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Citations de Jacques Lacan (1024)


C’est bien cette assomption par le sujet de son histoire, en tant qu’elle est constituée par la parole adressée à l’autre, qui fait le fond de la nouvelle méthode à quoi Freud donne le nom de psychanalyse, non pas en 1904, comme l’enseignait naguère une autorité qui, pour avoir rejeté le manteau d’un silence prudent, apparut ce jour-là ne connaître de Freud que le titre de ses ouvrages, mais bien en 1896.
[…] Aussi expressément qu[e Freud] s’est interdit à partir d’un certain moment d[e] recourir [à cette méthode], nous excluons tout appui pris dans ces états, tant pour expliquer le symptôme que pour le guérir.
Car si l’originalité de la méthode est faite des moyens dont elle se prive, c’est que les moyens qu’elle se réserve suffisent à constituer un domaine dont les limites définissent la relativité de ses opérations.
Ses moyens sont ceux de la parole en tant qu’elle confère aux fonctions de l’individu un sens ; son domaine est celui du discours concret en tant que champ de la réalité transindividuelle du sujet ; ses opérations sont celles de l’histoire en tant qu’elle constitue l’émergence de la vérité dans le réel.
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rien ne saurait plus égarer le psychanalyste que de chercher à se guider sur un prétendu contact éprouvé de la réalité du sujet. Cette tarte à la crème de la psychologie intuitionniste, voire phénoménologique, a pris dans l’usage contemporain une extension bien symptomatique de la raréfaction des effets de la parole dans le contexte social présent. Mais sa valeur obsessionnelle devient flagrante à être promue dans une relation qui, par ses règles mêmes, exclut tout contact réel.
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Nul doute que ces effets, – où le psychanalyste rejoint le type du héros moderne qu’illustrent des exploits dérisoires dans une situation d’égarement –, ne pourraient être corrigés par un juste retour à l’étude où le psychanalyste devrait être passé maître, des fonctions de la parole.
Mais il semble que, depuis Freud, ce champ central de notre domaine soit tombé en friche. […]
Est-ce à dire que si la place du maître reste vide, c’est moins du fait de sa disparition que d’une oblitération croissante du sens de son œuvre ? Ne suffit-il pas pour s’en convaincre de constater ce qui se passe à cette place ?
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C’est la tentation qui se présente à l’analyste d’abandonner le fondement de la parole, et ceci justement en des domaines où son usage, pour confiner à l’ineffable, requerrait plus que jamais son examen : à savoir la pédagogie maternelle, l’aide samaritaine et la maîtrise dialectique. Le danger devient grand, s’il y abandonne en outre son langage au bénéfice de langages déjà institués et dont il connaît mal les compensations qu’ils offrent à l’ignorance.
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On peut suivre à mesure des ans passés cette aversion de l’intérêt quant aux fonctions de la parole et quant au champ du langage. Elle motive les « changements de but et de technique » qui sont avoués dans le mouvement et dont la relation à l’amortissement de l’efficacité thérapeutique est pourtant ambiguë.
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La conception du stade du miroir que j’ai introduite à notre dernier congrès, […] ne m’a pas paru indigne d’être rappelée à votre attention : aujourd’hui spécialement quant aux lumières qu’elle apporte sur la fonction du je dans l’expérience que nous en donne la psychanalyse. Expérience dont il faut dire qu’elle nous oppose radicalement à toute philosophie issue du Cogito.
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La fonction symbolique constitue un univers à l’intérieur duquel tout ce qui est humain doit s’ordonner.
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[…] la notion de la tendance à la répétition en tant que drive est très explicitement opposée à l’idée qu’il y ait quoi que ce soit dans la vie qui tende au progrès, contrairement à la perspective de l’optimisme traditionnel, de l’évolutionnisme, ce qui laisse la problématique de l’adaptation – et j’irai même jusqu’à dire celle de la réalité – entièrement ouverte.
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Jacques Lacan
Rature d'aucune trace qui soit d'avant, c'est ce qui fait terre du
littoral. Litura pure, c'est le littéral.
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Tout ce qui s’opère dans le champ de l’action analytique est antérieur à la constitution du savoir, ce qui n’empêche pas qu’en opérant dans ce champ, nous avons constitué un savoir, et qui s’est même montré exceptionnellement efficace, comme il est bien naturel, puisque toute science surgit d’un maniement du langage qui est antérieur à sa constitution, et que c’est dans ce maniement du langage que se développe l’action analytique.
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Si on oublie le relief, le ressort essentiel de la psychanalyse, on en revient [...] à toutes sortes de mythes formés depuis un temps qui reste à définir, et qui se situe à peu près à la fin du XVIIIe siècle. Mythe de l’unité de la personnalité, mythe de la synthèse, mythe des fonctions supérieures et inférieures, confusion à propos de l’automatisme, tous ces types d’organisation du champ objectif montrent à tout instant le craquement, l’écartèlement, la déchirure, la négation des faits, la méconnaissance de l’expérience la plus immédiate.
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C’est justement dans la confusion des deux plans [imaginaire-symbolique] que gît l’erreur, l’erreur de croire que ce que la science constitue par l’intervention de la fonction symbolique était là depuis toujours, que c’est donné.
Cette erreur existe dans tout savoir, pour autant qu’il n’est qu’une cristallisation de l’activité symbolique, et qu’une fois constitué, il l’oublie.
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[Contre l’idée que « les concepts analytiques, ça n’a aucune valeur, ça ne correspond pas à la réalité »]

