initient à des pratiques occultes. Toutefois, cela ne le dédouane en rien de ses crimes particulièrement abjects sur de jeunes garçons : « Ses crimes sont réfléchis, préparés. […] Cruautés gratuites, sadisme et raffinements prolongeaient les supplices. Tous les complices et serviteurs insistent sur ces monstrueuses délectations, sur son plaisir à voir couler le sang et assister aux agonies des jeunes corps. »



Aussi son procès, nonobstant les protestations de certains, n’eut rien de « stalinien ». Et Gilles de Rais s’évita la torture en avouant tout. Certes, c’est à cause de l’agression d’un homme d’Église en pleine célébration que les autorités se penchèrent sur son cas, tandis que les rumeurs de ses meurtres se faisaient de plus en plus insistantes, mais sa condamnation à mort ne releva pas d’une injustice infligée à un innocent. Privilège de la noblesse, son corps fut inhumé dans une sépulture.



Par son ouvrage, Jacques Heers fait œuvre d’historien et non d’accusateur ou de défenseur d’une cause. Ce qui, à une époque où l’Histoire est trop souvent étudiée par le seul prisme idéologique, fait du bien !



[Petit reproche : il eût été plus respectueux pour le lecteur contemporain de traduire les nombreuses citations en moyen français.]

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Gilles de Rais

Auteur qui a beaucoup de mal a reconnaître et a expliquer les faits reproches a Gilles de Rais (meurtres,tortures,enlevements d'enfants,abus sexuels...).

Une grande partie de l'ouvrage est axe sur les faits d'armes de Gilles de Rais,sur ses titres accordes par le roi,mais peu de pages sont consacrees a son brigandage.Par contre,une partie est consacree a son heresie,a ses manipulations alchimiques...tenteraient d'expliquer son cote obscur pour en arriver aux rites sataniques qui demandent des sacrifices humains,d'ou l'enlevement des enfants.

Cet auteur m'a mise mal a l'aise car on sent qu'il aimerait rehabiliter son heros sans l'avouer clairement;et faire fi de ses abominables actions criminelles,il ne peut helas les ignorer
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Gilles de Rais

Jacques Heers est un éminent historien médiéviste et dans cet ouvrage il revisite le destin tragique et la personnalité trouble de Gilles de Rais, riche baron de Bretagne et maréchal de France.

Présenté face à l'histoire comme un prestigieux chef de guerre, un lieutenant des plus fidèles de Jeanne d'Arc et un très puissant seigneur, ce personnage historique, quasi incontournable, serait tombé dans l'oubli s'il avait terminé sa vie comme un châtelain "ordinaire". Mais son procès lui assure une postérité morbide.

Dans cet ouvrage, l'historien nous prévient que "lardée de fiction, l'Histoire n'est plus l'Histoire" et grâce à une documentation qu'il définit comme rare et partisane, il tente d'examiner le bien-fondé de la définition du personnage, de la véracité des accusations portées contre lui et de sa réhabilitation faite en 1902 dans un climat anticlérical.

Les sources disponibles, par exemple, ne permettent pas de savoir s'il était "un homme d'allure avantageuse ou chétive, combattant impétueux ou sage guerrier". Gilles de Rais était un seigneur qui jusqu'à son procès n'avait pas attiré l'attention.

Ce livre passionnant, est un vrai ouvrage d'Histoire et son auteur sait nous plonger dans les méandres de ce destin tragique sans user de facilités et d'artifices. Il se livre à une étude exigeante qu'il maintient accessible grâce à un grand talent d'écrivain et de vulgarisateur.
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Gilles de Rais

Qui fut réellement Gilles de Rais ? Le valeureux compagnon d'armes de Jeanne d'Arc, maréchal de France, rivalisant d'audace avec les La Hire et autres Xaintrailles lors de la libération d'Orléans ou s'illustrant pour le sacre de Charles VII à Reims ? Le dépravé, pédophile, criminel, coupable de la mort de dizaines de jeunes garçons dans d'horribles tortures, le sataniste invoquant les démons et tentant en vain de faire fabriquer de l'or par nombre de charlatans ? Tout cela à la fois ou encore autre chose ? Eut-il droit à un procès honnête ou fut-il victime à la fois du tribunal de l'évêque de Nantes, des appétits du Duc de Bretagne et de la hargne de sa famille craignant pour son héritage ?