Mais cette réalité, comment la saisir si nous ne la désignons pas au moyen de notre vocabulaire ? Et si, continuant à le faire, nous croyons que ce vocabulaire n’est qu’un signal de choses qui seraient au-delà, qu’il se réduit à de petites étiquettes, des désignations flottant dans l’innommé de l’expérience analytique quotidienne ? Si c’était le cas, cela signifierait simplement qu’il faut en inventer un autre, c’est-à-dire faire autre chose que la psychanalyse. Si la psychanalyse n’est pas les concepts dans lesquels elle se formule et se transmet, elle n’est pas la psychanalyse, elle est autre chose, mais alors il faut le dire.
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M. Hartmann, chérubin de la psychanalyse, nous annonce la grande nouvelle, qui nous permettra de dormir tranquilles – l’existence de l’ego autonome.
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Si vous abandonnez, pour lire Descartes, les lunettes du dentiste, vous vous apercevrez des énigmes qu’il nous propose, en particulier celle d’un certain Dieu trompeur. C’est qu’on ne peut pas, lorsqu’on aborde la notion du moi, ne pas impliquer en même temps qu’il y ait maldonne quelque part. Le Dieu trompeur, c’est en fin de compte la réintégration de ce dont il y avait rejet, ectopie.
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Qui est Socrate ? C’est celui qui inaugure dans la subjectivité humaine ce style d’où est sortie la notion d’un savoir lié à certaines exigences de cohérence, savoir préalable à tout progrès ultérieur de la science comme expérimentale [...]. Eh bien, au moment même où Socrate inaugure ce nouvel être-dans-le-monde que j’appelle ici une subjectivité, il s’aperçoit que le plus précieux, l’arétè, l’excellence de l’être humain, ce n’est pas la science qui pourra transmettre les voies pour y parvenir. Il se produit déjà là un décentrement – c’est à partir de cette vertu qu’un champ est ouvert au savoir, mais cette vertu même, quant à sa transmission, sa tradition, sa formation, reste hors du champ. C’est là quelque chose qui mérite qu’on s’y arrête, plutôt que de se précipiter à penser qu’à la fin tout doit s’arranger, que c’est l’ironie de Socrate, qu’un jour ou l’autre la science arrivera à rattraper ça par une action rétroactive.
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Définir la nature du moi entraîne très loin. Eh bien, c’est de ce très loin que nous allons partir, pour revenir vers le centre – ce qui nous ramènera au très loin.
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Jacques Lacan
Jacques Lacan, de James Joyce comme symptôme

Version corrigée. La première version a été publiée dans le numéro 28 de la revue Le Croquant en novembre 2000.
Henri Brevière

-* La Conférence « De James Joyce comme symptôme » fut prononcée le 24 janvier 1976 au Centre Universitaire Méditerranéen de Nice. Transcription, à partir d’un enregistrement, par Henri Brevière avec l’aide de Joëlle Labruyère pour le découpage et la ponctuation.

Vouais !… Il est même probable, si nous en croyons le texte biblique, que c’est Elle, Elle avec un grand E, Elle, Ève, qui a parlé la première.
Est-ce qu’il est certain que… que dans cette taquinerie féroce que Dieu a exercée sur Adam en lui faisant nommer les bêtes, rien ne prouve qu’Adam savait ce qu’il faisait, à savoir qu’il avait la moindre idée de ce que c’était qu’un nom d’espèce : il a fallu que Dieu, par dérision, le force à cette nomination pour qu’assurément (on ose, on ose l’espérer, rétrospectivement) ce… ça ait une suite.

Mais par contre c’est de son cru, ou bien du cru du diable, qu’Eve parle, parle pour, à Adam, offrir la pomme, la pomme censée être ce qui va lui communiquer quelque chose comme un savoir.

Il est donc pas du tout tranché si l’homme n’a parlé que titillé par ce Dieu féroce, féroce – et comme je l’ai entendu pour qualifier ce qu’on appelle le surmoi c’est-à-dire la conscience morale tout bonnement –, féroce et obscène, car tout ceci ne devait aboutir qu’à… qu’à des obscénités, à ce qu’on s’aperçoive de la dimension de l’obscène.

C’est ce qu’on appelle en général le Beau qui, de ce fait, ne peut plus passer pour être la splendeur du Vrai mais bien plutôt ce qu’il a de tristement hideux.

Il est bien sûr que ça ne manque pas, le hideux dans le vrai ; c’en est même au point que… que ce qu’il y a de plus difficile à obtenir, c’est que le vrai, on le dise un peu plus qu’à moitié.

En fait, c’est bien d’une mi-partition, d’un mi-dire qu’il s’agit pour tout ce qu’il en est du vrai.

Oui… Je m’abstiens bien sûr de toute nostalgie en cette occasion.

Il n’y a pas lieu d’en avoir pour la simple raison qu’il n’y a nulle part où revenir. Contrairement à ce que… dont témoigne, n’est-ce pas, le dernier artiste à s’être occupé de l’Odyssée, Joyce dans Ulysses, il n’y a pas de nostos.

Ce que, Dieu merci, Freud nous… dont Freud nous assure, c’est bien que le seul nostos possible c’est le retour au ventre de la mère, et ce retour au ventre de la mère, c’est très évidemment ce qui ne se peut d’aucune façon, pour la simple raison que, quand on a été pondu, c’est fait et c’est sans retour.

Il n’y a pas de nostos, il n’y a pas de nostos, et… il est impossible de satisfaire au vœu, le seul nostalgique qui soit, de n’avoir jamais existé, existé pris dans le sens de l’existence de chacune de ces rondelles qui, ici, constituent la chaîne.
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Une langue entre autres n’est jamais que l’ensemble des équivoques que son histoire y a laissé persister.
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Jacques Lacan
La seule chose dont on puisse être coupable, c'est d'avoir cédé sur son désir.
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