Le grand médiéviste Jacques Heers fait pièce de toutes les images d'Epinal et des versions plus ou moins romancées d'une vie atypique que chacun a pu lire dans des livres moins documentés ou plus tendancieux que le sien. Oui, Gilles de Rais fut un chef de guerre qui accompagna Jeanne d'Arc, mais ce ne fut pas son plus fidèle soutien car il l'abandonna très vite pour reprendre ses vieilles habitudes de pillage et de rapine. A l'époque, et contrairement à une idée fort répandue, la guerre ne nourrissait pas son homme, elle avait plutôt tendance à ruiner son noble ! La crédulité et le manque de moyens le poussa ensuite dans les bras des alchimistes. Le peu de résultat l'amena à tenter de se concilier le diable et son train. Ruiné, il en vint à vendre une grande partie de ses domaines ce qui indisposa ses héritiers. Quant à sa barbarie qui inspira le personnage de Barbe-bleue, elle est plus qu'établie. Cet homme fut réellement un monstre et il faut être ignare ou de mauvaise foi pour tenter de le réhabiliter en proposant un aventureux parallèle avec le destin de la Pucelle. J. Heers démontre que deux procès menés en parallèle avec des dizaines d'enquêteurs et des centaines de témoins n'ont pu être truqués d'autant plus qu'il aurait été plus simple de liquider le trublion sadique et sodomite un soir au coin d'un bois. Un excellent ouvrage historique qui n'a rien d'un roman mais qui apporte un éclairage nouveau sur un personnage sulfureux.
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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Histoire des croisades

J'étais pressé de m'attaquer à ce livre mais au bout de 50 pages mon élan s'est considérablement émoussé. Voila un ouvrage sur les "croisades" qui n'aborde leurs origines qu'en quelques paragraphes; Le concile de Clermont tient en 30 lignes maxi. Sur ces 50 premières pages j'ai eu la triste impression que l'auteur jetait ses idées et ses pensées comme elles lui venaient sans chronologie particulière si bien que la lecture est devenue complétement indigeste. .J'ai abandonné

Il faut cependant admettre que ses propos sur le terme croisade étaient très instructifs. Hormis cela....
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La cour pontificale au temps des Borgia et ..

Fruit d’un travail honnête d’historien, cette Cour pontificale au temps des Borgia et des Médicis est plaisant à lire et à découvrir. Jacques Heers structure plutôt efficacement son propos pour rester assez narratif, tout en injectant des connaissances précises et parfois ardues pour le moyen public qui semble tout de même visé par cet ouvrage. Ne comportant rien de très innovant pour autant, l’ensemble m’a laissé un goût mi-figue mi-raisin, car d'un côté, il y avait possibilité de rendre cette période (1420-1520) bien plus attrayante, mais d'un autre, qu'il est difficile de se limiter à ces cent petites années pour étudier un phénomène aussi complexe que le "renouveau de la cour pontificale".



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La naissance du capitalisme au Moyen Age. C..

Voici un livre très intéressant sur l’ancêtre des banques (changeurs, usuriers, prêteurs) et la naissance du capitalisme entre le XIIIe et le XVe siècle. Divisé en 6 parties (L'or et l'argent, le change, le prêt et l'usure...) cet ouvrage se lit facilement, est complet et présente de nombreux exemples ou références proche de chez nous (France, Italie, Flandres...). Si les juifs et les Lombards ont pratiqués le change et l'usure au Moyen-Age, les bourgeois français ne se faisaient pas prier pour pratiquer eux aussi le prêt. Les taux contrôlés par les autorités n'étaient alors pas excessif et l'usure était pratiquée sur les tables ou des "bancs" en place publique et acceptée comme quelque chose de nécessaire dans la vie des paysans et des artisans, comme celle des grands seigneurs. Ce livre m'a permis d'en savoir plus sur la vie économique au Moyen-Age et surtout de me débarrasser que quelques idées reçues assez éloignées de la réalité historique.
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La naissance du capitalisme au Moyen Age. C..

Médiéviste de renom, professeur honoraire à la Sorbonne, spécialiste des villes, Jacques Heers […] montre, dans cet ouvrage, que le capitalisme prit, en réalité, son essor entre le XIIIe et le XVe siècle.
Lien : http://www.lespectacledumond..
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La vie quotidienne à la cour pontificale au t..

Un livre très pointu et savant sur la vie à la cour des Papes, aux temps des Borgia et des Médicis. Le parti-pris de parler de "vie quotidienne" m'a un peu surprise et laissée à la traîne car du coup, il me manquait les fondamentaux historiques très généraux, que je suis allée chercher ailleurs du coup... Autre bémol : je ne comprends pas trop le plan choisi, et le passage d'un chapitre à l'autre n'est pas évident. Lecture à réserver aux historiens, ou presque.
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Le clan des Médicis. Comment Florence perdit ..

A présent je vois les Médicis d'une manière différente. Cependant, je m'attendais à en savoir plus sur les futurs reines de France, les différents papes que compose cette famille. On découvre la manière dont cette famille fût connue et qui a une influence incontournable.

Pour moi, cela appelle à un deuxième tome; avec plus d’anecdote, plus sur les personnes qui ont marqué l'histoire. Mais peut-être qu'ils font déjà l'effet d'un ouvrage sur leur personne.
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Le clan des Médicis. Comment Florence perdit ..

Voilà un ouvrage d’une richesse documentaire remarquable, sur fond de lutte entre Guelfes et Gibelins. Il nous montre comment la prise de pouvoir des Médicis, à Florence à partir du 14ème siècle, a été le fruit d’une intelligence prédatrice.

Même s’ils n’ont jamais constitué une famille de va-t-en-guerre, la violence n’était pas exclue des rivalités dans leur conquête du pouvoir. C’est toutefois à leur habilité en politique, mais surtout à leur sens des affaires, qu’ils doivent leur mainmise sur la capitale toscane, et bien au-delà. Une banque Médicis n’a-t-elle pas été ouverte à Bruges.

Complots et intrigues sont le lot de ces gens de pouvoir, fervents chrétiens, humanistes et grands mécènes, lors de ces années de grâce pour l’art dans ce qui n’est pas encore l’Italie. Côme, Pierre dit le goutteux, puis Laurent dit le Magnifique seront les artisans de cette fabuleuse ascension sociale à la tête de la prestigieuse Florence. Ils lui conféreront la splendeur qu’on lui connaît encore de nos jours.

Avec une arrière-pensée égoïstement chauvine, j’ai regretté de ne pas trouver dans cet ouvrage le prolongement de l’histoire en notre pays, avec les deux filles du clan des Médicis, toutes deux nées à Florence, devenues reines de France (car épouses de rois) puis régentes, Catherine et Marie.

Catherine, arrivée à Marseille en 1533 pour y épouser le fils de François 1er, le futur Henri II. Elle a marqué l’histoire de notre pays de son austère souveraineté. Elle qui a poussé son fils Charles IX à engager bien malgré lui le fameux massacre des protestants lors de la terrible Saint-Barthélemy en 1572.

Marie de Médicis, la seconde épouse d’Henri IV, au destin moins noir et que notre histoire retient comme la mère de Louis XIII.

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Le clan des Médicis. Comment Florence perdit ..

Jacques Heers relate avec brio comment Florence cessa d’être une République pour tomber sous la coupe des Medicis...



Dès les premiers chapitres de ce livre une question se pose : comment une ville en proie à un tel chaos politique a pu connaître un tel essor des arts ?

Car Jacques Heers, au rebours des chroniqueurs florentins de la Renaissance, dresse un portrait peu flatteur de ce que fut la République florentine. La cité-état de Florence était une bien étrange ville, livrée aux factions rivales gibelines et guelfes. Elle convulsait sous les émeutes et les bannissements. On élevait des tours (jusqu’à deux cents) aussi vite qu’elles étaient démolies, au gré des revers de fortune des puissants. Heers puise chez Machiavel et Guichardin la chronique des violences inouïes de cette guerre civile quasi-permanente qui dura de 1100 jusqu’au règne de Côme l’Ancien en 1434.





Une large place est aussi faite à l’inventivité politique. Des formes archaïques de démocratie naissaient à travers des institutions comme les contradas-unités administratives et militaires regroupées autour d’un quartier-les arti-corporations de métiers- et le podestat-un arbitre étranger à la cité qui devait se tenir au dessus des factions. L’idée noble d’un arbitre étranger ne résiste pas à ce que fut la réalité de cette institution : le podestat vivait reclus dans un des palais, unanimement détesté, et devait bien souvent quitter la ville à la hâte.



Comment ne pas considérer dès lors, que le règne de Côme l’Ancien, le premier Médicis qui contrôla Florence, fut bénéfique ? C’est la position de Heers, qui rappelle combien ce tyran donna une stabilité au pouvoir et maintint la paix dans et à l’extérieur de Florence. Les Medicis régnèrent sans le dire, en conservant les instituions proto-républicaines, mais en les tournant à leur avantage grâce à une clientèle d’affiliés.

Jacques Heers souligne la spécificité de Côme qui choisit pour imposer son pouvoir, non pas le fracas des armes, mais une tactique pour se concilier le plus grand nombre dans une ville où l’émeute était toujours latente. Le Prince se fit donc populaire en distribuant les honneurs et en embellissant Florence. C’est dans cette stratégie du pouvoir du prince prodigue que se trouve sans doute un des éléments qui permit à Florence l’essor des arts et des savoirs.



Fabien LACOSTE


Lien : http://bit.ly/1dNI30q
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